Profil de la Chine

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Profil de la Chine
Profil des Philippines
Coup d'oeil sur les Philippines
Les Philippines se composent d'un archipel de 7 100 îles sur lesquelles vivent 68 millions
d'habitants. En raison du poids de sa dette extérieure et d'une croissance économique au point
mort durant les années 1980, on surnomma le pays le grand malade de l'Asie de l'Est, si bien qu'il
dut lancer de grandes réformes. L'État cherche ainsi à rivaliser d'ici l'an 2000 avec la prospérité
économique et l'industrialisation des tigres de l'Asie que sont entre autres Taïwan et la Corée du
Sud. La majorité du peuple philippin continue toutefois de vivre dans la pauvreté. Un taux de
chômage élevé oblige des millions de Philippins à travailler à l'étranger. La présence de plusieurs
milliers d'organisation non-gouvernementales crée aux Philippines un niveau de militantisme
élevé par rapport aux autres pays de l'APEC dans l'Asie du Sud-Est. L'un des 10 plus importants
investisseurs au pays, le Canada préconisait des liens commerciaux plus étroits avec le pays lors
de la Mission Équipe Canada de janvier 1997. Les Philippines sont également un pays prioritaire
au chapitre de l'aide canadienne au développement, ayant reçu plus de 24 millions $ en 1995-96.
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Superficie (km2) : 300 000
Religions : catholique, protestante, islamique, animiste
Langue officielle : Tagal
Indice du développement humain : 98/174
Indicateur des disparités des sexes dans le développement: 81/174
Classement du Freedom House sur les droits politiques et les libertés civiles : libre
Espérance de vie (1994) : femmes, 68,9 ans; hommes, 65,2 ans
Mortalité infantile (1994) : 36/1000 naissances vivantes
Alphabétisation (1994) : femmes, 93,9 p.100; hommes, 94,8 p.100
PIB/habitant (1994) : 950,00 $ US
Tiré du Rapport mondial sur le développement humain 1997 du PNUD et Freedom House
Survol de l'histoire politique
Ancienne colonie américaine, les Philippines ont accédé à l'indépendance en 1947. Les ÉtatsUnis y ont maintenu des bases militaires jusqu'aux années 1990. Le président Ferdinand Marcos,
élu en 1965, a déclaré la loi martiale en 1972. Il a perdu le pouvoir en 1986 après l'élection éclair
de la dirigeante de l'opposition populaire, Corazon Aquino. En 1987, la présidente Aquino a
rétabli les institutions démocratiques du pays et fait adopter une nouvelle constitution.
Le système électoral permet à plusieurs partis de se présenter aux élections et accorde le droit de
vote à tous les citoyens âgés de 18 ans et plus. Le président détient le pouvoir exécutif, tandis
que le pouvoir législatif appartient à une chambre des représentants et au sénat. En 1992, l'ancien
ministre de la Défense au sein du cabinet Aquino, Fidel Ramos, a été élu président du pays dans
ce qui a alors constitué le premier transfert de pouvoir pacifique de l'histoire du pays. Une
coalition progouvernementale dirigée par Ramos a remporté les élections locales et nationales en
1995. Des élections présidentielles sont attendues en 1998.
Développement et droits démocratiques : nouvelles formes de violations
En dépit des réformes démocratiques, l'appareil militaire conserve un pouvoir important aux
Philippines. Au cours des années 1990, on a imputé aux forces armées, à la police nationale et
aux milices civiles plusieurs cas d'exécutions extrajudiciaires, de disparitions, de tortures,
d'arrestations et d'emprisonnements arbitraires. La plupart des abus contre le Front démocratique
national (le Parti communiste et sa branche armée) et les forces moro de libération (des groupes
qui combattent pour l'autonomie des musulmans) découle des mesures anti-insurrectionnelles.
Les processus de paix engagés récemment ont entraîné une diminution générale des violations
des droits politiques. La Commission des droits de l'homme, un organisme gouvernemental
indépendant, a rapporté 64 assassinats extrajudiciaires et 54 cas d'arrestations et de détentions
illégales durant le premier trimestre de 1996, comparativement à 172 et 129 durant toute l'année
1995.
