Zeitschrift für Arabische Linguistik Journal of Arabic Linguistics
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Zeitschrift für Arabische Linguistik Journal of Arabic Linguistics Journal de Linguistique Arabe Herausgegeben von / Edited by / Edité par Werner Arnold, Otto Jastrow 58 (2013) Harrassowitz Verlag · Wiesbaden Beratendes Herausgebergremium / Editorial Board / Editeurs consultatifs: A. Bloch (Berkeley), H. Bobzin (Erlangen), A. Denz (München), W. Fischer (Erlangen), H. Grotzfeld (Münster), M. Hegazi (Kairo), S. Procházka (Wien), G. Troupeau (Paris) Manuskripte und Rezensionen werden erbeten an: Please address manuscripts and book reviews to: Prof. Dr. Werner Arnold Universität Heidelberg, Seminar für Sprachen und Kulturen des Vorderen Orients, Semitistik, Schulgasse 2, 69117 Heidelberg, Germany Tel. 06221/542957, Fax 06221/543401 E-Mail: [email protected] Informationen zum Verlagsprogramm fi nden Sie unter http://www.harrassowitz-verlag.de For further information about our publishing program consult our website http://www.harrassowitz-verlag.de © Otto Harrassowitz GmbH & Co. KG, Wiesbaden 2013 Die Zeitschrift und alle in ihr enthaltenen Beiträge sind urheberrechtlich geschützt. Jede Verwertung außerhalb der engen Grenzen des Urheberrechtsgesetzes ist ohne Zustimmung des Verlages unzulässig und strafbar. Das gilt insbesondere für Vervielfältigungen jeder Art, Übersetzungen, Mikroverfilmungen und für die Einspeicherung in elektronische Systeme. Satz: Florian Kempf Gedruckt auf alterungsbeständigem Papier. Druck und Verarbeitung: Hubert & Co., Göttingen Printed in Germany ISSN 0170-026X Inhalt Aufsätze D. WILMSEN: The interrogative origin of the Arabic negator –š: Evidence from copular interrogation in Andalusi Arabic, Maltese, and modern spoken Egyptian and Moroccan Arabic ..... I. YOUNES et B. HERIN: Un parler bédouin du Liban. Note sur le dialecte des ʿAt" ̄ǧ (Wād" ̄ Xālid)..................................................... I.K.H. HALAYQA: The Traditional Names for Land Markers and of Protective Establishments of Land Produce in the Palestinian Colloquial ..................................................................................... 5 32 66 Corrigendum Eine Anmerkung zu ZAL 57, 2013, S. 40–47........................................... 89 Buchbesprechungen P. BEHNSTEDT und M. WOIDICH: Wortatlas der arabischen Dialekte (H. Palva) ..................................................................................... U. MAAS: Marokkanisches Arabisch: die Grundstrukturen (J. Rosenhouse) ............................................................................ 91 95 Un parler bédouin du Liban Note sur le dialecte des ʿAt" ̄ǧ (Wād" ̄ Xālid) Igor Younes et Bruno Herin* Introduction Les populations bédouines du Liban étant peu ou pas connues du public y compris souvent à l’intérieur même du pays, nous nous sommes dits que mettre en exergue un dialecte bédouin libanais serait un pas vers la justice. Les estimations basses avancent un chi're d’une quarantaine de milliers d’habitants pour cette seule région périphérique du Liban qu’est Wādī Xālid forte d’une trentaine de village. Ses habitants représentent donc à eux seul un pourcent déjà symbolique de la population libanaise. Il nous a paru alors juste de nous pencher sur le dialecte de la principale tribu y vivant, les ʿAt; ̄ǧ. Nous avons e'ectué dans ce but, plusieurs récoltes de données devant servir de support pour ce travail. Les deux premières eurent lieu en 2009 et la troisième et dernière en 2010. Il s’agit en tout et pour tout d’un corpus de cinq heures d’enregistrements. Les locuteurs sont assez variés. Ainsi, bien que la plupart de nos informateurs soient des hommes, nous avons pu, tant bien que mal, enregistrer des femmes et varier l’âge des locuteurs au sein des deux sexes. Néanmoins, le matériau le plus conséquent a été récolté auprès d’un locuteur d’une vingtaine d’années et décédé depuis. Bien que ce locuteur soit de la jeune génération, son parler, en comparaison avec certains aînés, fait montre d’une certaine évolution tout en restant très traditionnel et conservateur. La tribu des ʿAṛaḅ al-ʿAtīǧ est en réalité un clan imposant de la tribu des Nʿēm établi dans la région du Wādi X̣ āl ̣id au nord-est du Liban. Les Nʿēm se divisent en quatre grands groupes géographiques qui possèdent des particularités linguistiques relevant de leur environnement immédiat. * Bruno Herin: INALCO, 65 rue des Grands Moulins, 75214-PARIS cedex 13 Igor Younes: Doctorant à la Sorbonne Nouvelle (Paris III), chargé de cours à l'INALCO. Un parler bédouin du Liban 33 Les quatre principaux groupes de Nʿēm sont ceux du Ḥ ōṛān, ceux de la Ǧizīre – de Ḥ aṛṛān en Turquie à l’ouest jusqu’à Kirḳūḳ en Irak à l’est – ceux de la région d’al-Bāb-Mambiǧ-Ğisr aš-Šuġūṛ-Ğibal Simʿān dans le nord-ouest syrien, et ceux de la maʿṃ ūṛa1 de Ḥ imṣ à laquelle la région du Wādi X̣ āl ̣id, bien qu’au Liban, se rattache. L’émirat des ʿAǧmān sur la côte du Golfe arabo-persique se réclame également d’une ascendance Nʿēmiyya et donc ‒ par là même ‒ Hāšimiyya.2 La distribution de ces quatre grands troncs renvoi à l’époque de l’arrivée des Nʿēm dans la zone, ce qui remonte selon la tradition orale locale et selon l’étude de JEAN CANTINEAU sur les parles nomades d’Orient à une date assez éloignée dans le temps; probablement près d’un millénaire.3 Toujours selon la tradition orale locale mais aussi à la vue des études de Ḥ asan al-Xuḏ̣ayr al-Muqabbal, l’arrivée des Nʿēm dans la région serait le fait de l’émigration d’un individu prénommé ʿIzz ad-Dīn al-Hāšimi et surnommé ʾAbu Ḥ amṛa qui aurait eu quatre &ls: Muḥammad, ʿAbd ar-Raḥīm, Faxr et ʿUt ̠mān. A cet égard, l’ascendance noble des Nʿēm leur valut, et leur vaut toujours, le respect des autres tribus ainsi, qu’à l’époque ottomane, l’exemption des taxes de la Sublime Porte.4 Les Nʿēm du nord du Liban qui nous intéressent ici sont constitués de deux tribus plus ou moins égales en nombre: les ʿAṛaḅ al-ʿAtīǧ5 et les ʿAṛaḅ al-Ġannām6. La tribu des ʿAtīǧ se subdivise elle-même en quatre clans principaux: les Bēt Ḥ sēn, les Bēt X̣ al ̣af̣, les Bēt Yūsif et les Səẉ āl ̣ḥa dont on dit qu’ils sont à la base une tribu autonome cliente des ʿAtīǧ. Tous ces clans n’ont été réellement sédentarisés que depuis une cinquantaine d’années. Le parler en question est donc relativement bien 1 2 3 4 5 6 La maʿmūra est une zone de pré-steppe dans laquelle l’élevage de petit bétail et la culture extensive prédomine. Les précipitations y sont de l’ordre de 300 mm à 400 mm de pluie par an. AL-MUQABBAL: 2006, 474. La tribu est citée par Al-Qalqašandī sous le nom de Nuʿaymiyyīn comme descendante des Qurayš. AL-MUQABBAl: 2006, 474. Les principaux villages des ʿAtīğ au Wādi X̣ āl ̣id sont: Knaysä, Ḥ naydər, Ruǧum Bēt X̣al ̣af̣, Ruǧum Bēt Yūsif, Ruǧum Bēt əḤ sēn, ʾAl-Majdal, ʾAl-əʿWēšä, ʾAl-ʿAmāyər, ʾAlʿAwādi, ʾAs-Səẉ āl ̣ḥa, ʾAl-Kalx̣a ainsi que la zone du Ẉ aʿaṛ en général sauf le village d’Al-Qaṛḥa peuplé d’Alaouites. Notamment les villages de ʾAl-Hīše, X̣ at ̣t ̣ al-Ḅ at ̣ṛōl ̣, ʾAl-əBgēʿa, ʾAl-ʿArīd̠̣a, ʾAr-Ṛ āmä, ʾAl-əMg̣ayblä, ʾAn-Naṣriyyä. 34 I. Younes et B. Herin conservé même si les populations environnantes sédentaires in.uencent dans une certaine mesure certains traits typiques chez les plus jeunes locuteurs. Anciennement les populations bédouines du Liban avaient comme mode de vie le nomadisme pastoral. Dans l’est du pays, ce nomadisme pouvait être chamelier tandis que dans la zone investiguée, il n’était que moutonnier pour des raisons climatique et topographique. Les nomades moutonniers paissaient avec leur bétail sur des distances assez courtes ne s’enfonçant jamais réellement dans la steppe. A cet égard, les ʿAtīǧ s’avançaient jusqu’en Syrie centrale et jusqu’aux contreforts des chaînes du Mont-Liban et de l’Anti-Liban. Ce mode de vie perdure encore de manière très marginale et avec un caractère semi-nomade uniquement. Il respecte par ailleurs les anciens parcours de transhumance qui permettent d’estiver au frais en altitude tandis qu’il o're également de vastes et précoces pâturages en Syrie centrale au primtemps. Les discriminants qui permettent de rattacher le dialecte des ʿAtīǧ à un dialecte naǧdī septentrional de type petit-nomade (šāwi, pl: šiwāya) sont très nombreux ainsi que nous allons le voir dans ce bref apperçu phonologique, morphologique, syntaxique et lexical. Les voyelles Les voyelles longues On remarque cinq voyelles longues. Les trois voyelles héritées /ā/, /" ̄/ et /ū/, ainsi que les deux voyelles /ē/ et /ō/ provenant de la monophtongaison des diphtongues /ay/ et /aw/. La monophtongaison s’observe dans toutes les positions, même à proximité d’une emphatique ou d’une consonne antérieure. En contexte neutre, la valeur phonétique de /ā/ est [ɐː]: widād [wɪdɐːd] (nom féminin), bāb [bɐːb] «porte», ḥsāb [ħsɐːb] «compte». La proximité d’une pharyngale ou d’une laryngale ne modi&e pas le point d’articulation: ʿāmm [ʕɐːmm] «général», ḥas̄ is [ħɐːsɪs] «qui ressent», hābib [hɐ:bɪb] «qui se lève (vent)». A proximité d’une emphatique, la réalisation de /ā/ est [ɑ]: ṣar̄ ̣ [s̴ɑːr̴] «il est devenu», ṛah ̄ ̣ [r̴ɑːħ] «il est parti», ḏ̣aḡ ̣ [ð̴ɑːg̴] «il est ennuyé». La voyelle /" ̄/ en contexte neutre est réalisée [ɪː]: čib; ̄r [ʧɪbɪːr] «grand», čit ̱; ̄r [ʧɪθɪːr] «beaucoup». La proximité d’une consonne postérieure ne change pas de manière perceptible le point d’articulation: yġ; ̄b [ɪʁɪːb] «il s’absente», waḥ; ̄d [wɐħɪːd] «seul, unique». On observe dans certains cas une réalisation plus haute de /" ̄/ qui se