UCB : l`analyse - Pharmaceutiques
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UCB : l`analyse - Pharmaceutiques
Un labo au crible UCB UCB contourne le handicap de sa taille Pour résister à la compétition mondiale, le laboratoire belge a choisi de se spécialiser essentiellement dans la neurologie et l’immunologie tout en menant une politique d’acquisitions amicale. Une stratégie qui porte ses fruits. E ncore moyen, mais il a tout d’un grand. Le labora- produit biologique Cimzia® (traitement de la maladie de toire belge a eu beau se hisser l’an dernier au 36ème Crohn et de l’arthrite rhumatoïde sévère) prend plus de rang mondial, il ne joue pas encore dans la même temps que prévu, en dépit des qualités thérapeutiques de cour que les mastodontes de la pharmacie. Pour ce produit. Les analystes financiers de Morgan Stanley s’atautant, sa taille encore relativement modeste (3,5 milliards tendent à une arrivée sur le marché à la fin de 2009. Par d’euros de chiffre d’affaires en 2006) ne semble pas être ailleurs, la commercialisation de Fesoterodine, un traiteun handicap. Alors que certains leaders connaissent des ment contre l’incontinence urinaire, a pris du retard. Deux pannes d’innovation, UCB se trouve loin d’être démuni. annonces qui ont un peu refroidi l’enthousiasme des inIl possèderait même l’un des plus beaux portefeuilles de vestisseurs. la profession, selon certains analystes financiers. En effet, le laboratoire a ainsi mis au point cinq nouvelles Une expansion amicale molécules, dans sept indications, qui seront Autre caractéristique : l’étroitesse de son marlancées d’ici à 2010. Un succès notable pour ché national oblige le groupe belge à pousune entreprise qui ne peut pas se permettre ser ses pions hors de ses frontières. Ainsi, de courir trop de lièvres à la fois. UCB son terrain de chasse est mondial, ventilé reste donc focalisé sur ses domaines théautour de trois zones. Aujourd’hui, UCB Une stratégie rapeutiques de prédilection : la neuroloréalise 46 % de ses ventes aux Etatsclaire et ciblée gie et l’immunologie tout en conservant Unis, 38 % en Europe, 9 % au Japon et ses produits matures. D’ailleurs, grâce au le reste dans les pays émergents (en Asie rachat, en 2004, de la biotech britannique et au Mexique essentiellement). Et pour CellTech et l’acquisition du laboratoire alleattaquer ces marchés, le groupe possède ses mand Schwarz Pharma, en 2006, UCB est depropres équipes de développement clinique et venu l’un des tout premiers laboratoires mondiaux de ventes tout en restant orienté d’avantage vers les dans le domaine neurologique. « Notre stratégie est claire médecins spécialistes. et ciblée, nous nous appuyons sur des actionnaires de réSuivre une stratégie active de partenariats, aussi bien férence (Financière de Tubize, constituée des quatre petits- avec des géants de la pharmacie qu’avec des firmes de bioenfants du fondateur) et enfin, nous avons parfois de la technologie, paraît donc une voie logique pour contourner chance. Ce qui aide », résume Roch Doliveux, président le handicap d’une taille moyenne. Ainsi, par exemple, l’andu Comité Exécutif. ti-histaminique Xyzal® vient d’être lancé aux Etats-Unis en Dans la pharmacie, la vie n’est pourtant jamais un long partenariat avec Sanofi-Aventis et la commercialisation de fleuve tranquille. Ainsi, le lancement aux Etats-Unis de son Fesoterodine est prévue avec Pfizer. De surcroît, UCB s’est 64 PHARMACEUTIQUES - OCTOBRE 2007 employé à nouer des partenariats avec des sociétés de biotechnologie. A son actif : près de 30 accords d’ores et déjà signés dans le monde entier. En fait, pour continuer de croître dans un monde où la concurrence s’exacerbe, UCB a clairement choisi une expansion amicale. Le groupe belge ne peut en effet pas se permettre d’être agressif tout