JOURNÉES AFVAC -ELEVEURS 6/12/2006

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JOURNÉES AFVAC -ELEVEURS 6/12/2006
JOURNÉES AFVAC -ELEVEURS
6/12/2006 BORDEAUX
Stratégies en matière de mortinatalité : travailler ensemble
Dr Michèle Fradin
Clinique vétérinaire réservée aux chats - Paris
Résumé du texte de la conférence : parution avec l'accord des organisteurs de la journée
par Ch Pochez
Le chaton est mort.
En rechercher la cause est un travail difficile, long, souvent coûteux mais toujours gratifiant
On travaille :
- à partir de données épidémiologiques
- de l'historique de l'élevage
- des commémoratifs concernant le chaton
- des examens ante mortem (ou sur les survivants)
- les examens post mortem
Définitions :
La mortinatalité est le taux de chatons mort-nés. A ne pas confondre avec la mortalité des
chatons qui est le taux de chatons morts de la naissance au sevrage
de quoi meurent les chatons ?
C'est un phénomène courant mais pour lequel on a peu de données :
deux études récentes ont permis d'avoir des données qui ne peuvent être expliquées :
La portée avec le moins de chatons décédés est la 5ème portée
Les portées avec le plus de chatons décédés sont les 1ère portée et au-delà de la
5ème
Il y a moins de chatons décédés si la femelle est de taille moyenne
Il y a 2 fois plus de chatons décédés dans une portée avec un seul chaton ainsi que
dans les grandes portées
Dans les portées de 5 chatons, il y a moins de chatons décédés.
Les causes de mortalités selon les différentes périodes de la naissance au
sevrage .
Période périnatale < 1jour (5%) (8,2% ; surtout Persans et Exotics)
50% des causes de décès sont traumatiques (dystocies)
50% des causes de décès sont idiopathiques ( on ne sait pas a quoi c'est du)
Période néonatale : 1 – 14 jours (5%) (surtout les 8 premiers jours)
Défauts congénitaux (exencéphalie, fissure palatine)
Isoérythrolyse (incompatibilité A/B)
Négligence maternelle
Maladies infectieuses bactériennes (omphalites, morsures, déchirures
cutanées, abcès, péritonite, septicémies très fréquentes)
Quelques maladies virales (Herpès et CaliciV)
Période de pré-sevrage : 15 à 34 jours
Moins de pertes en pré-sevrage
Surtout des affections virales dues à la disparition des anticorps maternels,
aux contacts avec un environnement plus diversifié, un sevrage mal supporté
(Calicivirus, Herpèsvirus,, Parvovirus,, Coronavirus,)
Défauts congénitaux cardiaques et nerveux (entrainant l'euthanasie)
Quelques cas de bronchites bactériennes
Intussuception au sevrage (surtout les Orientaux), pathologie intestinale
Anémie due aux puces (période pré-sevrage)
Période de post-sevrage : 35 – 112 jours (période à forte mortalité)
idem période de présevrage
Diagnostic :
Sur l'animal vivant
Diagnostic clinique
Sur le chaton vivant , le diagnostic clinique est difficile.Ceci est dû à l'évolution rapide vers
la mort, avec des symptômes frustres (cris, agitation ou atonie, refroidissement, cyanose
des extrémités, diarrhée, dyspnée).
Examens complémentaire
Les examens complémentaires sont difficiles à mettre en oeuvre .
La taille du chaton permet difficilement de pratiquer un prélèvement sanguin, de plus les
normales sont différentes de celles de l'adulte et de fortes variations existent avec la
croissance en age.
L'examen radiologique est tout aussi difficile à mettre en place, le chaton est difficile à tenir ,
les constantes radiologiques sont elles aussi différentes de celles du chat adulte. Les radios
sont difficiles à interpréter dû au faible contraste de la radio (absence de graisse,
hypominéralisation des structures osseuses, coeur normalement plus gros ). Il permet de
diagnostiquer une cardiomégalie ( augmentation de la taille du coeur), une pneumonie
d'origine bactérienne ou d'aspiration, un iléus ( invagination de l'intestin), une constipation,
un ballonnement, ou une anomalie du squelette
Sur l'animal décédé
Intérêt de l'autopsie des chatons
On a une vision des lésions macroscopiques et les prélèvements sont aisés
L'autopsie permet l' identification des anomalies anatomiques, biochimiques, des erreurs
alimentaires, des maladies infectieuse et contagieuses, permet de cerner les erreurs
d'élevage, de retirer certains chats de la reproduction porteurs de gènes indésirables ainsi
que les mauvaises mères...
L'autopsie est réalisée sur un chaton bien conservé ( au réfrigérateur à 4°C pendant 2 jours
maximum pas de congélation) ou sur un chaton moribond sacrifié. L'autopsie doit être
réalisée par le vétérinaire (pas d'envoi par la poste).
Importance des commémoratifs
Les commémoratifs reprennent les événements survenus pendant la gestation, (traumatisme,
maladie, vaccinations, alimentation), le déroulement de l'accouchement , l'état de la mère et
des autres chats adultes de l'élevage (qualité du lait...), l'état des autres chatons de la portée,
la courbe de poids du chaton, les traumatismes et accidents ménagers survenus après la
naissance.
Après l'examen du chaton, le vétérinaire peut apporter une cause probable au décès du
chaton.
Limites de l'autopsie
Limites techniques de l'autopsie
L'autopsie nécessite beaucoup de temps (1 heure minimum pour l'autopsie + 1 heure pour
la préparation des prélèvements et la rédaction d'un compte-rendu)
Les résultats histologiques dépendent beaucoup de l'état de conservation du chaton
Le chaton nouveau-né est tout petit (lampe et loupe)
Difficulté de savoir si l'organe est normal (coeur)
Concertation nécessaire entre les praticiens et les différents laboratoires
Penser à tout dire avant l'autopsie (traitements pendant la gestation, traumatisme, historique
de cas similaires...)
Limites économiques de l'autopsie.
Un chaton mort = 0 euro
Autopsie + analyse histologique + culture bactérienne + PCR = beaucoup d'euros
Limites scientifiques de l'autopsie:
Il peut exister plusieurs étiologies possibles pour une même affection :
ex : l'hydrocéphalie :
Prise de griséfuline pendant la gestation
Panleucopénie due à la vaccination pendant la gestation
Génétique chez le Siamois (gène autosomal récessif)
Parfois associée à l'exencéphalie chez le Burmèse
Associée à la PIF (plus tardive)
Des situations pièges : exemple : rares cas de PIF chez des nouveaux-nés
Mort de chatons de moins de 15 jours nés de mères sans anticorps protecteurs
Chatons décédés sans symptômes observés
une souche virulente du FIPV (FIPV-79-1146) a été isolée d'un chaton de 4 j
présentant des lésions modérées de pneumonie intertitielle et des lésions de dégénération
hépatique et nécrose aigüe
analyse histologique ; pas de vascularite pyogranulomateuse ; donc difficile à
constater sur le chaton
Conclusion :
Le diagnostic des maladies des chatons est difficile, il est cependant important de pratiquer
l'autopsie des petits morts. Cependant, les contraintes techniques, économiques et
scientifiques de l'autopsie sont importantes . Il est nécessaire qu'il existe une très bonne
coopération entre l'éleveur, le vétérinaire et les différents laboratoires pour parvenir à un
diagnostic et pour prendre des mesures préventives utiles pour les autres chatons de
l'élevage .