d`amsterdam à weimar - Dokumente/Documents

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DOCUMENTS
D'AMSTERDAM À WEIMAR
ÉDITORIAL
Il faut accélérer et approfondir
l'intégration franco-allemande
L
a France et l'Allemagne ont dû repartir chacune d'un nouveau pied
après les élections qui ont ramené à la grande surprise de la plupart
des observateurs une équipe de gauche au gouvernement de la République. Les nouveaux ministres eux-mêmes paraissaient tout étonnés de se
trouver dans des positions qu'ils avaient espéré pouvoir occuper au mieux en
automne 1998. Étant donné les échéances européennes et atlantiques imminentes, la Conférence d'Amsterdam et celle de Madrid notamment, ils ont dû
improviser, tâche qui leur a été facilité par le choix de collaborateurs expérimentés. Le résultat apparut plutôt positif et l'accommodation réciproque des
principaux personnages a pu se faire sans trop d'incompréhensions. Il n'en
reste pas moins que les dispositions du calendrier électoral dans les deux pays
appartiennent à une période où l'interdépendance dans tous les domaines politiques n'avait pas le caractère impérieux qu'elle revêt maintenant. C'est là un
problème qui se pose aussi au niveau européen – et s'y posera de plus en
plus –, mais où la France et l'Allemagne auraient grand intérêt à montrer le
chemin. Il en va de même des problèmes de l'élargissement de l'Union européenne qui ont joué un rôle capital à Amsterdam au chapitre de l'ajustement
des institutions (et à Madrid aussi). A Amsterdam il s'agissait au premier plan
de la Turquie qui, avec ses 60 millions d'habitants, serait en cas d'établissement de la liberté de circulation un foyer d'émigration massive, spécialement
en direction de l'Allemagne, comme ce serait également le cas de la Roumanie
dont il a beaucoup été question à Madrid (et en marge aussi à Amsterdam)
avec ses trois à quatre millions de Tziganes. Sans parler de l'afflux de réfugiés
algériens en direction de l'Espagne et de la France au cas où la résistance
contre le fondamentalisme s'écroulerait en Algérie. Ce sont là en fait des éléments d'une politique extérieure européenne commune dont les lenteurs sont
un des aspects les plus alarmants d'Amsterdam.
Notre prochain numéro paraîtra après le Sommet franco-allemand de Weimar
en septembre 1997 qui devrait faire progresser fortement l'intégration culturelle, et qui devrait avant tout faire naître enfin une véritable université francoallemande tout en démultipliant les efforts en faveur de l'enseignement de nos
deux langues chez le partenaire. Nous parlerons donc du bilan de Weimar
dans notre prochain cahier.
Joseph Rovan
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DOCUMENTS
Le sommaire du présent numéro (3/1997) comporte un gros dossier qui prend
la suite de ce que nous avons déjà publié sur la Shoah et les culpabilités allemandes. Nous n'en avons certainement pas fini pour autant avec ce sujet.
Nous publions aussi trois grands textes de base : le « Discours à la Nation
allemande » de Michel Rocard, une déclaration du nouveau ministre français
des Affaires étrangères, Hubert Védrine, sur les nécessités de l'entente francoallemande et une présentation sur la situation des médias en Allemagne due
au Directeur général de la Radio-télévision bavaroise, le Prof. Albert Scharf.
Un autre dossier parle ensuite de la situation des Turcs en Allemagne, et
notamment des très nombreux jeunes qui grandissent dans la tension entre
deux appartenances point facilement conciliables.
J.R.
AU SOUVENIR
DE JEAN-MARIE DOMENACH
Jean-Marie Domenach qui vient de quitter cette terre à 75 ans était l'un de
nos amis les plus anciens et les plus sûrs. Esprit, dont il fut le rédacteur
en chef et ensuite le directeur pendant près de trente ans, et Documents
procèdent d'une même conviction profonde, d'un même fonds spirituel.
Résistant audacieux Jean-Marie aimait profondément l'Allemagne dont la
libération était pour nous avec celle de la France un même but de guerre.
Sa lutte contre les guerres coloniales et la colonisation dont elles étaient
la suite inévitable venait du même fonds que sa volonté de bâtir avec l'Allemagne redevenue elle-même une Europe qui, loin d'abolir les nations,
devait les mener à leur accomplissement. Il se méfiait comme nous des
facilités qui poussent à négliger l'effort, qui poussent à croire qu'on peut
apprendre sans se fatiguer et gouverner sans honneur. Ses livres sur la
France sont autant d'appels à l'accomplissement de soi et au dépassement
sans lequel le soi ne s'accomplit pas. L'homme de foi qu'il était croyait aux
Lumières, à la Lumière. Sa chaleur, sa rigueur, sa capacité d'aimer et de
dire « non » nous manqueront et nous obligeront à n'en être que plus
fidèles à ses fidélités.
Joseph Rovan
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