Dossier enseignants

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Dossier enseignants
L’A-MUSÉE – L’OMBRE DE MARCEL
N° #
Dossier enseignants
par
michel delajoud
PETITS CONSEILS EN VUE DE LA VISITE
DE L’EXPOSITION
 Avant la visite : n’hésitez pas à prendre
contact avec la médiatrice qui accueillera
 Les supports et crayons sont à reposer à
votre groupe ou votre classe.
l’entrée.
 L'exposition se déroule à l'espace 13x13
 Merci de vérifier la bonne mise en place
de la MJC Centre.
de l'exposition (les éléments de puzzle, des
 La visite dure environ une heure pour les jeux… sont remis dans leur boite).
primaires et les collégiens, trois-quarts
 Pas d'obligation de tout voir. Si les
d’heure pour les classes de maternelles
expositions de l'A-musée s'adressent plus
 Comme pour les précédentes éditions, il particulièrement au public 6-12 ans, elles
est conseillé de prévoir un accompagnateur peuvent être vues dès le jeune âge tout
comme
par
des
collégiens.
Aux
pour 7 élèves.
responsables et/ou aux enseignants de
 La possibilité de séparer la classe en s’accaparer les lieux et de faire des choix à
deux groupes permet de participer à des sélectionner les animations qui vous
ateliers en lien avec l'exposition. Ils sont semblent le plus adaptées à votre classe en
accord avec la médiatrice.
proposés à la Ludothèque de la MJC.
 Le partage de la classe et la gestion des  Une médiatrice est toujours présente
groupes reste à la charge du responsable pour vous conseiller et vous guider...
et/ou de l'enseignant.
 A l'entrée de l'exposition l'enfant se
verra remettre un livret de visite sur lequel
il répondra aux questions et jeux.
Horaires
lundi, mardi, jeudi, vendredi :
9h 12h 14h - 16h et mercredi : 9-12h
Réservation uniquement par mail à
[email protected], en
précisant le nom de l'école, le niveau de la classe
ainsi que deux créneaux horaires pressentis et
un numéro de téléphone.
conditions
Entrée :
25 euros pour la structure (école, centre
de loisirs…)
+ 1 euro par élève ou membre pour
l’ensemble de la structure.
L’A-MUSÉE – L’OMBRE DE MARCEL
2
L’exposition
23 novembre 2013 – 14 mai 2014
Pour la première fois, une exposition de
l’A-musée sera consacrée à l’œuvre d’un seul
ème
artiste, un artiste majeur du XX
siècle que
l’on peut considérer comme le père de l’art
d’aujourd’hui : Marcel Duchamp (1897 - 1968).
La vie de Marcel Duchamp s’inscrit dans
l’histoire de la modernité : les machines, le
mouvement, les grandes utopies…
Découvrir son parcours sera l’occasion d’aborder
les grands courants artistiques de la fin du
XIXème à ceux du début du XXème siècle qu’ils
soient plastiques, musicaux, littéraires puisque
Marcel est tour à tour peintre, sculpteur, poète,
installateur et parfois même compositeur.
L’œuvre de Marcel Duchamp peut sembler
"difficile" mais l’ombre de Marcel permettra à
tous, de façon ludique, d’inscrire sa démarche
entre la naissance de l’art moderne et les débuts
de l’art contemporain.
D’autre part, n’oublions pas que Marcel était
aussi très joueur, qu'il aimait jouer avec son
public, aux échecs, etc. Pour une exposition
dont l’essence même et de faire jouer le public
pour mieux comprendre et pour apprendre, ce
choix s’imposait !
brève bibliographie de Marcel
EN QUELQUES DATES…
Naissance le 28 juillet 1887
à Blainville-Crevon en Seine-Maritime
1902 : premières peintures
1912 : nu descendant l’escalier
1913 : premier ready-made
Marcel Duchamp est le fils du notaire de
Blainville-Crevon, Justin Duchamp et de Marie
Caroline Lucie née Nicolle, musicienne. Il est
le 3ème enfant d'une famille de sept, dont le
sculpteur Raymond Duchamp-Villon et les
peintres Jacques Villon (Gaston Duchamp, et
Suzanne Duchamp mariée au peintre J-Joseph
Crotti. C’est auprès d'abord de son grandpère artiste, puis de ses frères, de sa sœur
qu’il entreprend son apprentissage de la
peinture. Durant l'été 1902, il entame ses
premières toiles très inspiré par Monet. Il
poursuit brillamment ses études décrochant à
quinze ans la première partie de son bac ainsi
er
qu’un 1 prix de dessin. Entre 1910 et 1912, son
