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La "boîte noire" atterrit au bloc opératoire Comme dans un cockpit d'avion, le CHU d'Amsterdam enregistre les paroles et les gestes du personnel lors des interventions chirurgicales. PAR CLARA BRUNEL Publié le 09/06/2016 à 14:40 | Le Point.fr Que se passe-t-il vraiment dans l'écosystème d'un bloc opératoire en cas d'erreur médicale ? Pour en avoir le cœur net, le centre hospitalier universitaire d'Amsterdam a équipé, le 7 juin dernier, l'une de ses vingt salles d'opération d'un ordinateur dont la mission consiste à enregistrer les faits et gestes de l'équipe chirurgicale façon « boîte noire ». « Comme en aéronautique, [elle] recueille et analyse toutes les données électroniques lors de l'opération, telles que la tension artérielle, la température, le rythme cardiaque, etc. », rapporte le quotidien néerlandais De Volkskrant cité par Courrier international . « La sécurité peut faire la différence entre la vie et la mort » Capable de détecter les phases critiques de l'intervention après examen de chacune des informations, ce dispositif aspire à réduire le nombre d'accidents médicaux, à l'origine d'environ 970 décès par an selon des études menées dans le pays. Teodor Grantcharov, le chirurgien canadien à qui l'on doit cette initiative, a tiré parti de son expérience afin de mettre ce procédé au point. Le médecin s'est appuyé sur ses propres performances au bloc. « Après une opération, j'avais souvent l'impression que j'avais fait du très bon boulot, confie-t-il au journal hollandais. Mais quand je regardais les images quelques jours plus tard, mon sentiment était tout autre : je remarquais des choses que j'aurais pu améliorer. Or, en chirurgie, la sécurité peut faire la différence entre la vie et la mort. » Au risque de faire tiquer le personnel médical, les données enregistrées seront sauvegardées à défaut d'être intégrées aux dossiers médicaux. En cas d'incident, les patients comme leur famille auront la possibilité de consulter ces enregistrements s'ils en font la demande. Les visages et les voix des médecins seraient alors floutés et déformés par souci d'anonymat. « [Ils] ont trop peur d'être poursuivis en justice », explique le porte-parole d'un CHU de Nimègue, aux Pays-Bas, interrogé par De Volkskrant. L'hôpital de cette ville de 171 000 habitants envisage de suivre l'exemple de l'établissement hospitalier de la capitale. « L'idée n'est pas de créer une culture dans laquelle on désigne des coupables, mais d'imaginer un environnement propice à l'apprentissage », estime de son côté Marlies Schijven, la chirurgienne chargée du projet à Amsterdam.