Les questions du Maître à ses disciples (12)

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Les questions du Maître à ses disciples (12)
FAMILLE DU CŒUR DE DIEU
Lettre16/1
Les questions du Maître à ses disciples (12)
25 janvier 2016
Les questions du Maître à ses disciples (12)
« Celui qui m’a vu a vu le Père. Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que
le Père est en moi ? » (Jn 14,9-10)
Jésus pose cette question dans le prolongement du lavement des pieds et
dans le contexte de son entretien suprême avec ses disciples. Ce long discours (Jn
14 à 17), au cours duquel le Seigneur donne ses dernières instructions à ses
disciples, correspond à une ancienne tradition biblique dite des « testaments ».
Celui qui va mourir rassemble ses proches, ses enfants, et leur transmet ses
ultimes recommandations. Ses paroles apparaissent dès lors comme un véritable
testament spirituel, souvent accompagné de bénédictions ou de malédictions. Le
mourant y manifeste ses dernières volontés et ses mises en garde afin que ses
descendants demeurent fidèles à l’Alliance et bénéficient de la bénédiction divine.
(cf. Gn 27,1-41 : bénédiction d’Isaac ; Gn 48-49 : bénédiction de Jacob ; Dt 33 :
bénédiction de Moïse, etc.) Ces recommandations sont importantes et engagent ceux
qui les reçoivent. Tel est le sens profond de ces entretiens de Jésus avec ses
apôtres, au moment où il affronte sa passion et sa mort. Ce sont des paroles fortes,
vraies et décisives pour celui qui les accueille comme pour celui qui les prononce.
« Qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14,9)
« Le mystère de la foi chrétienne est là tout entier. » (Pape François, Le Visage
de la miséricorde § 1, 11 avril 2015) Pour la première fois, Jésus révèle explicitement
et sans équivoque son identité et sa divinité à ses disciples. Jusqu’à présent, par
ses miracles et ses paroles, il y faisait discrètement allusion. Maintenant, c’est clair
et net. L’homme qu’ils ont devant les yeux est aussi le Fils qui ne fait qu’un avec le
Père, de même nature que lui et de même nature que ses disciples : Dieu et homme
à la fois. Indissolublement uni au Père : « Le Père est en moi et je suis dans le
Père » (14,10) et indissolublement uni à l’homme : « Chaque fois que vous l’avez fait
à l’un de ces plus petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt
25,40) Par cette affirmation, Jésus nous introduit au cœur même de la foi chrétienne
et nous invite à croire que lui, l’homme de Nazareth est le Fils de Dieu, qu’il est Dieu
autant qu’il est homme : une personne, deux natures, un « JE » qui, dans sa parole
ou ses actes humains, exprime la parole et l’action même du Père et de l’Esprit.
La conséquence en est que tout ce qui est humain en Jésus est en même
temps divin comme nous le rappelle le Pape François : « Jésus-Christ est le visage
de la miséricorde du Père » (§1) à la suite de Saint Jean-Paul II : « Jésus visage
humain de Dieu, visage divin de l’homme. » (Angelus - 11 janvier 2004) Jésus n’est
pas devenu « Seigneur » ou Dieu par la résurrection. Il l’est depuis toujours et n’a
pas cessé de l’être dans son Incarnation. La Résurrection ne fait que confirmer
cette réalité et authentifie ses paroles. La foi chrétienne se caractérise par cette
adhésion de cœur, inconditionnelle, à cette vérité : « Telle est la volonté de mon
Père : que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle, et moi je le
ressusciterai au dernier jour » (Jn 6,40). Là est toute la difficulté. Reconnaître ou
voir le Fils (Dieu) dans la personne humaine de Jésus ne peut se réaliser que par
l’action du Père : « Nul ne peut venir à moi (croire en moi) si le Père qui m’a envoyé
ne l’attire » (Jn 6,44). Son humanité était tellement réelle et prégnante qu’elle a
constitué l’obstacle majeur à son accueil comme Fils de Dieu par les Juifs. Ceci,
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Lettre16/1
Les questions du Maître à ses disciples (12)
malgré les preuves et les signes évidents qui manifestaient la puissance divine à
l’œuvre dans ses actes (Jn 10). Son humanité crève les yeux, sa puissance divine
étonne et questionne : « Qui est-il ? » N’est-ce pas, aujourd’hui encore, une très
grande difficulté pour nombre de nos contemporains ? Une telle foi est un don de
Dieu à demander et à cultiver sans cesse. Si nous ne croyons pas cela nous
sommes dans l’impossibilité de connaître le Père et de communiquer avec lui en
vérité, puisque nous ignorons tout de lui (cf.1 Jn 2,22-25 à lire et 1 Jn 4,15). Croire en
Jésus vrai Dieu et vrai homme change tout, change le monde et nous transforme
nous-mêmes par un processus de conversion permanente (Mc 1,15).
« Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ? »
Jésus réitère ici ce qu’il avait affirmé à ceux qui voulaient le lapider : « Le
Père et moi, nous sommes un » (Jn 10,30). Il revendiquait par là sa divinité,
conscient d’être le visage humain du Père invisible : « Qui m’a vu a vu le Père » (Jn
14,9). Sur la terre, nous n’avons pas d’autre image de Dieu que celle que le Père
nous a donnée de lui-même en Jésus-Christ. Toutes les autres images ne sont que
des projections humaines. Elles ne disent pas qui est Dieu en réalité, mais ce que
nous voudrions qu’il soit ! Ce sont des idoles illusoires. Jésus est l’unique visage
ou icône du Père, le seul intermédiaire entre lui et nous : « Personne ne va au Père,
sans passer par moi » (Jn 14,6). Aussi, n’hésite-t-il pas à affirmer qu’il est l’unique
chemin de la connaissance du Père : « Nul ne connaît le Père si ce n’est le Fils, et
celui à qui le Fils veut bien le révéler » (Mt 11,27), comme il est l’unique PORTE des
brebis, celle qui donne accès au cœur du Père où elles font l’expérience de la
miséricorde. Cette Lettre nous fait entrer de plain-pied dans l’année jubilaire de la
miséricorde. Elle nous invite à contempler dans la personne de Jésus, et plus
particulièrement dans son côté transpercé, témoignage absolu de la miséricorde
divine, la porte ouverte et jamais refermée de la miséricorde du Père, du Fils et de
l’Esprit Saint. Porte sainte que nous avons à passer et à incarner aujourd’hui.
Comment cela peut-il se faire ?
Puisque, « à travers sa parole, ses gestes, et toute sa personne, Jésus de
Nazareth révèle la miséricorde de Dieu » (§ 1), il est nécessaire de contempler son
visage pour devenir une icône de la miséricorde, être « miséricordieux comme le
Père » et « en faire notre style de vie » (§ 13). Pour cela, il « faut d’abord nous
mettre à l’écoute de la Parole de Dieu » (§ 13) dans le silence et la prière. Il ne s’agit
pas seulement l’entendre, mais de l’appliquer à notre vie afin de devenir Celui que
nous contemplons. De même que Jésus est le visage humain de Dieu, nous
sommes appelés à être pour nos contemporains le visage miséricordieux du Christ,
une porte, un cœur ouvert comme le sien pour accueillir, être disponible et partager.
Ai-je écouté, prié, contemplé et mis en pratique aujourd’hui un texte de la
parole de Dieu ? Suis-je, par mon témoignage, mon sourire, mes paroles et mes
actes, une porte ouverte qui permette la rencontre avec le Christ, chemin vers le
Père ? Suis-je au contraire une porte blindée ? À qui ai-je fermé mon cœur
aujourd’hui ? Pour quelle raison ? À qui l’ai-je ouvert ? Quel visage du Christ suis-je
pour ceux qui m’entourent : un visage dur qui fait peur, qui éloigne et rebute ou un
visage qui apaise et suscite la confiance ? Suis-je un cœur de miséricorde, ouvert à
Dieu et aux besoins des frères ? Suis-je témoin aujourd’hui du Cœur de Dieu par ma
bienveillance, ma fidélité, le pardon reçu, donné et demandé ?
P. Henri CALDELARI
msc
La Pomarède 15230 Paulhenc (France) - www.la-pomarede.cef.fr - rubrique L’Actualité
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