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LE JAPON à la page Le journal de Jetro Paris - n°49 / 4e trimestre 2005 Tribune SOMMAIRE 1/TRIBUNE 1/LES BRÈVES 2/ÉCONOMIE Les enjeux de la politique énergétique du Japon 5/L’INTERVIEW Kôta Sugiyama, société d-rights 5/Mipcom 2005 : une participation efficace 7 /INVESTIR Quel bilan pour le programme d’échanges interrégionaux « Local to Local » ? 8/À VOS AGENDAS 9/INNOVER Ecrans plats : l’avance du Japon 11/HORIZONS JAPON Les autoroutes japonaises privatisées 12/LAURIERS À LDL Technology S.A.S. Alors que l'économie japonaise est toujours en bonne voie, plusieurs tendances nouvelles se dessinent. En premier lieu le prix des actions connaît une croissance rapide. Ensuite, comme nous avons pu le constater lors d'un séminaire que nous avons organisé avec Paris Europlace tout récemment, réunissant plusieurs grandes entreprises françaises et l'Agence française pour les investissements internationaux (AFII), les entreprises françaises ont la volonté d'investir davantage au Japon. Le marché s'y prête mieux et nos technologies sont plus compétitives. De plus, les technologies de l'information entament une nouvelle étape de leur développement. Le Japon est un pays disposant d'un très haut niveau de développement en matière de connexions à haut débit : il se situe au deuxième rang mondial pour l'accès au haut débit et au premier rang pour la fibre optique. Ces nouvelles infrastructures stimulent notre développement en tant que société de l'information, tout comme d'ailleurs la téléphonie mobile. Ainsi, il est déjà possible de régler ses achats en utilisant son téléphone portable ; on peut aussi télécharger son tube préféré et l'écouter sur son mobile et bientôt la convergence entre les lignes fixes et les mobiles va être réalisée, le gouvernement japonais venant d'accepter que des nouveaux opérateurs entrent sur le marché. Les barrières techniques entre la fibre optique et Internet disparaissent peu à peu, de même qu'entre la télévision, les ordinateurs et la téléphonie mobile. Ces phénomènes dynamisent beaucoup l'industrie de la téléphonie … Les brèves La Poste japonaise et la compagnie aérienne ANA vont créer une société commune de distribution internationale de colis. Premier marché visé : la Chine, avant de s’attaquer aux autres pays d’Asie. ////// Trois nouveaux opérateurs de téléphonie mobile vont entrer sur le marché dès l’année fiscale 2006. Le ministère japonais des Affaires intérieures devrait leur accorder une licence prochainement. Ils viendront concurrencer les tenants du marché NTT DoCoMo, KDDI et Vodafone KK. La por tabilité du numéro sera possible à par tir du second semestre 2006. /// / / / Le constructeur automobile Renault a décidé d’étendre son réseau de distribution au Japon de 20 % dans les trois ans qui viennent. En 2008, la firme comptera 90 concessions, contre 77 aujourd’hui. ///// Les enjeux de la politique énergétique du Japon … mobile, mais aussi celle du contenu. De nouvelles opportunités s'offrent à de nombreuses entreprises nouvellement créées dans la musique, la programmation télévisuelle, le cinéma, l'animation, les jeux, les jouets. Bien entendu une telle évolution ne doit se faire que dans le respect des droits du copyright et nous devons rester vigilants. Les secteurs que je viens de citer sont également la cible des appétits financiers en matière de fusions-acquisitions, comme nous le prouvent le récent rapprochement entre le portail Internet Lifedoor sur Fuji TV et la tentative de Rakuten sur la chaîne de télévision TBS. Ces secteurs en particulier sont à la recherche de nouvelles alliances et d'un nouveau modèle économique. Le ministre délégué à l'Industrie François Loos, en visite fin novembre à Tokyo, a fait la promotion des pôles de compétitivité français. Au Japon, il existe 19 clusters industriels qui associent 250 universités et 6 100 petites sociétés, car au Japon, les PME sont les chefs de file de ces projets. Leur réussite repose en effet sur le développement des nouvelles technologies basées sur les ressources traditionnelles des régions. Le prochain défi que nous allons relever sera d'explorer les voies d'une possible collaboration entre nos deux pays. En février 2006, le ministre délégué au Commerce extérieur Christine Lagarde se rendra au Japon pour assister au forum Nanotech. Les forums 2 Nanotech, Ceatec ou IT Forum sont des occasions uniques pour les entreprises de trouver des partenaires. Le développement de la recherche et de la technologie peut tout à fait passer par une alliance entre la France et le Japon. Certes, les récentes violences urbaines qui ont secoué la France ont marqué les esprits au Japon, mais je suis certain qu'elles n'affecteront nullement les investissements japonais en France. Je crois que ces événements peuvent servir de thème de réflexion pour le Japon qui, confronté au vieillissement de sa population, va devoir redéfinir sa politique de l'immigration et de l'intégration. Je souhaiterais terminer par quelques mots sur les prochaines négociations de l'OMC à Hong Kong. La libéralisation du commerce et des services est essentielle pour créer une atmosphère positive, favorable aux entreprises de nos deux pays. Elle doit aussi être une chance pour les pays en voie de développement, surtout en Afrique. Dans le secteur de l'énergie, dont les prix sont très élevés actuellement, il me semble nécessaire que les acteurs présents sur le marché accélèrent leurs investissements en faveur des nouvelles énergies et apportent leur financement à ces pays afin que ceux-ci stabilisent leur économie et développent leurs infrastructures. Tsuyoshi Nakai, Directeur général ÉCONOMIE Les enjeux de la politique énergétique du Japon Les réserves énergétiques mondiales diminuent, alors que la demande, soutenue par le développement de l'économie mondiale et l'arrivée de pays à un niveau élevé de production, augmente continuellement. Le contexte environnemental est également une composante qu'il n'est plus possible de négliger. Face à de tels enjeux, le Japon risque de se trouver affecté sérieusement par tous les bouleversements qui interviennent au niveau mondial. Assurer la sécurité des approvisionnements et améliorer son autonomie énergétique sont au centre de sa politique énergétique. Le Japon utilise de façon équilibrée diverses sources énergétiques : les entreprises qui utilisent davantage appareils électriques, eux- les énergies fossiles