Un signe d`ouverture
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Un signe d`ouverture
Date : 08/01/2014 Pays : FRANCE Edition : Bordeaux Rive gauche Page(s) : 18 Périodicité : Quotidien Surface : 28 % > Cliquez ici pour voir la page de l'article INSERTION Sourde de naissance, Manon Guillaume effectue un service civique à la mission locale Technowest Un signe d'ouverture Son objectif : abaisser les barrières avec le monde des entendants OLIVIER DELHOUMEAU On le sait, l'accès à l'emploi relève du parcours du combattant pour les personnes handicapées. Cette situation est particulièrement vraie pour la communauté des sourds et malentendants. Stéphanie Curic le constate au quotidien. Conseillère d'insertion à la mission locale Technowest, elle est référente à temps complet sur ces questions et accompagne toutes sortes de publics : malvoyants, handicapés mentaux, moteur, etc. " J'exerce une mission d'appui. J'ai été formée pour connaître les dispositifs spécifiques, les aides relevant notamment de l'Agefiph. Sur la centaine de personnes que j'accompagne en insertion, quatre, seulement, présentent une déficience auditive ", confirme-t-elle. Identifier les besoins Quelles sont les raisons de cette distorsion ? Comment inverser la tendance ? Pour essayer d'y voir plus clair, la mission locale Technowest a confié, en novembre, une mission de prospection à Manon Guillaume. Âgée de 26 ans, cette jeune femme, sourde de naissance, accomplit un service civique jusqu'en avril au sein de la structure. Au-delà de sa connaissance évidente de la culture des sourds, elle a été choisie pour ses compétences. Titulaire d'une licence professionnelle en insertion, elle a effectué il y a deux ans un stage au sein de cette même association. " On a fait connaissance à cette occasion. Elle a découvert le métier de conseillère à mes côtés et je continue de l'accompagner dans son projet professionnel ", explique Stéphanie Curic. Stéphanie Curic et Manon Guillaume vont former un tandem jusqu'en avril. PHOTO O.D.Manon Guillaume s'attelle en tant que médiatrice à faire le lien avec les personnes sourdes ou malentendantes en situation de recherche d'emploi. " Je vais à leur rencontre afin d'identifier leurs besoins. Je les informe sur les dispositifs existants, les aide au besoin à rédiger un CV, une lettre de motivation ", signe-t-elle. Pour ce faire, elle pousse la porte des associations de sourds, écume les écoles spécialisées, fréquente des lieux plus informels. Fort taux de chômage " L'accès à l'information est à la base un gros problème. " La communication, source d'appréhension, reste un frein majeur. " À l'école, les apprentissages se font d'abord en langue des signes, poursuit-elle. Le français écrit s'apparente à une langue étrangère. Les structures entre les deux diffèrent beaucoup. Résultat, si certains élèves progressent, d'autres stagnent et arrêtent leur scolarité prématurément. Dès la troisième. " Problème, le marché de la formation et de l'emploi n'est pas toujours adapté à l'accueil de ce public. Même si, localement, des entreprises comme Cultura, Leroy Merlin ou Mac Donald's font des efforts pour tenter de réduire le fossé. En l'absence de statistiques officielles, une étude du Serac (sourd entendant recherche action communication) estime que les sourds représentent 8 % des Français, soit près de 5 millions de personnes dont 2 millions auraient moins de 55 ans. Selon cette même étude, le taux de chômage atteindrait 50 à 60 % de la population sourde. En s'attachant les services de Manon Guillaume, la mission locale Technowest s'emploie à faire bouger les lignes à son niveau. " Grâce à notre médiatrice, treize autres personnes sourdes ont franchi notre porte ", souligne Stéphanie Curic. Un premier pas qui en appelle forcément d'autres. 077C38BD59302F0AD0EB03E3AD0CE5BD0E503B8D1144466B4321DBE Tous droits de reproduction réservés