LE JAPON à la page

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LE JAPON à la page
LE JAPON
à la page
Le journal de Jetro Paris - n°49 / 4e trimestre 2005
Tribune
SOMMAIRE
1/TRIBUNE
1/LES BRÈVES
2/ÉCONOMIE Les enjeux de la politique
énergétique du Japon
5/L’INTERVIEW Kôta Sugiyama, société
d-rights
5/Mipcom 2005 : une participation
efficace
7
/INVESTIR Quel bilan pour le programme d’échanges interrégionaux
« Local to Local » ?
8/À VOS AGENDAS
9/INNOVER Ecrans plats : l’avance du
Japon
11/HORIZONS JAPON Les autoroutes
japonaises privatisées
12/LAURIERS À LDL Technology S.A.S.
Alors que l'économie japonaise est toujours en bonne voie, plusieurs tendances nouvelles se dessinent. En premier lieu le prix des
actions connaît une croissance rapide. Ensuite, comme nous avons
pu le constater lors d'un séminaire que nous avons organisé avec
Paris Europlace tout récemment, réunissant plusieurs grandes entreprises françaises et l'Agence française pour les investissements internationaux (AFII), les entreprises françaises ont la volonté d'investir
davantage au Japon. Le marché s'y prête mieux et nos technologies
sont plus compétitives.
De plus, les technologies de l'information entament une nouvelle
étape de leur développement. Le Japon est un pays disposant d'un
très haut niveau de développement en matière de connexions à haut
débit : il se situe au deuxième rang mondial pour l'accès au haut
débit et au premier rang pour la fibre optique. Ces nouvelles infrastructures stimulent notre développement en tant que société de l'information, tout comme d'ailleurs la téléphonie mobile. Ainsi, il est
déjà possible de régler ses achats en utilisant son téléphone portable ; on peut aussi télécharger son tube préféré et l'écouter sur son
mobile et bientôt la convergence entre les lignes fixes et les mobiles
va être réalisée, le gouvernement japonais venant d'accepter que
des nouveaux opérateurs entrent sur le marché. Les barrières techniques entre la fibre optique et Internet disparaissent peu à peu, de
même qu'entre la télévision, les ordinateurs et la téléphonie mobile.
Ces phénomènes dynamisent beaucoup l'industrie de la téléphonie
…
Les brèves
La Poste japonaise et la compagnie aérienne ANA vont créer une société
commune de distribution internationale de colis. Premier marché visé : la
Chine, avant de s’attaquer aux autres pays d’Asie. ////// Trois nouveaux
opérateurs de téléphonie mobile vont entrer sur le marché dès l’année
fiscale 2006. Le ministère japonais des Affaires intérieures devrait leur
accorder une licence prochainement. Ils viendront concurrencer les
tenants du marché NTT DoCoMo, KDDI et Vodafone KK. La por tabilité
du numéro sera possible à par tir du second semestre 2006. /// / / /
Le constructeur automobile Renault a décidé d’étendre son réseau de
distribution au Japon de 20 % dans les trois ans qui viennent. En 2008,
la firme comptera 90 concessions, contre 77 aujourd’hui. /////
Les enjeux de la politique énergétique du Japon
…
mobile, mais aussi celle du contenu. De nouvelles opportunités s'offrent à de nombreuses entreprises nouvellement
créées dans la musique, la programmation télévisuelle, le
cinéma, l'animation, les jeux, les jouets. Bien entendu une
telle évolution ne doit se faire que dans le respect des
droits du copyright et nous devons rester vigilants. Les secteurs que je viens de citer sont également la cible des
appétits financiers en matière de fusions-acquisitions,
comme nous le prouvent le récent rapprochement entre le
portail Internet Lifedoor sur Fuji TV et la tentative de
Rakuten sur la chaîne de télévision TBS. Ces secteurs en
particulier sont à la recherche de nouvelles alliances et
d'un nouveau modèle économique.
Le ministre délégué à l'Industrie François Loos, en visite
fin novembre à Tokyo, a fait la promotion des pôles de
compétitivité français. Au Japon, il existe 19 clusters industriels qui associent 250 universités et 6 100 petites sociétés, car au Japon, les PME sont les chefs de file de ces
projets. Leur réussite repose en effet sur le développement
des nouvelles technologies basées sur les ressources traditionnelles des régions. Le prochain défi que nous allons
relever sera d'explorer les voies d'une possible collaboration entre nos deux pays. En février 2006, le ministre délégué au Commerce extérieur Christine Lagarde se rendra au
Japon pour assister au forum Nanotech. Les forums
2
Nanotech, Ceatec ou IT Forum sont des occasions uniques
pour les entreprises de trouver des partenaires. Le développement de la recherche et de la technologie peut tout à
fait passer par une alliance entre la France et le Japon.
Certes, les récentes violences urbaines qui ont secoué la
France ont marqué les esprits au Japon, mais je suis certain qu'elles n'affecteront nullement les investissements
japonais en France. Je crois que ces événements peuvent
servir de thème de réflexion pour le Japon qui, confronté
au vieillissement de sa population, va devoir redéfinir sa
politique de l'immigration et de l'intégration.
Je souhaiterais terminer par quelques mots sur les prochaines négociations de l'OMC à Hong Kong. La libéralisation du commerce et des services est essentielle pour créer
une atmosphère positive, favorable aux entreprises de nos
deux pays. Elle doit aussi être une chance pour les pays en
voie de développement, surtout en Afrique. Dans le secteur
de l'énergie, dont les prix sont très élevés actuellement, il
me semble nécessaire que les acteurs présents sur le marché accélèrent leurs investissements en faveur des nouvelles énergies et apportent leur financement à ces pays afin
que ceux-ci stabilisent leur économie et développent leurs
infrastructures.
Tsuyoshi Nakai, Directeur général
ÉCONOMIE
Les enjeux de la politique énergétique du Japon
Les réserves énergétiques mondiales diminuent, alors que la demande, soutenue par le développement
de l'économie mondiale et l'arrivée de pays à un niveau élevé de production, augmente continuellement. Le contexte environnemental est également une composante qu'il n'est plus possible de négliger.
Face à de tels enjeux, le Japon risque de se trouver affecté sérieusement par tous les bouleversements
qui interviennent au niveau mondial. Assurer la sécurité des approvisionnements et améliorer son autonomie énergétique sont au centre de sa politique énergétique.