telles le pétrole et le charbon, le nucléaire et les mêmes de plus en plus sophistiqués. Depuis les années 1980, plus de énergies nouvelles comme le solaire ou l'éolien. Parce que c'est un 50 % des foyers japonais sont équipés en climatiseurs et en possè- pays pauvre en ressources énergétiques, il a recours à l'importation dent souvent plus d'un, plus de la moitié des ménages ont au moins de façon importante. Aujourd'hui, le Japon a engagé diverses mesu- deux téléviseurs et un four à micro-ondes. La demande a augmenté res afin d'une part de garantir une utilisation stable de ses ressources également dans le secteur des transports avec notamment l'accrois- énergétiques et d'autre part de promouvoir les énergies qui prennent sement du nombre de véhicules particuliers. Près de la moitié des en compte les questions environnementales. sources primaires d'énergie (charbon, pétrole) est convertie en élec- Une demande accrue Les deux chocs pétroliers des années 1970 ont été des tournants qui tricité, énergie sûre, propre et facile à utiliser, d'où une constante augmentation de la demande. Le taux de consommation d'électricité est ainsi passé de 25,8 % en 1970 à 42,3 % en 2002. ont conduit à la réalisation d'économies d'énergie considérables. Mais depuis une vingtaine d'années, la recherche continuelle du Diversifier les sources confort a eu pour conséquence une augmentation de la consomma- Avant les crises pétrolières, le pétrole représentait environ 80 % des tion d'énergie. La demande s'est accrue chez les particuliers et dans besoins du Japon en énergie. L'introduction du gaz naturel et du Le journal de Jetro Paris / 4e trimestre 2005 économie « Warm Biz » : la nouvelle campagne anti-gaspi La campagne estivale Cool Biz a incité tous les employés japonais à abandonner le port de la cravate et à tomber la veste au bureau afin de réduire l'usage de l'air conditionné en maintenant la température intérieure autour de 28°C au lieu de 26°C. L'été japonais se caractérise par une chaleur lourde et humide, difficile à supporter, mais l'objectif était de réaliser des économies d'énergie. Ravie du bon accueil réservé à son initiative, la ministre de l'Environnement Yuriko Koike récemment confirmée dans ses fonctions a lancé début octobre Warm Biz. Cette nouvelle campagne vise à abaisser les émissions de gaz à effet de serre en réduisant l'usage du chauffage. Elle recommande aux employés de s'habiller plus chaudement et de régler les thermostats sur 20°C. Elle ne s'adresse cette fois-ci pas seulement aux employés masculins, mais fait également appel au civisme des Japonaises. La campagne s'étendra de décembre 2005 à mars 2006. Selon la compagnie électrique TEPCO, la campagne Cool Biz a permis d'économiser cet été 70 millions de kWh d'électricité et de réduire de 27 000 tonnes les rejets polluants. Ce premier bilan est somme toute assez faible, mais ces campagnes veulent initier un changement dans les mentalités pour que ces nouvelles habitudes s'étendent à tous les foyers. Le Japon est un peu à la traîne dans l'application du traité de Kyoto, par lequel il s'est engagé à réduire les gaz à effet de serre de 6 % d'ici 2012 par rapport à leur niveau de 1990. Une cellule baptisée « Team Minus 6 % » a été créée au sein du ministère de l'Environnement dans le but de trouver des moyens de lutter contre le réchauffement de la planète et la ministre de l'Environnement plaide actuellement pour la création d'une taxe sur certains hydrocarbures. Selon les estimations de l'institut de recherche de Daiichi Life, Warm Biz devrait générer un effet économique de 232 milliards de yens, dont 142 milliards de yens de hausse des ventes de vêtements. I.C. nucléaire ainsi que l'augmentation des importations de charbon ont d'énergie domestique si on tient compte du fait qu'il peut être utili- permis de réduire la dépendance énergétique du pays jusqu'à limiter sé plusieurs années après son importation. En comparaison, la à environ 50 % la part du pétrole. Un des objectifs du Japon est France est autosuffisante (nucléaire y compris) à 50 %, l'Allemagne d'abaisser cette proportion à 40 % d'ici 2030 en compensant par la à 39 %, les Etats-Unis 73 % et le Canada 154 %, le pays étant expor- hausse de la part du nucléaire et du gaz naturel et par le développe- tateur de son excédent. ment des énergies renouvelables. Depuis les années 1970, le Japon a orienté sa politique énergétique Malgré tous les efforts entrepris, l'autosuffisance reste à un niveau vers la sécurisation des approvisionnements et la réduction de sa bas : seulement 4 % des besoins sont couverts par la production dépendance. La sécurisation est en partie assurée par des réserves nationale, proportion qui atteint 20 % quand on inclut le nucléai- stratégiques constituées par le secteur public, auxquelles s'ajoutent re. L'uranium est importé, mais peut être considéré comme source des stocks détenus par les raffineurs privés. En septembre dernier, suite à l'appel lancé par l'Agence internationale de l'énergie pour LA PRODUCTION D ’ ENERGIE PRIMAIRE AU JAPON EN 2002 répondre à la flambée du prix du pétrole, le Japon avait été un des pays à réagir en annonçant un prélèvement dans ses réserves pétrolières. Le Japon cherche à diversifier ses sources d'approvisionnement 3% 2% et des pourparlers sont actuellement en cours avec la Russie pour la 0,1 % construction d'un oléoduc reliant la Sibérie orientale au Pacifique. Le 12 % énergie géothermique pétrole et le gaz russes font l'objet de négociations acharnées entre le énergies nouvelles Japon, la Chine et la Russie, avec en arrière-plan des différends poli- hydroélectricité 50 % 14 % nucléaire gaz naturel tiques et diplomatiques. Le Japon est le premier importateur mondial de gaz naturel et contrairement au pétrole, qui provient essentiellement du Moyen-Orient, ses sources d'approvisionnement sont diversifiées puisqu'elles s'étendent aussi à l'Asie, Australie et la péninsule 20 % charbon pétrole arabique. Pratiquement absent de la consommation japonaise dans les années 1970, le gaz représentait environ 14 % des énergies primaires consommées en 2003 et 27,9 % de l'électricité produite. Parallèlement à un recours accru au gaz naturel, le Japon a choisi de Source : Agency for Natural Resources and Energy diversifier ses sources énergétiques au profit de l'énergie nucléaire 3 Les enjeux de la politique énergétique du Japon qui lui permet d'accroître son autonomie énergétique. En 