DIFFICILE DLAVOIR UN œIL DANS SA PORCHERIE ET LLAUTRE
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DIFFICILE DLAVOIR UN œIL DANS SA PORCHERIE ET LLAUTRE
/// environnement LE VRAI-FAUX Moins de gâchis alimentaire grâce aux porcs aussi avec ce que nous ne consommons pas. Les tourteaux par exemple, issus de graines cultivées pour donner de l’huile (colza, tournesol, soja…), ajoutés à leur ration, permettent d’en augmenter la teneur en protéines. Il en va de même pour les grains cassés, l’amidon, les produits brisés ou invendus (riz, semoule, pains, biscuits…). Pelures ou pulpes de fruits, purée, chips, mélasse, petit-lait… finiront, non pas au fond d’une poubelle, mais en festin porcin ! /// évènement INAPORC VOUS ACCUEILLE AU SALON DE L’AGRICULTURE Du 23 février au 3 mars 2013 - Hall 7-1 - Stand E 11 L’interprofession porcine INAPORC invite les visiteurs à découvrir le Village du Cochon au Salon International de l’Agriculture. Des animations ludiques pour les plus petits permettront de visiter la maquette d’un élevage de porcs sur des bornes tactiles, d’apprendre ce que mangent les cochons en manipulant les matières premières qui constituent leurs repas et de répondre à des quizz pour découvrir l’univers du cochon. Des lots sont à gagner pour se souvenir de tout ce qu’ils auront appris sur notre univers. Pour les plus grands, des éleveurs de porcs seront là pour témoigner de leur beau métier et des dégustations permettront de confirmer que tout est bon dans le cochon ! Enfin, le Salon de l’Agriculture est toujours l’occasion de rencontrer les politiques français et européens pour témoigner des difficultés économiques rencontrées par la filière porcine et leur faire part des solutions proposées par l’interprofession. EDITO Le porc est un mammifère omnivore VRAI Son organisme assimile aussi bien les produits d’origine animale que ceux d’origine végétale. À LA UNE : DIFFICILE D’AVOIR UN ŒIL DANS SA PORCHERIE ET L’AUTRE ENVIRONNEMENT p. 4 En élevage, les rations alimentaires sont composées exclusivement de produits végétaux VRAI L’alimentation des porcs n’est constituée que de produits végétaux sélectionnés pour leurs grandes qualités nutritives. Sous forme de granulés ou bien de farine, les aliments du porc sont composés de : • 75% de céréales (blé, orge, son etc.) • 22% d’oléoprotéagineux (colza, pois, tournesol, soja etc.) • 3% de vitamines et d’oligoéléments La ration est identique quel que soit l’âge de l’animal FAUX Les rations sont strictement équilibrées et adaptées à chaque âge. Cette alimentation dite « multiphase » répond ainsi aux besoins spécifiques des animaux selon leur stade de développement. contact presse : Didier DELZESCAUX et Rachel RIVIERE - Tél. : 01 44 93 60 00 Qu’est-ce qu’INAPORC ? L’interprofession porcine INAPORC rassemble les différents métiers de la filière porcine française : fabricants d’alimentation animale, éleveurs, abatteurs, découpeurs, charcutiers et salaisonniers, distributeurs (grande distribution, artisans bouchers et charcutiers-traiteurs, restauration collective). Sa mission est de défendre les intérêts de la filière porcine française et de mettre en oeuvre des actions collectives. Dans ce cadre, INAPORC a pour objectif de promouvoir la viande de porc et les produits de charcuterie ainsi que le professionnalisme des acteurs de la filière porcine française. Ses domaines d’intervention sont notamment la communication, la recherche développement, l’export, la gestion des risques, le sanitaire, l’identification et la traçabilité. Guillaume Roué, Président d’INAPORC SUR LES MARCHÉS ! P. 1-2 - Crédits photos : Source INTERBEV ; INAPORC - Mixture ; photographe Hélène Réocreux On évoque souvent les idées reçues concernant l’impact environnemental des élevages porcins sous un angle négatif, et pourtant saviez-vous que de nombreux produits ou co-produits de notre alimentation sont valorisés grâce à lui ? Le porc est omnivore, cela signifie qu’il mange de tout. Ses rations alimentaires sont essentiellement à base de végétaux. Les céréales (blé, maïs, orge, son …), représentent 70 à 75% des ingrédients composant son alimentation. Mais ce n’est pas tout, le porc se régale newsmag presse n°2 - février 2013 L’alimentation des porcs. Tous les experts s’accordent à dire que nous sommes entrés dans une ère de volatilité des prix des