style va considérablement évoluer. Il est
d'abord très marqué par Cézanne et le
fauvisme. En 1913, aux USA, les nouvelles
recherches européennes sont présentées à
l’Armory Show de New York. Il y présente nu
descendant l’escalier qui provoque scandale
mais fera sa célébrité. Cette œuvre dénote des
tendances cubistes au futurisme de la « photodynamique ». Il s’écarte de la peinture avec les
13
premiers ready-made , objets « tout faits » qu’il
choisit pour leur neutralité esthétique. Son
œuvre la plus riche est la Mariée mise à nu par
ses célibataires, même réalisée sur panneau de
verre (1915-1923), aboutissement de plusieurs
études préliminaires. Il fut un excellent joueur
d'échecs et participa plusieurs fois au
championnat de France. Il a révolutionné la
conception académique de l’art menant par sa
démarche une réflexion
sur la notion d’auteur,
sur
l'esthétique…
préparant ainsi l’arrivée
des grands courants
contemporains de la fin
ème
du XX
siècle.
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Les courants artistiques
ème
Arts Incohérents : Les Arts incohérents sont les enfants naturels de la fin du XIX
siècle, riche en découvertes scientifiques et en
innovations sociales. Cette époque insolente et inventive marque aussi un tournant dans le domaine de l’art. Les Salons de l’art officiel
se voient remis en cause. C’est dans cette atmosphère mouvante qu’un certain Jules Lévy décide d’organiser « une exposition de
dessins exécutés par des gens qui ne savent pas dessiner ». En octobre 1883, les
parisiens découvrent la première exposition officielle des Arts incohérents. Le but est
charitable comme pour toutes les expositions incohérentes qui suivront. « Toutes les
œuvres sont admises, les œuvres sérieuses et obscènes exceptées ». L’exposition se
dote d’un catalogue avec des notices d’artistes farfelues. Caricatures, satires et parodies
abondent, les jeux de mots picturaux également. Le sourire est au rendez-vous, la foule
aussi. Pour l'exposition des Arts Incohérents, en 1883, Eugène Bataille, dit Sapeck réalise
Mona Lisa fumant la pipe qui préfigure directement "L.H.O.O.Q." de Marcel Duchamp en
1919.
Cubisme : Le cubisme est un mouvement artistique qui s'est développé principalement
de 1907 à 1914 à l'initiative des peintres Pablo Picasso, Georges Braque, Jean Metzinger,
Albert Gleizes, Robert Delaunay, Henri Le Fauconnier et Fernand Léger. Héritant des
recherches de Cézanne sur la création d’un espace pictural qui ne soit plus une simple
imitation du réel. le Cubisme bouleverse la notion de représentation dans l’art. On
distingue le cubisme analytique 1910-12 (l'objet est déconstruit et toutes ses facettes
sont représentées en fragments, sans aucun égard pour la perspective et peint avec des couleurs très peu saturés - gris, brun, vert, bleu
terne) puis le Cubisme synthétique 1912-1914 caractérisée par le retour de la couleur. Le peintre sélectionne les facettes les plus
pertinentes de l'objet déconstruit. Des éléments de la réalité sont réintroduits, notamment par le
collage de papiers ou donnant des indications de matière à l'objet représenté (faux bois ou toile
cirée).
Dada : C’est un mouvement littéraire et artistique révolutionnaire, réagissant à l’absurdité de la
guerre de 1914-1918. En février 1916, à Zurich, le metteur en scène Hugo Ball forme le Cabaret
Voltaire. L’explication la plus courante de l'origine du mot est celle du hasard ludique : un dictionnaire
ouvert et un coupe-papier qui tombe sur le mot « dada ». En réaction à l'absurdité et à la tragédie de
la Première Guerre mondiale et en opposition avec tous les mouvements se finissant en -isme, ils
baptisent le mouvement qu'ils viennent de créer de ce nom. Dada n'est « ni un dogme, ni une école,
mais plutôt une constellation d'individus et de facettes libres », précisait à l'époque Tristan Tzara.
Hétéroclite et spontané, Dada s'est aussi imposé comme un mouvement sans véritable chef de file.
.
Tous les dadaïstes étaient présidents C'est en 1918 que le dadaïsme culmine. Marcel Duchamp se