Le Japon utilise de façon équilibrée diverses sources énergétiques :
les entreprises qui utilisent davantage appareils électriques, eux-
les énergies fossiles telles le pétrole et le charbon, le nucléaire et les
mêmes de plus en plus sophistiqués. Depuis les années 1980, plus de
énergies nouvelles comme le solaire ou l'éolien. Parce que c'est un
50 % des foyers japonais sont équipés en climatiseurs et en possè-
pays pauvre en ressources énergétiques, il a recours à l'importation
dent souvent plus d'un, plus de la moitié des ménages ont au moins
de façon importante. Aujourd'hui, le Japon a engagé diverses mesu-
deux téléviseurs et un four à micro-ondes. La demande a augmenté
res afin d'une part de garantir une utilisation stable de ses ressources
également dans le secteur des transports avec notamment l'accrois-
énergétiques et d'autre part de promouvoir les énergies qui prennent
sement du nombre de véhicules particuliers. Près de la moitié des
en compte les questions environnementales.
sources primaires d'énergie (charbon, pétrole) est convertie en élec-
Une demande accrue
Les deux chocs pétroliers des années 1970 ont été des tournants qui
tricité, énergie sûre, propre et facile à utiliser, d'où une constante
augmentation de la demande. Le taux de consommation d'électricité
est ainsi passé de 25,8 % en 1970 à 42,3 % en 2002.
ont conduit à la réalisation d'économies d'énergie considérables.
Mais depuis une vingtaine d'années, la recherche continuelle du
Diversifier les sources
confort a eu pour conséquence une augmentation de la consomma-
Avant les crises pétrolières, le pétrole représentait environ 80 % des
tion d'énergie. La demande s'est accrue chez les particuliers et dans
besoins du Japon en énergie. L'introduction du gaz naturel et du
Le journal de Jetro Paris / 4e trimestre 2005
économie
« Warm Biz » : la nouvelle campagne anti-gaspi
La campagne estivale Cool Biz a incité tous les employés japonais à abandonner le port de la cravate et à tomber la veste au bureau afin de réduire
l'usage de l'air conditionné en maintenant la température intérieure autour
de 28°C au lieu de 26°C. L'été japonais se caractérise par une chaleur lourde et humide, difficile à supporter,
mais l'objectif était de réaliser des économies d'énergie. Ravie du bon accueil réservé à son initiative, la ministre de l'Environnement Yuriko Koike récemment confirmée dans ses fonctions a lancé début octobre Warm Biz.
Cette nouvelle campagne vise à abaisser les émissions de gaz à effet de serre en réduisant l'usage du chauffage. Elle recommande aux employés de s'habiller plus chaudement et de régler les thermostats sur 20°C. Elle
ne s'adresse cette fois-ci pas seulement aux employés masculins, mais fait également appel au civisme des
Japonaises. La campagne s'étendra de décembre 2005 à mars 2006.
Selon la compagnie électrique TEPCO, la campagne Cool Biz a permis d'économiser cet été 70 millions de kWh
d'électricité et de réduire de 27 000 tonnes les rejets polluants. Ce premier bilan est somme toute assez faible, mais ces campagnes veulent initier un changement dans les mentalités pour que ces nouvelles habitudes
s'étendent à tous les foyers. Le Japon est un peu à la traîne dans l'application du traité de Kyoto, par lequel il
s'est engagé à réduire les gaz à effet de serre de 6 % d'ici 2012 par rapport à leur niveau de 1990. Une cellule baptisée « Team Minus 6 % » a été créée au sein du ministère de l'Environnement dans le but de trouver des
moyens de lutter contre le réchauffement de la planète et la ministre de l'Environnement plaide actuellement
pour la création d'une taxe sur certains hydrocarbures. Selon les estimations de l'institut de recherche de Daiichi Life, Warm Biz devrait générer un effet économique de 232 milliards de yens, dont 142 milliards de yens
de hausse des ventes de vêtements. I.C.
nucléaire ainsi que l'augmentation des importations de charbon ont
d'énergie domestique si on tient compte du fait qu'il peut être utili-
permis de réduire la dépendance énergétique du pays jusqu'à limiter
sé plusieurs années après son importation. En comparaison, la
à environ 50 % la part du pétrole. Un des objectifs du Japon est
France est autosuffisante (nucléaire y compris) à 50 %, l'Allemagne
d'abaisser cette proportion à 40 % d'ici 2030 en compensant par la
à 39 %, les Etats-Unis 73 % et le Canada 154 %, le pays étant expor-
hausse de la part du nucléaire et du gaz naturel et par le développe-
tateur de son excédent.
ment des énergies renouvelables.
Depuis les années 1970, le Japon a orienté sa politique énergétique
Malgré tous les efforts entrepris, l'autosuffisance reste à un niveau
vers la sécurisation des approvisionnements et la réduction de sa
bas : seulement 4 % des besoins sont couverts par la production
dépendance. La sécurisation est en partie assurée par des réserves
nationale, proportion qui atteint 20 % quand on inclut le nucléai-
stratégiques constituées par le secteur public, auxquelles s'ajoutent
re. L'uranium est importé, mais peut être considéré comme source
des stocks détenus par les raffineurs privés. En septembre dernier,
suite à l'appel lancé par l'Agence internationale de l'énergie pour
LA PRODUCTION D ’ ENERGIE PRIMAIRE AU
JAPON
EN
2002
répondre à la flambée du prix du pétrole, le Japon avait été un des
pays à réagir en annonçant un prélèvement dans ses réserves pétrolières. Le Japon cherche à diversifier ses sources d'approvisionnement
3%
2%
et des pourparlers sont actuellement en cours avec la Russie pour la
0,1 %
construction d'un oléoduc reliant la Sibérie orientale au Pacifique. Le
12 %
énergie géothermique
pétrole et le gaz russes font l'objet de négociations acharnées entre le
énergies nouvelles
Japon, la Chine et la Russie, avec en arrière-plan des différends poli-
hydroélectricité
50 %
14 %
nucléaire
gaz naturel
tiques et diplomatiques. Le Japon est le premier importateur mondial
de gaz naturel et contrairement au pétrole, qui provient essentiellement du Moyen-Orient, ses sources d'approvisionnement sont diversifiées puisqu'elles s'étendent aussi à l'Asie, Australie et la péninsule
20 %
charbon
pétrole
arabique. Pratiquement absent de la consommation japonaise dans les
années 1970, le gaz représentait environ 14 % des énergies primaires
consommées en 2003 et 27,9 % de l'électricité produite.
