CARNET NOIR> Firoud, la fin d`un missionnaire - TFC online

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CARNET NOIR> Firoud, la fin d'un missionnaire
(05-04-2005) - Soumis par Guy SITRUK pour France Football - Dernière mise à jour : ()
Dans le coma depuis deux mois, celui qui fut l'entraîneur du Nîmes Olympique dans ses plus belles années s'est éteint
samedi. Personnalité forte et charismatique, ce passionné qui prônait un jeu direct et physique était également un
enseignant dans l'âme.
Deux ans après avoir perdu avec Albert Batteux son "pape" des années 60, le football français est orphelin de celui qui
était à la même époque l'un de ses plus éminents cardinaux : Kader Firoud. Agé de quatre-vingt-cinq ans, l'entraîneur
historique du Nîmes Olympique, qui fut, durant les "sixties", l'un des plus valeureux adversaires du grand Stade de
Reims, flirtant à plusieurs reprises avec le titre, s'est éteint dans la nuit de samedi à dimanche, victime d'une longue et
douloureuse maladie qui l'avait plongé dans le coma il y a deux mois.
D'extraction modeste, ce natif d'Oran (il avait vu le jour le 10 octobre 1919), fils de restaurateur, pratiqua le football dans
les équipes de jeunes de l'USM Oran, puis du Mouloudia dès sa plus tendre enfance. Toutefois, il donna d'abord la
priorité à des études d'instituteur avant d'être rattrapé par sa passion. Attaquant percutant, il se fit remarquer pendant
l'Occupation lors d'un match officieux entre les sélections d'Afrique du Nord et de métropole. C'est ainsi qu'il fut recruté
par Toulouse, où il opéra de 1942 à 1945, avec un interméde dans l'équipe fédérale de Grenoble-Dauphiné.
Reconverti en demi aile, un poste que l'on peut apparenter à celui de milieu défensif aujourd'hui, à la Libération il passa
professionnel à Saint-Étienne, dont il porta les couleurs entre 1945 et 1949, avant de signer pour Nîmes, le club auquel son
parcours sera dès lors étroitement associé.
La belle époque Nîmoise
Promu capitaine du club gardois, Kader contribua à sa montée immédiate en Division 1, avant de le hisser parmi les
candidats au titre dès la saison 1950-51. Ses performances personnelles attirèrent sur lui l'attention des sélectionneurs.
Retenu en équipe de France pour affronter l'Angleterre à Highbury le 3 octobre 1951, à une semaine de son 32e
anniversaire, il y connut tout d'abord une cruelle désillusion en marquant contre son camp dès le début de la rencontre
(4e). "Ne t'en fais pas, Kader, on va arranger ça !" lui lança René Vignal, le gardien, pour le remettre en confiance. Les
Français firent tant et si bien qu'ils inscrivirent deux buts, étant en passe de devenir la première équipe à battre
l'Angleterre sur son sol. Mais les Anglais égalisèrent (2-2). Et la bourde de Kader fut vite oubliée : il fut sélectionné lors
des cinq autres matches internationaux de la saison.
Mais sa carrière prit fin deux ans plus tard, à la suite d'un grave accident de la route, alors qu'il revenait de Suisse, où il
avait assisté à la Coupe du monde.
Reconverti entraîneur, il fit de Nîmes l'une des meilleures équipes françaises, composée de joueurs de talent et de
"tempérament", comme les Barlaguet, Akesbi, mais aussi Maurice Laffont, Charles-Affred ou Chillan, dont il fit des
internationaux. Dauphins à plusieurs reprises de Reims, les Nîmois disputèrent deux finales de Coupe de France (1958 et
1961), mais sans jamais gagner.
Comme le Racing Club de Paris à la même époque, le Nîmes Olympique aurait mérité de disputer une Coupe d'Europe,
mais il n'y avait pas à l'époque une Coupe de l'UEFA pour les clubs décrochant des accessits, ce qui l'aurait sans doute
aidé à gravir quelques échelons...
Estimant dès 1960 que la vitesse serait un atout majeur, Firoud était, sur bien des plans, un visionnaire : il réclamait un
allègement du calendrier et une amélioration des conditions d'entraînement bien avant que d'autres ne reprennent ces
antiennes. Ayant sympathisé avec le "milliardaire rouge" Jean Doumeng, président du Toulouse FC, il "émigra" pour la
Cité des violettes pour trois saisons avant d'accepter une proposition "sentimentale", en devenant directeur des sports
de la toute jeune république d'Algérie.
Ses deux peuples
Mais, si ses racines demeuraient algériennes, sa vie restait de ce côté-ci de la Méditerranée. Il revint à Nîmes pour une
nouvelle décennie dorée (de 1969 à 1978), celle de Michel Mézy, mais aussi de Jean-Pierre Adams, Augé, Kabyle,
Vergnes, Schilcher, Dellamore, des Roumains Pircalab et Voinéa, du spectaculaire Luigi Landi dans le but ou du jeune
René Girard, encore un international en puissance. Comme la première fois, il avait réussi à obtenir beaucoup avec peu
de moyens. Mais, hélas, sans jamais remporter de titre... Animé par une peu commune force du verbe et une passion
pour l'enseignement, il avouait que sa satisfaction n'était pas dans le résultat sec : "Pour moi, enseigner était une
mission."
Et, quand Mustapha Dahleb soulignait "qu'entre la France et l'Algérie c'est toujours je t'aime, moi non plus", Kader prônait
inlassablement le rapprochement de ce qu'il considérait comme ses deux peuples. Il fallait l'entendre raconter avec
émotion le climat du premier match entre les deux pays, qui ne fut pas l'affrontement sulfureux de l'automne 2001, mais
la finale des Jeux Méditerranéens 1975 : "Lorsque avait retenti la Marseillaise on n'avait pas entendu le moindre sifflet."
En 1980, il traversa une dernière fois la région qui l'avait adopté pour une dernière "pige" de l'autre côté du Gard, au
service d'un de ses plus fervents admirateurs : Louis Nicollin avait besoin de la science de Kader pour consolider son
Montpellier qui s'appelait encore La Paillade... Une dix-huitième saison en L1, le temps de porter à 783 le record du
nombre de matches sur un banc d'entraîneur, un record qu'un autre de ses "disciples", Guy Roux, finira pax battre en
2002. L'occasion pour cet excellent client des médias spécialisés de lancer une ultime pirouette publique : "Bravo à Guy
Roux !" Avant d'ajouter, en guise de clin d'oeil à l'entraîneur bourguignon, qui se flattait d'avoir comptabilisé ses matches
sur le banc d'un seul et même club quand lui, Kader, avait dû entraîner trois clubs différents : "Mais il ne pourra jamais
jouer autant de matches pro que moi !"
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