Intégrales curvilignes et Formule de Green
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Intégrales curvilignes et Formule de Green
Chapitre 1 Intégrales curvilignes. 1.1 1.1.1 Généralités Courbes paramétrées dans le plan. Motivations, exemples. L’exemple basique de courbe est la trajectoire décrite par un objet assimilée à un point matériel (son centre de gravité) qui se déplace au cours du temps t sur un plan. Courbes paramétrées et courbes géométriques. Définition 1.1.1.1. Soit D un sous-ensemble de R2 . On appelle courbe paramétrée dans D une application γ : t 7→ γ(t) = (x(t), y(t)) définie sur un intervalle [a, b] ⊂ R et à valeurs dans D. L’image de γ c’est à dire le sous-ensemble de D défini par {γ(t) , t ∈ [a, b]} est la courbe géométrique associée à γ, il s’agit de la trajectoire décrite par le point γ(t). On identifie souvent l’application γ à son image et on parle simplement de la courbe γ. Le point γ(a) est appelé l’origine de γ et le point γ(b) est appelé l’extrémité de γ. La courbe γ est dite fermée lorsque γ(a) = γ(b). Courbe inverse et juxtaposition. On appelle courbe inverse la courbe paramétrée γ − : [a, b] → R2 définie par : γ − (t) = γ(a + b − t). (C’est la courbe γ parcourrue en sens inverse). Soient γ1 : [a, b] → R2 et γ2 : [b, c] → R2 deux courbes paramétrées telles que γ1 (b) = γ2 (b). On appelle juxtaposition des courbes γ1 et γ2 la courbe paramétrée γ1 ∨ γ2 : [a, c] → R2 définie par : γ( t) = γ1 (t) si t ∈ [a, b] et γ( t) = γ2 (t) si t ∈ [b, c]. (C’est la courbe constituée des courbes γ1 et γ2 parcourrues l’une après l’autre). 1 2 CHAPITRE 1. INTÉGRALES CURVILIGNES. Exemples. Paramétrisation des droites et des segments. La droite (AB) a pour représentation paramétrique : − → + xA x(t) = t.x− AB − → + yA y(t) = t.y− AB , t ∈ R. La segment [A, B] parcourru de A à B a pour représentation paramétrique : − → + xA x(t) = t.x− AB − → + yA y(t) = t.y− AB , t ∈ [0, 1]. Cercles. Soit R un réel strictement positif fixé, l’application γ : [0, 2π] → R2 définie par x(t) = R. cos t y(t) = R. sin t est une paramétrisaton du cercle de centre (0, 0) et de rayon R. Vecteur tangent. Dans la suite de ce chapitre, nous supposerons les courbes de classe C 1 (ou C 1 par morceaux, c’est à dire juxtaposition d’un nombre fini de courbes C 1 ). Proposition 1.1.1.2. Le vecteur γ 0 (t) = (x0 (t), y 0 (t)) est le vecteur tangent à la courbe γ au point γ(t). Lorsque γ(t) décrit la trajectoire d’un point matériel, le vecteur γ 0 (t) est le vecteur vitesse. Nous verrons dans la suite comment déterminer la longueur d’une courbe. 1.1.2 Champs de vecteurs. Définitions. Soit D un sous-ensemble de R2 . Un champ de vecteurs sur D est une application → − F qui à un point (x, y) de D fait correspondre un vecteur de R2 , autrement dit : → − F : D → R2 → − → − → − (x, y) 7→ F (x, y) = P (x, y) i + Q(x, y) j = (P (x, y), Q(x, y)) où P et Q sont des fonctions de 2 variables définies sur D, appelées les compo→ − santes de F . → − → − → − Un champ de vecteurs F = P i + Q j sur D est de classe C 1 sur D si P et Q sont des fonctions C 1 sur D. 1.2. INTÉGRALE D’UN CHAMP DE VECTEURS LE LONG D’UN CHEMIN OU INTÉGRALE CURVILIGNE.3 Exemples. Le champ de gradient d’une fonction f . Nous avons vu dans la première partie du cours qu’à une fonction numérique f de deux variables (x, y) qui est de classe C 1 sur D, on peut associer son champ de gradient. C’est le champ de vecteur : ( D → R2 −−−→ −−−→ → − → − gradf : ∂f ∂f ∂f (x, y) 7→ gradf (x, y) = ∂f ∂x (x, y) i + ∂y (x, y) j = ( ∂x (x, y), ∂y (x, y)) → − Le champ de gradient de f est aussi noté : ∇f ou ∇f . Le champ radial. → − → − → − Le champ de vecteurs défini sur R2 par : F (x, y) = x i + y j est appelé champ radial. 