joint au groupe zurichois, et donne un impact non négligeable au mouvement.
Hausmann, Raoul. Dada-Messe. 1920
ème
Fauvisme : C’est un courant de peinture du début du XX
siècle . Selon Matisse, le fauvisme est une recherche d’intensité dans la
couleur dans laquelle est absente la perspective. Les plans représentant l’espace sont suggérés par juxtaposition des couleurs. En effet,
ces peintres avaient recours à de larges aplats de couleurs pures et vives, et revendiquaient un art fondé sur l'instinct. (d’où Fauvisme
terme inventé par le critique d'art Louis Vauxcelles). Les principaux artistes sont : Henri
Matisse, André Derain et Maurice de Vlaminck.
Futurisme : Mouvement littéraire et artistique du début du XXème rejetant la tradition
esthétique et exaltant le monde moderne, en particulier la civilisation urbaine, les machines et
la vitesse. Les peintres du Futurisme italien, principalement Giacomo Balla, Umberto Boccioni,
Carlo Carrà, Luigi Russolo et Gino Severini, regroupés en 1910 autour du poète Filippo
Tommaso Marinetti (auteur du Manifeste futuriste en 1909), proclament l'identité de l'art et de
la vie par le biais de la notion de vitesse. Sont ainsi glorifiées les usines et les inventions
modernes, et tous les bruits qui en émergent. Ainsi, Luigi Russolo et Francisco Balilla Pratella,
à travers une théorisation de la notion de bruit, vont faire l'apologie du son, qui influencera les
Dadaïstes et plus tard la musique contemporaine.
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Russolo - Dynamisme d'une automobile - détail
Impressionnisme : Le courant se développe à partir de 1860. C’est le tableau « Impression soleil levant » de Claude Monet en 1872
sera à l’origine du terme « impressionnisme ».Les principaux artistes sont : Claude Monet, Auguste Renoir, Camille Pissarro, Alfred
Sisley, Berthe Morisot et Paul Cézanne, Edgar Degas… Malgré leurs styles différents, ces artistes refusent tout ce qui est cher à la
peinture officielle comme les sujets historiques, mythologiques, sentimentaux, ainsi que la facture « léchée ». Ils préfèrent jouer avec
les particularités du medium pictural : la pâte, la couleur, la touche… Ils empruntent leurs sujets à la réalité ordinaire voire sociale de
leur époque
Post impressionnisme :: Le terme postimpressionnisme est une appellation extrêmement floue, appliquée principalement à Cézanne,
Van Gogh, Gauguin, Toulouse-Lautrec et Seurat, mais souvent utilisée pour décrire d'autres artistes progressistes qui suivirent la
grande décennie de l'impressionnisme (1870-1880), comme Matisse, Bonnard, etc.
Surréalisme : Il fait suite au mouvement « Dada ». Les surréalistes sont influencés par les doctrines psychanalytiques. Ils tentent de
transcrire les messages ténébreux de l’inconscient. Les principaux artistes sont Salvador Dali, Giorgio De Chirico, René Magritte…., Le
surréalisme nait de l’éclatement du mouvement Dada, et notamment de la rupture entre Tristan Tzara et Breton auteur du Manifeste
du surréalisme, publié en 1924.
Salvador Dali
LES ARTISTES CITÉS DANS L’EXPOSITION
Franz Hals, Francis Bacon, Constantin Brancusi, Vincent Van Gogh, Matisse, René Magritte, Edward Muybridge, Claude Monet, Paul
Cézanne, Léonard de Vinci, Pablo Picasso, Marcel Duchamp, Francisco Goya, Fernand Léger, Les frères Lumières, Jules Marey, Eric
Satie
L’A-MUSÉE – L’OMBRE DE MARCEL
Vocabulaire
allographe (LHOOQ) : Les allographes sont des procédés pour écrire différemment des mots. On transcrit un mot ou une phrase par
des homonymes. Par exemples Voici des allographes reposant sur une homophonie : Île faite en corps noirs. (Jean Cocteau). Il faut lire :
Il fait encore noir. Ils peuvent être bilingues et reposer sur un à-peu-près : butte ouaille, œuf corse (San-Antonio), Les allographes
peuvent être aussi constitués de signes (lettres, chiffres, notes) qui sont lus avec leur nom conventionnel et pas avec leur valeur
symbolique, ce qui permet de construire un mot. : LHOOQ est un allographe alphabétiques. M. Duchamp était friand d’allographes