rapproche de [iː] à proximité de /ʿ/ nʿ; ̄š [nʕiːʃ] «nous vivons», biʿ; ̄d [bɪʕiːd]. La proximité d’une emphatique a pour e'et de centraliser la voyelle aux alentours de [ɨ]: nṣ; ̄r [ns̴̴ɨːr̴] «nous devenons», ḏ̣; ̄ǧ [ð̴ɨːʤ] «la douleur (physique ou psychique)». Un parler bédouin du Liban 35 La réalisation en contexte neutre de /ū/ se rapproche de [ʊː] byūt [bjʊːt] «maisons», mūt [mʊːt] «meurs!». La proximité d’une pharyngale ou d’une laryngale ne modi&e pas de manière perceptible le point d’articulation. La proximité d’une consonne emphatique a pour e'et de tirer la voyelle vers l’arrière pour s’approcher de [uː]: qarqūr [qɐr̴qu:r̴] «petit mouton», ṣūs ̣ [s̴̴uːs̴] «poussin», maḥḍu̱ ̄ḍ ̱ [mɐħð̴uːð̴] «chanceux». On observe un comportement particulier dans l’environnement de /t ̣/ où /ū/ est plus proche de [oː]: maḥt ̣ūt ̣ [mɐħt̴oːt̴] «mis», maḏ̣ḅūt ̣ [mɐð̴b̴oːt̴] «juste». La voyelle /ē/ est réalisée en contexte neutre plus proche de [ɛː]: bēt [bɛːt] «maison», ǧeb̄ [ʤɛːb] «poche», xēr [χɛːr] «le bien», ġer̄ [ʁɛːr] «autre». La proximité des pharyngales /ḥ/ et /ʿ/ a tendance à élever le point d’articulation vers [eː] : lḥef̄ [lħeːf] «couverture», ʿēb [ʕeːb] «honte». La proximité d’une emphatique a aussi pour e'et d’élever légèrement le point d’articulation mais produit également l’apparition d’une diphtongue [eə]: gēḍ ̱ [geəð̴] «été, chaleur», ḏ̣ef̄ [ð̴eəf] «invité», ṣed̄ [s̴eəd] «chasse». La voyelle /ō/ est réalisée [ɔ] dans tous les contextes: mōt [mɔːt] «mort», ṣōb [s̴ɔːb] «en direction de», ḥōs ̌ [ħɔːʃ] «potager, lopin de terre consacré à la culture». Les voyelles courtes L’opposition entre les voyelles héritées /i/ et /u/ semble avoir été neutralisée dans ces parlers. Les seules paires minimales que nous avons pu trouver sont t ̣ibb «médecine» et t ̣ubb «cache-toi, penche-toi», (ll «pars» et full «jasmin d’Arabie». Cependant, là où certains parlers opposent /i/ et /u/ dans des paires comme ḥibb «aime, embrasse» ḥubb «l’amour», dans le parler des ʿAt; ̄ǧ, ces deux lexèmes sont réalisés ḥibb [ħɪbb]. De la même manière, il n’est pas possible d’opposer le prénom Xiḏ̣ir et xiḏ̣ir (pluriel de axḏ̣ar «vert») et sera réalisé [χɪð̴ɨr]. Il faudra donc postuler l’existence d’une voyelle /ə/ issue de la fusion de /i/ et /u/. La qualité de /ə/ peut dans certains cas être expliquée par le contexte. La proximité d’une consonne postérieure ou emphatique provoque une réalisation haute-postérieure proche de [ʊ]: ʾuṃ ṃ [ʔʊm̴m̴] «mère», ʾuxt [ʔʊχt] «sœur», duġ̣ṛa [dʊʁ̴r̴ɑ] «tout droit, tout de suite», muxx [mʊχχ] «cervelle», ḥuḏ̣un [ħʊð̴ʊn] «poitrine», muṛṛ [mʊr̴r̴] «amer», ṣuluḥ [s̴ʊl̴ʊħ] «paix». En contexte neutre, la réalisation de la voyelle est proche de [ɪ]: zibdä [zɪbdæ] «beurre», ǧildä [ʤɪldæ] «morceau de peau», birčä [bɪrʧæ] «petite étendue d’eau». Il apparait cependant que dans nombre de cas, la qualité dépende d’une distribution lexicale: ǧubnä [ʤʊbnæ] «fromage», git ̣ʿa [gɪt̴ʕa] «morceau, arme de point», muddä [mʊddæ] «période, durée». Les deux voyelles peuvent également apparaître comme 36 I. Younes et B. Herin variantes libres: (ss ~ fuss «.atulence», kill ~ kull «tout». La voyelle /i/ a comme allophone [ɨ] en contexte emphatique: t ̣ibb [t̴ɨb̴b̴]. L’allophone de /u/ en contexte emphatique est [ʉ]: t ̣ubb [t̴ʉb̴b̴] «cache-toi». La voyelle /a/ en position neutre est réalisé [ɐ]: kafar [kɐfɐr] (apparait dans des toponymes), sagif [sɐgɪf] «toit». La réalisation de /a/ à proximité d’une laryngale se situe aux alentours de [a]: ḥabil [ħabɪl] «corde». La réalisation à proximité d’une emphatique est [ɑ]: ṣaḅəṛ [s̴ɑb̴ɨr̴] «patience», g̣aṣǝṛ [g̴ɑs̴ɨr̴] «château». On peut isoler /a/ comme phonème dans la paire suivante: sakkar «il a fermé» et sukkar «sucre». Le morphème du féminin -a On observe ici une ʾimāla du morphème. Il s’agit de l’élévation de /a/ vers /i/ dans certains contextes. Cette ʾimāla n’est pas extrême puisque la réalisation de -a en contexte neutre est [æ]: sinä‘ «année», xamsä «cinq», t ̱ānyä «deuxième», ʿaš; ̄rä «clan». L’imāla est généralement inhibée en présence d’une emphatique, d’une vélaire ou d’une pharyngale: sibāḥa «nage», sāʿa «heure», frēxa «petit &lle», ṣabġa «teinture», nāg̣a «chamelle», ṛab̄ ̣t ̣a «attachée, bloquée», mašhūṛa «connue». Les laryngales ne semblent pas inhiber l’ʾimāla: tad(ʾä «chau'age», ǧihä «direction». Egalement, l’ʾimāla semble ne pas être neutralisée à proximité de la pharyngale /ḥ/: (ḏ̣; ̄ḥä «scandale», ḏib; ̄ḥä «animal égorgé», ʾasilḥä «armes». On peut supposer que cela est provoqué par la proximité de voyelle antérieure. Les consonnes Le parler bédouin des ʿAt; ̄ǧ a conservé les interdentales /t ̱/, /ḏ/ et /ḏ̣/. A l’instar de tous les parlers nomades de la région, la réalisation de /ḍ/ et /ḏ̣/ est /ḏ̣/. Le phonème /t ̱/ peut être trouvé dans les lexèmes suivants: t ̱alāt ̱ä «trois», t ̱ūm «aïl», t ̱iǧ; ̄l «lourd», t ̱ābǝt «&xe». Il s’est également maintenu dans t ̱naʿaš «douze». Le phonème /ḏ/ apparait dans des mots comme ḏill «peur», xaḏet̄ «j’ai pris», yišḏǝb «il ment», ḏab̄ «il a fondu». Le /ḏ̣/ peut être observé dans les lexèmes suivants: ḏ̣ahar «dos», miḏ̣ḍa̱ ȳ iǧ «qui se sent mal», ḏ̣; ̄ʿa «village», naḏ̣aṛat̄ «lunettes», ḏ̣ef̄ «invité». L’uvulaire /q/ de l’arabe standard est le plus communément réalisée [g]: g̣al̄ ̣ «il a dit», gidir «il a pu», ṛg̣uḅa «nuque», gaʿad «il s’est assis». Dans un certain nombre de lexème, la réalisation uvulaire a été maintenue. Ces lexèmes peuvent être des emprunts à la variété standard comme: taqr; ̄ban «environ», qar; ̄ban «bientôt», ou certains mots empruntés à la langue turque: Un parler bédouin du Liban 37 qāwūn «melon»7, qalās;̌ ̄n «chaussettes». Le mot désignant l’orange est aussi réalisé avec [q]: burtuqāl. D’autres mots, qui sont réalisés par les locuteurs plus âgés avec [g] ou [ǧ], sont réalisés souvent par la jeune génération avec [q]: ǧid; ̄m ~ gid; ̄m ~ qad; ̄m «vieux», gil; ̄l ~ ǧil; ̄l ~ qal; ̄l «peu», gir; ̄b ~ ǧir; ̄b ~ qar; ̄b «proche», gin; ̄nä ~ qan; ̄nä «bouteille», dig; ̄gä ~ daq; ̄qa «minute», ḥag; ̄gä ~ ḥaq; ̄qa «vérité». On remarque ici que la voyelle /a/ du schème C1aC2" ̄C3 transformée en /i/ par les locuteurs plus âgés est restitué en même temps que l’uvulaire par les plus jeunes. Comme de nombreux parlers bédouins de la région, on observe une réalisation a'riquée [ǧ] dans l’environnement d’une voyelle antérieure (/i/, /" ̄/, les allophones antérieurs de /a/ et /ā/ et /ē/): t ̱iǧ; ̄l «lourd», ǧiddām «devant», ǧidriyyä «marmite», ḥar; ̄ǧ «terre en friche, incendie», ʿam; ̄ǧ «profond», ǧidḥä «briquet», šarǧ «est», az-Zrēgǎ t̄ (nom de tribu). L’a'riction semble être impossible lorsque C2=C3: d-g-g «frapper, moudre», dig; ̄g «farine», digg; ̄g «batteur»; ḥ-g-g «droit, enquête…», yḥaggig «faire subir un interrogatoire», ḥagg «prix, droit»; š-g-g «fendre», šagg «il a fendu», šigg; ̄g «celui qui fend», šaḡ ig «qui fend». Le mot ǧadd «autant» apparait sans a'riction dans l’interrogatif š-gadd «combien». On peut imaginer ici que l’a'riction a été neutralisé par la présence de la chuintante /š/. La racine g-t-l «tuer» est réalisé č-t-l: čital «il a tué, frappé», čatlä «bastonnade», mačtūl «tué, tabassé». La consonne /g/ s’est dévoisée au contact de C2 /t/, et /k/ s’est ensuite a'riqué dans l’environnement d’une voyelle antérieure : g-t-l → k-t-l → č-t-l8. La vélaire /k/, à l’instar de /g/, est a'riqué dans l’environnement des voyelles antérieures /i/, /" ̄/, les allophones antérieurs de /a/ et /ā/ et /ē/: čišič «préparation culinaire», čibir «il a grandi», yibči «il pleure», č; ̄s «sac», d; ̄č «coq», čalb «chien», čaʿčä «galette au sésame», ḥačat «elle parle», ča: «paume», ʾačil «nourriture», ḥarrač «bouger», ʿilčä «mastique», sičac̄ ;̌ ̄n «couteaux», čan ̄ «il était», mičan ̄ «endroit», čef̄ «comment», ḥsēc ̌ «petite arête». La proximité d’une voyelle postérieure neutralise l’a'riction: d; ̄č «coq» mais dyūk «coqs», ča' «paume» mais kfūf «paumes», čǝtf «épaule» mais ktūf «épaules». Une exception notable est čan ̄ «il était» qui donne à l’inaccompli yikūn «il est». Il apparait cependant dans les verbes dont C3 est a'riquée, comme nāc-̌ yn; ̄č qui est utilisé dans un registre vulgaire pour exprimer l’idée de copuler, la racine ʿ-l-č qui est réalisée avec l’a'riquée dans des mots comme ʿilčä ̌ «mastique», ʿilič «il a mastiqué», ou la racine h-l-č 7 8 On trouve aussi la réalisation qāʿūn. La racine k-t-l est également rapportée par RUDOLF DE JONG pour les parlers bédouins du sud du Sinaï: «Like in many Bedouin dialects, *q has a k re.ex in katal». (DE JONG: 2004, 156). 