On constate par ailleurs que les droits continuent d'être violés en lien avec des conflits touchant
les projets de développement, la dégradation de l'environnement et les droits territoriaux des
autochtones. Certaines ONG de la région ont qualifié d'agression par le développement cette
nouvelle forme de violations des droits politiques. Plusieurs ONG du pays comme le Task Force
Detainees of the Philippines s'occupent de surveiller les violations et de faire pression pour
obliger le gouvernement à rendre des comptes. Ces ONG rapportent que les troupes
gouvernementales relocalisent de force des communautés entières afin de laisser le champ libre à
des projets industriels et commerciaux en zones rurales et urbaines. De nombreux organisateurs
communautaires sont la cible de gestes d'intimidation, voire victimes de disparition et
d'assassinat par la police locale et les milices privées engagées par les entreprises et les grands
propriétaires terriens.
Amnistie Internationale somme le gouvernement des Philippines de démontrer clairement
qu'il ne tolérera aucune participation ni connivence de la part des agents de l'État en
rapport avec quelque cas que ce soit de disparition, d'exécution illégale ou de harcèlement
à l'endroit de ceux et celles qui cherchent à défendre les droits économiques, sociaux ou
culturels de leur communauté face au développement. Amnistie Internationale, novembre
1996
À titre d'exemple
L'année dernière, Domingo Banaag, un paysan qui préside l'association des paysans de Pasong
Bayabas est disparu dans la province de Cavite. M. Banaag, qui a été vu la dernière fois le 17
septembre 1996, était mêlé à un conflit opposant des paysans et la société de développement
Credito Asiatic face au projet de transformer les terres en domaine résidentiel. Les paysans
locaux avaient demandé une répartition des terres en vertu du programme gouvernemental de
réforme agraire. Les procédures de partition avaient été entamées. En 1996 toutefois, la société
Credito Asiatic se déclara propriétaire du terrain et entreprit de le niveler à l'aide de machinerie
lourde. Les paysans ont alors tenté de bloquer les promoteurs et se sont opposés aux gardes de
sécurité de la compagnie. Le 8 septembre 1996, les paysans étaient arrêtés. M. Banaag, qui avait
reçu des menaces de mort, est disparu une semaine plus tard. Malgré les recherches intensives
menées par sa famille et les ONG locales, on est toujours sans nouvelles de lui.
Bien qu'indépendant, l'appareil judiciaire philippin est rongé par la corruption et l'inefficacité.
L'élite politique et économique demeure souvent au-dessus des lois, les relations personnelles
primant souvent sur le droit et la justice. Les droits des médias sont généralement respectés, mais
les journalistes s'exposent à des risques lorsqu'ils font enquête sur des activités illégales, comme
l'exploitation forestière illicite, la prostitution et le trafic de drogues chez les riches et les
puissants.
Croissance économique et pauvreté :
PIB ne se mange pas
En 1995, Fidel Ramos annonçait fièrement aux membres de son gouvernement que l'économie
était en pleine relance. Il en voulait pour preuve la croissance de 5,5 p.100 du PIB. À l'extérieur
des murs du congrès, des manifestants scandaient GNP = Gutom na Pilipino, PIB = Population
affamée. Dix années de réformes et de mondialisation ont entraîné un taux de chômage élevé et
un pourcentage de la population vivant dans la pauvreté évaluée à 70 p.100. En 1994, les
habitants de la région métropolitaine de Manille ont vu le coût de la vie grimper de 10 p.100.
Plus de la moitié de la population ne disposait pas d'un revenu suffisant pour l'alimentation de
base. La croissance économique actuelle n'a pas entraîné une amélioration de l'équité sociale. Les
Philippines affichent l'un des pires indices de distribution de la richesse de toute l'Asie. Quoi
qu'il en soit, le gouvernement maintient le cap sur la libéralisation économique dans le cadre de
son plan, Philippines 2000, par lequel il espère devenir le prochain tigre économique de l'Asie.
Le paradoxe de la croissance sans création d'emplois
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En 1995, le taux de chômage était en hausse pour atteindre 11,9 p.100 et celui du sousemploi 20,3 p.100.
50 p.100 des diplômés universitaires n'arrivent pas à se trouver un emploi.
La solution? L'exportation de la force de travail
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Encouragés par le gouvernement, plus de 2000 Philippins quittent chaque jour le pays en
tant que travailleurs à l'étranger.
En 1995, on évaluait à 7 millions le nombre de Philippins travaillant à l'étranger de façon
contractuelle. Les chiffres officiels parlent ainsi d'un transfert net de 3,6 milliards $ US
au profit de l'économie philippine.