céréales. Cela a un impact considérable sur la production porcine car le coût de l’alimentation des porcs représente jusqu’à 70% du coût de production. Les éleveurs sont donc confrontés durablement à cette situation de grande fragilité économique. Au-delà des éleveurs, c’est toute la problématique de la répercussion de ce coût au long de la filière à laquelle il faut s’attaquer. Les secteurs de l’abattage-découpe et de la transformation connaissent également des situations difficiles. Et en tant que viande la plus consommée par les français, la filière a à cœur de continuer à leur proposer des produits de qualité et accessibles à toutes les bourses. La question qui se pose est en fait celle du juste prix de nos produits. Le « produire en France » n’est pas qu’un concept abstrait : la viande de porc et les charcuteries qui portent le logo VPF – Viande Porcine Française garantissent aux consommateurs un porc né, élevé et transformé en France. Au-delà de la traçabilité et de la sécurité sanitaire, cela signifie également le respect des règles environnementales et sociales auxquelles nos concitoyens sont attachés. Et choisir le logo VPF, c’est bien sur aussi conforter des emplois sur notre territoire. le chiffre +31% C’est l’augmentation du prix de l’aliment destiné aux porcs sur l’année 2012. (Source : indice de référence IFIP-Institut du porc) l’écho de l’éco p. 3 côté conso p. 3 ÉVÈNEMENT p. 4 /// à la uNE Difficile d’avoir un œil dans sa porcherie et l’autre sur les marchés ! Paul Auffray est éleveur à SaintBrieuc où il possède un élevage de 1 700 porcs en engraissement et 45 hectares de cultures. Il a débuté sa carrière en 1990 en exerçant l’activité de naisseur-engraisseur, à la tête d’un cheptel de 170 truies et aidé par un seul salarié. En 2004, décidé à se redonner des perspectives, à réorganiser son travail et retrouver de la compétitivité, il s’est associé avec deux autres éleveurs pour créer une maternité collective pour assurer la partie « naissage » pour les trois élevages. Le rachat d’un élevage naisseur de 650 truies, et un investissement important dans sa modernisation, leur permet désormais de produire 20.000 porcelets par an et de faire travailler 3 salariés. Présenté ainsi, le tableau semble idéal, mais Paul Auffray, comme tous les éleveurs français, a subi de plein fouet la hausse du coût des matières premières destinées à l’alimentation de ses animaux. « L’alimentation de nos porcs représente 60% à 75% de notre coût de production, nous sommes donc très dépendants des achats de l’aliment pour nos animaux. Or, en l’espace de 18 mois le coût de l’alimentation a quasi doublé ! À l’exception des éleveurs qui peuvent cultiver leurs propres céréales, les autres ont subi cette crise et en payent le prix tous les jours ! » explique-t-il. C’est un fait, la filière porcine souffre depuis le début de la hausse du coût des matières premières intervenue en 2007. « On a d’abord mangé notre trésorerie et puis on s’est endettés depuis 4 à 5 ans » explique Paul Auffray. Les éleveurs qui possèdent leurs propres cultures s’en sortent mieux car ils disposent de matières premières pratiquement au /// Difficile d’avoir un œil dans sa porcherie et l’autre sur les marchés ! prix de revient. « Mais seuls 10% sont totalement autosuffisants » rappelle-t-il. « Beaucoup produisent 40% à 50% de leurs céréales, ce qui est déjà énorme ! Personnellement je produis 200 à 250 tonnes de céréales par an et j’en consomme 1200 tonnes, je suis donc tributaire des achats ». Les conséquences de cette augmentation ont eu un impact sur l’activité d’un bon nombre d’exploitations dont la survie est en péril. « Depuis 2007, j’ai vu beaucoup d’éleveurs jeter l’éponge ou sur le point de le faire » raconte-t-il. L’activité de Paul Auffray n’a pas subi les conséquences de l’augmentation du coût des matières premières de façon aussi drastique, grâce aux solutions mises en place dès 2004, comme il le raconte « Au départ, j’étais seul sur mon exploitation avec une petite surface de terres car cette structure était en adéquation avec la réalité économique du moment. Aujourd’hui je suis organisé sur trois sites avec deux associés. C’est le choix que j’ai fait pour faire face aux nécessités de modernisation et qui me permet de rester compétitif. » Comme beaucoup d’autres éleveurs, il a cherché à mettre en