1.2 Intégrale d’un champ de vecteurs le long d’un chemin ou intégrale curviligne. Hypothèses : → − → − → − Soit F = (P, Q) = P i + Q j un champ de vecteurs défini et C 1 sur un sousensemble D de R2 . Soit γ : [a, b] → D, γ(t) = (x(t), y(t)) une courbe paramétrée de D, C 1 1.2.1 Définitions. → − l’intégrale (curviligne) de F le long de γ est par définition : Z γ Z = → − F := Z b → − < F (γ(t)), γ 0 (t) > dt = a b (P (x(t), y(t)).x0 (t) + Q(x(t), y(t)).y 0 (t)) dt. a → − → − où < F (γ(t)), γ 0 (t) > représente le produit scalaire entre le vecteur F (γ(t)) et le 0 vecteur vitesse γ (t). Remarque 1.2.1.1. R → R → − − −→ F est parfois notée γ F dl , pour bien préciser que l’on intègre le long d’un γ courbe. → − En physique, cette quantité s’appelle aussi la circulation de F le long de γ ou → − encore le travail de F le long de γ R → H → − − Lorsque γ est fermée, γ F est notée γ F . 4 CHAPITRE 1. INTÉGRALES CURVILIGNES. 1.2.2 Notation différentielle. R P dx + Qdy γ Elle se calcule en remplaçant : R Rb par a , γ x par x(t) et y par y(t), dx par d(x(t)) = x0 (t)dt et dy par d(y(t)) = y 0 (t)dt Exemple 1.2.2.1. Calculer R − → − → − → − → → − γ F d γ où F (x, y) = x i +y j et γ : [0, 1] t R =. R − → → − → − → − → [0, 2π] Calculer γ F d− γ où F (x, y) = −y i + x j et γ : t R Solution : γ = 2π. Solution : 1.2.3 → R2 7→ (x(t) = t, y(t) = 2t) γ → R2 7→ (x(t) = cos t, y(t) = sin t) Propriétés. Proposition 1.2.3.1. R R → − 1. Indépendance du paramétrage : γ γ1 F ne dépend que de la courbe géométrique associée à γ et de son sens de parcours. R → R → − − 2. γ − F = − γ F . R → R − − R → → − 3. γ1 ∨γ2 F = γ1 F + γ2 F . 0 (t) est le champs tangent 4. Longueur d’une courbe : Lorsque F (γ(t)) = ||γγ 0 (t)|| q Rb R → − unitaire à γ alors γ F = a x0 2 (t) + y 0 2 (t)dt = l(γ) la longueur de γ. 1.3 Champs dérivant d’un potentiel. → − Un champ de vecteurs F sur D est dit conservatif ou dérivant d’un potentiel s’il est le gradient d’une fonction numérique f définie sur D. C’est à dire s’il existe une → − → − fonction f telle que F = ∇f . Dans ce cas, f est appelée une fonction potentiel de F . 1.3.1 Propriétés. Proposition 1.3.1.1. Soient γ : [a, b] → D un chemin C 1 et f : D → R une fonction C 1 . R −−→ 1. γ gradf = f (γ(b)) − f (γ(a)). Autrement dit, l’intégrale ne dépend pas du chemin choisi pour aller de γ(a) à γ(b). R −−→ 2. Si de plus γ est fermée, alors γ gradf = 0. 1.4. CHANGEMENT DE VARIABLES DANS UNE INTÉGRALE CURVILGNE. 5 Proposition 1.3.1.2. Réciproquement si dérive d’un potentiel. R → − → − F = 0, pour tout chemin fermé γ alors F γ Ce critère ne permet, en général pas de montrer qu’un champ dérive d’un potentiel. → − Il sert à montrer qu’un champ F ne peut pas dériver d’un potentiel : pour celà il suffit R → − de trouver un chemin fermé γ1 tel que γ1 F 6= 0. → − Proposition 1.3.1.3. Si F = (P, Q) champ C 1 sur D dérive d’un potentiel alors ∂Q ∂P ∂y = ∂x sur D. Cette proposition résulte du théorème de Schwarz et sa réciproque n’est vraie que sur des domaines d’un type particulier : les domaines simplement connexes. 