simplement parce qu’il est trop petit, explique Roch Doliveux. Deux acquisitions majeures Ce sont, d’ailleurs, ses deux dernières acquisitions majeures et non hostiles, CellTech et Schwarz Pharma, qui ont contribué au succès d’UCB. Roch Doliveux rappelle que « bon nombre d’entreprises étaient intéressées par ces rachats. Nous, nous avons eu la chance qu’elles nous rejoignent, entre autres parce que nous ne rachetons pas de manière agressive, et nous construisons ensemble. Même si financièrement, c’est une acquisition, dans les faits, c’est toujours une combinaison et une démarche de construire ensemble. Nous l’avons démontré avec Celltech et avec Schwarz Pharma. Un signe : la famille Schwarz est devenue actionnaire d’UCB et l’est restée ». Conséquence : la greffe avec UCB a facilement pris. L’intégration du laboratoire allemand Schwarz Pharma s’est même déroulée mieux que prévu. Ainsi, les synergies nées du rapprochement devraient être plus fortes qu’escompté. L’objectif d’économies a donc été revu en hausse par les dirigeants à 380 millions à un horizon de trois ans. Dès 2007, leur montant va se chiffrer à 130 millions d’euros. Les synergies ne seront toutefois pas suffisantes pour compenser la baisse des bénéfices attendue cette année. Un recul du bénéfice net En effet, l’intégration de Schwarz Pharma a généré des coûts et des dépenses financières qui ont grevé les bénéfices. Au premier semestre, le résultat net d’UCB a chuté de 39 % à 171 millions d’euros, essentiellement en raison de ces éléments exceptionnels. Pourtant, dans le même temps, le chiffre d’affaires a progressé de 3 % pour atteindre 1,86 milliard d’euros. Les ventes ont été portées par les bonnes performances de Keppra® (traitement de l’épilepsie) et de l’antihistaminique Xyzal®. Pour l’ensemble de 2007, la direction s’attend à un recul du bénéfice net, lequel devrait toutefois excéder 100 millions d’euros. Mais la croissance des profits devrait repartir de l’avant en 2008. D’autant que les nouvelles molécules vont stimuler les ventes et la profitabilité. Il semblerait toutefois que le marché financier sous-estime le coût total des lancements à venir, avec à la clef l’envolée des frais de marketing. Selon les spécialistes de Goldman Sachs, l’expiration prochaine des brevets de Zyrtec® et de Keppra® (deux produits qui auraient représenté 55 % du résultat opérationnel du groupe selon leurs estimations) viendra peser sur les perspectives bénéficiaires à moyen terme. En outre, les reports de lancements (de Cimzia® notamment) ont conduit des spécialistes de la valeur, parmi lesquels Morgan Stanley, à rabaisser leurs estimations de résultats pour l’exercice en cours et les deux suivants. Enfin, le groupe est assez endetté, à hauteur de 2,6 milliards d’euros, et pourrait être tenté de le devenir davantage s’il décidait un jour de reprendre les 13,4 % des actions de Schwarz Pharma qu’il ne détient pas encore. Des craintes qui expliquent sans doute pourquoi le titre UCB figure parmi les valeurs qui ont le plus reculé depuis le début de l’année sur le marché d’Euronext Bruxelles. Il accuse en effet un repli de plus de 20 %. Une désaffection qui n’inquiète pas vraiment le président du laboratoire. « Quand je suis arrivé chez UCB, le cours de l’action était à 23 euros ; quatre ans plus tard, il dépasse 40 euros. Lorsque nous avons racheté Schwarz Pharma, le marché financier s’est un peu emballé et une correction a suivi. De bonnes nouvelles sur nos nouveaux produits devraient présenter un potentiel à la hausse. En effet, UCB construit à long terme et délivre les résultats », indique Roch Doliveux. En dépit des incertitudes qui réduisent la visibilité à court terme, l’action mérite toutefois le détour et peut être placée en fond de portefeuille. n 65 11 OCTOBRE 2007 - PHARMACEUTIQUES