(Notes - Flammarion – 1980)
autoportrait : Un autoportrait est un portrait que l'on fait de sa propre personne, en se prenant pour modèle. Un autoportrait peut
être une peinture, ce peut-être une photo. On peut aussi parler d’autoportrait littéraire.
Beau : ce qui fait naître un sentiment ou éprouver une émotion.
Cadrage : vient du verbe « cadrer », mettre une bordure autour d’un sujet, d’un objet.
Choisir une partie d’image que l’on souhaite montrer et l’encadrer. Marcel a sélectionné de
même son Paysage de Blainville.
Chronophotographie : Procédé d’analyse du mouvement inventé d’abord par l’astronome Jules Janssen (1821-1907) puis perfectionné
par l’américain Edward Muybridge et le Français J.E. Marey (1830-1904) Ce dernier mit au point un appareil à plaque fixe donnant à des
intervalles de temps égaux des images successives des corps en mouvement sur un fond noir. (Etienne Souriau – vocabulaire
d’esthétique)
Croquis : Un croquis est un petit dessin réalisé rapidement.
Dessin
Fonctionnel : qui est pratique. Un objet fonctionnel est efficace avant d’être joli.
Jeu de mots : s’amuser avec les mots d’une façon plaisante. Associer, accoler différents mots les uns avec les autres de manière à créer
une nouvelle idée ou une nouvelle image. Marcel pratique les jeux de mots notamment pour titrer ses œuvres.
Influence : action que le travail d’un artiste exerce sur un autre artiste. Les peintures de Cézanne et de Monnet ont influencé le travail
de Marcel dans la réalisation de ses premières peintures.
Illusion : le trompe-l’œil, par exemple, est une peinture qui donne l’illusion du relief. On croit voir quelque chose qui n’existe pas.
motif : En arts plastiques, le motif est une forme qui se répète. Les impressionnismes ont utilisé l’expression « peindre sur le motif »,
par opposition à la peinture en atelier.
Original : ouvrage ou œuvre d’art réalisé(e) de la main d’un artiste – auteur. Réalisation dont on peut faire des copies, des
reproductions, des imitations. Marc el Duchamp a remis en question l’original dans le champ des arts plastiques.
Œuvre d’art : l’œuvre d’art est une production (un travail) réalisé(e) par un artiste. Un artiste exerce un art (musique, peinture,
sculpture, etc.) qu’il pratique avec adresse ou savoir-faire. Le Nu descendant l’escalier est une œuvre d’art (une peinture) réalisée par
Marcel.
Œuvre préparatoire : travail de recherches, d’essais, de tâtonnements qui permettra la réalisation de l’œuvre finale. La Broyeuse de
chocolat est une œuvre préparatoire au Grand verre de Marcel.
paysage
peinture
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L’A-MUSÉE – L’OMBRE DE MARCEL
Photographie
point de vue : L’endroit où l’on se place pour regarder
ready made : voir livret
Représentation : rendre présent ou sensible quelque chose qui n’est pas là au moyen d’une
image, d’un objet. L’ombre du Sèche-bouteilles est une représentation de l’oeuvre de Marcel.
Reproduction : copier, représenter fidèlement au moyen de procédés tels que gravure, photographie, imprimerie, photocopie, etc.
Rotorelief : voir livret
Sculpture : c’est une œuvre d’art en volume, c’est-à-dire la création d’une forme en trois dimensions dans l’espace : hauteur, largeur,
épaisseur. Les procédés de sculpture sont le modelage (de la terre), la taille (de la pierre), l’assemblage (de divers matériaux), le
moulage (en plâtre), etc.
sujet : Le sujet est le thème sur lequel travaille l’artiste. Le sujet d’une œuvre d’art, c’est ce qui s’y trouve représenté.
Utile : un travail utile est avantageux et bon. Il sert à quelque chose, il permet un changement, une modification bénéfique.
Vitrail : « Tableau » composé de morceaux de verre plat et colorés assemblés et soutenus par une armature le plus souvent des
sertissures de plomb.
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L’A-MUSÉE – L’OMBRE DE MARCEL
Aborder l’exposition …
avec les maternelles
par Gaëlle Gasquet
A. Les programmes de l’école maternelle, dans le domaine des arts, 4 mots clés : PERCEVOIR, SENTIR, IMAGINER,
CRÉER.