2003, A l'heure actuelle, les énergies renouvelables ne représentent au l'énergie nucléaire fournissait 25,7 % de l'électricité. Le Japon Japon qu'une faible proportion (1 %) de l'approvisionnement en compte porter la part de la production nucléaire à 40 % en 2014. Le énergie primaire. L'objectif est d'atteindre 3 % en 2010 grâce au sou- pays compte cinquante-deux centrales nucléaires, grâce auxquelles il tien gouvernemental aux autorités locales, entreprises et associations détient la troisième capacité nucléaire au niveau mondial derrière les qui développent les sources d'énergie renouvelable. Par ailleurs le Etats-Unis et la France. C'est un des rares pays à poursuivre un ambi- dispositif RPS (« Renewable Portfolio Standard ») entré en vigueur tieux programme de construction de centrales nucléaires : quatre en 2003 impose aux compagnies électriques un quota de production tranches sont en cours de construction et six autres en projet. d'électricité à partir des énergies renouvelables. Une utilisation efficace de l'énergie 4 L’éolien en plein développement La réduction des émissions de CO2 afin de lutter contre le réchauffe- Cependant, les énergies renouvelables pâtissent de plusieurs ment de la planète est également une des composantes qu'il lui faut inconvénients tels que leur coût plus élevé, la dépendance qu'elles prendre en compte depuis la ratification du protocole de Kyoto. Le imposent vis-à-vis des conditions environnementales qui les rendent Japon s'est engagé à réduire ses émissions moyennes de gaz à effet encore instables au niveau de la production d'énergie. Malgré cela, de serre de 6 % entre 2008 et 2012, par rapport au niveau de 1990. avec 48 % de la production mondiale (plus de 63 MW générés en Par ailleurs, pour rester compétitif au niveau industriel et économique 2002), le Japon est le premier producteur d'énergie solaire dans le le Japon doit abaisser les coûts en énergie, qui sont plus élevés que monde. Bien que le coût de cette énergie ait beaucoup baissé, il reste ceux pratiqués dans les autres pays industrialisés. La libéralisation des élevé - deux à trois fois le prix de l'électricité payé par les foyers japo- secteurs du gaz et de l'électricité font partie des mesures prises pour nais - et la production d'énergie solaire reste handicapée par des améliorer la compétitivité internationale, avec des résultats tangibles. conditions climatiques changeantes et un ensoleillement inégal. Des efforts importants ont également été réalisés dans le secteur En 2002, l'éolien a représenté 46,3 MW, près de six fois la production résidentiel et commercial, mais il reste beaucoup à faire dans les enregistrée trois années auparavant. Les avancées technologiques et transports et dans le bâtiment. Les standards « Top Runner » ont été l'augmentation de la taille des installations ont permis de réduire les mis en place depuis plusieurs années dans les différents secteurs éco- coûts et contribué à la forte reconnaissance de l'éolien comme sour- nomiques. Le concept repose sur une formulation de standards qui se ce viable d'énergie. La plupart des fermes éoliennes sont installées fondent sur les meilleurs résultats disponibles en matière d'économie dans la région du Tohoku et sur l'île d'Hokkaido, mais le groupe d'énergie. Les produits électroménagers sont les premiers concernés Mitsubishi Heavy Industries, très actif dans ce secteur, a pour projet et dix-huit produits font aujourd'hui l'objet de ces standards dont les de construire la plus grande éolienne du Japon dans la région de climatiseurs, téléviseurs, réfrigérateurs, ordinateurs, mais aussi les Yokohama. Enfin, d'autres filières comme la génération à partir des chauffages électriques et les véhicules diesels. déchets ou la biomasse sont consédirées de façon très sérieuse, mais Dans le même temps, le Japon a adopté une politique en faveur des ne représentent aujourd'hui qu'une part marginale. énergies renouvelables qui, outre qu'elles ont écologiquement pro- Isabelle Comtet pres, ont l'énorme avantage de ne pas dépendre des importations. La libéralisation du marché de l’électricité En octobre 2004, l'Etat s'est complètement désengagé du secteur en vendant la totalité des titres de participation détenus dans la société J-Power, principal fournisseur d'électricité au Japon et ancienne compagnie publique privatisée à partir de 2003. Aujourd'hui, une dizaine d'entreprises privées régionales, issues de l'éclatement du monopole public en 1951, se partagent le marché. Depuis le début de la déréglementation, il y a eu peu de nouveaux entrants sur le marché : il s'agit de Diamond Power Corp. (filiale de Mitsubishi), Summit Energy Corp. (filiale de Sumitomo) ou de Ennet fondé par le géant des télécommunications NTT et par deux des principaux acteurs sur le marché du gaz (Tokyo Gas Co. et Osaka Gas Co.). Les nouveaux entrants représentent environ 1,3 % de la production totale d'électricité, mais remportent peu à peu de nouveaux contrats auprès des supermarchés, des immeubles de bureaux ou d'établissements publics. La libéralisation du marché de l'électricité s'est faite de manière progressive. En 1995, les petits producteurs indépendants ont pu avoir accès au réseau ; en mars 2000, ce fut le tour le marché de détail de la distribution d'électricité destiné aux gros consommateurs (plus de 2000 kW et un voltage supérieur à 20 000 V), soit 30 % de la demande totale d'électricité. Depuis le seuil est progressivement abaissé, la libéralisation totale du marché de détail, incluant les ménages, étant prévue pour 2007, dix ans après le début de la réforme. Depuis le début de la libéralisation, le prix de l'électricité a baissé de 20 % et approche les prix pratiqués en Europe et aux Etats-Unis. La distribution du gaz est également en cours de libéralisation depuis 1995 : Tokyo Gas et Osaka Gas représentent près de 70 % du marché (en volume), le reste étant réparti entre plus de 200 monopoles géographiques, essentiellement des petites sociétés. Le prix du gaz est beaucoup plus élevé que dans les autres pays développés, mais l'ouverture du marché a permis d'orienter le prix à la baisse. I.C. Le journal de Jetro Paris /4e trimestre 2005 L’ INTERVIEW Kôta Sugiyama Photo : Jetro Paris Producteur, d-rights Jetro s’est installé pour la troisième fois au Mipcom, le rendez-vous international de l’industrie du contenu audivisuel dont la 21 e édition s’est tenue à Cannes en octobre derneir. D-rights