Ben Verwaayen veut fusionner Alcatel et Lucent !

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Ben Verwaayen veut fusionner Alcatel et Lucent !
Vendredi 14 novembre 2008
Groupe Alcatel-Lucent
Ben Verwaayen veut fusionner Alcatel et Lucent !
Ce titre pourrait prêter à sourire si 16 500 suppressions d’emplois n’avaient pas été
programmées et en grande partie réalisées depuis février 2007 et si le groupe se
portait économiquement bien. Mais M. Verwaayen, qui présentait jeudi matin la
nouvelle organisation aux responsables syndicaux européens, a confirmé l’échec de
la fusion Alcatel-Lucent par le duo précédent (Tchuruk/Russo): responsabilités
diffuses, prise de décision trop lente, organisation trop complexe, insuffisance
d’autorité (leadership) réelle au niveau opérationnel, retards chez les clients,
débats et contrôles internes inutiles… et au bilan des pertes en millions d’euros
pour le groupe ! La CFDT le rejoint sur cet échec et nous le pointions depuis des
mois ! Les équipes d’Alcatel Lucent sont tout à fait conscientes de ces problèmes.
Nous les avons à maintes reprises signalés à la direction. Certes l’organisation est
en partie responsable de ces difficultés. Mais les baisses d’effectifs et les
délocalisations / relocalisations y sont aussi pour beaucoup. Combien d’équipes
doivent assurer le même travail qu’avant en ayant perdu une part importante de
leur effectif et formé des collègues « low cost » qui quittent l’entreprise (bien
formés !) au bout de quelques mois ?
Ben Verwaayen propose donc une nouvelle organisation, qui sera mise en place le
1er janvier 2009, destinée à réaliser une fusion effective et à effacer les errements
passés. Croisons les doigts !
Nous ne revenons pas aujourd’hui en détail sur les explications qui nous ont été
données et qui sont disponibles sur l’intranet de l’entreprise mais nous ferons
quelques premiers commentaires sur ce que M. Verwaayen met en place. Les mots
clés du discours de la direction sont : tout faire pour satisfaire les clients (ce
n’est pas nouveau et chaque salarié est conscient depuis longtemps qu’il travaille
au final pour un client ! Cette nouvelle organisation sera-t-elle mieux adaptée que
la précédente pour y répondre ?), responsabiliser et simplifier à tous les niveaux.
L’objectif de cette réorganisation est évidemment de redevenir profitable
économiquement. La situation de pertes actuelle étant selon M. Verwaayen
anormalement structurelle chez Alcatel Lucent et non conjoncturelle !
Les commentaires par rapport aux changements principaux de l’organisation :
Les 3 régions commerciales (Amériques, EMEA et APAC) sont responsables des
ventes (chiffre d’affaires) et des prévisions de ventes de leur zone : leur rôle et
leurs responsabilités, du fait de la proximité des clients, sont « renforcés » par
rapport aux Business Groups actuels.
3 nouvelles « central organisations » (solutions et marketing, qualité et
satisfaction clients, opérations) sont créées pour coordonner, supporter et
arbitrer les offres clients. Le groupe « Operations » intègre l’industrialisation, la
production industrielle (les usines), la logistique (supply chain), l‘informatique
(IS/IT) et les achats.
Les 3 « Business Group » (Carrier, Services, Entreprise), qui étaient responsables
de leurs comptes de résultats deviennent 4 «Product Group» (Carrier, Services,
Applications, Entreprise dont marchés verticaux) responsables principalement
de la qualité, du contenu et des dates de livraisons de leurs produits. Le
«product group» Applications intègre principalement Genesys (précédemment
dans le business group Entreprise) et l’ex BD Applications du Business Group
Carrier. Nous nous interrogeons sur le mode de financement de la R&D dans
cette nouvelle structure où les « product group » ne disposent plus du
financement lié à leur chiffre d’affaires. Quelle part du chiffre d’affaires du
groupe sera consacrée à la R&D ? En devenant des centres de coûts, les groupes
produits risquent encore l’arbitrage en faveur des « low costs » ? Qui sera
responsable des choix d’investissements sur tel ou tel produit ? Un financement
suffisant et une organisation efficace de la R&D sont indispensables pour assurer
le redressement et l’avenir d’Alcatel Lucent où les technologies restent, selon
nous, un atout majeur.
L’innovation est confiée aux Bell Labs qui intègrent aussi le CTO.
Chaque entité participe à la profitabilité globale.
Le comité exécutif qui comprenait 6 membres devient un comité de
management de 14 personnes (7 américains, 7 européens dont 4 français-e-s).
Alcatel-Lucent est toujours un groupe français !
La déclinaison plus précise de cette organisation et les orientations stratégiques
seront présentées courant décembre.
Les représentants du personnel ont fait part à M Verwaayen de l’inquiétude
partagée par la majorité des salariés : y aura-t-il un nième plan de suppressions
d’emplois ?
M Verwaayen répond qu’il y a beaucoup de coûts qui ne sont pas liés aux ressources
humaines. Il souhaite se donner encore le temps de les étudier de près et analyser
aussi les capacités de développement du groupe Alcatel-Lucent.
M. Verwaayen a cependant parlé à plusieurs reprises de « doublons » dans les
activités, de rationalisation du portefeuille produit et dans les outils informatiques.
Le contexte économique mondial ajouté aux difficultés de notre groupe ne peut
nous inciter à l’optimisme !
La direction continue néanmoins de reconnaître les compétences internes, la
qualité des solutions Alcatel-Lucent et leurs pertinences vis à vis du marché des
télécoms.
Alors, M. Verwaayen, ne nous décevez pas ! Les salariés seront motivés pour
redresser le groupe à condition que vous vous engagiez vis à vis d’eux pour l’avenir
de leurs emplois. Les plans de suppressions d’emplois : BASTA !
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