Parallèlement à un recours accru au gaz naturel, le Japon a choisi de
Source : Agency for Natural Resources and Energy
diversifier ses sources énergétiques au profit de l'énergie nucléaire
3
Les enjeux de la politique énergétique du Japon
qui lui permet d'accroître son autonomie énergétique. En 2003,
A l'heure actuelle, les énergies renouvelables ne représentent au
l'énergie nucléaire fournissait 25,7 % de l'électricité. Le Japon
Japon qu'une faible proportion (1 %) de l'approvisionnement en
compte porter la part de la production nucléaire à 40 % en 2014. Le
énergie primaire. L'objectif est d'atteindre 3 % en 2010 grâce au sou-
pays compte cinquante-deux centrales nucléaires, grâce auxquelles il
tien gouvernemental aux autorités locales, entreprises et associations
détient la troisième capacité nucléaire au niveau mondial derrière les
qui développent les sources d'énergie renouvelable. Par ailleurs le
Etats-Unis et la France. C'est un des rares pays à poursuivre un ambi-
dispositif RPS (« Renewable Portfolio Standard ») entré en vigueur
tieux programme de construction de centrales nucléaires : quatre
en 2003 impose aux compagnies électriques un quota de production
tranches sont en cours de construction et six autres en projet.
d'électricité à partir des énergies renouvelables.
Une utilisation efficace de l'énergie
4
L’éolien en plein développement
La réduction des émissions de CO2 afin de lutter contre le réchauffe-
Cependant, les énergies renouvelables pâtissent de plusieurs
ment de la planète est également une des composantes qu'il lui faut
inconvénients tels que leur coût plus élevé, la dépendance qu'elles
prendre en compte depuis la ratification du protocole de Kyoto. Le
imposent vis-à-vis des conditions environnementales qui les rendent
Japon s'est engagé à réduire ses émissions moyennes de gaz à effet
encore instables au niveau de la production d'énergie. Malgré cela,
de serre de 6 % entre 2008 et 2012, par rapport au niveau de 1990.
avec 48 % de la production mondiale (plus de 63 MW générés en
Par ailleurs, pour rester compétitif au niveau industriel et économique
2002), le Japon est le premier producteur d'énergie solaire dans le
le Japon doit abaisser les coûts en énergie, qui sont plus élevés que
monde. Bien que le coût de cette énergie ait beaucoup baissé, il reste
ceux pratiqués dans les autres pays industrialisés. La libéralisation des
élevé - deux à trois fois le prix de l'électricité payé par les foyers japo-
secteurs du gaz et de l'électricité font partie des mesures prises pour
nais - et la production d'énergie solaire reste handicapée par des
améliorer la compétitivité internationale, avec des résultats tangibles.
conditions climatiques changeantes et un ensoleillement inégal.
Des efforts importants ont également été réalisés dans le secteur
En 2002, l'éolien a représenté 46,3 MW, près de six fois la production
résidentiel et commercial, mais il reste beaucoup à faire dans les
enregistrée trois années auparavant. Les avancées technologiques et
transports et dans le bâtiment. Les standards « Top Runner » ont été
l'augmentation de la taille des installations ont permis de réduire les
mis en place depuis plusieurs années dans les différents secteurs éco-
coûts et contribué à la forte reconnaissance de l'éolien comme sour-
nomiques. Le concept repose sur une formulation de standards qui se
ce viable d'énergie. La plupart des fermes éoliennes sont installées
fondent sur les meilleurs résultats disponibles en matière d'économie
dans la région du Tohoku et sur l'île d'Hokkaido, mais le groupe
d'énergie. Les produits électroménagers sont les premiers concernés
Mitsubishi Heavy Industries, très actif dans ce secteur, a pour projet
et dix-huit produits font aujourd'hui l'objet de ces standards dont les
de construire la plus grande éolienne du Japon dans la région de
climatiseurs, téléviseurs, réfrigérateurs, ordinateurs, mais aussi les
Yokohama. Enfin, d'autres filières comme la génération à partir des
chauffages électriques et les véhicules diesels.
déchets ou la biomasse sont consédirées de façon très sérieuse, mais
Dans le même temps, le Japon a adopté une politique en faveur des
ne représentent aujourd'hui qu'une part marginale.
énergies renouvelables qui, outre qu'elles ont écologiquement pro-
Isabelle Comtet
pres, ont l'énorme avantage de ne pas dépendre des importations.
La libéralisation du marché de l’électricité
En octobre 2004, l'Etat s'est complètement désengagé du secteur en vendant la totalité des titres de participation détenus
dans la société J-Power, principal fournisseur d'électricité au Japon et ancienne compagnie publique privatisée à partir de
2003. Aujourd'hui, une dizaine d'entreprises privées régionales, issues de l'éclatement du monopole public en 1951, se partagent le marché. Depuis le début de la déréglementation, il y a eu peu de nouveaux entrants sur le marché : il s'agit de
Diamond Power Corp. (filiale de Mitsubishi), Summit Energy Corp. (filiale de Sumitomo) ou de Ennet fondé par le géant des
télécommunications NTT et par deux des principaux acteurs sur le marché du gaz (Tokyo Gas Co. et Osaka Gas Co.). Les nouveaux entrants représentent environ 1,3 % de la production totale d'électricité, mais remportent peu à peu de nouveaux
contrats auprès des supermarchés, des immeubles de bureaux ou d'établissements publics.
La libéralisation du marché de l'électricité s'est faite de manière progressive. En 1995, les petits producteurs indépendants
ont pu avoir accès au réseau ; en mars 2000, ce fut le tour le marché de détail de la distribution d'électricité destiné aux gros
consommateurs (plus de 2000 kW et un voltage supérieur à 20 000 V), soit 30 % de la demande totale d'électricité. Depuis
le seuil est progressivement abaissé, la libéralisation totale du marché de détail, incluant les ménages, étant prévue pour
2007, dix ans après le début de la réforme. Depuis le début de la libéralisation, le prix de l'électricité a baissé de 20 % et
approche les prix pratiqués en Europe et aux Etats-Unis. La distribution du gaz est également en cours de libéralisation
depuis 1995 : Tokyo Gas et Osaka Gas représentent près de 70 % du marché (en volume), le reste étant réparti entre plus de
200 monopoles géographiques, essentiellement des petites sociétés. Le prix du gaz est beaucoup plus élevé que dans les
autres pays développés, mais l'ouverture du marché a permis d'orienter le prix à la baisse. I.C.
Le journal de Jetro Paris /4e trimestre 2005
L’ INTERVIEW
Kôta Sugiyama
Photo : Jetro Paris
Producteur,
d-rights
Jetro s’est installé pour la
troisième fois au Mipcom, le
rendez-vous international de
l’industrie du contenu audivisuel dont la 21 e édition
s’est tenue à Cannes en
octobre derneir.
D-rights était une des sociétés utilisatrices du stand de
Jetro.
Pouvez-vous nous présenter les activités de votre
entreprise ?
D-rights est productrice et
distributrice de contenu
japonais. Elle appartient au
grand groupe Mitsubishi,
dont les activités s'étendent
de l'énergie à l'alimentaire
en passant par la chimie, les
machines, etc. D-rights se
compose d'une trentaine de
salariés et produit entre
autres diverses animations.