38 I. Younes et B. Herin (hilič «il est exténué»), rétablissent le [k] dans les participes passifs de schème *maC1C2ūC3. C’est ainsi qu’on entendra manyūk, maʿlūk et mahlūk. Nous n’avons pas trouvé de paire minimale permettant d’établir le statut phonémique de [č], on peut cependant opposer /k/ et /č/ dans ʾabū-k «ton père (m.)» et ʾabū-č «ton père (f.)». La réalisation la plus commune de /ǧ/ est l’a'riquée [ǧ]: yiǧ; ̄b «il amène», ǧardūn «rat», ǧar̄ «voisin», ǧizam «botte». Les a'riquées [č] et [ǧ] sont désa'riquées au contact des coronales [d], [t], [ḏ], [t ̱], [t ̣] et [ḏ̣]: yičdis [jɪʃdɪs] «il empile», yičtil [jɪʃtil] «il tue, frappe», yičdi̱ b [jɪʃðɪb] «il ment», yičt ̱ir [jɪʃθɪr] «il augmente», bint-əč t ̣āhiṛa [bɪntɪʃ t̴ɑːhɪr̴ɑ] «ta &lle est vertueuse» et ʾaxū-č ḏ̣ar̄ ̣b-o [ʔɐχuːʃ ð̴ɑːr̴bɔ] «c’est ton frère qui l’a frappé». Le même phénomène se produit avec [ǧ]: yḥariǧ ḏ; ̄b-ək [jħɑrɪʒ ðiːbɪk] «petit malin!», yiǧdim [jɪʒdɪm] «il s’avance», at ̣-t ̣ar; ̄ǧ ḏ̣aȳ iǧ [ɑt̴t̴ɑrɪːʒ ð̴ɑːjɪʤ] «la route est étroite», ad-diraǧ t ̱ābit [dirɐʒ θɐːbɪt] «l’escalier est &xe», al-ḥaǧǧ t ̣āhir [al-ħɐʒʒ] «le hajj Ṭah ̄ ir». En plus de la désa'riction, on observe aussi un dévoisement de [ǧ] dans: ǧtamaʿ [ʃtɐmɐʕ] «réunir». Le phonème étymologique /ǧ/ a peut-être une réalisation [j] dans la préposition yam(m)- ‘à côté de, vers’ qui vient peutêtre de *ǧamb9. Une réalisation [z] a été enregistrée dans le verbe niḥtiziz «nous gardons prisonnier» (< niḥtiǧiz). Nous avons aussi relevé une réalisá tion a'riquée [ʦ] de /t/ à proximité de /i/ dans ʾitt́ ifqaw «ils se sont mis d’accord» réalisé [ɪʦːɪfqaw]. La laryngale /ʾ/ est maintenue en position initiale dans di'érentes dérivations et .exions des racins ʾ-k-d (tʾakkatt «je me suis assuré»), ʾ-m-r (tuʾmur «tu commandes, ordonnes»). En position médiane on trouve la racine s-ʾ-l (tisʾal ‘tu demandes’)10. En position initiale et avant voyelle, l’apparition de [ʾ] est de nature phonotactique: ʾēs ̌ «quoi», ʾuṃ ṃ «mère», ʾuxt «sœur». La laryngale disparaît par exemple avec les di'érentes prépositions: ʿal-ēs ̌ «mais pourquoi ?», l-uṃ ṃ w-i «pour ma mère», b-uxt-ək «avec ta sœur». En position &nale, /ʾ/ ne se maintient généralement pas. La séquence étymologique *-ā(ʾ) peut être réalisée courte comme dans ḥamra «rouge (f.)» ou wara «derrière» mais sera réalisée longue dans ʾaṣdiqā «amis», ʾat ̣ibbā «médecins», ʾaḥibbā «bien-aimés». Comme dans les autres variétés, en position médiane, /ʾ/ est élidé: ṛas̄ «tête», ḏ; ̄b «loup», t ̱āṛ «prix du sang». 9 La manière la plus commune pour exprimer ‘à côté de’ est ḥadd-. 10 Nous avons enregistré une réalisation uvulaire sourde [q] dans le parler des ʿarab al-laglūg : isqal! «demande! (m.)». Un parler bédouin du Liban 39 Vélarisation secondaire La vélarisation secondaire est extrêmement répandue: g̣al̄ ̣ «il a dit», ṛuḳūḅ «fait de monter», ṃ wayy «eau», kt ̱āṛ «nombreux», ḳḅar̄ ̣ «grands», xēzaṛan ̄ ä «bâton de berger». Dans d’autres cas, l’emphase provient de la propagation du trait vélarisé d’une emphatique primaire: t ̣al ̣aḅ «demande», ḥat ̣aḅ «bois», t ̣ṛab̄ ̣lis «Tripoli». Lorsque que l’emphase porte sur /m/ et /b/ suivi d’une voyelle, on observe dans quelques cas les allophones [ṃ w] et [ḅw]: yuḅwa «papa», yuṃ ṃ wa «maman», ṛaḅḅw-i «mon seigneur», ḥuḅḅwa «bisoux», g̣al ̣ḅw-i «mon cœur». Elévation de /a/ Comme dans beaucoup de variétés bédouines, on observe dans ce dialecte une élévation de /a/, qu’il soit accentué ou non. Les cas suivants ont été relevés : *C1aC2" ̄C3: čit ̱; ̄r «beaucoup», rif; ̄ǧ «ami», rib; ̄ʿ «printemps, pâturages, ami», t ̣iw; ̄l «long», rif; ̄ʿ «mince», sim; ̄n «gras», biʿ; ̄r «chameau», biʿ; ̄d «loin (m.)». *C1aC2" ̄y: nibi «prophète», ṣibi «garçon», t ̣iri «frais», ridi «mauvais». *C1aC2aC3: ziman «temps», liban «yaourt», simač «poisson», ǧibal «montagne», sibab «cause, raison». *C1aC2ā: diwa «médicament», siwa «ensemble», simä «ciel», difä «chaleur», nidä «rosée». *C1aC2C2" ̄C3: digg; ̄g «batteur (café), tatoueur», birm; ̄l «tonneau», mind; ̄l «châle» mais šaġg;̇ ̄l «travailleur». *...C1aC2āC3...: šibāb «jeunes», šimāl «nord», šiǧāʿa «courage», misāḥa «espace», misāfä «distance», miḏ̣af̄ a «ce qui est o'ert à un invité (café, thé, eau)», gibāyil «tribus», šiwārib «moustaches», mināsif «plat à base de riz ou de boulghour», ḏibāyiḥ «bêtes égorgées», dikāk; ̄n «échoppes», siwālif «histoires», sičac̄ ;̌ ̄n «couteaux», muwāsǐ «bétails», šiwāya «petits nomades ». La voyelle /a/ se maintient en contexte emphatique dans le schème C1aC2C2āC3: ḥaṃ ṃ āl ̣ «porteur», ḅag̣g̣ar̄ ̣ «qui garde les vaches», ḅag̣g̣al̄ ̣ «épicier», ṣaḅḅab̄ ̣ «qui verse le café». On observe cependant birrād «réfrigérateur» ou encore kišsǎ f̄ «scout». Le maintien s’observe aussi dans le schème C1aC2C3ān: ʿat ̣šān «ayant soif», farḥan ̄ «content». Nous avons cependant relevé ʿimyān «aveugle», ʿiǧyān «enfants», šibʿān «rassasié» et wiǧʿān «ayant mal». La présence d’une gutturale a tendance à inhiber l’élévation de /a/ : ḥal; ̄b «lait», ʿaǧ; ̄n «pâte», ḥab; ̄b «bien-aimé», ġaz; ̄r «intense», ġar; ̄b «bizarre», xab; ̄t ̱ «rusé», ġanam «moutons». 40 I. Younes et B. Herin A propos de la qualité de cette voyelle, celle-ci est en contexte neutre [ɪ], [ɨ] à proximité d’une emphatique. La présence d’une labiale comme /w/ ne su%t généralement pas à tirer la réalisation vers l’arrière. Le seul cas dans lequel cela est bien perceptible est ṃ uẉ āsǐ , comme s’il fallait la présence de deux labiales pour déclencher le retrait (ici /m/ et /w/). Le syndrome gahawah Le syndrome gahawah, qui désigne l’insertion d’une voyelle de disjonction a- après les spirantes vélaires, pharyngales et laryngales /x/, /ġ/, /ḥ/, /ʿ/ et /h/ formant le premier élément d’un groupe de consonnes précédé d’une voyelle -a- est commun dans le parler concerné tant au niveau des schèmes nominatifs que verbaux. Ainsi, dans le schème *C1aC2C3, l’insertion semble systématique: šahar «mois», baḥar «mer», nahar «rivière», ḏ̣ahar «dos», baġal «mulet», (ʾa)hal «famille». D’autres schèmes pour lesquels nous avons relevé des occurrences sont: *maC1C2aC3: mḥaram «partie de la tente réservée aux femmes», mʿamal «fabrique, usine», mʿabar «passage». *C1aC2C3ān: zʿalān «fâché», tʿabān «fatigué», G̣ḥat ̣ān «ancêtre éponyme des Arabes du sud», nʿasān «fatigué». *ʾaC1C2aC3: (ʾa)ḥamar «rouge», (ʾa)xaḏ̣ar «vert», (ʾa)ʿaraǧ «boiteux», (ʾa)ġalab «la majorité», (ʾa)habal «bête, stupide», (ʾa)x̣aṛaṣ «muet». *ʾaC1C2ā: (ʾa)ʿama «aveugle», (ʾa)ḥala «plus beau», (ʾa)hala «bienvenue», (ʾa)ġala «plus cher», (ʾa)ʿala «plus haut». Contrairement aux parlers nord-arabiques de type grand-nomades Šammar et ʿNizä, le schème *maC1C2ūC3 ne sera pas sujet au syndrome gahawah quand bien même C1 correspond à /ʿ/, /h/, /ḥ/, /ġ/ ou /x/. Ainsi, nos données nous fournissent maḥt ̣ūt ̣ «mis», maʿg̣ūl ̣ «raisonnable», maʿṛūf «connu » et non mḥat ̣ūt ̣, mʿag̣ūl ̣ et mʿaṛūf11. Quelques verbes: (ʾa)ḥači «je parle», (ʾa)ʿarif «je sais», (ʾa)ʿazim «j’invite», (ʾa)ḥasib «je compte», (ʾa)xabiz «je fais du pain», (ʾa)ġat ̣is «je plonge». 11 CANTINEAU: 1937, 169. Un parler bédouin du Liban 41 Resyllabi!cation des séquences C1aC2aC3V Comme dans d’autres variétés bédouines, les séquences C1aC2aC3V sont resyllabisées en C1C2vC3V: baṣala → ḅsạ l ̣a «oignon», bagara → ḅg̣aṛa «vache», šaǧara → sǧaṛa «arbre», baġala → ḅg̣ȧ l ̣a «mûlet», waraga → ẉ ṛaga «feuille, billet», maraḏ̣at → ṃ ṛaḏ̣at «elle est tombée malade», gaʿadat → gʿadat «elle s’est assise», zaʿalat → zʿalat «elle s’est fâchée», saḥaǧat → sḥaǧat «elle a applaudi», ʿadasa → ʿdasä «(une) lentille», šafaga → šfaga «pitié», faras-u → fṛas-u «sa jument (m.)». zalama → zlimä «homme», ġanama → ġnimä «mouton», baraka → bričä «bénédiction», ḥaraka → ḥričä «mouvement». ragaba → ṛg̣uḅa «nuque», ḥat ̣aba → ḥt ̣uḅa «bûche (de bois)», gaṣaba → g̣sụ ḅa «un bambou». On observe que la voyelle par défaut est /a/, même lorsque le voisinage consonantique n’est pas emphatique ou postérieure. La voyelle /i/ ne semble apparaître qu’après une coronale (ici /r/, /l/ et /n/). Dans le cas de la proximité d’un /r/ vélarisé, la voyelle reste /a/. Quant à la voyelle /u/, elle ne semble apparaître que précédée d’une emphatique et suivie d’une labiale (ici /b/). L’ajout des pronoms a%xes modi&e la séquence en C1C2vC3V: bġal-i «mon mûlet», ḅg̣aṛt-i «ma vache». C’est aussi le cas avec le su%xe du duel bṣalēn «deux oignons». Le syndrome gahawah et la resyllabi&cation peuvent agir l’une après l’autre sur un même mot. Le syndrome gahawah précède la resyllabi&cation: mahl-ak → mahal-ak → mhal-ak (dans ʿala mhal-ak «à ton aise»), naʿgä → naʿaǧä → nʿaǧä «une brebis», taʿrif → taʿarif → tʿarif «tu sais», yaḥkum → yaḥakum → yḥakum «il juge». L’assignement de l’accent primaire suit les mêmes règles que les parlers sédentaires de la région. La première syllabe lourde en partant de la droite est accentuée: siwāĺ if «histoires», sičac̄ ;̌ n̄́ «couteaux», y; ́nḏibiḥ «il se fait égorger». A l’inverse des parlers sédentaires, l’ajout de matériau morphologique à gauche comme l’article attire l’accent sur la première syllabe: áz-zulum «les hommes», ár-rabaʿ «parties réservées aux hommes, groupe d’hommes». Si cela n’est pas systématique avec l’article, le pré&xation des prépositions b-, ʿa ou l- avant l’article amène généralement l’accent sur la première syllabe: b-ál-bēt «dans la maison», b-ág-̌ ǧiryä «au village», l-ál-ʿarəs «pour le mariage », ʿá-l-faǧər «à l’aube». 