était une des sociétés utilisatrices du stand de Jetro. Pouvez-vous nous présenter les activités de votre entreprise ? D-rights est productrice et distributrice de contenu japonais. Elle appartient au grand groupe Mitsubishi, dont les activités s'étendent de l'énergie à l'alimentaire en passant par la chimie, les machines, etc. D-rights se compose d'une trentaine de salariés et produit entre autres diverses animations. Les plus connues sont « Beyblade », diffusée dans plus de quatre-vingt pays, accompagnée de plus de 1 000 produits de merchandising et d'un partenariat avec les consoles de jeux vidéo PS1 et Game Cube. Le second dessin animé est « B-legend ! battle BDaman » déjà diffusé en avril 2005 aux Etats-Unis et au Canada. Ce dessin animé a été coproduit avec notre partenaire coréen Sonokong. Son succès est énorme en Asie, à Taiwan, Singapour et aux Philippines et bien sûr en Corée. On entend parler d'une grande nouveauté…même dans la presse française… En effet, nous diffusons actuellement une nouvelle série appelée « Yakitate !! Ja-Pan », déjà très populaire au Japon. C'est l'histoire d'un maître boulanger aux mains magiques dont la renommée finit par dépasser les frontières. Vous comprenez mieux le jeu de mots du titre puisque en japonais le pain se dit « pan ». Cette animation est tirée d'un manga initialement publié dans un magazine japonais puis édité en livre vendu à plus de 4 millions d'exemplaires. La nouveauté de ce dessin animé est que les produits dérivés, à savoir de véritables petit pains et viennoiseries sous sachet, sont distribués en supérettes, dont le Japon est si bien doté. Ce produit n'est pas encore vendu à l'étranger, mais je peux vous dire aujourd'hui que des contrats le concernant ont été finalisés au Mipcom, sur des marchés asiatiques. Cependant, le concept global n'est pas toujours exportable, comme en Inde où la population ne mange pas ce genre de pain. En tout cas, il surprend beaucoup les acheteurs au Mipcom. La force de notre entreprise est de (suite p. 6) Mipcom 2005, une participation efficace Le marché international des contenus audiovisuels a rassemblé cette année plus de 11 700 participants, soit une croissance de 7 % par rapport à 2004, et 3 896 entreprises exposantes, venant de 91 pays, une hausse de 11 %. De même les acheteurs, au nombre de 3 268, ont été 7 % de plus à venir cette année. Jetro participait pour la troisième fois à ce salon, et réunissait treize exposants japonais sous sa bannière, contre neuf en 2004. Sept de ces neuf entreprises sont revenues cette année, attestant de l'importance et de l'intérêt de leur participation à ce salon via Jetro. Parmi elles, Tokyo International Anime Fair renouvelait sa participation afin de promouvoir son propre salon. Même s'il n'a pas encore l'envergure des salons de Cannes, le salon international de l'animation de Tokyo, lancé en 2002, se déroulera au Tokyo Big Sight du 23 au 26 mars 2006. Lors de la dernière édition, quarante entreprises étrangères ont participé à ce rendezvous qui promet d'être encore plus exceptionnel que l’édition précédente puisque l'ensemble des stands est déjà réservé. Le salon international de l’animation de Tokyo se déroulera en mars 2006. En ce qui concerne le Mipcom, sur les cinq jours de marché, les douze entreprises japonaises du stand Jetro ont honoré plus de 600 entretiens, débouchant sur la signature ferme d'une quinzaine de contrats dont certains restent encore confidentiels. Nombreuses ont été les promesses de contrats, plus de 100 (contre 73 en 2004) pour un montant estimé dépassant les 4,7 millions de dollars. Ces résultats sont particulièrement encourageants, comparés à ceux de l'année dernière, où seul un contrat avait été signé sur place. (suite p. 6) 5 L’interview Kôta Sugiyama Producteur, d-rights (suite de la p.5) faire partie d'une grande société de commerce nous permettant un accès là où l'industrie du contenu ne va pas, comme dans la distribution. Nous pouvons envisager de toucher l'industrie de l'automobile ou de l'énergie par exemple. Tous les titres que nous proposons intéressent le monde entier, l'Europe comprise. Toutefois, concernant « Ja-Pan », le succès n'est encore qu'asiatique. La transposition du concept en Europe demanderait une adaptation des écritures, des logos, des emballages et une nouvelle réflexion sur le circuit de distribution, assez différent de celui du Japon. Mais il serait intéressant de se pencher sur l'idée… Quelles sont les raisons de votre participation au salon du Mipcom sur le stand de Jetro ? ultérieurement un stand par nous-mêmes. Cependant, cela demande un investissement très important, une logistique pointue et une connaissance que nous n'avons pas encore. Etant une petite structure, nous avons profité une deuxième fois du stand de Jetro et nous en sommes satisfaits. Nous pouvons affirmer que 2005 a dépassé nos résultats de 2004. Nous avons décidé d'y participer afin de faire connaître d-rights, et ce dans la perspective de prendre Propos recueillis par Caroline Artus Photo : Jetro Paris 6 Toutes les entreprises ont été unanimes pour confirmer l'utilité de l'aide de Jetro, non seulement financière mais aussi en termes de logistique et de présence sur place. La réunion de plusieurs exposants japonais sur un même stand a aussi permis de toucher une clientèle qui au départ venait rencontrer une autre entreprise. Ainsi, nombre d'acheteurs potentiels ont rencontré plusieurs entreprises du stand, sans les connaître auparavant. Au-delà de la signature de contrats, les entreprises japonaises ont participé à ce salon afin de toucher une nouvelle clientèle, de mieux cerner les besoins du marché et de mieux se faire connaître. Les dessins animés japonais n'ont pas démenti leur succès, de par leur style particulier bien connu et leur capacité à innover. Certaines nouveautés ont particulièrement été sollicitées, comme le dessin animé « Yakitate ! Ja-Pan » (voir l'interview de la société d-rights), ou celui de « Nepos-Napos » de la société OLC/Entertainment, destiné aux petits et dont l'image et le graphisme tout en rondeur offrent un univers coloré très particulier et rassurant. Enfin, nous avons constaté une tendance de fond dans les demandes des acheteurs avec la montée en puissance du contenu pour téléphones portables, d'autant plus que le Japon est particulièrement en avance dans ce domaine. Le Mipcom a d'ailleurs créé cette année les premiers « Mobile TV Awards », récompensant les produits ou formats les plus créatifs. La majorité des entreprises japonaises exposantes sous notre bannière compte bien revenir en 2006 et assure vouloir encore mieux se préparer afin de répondre pleinement à la demande rencontrée à ce salon. C.A. Photo : Jetro Paris LES 12 ENTREPRISES JAPONAISES PRÉSENTES AU - Aniplex Inc. - d-rights Inc. - Milky Cartoon Co., Ltd - Pierrot Co., Ltd - Tezuka Productions Co., Ltd - Toshiba Entertainment Inc. - Kids Station Inc. - Micott & Basara Inc. - Media Factory, Inc. - TI ComNet Japan - Eleven Arts, Inc. - OLC/Rights Entertainment (Japan) Inc. MIPCOM 2005 Le journal de Jetro Paris / 4e trimestre 2005 INVESTIR Quel bilan pour le programme d’échanges interrégionaux « Local to Local » ? Afin de promouvoir la coopération économique et industrielle entre les régions japonaises et étrangères, Jetro organise des programmes d'échanges interrégionaux qui visent à enrichir et diversifier le tissu économique et industriel des pays partenaires. En France, la Bourgogne et l'agglomération de Cergy-Pontoise ont été sélectionnées. Le programme « Local to Local » d'échanges interrégionaux apporte le soutien de Jetro aux entreprises locales dans leur démarche vers la mondialisation économique. Cette initiative, qui s'étale sur deux ou trois ans, peut prendre plusieurs formes. A partir de demandes émanant d'organismes régionaux ou de collectivités locales, Jetro identifie les régions ayant des caractéristiques industrielles et des objectifs de développement économique similaires et s'efforce de les mettre en relation. Dès que les deux parties, japonaise et étrangère, ont précisé leurs secteurs d'intérêt communs, Jetro apporte son conseil pour identifier les champs spécifiques d'échanges commerciaux entre les deux régions. La signature de la convention universitaire à Cergy-Pontoise (Photo : Jetro Paris) Ces échanges peuvent concerner notamment le transfert technologique, les échanges de personnel, la recherche et développement, la création d'entreprises en commun ou le développement commun d'un En effet, après plusieurs séries d'échanges de part et d'autre, une réseau de distribution… Jetro participe ensuite à l'organisation de délégation composée de professionnels et de chercheurs de la ville de missions dans l'une et l'autre région. Kumamoto est venue en France du 13 au 20 octobre derniers. Cette mission était menée par le professeur Iwahara, doyen de la faculté de L'industrie bio-alimentaire en première ligne biotechnologique et des sciences de la vie de l'Université de Sojo. Il En 2003, Jetro a sélectionné parmi ses projets d'aider le développe- était accompagné de dix représentants d'entreprises du secteur bio- ment d'un projet commun entre la préfecture de Kumamoto, dans alimentaire, de quatre chercheurs et de représentants de la ville de l'île de Kyushu, et la Bourgogne dans le secteur bio-alimentaire. Des Kumamoto. liens économiques et académiques se sont tissés rapidement avec la Les premiers jours de leur voyage a été consacré au salon NatExpo, ville de Dijon et la communauté d'agglomération de Cergy-Pontoise salon professionnel international des produits biologiques et naturels dans le Val d'Oise a rejoint le projet l'année suivante. Ce programme qui se tenait à Paris. En effet, plusieurs industriels de la délégation Local to Local vient de se conclure avec la visite d'une délégation exposaient leurs produits (sauce de soja, concentré de prune, confi- japonaise en France. ture, miel …) sur un stand dédié à la région de Kumamoto. Le bilan LES NOUVEAUX PROGRAMMES région japonaise région étrangère/pays « LOCAL TO LOCAL secteur » (DEPUIS L’ANNÉE région japonaise FISCALE 2005) région étrangère/pays secteur Région de Tokyo Veneto (Italie) développement industriel Préf. de Fukuoka Corée biotechnologies Région de Tokyo Chine industrie du contenu Kitakyushu N-E de l’Angleterre biotechnologies Préf. d’Ibaraki Mongolie boissons Kagoshima Séoul (Corée) matériaux de construction Takashima Nlle Zélande agroalimentaire Préf. d’Ibaraki Chine machinerie Kawasaki Pékin (Chine) ind. du contenu, TIC Région du Kantô Danemark mobilier, décoration Nagano Dalian (Chine) machinerie Préf. de Shikuoka Corée industrie du contenu Kobe Minesota (E.U.) médical et biomédical Préf. de Shimane Australie biomasse (énergie) Préf. de Shimane Texas (E.U.) matières premières Préf. d’Hiroshima Copenhague équipement de bien-être Kagawa Savoie (France) mécatronique Préf. de Kumamoto Ecosse-Londres boissons alcoolisées 7 Programme « Local to Local » de leur participation est tout à fait satisfaisant, puisque plus de deux se sont également mis cents distributeurs et commerçants européens et américains ont visi- d'accord pour apporter té leur stand, générant une quarantaine d'entretiens individuels. tout leur concours à ces Les jours suivants, la visite à Dijon a donné lieu à la signature d'une entreprises convention universitaire entre l'Université de Sojo d'un côté et de développement l'autre l'Université de Bourgogne, l'Esbana (Ecole supérieure de la Après avoir joué son rôle Biologie appliquée à la Nutrition et l'Alimentation) et l'Inra (Institut d'initiateur, le programme national de la Recherche agronomique). Cet accord favorisera les « Local to Local » cède la échanges d'étudiants, de professeurs et de chercheurs ainsi que la place aux organisations Quelques produits exposés au salon NatExpo (Photo : Jetro Paris) locales. collaboration en matière de recherche et développement. Les représentants de Kumamoto ont également pu visiter un centre de recherche sur le vin, ainsi qu'une cave vinicole, et des rendez-vous dans leur futur. Le partenariat entre Seto et Limoges professionnels ont été organisés avec l'association régionale des C'est également dans le cadre d'un programme « Local to Local » que industries alimentaires. les villes de Seto, dans la préfecture d'Aichi, et de Limoges ont opéré Les derniers jours ont été consacrés à un déplacement, tout aussi un rapprochement dans le secteur de la céramique technique. concluant, à Cergy-Pontoise en région parisienne. L'Université de Plusieurs missions ont été organisées dès novembre 2000 à Limoges, Sojo et l'Ecole de Biologie industrielle ont signé une convention de puis à Seto en janvier 2002 et de nouveau dans le Limousin en octo- coopération universitaire marquant la volonté commune de ces deux bre de la même année lors des troisièmes rencontres internationales institutions