Les plus connues sont
« Beyblade », diffusée dans
plus de quatre-vingt pays,
accompagnée de plus de
1 000 produits de merchandising et d'un partenariat
avec les consoles de jeux
vidéo PS1 et Game Cube.
Le second dessin animé est
« B-legend ! battle BDaman » déjà diffusé en
avril 2005 aux Etats-Unis et
au Canada. Ce dessin animé
a été coproduit avec notre
partenaire coréen Sonokong.
Son succès est énorme en
Asie, à Taiwan, Singapour et
aux Philippines et bien sûr
en Corée.
On entend parler d'une
grande nouveauté…même
dans la presse française…
En effet, nous diffusons
actuellement une nouvelle
série appelée « Yakitate !!
Ja-Pan », déjà très populaire
au Japon. C'est l'histoire
d'un maître boulanger aux
mains magiques dont la
renommée finit par dépasser
les frontières. Vous comprenez mieux le jeu de mots du
titre puisque en japonais le
pain se dit « pan ». Cette
animation est tirée d'un
manga initialement publié
dans un magazine japonais
puis édité en livre vendu à
plus de 4 millions d'exemplaires. La nouveauté de ce
dessin animé est que les produits dérivés, à savoir de
véritables petit pains et
viennoiseries sous sachet,
sont distribués en supérettes,
dont le Japon est si bien
doté. Ce produit n'est pas
encore vendu à l'étranger,
mais je peux vous dire
aujourd'hui que des contrats
le concernant ont été finalisés au Mipcom, sur des marchés asiatiques.
Cependant, le concept global
n'est pas toujours exportable, comme en Inde où la
population ne mange pas ce
genre de pain. En tout cas, il
surprend beaucoup les acheteurs au Mipcom. La force
de notre entreprise est de
(suite p. 6)
Mipcom 2005, une participation efficace
Le marché international des contenus audiovisuels a rassemblé
cette année plus de 11 700 participants, soit une croissance de
7 % par rapport à 2004, et 3 896 entreprises exposantes, venant
de 91 pays, une hausse de 11 %. De même les acheteurs, au
nombre de 3 268, ont été 7 % de plus à venir cette année.
Jetro participait pour la troisième fois à ce salon, et réunissait
treize exposants japonais sous sa bannière, contre neuf en
2004. Sept de ces neuf entreprises sont revenues cette année,
attestant de l'importance et de l'intérêt de leur participation à
ce salon via Jetro. Parmi elles, Tokyo International Anime Fair
renouvelait sa participation afin de promouvoir son propre
salon. Même s'il n'a pas encore l'envergure des salons de
Cannes, le salon international de l'animation de Tokyo, lancé en
2002, se déroulera au Tokyo Big Sight du 23 au 26 mars 2006.
Lors de la dernière édition, quarante entreprises étrangères ont
participé à ce rendezvous qui promet d'être
encore plus exceptionnel
que l’édition précédente
puisque l'ensemble des
stands est déjà réservé. Le salon international de l’animation de Tokyo se
déroulera en mars 2006.
En ce qui concerne le
Mipcom, sur les cinq jours de marché, les douze entreprises
japonaises du stand Jetro ont honoré plus de 600 entretiens,
débouchant sur la signature ferme d'une quinzaine de contrats
dont certains restent encore confidentiels. Nombreuses ont été
les promesses de contrats, plus de 100 (contre 73 en 2004) pour
un montant estimé dépassant les 4,7 millions de dollars. Ces
résultats sont particulièrement encourageants, comparés à ceux
de l'année dernière, où seul un contrat avait été signé sur place.
(suite p. 6)
5
L’interview
Kôta Sugiyama
Producteur,
d-rights
(suite de la p.5)
faire partie d'une grande
société de commerce nous
permettant un accès là où
l'industrie du contenu ne va
pas, comme dans la distribution. Nous pouvons envisager de toucher l'industrie
de l'automobile ou
de l'énergie par
exemple.
Tous les titres que
nous proposons
intéressent le
monde entier,
l'Europe comprise.
Toutefois, concernant « Ja-Pan », le
succès n'est encore
qu'asiatique. La
transposition du concept en
Europe demanderait une
adaptation des écritures, des
logos, des emballages et une
nouvelle réflexion sur le circuit de distribution, assez
différent de celui du Japon.
Mais il serait intéressant de
se pencher sur l'idée…
Quelles sont les raisons de
votre participation au
salon du Mipcom sur le
stand de Jetro ?
ultérieurement un stand par
nous-mêmes. Cependant,
cela demande un investissement très important, une
logistique pointue et une
connaissance que nous n'avons pas encore. Etant une
petite structure, nous avons
profité une deuxième fois du
stand de Jetro et nous en
sommes satisfaits. Nous
pouvons affirmer que 2005
a dépassé nos résultats de
2004.
Nous avons décidé d'y participer afin de faire connaître d-rights, et ce dans la
perspective de prendre
Propos recueillis par
Caroline Artus
Photo : Jetro Paris
6
Toutes les entreprises ont été unanimes pour confirmer l'utilité
de l'aide de Jetro, non seulement financière mais aussi en termes de logistique et de présence sur place. La réunion de plusieurs exposants japonais sur un même stand a aussi permis de
toucher une clientèle qui au départ venait rencontrer une autre
entreprise. Ainsi, nombre d'acheteurs potentiels ont rencontré
plusieurs entreprises du stand, sans les connaître auparavant.
Au-delà de la signature de contrats, les entreprises japonaises
ont participé à ce salon afin de toucher une nouvelle clientèle,
de mieux cerner les besoins du marché et de mieux se faire
connaître.
Les dessins animés japonais n'ont pas démenti leur succès, de
par leur style particulier bien connu et leur capacité à innover.
Certaines nouveautés ont particulièrement été sollicitées,
comme le dessin animé « Yakitate ! Ja-Pan » (voir l'interview de
la société d-rights), ou celui de « Nepos-Napos » de la société
OLC/Entertainment, destiné aux petits et dont l'image et le
graphisme tout en rondeur offrent un univers coloré très particulier et rassurant.
Enfin, nous avons constaté une tendance de fond dans les
demandes des acheteurs avec la montée en puissance du contenu pour téléphones portables, d'autant plus que le Japon est
particulièrement en avance dans ce domaine. Le Mipcom a
d'ailleurs créé cette année les premiers « Mobile TV Awards »,
récompensant les produits ou formats les plus créatifs.
La majorité des entreprises japonaises exposantes sous notre
bannière compte bien revenir en 2006 et assure vouloir encore
mieux se préparer afin de répondre pleinement à la demande
rencontrée à ce salon. C.A.
Photo : Jetro Paris
LES
12
ENTREPRISES JAPONAISES PRÉSENTES AU
- Aniplex Inc.