42 I. Younes et B. Herin Les pronoms autonomes L’inventaire des pronoms autonomes est le suivant: 1s ʾani 1p ʾiḥnä ~ ḥinnä 2fs ʾinti 2fp ʾintǝnn 2ms 3ms 3fs ʾintä 2mp huwwä 3mp hiyyä 3fp ʾintu huṃ ṃ a ~ huṃ ṃ hǝnnä ~ hǝnn On remarque que la 1s est ʾani, forme commune à d’autres parlers de la région, sédentaires ou bédouins. Pour ce qui est de la 1p, la forme originelle semble être ḥinnä, alors que ʾiḥnä est emprunté. Le problème est que les parlers sédentaires environnants ont naḥna. On peut supposer que ʾiḥnä est un emprunt aux parlers sédentaires avec lesquelles le dialecte des ʿAt; ̄ǧ a été en contact dans une période antérieure. Les pronoms su"xes L’inventaire des pronoms su%xes est le suivant: 1s -i, v̄ -y(i) 2fs - əč, v̄ -č(i) 2ms 3ms 3fs - -ək, v̄ -k -u (h) hä 1p -nä 2fp -čənn 2mp ~ -a , v̄ -yu ~ (h) h 3mp 3fp -kum -hum -hǝnn A la 1s, l’allomorphe -y(i) n’apparait qu’après une voyelle: ʾabū-y(i) «mon père». On observe une ʾimāla dans les pronoms de la 1p et 3fs: kull-hä «elle toute entière», bēnāt-nä «entre nous». A la 2ms et 2fs, les allomorphes -k et č(i) n’apparaissent qu’après une voyelle ʾaxū-k «ton (m.) frère», ʾaxū-č(i) «ton (f.) frère». On remarque que la voyelle que nous avons noté ə a la même réalisation à la 2ms et 2fs (souvent réalisé entre [ɪ] et [ə], à la di'érence des parlers sédentaires où le contraste entre /a/ et /i/ sert à di'érencier le masculin du féminin. Dans le parler des ʿAt; ̄ǧ, la charge contrastive est assurée par les consonnes /k/ et /č/. On peut être surpris par le nombre d’allomorphes à la 3ms. La forme -ah semble être la plus ancienne, tandis que -uh peut être attribué à une in.uence sédentaire. Elle est toutefois la plus employée actuellement. La consonne /h/ apparaît à la pause: b-ah «dans lui». L’allomorphe -yu n’apparaît qu’après une voyelle Un parler bédouin du Liban 43 dmā-yu «son sang». On observe aussi l’allongement de la voyelle &nale, avec aussi /h/ en pause: ʿaṣa-̄ (h) «son bâton». On notera la gémination du /n/ &nal à la 2fp et 3fp. Les démonstratifs Proximité m. f. Sg. Pl. hādi̱ hādi̱ nn(ä) hāḍa̱ hādo̱ ̄l(ä) ~ hādo̱ ̄m(ä) Eloignement m. f. Sg. haḏ̣ak̄ haḏ̣; ̄č Pl. hādo̱ ̄lāk hādi̱ nnīč La forme apocopée ha- non marquée pour le genre et le nombre est très commune: ha-z-zlimä «cet homme». Ce dernier peut aussi se combiner avec les formes longues: ha-z-zlimä hāḍa̱ . La forme hāy est aussi courante: hāy alḥurma «cette femme» (aussi hāy al-ḥurma hādi̱ ). Le génitif analytique Dans le parler des ʿAt; ̄ǧ, la forme la plus commune est tabaʿ. Il s’agit sans doute d’un emprunt aux dialectes sédentaires. Lors de la su%xation des pronoms à initiale vocalique, on observe un resyllabisation: tabaʿ + -i → tbaʿi. De la même manière, on trouvera tbaʿ-ak, tbaʿ-əč, tbaʿ-o. Nous n’avons pas relevé de variation en genre et en nombre du morphème tabaʿ. Les interrogatifs Pour «quoi?», il existe di'érentes variantes: š-, aš, wiš ~ wēs,̌ šinuh. Suivi des pronoms su%xes, l’interrogatif prend les formes suivants: šinuh ~ šinuwwa, šinih ~ šiniyyä, šin-hum et šin-hinn. On rencontre également š- suivi de la préposition l- «pour, à» augmentée des pronoms a%xes. La .exion est la suivante : šill-i, šill-ak, šill-ič, šill-o, šil-hä, šil-nä, šil-kum, šil-čənn, šil-hum, šilhinn. Pour «qui?», la forme la plus commune est min. On entend aussi m; ̄n, emprunté sans doute aux parlers sédentaires. Avec les pronoms su%xes, on observe les formes suivantes: minu(h), minhu, minuwwa, mini(h), minhi, miniyyä, minhum, minhinn. 44 I. Younes et B. Herin Pour «où?», on entend wēn. Combiné aux prépositions l- et min: l-wēn «vers où?» et mnēn «d’où ?». Pour «quand?», on entend surtout mita et yimta avec une nette prépondérance de la première forme. Pour «combien?», la forme la plus commune est š-gadd et moins courant gaddē(h). La forme čǝm est utilisée avec les entités comptables. Pour «comment?», on trouve šlōn et čef̄ , la première forme étant toutefois plus fréquente. Pour «quel?», on trouve ʾayy(a) placé devant le nom: ʾayya t ̣al ̣aḅ «quelle demande ?», ʾayy ʿaš; ̄rä «quel tribu ?». Pour «pourquoi?», on trouve lē(h) ~ lēs ̌ ~ lwēs.̌ Les adverbes Les adverbes suivants ont été relevés : h; ̄n ~ hnānä «ici», hnāk(a) ~ hnāc(̌ ä) «là-bas», ġad ̄ «là-bas au loin», h; ̄č «ainsi», ʾalḥaz(z) ~ lḥ; ̄n «maintenant», ʾalḥazzēn «tout de suite», baʿad ~ ʿugub «après cela». On trouve la forme ʿadēn dans le sens de «par la suite», yimčin ~ balči «peut-être» (la dernière est un emprunt au turc belke). Pour «encore», on trouve lissa, qui est aussi attesté dans d’autres parlers, mais s’il est augmenté d’un pronom su%xe, on trouve sāʿt- : sāʿt-əč b-awwal šibāb-əč «tu es (f.) encore jeune», mbāriḥ ~ ʾálbāriḥ ~ mbārḥa ~ ʾál-bārḥa «hier», ʾams «il y a quelques jours», bāčir «demain», bičč; ̄r «tôt», ʾawwalt əmbāriḥ «avant-hier», ʿugub bācǐ r ~ baʿad bācǐ r «après-demain», sint aǧ-ǧaȳ «l’année prochaine», sint al-māḍi̱ «l’année passée», dug̣ṙ ̣a «directement», kamān ~ zādān «aussi», b-nōb «jamais». Les prépositions On trouve les prépositions suivantes: ʿala ou la forme courte ʿa «sur», mais aussi avec un sens spatial «vers», augmentée des pronoms su%xes: ʿala-yyä, ʿalē-k, ʿalē-č, ʿalē-h, ʿalē-hä, ʿalē-nä, ʿalē-kum, ʿalē-čənn, ʿalē-hum, ʿalē-hǝnn; l«vers, pour», augmentée des pronoms su%xes: li ~ li-yyä, l-ək, l-əč, l-ah, l-hä, l-nä, l-kum, l-čənn, l-hum, l-hǝnn; b- «dans, avec, pour, par», augmentée des pronoms: bi-yyä, b-ək, b-əč, b-ah, b-hä, b-nä, b-kum, b-čənn, b-hum, b-hǝnn. Pour mʿa «avec», on observe une resyllabi&cation de maʿa en mʿa, augmentée des pronoms su%xes: mʿā-yä, mʿā-k, mʿā-č, mʿā-h, mʿā-hä, mʿā-nä, mʿā-kum, mʿā-čənn, mʿā-hum, mʿā-hǝnn. On trouve également la forme wiyyā, mais cependant moins courante. Les autres prépositions spatiales sont ǧiddām «devant», wara ~ xalf «derrière», fōg «au-dessus», taḥt «en-dessous», g̣ḅal̄ ̣ «en face de», ḥōl «autour» (on observe cependant l’allomorphe ḥawālä Un parler bédouin du Liban 45 suivi des pronoms su%xes: ḥawāla-yyä, ḥawālē-k…), ʿind «chez, auprès de», ṣōb «vers», ḥadd «à côté de», yamm «vers, à côté de», ʿugub ~ baʿad «après», g̣aḅul ̣ ~ gabəl «avant», blāya «sans». Les conjonctions Comme dans la plupart des parlers orientaux, on observe le complémenteur ́ ʾinn- auquel peuvent se su%xer les pronoms liés: w-itt́ ifqaw ʾinno ʾāxir ši lawēn (w)idd-nä nūsạ l (littéralement) «et ils se sont mis d’accord que, &nalement, où cela va nous mener». D’autres conjonctions contenant l’élément ʾinn- sont liʾann- «parce que», māʾinn- «bien que», čann- «comme si». Certaines conjonctions font intervenir un élément suivi du morphème ma comme bidāl-ma «au lieu que», g̣aḅul ̣-ma «avant que», baʿad-ma ~ ʿugubma «après que», mit ̱əl-ma «comme», ǧadd-ma «autant que», bila-ma ~ bdūnma «sans que», ʾawwal-ma «dès que», kill-ma ~ kull-ma «chaque fois que», sāʿat-ma «l’heure où», nhāṛ-ma «le jour où», sinət-ma «l’année où», mat ̣raḥ-ma ~ mičan ̄ -ma «l’endroit où», wēn-ma «là où», š-ma «(tout) ce que», čef̄ -ma ~ šlōn-ma «comme», min-ma «qui que ce soit». Avec les nominaux qui expriment une durée de temps, on trouve aussi le relativiseur ʾilli: sāʿat-illi «l’heure où», yōm-illi «le jour où» nhāṛ-illi «la journée où», sint-illi «l’année où», wagt-illi «le moment», marrt-illi «la fois où». D’autres conjonctions qui introduisent des subordonnées adverbiales sont yōm «le jour où», limmin (aussi réalisé avec une vélarisation liṃ ṃ in) ~ mmin «quand», ḥatta ~ ta ~ la «jusqu’à ce que, pour», mšan ̄ «pour que». Les conjonctions les plus communes pour introduire les conditionnels sont ʾiḏa ~ ʾiza (emprunté aux parlers sédentaires) lō, ʾinčan ̄ . On trouve également winn dans le sens de «même si». Les nombres 1. wāḥad (m.), waḥdä (f.), 2. t ̱nēn (m.), t ̱intēn (f.), t ̱alāt ̱a, 4. arbaʿa, 5. xamsä, 6. sittä, 7. sabʿa, 8. t ̱mānyä , 9. tisʿa , 10. ʿašṛa ~ ʿšaṛa. Lorsque le nom compté apparaît après le numéral, le /a/ disparaît t ̱māni rǧal̄ «huit hommes». Il existe une variation allomorphique dans certains noms qui voient apparaître l’élément t- à l’initiale: xams tiyyām «cinq jours», sabaʿ tušhur «sept mois», arbaʿ tālāf «4000», tisaʿ tariġfä «neuf pains». De 11 à 19: ʿidās,̌ t ̱naʿš, t ̱alat ̣t ̣aʿš, arbaʿt ̣aʿš, xamst ̣aʿš, sit ̣t ̣aʿš, sabaʿt ̣aʿš, t ̱amant ̣aʿš, tisaʿt ̣aʿš. Le duel, comme dans les autres parlers arabes, n’est attesté que pour les noms: waladēn «deux garçons», bētēn «deux maisons», smičatēn «deux poissons». Le pseudo-duel existe pour ʾ; ̄dēn «mains», riǧlēn «deux jambes, pieds», ʿēnēn ~ ʿyūn «yeux». Comme dans la plupart des variétés, l’ajout de 46 I. Younes et B. Herin matériau morphologique à droite du morphème du duel est assez restreint, sauf dans le cas du pseudo-duel: ʾ; ̄dēnək, ʾ; ̄dēnhum, riǧlēh. Cela est cependant impossible avec ʿēnēn, ce qui montre bien qu’il s’agit ici d’un duel et non d’un pseudo-duel. La morphologie verbale A l’accompli, le radical est augmenté des su%xes suivants : 1s -t 1p -nä 2fs -ti 2fp -tən 2ms 3ms 3fs -t -Ø -at 2mp 3mp 3fp -tu ~ tow ~ taw -aw -ən Deux schèmes sont possibles à la première forme (3ms de l’accompli): C1aC2aC3 et C1iC2iC3. Le premier /a/ du schème C1aC2aC3 subit généralement une élévation vers /i/ en contexte neutre: sikat «se taire», sikan «habiter», čital «tuer, frapper», nigal «déplacer». La présence d’une vélaire, d’une pharyngale ou d’une laryngale neutralise le passage de /a/ à /i/: t ̣al ̣aḅ «demander», ʿazam «inviter», ḥaṣad «moissonner». Nous avons cependant relevé un passage de /a/ à /i/ à proximité d’une pharyngale dans le verbe ḥilaf «jurer». Le schème C1iC2iC3 est stable: čibir «grandir», čit ̱ir «augmenter», (him «comprendre», širib «boire». Les paradigmes sont les suivants: čitalt, čitalt, čitalti, čital, čitlət, čitalnä, čitaltu, čitaltənn, čit(a)lu, čit(a)lən(n); t ̣al ̣aḅ(ə)t, t ̣al ̣aḅ(ə)t, t ̣al ̣aḅti, t ̣al ̣aḅ, t ̣l ̣aḅat, t ̣al ̣aḅnä, t ̣al ̣aḅtaw, t ̣al ̣aḅtənn, t ̣l ̣aḅaw, t ̣l ̣aḅən(n). Il est intéressant d’observer que l’a%xe de la 2mp est réalisé -taw en contexte emphatique, tandis que -tu apparaît en contexte neutre. Nous constatons que la règle de resyllabi&cation est parfaitement active. A l’inaccompli, les radicaux possibles à la forme I sont C1C2aC3, C1C2iC3 et C1C2uC3. Le radical est augmenté des pré&xes et su%xes suivants : 1s a- 1p n- 2fs t-…-; ̄n 2fp t-…-ən 2ms 3ms 3fs t- y- t- 2mp 3mp 3fp t-…-ūn y-…-ūn y-…-ən C1C2aC3 (rakab-yirkab «monter»): ʾarkab, tarkab, tarkab; ̄n, yarkab, tarkab, narkab, tarkabūn, tarkabən, yarkabūn, yarkabən Un parler bédouin du Liban 47 C1C2iC3 (čidas-yičdis «empiler»): ʾačdis, tičdis, tičəds; ̄n, yičdis, tičdis, ničdis, tičədsūn, tičədsən, yičədsūn, yičədsən C1C2uC3 (nigal-yung̣ul ̣ «déplacer»): ʾang̣ul ̣, tung̣ul ̣, tunug̣l; ̄n, yung̣ul ̣, tung̣ul ̣, nung̣ul ̣, tunug̣l ̣ūn, tunug̣lən, yunug̣l ̣ūn, yunug̣lən La qualité de la voyelle médiane semble surtout être conditionnée par l’environnement consonantique. Le timbre [u] apparait surtout dans le voisinage d’une emphatique: yuḏ̣ṛuḅ «il frappe», yḥaṣud «il moissonne», yḥakum «il juge», yung̣ul ̣ «il déplace». En contexte neutre, on observe surtout /i/: yiskit «il se tait», yiskin «il habite», yʿazim «il invite», yištil «il tue», yḥaǧiz «il retient». Dans l’entourage immédiat d’une consonne comme une pharyngale, alors que l’on trouve souvent un [u] dans d’autres variétés, on observe plutôt [a] dans le parler des ʿAt; ̄ǧ: yigʿad. La voyelle médiane est ici phonologiquement /i/~/u/, et non /a/, on s’en rend compte également avec la resyllabi&cation que s’opère lors de la su%xation des indices de nombre: yigaʿdūn, yigaʿdən. Si cette voyelle avait été un /a/ phonologique, on aurait observé le maintien du radical C1C2aC3. Il s’agit ici d’un argument supplémentaire pour considérer que /i/ et /u/ ont fusionné en un seul phonème dans ce dialecte. Les verbes faibles Les verbes dont C1 est faible sont réguliers à l’accompli comme le montre la .exion de wigif «s’arrêter»: wgifət, wgifət, wgifti, wigif, wigfat, wgifnä, wgiftu, wgiftən, wugfu, wigfən. D’autres verbes sont wigiʿ «tomber», waʿad «promettre», waǧaʿ «avoir mal», waram «avoir un bleu». Avec /y/ en première position on trouve yibis «sècher» qui se conjugue aussi régulièrement. On observe à l’inaccompli la chute de la consonne faible. La .exion de wigif est la suivante: ʾagif, tigif, tigf; ̄n, yigif, tigif, nigif, tigfūn, tigfən, yigfūn, yigfən. Les verbes dont C2 est faible ont le radical C1āC3 aux troisièmes personnes. Aux autres personnes, on observe le radical C1vC2. Avec /w/ en deuxième position (ici g̣al̄ ̣ «il a dit»), on obtient le paradigme suivant à l’accompli: gilət, gilət, gilti, g̣al̄ ̣, g̣al̄ ̣ət, gilnä, giltu, giltən, g̣al̄ ̣aw, g̣al̄ ̣ən. La qualité de la voyelle médiane est plus proche de [i], même lorsque C2 = /w/. Le seul verbe ou le timbre se rapproche de [u] que nous avons identi&é est le verbe rāḥ, dont le radical devient C1uC2 aux premières et deuxièmes personnes: ruḥət «je suis allé». Pour l’accompli des verbes dont C3 est faible, deux schèmes sont possibles: C1iC2i et C1aC2a. Le schème C1iC2i est illustré par les exemples 48 I. Younes et B. Herin suivant: ḥimi «se réchau'er», riḏ̣i «il s’est satisfait», rimi «jeter», ʿimi «perdre la vue». Le schème de l’inaccompli de ces verbes est d’habitude yiC1C2a: yiḥma, yirḏ̣a, yiʿma. L’inaccompli de rimi est cependant yirmi. Le schème C1aC2a est illustré par les exemples suivants: ḥača «parler», g̣aḏ̣a «passer (temps)», raʿa «paître», naḥa «geindre», maḥa «e'acer», maḏ̣a «signer». La forme C1iC2a apparait lorsque le /a/ du schème s’élève comme dans bičä «pleurer», siẉ a «valoir», nisä «oublier». Le schème de l’inaccompli de ces verbes est généralement yiC1C2i: yḥači, yibči, yigḏ̣i, yimḥi, yimḏ̣i. On observe cependant yirʿa, yinḥa, yiswa et yinsa. Les verbes *ʾakal «manger» et *ʾaxaḏ «prendre», comme dans tous les parlers petit-nomades, sont réalisés čala et xaḏa. La .exion est la suivante: čalēt, čalēt, čalēti, čala, čalat, čalēnä, čalētu, čalētən, čalaw, čalən. Le verbe xaḏa présente les mêmes .exions. A l’inaccompli, le /ʾ/ étymologique laisse une trace au niveau de la longueur de la voyelle. La .exion de xaḏa est la suivante: ʾāxuḏ, tāxuḏ, tāxḏ; ̄n, yāxuḏ, tāxuḏ, nāxuḏ, tāxḏūn, tāxḏən, yāxḏūn, yāxḏən. On remarquera l’élision de la voyelle /u/ en position inaccentuée et en syllabe ouverte. La .exion de čala à l’inaccompli est la même. La voyelle médiane est ici aussi /u/: ʾākul, tākul… Les participes actifs sont respectivement mācǐ l et māxiḏ. La réalisation du verbe *ǧaʾ̄ «venir» est la suivante à l’accompli: ǧ; ̄t, ǧ; ̄t, ǧ; ̄ti, ǧā ~ ǧa, ǧat̄ ~ ǧat, ǧ; ̄na, ǧ; ̄tu, ǧ; ̄tən, ǧaw, ǧən. La .exion à l’inaccompli est la suivante: ʾaǧi, tiǧi, tiǧ; ̄n, yiǧi, tiǧi, niǧi, tiǧūn, tiǧən, yiǧūn, yiǧən. Les formes dérivées I. C1vC2vC3-yvC1C2vC3: nid̠̣ar-yund̠̣ur «regarder», kitab-yaktib «écrire». III. C1āC2aC3-yC1āC2iC3: ḥar̄ ̣aḅ-yḥar̄ ̣ib «guerroyer», ʿāwad-yʿāwid «rentrer, revenir». II. IV. V. VI. C1aC2C2aC3-yC1aC2C2iC3: daḥḥag̣-ydaḥḥiǧ «regarder», ʿaṃ ṃ aṛ-yʿammir «construire». ʾaC1C2aC3-yiC1C2iC3: ʾawd̠̣aḥ-yawd̠̣iḥ «rendre clair, éclaircir», ʾahdayahdi12 «o'rir». tC1aC2C2aC3-yiC1aC2C2aC3: yiḥag̣g̣ag̣ «se réaliser». tC1āC2aC3-yitC1āC2aC3: yitʿānad «s’entêter». tfaṛṛaǧ-yifaṛṛaǧ tḳaw ̄ ̣ an-yitḳaw ̄ an «se «regarder», quereller», tḥag̣g̣ag̣- tʿānad- 12 La resyllabisation en vertu du syndrome gahawah semble être neutralisée dans ce verbe. 49 Un parler bédouin du Liban VII. VIII. IX. X. nC1aC2aC3-yinC1aC2iC3: nhazam-yinhazim yinḏabiḥ «être frappé, égorgé, tué». «être battu», nḏabaḥ- C1taC2aC3-yiC1taC2iC3: ǧtamaʿ-yiǧtamiʿ (réalisé štamaʿ-yištamiʿ avec un dévoisement de /ǧ/) «se réunir», g̣taṛaḅ-yigtarib (réalisé ḳtaṛaḅyiktarib) «se rapprocher». C1C2aC3C3-yiC1C2aC3C3: smaṛṛ-yismaṛṛ «brunir», ṣfaṛṛ-yiṣfaṛṛ «jaunir». staC1C2aC3-yistaC1C2iC3: yistaslim «se rendre». staġṛaḅ-yistaġrib «s’étonner», staslam- On soulignera le maintien de la forme IV (ʾaC1C2aC3-yiC1C2iC3): ʾaʿt ̣a-yaʿt ̣i13 ~ ʾant ̣a-yənt ̣i «donner», ʾahda-yahdi «o'rir», ʾaʿras-yaʿris14 «se marrier», ʾawd̠̣aḥ-yawd̠̣iḥ «éclaircir, clari&er», ʾōgad-yōgid «allumer (le feu)». Ce maintien est largement attesté dans les parlers conservateurs, nomades ou sédentaires (CANTINEAU: 1940). On remarquera que l’absence du syndrome gahawah dans les verbes ʾaʿt ̣a, ʾahda, et ʾaʿras. Il se peut qu’il s’agisse d’une restriction au niveau du schème, ou que ces verbes n’y soit pas soumis parce qu’ils sont empruntés à une autre variété. Cela ne semble cependant pas être applicable à ʾaʿras qui est autochtone, car les dialectes sédentaires environnants utilisent la forme II ʿarras. Sur le plan phonétique, nous constatons le maintien de la diphtongue /aw/ dans ʾawd̠̣aḥ-yawd̠̣iḥ, ce qui est facilement explicable par le Systemzwang15 mais pas dans ʾōgad-yōgid. Cela montre le caractère non-général de ce concept. La valeur générale de la forme IV, comme en arabe standard, est factitive. Toutefois, sous la pression des parlers sédentaires, la fonction factitive est aussi largement assurée par le schème C1aC2C2aC3: šaġgȧ l-yšaġgi̇ l «faire travailler», waggaf-ywaggif «faire cesser», sammaʿ-ysammiʿ «faire entendre». On voit en synchronie qu’il existe une concurrence entre les formes IV et II dans des verbes tels que ʾabʿad ~ baʿʿad «éloigner», ʾat ̣ʿam ~ t ̣aʿʿam «nourrir» mais également entre les formes IV et I dans ʾasga ~ siga «abreuver, irriguer». Le verbe gʿad-yigʿid a un comportement particulier ʾagʿatt al-ʿaǧi «j’ai réveillé l’enfant» mais gaʿad-ni «il m’a réveillé». 13 Idem. 14 Idem. 15 «The German term Systemzwang refers to the need apparently felt by the speakers to avoid forms that are not morphologically transparent; the diphtong /aw/ in mawǧūd is in many dialects not monophtongized to become /ō/, because a conceivable form *mōǧūd would no longer be recognizable as a result of arranging the three root radicals w-ǧ-d on the morphological pattern for the passive participle in maC1C2ūC3». (DE JONG: 2004, 154). 50 I. Younes et B. Herin Dans cette dernière forme, le verbe est réinterprété comme étant de la forme I. Les verbes «météorologiques» qui apparaissent souvent avec le schème ʾaC1C2aC3 dans les variétés qui l’ont conservé sont réalisés avec le schème de la première forme: t ̱laǧat-tit ̱liǧ «neiger», šitat-tišti «pleuvoir», rʿadat-tirʿid «le tonnerre frappe». La dérivation passive par la pré&xation de n- peut également s’étendre à d’autres formes comme ngarrab-yingarrib «tomber enrhumer». La racine g-r-b est ici extraite de gr; ̄b «la grippe», emprunté au français. Les verbes quadrilitères, comme dans les autres variétés, ont le schème C1aC2C3aC4-yC1aC2C3iC4: ġarbal-yġarbil «tamiser», ʿarbaš-yʿarbiš «esca-lader», garʿam-ygarʿim «changer de sujet dans une discussion». La dérivation de la racine quadrilitère à partir de racines trilitères dont C2 est identique à C3 est extrêmement productive et a une valeur intensive: dagdag-ydagdig «battre, toquer», šagšag-yšagšig «fendre», šamšam-yšamšim «sentir», gaṣgaṣ-ygaṣgiṣ «couper»… Il existe une forme dérivée ré.échie-passive de schème tC1aC2C1aC2yitC1aC2C1aC2: tšagšag «se fendre», tgaṣgaṣ «se couper». L’aspect progressif Il existe trois manières d’exprimer l’aspect progressif dans le parler des ʿAtīǧ. La première est celle héritée et correspond au participe actif du verbe q-ʿ-d «s’asseoir». Deux réalisations ont été enregistrées: ǧaʿd ~ daʿd. On observe un état assez avancé de grammaticalisation. La consonne /ǧ/ provient de l’a'riction de /g/ (*/q/), bien ancrée dans le dialecte (cfr plus haut). De plus, il y a érosion phonétique par l’élision de la voyelle /i/ et la réduction de la voyelle longue /ā/. La forme daʿd présente une étape supplémentaire dans l’évolution phonétique puisque il y a également désa'rication par la perte de l’élément fricatif. L’auxiliaire s’accorde en genre et en nombre: ǧaʿd ~ daʿd, ǧaʿdä ~ daʿdä, ǧaʿd; ̄n ~ daʿd; ̄n, ǧaʿdāt ~ daʿdāt. (1) ǧaʿd ag̣ūl ̣-lək PROG.ms dire.IN.1s-DAT.2ms «Je suis en train de te dire/raconter» (2) ǧaʿdä PROG.fs txabəz cuire du pain.IN.3fs ʿa sur t-tannūṛ ART-four «Elle est en train de cuire le pain sur un four tannūṛ» 51 Un parler bédouin du Liban (3) ǧaʿdīn PROG.mp b-al-bēt dans-ART-maison yiḥačūn parler.IN.3mp «Ils sont dans la maison en train de parler» (4) daʿd yṣal ̣l ̣i PROG.ms prier.IN.3ms daʿdä tḥad̠̣ḍi̠ r «il est en train de prier» (5) PROG.fs préparer.IN.3fs al-ġada ART-déjeuner «elle est en train de préparer le déjeuner» La deuxième manière est l’emploi de l’auxiliaire ʿa qui ne s’accorde pas et qui est en emprunt aux parlers sédentaires de la région même si ces derniers utilisent le plus souvent les formes ʿan et ʿam16: (6) čān huẉ ẉ a w-ʿəǧāwīn yəmčən ʿa yiṣay(y)dūn être.AC.3ms peut-être lui PROG ʿaṛaḅ et-enfants tribu chasser.IN.3mp ʾaḳṛūm siwa ʾAḳrū ̣ ṃ ensemble «Il était en compagnie de jeunes des tribus du mont ʾAḳṛūṃ , probablement en train de chasser avec eux» (7) w-yiṣīr et-devenir.IN.3ms ʿa sur l-aẉ ẉ al ̣ yig̣aẉ ẉ əṣ huẉ ẉ a tirer.IN.3ms lui w-yiṣīr ʿa yədbəč PROG danser.IN.3ms yinəxx ART-premier et-devenir.IN.3ms s’abaisser.IN.3md l-al-ʾarəd̠̣ vers-ART-sol «Il s’abaisse au sol et tire tout en dansant à la tête de la dabčä» Les phrases existentielles Les phrases existentielles sont introduites par le morphème bu, issu de la lexicalisation de la préposition b- augmentée d’une forme du pronom a%xe 16 Communication personnelle de MARIE-AIMÉE GERMANOS. 