Dossier pédagogique : Résumé de l`exposition Africasylves Les

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Dossier pédagogique : Résumé de l`exposition Africasylves Les
Dossier pédagogique :
Résumé de l’exposition Africasylves
Les forêts d’Afrique centrale
Les forêts couvrent environ 30 % des terres émergées de la planète. L’Afrique Centrale abrite
le second massif de forêts denses humides après le bassin amazonien.
Au Cameroun, Gabon, Guinée Equatoriale, République Centrafricaine, République du Congo
et République Démocratique du Congo, les forêts denses couvrent une grande partie du
territoire (en moyenne 40 % de l’étendue totale des ces états).
Il n’existe pas un type unique de forêt tropicale mais de nombreuses variantes dépendant du
climat, du sol, de l’altitude et de l’Homme…Forets sempervirents ou semi sempervirentes,
forêts marécageuses, forêts submontagnardes, etc.
Les forêts d’Afrique centrale n’ont pas toujours été semblables à ce qu’elles sont aujourd’hui.
Elles ont connu une dernière phase aride il y a environ 2.500 ans. Cela s’est traduit par une
extension brutale des savanes et des végétations pionnières. La reconquête forestière aurait
débuté il y a 2.000 ans et se poursuivrait toujours actuellement, bien que les changements
climatiques actuels puissent affecter cette évolution.
Parallèlement, l’Homme a profondément modelé les forêts africaines, injustement considérées
comme « vierges ». Avant d’être regroupées par les forces coloniales le long des axes routiers,
les populations africaines vivaient en effet en pleine forêt qu’elles défrichaient au gré de leurs
besoins en terre agricole. Elles y pratiquaient une agriculture sur brûlis et se déplaçaient dès
que la fertilité des terres diminuait en laissant derrière elles de vastes zones propices à la
régénération d’espèces avides de lumière. Ces espèces constituant alors des forêts dites
secondaires.
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Leurs richesses
Les forêts d’Afrique centrale hébergent une exceptionnelle biodiversité, tout en représentant
des puits de carbone d’une importance mondiale.
Il existe plus d’un millier d’espèces d’arbres dans les forêts denses humides d’Afrique
Centrale. Les plus grands arbres peuvent dépasser quarante mètres de hauteur et trois mètres
de diamètre.
Certaines ne se régénèrent qu’en plein découvert, notamment dans les champs abandonnées
par les agriculteurs nomades (espèces héliophiles). D’autres espèces préfèrent les conditions
plus clémentes des chablis. Ceux-ci proviennent de la chute naturelle ou artificielle (abattage)
d’un arbre (espèces semi-héliophiles). Finalement, rares sont les espèces d’arbres dont la
croissance est possible dans la pénombre du sous-bois.
Dépassant parfois cent mètres de longueur, les lianes relient les arbres entre eux. Elles
peuvent ainsi être à l’origine de chablis dits multiples : lorsqu’un arbre bascule, il entraîne ses
proches voisins. Les ouvertures engendrées sont alors de grande dimension et permettent un
rajeunissement localisé de la forêt. Certaines lianes nous fournissent une eau « filtrée »
naturellement…
La multitude d’arbres et de lianes ne laisse finalement passer que très peu de lumière au
niveau du sol et donc rares sont les espèces herbacées s’y développant. Alors que dans
l’imaginaire collectif, le sous-bois des forêts tropicales africaines foisonnent de mille
couleurs, il n’en est rien. Tons bruns et verdâtres dominent.
Les animaux des forêts d’Afrique Centrale jouent présentent également une grande diversité.
Les forêts d’Afrique Centrale comptent environ 270 espèces de mammifères. Environ 80 %
des espèces d’arbre voient leurs fruits dispersés par les animaux. Eléphants, gorilles,
chimpanzés, petites primates, oiseaux, chauves-souris jouent un rôle clé dans le maintien de la
diversité végétale. Mais le rôle du vent n’est pas à négliger.
Beaucoup d’animaux sont également une source majeure de protéines et de revenus pour les
populations locales.
Ils constituent cependant un patrimoine inestimable comme élément de la biodiversité à
l’échelle de l’Afrique et de la planète.
Animaux et végétaux, du plus petits aux plus grands, interagissent tous au sein de
l’écosystème complexe de la forêt tropicale humide.