Percevoir
Les activités visuelles et tactiles, auditives et vocales sont l’occasion de familiariser les enfants, par l’écoute et
l’observation, avec les formes d’expression artistique les plus variées.

Sentir
– Les activités visuelles et tactiles, auditives et vocales accroissent les possibilités sensorielles de l’enfant.
– Les enfants éprouvent des émotions.
– L’enseignant les encourage à commencer une collection personnelle d’objets à valeur esthétique et affective.

Imaginer
Les activités visuelles et tactiles, auditives et vocales sollicitent son imagination et enrichissent ses connaissances et ses
capacités d’expression.

Créer
– Les enfants acquièrent des premiers repères dans l’univers de la création.
– Ils expérimentent les divers instruments.
– Ils découvrent, utilisent et réalisent des images et des objets de natures variées.
– Ils construisent des objets en utilisant peinture, papiers collés, collage en relief, assemblage, modelage...
Importance du langage
L’enseignant aide les enfants à exprimer (dire, s'exprimer, se souvenir, évoquer, projeter, anticiper…) ce qu’ils perçoivent,
à évoquer leurs projets et leurs réalisations ; il les conduit à utiliser, pour ce faire, un vocabulaire adapté.
Transdisciplinarité
– Ces activités entretiennent de nombreux liens avec les autres domaines d’apprentissage ;
– Elles nourrissent la curiosité dans la découverte du monde ;
– Elles permettent à l’enfant d’exercer sa motricité ;
– Elles l’encouragent à exprimer des réactions, des goûts et des choix dans l’échange avec les autres.
B.L’exposition de l’A-musée
Marcel Duchamp dans l’histoire de l’art
D’abord peintre, Marcel Duchamp traverse différents mouvements : impressionnisme, fauvisme, cubisme et même
futurisme. C’est à travers sa remise en cause de l’art en général qu’il aura la plus grande influence sur l’art du XXe siècle,
son œuvre se caractérisant surtout par une attitude conceptuelle radicalement nouvelle.
L’un des apports majeur de l’artiste sur l’art du XXe siècle, est, de façon générale, la remise en cause de l’unité esthétique
ou du médium exclusif. Son œuvre se compose de peintures, d’objets, d’écrits, de films, et de ce que l’on nommerait
aujourd’hui, d’installations. De nombreux artistes contemporains revendiquent cette forme d’hétérogénéité.
N° #
L’A-MUSÉE – L’OMBRE DE MARCEL
A travers le questionnement de Duchamp, les différentes questions que l’exposition permet d’aborder sont :
-
Que choisir ?
Quelle influence ?
Que voit-on exactement ?
C’est quoi une œuvre d’art ?
Qui est l’artiste ?
Un artiste peut-il ne faire qu’une seule œuvre ?
Un artiste peut-il retravailler l’œuvre d’un autre ?
Le titre peut-il changer l’œuvre d’art ?
1.
Que choisir ? (faire de l’art, c’est choisir)/ Quelle influence ? Qui est l’artiste ?
“Ce n’est pas une œuvre d’art…. puisque les enfants pourraient en faire autant et... moi aussi"
Selon Duchamp, tout comme d’autres artistes, la notion d'œuvre d'art ne se réduit pas à un savoir-faire, au temps passé
à l'exécution : ce serait confondre art et artisanat. Ce qui est important c'est le message qui est derrière, la recherche, la
quête préalable qui peut avoir été longue...
Susciter la création
On ne crée pas à partir de rien. Aucun artiste ne l'a fait : il s'inspire d'abord et parfois d'autres artistes ; pour les enfants, il
faut nourrir l'imaginaire à partir du vécu, des expériences et bien sûr, des nombreuses images vues et engrangées.
C’est l’affectivité qui est le catalyseur de la démarche créative à l'école : trouver des situations qui touchent les enfants,
qui concernent leur vécu, entrer par leur expérience.
Se souvenir, c'est déjà créer. Les matériaux employés dans les constructions de l'imaginaire sont, pour la plupart, des
matériaux mémorisés. La mémoire ne les garde pas intacts, elle n'est pas fidèle, elle transforme, embellit, nuance,
déforme, inverse...et c'est tant mieux !
Regarder, c'est déjà créer. L'individu créatif porte sur toutes choses un regard particulier qui est déjà un pas vers la
création. A l'école : montrer, donner à voir des images, des reproductions, observer et décrire des œuvres du patrimoine,
aller au musée, observer, s'étonner, s'émerveiller, rêver…