- d-rights Inc.
- Milky Cartoon Co., Ltd
- Pierrot Co., Ltd
- Tezuka Productions Co., Ltd
- Toshiba Entertainment Inc.
- Kids Station Inc.
- Micott & Basara Inc.
- Media Factory, Inc.
- TI ComNet Japan
- Eleven Arts, Inc.
- OLC/Rights Entertainment (Japan) Inc.
MIPCOM 2005
Le journal de Jetro Paris / 4e trimestre 2005
INVESTIR
Quel bilan pour le programme d’échanges
interrégionaux « Local to Local » ?
Afin de promouvoir la coopération économique et industrielle entre les régions japonaises et étrangères, Jetro
organise des programmes d'échanges interrégionaux qui visent à enrichir et diversifier le tissu économique et industriel des pays partenaires. En France, la Bourgogne et l'agglomération de Cergy-Pontoise ont été sélectionnées.
Le programme « Local to Local » d'échanges interrégionaux apporte le
soutien de Jetro aux entreprises locales dans leur démarche vers la
mondialisation économique. Cette initiative, qui s'étale sur deux ou
trois ans, peut prendre plusieurs formes.
A partir de demandes émanant d'organismes régionaux ou de collectivités locales, Jetro identifie les régions ayant des caractéristiques
industrielles et des objectifs de développement économique similaires
et s'efforce de les mettre en relation.
Dès que les deux parties, japonaise et étrangère, ont précisé leurs secteurs d'intérêt communs, Jetro apporte son conseil pour identifier les
champs spécifiques d'échanges commerciaux entre les deux régions.
La signature de la convention universitaire à Cergy-Pontoise
(Photo : Jetro Paris)
Ces échanges peuvent concerner notamment le transfert technologique, les échanges de personnel, la recherche et développement, la
création d'entreprises en commun ou le développement commun d'un
En effet, après plusieurs séries d'échanges de part et d'autre, une
réseau de distribution… Jetro participe ensuite à l'organisation de
délégation composée de professionnels et de chercheurs de la ville de
missions dans l'une et l'autre région.
Kumamoto est venue en France du 13 au 20 octobre derniers. Cette
mission était menée par le professeur Iwahara, doyen de la faculté de
L'industrie bio-alimentaire en première ligne
biotechnologique et des sciences de la vie de l'Université de Sojo. Il
En 2003, Jetro a sélectionné parmi ses projets d'aider le développe-
était accompagné de dix représentants d'entreprises du secteur bio-
ment d'un projet commun entre la préfecture de Kumamoto, dans
alimentaire, de quatre chercheurs et de représentants de la ville de
l'île de Kyushu, et la Bourgogne dans le secteur bio-alimentaire. Des
Kumamoto.
liens économiques et académiques se sont tissés rapidement avec la
Les premiers jours de leur voyage a été consacré au salon NatExpo,
ville de Dijon et la communauté d'agglomération de Cergy-Pontoise
salon professionnel international des produits biologiques et naturels
dans le Val d'Oise a rejoint le projet l'année suivante. Ce programme
qui se tenait à Paris. En effet, plusieurs industriels de la délégation
Local to Local vient de se conclure avec la visite d'une délégation
exposaient leurs produits (sauce de soja, concentré de prune, confi-
japonaise en France.
ture, miel …) sur un stand dédié à la région de Kumamoto. Le bilan
LES NOUVEAUX PROGRAMMES
région japonaise
région étrangère/pays
«
LOCAL TO LOCAL
secteur
» (DEPUIS L’ANNÉE
région japonaise
FISCALE
2005)
région étrangère/pays
secteur
Région de Tokyo
Veneto (Italie)
développement industriel
Préf. de Fukuoka
Corée
biotechnologies
Région de Tokyo
Chine
industrie du contenu
Kitakyushu
N-E de l’Angleterre biotechnologies
Préf. d’Ibaraki
Mongolie
boissons
Kagoshima
Séoul (Corée)
matériaux de construction
Takashima
Nlle Zélande
agroalimentaire
Préf. d’Ibaraki
Chine
machinerie
Kawasaki
Pékin (Chine)
ind. du contenu, TIC
Région du Kantô
Danemark
mobilier, décoration
Nagano
Dalian (Chine)
machinerie
Préf. de Shikuoka
Corée
industrie du contenu
Kobe
Minesota (E.U.)
médical et biomédical
Préf. de Shimane
Australie
biomasse (énergie)
Préf. de Shimane
Texas (E.U.)
matières premières
Préf. d’Hiroshima
Copenhague
équipement de bien-être
Kagawa
Savoie (France)
mécatronique
Préf. de Kumamoto
Ecosse-Londres
boissons alcoolisées
7
Programme « Local to Local »
de leur participation est tout à fait satisfaisant, puisque plus de deux
se sont également mis
cents distributeurs et commerçants européens et américains ont visi-
d'accord pour apporter
té leur stand, générant une quarantaine d'entretiens individuels.
tout leur concours à ces
Les jours suivants, la visite à Dijon a donné lieu à la signature d'une
entreprises
convention universitaire entre l'Université de Sojo d'un côté et de
développement
l'autre l'Université de Bourgogne, l'Esbana (Ecole supérieure de la
Après avoir joué son rôle
Biologie appliquée à la Nutrition et l'Alimentation) et l'Inra (Institut
d'initiateur, le programme
national de la Recherche agronomique). Cet accord favorisera les
« Local to Local » cède la
échanges d'étudiants, de professeurs et de chercheurs ainsi que la
place aux organisations Quelques produits exposés au salon NatExpo
(Photo : Jetro Paris)
locales.
collaboration en matière de recherche et développement. Les représentants de Kumamoto ont également pu visiter un centre de recherche sur le vin, ainsi qu'une cave vinicole, et des rendez-vous
dans
leur
futur.