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L’Homme et la forêt
La plus grande partie de la population vit d’une petite agriculture itinérante sur brûlis
pratiquée pour la subsistance. Cette pratique consiste à brûler la végétation (y compris les
arbres) pour libérer les précieux éléments minéraux indispensables à la culture. Après
quelques années d’exploitation, lorsque la fertilité diminue, la terre est laissée en jachère et la
forêt se réinstalle. Le système est considéré comme durable pour autant que la densité de
population ne soit pas trop élevée. Ce système a été à l’origine de l’expansion de la plupart
des espèces exploitées pour leur bois. Mais au-delà d’un certain seuil, le temps de jachère se
réduit dangereusement et la forêt ne peut plus se réinstaller. C’est cette agriculture qui
apparaît comme étant la principale cause de déforestation dans la sous-région. Cette
déforestation, estimée à environ 0,2 % par an, reste malgré tout modeste par rapport à ce qui
se passe dans d’autres régions du monde.
Les populations d’Afrique centrale utilisent les produits forestiers comme produits
médicinaux et les pratiques rituelles, nourriture (champignons, miel, feuilles, viande de
brousse, fruits, graines, poissons…), matériaux de construction, pour l’artisanat ou source
d’énergie domestique (bois de chauffe pour la cuisine).
Pratiquement toutes les espèces de grandes et de moyennes taille sont chassées (antilopes
forestières, singes, buffle), indépendamment de leur éventuel statut de protection. Il en est de
même des espèces plus petites. La viande de brousse représenterait de 30 à 80 % de l’apport
protéique des communautés dépendantes de la forêt.
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On peut estimer que 45 % de la superficie forestière d’Afrique Centrale est sous un statut de
concession forestière, donc dédiée à l’exploitation du bois. Toutefois, ces forêts ne jouent
qu’un rôle mineur dans le commerce international du bois puisque leurs parts relatives dans la
production mondiale peuvent être estimées à moins d’un pourcent, tant pour les grumes (bois
non transformés) que pour les produits transformés. Il est ainsi éloquent de constater que la
Belgique produit à elle seule la moitié du volume de grumes et davantage de bois transformés
que toute l’Afrique Centrale, alors que sa superficie forestière est 300 fois plus petite !
Le marché du bois est très sélectif et l’exploitation est limitée en conséquence à quelques
espèces. Ainsi, plus de trois quarts des exportations sont assurés par moins de 10 espèces,
quelque soit le pays. Cette grande sélectivité a pour corollaire une exploitation moyenne de
0,5 à 2 pieds par hectare. L’impact sur le couvert forestier demeure en conséquence limité
avec 10 % de couvert perturbé dont la majeure partie se referme très rapidement, pour autant
que le laps de temps entre deux coupes soit suffisant.
En ouvrant des pistes dans des massifs forestiers autrefois difficilement accessibles,
l’exploitation forestière est souvent responsable d’une recrudescence de la chasse et du
braconnage à destination des grands centres urbains. Sans un contrôle strict de l’accès aux
routes nouvellement créées, la forêt peut se vider de son gibier. Les campements forestiers
représentent également une demande en viande de brousse considérable. Sachant que la
plupart des espèces d’arbres ont des fruits dispersés par des animaux (au moins 60 %), les
conséquences peuvent se faire ressentir sur l’ensemble de l’écosystème.
Par ailleurs, bien que représentant un important pourvoyeur d’emplois et de développement
local (au Cameroun, 50 % des taxes forestières sont reversées aux communes et villages), des
conflits peuvent surgir d’une compétition pour les ressources entre sociétés forestières et
populations locales. On entend par essence concurrentielle toute espèce végétale recherchée à
la fois par les populations locales d’une part, et par l’exploitant forestier et ses ayants-droits
(employés et leurs familles) d’autre part.
Enfin, en créant des « villes en forêt », l’exploitation propage d’inévitables fléaux que sont les
maladies sexuellement transmissibles ou l’alcoolisme. Et bien que l’expansion du monde
occidental et de ses valeurs ne soit pas le seul fait de l’exploitation forestière, sa présence au
cœur des massifs contribue également à la lente acculturation des peuples au mode de vie
encore traditionnel. L’ouverture des massifs par la route s’accompagne également d’une
affirmation du pouvoir de l’état, d’un progrès des commerces et des télécommunications,
d’une extension de l’argent comme mode d’échange et de l’arrivée des églises évangélistes.
Un ensemble de profonds changements qui font des sociétés humaines d’Afrique centrale des
sociétés en pleine mutation, balançant entre tradition et modernisme.
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L’exploitation durable
Grâce à un effort croissant des pays du Sud, qui ont adapté au cours des dernières années leurs
législations forestières, on peut estimer qu’une gestion durable se met progressivement en
place sur environ 30 millions d’hectares en Afrique Centrale.