Droits syndicaux
Aux Philippines, la croissance économique repose sur une force de travail non syndiquée. En
1994, à peine 3,5 p.100 des travailleurs et des travailleuses étaient syndiqués. Bien que le droit
de former et d'appartenir à un syndicat soit reconnu légalement, on ne reconnaît aux employés du
secteur public ni droit à la négociation collective, ni droit de grève. Si le droit de fonder un
syndicat s'étend théoriquement aux zones franches de transformation pour l'exportation, en
pratique on y applique la position pas de syndicat, pas de grève. Les employeurs, l'administration
des zones franches et les représentants gouvernementaux unissent leurs forces pour menacer et
intimider toute tentative de syndicalisation. Plusieurs dirigeants syndicaux ont été assassinés ou
menacés de mort parce qu'ils avaient tenté de former un syndicat dans l'une des zones franches.
Conditions de vie des travailleuses
Aux Philippines, les femmes gagnent environ le tiers du revenu des hommes et subissent un taux
de chômage et de pauvreté plus élevé. La seule option est souvent celle du travail à l'étranger.
On estime que 60 p.100 des travailleuses migrantes sont employées dans le domaine du
spectacle, de la prostitution ou du travail domestique. L'exploitation économique aux mains des
agences de recrutement et des employeurs est souvent leur lot. Un groupe de défense des
travailleuses migrantes, Migrante, a signalé 40 000 cas de mauvais traitements physiques et
psychologiques à l'endroit de ces travailleuses en 1995.
À l'intérieur du pays, 95 p.100 des emplois du secteur de l'exportation -- surtout des emplois
manufacturiers dans le domaine du vêtement, du textile, de la chaussure et de l'électronique--,
sont occupés par des femmes. Généralement, elles ne peuvent pas obtenir de congés de
maternité, elles travaillent sur une base contractuelle et sont les premières à être mises à pied.
Les entreprises syndiquées des Philippines ont de plus en plus souvent recours à la soustraitance auprès de travailleurs à domicile, habituellement des femmes et des enfants. Le
gouvernement entend amender le code du travail pour légaliser cette pratique, dont les effets
sont d'exercer une pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail, en plus de
compromettre la sécurité d'embauche.
Santé et éducation : l'équité en question
Un portrait inquiétant des priorités de l'État
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Pourcentage de la dette extérieure en fonction du PIB (1994) : 60 p.100
Ratio du service de la dette en fonction des revenus d'exportation (1994) : 22 p.100
Dépenses militaires en p.100 du PIB (1994) : 1,4 p.100
Dépenses pour la santé en p.100 du PIB (1990) : 1,0 p.100
Dépenses pour l'éducation en p.100 du PIB (1993-94) : 2,4 p.100
Population ayant accès
aux soins de santé (1990-95) : 71 p.100
à l'eau potable (1990-96) : 86 p.100
aux services d'hygiène publique (1990-96) : 77 p.100
Tiré du Rapport sur le développement humain 1997, PNUD.
Les Philippines viennent au premier rang mondial pour l'exportation du plus grand nombre
d'infirmières et au second rang dans le cas des médecins. En revanche, le système de santé du
pays reste marqué par l'inaccessibilité et la mauvaise répartition des ressources. La plupart des
hôpitaux philippins appartiennent au secteur privé et imposent des frais élevés. On a transféré
aux gouvernements locaux la responsabilité des programmes de santé publique et des services de
base, et ce, même si bien des gens, plus particulièrement à Mindanao et au nord de Luzon, n'ont
pas accès ou un accès restreint à des services de base. Les unités de soins en milieu rural
manquent souvent de médicaments et les habitants ne peuvent se les payer. Le coût du
médicament pour la tuberculose, l'une des premières causes de mortalité, représente près de 23
p.100 du salaire journalier.
Le taux d'alphabétisation aux Philippines est l'un des plus élevés en Asie, mais l'accès aux études
est problématique. Les régions éloignées manquent d'écoles élémentaires et secondaires. Près de
35 p.100 des écoles existantes n'offrent pas tous les niveaux de l'école élémentaire. Le budget de
l'éducation pour l'année 1995 allouait des fonds pour la construction de 22 600 nouvelles salles
de classe, mais les mesures d'austérité ont freiné l'embauche d'un nombre suffisant de
professeurs. Ceux-ci se voient confier la charge de trois niveaux scolaires, sinon davantage, alors
qu'en milieu urbain, on a vu accroître le nombre d'écoliers par classe. La qualité de l'éducation en
a donc souffert.
