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Clarika au Gaou, sous la pinède
lundi 19 juillet 2010, par Bruno Colombari
Invitée au festival des Voix du Gaou avec Ysaé, Tom Frager et Renan Luce, Clarika a surclassé
tout ce petit monde dans la pinède, malgré les cigales.
Un festival sur une île : en créant en 1997 les Voix du Gaou, la ville de Six-Fours (Var) n’a certes pas
inventé l’eau chaude, mais elle a su donner, au fil du temps, un cachet unique à ce qui est devenu le
principal festival méditerranéen en France. En 2010, les deux scènes de l’île du Gaou accueillent ainsi
Simple Minds, Pete Doherty, Bob Sinclar, -M- ou encore Christophe Maé et Roger Hodgson. Le dimanche
18 juillet, pour la deuxième soirée de cette édition, Renan Luce, Tom Frager et Clarika se partageaient la
petite scène située sous la pinède, devant un bon millier de spectateurs.
Mais tout d’abord, il faut raconter l’accès à l’île. Orientés vers un parking par une armada de policiers
municipaux (un service visiblement richement doté à Six-Fours), les festivaliers finissent à pied le long de
la lagune du Brusc et des villas à sept chiffres. Avant d’emprunter la passerelle qui conduit à l’île, il faut
se débarrasser des bouteilles d’eau de plus d’un demi-litre et enlever les bouchons des autres. Le souci de
sécurité rejoint celui, plus mercantile, d’assurer de bonnes rentrées à la buvette installée face à la scène.
D’entrée, alors que le soleil est encore haut et que la fraîcheur du soir se fait attendre, l’ambiance
musicale est assurée par les cigales, ces sortes de vuvuzelas locales et heureusement éphémères. En
première partie, Ysaé offre un slam assez proche de celui de Grand Corps Malade, accompagné par Mister
Lips, champion du monde de human beat box, autrement dit capable d’accompagner à la batterie
uniquement avec la bouche.
Le plein air et la lumière du jour ne rend pas justice à
Clarika, dont le travail sur le décor et les éclairages sont tout à fait remarquables. Peu importe : même
devant un public en train de s’installer et loin d’être gagné d’avance (beaucoup sont là pour Tom Frager
et Renan Luce), la petite pile brune se jette à corps perdu et sans filet dans son show, alternant comme
d’habitude grands moments de délire (Les garçons dans les vestiaires, Ne me demande pas), parenthèses
intimistes (Les patineurs, Ça s’peut pas) et instants lourds de colère rentrée sur un Bien mérité vibrant et
incandescent.
Sa capacité à changer de registre au quart de tour est phénoménale, et lui vaut largement le titre (tout à
fait personnel, mais je suis ici chez moi) de meilleure chanteuse française contemporaine, en digne
cousine pas si éloignée de Björk. D’ailleurs, elle l’affirme haut et fort : « je suis une icône, c’est l’album de
la maturitude, je vais essayer des trucs, c’est l’icône attitude ». En une petite heure, elle trouve le moyen
de mettre le public dans sa poche, bien aidé par un quator de musiciens à la hauteur [1], autant dans
l’accompagnement (très travaillé) que dans les chorégraphies.
On passe rapidement sur l’insignifiant Tom Frager, dont le reggae (en français et en anglais) est
remarquablement dépourvu de toute créativité, à l’image d’un jeu de scène inexistant. Quand Renan Luce
monte sur scène, la nuit est complètement tombée, la température aussi, les cigales sont allées se coucher
et finalement, elles ne manquent pas grand chose : ce que le Renan fait encore de mieux, c’est dans le
minimalisme acoustique du Repenti, armé de sa seule guitare. En formation complète, sa voix est quasiconstamment couverte par un accompagnement bien peu subtil dont l’objectif premier semble être la
chasse aux décibels.
Conclusion : Heureusement qu’il y avait Clarika, et le cadre superbe de la côte méditerranéenne de nuit,
sous les étoiles.
Voici un aperçu de ce que fait Clarika en salle (Bien mérité, à la Cigale) :
Pour plus d’infos, voir le site de Gaëtan Lebrun (très complet et à jour) et le MySpace de Clarika.
Notes
[1] Philippe Desbois, Cedric Ricard, Hubert Harel et Yann Lambotte

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