Marcel Duchamp

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Marcel Duchamp
Marcel Duchamp
Porte-Bouteille ou Le Hérisson, 1914, Ready-made
Etrange Porte-bouteille de Marcel
Duchamp : est-ce un objet qu’il a
fabriqué ? Est-ce une œuvre de design ?
Rien de tout cela !
Il ne s’agit pas d’une sculpture, mais d’un
objet que l’on utilise pour sécher les
bouteilles vides ; un objet que l’artiste
n’a même pas fabriqué mais qu’il a
acheté ! Et il ne s’en cachera pas :
« En 1914 j'ai fait le Porte-bouteilles.
Je l'ai acheté simplement au Bazar de
l'Hôtel-de-Ville. »
(Marcel Duchamp – Entretiens)
C’est avec cet objet que Marcel Duchamp inventa le principe du Readymade : « déjà fabriqué », c’est un objet usuel promu à la dignité d’œuvre
d’art par le simple choix de l’artiste. Duchamp n’aura eu qu’à le choisir,
le signer et le dater.
Pourquoi cet objet ? Sans doute l’artiste l’aura trouvé beau… L'objet en
lui même est très graphique, très dur et très visuel, même s’il n’est pas
unique, même s’il a été fabriqué en usine… Après tout, pourquoi pas ?
De plus, le Porte-bouteille n’aura pas été le seul Ready-made de
Duchamp : il y a la Pelle à neige, le Portemanteau, la Fontaine (qui est
en fait un urinoir).
Mais alors pourquoi ce qui peut sembler être une simple farce a à ce
point révolutionné la pratique des arts plastiques ?
L’historien d’art Hector Obalk a une réponse :
« Pendant longtemps, on a choisi un sujet, une orange, par exemple, et
on l’a représenté sur la toile. C’était de la peinture figurative.
Un jour, on a gardé la toile mais on a supprimé le sujet. On venait
d’inventer la peinture abstraite.
Puis, Duchamp est arrivé. Lui, il a supprimé la toile, il a gardé le sujet
et il l’a exposé. Il venait d’inventer l’art conceptuel. »