place des parades pour pallier à la hausse du prix des céréales « Ma coopérative achète ses céréales directement sur le marché physique mais également en contrat à l’avance, soit sur le Matif(1), soit avec des contrats fixes ». Ces méthodes contribuent à maintenir une certaine stabilité en lissant l’évolution des prix mais ne les empêchent pas d’augmenter. « On nous demande de nous intéresser à des outils de gestion du risque comme les assurances… mais cela coûte très cher, ou bien en achetant directement individuellement sur les marchés à terme ». Mais ces solutions nécessitent d’être un professionnel aguerri à ce genre de pratique et ayant, de plus, des moyens financiers conséquents. Pour la majorité des éleveurs, fragiles sur le plan financier, elles ne sont pas envisageables. « Nous souhaitons nous intéresser à ce genre de concept mais de manière collective » précise Paul Auffray « On ne peut pas avoir un œil sur sa porcherie et l’autre sur les marchés ! ». Paul Auffray est convaincu que des solutions existent, même si elles se heurtent à des résistances tant structurelles que culturelles. « En France on sait depuis des années que la filière porcine va mal mais on reste les bras croisés ! Nous ne sommes pas opposés FEVRIER 2013 - N° 2 à un rééquilibrage des aides de la PAC en faveur de l’élevage qui pâtit de coûts élevés et ne bénéficie d’aucune aide européenne pour le porc alors que les grandes cultures bénéficient à la fois de subventions et de prix élevés. Nous avons tout le savoir-faire et la technicité nécessaire pour nous projeter dans l’avenir ». Il pointe du doigt la surenchère réglementaire appliquée à la profession « Nous avons besoin de souplesse administrative pour nous permettre de moderniser nos élevages, les rendre plus performants, meilleurs sur le plan technique et environnemental : plus on est compétitif et plus on a de capacité de résistance ». Comme la plupart de ses confrères, Paul Auffray suivra de très près les suites de la table ronde qui a réuni, le 30 octobre dernier, l’ensemble des acteurs de la filière porcine. Tous se sont accordés sur l’urgence de définir une stratégie commune pour l’avenir de la filière confrontée à une situation difficile. Quatre groupes de travail ont été formés et travaillent à l’élaboration d’un plan stratégique partagé pour 2013. (1) Marché à terme international de France. FEVRIER 2013 - N° 2 /// l’écho de l’éco /// côté conso L’alimentation est la principale composante du prix de production d’un porc Le coût de production d’un porc dépend fortement du prix de l’aliment et donc du cours des matières premières. Les céréales représentant les 3/4 des composants de l’alimentation destinée aux porcs, les flambées récurrentes de leur prix sur le marché sont très difficiles à gérer pour les Quelle répercussion sur le prix de vente au consommateur ? éleveurs. Le prix moyen annuel de l’aliment pour porcs (prix de l’aliment IFIP) est passé de 188 euros la tonne en 2009 à 266 euros la tonne en 2012(1). Le coût lié à l’alimentation représente désormais 60 à 75% du coût de production d’un porc. Part de l’alimentation dans le coût de production du porc Source : IFIP 68% 66% 64% 62% 60% 58% /// 3 questions à... 56% Michel Rieu Directeur du pôle économique de l’IFIP (Institut du porc) porcs mieux payés. Une coordination étroite entre maillons rend cette filière réactive et capable d’anticiper. Comment les autres filières porcines européennes subissent-elles la hausse du prix des matières premières ? Tous les pays producteurs de porcs subissent la forte hausse du prix des aliments. Ils se heurtent à des difficultés et des retards pour étendre aux prix du porc et des produits en aval cette brutale rupture dans l’économie du secteur. Mais le contexte n’est pas le même partout. En Europe du nord, le Danemark et les Pays-Bas avaient déjà fortement modernisé les élevages et gagné en performances techniques. La filière allemande bénéficie elle d’atouts supplémentaires. Les éleveurs ont eu de meilleures marges en raison d’avantages fiscaux et des Quels sont les freins économiques au développement de la filière française par rapport à ses voisins européens ? Les élevages français obéissent à une réglementation environnementale plus stricte, la procédure « d’autorisation » s’appliquant à des tailles beaucoup plus faibles qu’avec