Dossier sur la profession d`aide familiale, dans le cadre de la

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Dossier sur la profession d`aide familiale, dans le cadre de la
ssp
région fribourg
syndicat des services publics
rue des Alpes 11
case postale 1444
1701 Fribourg
téléphone : 026/322 29 60
télécopieur : 026/322 57 85
mail : [email protected]
ccp : 17-9658-7
Dossier sur la profession d’aide
familiale, dans le cadre de la
procédure EVALFRI
La demande d’évaluation de la classification salariale d’aide familiale remonte à plusieurs
années déjà. Cette demande avait été initiée, notamment, par le Syndicat des services public –
SSP Fribourg). Aujourd’hui, la fonction d’aide familiale (AF) va enfin être analysée par la
Commission d’évaluation des fonctions (CEF), analyse qui débouchera sur une décision du
Conseil d’Etat concernant le niveau de salaire.
Avec ce dossier, nous souhaitons apporter notre contribution à une meilleure compréhension
de ce métier, qui a montré son importance dans le système des soins et d’aide à domicile
actuel.
Par ailleurs, nous espérons que l’évaluation de la fonction débouchera sur une revalorisation
du salaire des aides familiales. Nous pensons, en effet, qu’aujourd’hui l’AF est sous-évaluée,
aussi bien par rapport à ses compétences qu’à sa formation.
Ce dossier est structuré en 8 points :
1.
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5.
6.
7.
8.
Origines – développement de la profession
Rôle des aides familiales
Principales tâches
Différences avec certaines professions comparables dans le secteur de la santé
Evolution de la profession
Comparaisons salariales
Formation et formation continue
Conclusion
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1. Origines – développement de la profession
La profession d’aide familiale (AF) ne date pas d’hier et possède une longue histoire. Au
cours des longues années de son existence, elle a largement démontré son importance et son
utilité.
Les premières AF sont apparues lors de la seconde guerre mondiale, pour aider les épouses
des maris absents. Par la suite, leur activité s’est professionnalisée et les premiers services
d’AF se sont organisés dès la fin de la seconde guerre mondiale. Le premier service d’AF est
né à Fribourg en 1945. Ils ont ensuite essaimé dans toute la Suisse.
Les premières écoles d’AF se sont ouvertes en 1954. Nous joignons un historique détaillé sur
la profession d’aide familiale (« Naissance et développement des services d’aide familiale
dans le canton de Fribourg, 1945 – 1998 », Alexandre Overney, Fribourg, décembre 1998).
Depuis sa création, la profession d’AF a fortement évolué et s’est développée dans de
nombreux aspects (voir point 5).
L’AF est une des composantes des activités dites médico-sociales. Un des avantages de cette
profession est de permettre, notamment, le maintien des malades à domicile (voir Images de
l’aide familiale, p.20), tout en assurant un suivi et une qualité des soins optimaux.
A l’origine, la formation d’AF débouchait sur un diplôme. Par la suite, la formation a évolué
et est devenue de niveau CFC dès 1996 (voir point 7).
2. Rôle des aides familiales
Il peut se résumer en trois volets principaux :
1) Economie familiale
Il consiste à suppléer à l’incapacité momentanée d’une personne (homme ou femme) à
effectuer les activités de la vie quotidienne, suite à une hospitalisation, à une maladie ou à un
accident. Les personnes concernées peuvent être de tous les âges (jeunes, aîné-e-s). Il s’agit
aussi, de plus en plus, d’accompagner une personne âgée ou handicapée qui souhaite rester à
la maison le plus longtemps possible, sans pouvoir toutefois s’entretenir seul-e.
Les situations peuvent être très diverses et avec une grande complexité de tâches à effectuer.
Il arrive parfois que, lorsqu’une AF s’occupe d’une situation, elle doive prendre en main une
personne qui n’a pu s’occuper d’elle-même ou de son ménage depuis une certaine durée, ce
qui accentue la difficulté des tâches à effectuer. De ce point de vue, l’AF doit avoir une forte
capacité d’adaptation et d’évaluation des situations.