Sécurité alimentaire : on importe aujourd'hui du riz, autrefois produit en quantité
suffisante
Près de la moitié des terres agricoles des Philippines appartient à moins de 6 p.100 de la
population du pays. On convertit des superficies de plus en plus grandes de terres agricoles à la
production de denrées destinées aux consommateurs des pays industrialisés. La production
agricole, fondée sur les récoltes commerciales, était en hausse de 3,15 p.100 en 1994. Durant la
même année, la récolte d'aliments de base comme le riz brut et la canne à sucre était en baisse.
Les Philippines sont passées de l'autosuffisance à un déficit en matière de production de riz entre
1985 et 1995. Cette année-là, le prix du riz a doublé et il a fallu en importer d'urgence. Les
familles pauvres en ont gravement souffert. Déjà aux prises avec des hausses importantes pour
les services publics et les fournitures médicales, bon nombre de ces familles ont dû réduire la
ration quotidienne de riz. La priorité donnée par le gouvernement aux récoltes exportables et à
l'ouverture du marché intérieur aux importations étrangères a eu des répercussions négatives sur
la sécurité alimentaire. Le processus de réforme agraire tarde à se matérialiser. Entre 1987 et
1996, seulement 54 p.100 des 8,1 millions d'hectares destinés à la redistribution avaient été
alloués à de petits paysans.
Quelques mesures gouvernementales récentes
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L'État a supprimé les services d'aide aux fermes locales en matière d'irrigation et de crédit
rural
Quelque 3,1 millions d'hectares de terres servant à la culture du riz et du maïs seront
transformés pour la production de fleurs fraîches, d'asperges, de fruits et pour l'élevage du
bétail. Ailleurs, les terres agricoles ont été accaparées pour établir des zones franches, des
lotissements, des terrains de golf et des centres touristiques
De nouvelles exonérations fiscales, des programmes de soutien à l'infrastructure et autres
mesures incitatives ont été consentis à l'industrie agro-alimentaire.
On a levé les restrictions à l'importation du maïs, de l'ail, du chou, des oignons, des
patates et des fèves de café produits à l'étranger. Le maïs importé des États-Unis se vend
à un prix 30 p.100 inférieur à celui produit localement. De prime abord, les
consommateurs peuvent trouver avantageuse l'importation de denrées alimentaires moins
dispendieuses. Avec l'érosion de la production locale et l'assujettissement de la sécurité
alimentaire nationale aux impératifs des marchés mondiaux, cependant, le prix des
importations tendra à augmenter.
À titre d'exemple
À Mindanao, l'une des régions les plus pauvres du pays, 2 millions de ménages survivent grâce à
la culture du maïs. La plupart des familles cultivent une superficie d'un hectare ou moins, à
partir d'intrants simples et sans capitalisation. Le gouvernement entend réduire de moitié les 2,5
millions d'hectares consacrés actuellement à la production du maïs, pour permettre l'élevage du
bétail. Le département de l'agriculture des É.-U. prévoit que les Philippines deviendront un
importateur permanent de maïs d'ici la fin de la décennie.
Sur une note positive : l'action populaire pour le changement
Les organisations paysannes des Philippines insistent que la sécurité alimentaire et
l'autosuffisance sont indissociables. Ces organisations accumulent les preuves des répercussions
néfastes qu'occasionnent les plus récentes mesures sur les paysans locaux. Elles uvrent
également dans le but de renforcer la capacité de production locale de denrées comestibles
abordables pour l'ensemble de la population. L'Institut paysan des Philippines est un exemple
parmi tant d'autres d'organisme travaillant avec les paysans locaux pour former des
coopératives dans le but d'offrir des services accessibles en matière de crédit, d'entreposage et
de transformation des récoltes et de mise en marché. L'Institut réclame également un
changement d'orientation à l'échelle national sur les questions de production des cultures
vivrières et de la distribution. La fédération nationale des paysannes philippines (AMIHAN) a
récemment mené des consultations régionales sur les effets de la réaffectation des terres
agricoles et du développement touristique sur les paysannes et leurs familles. Les données
recueillies sont diffusées aux partenaires des pays du Nord et servent à élaborer des stratégies
d'organisation et de pressions pour amener le gouvernement à modifier son orientation.
Crise environnementale dans le secteur des mines et forêts
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Les Philippines ont perdu 80 p.100 de leurs forêts vierges depuis 1969.