1.3.2 CNS sur les domaines simplement connexes. Définitions. Un chemin fermé γ : [a, b] → R2 est dit simple si γ(t1 ) 6= γ(t2 ) pour tout t1 6= t2 sauf lorsque {t1 , t2 } = {a, b}. Autrement dit la courbe γ ne se recoupe pas. Un sous-ensemble de R2 est dit simplement connexe si tout chemin fermé dans D n’entoure que des points de D. Autrement dit, D n’a pas de trous. Exemples. Sont simplement connexes : R2 , les convexes : en particulier les disques et polygones convexes. CNS : Théorème de Poincaré → − Theorème 1.3.2.1. F = (P, Q) champ C 1 sur D simplement connexe dérive d’un ∂Q potentiel ssi ∂P ∂y = ∂x sur D. Remarque : ce théorème permet de montrer qu’un champ dérive d’un potentiel, mais il n’indique pas comment procéder pour déterminer sa (ses) fonction(s) potentiel(s). Exemple. → − → − Soit F = (3 + 2xy, x2 − 3y 2 ) un champ sur R2 . Mobtrer que F dérive d’un potentiel. Puis calculer sa (ses) fonction(s) potentiel(s). 1.4 Changement de variables dans une intégrale curvilgne. Soit Φ : ∆ → D un C 1 -difféomorphisme. (u, v) 7→ (x = x(u, v), y = y(u, v)) 6 CHAPITRE 1. INTÉGRALES CURVILIGNES. R Pour changer de variables dans On : R remplace R par −1 γ φ ◦γ x par x(u, v) et y par y(u, v), ∂x dx par dx = ∂u du + ∂x ∂v dv ∂y ∂y dy par dy = ∂u du + ∂v dv. γ P dx + Qdy Exemple. Passage en polaires. 1.5 Formule de Green-Riemann. Liens avec les intégrales doubles. R → − La formule de Green (ou de Green-Riemann) établit une relation entre γ F , où ZZ γ est une courbe fermée simple et une intégrale double f (x, y)dxdy, où D est D le domaine intérieur à γ. Ce théorème est à voir comme un analogue du théorème fondamental du calcul intégral pour les fonctions d’une variable. 1.5.1 Formule de Green. Theorème 1.5.1.1. Soient : 1. γ une courbe paramétrée C 1 par morceaux du plan R2 , fermée, simple et orientée dans le sens trigonométrique, 2. D le domaine intérieur de γ (qui se trouve alors sur la gauche lorsqu’on parcourt γ dans le sens trigonométrique), → − 3. F = (P, Q) un champ de vecteurs C 1 (par morceaux) sur D. Alors I ZZ P dx + Qdy = γ ( D ∂Q ∂P − )dxdy ∂x ∂y Exemple 1.5.1.2. Calculer en utilisant la formule de Green : [0, 1] × [0, 1] parcouru dans le sens trigonométrique. H Solution : Γ = 12 1.5.2 H Γ x2 dx + xydy, où Γ est le bord du carré Applications. Aire d’un domaine D. ZZ Aire(D) = dxdy = D 1 2 I −ydx + xdy ∂D En effet, si on applique la formule de Green avec P (x, y) = −y et Q(x, y) = x on ∂P trouve ∂Q ∂x = 1 et ∂y = −1. 1.5. FORMULE DE GREEN-RIEMANN. LIENS AVEC LES INTÉGRALES DOUBLES.7 Exemple 1.5.2.1. Calculer, en utilisant la formule de Green, l’aire de l’ellipse pleine (E) : x2 a2 + y2 b2 ≤ 1. Solution : Le bord de (E) est paramétrisée par γ(t) = (x(t) = a cos t, y(t) = b sin t), t ∈ [0, 2π]. Ainsi, I Z 2π −ydx + xdy = (−b sin t(−a sin t) + a cos t(b cos t))dt = ... = 2πab γ 0 Par conséquent, Aire (E) = πab. 1.5.3 Forme vectorielle des Théorèmes de Green et Poincaré. Définition-Notation. → − On note rot F = ∂Q ∂x − ∂P ∂y → − , le rotationnel dans le plan R2 d’un champ F , C 1 . Forme vectorielle du Théorème de Green. Theorème 1.5.3.1. Soit D un sous-ensemble de R2 dont le bord est une courbe C + → − fermée simple C 1 par morceaux orientée dans le sens trigonométrique. Soit F un champ de vecteurs de classe C 1 (par morceaux) sur D. Alors : Z ZZ → − → − F = rot F dxdy γ D On peut aussi écrire une : Forme vectorielle du Théorème de Poincaré → − Theorème 1.5.3.2. F = (P, Q) champ C 1 sur D simplement connexe dérive d’un → − potentiel ssi rot F = 0 sur D. 1.5.4 Extension de la formule de Green. La formule de Green s’étend aux domaines D dont le bord est formé d’un nombre fini de courbes fermées simples deux à deux disjointes : Ci , i = 1, ..., p. Les courbes Ci sont orientées de sorte que le domaine D se trouve toujours sur la gauche lorsqu’on les parcourt suivant cette orientation. → − La formule de Green pour un champ de vecteurs F = (P, Q) C 1 (par morceaux) sur D, s’écrit : Theorème 1.5.4.1. ZZ ZZ p Z X → − → − ∂Q ∂P F = ( − )dxdy = rot F dxdy ∂x ∂y D D i=1 Ci