Le partenariat entre Seto et Limoges
professionnels ont été organisés avec l'association régionale des
C'est également dans le cadre d'un programme « Local to Local » que
industries alimentaires.
les villes de Seto, dans la préfecture d'Aichi, et de Limoges ont opéré
Les derniers jours ont été consacrés à un déplacement, tout aussi
un rapprochement dans le secteur de la céramique technique.
concluant, à Cergy-Pontoise en région parisienne. L'Université de
Plusieurs missions ont été organisées dès novembre 2000 à Limoges,
Sojo et l'Ecole de Biologie industrielle ont signé une convention de
puis à Seto en janvier 2002 et de nouveau dans le Limousin en octo-
coopération universitaire marquant la volonté commune de ces deux
bre de la même année lors des troisièmes rencontres internationales
institutions d'intensifier leurs échanges d'étudiants, de professeurs et
de l'innovation dans la céramique Ceramic Network 2002. L'objectif
de chercheurs et d'intensifier la collaboration en R&D, particulière-
de ces missions composées d'industriels, de chercheurs, de représen-
ment dans les domaines du bio-alimentaire et de l'analyse des pro-
tants des collectivités était de bâtir une stratégie d'alliance technolo-
duits cosmétiques. L'Ecole de Biologie industrielle envisage d'envoyer
gique et industrielle. Preuve de la démarche volontariste des deux
des étudiants à l'Université de Sojo dès 2006.
régions dans leur démarche à l'international, un projet d'accord de
Des entretiens individuels, organisés par l'Agence de développement
coopération entre les chercheurs et universitaires des deux régions a
économique de Cergy-Pontoise, ont par ailleurs permis à une douzai-
été signé en octobre 2002 à Limoges et en novembre 2003, les deux
ne d'entreprises françaises locales d'établir des premiers contacts avec
villes ont signé une convention de jumelage.
leurs homologues japonais. Les villes de Kumamoto et Cergy-Pontoise
Daisaku Saito
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A VOS AGENDAS
DE JANVIER À MARS
2006
Depuis plusieurs années, Jetro Paris apporte son
soutien logistique et financier aux entreprises
japonaises souhaitant exposer leurs produits lors
de salons en France. Les prochains salons concernés par notre intervention sont le salon Maison &
Objet qui se déroulera à Paris du 27 au 31 janvier
2006 avec dix-sept exposants japonais, Tissu
Premier, le salon des tissus et accessoires qui se
tiendra à Lille les 25 et 26 janvier avec la participation de la chambre de commerce de Fujiyoshida,
le salon du prêt-à-porter de Paris du 2 au 5
février 2006 et SMAC, le salon des métiers et
activités de la création, du 19 au 21 mars à Paris
également.
En collaboration avec la Music Publishers
Association, Jetro participera par ailleurs au
Midem, le marché international de la musique, qui
se déroulera du 22 au 26 janvier 2006 à Cannes.
CONTACTS : Naomi Goto au 01 42 61 59 76
Pour le Midem, contactez Caroline Artus au 01 42
61 59 80
DU
8 AU 10
MARS
2006
La convention d’affaires Biosquare sur les biotechnologies se tiendra à Genève du 8 au 10 mars
2006. Jetro sera le maître d’œuvre du pavillon
japonais.
CONTACT : Patricia Cohen au 01 42 61 59 77
« FRANCE-JAPON L’ESPRIT PARTENAIRE »
La revue officielle de la campagne d’encouragement économique « France-Japon, l’Esprit partenaire » est disponible gratuitement sur simple
demande.
CONTACT : Isabelle Comtet au 01 42 61 27 27
LA
FONDATION RENAULT
Diplômés d’universités japonaises, soyez candidats
à une bourse de la Fondation Renault pour une
année d’études niveau master à l’Université de
Paris 1 Panthéon-Sorbonne ou à Polytechnique,
ou à Télécom ou à l’Ecole de Chimie de Paris.
Dossiers de candidature pour l’année 2006-2007 à
retirer avant mars 2006.
CONTACT : [email protected]
Le Centre UE-Japon pour la Coopération industrielle,
fondé par la Commission européenne et le Meti avec le
soutien de Jetro, organise diverses formations
axées sur la découverte du management et des marchés japonais, de l’organisation et des structures
industrielles au Japon.
DU
6 AU 10 MARS 2006
DERNIER RAPPEL!
La formation « Distribution & Business Practices
in Japan » vous apporte les connaissances nécessaires à l’élaboration d’une stratégie de marketing efficace pour les marchés asiatiques,
japonais en particulier. Grâce à cette mission, le
participant a une occasion unique de comprendre
quelles sont les méthodes les plus appropriées
pour atteindre le consommateur et en quoi le
marché japonais est unique. Le programme dure
une semaine et consiste en conférences, études
de cas et visites de fabricants, grossistes et
détaillants. Il prévoit également une visite du
salon Foodex Japan 2006.
Date limite de candidature : 31 janvier 2006
CONTACT : www.eujapan.com/europe/dbp.html
Tél. :+ 32 2 282 00 42 ou
[email protected]
Le journal de Jetro Paris / 4e trimestre 2005
INNOVER
Ecrans plats : l’avance du Japon
marché mature, dont le taux de pénétration atteignait un plafond et pour lequel les consommateurs avaient moins d'attentes. Dans ce contexte, les fabricants montrent des difficultés
grandissantes pour développer leur marque et leurs profits.
La compétition se situe sur le terrain technologique
comme sur celui des prix. La concurrence fait rage
entre les fabricants japonais qui tiennent les premières places mondiales du marché des écrans plats. Un
marché en pleine mutation puisque, pour la première
fois, les ventes des écrans LCD au Japon ont dépassé
celles des téléviseurs classiques.
Les stratégies des groupes japonais
LES VENTES DE TÉLÉVISEURS AU JAPON EN
2005
(en millions de yens)
600
500
400
300
200
tubescathodiques2005
100
LCD2005
oc
to
br
e
pt
em
br
e
se
ao
ût
ju
ille
t
ju
in
m
ai
av
ril
m
ar
s
fé
vr
ier
jan
v ie
r
0
Source: JEITA
Les chiffres de la consommation des écrans à tube cathodique
au Japon viennent de basculer depuis mai dernier en dessous
de ceux des écrans LCD (« Liquid Crystal Display »), selon
JEITA (« Japan Electronics & Information Technology Industries
Association »).
En effet, 291 000 téléviseurs LCD ont été vendus au cours de
ce mois, contre 240 000 postes classiques. En septembre, il
s'est vendu 338 000 écrans LCD contre 289 000 à tube cathodique. Selon les derniers chiffres disponibles, les ventes de janvier à septembre 2005 des écrans LCD s'élèvent à 2,71 millions
d'unités, soit une hausse de 63,6 % par rapport à celles de la
même période en 2004.
La tendance est similaire pour les écrans plasma, mais dans
une moindre mesure. Depuis le début de l'année et jusqu'en
septembre, il s'est vendu 258 000 écrans plasma au Japon,
une hausse de plus de 20 % par rapport à la même période en
2004. A l'inverse, les télévisions couleurs affichent un repli de
26,6 % à 3,04 millions d'unités vendues depuis le début de
l'année.