52 I. Younes et B. Herin de la troisième personne masculin singulier. L’exemple suivant illustre son utilisation: (8) ya VOC ʿamm-i oncle paternel-1s bu il y a damm sang b-an-nuṣs ̣ «Mon ami, il y a une histoire de sang entre nous» dans-ART-milieu La négation se fait au moyen du morphème ma: (9) w-g̣al̄ ̣aw et-dire.AC.3mp la non ma NEG «Et ils dirent non il n’y a pas de paix» bu il y a ṣul ̣uḥ paix Conclusion Les discriminants qui permettent de rattacher le dialecte des ʿAtīǧ à un dialecte naǧdī septentrional de type petit-nomade17 (šāwi, pl: šiwāya) sont très nombreux et nous allons tenter de dé&nir ce qu’est un dialecte šāwi à l’aide de ce que nous ont légué nos prédécesseurs. Les sources dont nous disposons sur les parlers de nomades nordarabiques sont morcelées. Il était question, jusqu’il y a peu de temps encore, d’une majorité de receuils poétiques contenant le plus souvent des formes koïnéisées ne rendant pas réellement compte du dialecte en question mais relevant plutôt de la poésie nabat ̣i18. Il s’agissait essentiellement des travaux d’ALBERT SOCIN (SOCIN: 1900), de CARLO DE LANDBERG (DE LANDBERG: 1919), d’ALOÏS MUSIL (MUSIL: 1928) et d’ALBERT DE BOUCHEMAN (DE BOUCHEMAN: 1934) Mais, suite aux deux articles sur les parlers arabes de nomades d’Orient par JEAN CANTINEAU (CANTINEAU: 1936, 1937), il est désormais plus qu’envisageable de distinguer au sein de ces parlers des groupes qui se révèlent d’une manière très nette. Les principales caractéristiques partagées par les parlers šāwi et les parlers de grand-nomades sont: 17 CANTINEAU: 1937. 18 Pour de plus amples informations sur ce type de poésie, se reporter à SAAD SOWAYAN (SOWAYAN: 2000) et à MARCEL KURPERSHOEK (KURPERSHOEK: 2001). Un parler bédouin du Liban 53 1) L’a'riction dans l’environnement d’une voyelle antérieure (/a/, /ä/, /ə/, /e/, /i/, /ī/, et /ē/) du /k/ et du /q/ hérités de l’arabe classique en /č/ et /ǧ/ ou /ć/ et /ǵ/ selon la phonologie du parler19. 2) Le maintien des su%xes -ūn de l’inaccompli aux 2mp. et 3mp., -īn de l’inaccompli à la 2fs. et -na de l’inaccompli aux 2fp. et 3fp. 3) L’apparition d’une voyelle de disjonction -a- après les phonèmes /x/, /ġ/, /ḥ/, /ʿ/ et /h/ constituant le premier élément d’un groupe de consonnes précedé d’une voyelle -a- (syndrome gahawah). 4) Le radical de l’accompli des verbes de type C1aC2aC3a perd sa première voyelle devant des su%xes commençant par une voyelle20. 5) L’inaccompli des verbes dont C1 est /x/, /ġ/, /ḥ/, /ʿ/ ou /h/ voit l’apparition d’une voyelle de disjonction -a- après C1. 6) Les noms de schème C1aC2aC3 perdent leur première voyelle s’ils sont suivis d’un su%xe ou d’une désinence commençant par une voyelle. 7) Les noms de schème C1aC2aC3at perdent toujours leur première voyelle. 8) Les noms de schème C1aC2C3at dont C2 est /x/, /ġ/, /ḥ/, /ʿ/ ou /h/ sont rendus par le schème C1aC2aC3at qui en vertu du point 7 devient C1C2aC3at. 9) Les adjectifs de schème ʾaC1C2aC3 dont C1 est /x/, /ġ/, /ḥ/, /ʿ/ ou /h/ sont rendus par le schème ʾaC1aC2aC3-C1aC2aC3. 10) L’élévation de la première voyelle des schèmes C1aC2īC3, C1aC2āʾ et C1aC2aC3 lorsque C1 n’est pas /x/, /ġ/, /ḥ/, /ʿ/ ou /h/. 11) L’élévation de la première voyelle de la structure syllabique ...C1aC2āC3... lorsque C1 n’est pas /x/, /ġ/, /ḥ/, /ʿ/ ou /h/. 12) L’emploi du schème tC1aC2C2aC3-yiC1aC2C2aC3 pour la cinquième forme des verbes à racines trilitères et l’emploi du schème ʾaC1C2aC3-yiC1C2iC3 pour la quatrième forme des verbes à racines trilitères. 13) La présence d’un accent tonique très marqué21. Or, tous ces discriminants se retrouvent dans le parler des ʿAt; ̄ǧ, raison pour laquelle ce travail nous a semblé important. Ainsi que nous l’avions précisé dans l’introduction, aucune étude sur un parler bédouin du Liban n’a jusqu’à 19 Sur la di'érence d’a'riction entre parlers de grand-nomades et parlers de nomades moutoniers, se référer à CANTINEAU: 1936, 30. 20 Pour avoir une idée de la di'usion de ce phénomène tant chez les šiwāya que chez les nomades chameliers d’Arabie, on se reportera à Ingham (INGHAM: 1982, 1986). 21 CANTINEAU: 1937, 223. 54 I. Younes et B. Herin présent été réalisée. Nous souhaitons contribuer modestement avec ce travail au développement et à la poursuite des recherches dans le domaine de la dialectologie libanaise en général et bédouine du Liban en particulier. Suite à cette étude, il est désormais clair que certains parlers libanais sont aussi de type nomade nord-arabique, plus précisement de type šāwi. Nous ne voulons en aucun cas rentrer dans une polémique à base confessionnelle compte tenu notamment des conséquences que cela a eu sur l’histoire récente du pays mais, il nous semble juste de préciser qu’aucune des tribus bédouines du Liban n’est d’une autre confession que musulmane sunnite. Le parler des ʿAtīǧ ne subit certainement pas la même in.uence de la part de la capitale que les parlers du Mont-Liban par exemple mais, la proximité de deux grands centres urbains - en l’occurrence Tripoli et Homs ainsi que l’environnement sédentaires qui les entourent contribuent à rendre le processus de koïnéisation plus pregnant. Ce phénomène n’a'ecte pas encore la morphologie du parler de manière sensible et ne touche, dans une mesure relativement faible, que la jeune génération ayant eu des contacts prolongés en milieu urbain. Cependant, nous pensons qu’il est primordial de décrire ce parler ainsi que les autres parlers bédouins du Liban tant que des locuteurs conservateurs puissent nous fournir un corpus conséquent. Lexique Nous présentons ici une liste qui met en contraste quelques items employés chez les sédentaires et l’équivalent dans le parler des ʿAt; ̄ǧ. Certains de ces mots peuvent aussi apparaître dans d’autres dialectes nomades ainsi que dans certains dialectes sédentaires conservateurs: malʿaqa - xašūg̣a22 «cuiller». t ̣anjaṛa - ǧədriyyä «casserole». rakwe - dalla23 «cafetière». məqlēye - g̣ul ̣l ̣āya «poëlle». jaṛṛa - xābyä «jarre». ṃ unx̣ul ̣ - ġuṛḅal̄ ̣ «tamis». jərən - mahbāǧ «mortier». sətt - ḥabbābä «grand-mère». 22 Mot provenant du turc kaşık. 23 Etrangement, il n’y a ni tafxīm, ni ʾimāla dans ce mot. Un parler bédouin du Liban 55 zēyər - xāt ̣ər, nizīl «visiteur». tyēb - hdūm, mwāʿ; ̄n «vêtements». ʿabēye - ṣāỵ a «djelaba». Les di'érents types de ké&yeh ont des noms di'érents chez les ʿAt; ̄ǧ comme chez les autres tribus bédouines: čəKyye (noir et blanc), ǧamd̠an ̄ a (rouge et blanc), šmāx (terme générique mais aussi exclusivement noir), sulk (noir, plus lié à la martyrologie chiite), gad̠̣ād̠̠ ̣a (tout blanc, dans certains cas avec ̣ des carreaux en blanc cassé). Chez les sédentaires, seul le terme générique kəKyye est utilisé. ʿabēye - mizwiyyä, ḥasāwiyyä «djelaba brodée d’or». qšāṭ - zənnāṛa «ceinture». xanjar - šəbriyyä «poignard». mənxāṛ - xuššä «nez». t ̣; ̄z - ṣuṛuṃ «postérieur». kəss - t ̣; ̄z «vagin». wijj - ǧ; ̄rä, zōl «visage». šə:e - ḅuṛṭṃ a «lèvre». marḥaba - ḥayyal ̣l ̣a «bienvenue». mrabba - maʿgūd « con&ture». baṭṭ; ̄x - dibaš «pastèques». ʿayrān - šin; ̄nä «yaourt avec de l’eau et du sel». ʿayyat ̣ - ṣayyaḥ «crier, appeler». tḥammam - tsabbaḥ «se doucher». txabba - t ̣aḅḅ «se cacher». xāf - d̠all «avoir peur, s’e'rayer». baʿat - dazz «envoyer». tarak - daššar «laisser». ḍajar, zahaq - mall «s’ennuyer». wallaʿ - ʿallag̣ «allumer». ʾistafraġ - ǧid̠af «vomir». ṣayniyye - minsaf «plateau». manfaḍa - tabse24 «cendrier». 24 Mot provenant du turc tepsi (plateau). 56 brīq - čēdān25, brīǧ «théïère». jbīn - ǧəbha «front». ʾəjər - rəǧəl, ḥafr «pied». šəmmēm - qāwūn26 «melon». xat ̣af - šilaf «enlever, kidnapper». tamannyak - tamaǧǧaq «plaisanter, taquiner». nazal - ḥadar «descendre». gargar - dardaš, haraǧ «palabrer». txānaq - tkāwan «se disputer». kawam - čidas «entasser». samaḥ - ṛax̣aṣ «s’excuser, permettre». ʿawaynēt - nad̠̣aṛāt «lunettes». rṣāṣ - (šak27 «balles, munitions». ʾarḍ - gāʿ «sol, terre». ʾajnabe - šridi «étranger». bawse - ḥuḅḅa, maǧqa «baiser». məzmār - zərnāya «.ûte». mahr - syāg «dote». karʿa - ġaḅḅa «gorgée». mxadde - təkkāye «coussin». bēdye - čōl 28«désert». nūri, nawari - rayyis «gitan». maḥrūq - ʿal ̣g̣ān «brûlé, burriné, allumé». wāt ̣e - nāgəṣ «vaurien». mnīh, mlīḥ - zēn «bien». bāt ̣əl - šēn «mauvais». qaṣīr - marbūʿ «court». walad - ʿaǧi «garçon». ya rēt, ʿalawwe - ʿal ̣ẉ ān «si seulement». 25 Mot provenant du turc çaydan. 26 Mot provenant du turc kavun. 27 Mot provenant du turc (şek (cartouche). 