d'intensifier leurs échanges d'étudiants, de professeurs et de l'innovation dans la céramique Ceramic Network 2002. L'objectif de chercheurs et d'intensifier la collaboration en R&D, particulière- de ces missions composées d'industriels, de chercheurs, de représen- ment dans les domaines du bio-alimentaire et de l'analyse des pro- tants des collectivités était de bâtir une stratégie d'alliance technolo- duits cosmétiques. L'Ecole de Biologie industrielle envisage d'envoyer gique et industrielle. Preuve de la démarche volontariste des deux des étudiants à l'Université de Sojo dès 2006. régions dans leur démarche à l'international, un projet d'accord de Des entretiens individuels, organisés par l'Agence de développement coopération entre les chercheurs et universitaires des deux régions a économique de Cergy-Pontoise, ont par ailleurs permis à une douzai- été signé en octobre 2002 à Limoges et en novembre 2003, les deux ne d'entreprises françaises locales d'établir des premiers contacts avec villes ont signé une convention de jumelage. leurs homologues japonais. Les villes de Kumamoto et Cergy-Pontoise Daisaku Saito 8 A VOS AGENDAS DE JANVIER À MARS 2006 Depuis plusieurs années, Jetro Paris apporte son soutien logistique et financier aux entreprises japonaises souhaitant exposer leurs produits lors de salons en France. Les prochains salons concernés par notre intervention sont le salon Maison & Objet qui se déroulera à Paris du 27 au 31 janvier 2006 avec dix-sept exposants japonais, Tissu Premier, le salon des tissus et accessoires qui se tiendra à Lille les 25 et 26 janvier avec la participation de la chambre de commerce de Fujiyoshida, le salon du prêt-à-porter de Paris du 2 au 5 février 2006 et SMAC, le salon des métiers et activités de la création, du 19 au 21 mars à Paris également. En collaboration avec la Music Publishers Association, Jetro participera par ailleurs au Midem, le marché international de la musique, qui se déroulera du 22 au 26 janvier 2006 à Cannes. CONTACTS : Naomi Goto au 01 42 61 59 76 Pour le Midem, contactez Caroline Artus au 01 42 61 59 80 DU 8 AU 10 MARS 2006 La convention d’affaires Biosquare sur les biotechnologies se tiendra à Genève du 8 au 10 mars 2006. Jetro sera le maître d’œuvre du pavillon japonais. CONTACT : Patricia Cohen au 01 42 61 59 77 « FRANCE-JAPON L’ESPRIT PARTENAIRE » La revue officielle de la campagne d’encouragement économique « France-Japon, l’Esprit partenaire » est disponible gratuitement sur simple demande. CONTACT : Isabelle Comtet au 01 42 61 27 27 LA FONDATION RENAULT Diplômés d’universités japonaises, soyez candidats à une bourse de la Fondation Renault pour une année d’études niveau master à l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne ou à Polytechnique, ou à Télécom ou à l’Ecole de Chimie de Paris. Dossiers de candidature pour l’année 2006-2007 à retirer avant mars 2006. CONTACT : [email protected] Le Centre UE-Japon pour la Coopération industrielle, fondé par la Commission européenne et le Meti avec le soutien de Jetro, organise diverses formations axées sur la découverte du management et des marchés japonais, de l’organisation et des structures industrielles au Japon. DU 6 AU 10 MARS 2006 DERNIER RAPPEL! La formation « Distribution & Business Practices in Japan » vous apporte les connaissances nécessaires à l’élaboration d’une stratégie de marketing efficace pour les marchés asiatiques, japonais en particulier. Grâce à cette mission, le participant a une occasion unique de comprendre quelles sont les méthodes les plus appropriées pour atteindre le consommateur et en quoi le marché japonais est unique. Le programme dure une semaine et consiste en conférences, études de cas et visites de fabricants, grossistes et détaillants. Il prévoit également une visite du salon Foodex Japan 2006. Date limite de candidature : 31 janvier 2006 CONTACT : www.eujapan.com/europe/dbp.html Tél. :+ 32 2 282 00 42 ou [email protected] Le journal de Jetro Paris / 4e trimestre 2005 INNOVER Ecrans plats : l’avance du Japon marché mature, dont le taux de pénétration atteignait un plafond et pour lequel les consommateurs avaient moins d'attentes. Dans ce contexte, les fabricants montrent des difficultés grandissantes pour développer leur marque et leurs profits. La compétition se situe sur le terrain technologique comme sur celui des prix. La concurrence fait rage entre les fabricants japonais qui tiennent les premières places mondiales du marché des écrans plats. Un marché en pleine mutation puisque, pour la première fois, les ventes des écrans LCD au Japon ont dépassé celles des téléviseurs classiques. Les stratégies des groupes japonais LES VENTES DE TÉLÉVISEURS AU JAPON EN 2005 (en millions de yens) 600 500 400 300 200 tubescathodiques2005 100 LCD2005 oc to br e pt em br e se ao ût ju ille t ju in m ai av ril m ar s fé vr ier jan v ie r 0 Source: JEITA Les chiffres de la consommation des écrans à tube cathodique au Japon viennent de basculer depuis mai dernier en dessous de ceux des écrans LCD (« Liquid Crystal Display »), selon JEITA (« Japan Electronics & Information Technology Industries Association »). En effet, 291 000 téléviseurs LCD ont été vendus au cours de ce mois, contre 240 000 postes classiques. En septembre, il s'est vendu 338 000 écrans LCD contre 289 000 à tube cathodique. Selon les derniers chiffres disponibles, les ventes de janvier à septembre 2005 des écrans LCD s'élèvent à 2,71 millions d'unités, soit une hausse de 63,6 % par rapport à celles de la même période en 2004. La tendance est similaire pour les écrans plasma, mais dans une moindre mesure. Depuis le début de l'année et jusqu'en septembre, il s'est vendu 258 000 écrans plasma au Japon, une hausse de plus de 20 % par rapport à la même période en 2004. A l'inverse, les télévisions couleurs affichent un repli de 26,6 % à 3,04 millions d'unités vendues depuis le début de l'année. La demande des autres pays industrialisés prendra la même direction dans les années à venir, signant la fin des tubes cathodiques. La venue des nouvelles technologies a relancé un L'audace du président de la société Sharp a été payante, en focalisant toute son énergie sur le développement de la technologie LCD à un moment où personne n'y croyait vraiment. Il peut aujourd'hui s'enorgueillir d'être le leader mondial du marché des LCD et de détenir presque la moitié du marché japonais, laissant loin derrière ses concurrents. Selon les