La demande des autres pays industrialisés prendra la même
direction dans les années à venir, signant la fin des tubes
cathodiques. La venue des nouvelles technologies a relancé un
L'audace du président de la société Sharp a été payante, en
focalisant toute son énergie sur le développement de la technologie LCD à un moment où personne n'y croyait vraiment. Il
peut aujourd'hui s'enorgueillir d'être le leader mondial du marché des LCD et de détenir presque la moitié du marché japonais, laissant loin derrière ses concurrents. Selon les chiffres du
premier semestre de la présente année fiscale japonaise, soit
d'avril à septembre 2005, les recettes des ventes de téléviseurs
LCD de Sharp ont progressé de 8 %, performance d'autant plus
appréciable que le prix unitaire de ces écrans diminue de 20 à
30 % par an. La direction explique son succès par une orientation de la consommation de plus en plus vers les écrans haut
de gamme de grande taille, lui donnant un avantage certain,
alors qu'elle a annoncé dernièrement la création d'un écran
LCD de 57 pouces. Son investissement dans les écrans LCD de
sixième génération lui permet par ailleurs d'améliorer sa productivité face à ses concurrents qui semblent souffrir de la
guerre des prix.
Très en retard sur la recherche et développement, Sony et le
groupe coréen Samsung ont créé un joint-venture en 2004,
afin de réduire les frais colossaux que cette technologie exige.
De même pour Hitachi, Matsushita Electric Industrial (sous la
marque Panasonic) et Toshiba, qui ont monté une société commune de production d'écrans de téléviseurs plats à cristaux
liquides. Mais les relations entre Sony et
Samsung semblent s'assombrir ces derniers
mois en raison d'une concurrence frontale sur le
terrain entre les deux groupes. Certaines
rumeurs vont jusqu'à annoncer le retrait de
Sony de ce secteur.
A travers l'évolution de la production d'écrans
LCD des industriels japonais, on remarque un
net ralentissement depuis le début 2005, se
confirmant tout au long de l'année. Le creux a
été atteint en mai, avec une production de
114,26 millions de yens, soit un repli de près de
24 % par rapport au même mois de l'année précédente. Selon les dernières statistiques disponibles, la production totale jusqu'en septembre
a reculé de 12,4 % par rapport à la même période de 2004. Le paradoxe entre une production
d'écrans LCD des industriels japonais en net
repli cette année alors qu'au même moment la
9
Ecrans plats : l’avance du Japon
La recherche technologique est décisive
10
Au niveau mondial, même si les Coréens semblent les talonner,
les fabricants japonais contrôlent près la moitié du marché des
écrans plats. Une telle force n'est pas le fruit du hasard, mais
celui d'une avancée technologique dans tous les domaines
nécessaires aux écrans plats, tels que l'optique ou la chimie. De
plus, le montage de ces écrans exige pour chaque étape un
personnel hautement qualifié. Toutes les dalles de Sharp sont
secrètement et exclusivement fabriquées au Japon.
Parallèlement, les consommateurs japonais, toujours friands de
nouveautés, incitent fortement les fabricants japonais à mettre au point de nouvelles technologies. Leur intérêt est donc de
se concentrer sur le haut de gamme.
On parle déjà des nouvelles générations d'écrans, après le
plasma et le LCD. Il est ainsi question de téléviseurs à diodes
électroluminescentes organiques, dont la mise sur le marché
pour les grands
écrans est prévue
en 2007. La
toute nouvelle
technologie SED
(« Surfaceconduction
Electron-emitter
Display ») va succéder à l'écran FED (« Field Emission Display ») dont l'intérêt
premier est le prix, bien inférieur aux autres technologies. Les
sociétés Canon et Toshiba comptent promouvoir cette technologie via une entreprise commune baptisée SED Inc. La première commercialisation au Japon est programmée dès l'année
prochaine. D'autre part, les sociétés Seiko, Epson et Sony
poursuivent le développement d'une technologie nommée
LCOS (« Liquid-Crystal On Silicon ») qui permettrait un prix
inférieur de moitié au plasma.
Personne n'est capable aujourd'hui de prévoir laquelle parmi
toutes ces technologies gagnera le marché des téléviseurs à
l'avenir. Quoiqu'il en soit, les chaînes de télévisions passent
progressivement à une diffusion numérique, motivant les
consommateurs à renouveler leur équipement. Même si les
prévisions de croissance des achats d'écrans plats ont été
surestimées par les industriels, une telle perspective de
renouvellement attise davantage la concurrence et ce d'autant plus que la télévision demeurera toujours la reine des
produits bruns.
(D.R.)
consommation japonaise est grandissante s'explique par la
guerre des prix que se livrent les divers acteurs mondiaux et
par la surestimation des prévisions de ventes. Les industriels
sont donc poussés à toujours plus innover afin d'acquérir une
avance technologique sur leurs concurrents.
Sur le marché japonais du plasma, la concurrence fait également rage. La société Fujitsu, pionnière dans ce secteur, se
retire. Se désengageant du joint-venture qu'elle détenait avec
Hitachi, qui a donc porté sa participation à 80,1 %, elle a cédé
son activité LCD à Sharp. Fujitsu ne vendait pas de téléviseurs
finis, ce qui ne lui permettait pas de profiter d'une chaîne de
production complète, de la fabrication au consommateur.
Caroline Artus
LE
CENTENAIRE DE LA LUNETTERIE
JAPONAISE
Une douzaine d’entreprises japonaises a exposé ses produits au
sont pas à leur premiere participation à des salons professionnels
dernier salon Silmo réservé aux professionnels de la lunetterie et de
puisqu’ils sont présents régulièrement au Silmo à Paris, mais aussi
l’optique. La plupart de ces entreprises sont originaires de la pré-
au Mido à Milan. La lunette est devenue un accessoire de premier
fecture de Fukui située sur la côte ouest du Japon. Fiefs tradition-
plan et les fabricants japonais entendent se positionner sur un
nels de l’industrie de la lunette, les villes de Sabae et Fukui
marché de qualité alliant leur grande expérience aux technologies
représentent encore aujourd’hui plus de 90 % de la production
les plus modernes. Isabelle Comtet
japonaise des montures optiques.
Cette industrie s’est née dans la région en 1905, il y a tout juste
cent ans, par la volonté d’un homme, Gozaemon Masunaga. Grâce
LES EXPOSANTS JAPONAIS AU
SILMO 2005
- Aoyama Optical Co. Ltd
- Nakanishi Optical Products
- Boston Club Co. Ltd
Corporation
vivre de nombreux paysans pendant les hivers longs et rudes. A
- Hamamoto Technical Co. Ltd
- Nidek
leur suite, d’autres fabricants et grossistes sont venus dans la
- Hiero House
- Optic Prima Co Ltd
région qui concentre donc encore aujourd’hui l’essentiel de la pro-
- Hoya Corporation
- Simon Associates
- Kaneko Optical Co. Ltd
- Volks Ltd
à son intervention, quelques artisans d’Osaka sont venus installer
leur activité naissante à Fukui, où la fabrication de montures a fait
duction japonaise. Les lunetiers de la préfecture de Fukui et l’association qui les fédère (« Fukui Optical Industrial Association ») n’en
Le journal de Jetro Paris / 4e trimestre 2005
Photos : D.R.