Un « musée » de classe d’œuvres d’art peut être constitué. La rencontre avec les œuvres et les artistes
nourrit la curiosité de l’enfant et sa capacité à s’émerveiller et lui apporte des repères. Il se familiarise
avec des œuvres qu’on lui fait découvrir dans des contextes différents. Cette collection est l’occasion de
faire exister concrètement une culture commune à l’ensemble du groupe.
Ces œuvres qui sont données à voir et à comprendre permettent de faire les liens avec les réalisations des
enfants. Elles ménagent l’ouverture à la diversité des expressions artistiques, des techniques, des formes,
et aux cultures du monde.
Plusieurs pistes de travail en classe :

Des activités sur les jeux d’ombre et silhouettes.

Travail sur le portrait:
- en Langage: à partir de photos ou d’images de visages, observation des parties du visage, les nommer,
apprendre à se regarder et à regarder les autres, faire des rapprochements (ressembler à) ou des
différences
- Mettre en évidence les expressions du visage, les positions (profil, face), les mouvements…
- en Arts visuels: à partir des photocopies des portraits des enfants et avec des feuilles de calque, tracer
les lignes principales de son visage, retracer les détails (nez, yeux, bouche…), peindre un portrait (ou son
autoportrait), jouer avec les images (reproduire, simplifier, découper, décomposer, recomposer,
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L’A-MUSÉE – L’OMBRE DE MARCEL
déformer, transformer, cerner, coloriser… ), peindre un portrait imaginaire, modeler un visage en
volume…
- travailler la symétrie (à partir d’une photo coupée en son milieu, redessiner la moitié manquante) et le
cadrage
- le portrait dans l’art (impressionniste, cubiste…)
2 .Que voit-on exactement ?
A travers cette question apparait l’idée de mouvement :
-Certaines œuvres de Duchamp jouent avec les illusions optiques en se basant sur une géométrisation des formes et le
mouvement : le Nu descendant l'escalier de 1912 où il schématise, multiplie la figure et traduit le mouvement.
-Duchamp a décliné tout au long de son œuvre le principe du mouvement.
Sorte d’obsession (il se disait « rotomane »), l’idée de rotation se retrouve dans ses œuvres
comme Moulin à café, Broyeuse de chocolat, Roue de bicyclette, Anemic cinéma, et dans
les Rotoreliefs, qui sont des disques de carton, imprimés de motifs en spirale, à utiliser sur des tourne-disques : ce sont
« des jouets » à produire l'illusion du volume.

En maternelle, on peut envisager un travail sur le mouvement à partir de traces (objets, billes, souffle...dans le
sable, gouttes d’encre…), mouvement des rubans, de la lumière….
 Activités de langage autour du mouvement : « Qu’est-ce que le mouvement ? », «Qu’est-ce qui provoque le
mouvement ? » « Qu’est-ce qui fait bouger les objets ? »
Observation et découverte du mouvement dans la nature : « Qu’est-ce qui bouge autour de nous ? »
 En sciences, travailler le rapport entre mouvement et vitesse, transmission du mouvement par engrenages,
fabrication de mobiles, toupies, rotoreliefs , travailler la notion d’équilibre (culbutos, balances).
 Le corps et le mouvement : l’activité physique et les expériences corporelles permettent à l’enfant de se situer
dans l’espace. Il prend conscience du mouvement de son corps, en découvre les possibilités et développe ses
capacités motrices dans les déplacements, équilibres, manipulations…
En parallèle à l’œuvre « Nu descendant un escalier », on peut envisager le travail suivant :
- A partir de photographies prises en séances d’EPS, classer les images qui expriment le mouvement et
celles qui expriment l’immobilité, dégager les caractéristiques du mouvement (flou, déséquilibre, traces,
mouvements successifs décomposés)
Constituer une collection de mouvements différents à partir de diverses observations (séances de poses, ombres
chinoises, photos, dessins à partir de pantin positionné dans des attitudes différentes, silhouettes…)
- Mettre en mouvement un personnage immobile en utilisant les découvertes de la première séance
-Temps d’observation des différentes positions, mises en évidence des éléments plastiques permettant
l’expression du mouvement
-Temps de production plastique (peinture, dessin, collage), réinvestissement des découvertes précédentes
(connaitre son corps, des différentes parties, de leur mobilité et des possibilités de mouvements)
-Réaliser un court film d’animation (construction d’une série sur l’évolution/ décomposition d’un mouvement à
partir de dessins, photos ou découpage/collage), un flip-book ou livre qui crée l’illusion du mouvement
(technique d’animation appelée « ombro-cinéma).
3. C’est quoi une œuvre d’art ?
Marcel Duchamp s’intéresse aux objets déjà existants et ayant capacité de devenir œuvre d’art si l’artiste le décide,
ce sont les fameux « ready-made »: en anglais, le terme signifie
« tout-fait ». Il s’agit d’une remise en cause du statut de l’œuvre unique, fabriquée par la main de l’artiste. L’objet
n’est pas présenté « à nu », Duchamp intervient dans sa présentation, par exemple l’urinoir est basculé. Il peut
intervenir parfois sur l’objet par assemblage (Roue de bicyclette plus tabouret).

