Des cabinets dentaires mobiles au chevet des patients isoles

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Des cabinets dentaires mobiles au chevet des patients isoles
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Actualité - France
Samedi 12 mars 2016
Une dentiste du réseau "Incisiv" au domicile d'une patiente, le 10 mars 2016 à Paris - THOMAS SAMSON (AFP)
Une soupière argentée trône au milieu des instruments de la dentiste, soigneusement étalés sur la table
du salon. Marie-Laurence Moure n'officie pas dans son cabinet. Elle soigne à domicile une patiente à
mobilité réduite.
"Nous pouvons presque tout faire: détartrage, soins, prothèses, extractions", explique-t-elle, en
réajustant la prothèse de cette dame, handicapée par la maladie de Parkinson. "Sauf les extractions
compliquées et les implants", seulement autorisés en milieu chirurgical.
"Travailler à domicile n'est pas toujours facile parce qu'on est souvent penché, mais on s'adapte", sourit
la praticienne qui prend soin de ménager son dos. D'autant que les mallettes d'instruments pèsent
jusqu'à 35 kilos, malgré un matériel miniaturisé.
Deux fois par semaine, elle revêt blouse blanche, gants, masque et petite lampe frontale pour aller au
chevet de patients à domicile ou dans des maisons de retraite de la région parisienne, accompagnée d'un
assistant dentaire et d'un chauffeur. Le reste du temps, elle reçoit à son cabinet, dans le 17e
arrondissement.
Marie-Laure Moure fait partie du réseau "Incisiv", basé à Boulogne (Hauts-de-Seine), qui réunit 7
dentistes réguliers et 40 occasionnels.
"Les deux activités sont très complémentaires", dit-elle. "A domicile, c'est très valorisant parce qu'on
soulage vraiment les gens. Des liens plus chaleureux se créent aussi car ils n'éprouvent pas cette
fameuse peur du dentiste".
"Incisiv" a été créée en juin 2013 par Agnès Gepner dont le père, également atteint de Parkinson, avait
dû renoncer aux soins dentaires.
"Toutes les études montrent qu'il y a un besoin criant de dentistes à domicile ou dans les Ehpad"
(établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes), explique cette médecin
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anesthésiste de 58 ans, reconvertie à l'entrepreneuriat social.
- Bientôt en province Selon des données officielles, entre 60 et 80% des résidents en Ehpad avaient des dents en mauvais état
en 2013. "La moitié d'entre eux n'avait pas vu de médecin depuis cinq ans", déplore Mme Gepner.
"Les déserts médicaux sont dans chaque immeuble parisien", martèle-t-elle depuis son bureau à
Boulogne d'où partent les quatre camionnettes qui sillonnent la capitale.
Pourtant, la santé bucco-dentaire est indispensable à un bon état général.
Les bactéries buccales peuvent en effet migrer par la voie sanguine dans tout l'organisme: le coeur, les
sinus, les reins, les yeux, les articulations.
Chez les personnes âgées, "une bouche infectée, inconfortable ou douloureuse conduit à la dénutrition, à
la diminution de leur masse musculaire, donc à plus de chutes, de fractures et in fine d'hospitalisations",
observe-t-elle.
Sans compter le risque d'isolement social chez des personnes honteuses de montrer leurs dents.
Les jeunes peuvent eux aussi restés confinés chez eux en raison d'une maladie comme la sclérose en
plaques ou d'un accident grave.
"Ils privilégient de manière légitime les soins vitaux et font souvent l'impasse sur les soins dentaires",
explique Mme Gepner.
Face à ce besoin immense, "Incisiv", qui emploie déjà 11 salariés, "a prévu d'ouvrir cette année une base
à Lyon puis trois agences par an dans toutes les grandes villes de France, à commencer par Nice,
Bordeaux, Rennes, Lille", indique la fondatrice.
Mais ce déploiement nécessite un lourd investissement car chaque camionnette entièrement équipée
coûte 40.000 euros. Chacune embarque du matériel compact identique à celui utilisé par l'armée.
"En juin dernier, on a levé 340.000 euros de fonds et on prépare une seconde levée pour le déploiement
en province", explique Mme Gepner, convaincue du succès de ce concept qui n'existe, selon elle, nulle
part ailleurs dans le monde.
"Il y a bien quelques initiatives comme les +bucco-bus+ mais les patients doivent venir à eux", ajoutet-elle. Le coût de ces bus, exorbitant (entre 300.000 et 400.000 euros) et pris en charge par les pouvoirs
publics, a souvent conduit à l'abandon du projet.
Pour se rémunérer, "Incisiv" facture chaque déplacement entre 85 et 190 euros, selon la distance
parcourue.
"Ce n'est pas pris en charge par la Sécurité sociale. Mais je n'avais pas le choix. Je ne peux plus me
déplacer", explique la patiente parisienne qui a souhaité garder l'anonymat. "Sans prothèse, je ne
pouvais plus manger. J'ai beaucoup de chance d'être tombée sur Incisiv".
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