Cette gestion passe par l’élaboration de plans d’aménagement qui intègrent les trois fonctions
essentielles de l’écosystème forestier, soit les fonctions de production, écologiques, et
sociales. Elle repose sur un inventaire statistique des ressources (en bois mais aussi en
produits forestiers non ligneux, dont la faune) et des enquêtes socio-économiques.
Elle se traduit notamment par la définition d’un plan d’affectation du sol (production,
protection, conservation, agroforesterie), par l'adoption de diamètres minima d’exploitation
compatibles avec la reconstitution de la ressource (souvent entre 70 et 100 cm), par le choix
d’un temps de passage entre deux coupes visant les mêmes objectifs de reconstitution
(généralement compris entre 25 et 30 ans), et in fine par la division de la concession en autant
d’assiettes annuelles de coupe. L’exploitation proprement dite est précédée d’un inventaire en
plein et d’une cartographie précise de l’ensemble des pieds exploitables afin de réduire les
dégâts au peuplement d’arbres.
Certaines compagnies vont même au-delà des exigences légales en développant d’importants
programmes d’intervention dans le cadre de la gestion de la faune et de la lutte antibraconnage, de promotion d’alternatives alimentaires (élevage, pisciculture), de l’appui à la
foresterie communautaire, de la régénération assistée de la forêt. Tel est le cas des partenaires
de Gembloux Agro-Bio Tech : Pallisco, CEB, Wijma, Rougier. Cette bonne gestion est
d’ailleurs reconnue internationalement par l’attribution d’un certificat de gestion durable FSC.
Cette certification, à l’instar de la certification PEFC (PAFC) garantit au consommateur
européen que le bois qu’il achète respecte des normes d’une très grande exigence du point de
vue social et environnemental.
On peut raisonnablement penser qu’à relativement brève échéance, la plupart des grandes
concessions forestières (surtout à capitaux européens) seront dotées d’un plan d’aménagement
moderne. Pour y arriver, les entreprises forestières sont de plus en plus demandeuses d’un
appui technique et scientifique. Aujourd’hui, elles n’hésitent plus s’entourer des compétences
de divers organisations non gouvernementales (ONG) et centres de recherches.
La situation est cependant différente pour les petits exploitants, souvent nationaux, qui sont
dépassés par la technicité requise et par les coûts élevés de l’aménagement (de 2 à 5 EUR par
hectare, uniquement pour l’élaboration d’un plan d’aménagement). La tentation est alors
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grande d’évoluer dans le secteur informel et illégal… Selon divers observateurs, ce secteur est
loin d’être négligeable dans certains pays et interviendrait de façon notable dans les volumes
de bois exploités. Pour y remédier l’Union Européenne appuie un ambitieux programme
intitulé FLEGT visant, à terme, à stopper toute exportation de bois illégal grâce à un appui
dirigé spécifiquement vers ces pays.
Gérer sur le long terme les forêts tropicales est un véritable défi tant nos connaissances de ces
écosystèmes demeurent limitées. Vouloir prohiber l’exploitation du bois tropical revient à
priver les pays du Sud d’ une ressource économique indispensable à leur développement. Le
risque est alors grand d’assister à la conversion de ces espaces uniques en d’autres usages qui
s’avèreraient finalement bien plus lucratifs (plantations en vue de la production de
biocarburant par exemple).
En complément de la mise en place d’un réseau d’aires protégées, les compagnies forestières
peuvent jouer un rôle déterminant dans la préservation des forêts denses humides tropicales en
les aménageant sur le long terme. Elles peuvent ainsi garantir l’intégrité de massifs de taille
parfois considérable. Toutefois, une gestion forestière durable des forêts d’Afrique Centrale
n’est envisageable qu’avec le concours des Etats concernés qui doivent à la fois légiférer en
la matière et contrôler la gestion forestière. Le soutien de la communauté internationale
(bailleurs de fonds, organisations internationales, ONG, centre de recherche) est tout aussi
indispensable pour la mise en place d’outils et d’incitants de gestion durable (dont la
certification) qui doivent être réalistes et adaptés aux contextes locaux.
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Le projet Africasylves a été réalisé dans le cadre du 150ème anniversaire de Gembloux AgroBio Tech (Université de Liège).
Activités scolaires et dossiers pédagogiques réalisés dans le cadre du projet VivaSciences
(diffusion des sciences de l’Université de Liège, Gembloux Agro-Bio Tech).
VivaSciences
UNIVERSITE DE LIEGE
Gembloux Agro-Bio Tech
Passage des déportés, 2
B-5030 Gembloux
T : 081/62 22 66
F : 081/ 62 25 20
[email protected]
www.vivasciences.be
avec le soutien du SPW, DGO6 – Département du Développement Technologique
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