A partir du « porte-bouteilles » de Marcel Duchamp vu sous différents points de vue (dessus, dessous, côté), on
peut envisager un travail sur le repérage dans l’espace. Tout au long de l’école maternelle, les enfants
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L’A-MUSÉE – L’OMBRE DE MARCEL
apprennent à se déplacer dans l’espace de l’école et dans son environnement immédiat. Ils parviennent à se
situer par rapport à des objets ou à d’autres personnes, à situer des objets ou des personnes les uns par rapport
aux autres ou par rapport à d’autres repères, ce qui suppose une décentration pour adopter un autre point de
vue que le sien propre. Les activités dans lesquelles il faut passer du plan horizontal au plan vertical ou
inversement, et conserver les positions relatives des objets ou des éléments représentés, font l’objet d’une
attention particulière.

Détourner un objet
Le travail avec des objets existants va consister à les sortir de leur réalité pour leur accorder une nouvelle
existence capable d’étonner. On est loin du seul souhait de détourner l’objet de sa fonction, la poétique et
l’imaginaire vont être le moteur de cette recherche. On sortira du banal pour aller vers le merveilleux.
Plastiquement , la forme + la matière vont donner l’expression artistique. C’est la confrontation entre des
objets et des matériaux (et sans doute du désassemblage et du réassemblage) qui fait que l’objet devient
nouveau. Ces objets d’origines variées seront choisis pour leur couleur ou leur forme tout comme le
peintre préfère travailler à la gouache plus qu’à l’acrylique.
4. Un artiste peut-il retravailler l’œuvre d’un autre ?

Selon Duchamp, « Il faut connaître et voir l'œuvre toute entière d'un artiste car une seule œuvre, ce n'est qu'une
page d'un livre qui est lui-même une partie de l'œuvre totale. »
 Le réel, le virtuel :
D’une certaine manière, Duchamp aborde de façon anticipée l’idée d’espace virtuel. Le
Grand verre projette une perspective dans l’espace réel, sans pour autant le matérialiser.
5. Un artiste peut-il retravailler l’œuvre d’un autre ?/Le titre peut-il changer l’œuvre d’art ?
A partir du tableau de la Joconde de Léonard de Vinci à qui il rajoute des moustaches et un titre, on voit que Marcel
Duchamp aime jouer avec les mots.

Duchamp et les mots « exquis », importance de l’usage de l’écrit :
On connaissait les mots dans la peinture, les collages cubistes, Duchamp a donné à l’écriture le même statut qu’à ses
œuvres en volume ou peintes.
Selon Marcel Duchamp, « il ne s’agit pas de décrire l’objet, mais d’emporter l’esprit du spectateur vers d’autres régions
plus verbales » Cette importance du mot chez Duchamp se retrouve dans son œuvre, à travers les titres qu’il donne mais
aussi dans ses jeux de mots.

La phonétique ou les jeux de mots syllabiques
Ex : DHA (des achats) ; AJT (agiter) ; LAOBI (elle a obéi)…
On trouvera de nombreux autres exemples de ces mots « exquis » dans l’œuvre de Duchamp (on peut actuellement aussi
qualifier ce langage de langage SMS).

