Evolution music-hall, La Rampe, 1921
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Evolution music-hall, La Rampe, 1921
La Rampe (Paris. 1915). 1923/01/14. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. 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Le publicaime l'art, il ne faut pas le méconnaître.Et ilsaitadmirablementjugercequ'on luioffre.Le public demain? Quelleinfluencela guerrea-t-elleeue sur le théâtre ? du music-hallest le plus admirable.Il ne veut Croyez-vousà une décadencede 1art dramaqu être intéressé. Toutes les audaces nous tique ? J'en passeet non desmoindres.Mais sont donc permises,puisque nos spectateurs jamais il n'était question du music-hall,ce ne demandentqu'à nous suivre,chaquefois parentpauvre.Jamaisle plus humblereporter ne frappa à l'huis de la plusgrossevedettede que l'efforten vaudrala peine. Et je quitte Paul Franck, si artiste, si music-hallpour lui demanderson avis — à — un sur le musicen eût sincère, si joliment enthousiaste,si différent supposerqu'elle de la plupart des hommes,en ce sièclemerhall d'aujourd'hui. cantile. Seuls, trois apôtres,Fréjaville,Bizet, VaSur le pas de la porte, il me dit : renne, continuaientà chérir un art singu' — L'art au music-hall! Parbleu! 'Il me lièrementdivers.Leurs chroniquespersistaient semblequ'il n'y en a plus guère que là ! à chanterle los de ce spectacle,qu'aimèrent Jean de Tinau et Jean Lorrain. MM. Oscar Dufrerme et Henri Varna. Le music-hall! Evocation, soudainede tous PholosHenriManuel. les ors, de toutes les broderies,de toutes les — Je crois bien, dit M. Dufrenne. M, Dufrenne splendeurs.Evocationaussi de toutesles au— Sans doute, dit M. Henri Varna. daceset de toutesles prouesses. — Seul, le music-halla évolué,affirmeM. Dufrenne. M. Paul Franck — Depuisles balletsrusses,il n'y a que le music-hall ait qui tenté des effortsdécoratifsoriginaux,conclutM. HenriVarna. Le sévèrebureau de M. Paul Franck, à l'Olympia,rappelle Et je ne saisplus lequeldesdeuxcontinueà suivreleurpensée: par son style, quelque cabinet d'hommed'affairesaméricain. — Le public aime le music-hall.Et comme il a raison! C'est entre ces murs que le plusartistedes hommesprésideaux destinéesdu plus éclectiquedes music-halls. Jamaisle music-halln'a connula voguequ'il a depuisla guerre. On s'obstine,dit M.Paul Franck,à mettresur lemêmeplanle Jamais non plus il n'a été aussi audacieux.Sans doute est-il aussi moinslicencieux.Il a sacrifiéle tableaugrivoisau tableau music-hallde revues,et le théâtrede «variétés».Usn'ont cependant rien de commun,si ce n'est le nom — et lestaxes.—'Si le esthétique.Le costumeprend chaquejour une importanceplus considérable.La mise en scène, le décor, voilàl'essentiel.Le music-hallde revuesa évolué? Je nesaispastrop ! Maisce que texte devienthors-d'oeuvre.Il ne faut plus chercherla satire je sais bien, c'est quele théâtre de «variétés»est, tel que je le dansla revuede music-hall.Tel qu'on la demandeaujourd'hui, conçois,d'institutionrécente.Le music-hallfrançaisdoit être le carrefourdes beaux-arts.On y doit applaudirdans le même la revuedoitêtrebâtienon plus selonun « ton d'esprit» comme spectacleun hommequirisquesa vieà tourneren moto,dansune jadis, mais sur une gamme de couleurs.C'est,ainsi que nous roue, Loïe Fuller et Fortugé.Il nousfaut faireappel à tous les procédons,dans nos tableaux.Nous recherchonsla gamme, 1unité du coloris qui arts, a toutesles sciences même! Loïe Fuller,c est fasse, de notre revue, un numéro de physique. un ensemble,• avec un leit-motivmauveou blanc. C'est le prisme. Le bateau évoluantpar T.S. F. Nouspensonsque,malgré n'est-ce pas aussi la cette nécessitéde donner science,et singulièrement à une revue en quelque moderne ? Un numéro sorte une orchestration de gladiateurs,c'est de la de couleurs,les tableaux doivent être infiniment sculpture.En tentant de créer pour les tours de divers. c oyons divers,'si chantsdes décorsappronous ne voulonspas être monotones! Soyons dipriés à l'atmosphèrede vers et originaux, mais chaque chanson,j'ai fait appel à l'art décoratif. toujours de bon goût. Un esprit divers comme Evitonsle trop clinquant. M. Franck Mlle Mistinguett Vive l'harmoniedes luJeanLorrainaimaitlemusic-hallpour sa diversité, mièreset des formes! la diversité,voilà ce qui doit être notre secret. L'éclectisme! Mlle Mistinguett n'hésitonspasà faireappelàde grandsartistes, Soyonséclectiques, — Allô? le music-hall? Il a bienfalluqu'il évolue! Le goût à une Lucie Caffaut,à une RaquelMeller,N'hésitonspas à les placerdans notreprogrammeentreun numérode chienssavants du public a changé.Le public ne rit plus aux mêmesendroits et un tour