De fait, l’AF doit pouvoir assumer les différentes tâches liées à l’économie familiale, soit
l’entretien du lieu de vie, entretenir le linge de l’usager/-ère et soutenir la personne par rapport
à son alimentation, ses choix, ses habitudes et ses difficultés spécifiques. Ces activités se font
dans le respect de l’environnement de la personne, tout en stimulant l’usager/-ère à
développer ses capacités d’autonomie et d’indépendance.
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2) Accompagnement social
C’est un aspect important du travail de l’AF, qu’il s’agisse de s’occuper des enfants en âge
préscolaire ou scolaire (situation tout de même relativement peu fréquente), de soutenir
moralement ou psychologiquement une personne désemparée face à des difficultés et qui
éprouve le besoin d’écoute et d’empathie professionnelle.
Lorsque les AF suivent des enfants, ce travail peut se faire en collaboration avec le SEJ. De
manière générale, les AF doivent être à l’écoute des personnes dont elles s’occupent, dans des
situations qui, parfois, sont très difficiles : notamment, lorsqu’il s’agit de personnes en fin de
vie. Mais on peut aussi mentionner : des personnes qui se trouvent dans un état dépressif et/ou
confrontées à des problèmes personnels (alcoolisme ; rupture sociale ; problèmes psychiques ;
handicapé-e-s etc.).
Les AF interviennent seules chez les usagers/-ères ; elles peuvent se retrouver confrontées à
des situations pénibles, notamment en présence de personnes capables de violences ou qui
sont décédées. La responsabilité de l’AF est donc importante, elle doit être prête à réagir à des
imprévus et doit s’adapter à toutes sortes de situations.
Les AF ont un également rôle éducatif, de « coaching », des personnes qu’elles suivent : elles
doivent leur transmettre des connaissances et les aider, peu à peu, à acquérir les compétences
nécessaires pour pouvoir se débrouiller, effectuer les activités quotidiennes et, dans le
meilleur des vas, acquérir leur indépendance.
3) Soins de base
L’AF est chargée d’effectuer les soins de base prévus dans l’Ordonnance d’application de la
LAMAl, soins délégués par un-e infirmier/-ière. L’AF reçoit pour cela une formation
adéquate. Cette attribution a un double avantage : limiter les frais, puisqu’elle ne nécessite
que l’intervention d’une seule personne, et restreindre le nombre des intervenants, ce que les
usagers apprécient généralement. Le rôle de cette profession est donc non négligeable : d’un
côté, il assure une certaine économie de moyens, de l’autre il assure un accompagnement de
qualité.
L’AF a également un rôle de promotion de la santé et de l’éducation à la santé pour favoriser
une meilleure qualité de vie.
4) Assurer un suivi – redonner une autonomie
L’AF doit pouvoir se projeter sur des durées d’accompagnement qui peuvent être relativement
longues. A terme, le but de l’AF est très clairement de faire évoluer les situations et les
usagers/-ères et de leur redonner leur autonomie. La finalité recherchée est que la personne
retrouve son indépendance et une qualité de vie acceptable.
Les interventions chez les usagers/-ères sont ainsi régulièrement réévaluées en fonction des
objectifs fixés pour la personne accompagnée et en fonction du mandat. Dans ce cadre, les AF
jouent donc un rôle essentiel de conseil et de guide au sein des services d’aide et de soins à
domicile.
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5) Conclusion : des responsabilités importantes
Comme on peut le constater, les AF jouent un rôle important au sein des services d’aide et de
soins à domicile et ont des responsabilités non négligeables : analyser des situations,
accompagner des personnes ayant perdu leur autonomie, effectuer les soins de base etc. Tout
cela requiert un esprit de synthèse et d’initiative. Elles doivent faire preuve de souplesse et
savoir travailler de façon autonome.