Les titres de Duchamp sont souvent révélateurs de cet esprit de jouer avec les mots. Il disait d’ailleurs «
il existe une tension entre mes titres et mes tableaux. Les titres ne sont pas des tableaux et vice et versa, il s’agit d’une
action réciproque. Les titres ajoutent une nouvelle dimension, ils fonctionnent comme des couleurs nouvelles ou
ajoutées, ou mieux encore, on peut les comparer à un vernis à travers lequel l’image apparaît amplifiée.»(dans Qu’y t-il
dans un mot ?)

Un travail sur le rébus peut être mené en classe (en conscience phonologique, fusion de syllabes ou de mots pour
former des mots nouveaux/ décoder une phrase à partir d’images).
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L’A-MUSÉE – L’OMBRE DE MARCEL

À partir d’écoute de jeux de mots utilisés par Duchamp, on pourra proposer des exercices en langage et
phonétique sur les mots, aussi variés que ludiques (s’adresse plutôt aux MS et GS de maternelle).
- Les homophones : mots qui présentent la même forme phonique mais qui diffèrent par le sens (ex : pot/peau,
verre/vert, eau/haut)
- Les paronymies : consistent à créer des couples de mots phonétiquement voisins à un ou deux phonèmes près
(Ex : enfouir/ s’enfuir).
- Les calembours : jeux de mots fondés sur la différence de sens entre des mots ou groupes de mots qui se
prononcent de la même façon. (Ex : chapeau en peau de chat)
- Les contrepèteries : phrases à partir de laquelle on peut obtenir, en permutant certaines lettres ou certaines
syllabes, une nouvelle phrase (Ex : champs de coton, temps de cochon/ le méchant loup, le mélan chou).
- Les allitérations : jeux sur les échos de sonorités à l’intérieur d’un mot, d’une phrase (Ex : la plus belle des
poubelles)
- Les anagrammes : mots formés en changeant de place les lettres d’un mot (Ex : Noël/ Léon)

Travailler l’art autour de Duchamp….

Impressionnisme, cubisme, futurisme, surréalisme, mouvement DADA ....

Influence de Duchamp, aborder l’art contemporain…
Avec les primaires
(en cours d’écriture)
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L’A-MUSÉE – L’OMBRE DE MARCEL
Bibliographie
-
LE DUCHAMP FACILE - Marc Décimo - Les presses du réel – 2005
-
L’HUMOUR OBJECTIF : ROUSSEL, DUCHAMP « SOUS LE CAPOT »
L'objectivation Du Surréalisme - Marie Colombet – Epu - 2008
-
MARCEL DUCHAMP - Jean-Christophe Bailly - Fh – 1984
-
MARCEL DUCHAMP - Bernard Marcadé - Flammarion – 2007
-
RESONANCES DU READYMADE - Thierry de Duve – éd.Jacqueline Chambon1998
-
NOTES - Marcel Duchamp - Flammarion – 1980
-
LE PROCESSUS CREATIF - Marcel Duchamp - l’échoppe- 1987
-
NOMINALISME PICTURAL - MD La peinture et la modernité
Thierry de Duve
Les éditions de minuit
-
CORRESPONDANCE MD-HENRI-PIERRE ROCHE - Scarlett et Philippe
Reliquet - Mamco – 2012
-
DUCHAMP Janis Mink- Taschen - 2000
-
MARCEL DUCHAMP – L’ART A L’ERE DE LA REPRODUCTION MECANISEE
Francis M. Naumann - Hazan – 1999
-
MARCEL DUCHAMP PARLE DES READY-MADE - l’échoppe - 2008
-
MARCEL DUCHAMP PAR LUI-MÊME (ou presque) - Alain Boton - Fage
éditions – 2013
-
AVANT-GARDES DU XX SIECLE - Serge Fauchereau - Flammarion - 2010
E
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L’A-MUSÉE – L’OMBRE DE MARCEL
Sitographie
http://www.dadart.com/dadaisme/dada/035a-duchamp-cage.html
http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ens-duchamp/ens-duchamp.htm
http://dadasurr.blogspot.fr/2010/03/marcel-duchamp-iii.html
http://www.philophil.com/philosophie/representation/Analyse/ready-made.htm
http://www.ac-grenoble.fr/ecoles/vienne2/spip.php?article1409
http://www.marcelduchamp.net/marcelduchamp_poster.php
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