Alexandra Kollantai

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Alexandra Kollantai
Alexandra Kollontai (1872-1952)
Révolutionnaire et féministe russe, Alexandra Kollontai fut la première femme
ministre, puis ambassadeur, de l’histoire. Seule ou presque de la vieille génération bolchevik,
elle échappa à la répression stalinienne.
Alexandra Kollontai, fille unique d’un général membre de l’état-major russe, refuse à 17 ans
un mariage imposé et obtient trois ans plus tard d’épouser l’homme qu’elle aime. Mais elle a
pris le goût des voyages en Europe et des idées révolutionnaires. Tôt séparée de son mari,
dont elle avait eu un fils, elle réside à Berlin, Paris, Genève, en Italie, rencontrant les figures
du mouvement révolutionnaire russe (Plekhanov, Lénine), allemand (Rosa Luxemburg,
Kautsky), français (Paul Lafargue, gendre de Marx, dont elle prononce l’éloge funèbre à
Paris en 1911). Rentrée en Russie lors de la révolution de 1905 elle y révèle ses talents
d’oratrice, mais doit vite s’exiler.
Féministe et marxiste, elle participe avec Clara Zetkin à la conférence internationale
des femmes socialistes (1910) qui décide la célébration du 8 mars, journée des femmes. Au
congrès de l’Internationale socialiste de 1912 sa fougue oratoire la fait qualifier de « Jaurès
en jupon ». Répudiant « les dogmes vétustes de la morale bourgeoise hypocrite », dans ses
écrits comme dans sa vie, fière de sa beauté, elle ne cache pas ses liaisons amoureuses,
qui choquent Lénine.
La guerre mondiale l’amène à se réfugier dans les pays neutres d’Europe du nord,
puis aux États-Unis où elle multiplie conférences et meetings. Naguère de sensibilité
menchevik, elle devient alors bolchevik. Rentrée en Russie en mars 1917, seule femme à
siéger au comité central bolchevik, elle se prononce pour l’insurrection d’Octobre. Aussitôt
nommée commissaire du peuple à l’Assistance publique, elle fait adopter le mariage civil,
l’égalité entre enfants légitimes et naturels, et le divorce par consentement mutuel. Sa
défense de l’amour libre, son intention de détruire la famille, agacent fortement Lénine,
d’autant qu’elle rallie peu après la minorité de l’ « Opposition ouvrière » au sein du parti
bolchevik. Elle participe pourtant activement à la propagande révolutionnaire, se dépensant
sans compter à travers la Russie.
Commence ensuite sa carrière de diplomate : en 1922 elle représente la Russie
soviétique en Norvège, première femme à occuper un tel poste, élevé au rang d’ambassade
en 1924. Toujours féministe, membre honoraire de la « British Society for Sex Psychology »,
elle écrit sur la sexualité masculine et féminine (Eros), et sur la morale nouvelle (Le Mode de
vie et la morale prolétarienne). Après une brève mission au Mexique, elle redevient en 1927
ambassadeur d’URSS en Norvège puis en Suède. Ses manières demeurées aristocratiques,
son multilinguisme, son expérience politique en font une efficace exécutante de la diplomatie
soviétique, qui échappe aux purges staliniennes. Elle quitte pourtant précipitamment la
Suède en mars 1945. Dès lors, d’une santé dégradée, elle vit à Moscou ses dernières
années dans l’isolement, et meurt en 1952.