3. Principales tâches
Le nombre des tâches effectuées par les AF est important. Leur profession est complexe et
comporte de nombreux aspects, en particulier :
-
Activité polyvalente de suppléance et d’accompagnement comportant des tâches
d’économie familiale, sociales et de soins (voir Loi fribourgeoise sur les soins et
l’aide familiale à domicile). Aide aux personnes ou aux familles présentant des
difficultés passagères ou permanentes et désireuses de continuer à vivre dans leur
cadre de vie habituel
-
Donner des soins d’hygiène et effectuer les soins de base conformément au Règlement
d’exécution du 4 février 1991 de la Loi sur les soins et l’aide à domicile
-
Observer et évaluer les modifications dans la santé ou le comportement des personnes
dont elle s’occupe. Dans ce but, elle collabore avec les réseaux d’aide (médecin,
infirmière, assistante sociale, services de l’Etat comme le SEJ, service de tutelle,
réseaux, proches…) dans le respect des règles de la confidentialité. Evaluer et
reconnaître avec l’usager quelles sont ses propres ressources et celles de son
entourage. Cela se fait en partenariat avec l’usager/-ère et son entourage
-
L’AF est responsable des situations d’économie familiale qui lui sont confiées. Un des
objectifs de l’AF est de rendre autonomes les personnes dont elles s’occupent
-
L’AF travaille en équipe et de façon pluridisciplinaire. Elle collabore avec d’autres
professionnels des domaines sociaux et médicaux
-
Les AF supervisent et encadrent les aides aux foyers, de même que les apprenant-e-s
pour tout ce qui concerne l’économie familiale
-
Prendre soin des enfants de tout âge, des adolescents, des personnes handicapées, des
personnes âgées, pour soulager ou remplacer un entourage déficient et l’aider à
retrouver l’aptitude nécessaire à remplir ses tâches
-
Selon les directives de l’employeur, tenir à jour le dossier personnel de l’usager, afin
de suivre l’évolution de la situation. Noter toutes informations concernant les actes, les
précautions à prendre, les instructions particulières, utiles aux autres intervenants
-
Transmettre à la responsable toutes modifications de la situation de l’usager pouvant
amener à une réévaluation de l’intervention et à un ajustement des objectifs
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-
Prendre toutes les mesures qui s’imposent en cas d’urgence au domicile de l’usager,
puis aviser la responsable dans les meilleurs délais
4. Différences avec certaines professions comparables dans la
santé
La classification d’une fonction s’effectue, notamment, en comparaison avec des professions
proches. De ce point de vue, le point de comparaison principal – au niveau de la formation et
des tâches à effectuer – est constitué par la profession d’assistant-e en soins et en santé
communautaires (ASSC).
Ces deux professions sont en effet assez similaires. Il est ainsi intéressant de noter que le
descriptif de fonction de l’AF et de l’ASSC, au sein des services d’aide et de soins à domicile,
est identique, à l’exception des « actes médico-techniques LAMal dans les situations stables
et qui ne présentent aucun caractère d’urgence ».
Ci-dessous, nous indiquons quelques-unes des différences entre AF et ASSC. Nous tenons à
souligner que nous ne souhaitons en aucun cas mettre en concurrence ces deux professions. Il
s’agit simplement de montrer leur complémentarité et certaines différences. Pour faire cette
comparaison, nous nous sommes basés sur l’Ordonnance de formation des ASSC (3 juillet
2003) et sur le Règlement concernant l’apprentissage et l’enseignement professionnel des AF.
Nous sommes conscients que les indications fournies, notamment le nombre d’heures de
cours par branche, doivent être prises avec précaution, car la structuration des matières
enseignées n’est pas la même chez l’AF et les ASSC. Toutefois, on peut dégager certaines
grandes lignes :
-
les ASSC peuvent faire certains gestes médico-techniques qui ne sont pas exercés par
les AF
-
il est intéressant de noter que, en-dehors des actes médico-techniques, les AF ont une
formation plus poussée dans le domaine exclusif « santé et soins » (340 heures de
formation contre 220 pour les ASSC)
-
Dans le domaine social, les AF ont également une formation plus poussée que les
ASSC (340 heures, aucune pour les ASSC)
-
Les ASSC ne font que peu d’économie familiale (70 heures environ), contrairement
aux AF (340 heures)
-
Par ailleurs, les AF sont formées pour prendre en compte la globalité d’une situation
(aspect santé + social + économie familiale)
On constate donc que les ASSC ont des compétences plus poussées dans le domaine des actes
médico-techniques. Par contre, les AF sont sans doute plus spécialisées dans d’autres
domaines, notamment : l’économie familiale, les aspects sociaux et, peut-être, les questions
générales de santé.