acrobatique! qu'autrefois. LA RAMPE — Plus intelligent? Sans conteste.Plus fin*peut-être. — Du nouveau! Du nouveau toujours! Le secret,au musichall, est de se renouveler.C'est vous dire que le music-hall n'existeraitpas,s'il n'évoluait pas. Il n'a pas d'autresassisesque lafantaisie et le goût du jour. Il doit être perpétuellementinquiet d'être « à la page» — Oui, mais, sans en avoir l'air, pour ne pas effaroucherle spectateur. Evoluersans cesse, mais « en douce». M. Paul Gavault •—Sans doute ! Mais M- Gavault je ne puis guère vous en parler savamment.Je ne vais pas au music-hall.Les rares spectaclesde music-hall auxquels j'ai eu le loisir d'assister, m'ont surpris par le goût! De nos jours, les metteurs en scène ont du goût. Et souvent du bon ! Ce n'est pas une évolution,ça, mon cher, c est une révolution! — D'ailleurs, conclut l'auteur de Ma tante d'HonJleur, déjà au temps où j'écrivaisdes revues, on avait meilleurgoût au « Café-Concert» (comme on disait dans ce temps-là)que partout. Je parle, bien entendu, au point de vue esthétique! Quant au « texte », il n'a jamais été aussi vertementgrossier qu'aujourd'hui.On dirait de la bouse sur de la fine dentelle. On a enviede leur crier : — Soyezbeauxet bien habillés.Mais,par pitié, taisez-vous! exemple,n'est plus un auteur pour le music-hall.Et ceci parce qu'une grande partie du public actuel demandeà n'avoirrien à comprendre. M. Jacques-Charles — Le public a évolué.Le music-halln'évolue pas parceque le publicchangede goûts. Aujourd'hui,nous avons à peu près complètement suppriméle texte de nos revues. On n'en veut plus. Les sketchsne sont là que pour permettreles changementsde décors et de costumes.La revue idéaleserait-elleune successionde tableauxsomptueux ou [originaux? Qui sait ? — Est-ceun bien, estce un mal ? demande M. Jacques-Charles.Je M. Jacques-Charles vous laisse le soin de conclure. Chez Mme Colette Le music-hailactuel n'a rien de communavecle musichall de jadis. Le cirque est devenule théâtre de « variétés», un genre bien agréable! Quant au music-hallde revues,c'est quelquefoistrès joli, mais avouez que ce n'est pas souvent drôle! Chez M. Eugène Héros — La chanson de café-concertest morte. L'heure est aux défiléset aux attractions.Le cabaretest le dernier refuge de 1esprit.Tout ce qu'on fera pour essayerde rénoverla chanson estinutile.Il n'y a plus de chanson,parcequ'iln'y a plusdepublic pourl'entendre.On veutde joliesfemmesnues, avecun peu de grossegaudrioleautour,pour se mettreen appétit.Ah ! fichtre ! Tenez,l'autre soir, au Perchoir,nous avonseu la joie rare d'entendre Polin chanter quelques-unesde ces vieilleschansons. C'estalorsqu'on a pu se rendrecomptedel'évolutiondontvous me parlez! Unanimitérare ! Le music-halla évolué.Dansle très remarquable livre qu'il vient de publier, Au Music-Hàll,Gustave Fréjavillerechercheles causesprofondeset multiplesde cette évolution.Historiographe minutieuxdu music-hall français,Fréjavilleenparle avecun touchantamour. On sent, à chaque ligne la joie que connaîtl'auteur lorsqu'il va au music-hall. Remarquablement documenté, c'est un livre qui répond, par des faits, à plus d une de mes questions. Et, quoiqu'optimiste, Gustave Fréjavilleest bien obligé de reconnaîtreque si le M. Héros music-hall d'attraction est artistiqueet divers,si le music-hallde revues est esthétique et original,jamais la chanson française ne fut aussi plate, jamais la « scène de revue» nefut aussipauvred'esprit,qu'en l'an de grâcequi finit. Mme Rasimi Je penseque le music-halldoit,maintenant,tout sacrifierau coup d'oeil.On y fait du travail de costumieretde décorateur. Les idéesde scènesdoiventêtre originaleset surtout prêter à la fantaisiedu décorateuret du costumier.En outre, la revue à spectacledoit être luxueuse.C'est un plaisir de l'oeil,que la moindrefaute de goût gâterait, que seul le luxe élégantpeut alimenter. Le music-hall a incontestablementévolué. Quand on dit évolué, on entend évidemment évoluervers le mieux.Et bien, il faut le reconnaître,si le musichall a, depuis quelques années,considérablement « évolué » ce n'est pas uniquement en bien. L'amélioration de goût au pointde vue de costumes,de la miseen scène, de la danse,est incontestable. Je me souviens avecterreur deshorribles choses qui furent faites autrefois ! Mais, hélas, Mm<vRasimi je ne pense pas sans un peu de regret à certaines revues très éléganteset très spirituellesà la fois, que je vis, jadis. Je croisque le cabaretaccapareles spectateursqui.demandent de l'esprit. Le public actueldu music-hallne goûtepas l'esprit très fin. Je viensd'en faire une concluanteexpérience.Rip,par JACQUES CHABANNËS. lt