28 Mot provenant du turc çöl. I. Younes et B. Herin Un parler bédouin du Liban 57 Texte ḥayyā-kum aḷḷa, w-əḥnä b-al-ʿašīrä ʾal-ḥamdəlla ʾal-ḥamdəlla ya ṛaḅḅ ʿənd-nä l-aʿṛās ši mumayyaz lē mumayyaz liʾann-o ʿənd-nä l-aʿṛās hiyyä ʾat-tag̣āṛuḅ mən baʿad̠̣-na, ʾat-tag̣āṛuḅ mən baʿad̠̣-na yizīd-nä b-al-ʿašīrä ʾaḳt ̠aṛ w-aḳt ̠aṛ. w-ʿəndnä ʿṛās ʾal-ḥamdəlla ʾaʿṛās mašhūṛa, šlōn, ʾaʿṛās mašhūṛa ʾaẉ ẉ al ̣ šaġlä b-ačəl-hä ʿənd-nä b-aʿṛās-nä yiṣīr ʾačəl ġēr kull ʾačəl, ʿənd-nä l-bərġul ̣ w-ar-rəzz w-ḥadd albərġul ̣ w-ar-rəzz ʾad̠-d̠ibāyəḥ, ʿənd-nä d̠-d̠ibāyəḥ lli tənd̠əbəḥ b-al-ʿərəs ʾag̣al ̣l ̣a ʾag̣al ̣l ̣a yaʿni ʾag̣al ̣l ̣a ši yikūn bu xamsīn ṛās ġanam. tənǧāb ʾad̠-d̠ibāyəḥ g̣aḅḷ alʿərəs əb-yōm yiǧībūn-hä b-an-nhāṛ g̣aḅḷ al-ʿərəs. yid̠baḥūn ʾad̠-d̠ibāyəḥ yig̣aṭʿūn-ha tənḥaṭṭ aṛ-ṛūs ʿa ǧinab tənsələg ʾaṛ-ṛūs ḥatta təstawi. yid̠baḥūn ʾaš-šibāb wyig̣aṭʿūn-ha w-tənsələg mšān tiwazzəʿ ʿa-l-mināsəf u-b-kull mənsaf yikūn əb-ṛās-o ṛās ġanam yaʿni yiṃ uṛṛ xamsīn ṛās hād̠ənnä b-al-mugaddimä yaʿni təgʿod ṛās ʾaš-šyūx̣ ʾal-ʿašāyər w-ḥadd mən-hum g̣ud̠̣āt-hum. yištamʿan niswān ʾal-ʿaṛaḅ nhāṛ al-ʿərəs ʾaṣ-ṣoḅoḥ yig̣ūman ʾas-sāʿa xamsä yiballšan yiṭuḅx̣an ʾal-bərġul ̣ war-rəzz, yiballšan mn-as-sāʿa xamsä la yəmčən ma yix̣aḷṣan l-g̣aḅḷ ad̠̣-d̠̣uhuṛ bi šwayy, yiballšan niswān ʾal-ʿaṛaḅ b-aṭ-ṭaḅux̣ ʾaṣ-ṣoḅoḥ, ʾaš-šibāb yiǧībūn ʾad̠d̠ibāyəḥ w-yisəlg̣ūn-hä w-yiǧībūn mənn-hä l-ḥamīṣ w-yənt ̣ūn-o l-an-niswān, šaġlāt niswān b-aṭ-ṭaḅux̣, ʾan-niswān yiḥammṣan mənn-hann mšān yinḥaṭṭ ḥawālä ʾaṛṛās b-al-mənsaf. yiṭuḅx̣an ʾan-niswān, yirūḥūn mən ǧimāʿət-nä mn-al-ʿašīrä (w)ədd-hum yiǧībūn ʾal-ʿaṛūs, yiṛūḥan čəm ṣibiyyä w-mʿa-hann riǧāǧīl-hann wwilād ʿamm-hann w-xawāt-hann, yiṛūḥ mo noṣṣ al-ʿaṛaḅ ʾag̣al ̣l ̣ mən noṣṣ alʿaṛaḅ, yiṛūḥūn mšān yiǧībūn ʾal-ʿaṛūs. yiʿūn yiǧībūn ʾal-ʿaṛūs yid̠̣aḷḷan ʾan-niswān ʾal-ʿaṛaḅ ʾal-ḳḅāŕ ̣ b-al-ʿomər l-čānan b-aṭ-ṭaḅux̣ yid̠̣aḷḷan ʿa-ṭ-ṭaḅux̣ mšān yiḥuṭṭan ʾačəl l-hal al-ʿərəs, yiṛūḥan ʿaǧiyāt mən ṛaḅaʿ-na w-yiǧīban ʾal-ʿaṛūs yiṛūḥan yisḥaǧan-(l)hä yiṛug̣ṣan šwayy ǧiddām-hä ʿənd bēt hal-hä, yiṛug̣ṣa(n)l(h)ä w-yisḥaǧan-(l)hä šwayy w-yiǧīban-hä w-yiǧan. w-mən yiǧīban-hä w-yiǧan, yiǧan mʿa hal-hä w-mən ʿašīrət-hä yiǧūn b-at ̠-t ̠alāt ̠īn ʾarbaʿīn wāḥad hād̠ōm yiǧūn mʿā-ha mən ʿašīrət-hä yiḥād̠̣rūn ʾal-ʿərəs w-yifəllūn. w-mən yifūtūn wyiǧībūn-hä ʿa-l-ʿašīrä yiballšan ʾan-niswān yiṣuḅḅan ʾal-ʾačəl, tənḥaṭṭ ʾaṛ-ṛūs w-alḥamīṣ dāyər mən dāṛ-o ʿa-l-bərġul ̣ w-ar-rəzz. w-yištamʿūn t ̠alāt ̠ ʾarbaʿ mn-alʿәǧāwīn29 w-yisəkbūn liban əb-x̣yāṛ w-yig̣uṣṣūn x̣yāṛ w-yiḥuṭṭūn-o b-al-liban, bass yix̣aḷḷṣan sakb an-niswān yiǧīban ʾas-samn ʾal-aṣḷi w-hād̠̣a l-ʿənd-nä yaʿni mət ̠l ad̠-d̠ibāyəḥ yaʿni l-u gīmä ʿənd ʾal-ʿaṛaḅ mo g̣aḅḷ aḅū-na w-ǧədd-nä w-ǧədd ǧəddnä hād̠̣a ʿənd-nä s-samn al-ʿaṛaḅiyy w-ad̠-d̠ibāyəḥ hāy šaġəltēn ʾagdāmä ʿənd-nä ʾas-samn al-ʿaṛaḅiyy yid̠awbann-o n-niswān la yiḳūn mḥaǧǧər al-ḥaṭāṭ b-alx̣ābyä yisəkbann-o ʾan-niswān dāyir mən dāṛ ʾal-mənsaf. w-mən yisəkban ʾalmināsəf yiǧūn ʾaš-šibāb ʿadēn, yidug̣g̣ūn ʾaš-šibāb b-al-g̣āʿ bēt ʾaš-šaʿar yiḳūn 29 Il s’agit de l’autre pluriel de ʿaǧi «garçon, gamin». Toutefois, le pluriel ʿiǧyān semble être plus répandu. 58 I. Younes et B. Herin məbni ʿənd-nä mšān yisāwūn ʾal-ʿərəs w-ad-dabčä30 w-aṛ-ṛag̣ṣa w-ʿug̣ḅ ʾal-ġada ʾaz-zulum yiballšūn b-al-mud̠̣āfāt ʾal-əg̣haẉ a w-ač-čāy w-ʿənd-nä l-əg̣haẉ a ʾaššaġlä t ̠-t ̠ālt ̠ä hāy ʿala ṣaʿīdk əjdūd əjdūd-nä w-yidug̣g̣ūn-hä. baʿad-ma tġadda lʿaṛaḅ w-al-maʿāzīm yənšāl ʾal-ačəl yiʿāwdan yisəkban mən ǧidīd l-an-niswān ʿənd-nä ʾaz-zulum b-al-aʿṛās yāklūn əl-ḥāl ̣ w-an-niswān yāklan əl-ḥāl ̣-hǝnn, yisəkban ʾan-niswān əl-hənn yigʿadan yāklan ʾan-niswān yʿazman baʿad̠̣-hənn wyigʿadan yirabbaʿan b-al-arəd̠̣ w-yāklan. baʿad-ma yāklan ʾan-niswān yišīlan ʾalačəl w-yiǧlan hā-ǧ-ǧali yiǧlan ʾal-mināsəf w-yʿāwdan yḥad̠̣ṛan ʾal-ʿərəs mšān ʾannās tədbəč w-ʿənd-nä ʾad-dabčä mašhūṛīn əb-hä l-ḥadd čibīr, ʾad-dabčä šiniyyä nədbəč dabčət ʿaṛaḅ, dabčət ʾal-ʿaṛaḅ ʿənd-nä l-aš-šyūx̣ ʾač-čibīrä mo mət ̠l addabčāt ʾal-ḥd̠̣əriyyä ʾaww ʾal-mətgaddmä ʿənd-nä dabšt al-ʿaṛaḅ šaġlä čibīrä, wnədbəč čōbi31 nədbəč našlä32 nədbəč niswāni33 w-nədbəč kull ʾad-dabčāt ʾalmawǧūdä b-al-ʿašāyər. yəkmuš rāʿi l-aẉ ẉ al ̣ w-yiṣīr yiṛūḥ b-al-misbāḥa w-aššibāb yiṣīrūn yig̣aẉ (ẉ )ṣūl-lo, yisḥab fard-o ʿan xaṣr-o w-yiṣīr yig̣aẉ ẉ əṣ huẉ ẉ a ʿa yədbəč ʿa-l-aẉ ẉ al ̣ w-yiṣīr yinəxx l-al-arəd̠̣. yiṣīr yig̣aẉ ẉ əṣ huẉ ẉ a kạ̄məš ʿa-laẉ ẉ al ̣ w-ətṣīr ʾaš-šibāb ʾəttaḥī-lo: l-aʿyūn rāʿi l-aẉ ẉ al ̣, aḷḷa l-x̣al ̣ag̣ rāʿi l-aẉ ẉ al ̣ w-alli ḥadd-o w-alli ḥadd-o. yidəbčūn ʾaš-šibāb mʿa l-ʿaǧiyāt yidəbčūn siẉ a wyig̣ad̠̣ḍū̠ n lēla mn-al-ʿomər b-ad-dabčä w-as-sḥaǧä, yiṛug̣ṣan ʾal-ʿaǧiyāt. yiṃ uṛṛ ʿadēn ṣaḅḅāḅ ʾal-ǝg̣haẉ a yid̠̣īf ʿa-š-šyūx̣ yid̠̣īf ʿa-l-ʿālam yiṣuḅḅ əg̣haẉ a təšṛaḅ ʾalʿālam əg̣haẉ a, yiwədd yʿāwəd yiṣuḅḅ wāḥad t ̠āni čāy w-yiḏ̣ayyf al-ʿālam. yiṃ uṛṛ ʾat ̠-t ̠ālət ̠ yiwazzəʿ mwayyä mšān ʾal-ʿālam kull-hä tḳūn faṛḥānä kull-hä ṃ aḅsụ̄ ṭa w-la yig̣ūl ̣ūn ẉ aḷḷa ʿašīrət ʾal-ʿatīǧ ma sg̣ū-na g̣haẉ a ʾaww ma d̠̣ayyfū-nä g̣haẉ a ʾaww ma sg̣ū-nä čāy ʾaww mut-nä mn-al-ʿaṭaš w-ma ləgē-nä mwayy tərwī-nä, lḥamdəlla ng̣ūṃ b-al-wāǧəb w-tiǧi l-ʿašāyər əl-ʿənd-nä ʾənd̠̣īf-(h)ä. mətə̠ l-ma yig̣ūl ̣ūn ʿənd-nä ʿənd-nä ʾal-ʿādä ʾarbaʿīn yōm d̠̣īf-o wa-sʾal-o. ʾarbaʿīn d̠̣īf-o wasʾal-o yaʿni b-al-yōm kull yōm yiǧi mat ̠alank dixīl ʿalē-nä b-al-yōm nəd̠baḥ-lo t ̠alāt ̠ d̠ibāyəḥ. kull yōm t ̠alāt ̠ d̠ibāyəḥ ʿala ʾarbaʿīn yōm, nahāṛ al-ʾarbaʿīn yənṣaḅḅ (nǧāl ʾal-ǝg̣haẉ a w-yənḥaṭṭ ǧiddām-o mən ǧihət ʾal-yimīn w-yənʿagəd šṃ āx̣-o ʿug̣dä. ṣaḅḅt al-(nǧāl w-al-ʿug̣dä yaʿni ṣaḅḅt al-(nǧāl fad̠̣ḍa̠ l hād̠̣a yimīnak yimīn-ak əb-ʾaḷḷa b-ēš g̣āṣəd-nä w-ʿugdət ʾal-ǝʿg̣āḷ ʾamānä yāxud̠-hä. yaʿni 30 La dabčä, mieux connue sous la transcription dabkeh, est une danse traditionnelle nord-arabique. Elle s’execute en cercle en frappant des pieds au sol avec un individu menant la danse. 31 La čōbiyyä bien que dansée partout dans l’aire nord-arabique est caractéristique de l’Irak, du Koweït, du Khuzistan (Arabistan) et de la ǧō(yyä séoudienne. 32 La našlä est la dabčä rapide dansée par toutes les communautés nord-arabiques (y compris sédentaires). Elle porte comme nom chez les sédentaires du Liban ʿarja ou nat ̣t ̣a. 33 La niswāniyyä n’est dansée que par des femmes comme son nom l’indique. Un parler bédouin du Liban 59 yiḳūn g̣āṣd-o yəmčən ǧāy yəṭḷoḅ waḥdä mn-al-ʿašīrä, yəmčən wədd-o mīt ṛās ġanam, yəmčən wədd-o xamsīn ǧimal hāy maʿna ʿug̣dt aš-šṃ āx̣. yišṛaḅ (nǧāl-o ʾid̠a g̣addārīn yʿarəf ʾal-ʿaṛaḅ g̣addāṛa yišṛaḅ ʾal-(nǧāl. yaʿni yəmčən dāxəl ʿa-lʿaṛaḅ yəmčən b-kull ʾal-ʿaṛaḅ ma bu t ̠alāt ̠īn biʿīr ʾaww t ̠alāt ̠īn x̣aṛūf̣, t ̠alāt ̠īn ġnimä. bass yifuḳḳ ʿug̣dt aš-šṃ āx̣, yaʿni g̣addārīn, yifuḳḳ ʾal-ʿug̣dä, yinuṭṭ wāḥad mn-al-ʿaṛaḅ yig̣ūl ̣-lo ʾəbšər! yaʿni sāʿat fakkt al-ʿug̣dä ya‘ni g̣addāṛa l-ʿaṛaḅ ə tna:əd̠-lo ma ṭḷaḅ-o, bass yifuḳḳ ʾal-ʿug̣dä yig̣ūl ̣-lo wāḥad mn-al-ʿaṛaḅ ʾəbšər yišṛaḅ (nǧāl-o. yaʿni yišṛaḅ (nǧāl-o yimīn əb-ʾal ̣ḷa ṛāyəd ha-ṭ-ṭaḷaḅ hād̠̣a, bass yig̣ūl ̣-lo wāḥad mn-al-ʿaṛaḅ ʾəbšər yaʿni ya mīt hala b-ək! yaʿni ʾid̠a yəṭḷoḅ ʾal-ʿaṛaḅ yāxud̠-hä, lāčən čəlmət-nä čəlmä ʾəḥnä č-čəlmä l-ḥamdəlla ma nt ̠annīhä ʾəḥnä čəlmət-nä čəlmä! yišṛaḅ ʾal-(nǧāl yig̣ūl ̣ wāḥad mn-al-ʿaṛaḅ ʾəbšər, ʿasān-o ṭḷaḅ-ak mawǧūd, bass ʾəntä ʾəbšər. yig̣ūl ̣-əlhum mənšād-kum b-aḷḷa, mat ̠alank ṛāyəd əOānä bənt əOān, ṛāyəd bənt-kum mat ̠alank fāṭmä li-wləd-i mḥammad. yig̣ūlūl-lo ʾəbšər, ṃ aṭḷaḅ-ak mawǧūd, yaʿni ʾid̠a yəṭḷoḅ ʾal-ʿašīrä yāxud̠-hä. sāʿat-hä ʾal(li)-yuṭoḷḅ-o yāx̣d-̠ o w-bass yāxd̠-o yʿāwəd yənd̠̣āf yaʿni ʾal-ʿaṛaḅ ətd̠̣īf-o tʿāwəd mən ǧidīd b-ad̠-d̠ibāyəḥ t ̠lāt tiyyām, t ̠lāt tiyyām ətʿāwəd ə tballəš ʾad̠-d̠ibāyəḥ ṭḷaḅ-o xad̠ā-h tballəš ʾad̠-d̠ibāyəḥ t ̠lāt tiyyām, ʾan-nahāṛ ʾaṛṛāḅəʿ yāxud̠ ma ṭḷaḅ-o w-yṛūḥ ṣōḅ ʿašīrt-o. məg̣ṣad-nä ʾəḥnä sāʿat-nä mḥāfd̠̣īn ʾal-ḥamdəlla, ʾənno mḥāfd̠̣īn ʿala tuṛāt ̠-nä mḥāfd̠̣īn ʿala tagālīd-nä lissa ʿənd-nä d-dabčä lissa ʿənd-nä lə-g̣ẉ āṣāt b-al-ʿərəs ʿənd-nä ṭ-ṭaḅx̣ aṭ-ṭayyiḅ mašhūṛ lissa ʿənd-nä ʾənno ʾal-ḥamdəlla lissa bu tag̣āṛuḅ bēnāt-nä ʾənno tag̣āṛuḅ mən baʿad̠̣nä, w-hāy ḥāl ʾad-dinyä ʾal-ʿašāyər ətrīd w-tənṛād mən baʿad̠̣-ha, ʾid̠a ma xad̠ēnä w-anṭē-nä mən baʿad̠̣-na mən g̣aḷḅ al-ʿašīrä ʾaww mən barrāt-hä, ʾid̠a ma xad̠ē-nä mən baʿad̠̣-na ma nd̠̣aḷḷ əmḥāfd̠̣īn ʿala ʿādāt-nä w-ʿa tuṛāt ̠-nä yaʿni yənmaḥi kull ši. ʾəḥnä ʾal-ḥamdəlla nmat ̠t ̠əl əb-ləbnān nisbä ḥəlẉ a sāʿat-nä ʿašāyər əmḥāfd̠̣a ʿala tag̣ālīd-hä w-šāʿər-hä w-tāxud̠ mən baʿad̠̣-ha ġēr ʾat-tag̣āṛuḅ bēn al-ḥad̠̣aṛ əb-baʿad̠̣-ha w-ʿādāt-hum w-tag̣ālīd-hum ʾəḥnä nəḥtərəm ʿādāt-hum w-tag̣ālīd-hum bass ʾəḥnä nḥəbb ʿādāt-nä w-siwādī-nä ʾəḥnä ma nbaddəl ʿādātnä w-tag̣ālīd-nä b-ʾayyi ʿāde mən ʿādāt al-ʿālam liʾann-o tag̣ālīd-nä nḥāfəd̠̣ ʿalēhä ʾənno w-uṣūḷ-ha nəḥtərəm ajdād-nä, law l-ōl-hä mi tag̣ālīd-nä w-ʿādāt-nä ḥəlẉ a w-mazyūnä w-ʾənno zēnä ma čānaw əḥtafd̠̣aw əb-hä jdūd-nä w-jdūd əjdūdnä w-aḅū-na w-wilād ʿamm-nä ma čānaw ḥafd̠̣ū-ha w-tʿallamū-hä w-ani ʾaḥəbb ʿādt-i w-tag̣ālīd-i l-ḥamdəlla. Traduction Salut à vous. Dans notre tribu, Dieu soit loué, les mariages se distinguent. Pourquoi sont-ils distingués? Car les mariages (représentent) la proximité (entre membre de la tribu). Cette proximité renforce notre tribu. Chez nous, Dieu soit loué, les mariages sont reconnus. Comment? Avant tout, les mariages sont reconnus pour leur (bonne) nourriture. Dans nos mariages, la 60 I. Younes et B. Herin nourriture est meilleure qu’ailleurs. On fait du blé concassé et du riz et à côté, de la viande fraichement égorgée. Chez nous, au moins cinquante moutons sont égorgés lors d’un mariage. Les bêtes sont amenées un jour avant le mariage. Ils les ammènent la veille du mariage. Ils égorgent (ensuite) les bêtes et les découpent. Les têtes sont mises de côté, elles sont bouillies jusqu’à ce qu’elles soient prêtes. Les jeunes les égorgent