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5. Evolution de la profession
La profession d’AF se développe et accompagne l’évolution de la société. La tendance aux
hospitalisations réduites et l’entrée toujours plus tardive dans les homes renforce les besoins
de prise en charge globale à domicile.
On remarque ainsi que les AF sont confrontées à un nombre toujours plus important de
situations liées à la psychiatrie. Les besoins ont tendance à augmenter, notamment avec la
paupérisation d’une partie de la population et l’immigration. Les situations ont tendance à
devenir plus difficiles à gérer, avec l’évolution et l’éclatement du tissu familial et la
multiplication des situations de crise.
Les AF travaillent dans de nombreux secteurs : réseaux de santé, Homes, Hôpitaux,
institutions sociales, crèches etc.
6. Comparaisons salariales
Dans de nombreux cantons, les AF sont colloquées dans la même classe salariale que les
ASSC : en Valais, à Neuchâtel, dans le canton de Vaud, dans le Jura. A Genève, les ASSC ont
deux classes de salaire en plus que les AF, tandis que dans le canton de Berne (partie
francophone), les AF sont classées une classe de salaire au-dessus des ASSC.
Comme on le voit, la tendance est que les ASSC et AF, malgré des spécialisations qui peuvent
être différentes, sont colloquées dans les mêmes classes de salaires. Voici quelques
comparaisons qui montrent qu’à Fribourg, ce n’est pour l’instant pas le cas :
→
Auxiliaire de soins
classe 6
→
Aide soignant-e
classe 7
→
Aide familiale
classe 7-9
→
Infirmier/-ière assistant-e (Etat)
classe 10
→
ASSC
classes 10 - 12
→
Infirmier/-ière HES
classe 17
7. Formation et formation continue
La profession d’AF est de niveau CFC depuis 1996. Celles et ceux qui n’avaient pas un
diplôme de niveau CFC ont fait des « cours passerelle » leur permettant de se mettre à niveau.
Par conséquent, la fonction d’AF doit être colloquée en tenant compte d’un diplôme de niveau
du Certificat fédéral de capacité (CFC).
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L’AF doit effectuer des formations régulières pour se mettre à jour, s’adapter aux nouvelles
techniques, approfondir ses connaissances etc.
Les cours de formation continue sont extrêmement variés et couvrent de vastes domaines.
Quelques exemples :
-
Problèmes psychologiques
Maladies cardio-vasculaires
Communication non violente
Prévention des escares
L’AF face à la perte et la souffrance
Sexualité et vieillissement
La dépression
Alzheimer
Etc.
Par ailleurs, certaines AF effectuent la maturité professionnelle santé – social.
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8. Conclusions
Au vu des éléments cités plus haut, nous estimons que la classification actuelle des AF (7-9)
est sous-évaluée :
-
Au niveau de la formation, le titre de CFC devrait leur ouvrir une classification
supérieure à la classe minimale 8 (ou 7), comme c’est le cas actuellement. La plupart
des professions de l’Etat de Fribourg où un CFC est nécessaire se situent aux alentours
de la classe 10
-
L’aspect psycho-social est primordial dans la profession de l’AF. Cela, notamment, au
plan de l’accompagnement des personnes et de la gestion de situations souvent
difficiles socialement et psychologiquement
-
Les AF ont des connaissances approfondies en matière d’économie familiale et de
suivi et d’accompagnement social. Elles ont un rôle éducatif qui doit permettre des
développer l’autonomie des usagers/-ères
-
Les AF ont une responsabilité importante par rapport aux personnes dont elles
s’occupent. Elles doivent savoir évaluer une situation, agir de façon proportionnée et
faire des propositions. Les AF assurent le suivi de la situation de personnes fragilisées.
Par ailleurs, elles interviennent seules chez les usagers/-ères et peuvent se retrouver
dans des situations difficiles, parfois face à des personnes dont les réactions peuvent
être impulsives.
En conclusion, nous estimons que par rapport à leur formation (niveau CFC), aux
responsabilités qui sont les leurs et à leur compétence les AF devraient être classées au même
niveau que les ASSC, soit en classes 10 – 12. Cela correspondrait aux pratiques que l’on peut
constater dans de nombreux autres cantons.
Nous vous remercions de votre attention !
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