chiffres du premier semestre de la présente année fiscale japonaise, soit d'avril à septembre 2005, les recettes des ventes de téléviseurs LCD de Sharp ont progressé de 8 %, performance d'autant plus appréciable que le prix unitaire de ces écrans diminue de 20 à 30 % par an. La direction explique son succès par une orientation de la consommation de plus en plus vers les écrans haut de gamme de grande taille, lui donnant un avantage certain, alors qu'elle a annoncé dernièrement la création d'un écran LCD de 57 pouces. Son investissement dans les écrans LCD de sixième génération lui permet par ailleurs d'améliorer sa productivité face à ses concurrents qui semblent souffrir de la guerre des prix. Très en retard sur la recherche et développement, Sony et le groupe coréen Samsung ont créé un joint-venture en 2004, afin de réduire les frais colossaux que cette technologie exige. De même pour Hitachi, Matsushita Electric Industrial (sous la marque Panasonic) et Toshiba, qui ont monté une société commune de production d'écrans de téléviseurs plats à cristaux liquides. Mais les relations entre Sony et Samsung semblent s'assombrir ces derniers mois en raison d'une concurrence frontale sur le terrain entre les deux groupes. Certaines rumeurs vont jusqu'à annoncer le retrait de Sony de ce secteur. A travers l'évolution de la production d'écrans LCD des industriels japonais, on remarque un net ralentissement depuis le début 2005, se confirmant tout au long de l'année. Le creux a été atteint en mai, avec une production de 114,26 millions de yens, soit un repli de près de 24 % par rapport au même mois de l'année précédente. Selon les dernières statistiques disponibles, la production totale jusqu'en septembre a reculé de 12,4 % par rapport à la même période de 2004. Le paradoxe entre une production d'écrans LCD des industriels japonais en net repli cette année alors qu'au même moment la 9 Ecrans plats : l’avance du Japon La recherche technologique est décisive 10 Au niveau mondial, même si les Coréens semblent les talonner, les fabricants japonais contrôlent près la moitié du marché des écrans plats. Une telle force n'est pas le fruit du hasard, mais celui d'une avancée technologique dans tous les domaines nécessaires aux écrans plats, tels que l'optique ou la chimie. De plus, le montage de ces écrans exige pour chaque étape un personnel hautement qualifié. Toutes les dalles de Sharp sont secrètement et exclusivement fabriquées au Japon. Parallèlement, les consommateurs japonais, toujours friands de nouveautés, incitent fortement les fabricants japonais à mettre au point de nouvelles technologies. Leur intérêt est donc de se concentrer sur le haut de gamme. On parle déjà des nouvelles générations d'écrans, après le plasma et le LCD. Il est ainsi question de téléviseurs à diodes électroluminescentes organiques, dont la mise sur le marché pour les grands écrans est prévue en 2007. La toute nouvelle technologie SED (« Surfaceconduction Electron-emitter Display ») va succéder à l'écran FED (« Field Emission Display ») dont l'intérêt premier est le prix, bien inférieur aux autres technologies. Les sociétés Canon et Toshiba comptent promouvoir cette technologie via une entreprise commune baptisée SED Inc. La première commercialisation au Japon est programmée dès l'année prochaine. D'autre part, les sociétés Seiko, Epson et Sony poursuivent le développement d'une technologie nommée LCOS (« Liquid-Crystal On Silicon ») qui permettrait un prix inférieur de moitié au plasma. Personne n'est capable aujourd'hui de prévoir laquelle parmi toutes ces technologies gagnera le marché des téléviseurs à l'avenir. Quoiqu'il en soit, les chaînes de télévisions passent progressivement à une diffusion numérique, motivant les consommateurs à renouveler leur équipement. Même si les prévisions de croissance des achats d'écrans plats ont été surestimées par les industriels, une telle perspective de renouvellement attise davantage la concurrence et ce d'autant plus que la télévision demeurera toujours la reine des produits bruns. (D.R.) consommation japonaise est grandissante s'explique par la guerre des prix que se livrent les divers acteurs mondiaux et par la surestimation des prévisions de ventes. Les industriels sont donc poussés à toujours plus innover afin d'acquérir une avance technologique sur leurs concurrents. Sur le marché japonais du plasma, la concurrence fait également rage. La société Fujitsu, pionnière dans ce secteur, se retire. Se désengageant du joint-venture qu'elle détenait avec Hitachi, qui a donc porté sa participation à 80,1 %, elle a cédé son activité LCD à Sharp. Fujitsu ne vendait pas de téléviseurs finis, ce qui ne lui permettait pas de profiter d'une chaîne de production complète, de la fabrication au consommateur. Caroline Artus LE CENTENAIRE DE LA LUNETTERIE JAPONAISE Une douzaine d’entreprises japonaises a exposé ses produits au sont pas à leur premiere participation à des salons professionnels dernier salon Silmo réservé aux professionnels de la lunetterie et de puisqu’ils sont présents régulièrement au Silmo à Paris, mais aussi l’optique. La plupart de ces entreprises sont originaires de la pré- au Mido à Milan. La lunette est devenue un accessoire de premier fecture de Fukui située sur la côte ouest du Japon. Fiefs tradition- plan et les fabricants japonais entendent se positionner sur un nels de l’industrie de la lunette, les villes de Sabae et Fukui marché de qualité alliant leur grande expérience aux technologies représentent encore aujourd’hui plus de 90 % de la production les plus modernes. Isabelle Comtet japonaise des montures optiques. Cette industrie s’est née dans la région en 1905, il y a tout juste cent ans, par la volonté d’un homme, Gozaemon Masunaga. Grâce LES EXPOSANTS JAPONAIS AU SILMO 2005 - Aoyama Optical Co. Ltd - Nakanishi Optical Products - Boston Club Co. Ltd Corporation vivre de nombreux paysans pendant les hivers longs et rudes. A - Hamamoto Technical Co. Ltd - Nidek leur suite, d’autres fabricants et grossistes sont venus dans la - Hiero House - Optic Prima Co Ltd région qui concentre donc encore aujourd’hui l’essentiel de la pro- - Hoya Corporation - Simon Associates - Kaneko Optical Co. Ltd - Volks Ltd à son intervention, quelques artisans d’Osaka sont venus installer leur activité naissante à Fukui, où la fabrication de montures a fait duction japonaise. Les lunetiers de la préfecture de Fukui et l’association