Entre 1980 et 1989, le déboisement a atteint le rythme de 143 000 hectares par année,
tandis que le reboisement n'atteignait que 50 000 hectares par année.
La déforestation contribue à l'érosion massive du sol évaluée à 100 000 hectares par
année.
Des 59 bassins versants du pays, 19 sont gravement dénudés.
La richesse de la forêt est telle que les peuples autochtones et les autres habitants de la forêt
sont de nouveau aux prises avec des violations de leurs droits fondamentaux, par des
sociétés privées, avec la collusion des militaires et des fonctionnaires, cherchant à prendre
contrôle du territoire. Human Rights Watch/Asie, avril 1996
Un duel engagé pour le contrôle et l'exploitation des vastes forêts des Philippines est au centre de
grandes batailles mettant en jeu l'environnement et les droits de la personne. Le gouvernement
revendique la quasi totalité des forêts du pays en tant que propriété publique, et cède des droits
d'exploitation à des individus et des entreprises. Les habitants indigènes des forêts s'opposent aux
pratiques de coupe et attirent l'attention sur le rythme alarmant de la déforestation et les
communautés locales déplacées. Ceux qui protestent risquent leur vie et leur liberté. La police
locale, le personnel militaire et les milices privées embauchées par les entreprises d'exploitation
forestière menacent et intimident les opposants. On substitue maintenant par des ententes de
gestion forestière plusieurs contrats de coupe en vue de transformer les zones déboisées en
plantations d'arbres. La direction de ces projets est souvent confiée aux mêmes groupes qui se
sont rendus coupables de violations des droits au moment de la coupe. Des consultations auprès
des communautés devraient normalement être menées, mais la population découvre souvent ce
qu'il en est lorsque leurs récoltes se font arracher et que les routes sont élargies pour permettre la
plantation d'arbres.
Sur une note positive : l'action populaire pour le changement
Dans certains cas, les organisations populaires jouent un rôle plus important dans la protection
de l'écosystème local et la promotion du développement durable. Depuis 1991, le gouvernement
des Philippines s'est considérablement décentralisé. Dans certaines régions, comme celle de
Mindanao, des pouvoirs locaux mieux éclairés consultent les ONG sur les propositions de
zonage et soutiennent les initiatives de développement durable des organismes. Récemment, dans
la région de Misamis Occidental sur l'île de Mindanao, la Fondation Pipuli, une ONG
environnementale, de concert avec la communauté locale, a entrepris de protéger la forêt de
mangroves de Danao Bay contre le déboisement. C'est ainsi qu'on a créé le sanctuaire de Misom
Sea, qui pourrait devenir une source importante de semis pour les zones de la région où les
mangroves ont été rasées. Le projet a bénéficié d'un soutien considérable du gouvernement
local, qui a appliqué des règlements contre la coupe illégale pour protéger le site.
Le code minier de 1995
Des groupes autochtones comme la Cordillera People's Alliance se battent depuis dix ans pour
l'adoption d'une loi sur les domaines ancestraux, afin de protéger les droits territoriaux des
autochtones. Par contre, le congrès a adopté en 1995 le code minier à la vitesse de l'éclair. Cette
loi accorde 100 p.100 de la propriété du territoire à l'industrie minière. La loi concède à chaque
demande l'eau, le bois, ainsi que des servitudes et des droits d'entrée valables sur plus de 81 000
hectares de superficie. Les servitudes servent à expulser les peuples indigènes de leur territoire
ancestral. Les communautés qui ont résisté, ont dû faire face à l'armée. À ce jour, 69 demandes
ont permis à de grandes sociétés transnationales canadiennes, américaines et australiennes
d'explorer 5,9 millions d'hectares, soit 22 p.100 de la superficie totale du pays.
La filière canadienne
Des accidents, bien sûr, ça arrive et j'espère que la compagnie n'était pas en faute... Ce n'est
pas nous qui disons aux entreprises comment mener leurs affaires quotidiennes en pays
étranger. Le premier ministre Jean Chrétien, janvier 1997.
Le Code minier de 1995 a permis aux sociétés canadiennes de déposer 16 demandes couvrant
une superficie d'environ 1,4 million d'hectares. Étant donné l'histoire douteuse des compagnies
minières canadiennes dans leur propre pays, la population des Philippines a des raisons de
s'inquiéter. En 1997, des manifestants en colère ont rappelé à la Mission Équipe Canada la
responsabilité du Canada face au plus important accident industriel de l'histoire des Philippines.