HORIZONS JAPON
Les autoroutes japonaises privatisées
Parallèlement à la privatisation de la Poste, celle des compagnies
la construction de liaisons non rentables. Au moment du lancement du
d'autoroutes est un des symboles des réformes structurelles voulues
projet de privatisation, plusieurs programmes de construction de nou-
par le Premier ministre japonais. La décision de leur passage dans le
velles autoroutes avaient été suspendus. Depuis, la plupart des projets
giron du privé avait été prise dès la fin 2001.
ont repris et sur les 9 342 km d'autoroutes que le gouvernement avait
Six sociétés au lieu de quatre
pour ambition de construire à travers tout le pays, environ 2 000 km
restent à finaliser, dont un tiers environ dépendra de la volonté des
Le 1er octobre 2005, quatre compagnies publiques gestionnaires
nouvelles compagnies privées. Les projets les moins rentables pour-
d'autoroutes ont été privatisées. La principale, Japan Highway Public
raient bénéficier d'un mécanisme selon lequel les revenus des auto-
Corp., a été divisée en trois compagnies régionales alors que les trois
routes les plus rentables leur seraient affectés.
autres sont passées dans le secteur privé sans autre refonte.
Par ailleurs, une entité administrative indépendante baptisée JEHDRO
Privatiser pour rationaliser
(« Japan Expressway Holding and Debt Repayment Organization ») a
Le processus des réformes poursuivi aujourd’hui par le Premier minis-
été créée pour gérer les actifs et les dettes issus des quatre sociétés
tre Junichiro Koizumi a démarré il y a une vingtaine d’années. Il a
d'origine.
débuté par la privatisation de grandes sociétés publiques permettant
D'ici mars 2006, les six compagnies nouvellement privatisées signe-
la création des sociétés privées comme Nippon Telegraph and
ront un accord avec cette nouvelle agence administrative sur les pro-
Telephone Corporation (NTT) en 1985, Japan Railway (JR) et Japan
jets de construction de nouvelles autoroutes et sur leur financement.
Air Lines en 1987. Ces réformes ont permis d’assainir certains secteurs
La tâche qui les attend sera lourde puisque dans un délai de 45 ans,
économiques et d’améliorer les services apportés aux consommateurs.
période au terme de laquelle la JEHDRO sera dissoute, les compagnies
Au cours de années 1990, une réforme de l’Etat s’est imposée, de
devront rembourser les 40 000 milliards de yens (354 milliards de dol-
même qu’une grande vague de déréglementations qui a concerné
lars) de dettes laissées par les compagnies publiques.
l’administration publique, les structures financières, la sécurité socia-
Au cours de cette même période, elles devront également transformer
le, les structures économiques, le système bancaire et l’éducation.
les autoroutes dont elles ont la gestion en routes sans péage. Une
Après la Poste et les régies d’autoroutes, le gouvernement actuel
gestion drastique des coûts va s'imposer à elles pour la maintenance,
devrait s’atteler à d’autres dossiers importants tels que la décentrali-
les services, l'administration et la collecte des péages jusqu'à présent
sation, qui accordera plus de pouvoirs aux collectivités locales, la fis-
dévolues à des filiales pas toujours très économes. La gestion du per-
calité, la redéfinition du rôle des institutions financières
sonnel devrait également être rationalisée afin de réduire les coûts.
gouvernementales et le système d’assurance-maladie.
La volonté réformatrice de Koizumi s'appuie sur l'idée de soumettre le
Isabelle Comtet
secteur autoroutier à une logique de rentabilité en imposant l'arrêt de
11
LAURIERS À
LDL Technology S.A.S.
12
LDL Technology est une société française
mobile. Parmi ses produits, elle propose
que Yamaha, Suzuki, Kawasaki, Honda.
spécialisée dans les systèmes d'électro-
une ligne innovante incluant la sur-
Pour cela, elle vient de créer un bureau
nique embarqués, créée depuis un an et
veillance de la pression des pneus, le
représentant japonais, LDL Technology
demi par deux ingénieurs, Philippe
contrôle sans clé, les calculateurs multi-
Japon, présidé par Takeo Kotajima. Avec
Lefaure et Dominique Luce. Issus tous
plexés. Depuis début août, elle commer-
le concours de l'IBSC (« Invest Business
deux de Siemens VDO Automotive, ils
cialise sur le marché européen son
Support Center ») de Jetro, elle bénéfi-
occupaient respectivement les postes
premier produit, le Tire Watch TM, un sys-
cie d’un bureau à Tokyo, d'un support
d'expert mondial RF du segment Car-
tème de surveillance de pression et tem-
logistique, de conseils en gestion d'en-
Body et responsable développement
pérature des pneumatiques pour motos.
treprise, administration, législation
mécanique sur le projet contrôle pres-
Un concept innovant permettant de
durant les deux premiers mois et pourra
sion des pneumatiques. LDL Technology
répondre à un besoin toujours grandis-
grâce à cette aide créer une filiale LDL
se consacre à investir tous les marchés
sant de sécurité sur les routes, en infor-
Technology Japon K.K début 2006. Dans
L D L Te c h n o l o g y S . A . S . 4 2 , a v e n u e d u G é n é r a l d e C r o u t t e 3 1 1 0 0 To u l o u s e
S i t e i n t e r n e t : w w w . l d l - t e c h n o l o g y. c o m
un futur proche, LDL Technology
aspire à devenir leader
mant le pilote en temps réel d'une fuite
« MotoBody » mondial auprès des
adaptant des technologies nouvelles ou
lente, d'une avarie ou d'une crevaison.
grands comptes et par la suite étendre
en cours de mise au point dans l'auto-
Désirant s'orienter vers le marché des
cette position à l'ensemble des marchés
grands comptes motos, LDL Technology
niches (marine, véhicules industriels,
s'exporte aujourd'hui au Japon dans le
micro car, camions, métro et tramway à
but de conquérir les constructeurs tels
pneus…).
Photo : LDL Technology S.A.S.
niches périphériques à l'automobile, en
Directeur de la publication : Tsuyoshi Nakai. Rédacteur en chef : Daisuke Yamaguchi. Rédaction/publication : Isabelle Comtet ([email protected]). Les articles expriment les opinions des rédacteurs et ne reflètent pas nécessairement l’opinion du Jetro. Dépôt légal : 4e trimestre 2005. N°
ISSN : 1254-6666. Publication Jetro Paris - Organisation japonaise du commerce extérieur 2, place du Palais-Royal 75044 Paris cedex 01. Tél.
: 01 42 61 27 27. Internet : http : //www.jetro.go.jp/france/paris