celle de l’Union européenne. Cela freine considérablement la modernisation indispensable des élevages. Par ailleurs, le respect des nouvelles normes de bien-être animal passe par des investissements lourds. A cela vient s’ajouter une moindre compétitivité résultant des coûts de maind’œuvre beaucoup moins élevés dans l’industrie allemande de la viande. Quelles sont les perspectives pour la filière française à court et moyen terme ? La France est le 3ème pays producteur de viande de porc de l’Union Européenne. Sa filière porcine possède des atouts décisifs comme le savoir-faire, la technicité des élevages et des industries, la génétique, la qualité et la diversité de ses produits. Elle n’a rien à envier à ses voisins d’Europe du nord sur ces points. Elle a de belles cartes à jouer à condition de se moderniser et restructurer à tous les niveaux, pour conforter ses performances. La modernisation industrielle devrait aussi lui permettre de capter plus de valeur ajoutée en saisissant mieux les différentes opportunités de marché, pour les produits nobles et les co-produits, en France comme à l’export. Mais à très court terme, la rentabilité des différents maillons devra être restaurée par un réajustement des prix aux différents niveaux pour absorber équitablement le saut durable des coûts dû au prix de l’aliment. 54% 2001 2011 (1) Source IFIP On pourrait supposer que la hausse du prix des céréales impacte directement le prix de vente au détail de la viande de porc et des charcuteries. Pourtant il n’en est rien. En effet, le marché des céréales et celui de la viande porcine sont totalement déconnectés. Le marché des céréales est mondialisé et impacté par exemple par les accidents climatiques dans les pays producteurs partout dans le monde alors que celui de la viande porcine et de la charcuterie est fonction de l’offre et de la demande sur le marché européen. Les céréales peuvent être stockées à long terme, et donc faire l’objet de spéculation, il n’en est rien pour la viande de porc qui doit être transformée sans délai… Les deux marchés n’obéissent donc ni aux mêmes circuits, ni aux mêmes règles. Sur le marché du porc, la formation du prix s’inscrit dans une logique commerciale de l’offre et de la demande de viande et de charcuterie. La grande distribution joue bien sûr un rôle prépondérant dans la gestion de la demande. Pour les producteurs de porcs, les abatteurs et les entreprises de charcuterie cependant, une augmentation est inéluctable compte tenu des difficultés économiques qu’ils doivent affronter. La grande distribution quant à elle, redoute un impact négatif sur les volumes vendus aux consommateurs. Des discussions sont en cours pour tenter de trouver une solution qui satisfasse les différentes parties, tout en préservant les intérêts du consommateur. /// zoom sur... Le regard d’un fabricant d’aliments Nous faisons le relais des banques auprès des producteurs Les fabricants d’aliments destinés aux porcs subissent, tout comme les éleveurs, les conséquences de la hausse du coût des céréales. Comme l’explique Joseph Jouault, Président de DISTRICERA, distributeur d’aliments pour le bétail, « Depuis 2007 l’augmentation de ces matières premières est structurelle et a une incidence directe sur le coût de l’aliment fini ». Comment s’adapter pour faire face ? Optimiser la composition des aliments reste une solution marginale. En effet utiliser des matières premières moins onéreuses a ses limites car, la base de l’alimentation porcine reste de toute façon fondamentalement à base de céréales et d’oléoprotéagineux pour satisfaire aux besoins physiologiques de l’animal et à la réglementation. La diminution du coût reste limitée. Essayer de lisser les achats de matières premières en ayant recours aux marchés à terme est intéressant mais n’empêche pas de subir la tendance haussière des cours au niveau mondial. La réalité est tout autre, selon Joseph Jouault, « Lorsqu’un producteur de porcs, acculé par la hausse des prix, n’est plus soutenu par sa banque, nous sommes les premiers atteints par les impayés et les demandes de délais de paiement. Notre profession a donc été amenée à soutenir considérablement la filière porcine, principalement les producteurs, par obligation plus que par choix délibéré, en se faisant le relais des banques ». Joseph Jouault, Président de DISTRICERA.