et les découpent et (ensuite les têtes) sont bouillies pour être réparties sur les mināsəf. Au sommet de chaque minsaf se trouve une tête de mouton. C’est-àdire, une cinquantaine de têtes arrivent en tant qu’entrée et les patriarches s’asseoient à côté de leurs juges (sages). Les femmes de la tribu se rassemblent le jour du mariage au matin. Elles se lèvent vers cinq heures et commencent à cuisiner le blé concassé et le riz. Elles commencent à cinq heures et ne &nissent peut-être qu’un peu avant midi. Les femmes de la tribu commencent à cuisiner au matin. Les jeunes apportent les bêtes égorgées et les font bouillir. Ils apportent (aussi) le ḥamīṣ et le donne aux femmes car la cuisine est leur travail. Les femmes en réchau'ent (du ḥamīṣ) avant qu’il soit disposé autour des têtes dans le minsaf. Les femmes cuisinent. Un groupe de la tribu va chercher la mariée, quelques femmes les accompagnent avec leurs maris, leurs cousins et leurs sœurs. Un peu moins de la moitié de la tribu se déplace. Ils vont chercher la mariée. Ils vont donc chercher la mariée et les femmes de la tribu d’un certain âge restent aux fourneaux a&n de disposer à manger pour les gens du mariage. Des &lles de notre clan vont chercher la mariée, elles frappent dans leurs mains et dansent un peu en face d’elle, chez ses parents. Elles dansent pour la mariée, elles frappent dans leurs mains, elles la cherche et reviennent. Et lorsqu’elles la ramènent, une trentaine ou une quarantaine des parents de la mariée viennent avec elle. Ils viennent avec elle, de sa tribu, ils assistent au mariage puis repartent. Quand ils arrivent avec elle chez nous, les femmes commencent à servir la nourriture. Les têtes sont placées et autour d’elles le ḥamīṣ sur le blé concassé et le riz. Trois ou quatres jeunes se rassemblent et servent du yoghourt au concombre. Ils coupent les concombres et les mettent dans le yoghourt. Une fois que les femmes &nissent de servir, elles amènent le babeurre. Ceci à la même valeur pour nous que les bêtes. Cela remonte à très longtemps, le babeurre et les bêtes égorgées sont deux choses très anciennes. Les femmes font fondre le babeurre a&n qu’il soit placé dans une jarre, ensuite, elles le verse autour du minsaf. Et lorsque les mināsəf sont servis, les jeunes viennent ensuite et dressent une tente (la frappent dans le sol). (Normalement), la tente est déjà dressée pour que le mariage ait lieu ainsi que la dabčä et la danse. Après le déjeuner, les hommes commencent avec les o'randes, le café et le thé (essentiellement). Chez nous, le café est la troisième chose (importante), cela remonte à une époque lointaine. Il (le Un parler bédouin du Liban 61 café) est moulu (à la main). Une fois que la tribu et les invités ont mangés, la nourriture est enlevée et (les femmes) reservent à nouveau pour ellesmêmes. Chez nous, lors des mariages, les hommes mangent seuls et les femmes aussi. Les femmes se servent pour elles-mêmes, elles s’assoient et mangent, elles s’invitent entre elles, s’assoient à terre et mangent. Une fois que les ont mangées, elles enlèvent la nourriture, font la vaisselle et reviennent pour assister au mariage. Les gens dansent la dabčä et nous sommes vraiment connus pour ça. Qu’est-ce que la dabčä? Nous dansons la dabčä dite ʿaṛaḅ, c’est celle qui est appreciée des patriarches. Elle n’a rien à voir avec les dabčāt des sédentaires ou celles (qui se veulent) modernes. Chez nous, la dabčä dite ʿaṛaḅ est quelque chose de grandiose. Nous dansons (aussi) la dabčä dite čōbi, celle dite našlä, celle dite niswāni et toutes celles qui se dansent chez les tribus. Le premier homme (de la dabčä) se met à danser sérieusement tout en agitant son chapelet. Les jeunes se mettent alors à tirer et lui sort le pistolet qu’il porte près des hanches tout en dansant. Il s’abaisse au sol et tire tout en dansant à la tête de la dabčä et les jeune le dédicace: pour les (beaux) yeux du premier homme! Longue vie au premier homme, à celui qui le suit et à celui d’après! Les jeunes garçons dansent la dabčä avec les &lles et passent une très bonne soirée grâce à la dabčä et à la sḥaǧä. Les &lles dansent. Ensuite, le préposé au café passe pour abreuver les patriarches et les gens. Il verse du café et les gens en boivent. Un second (préposé) passe et sert aux gens du thé. Le troisième passe et distribue de l’eau pour que tout le monde soit heureux et content et que personne ne dise que la tribu des ʿAtīǧ ne nous a pas donner à boire du café ou du thé, ou encore, nous mourrions de soif et nous n’avons pas eu d’eau pour nous étancher. Dieu soit loué, nous faisons notre devoir. Les tribus viennent chez nous et nous leur o'rons (ce qu’il faut). Comme la tradition dit chez nous: tu es (pendant) quarante jours son invité et demande-lui. Cette expression signi&e que si par exemple nous acceuillons un fugitif, chaque jour nous allons lui égorger trois bêtes. Ainsi de suite pendant quarante jours. Le quarantième jour, une tasse de café est versée et il la met alors sur sa droite en face de lui. (Notre cheikh) défait alors le nœud de sa coi'e. Le fait de placer la tasse (de café) devant lui sur sa droite nous indique - sur l’honneur de Dieu - qu’il a une demande. (De notre côté), le fait de défaire la cordelette qui tient la coi'e représente (pour lui) une garantie (d’accéder à sa requête). C’est-à-dire, peut-être son souhait est d’épouser une (&lle) de notre tribu, peut-être souhaite-t-il cent têtes de mouton ou cinquante chameaux. C’est cela que signi&e le fait de défaire la cordelette de la coi'e. Il boit alors sa tasse après s’être assuré que la tribu soit capable (d’accéder à sa requête). Car il est possible (que sa demande soit impossible à honorer) que dans toute la tribu, il n’y ait (même) pas 62 I. Younes et B. Herin trente chameaux, ou trente moutons. Mais, si la cordelette de la coi'e est défaite, ça veut dire que la tribu est capable (d’honorer sa demande). (A ce moment-là), un membre de la tribu intervient et lui dit ʾəbšər! Une fois que la cordelette de la coi'e est défaite, ça veut dire que la tribu est capable d’o'rir ce qu’il a demandé. Dès que la cordelette de la coi'e est défaite, un membre de la tribu intervient et lui dit ʾəbšər! Il boit alors sa tasse (de café). En buvant la tasse, il jure sur Dieu qu’il souhaite cette demande. Une fois qu’un membre de la tribu lui dit ʾəbšər, c’est comme s’il lui disait cent fois: sois le bienvenue. S’il demande la tribu (entière), il l’aura. Notre parole est une (vraie) parole, Dieu soit loué, nous ne nous répétons pas, notre parole doit être prise au pied de la lettre. Il boit sa tasse et un membre de la tribu lui dit ʾəbšər! Si ta demande peut être exaucée, nous te supplions seulement de la formuler. Il leur dit alors: celui qui vous sollicite (questionne), par Dieu, veut, par exemple, une telle &lle d’un tel. Par exemple, je veux votre &lle Fāt ̣mä pour mon &ls Mḥammad. Ils lui disent (encore) ʾəbšər, ta demande est prête. C’est-à-dire, s’il demande la tribu (en entier), il l’aura. A ce moment-là, il prend son dû et lorsque c’est fait, la tribu lui o're à nouveau des bêtes (égorgées) pendant trois jours. Ca reprend pour trois jours une fois qu’il a pris son dû. Le quatrième jour, il prend son dû et rentre vers sa tribu. Par notre volonté, nous sommes encore conservateurs Dieu soit loué. Conservateurs comme jamais, on préserve notre folklore et nos traditions. Nous dansons encore la (vraie) dabčä, nous tirons encore pendant les mariages, notre bonne cuisine est toujours reconnue. Bref, Dieu soit loué, il y a encore (chez nous) de la solidarité (proximité) entre nous. C’est ça la vie, les tribus se marient entre elles. Si ce n’est pas le cas, si nous ne nous marrions pas entre tribus ou au sein même de la tribu, nous serions incapables de préserver nos traditions et notre folklore, tout serait anéanti. Dieu soit loué, nous représentons au Liban un bon pourcentage (de la population), nous sommes encore des tribus qui préservent les traditions et ses poètes (orateurs, réciteurs). Nous nous marrions entre nous ce qui nous maintient dans une proximité (solidarité) di'érente de celle (existante) chez les sédentaires et de leurs us et coutumes. Nous respectons leurs us et coutumes mais nous aimons (préférons) les nôtres. Nous n’échangerons pas nos traditions contre aucune autre car nous les conservons par respect pour nos ancêtres. (De toute façon), si elles n’étaient pas, à l’origine, quelque chose de beau et de bon, ils (nos ancêtres) ne les auraient pas préservées. Ils (nos ancêtres) ne les auraient pas apprises (dans le but de les transmettre) et nos pères et nos cousins (proches) n’auraient pas fait de même. Moi j’aime mon mode de vie Dieu soit loué. Un parler bédouin du Liban 63 Bibliographie ABBOUD, P. (1979): The verb in Northern Najdī Arabic. In: Bulletin of the School of Oriental Studies 42, 467–499. AL-MUQABBAL, Ḥ. X. (2006): Al-badu, bayna wāqiʿi ḥālihim wa-mā kutiba ʿan-hum. Ḥimṣ: Dār al-ʾiršād l-in-našr. AL-WER, E. (2004): Variability reproduced: a Variationist View of the [D̠̣ ]/ [Ḍ ] Opposition in Modern Arabic Dialects. In: HAAK M., DE JONG R. & VERSTEEGH K. (eds): Approaches to Arabic Dialects. A Collection of Articles presented to Manfred Woidich on the Occasion of his Sixtieth Birthday. Leiden: Brill, 21–32. BEHNSTEDT, P. (1994): Der arabische Dialekt von Soukhne (Syrien). Wiesbaden: Harrasowitz. BEHNSTEDT, P. (1997): Sprachatlas von Syrien, Kartenband. Wiesbaden: Harrasowitz. BEHNSTEDT, P. & WOIDICH, M. 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