qui les fédère (« Fukui Optical Industrial Association ») n’en Le journal de Jetro Paris / 4e trimestre 2005 Photos : D.R. HORIZONS JAPON Les autoroutes japonaises privatisées Parallèlement à la privatisation de la Poste, celle des compagnies la construction de liaisons non rentables. Au moment du lancement du d'autoroutes est un des symboles des réformes structurelles voulues projet de privatisation, plusieurs programmes de construction de nou- par le Premier ministre japonais. La décision de leur passage dans le velles autoroutes avaient été suspendus. Depuis, la plupart des projets giron du privé avait été prise dès la fin 2001. ont repris et sur les 9 342 km d'autoroutes que le gouvernement avait Six sociétés au lieu de quatre pour ambition de construire à travers tout le pays, environ 2 000 km restent à finaliser, dont un tiers environ dépendra de la volonté des Le 1er octobre 2005, quatre compagnies publiques gestionnaires nouvelles compagnies privées. Les projets les moins rentables pour- d'autoroutes ont été privatisées. La principale, Japan Highway Public raient bénéficier d'un mécanisme selon lequel les revenus des auto- Corp., a été divisée en trois compagnies régionales alors que les trois routes les plus rentables leur seraient affectés. autres sont passées dans le secteur privé sans autre refonte. Par ailleurs, une entité administrative indépendante baptisée JEHDRO Privatiser pour rationaliser (« Japan Expressway Holding and Debt Repayment Organization ») a Le processus des réformes poursuivi aujourd’hui par le Premier minis- été créée pour gérer les actifs et les dettes issus des quatre sociétés tre Junichiro Koizumi a démarré il y a une vingtaine d’années. Il a d'origine. débuté par la privatisation de grandes sociétés publiques permettant D'ici mars 2006, les six compagnies nouvellement privatisées signe- la création des sociétés privées comme Nippon Telegraph and ront un accord avec cette nouvelle agence administrative sur les pro- Telephone Corporation (NTT) en 1985, Japan Railway (JR) et Japan jets de construction de nouvelles autoroutes et sur leur financement. Air Lines en 1987. Ces réformes ont permis d’assainir certains secteurs La tâche qui les attend sera lourde puisque dans un délai de 45 ans, économiques et d’améliorer les services apportés aux consommateurs. période au terme de laquelle la JEHDRO sera dissoute, les compagnies Au cours de années 1990, une réforme de l’Etat s’est imposée, de devront rembourser les 40 000 milliards de yens (354 milliards de dol- même qu’une grande vague de déréglementations qui a concerné lars) de dettes laissées par les compagnies publiques. l’administration publique, les structures financières, la sécurité socia- Au cours de cette même période, elles devront également transformer le, les structures économiques, le système bancaire et l’éducation. les autoroutes dont elles ont la gestion en routes sans péage. Une Après la Poste et les régies d’autoroutes, le gouvernement actuel gestion drastique des coûts va s'imposer à elles pour la maintenance, devrait s’atteler à d’autres dossiers importants tels que la décentrali- les services, l'administration et la collecte des péages jusqu'à présent sation, qui accordera plus de pouvoirs aux collectivités locales, la fis- dévolues à des filiales pas toujours très économes. La gestion du per- calité, la redéfinition du rôle des institutions financières sonnel devrait également être rationalisée afin de réduire les coûts. gouvernementales et le système d’assurance-maladie. La volonté réformatrice de Koizumi s'appuie sur l'idée de soumettre le Isabelle Comtet secteur autoroutier à une logique de rentabilité en imposant l'arrêt de 11 LAURIERS À LDL Technology S.A.S. 12 LDL Technology est une société française mobile. Parmi ses produits, elle propose que Yamaha, Suzuki, Kawasaki, Honda. spécialisée dans les systèmes d'électro- une ligne innovante incluant la sur- Pour cela, elle vient de créer un bureau nique embarqués, créée depuis un an et veillance de la pression des pneus, le représentant japonais, LDL Technology demi par deux ingénieurs, Philippe contrôle sans clé, les calculateurs multi- Japon, présidé par Takeo Kotajima. Avec Lefaure et Dominique Luce. Issus tous plexés. Depuis début août, elle commer- le concours de l'IBSC (« Invest Business deux de Siemens VDO Automotive, ils cialise sur le marché européen son Support Center ») de Jetro, elle bénéfi- occupaient respectivement les postes premier produit, le Tire Watch TM, un sys- cie d’un bureau à Tokyo, d'un support d'expert mondial RF du segment Car- tème de surveillance de pression et tem- logistique, de conseils en gestion d'en- Body et responsable développement pérature des pneumatiques pour motos. treprise, administration, législation mécanique sur le projet contrôle pres- Un concept innovant permettant de durant les deux premiers mois et pourra sion des pneumatiques. LDL Technology répondre à un besoin toujours grandis- grâce à cette aide créer une filiale LDL se consacre à investir tous les marchés sant de sécurité sur les routes, en infor- Technology Japon K.K début 2006. Dans L D L Te c h n o l o g y S . A . S . 4 2 , a v e n u e d u G é n é r a l d e C r o u t t e 3 1 1 0 0 To u l o u s e S i t e i n t e r n e t : w w w . l d l - t e c h n o l o g y. c o m un futur proche, LDL Technology aspire à devenir leader mant le pilote en temps réel d'une fuite « MotoBody » mondial auprès des adaptant des technologies nouvelles ou lente, d'une avarie ou d'une crevaison. grands comptes et par la suite étendre en cours de mise au point dans l'auto- Désirant s'orienter vers le marché des cette position à l'ensemble des marchés grands comptes motos, LDL Technology niches (marine, véhicules industriels, s'exporte aujourd'hui au Japon dans le micro car, camions, métro et tramway à but de conquérir les constructeurs tels pneus…). Photo : LDL Technology S.A.S. niches périphériques à l'automobile, en Directeur de la publication : Tsuyoshi Nakai. Rédacteur en chef : Daisuke Yamaguchi. Rédaction/publication : Isabelle Comtet ([email protected]). Les articles expriment les opinions des rédacteurs et ne reflètent pas nécessairement l’opinion du Jetro. Dépôt légal : 4e trimestre 2005. N° ISSN : 1254-6666. Publication Jetro Paris - Organisation japonaise du commerce extérieur 2, place du Palais-Royal 75044 Paris cedex 01. Tél. : 01 42 61 27 27. Internet : http : //www.jetro.go.jp/france/paris