Le 24 mars 1996 en effet, une galerie de drainage de Marcopper Mine, société détenue à 40
p.100 par Placer Dome du Canada, a cédé, déversant 3,5 millions de tonnes de résidus toxiques
dans la rivière Boac sur l'île de Marinduque. Le déversement toxique s'est avéré un désastre pour
la santé et la survie de plus de 20 000 personnes dans 27 villages.
Les pratiques minières de Placer Dome sur l'île sont depuis longtemps néfastes pour la
population locale. Entre 1979 et 1989, la compagnie a déversé un volume de résidus équivalent à
2,5 millions de chargements de camions dans la baie de Calangcan, sans le consentement des
habitants. Les villageois souffraient de taux élevés de maladies de la peau, de leucémie et de
diarrhée et ne pouvaient plus manger sans danger le poisson pêché dans la baie. Les pressions
acharnées de la population ont obligé Marcopper à faire un peu de ménage. Placer Dome a refusé
de dédommager les résidents de la baie de Calangcan pour les conséquences d'une décennie de
pollution. La compagnie a toutefois offert de décontaminer la rivière Boac suite au dernier
déversement. La population locale affirme que les efforts de dépollution ont été insuffisants et
que l'écosystème local reste menacé. En avril 1997, Placer Dome a vendu ses parts de la société
Marcopper et a quitté l'île de Marinduque tout en se disant toujours engagée à décontaminer la
rivière et à dédommager la population. La moitié de la somme de 40 millions $ promise à ces
fins a toutefois été utilisée pour régler les dettes de la mine.
Sources
Amnistie Internationale, APEC : Human Rights and Development. novembre, 1996.
Briones, Leonor Magtolis , Philippines : Higher Growth, Fewer Jobs, Social Watch Country
Report, 1995.
Confédération internationale des syndicats libres, Enquête annuelle sur la violation des droits
syndicaux 1996, Bruxelles, 1996.
Coumons, Catherine, Calancan Bay Villagers : The Forgotten Victims of Placer Dome Inc
Mining in Marinduque, Philippines dans Currents, publication trimestrielle du Comité de travail
Canada-Asie, janv.-mars 1997.
Grandea, Nona , Uneven Gains : Filipina Domestic Workers in Canada. Institut Nord-Sud,
Ottawa, 1996.
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Human Rights in Developing Countries Yearbook, La Haye, 1995.
Human Rights Watch/Asia, The Philippines : Human Rights and Forest Management in the
1990s, Vol.8/No.3, avril 1996.
IBON Database and Research Centre, Facts and Figures, Manille, 1995.
IBON Database and Research Centre, The Apec and Globalization : Special Release, Manille,
1996.
Langit, Richel B., A Tiger, A Turtle, A Bulldozer Win Awards. The Manila Times, Vol .39/No.
70, 19 juin 1997.
Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, Profil du pays :
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National Federation of Peasant Women in the Philippines, Regional Workshop Consultation,
Oct. to Nov. 1996, Quezon City, Philippines, 1996.
Philippine Council for Sustainable Development (PSCD) NGO-PO Counterpart. SocioEconomic Performance and State of the Environment, 1992-1996. Présentation à la conférence
Rio+5, New York, juin 1997.
Philippines Peasant Institute, Hungry for Solutions dans Farm News and Views, Vol. 9/No.
5&6, sept. - déc. 1996, Manille, 1996.
Programme des Nations Unies pour le développement, Rapport mondial sur le développement
humain 1997, New York, 1997.
U.S. Department of State, Philippines Report on Human Rights Practices for 1996,
Washington, 1997.
Watkins, Kevin, Of Myths and Perils : Agricultural Liberalization in the Philippines, Senior
Policy Advisor, Oxfam-UK, 1996.
Pour de plus amples renseignements sur les Philippines, contactez les personnes suivantes :
Bern Jagunos, Comité de travail Canada-Asie, Toronto
Tél : (416) 921-5626; Courrier électr. : [email protected]
Karen Seabrook, Inter Pares, Ottawa. Tél : (613) 563-4801
Marion Villanueva, Co-présidente, GTAP,Programme d'aide au développement des Philippines,
Ottawa. Tél : (613) 235-7144; Courrier électr. : [email protected]
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Recherche et rédaction : Pari Johnston
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