Evolution music-hall, La Rampe, 1921

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Evolution music-hall, La Rampe, 1921
La Rampe (Paris. 1915). 1923/01/14.
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LA RAMPE
Le
Ce que pensent
%
évolue-t-il
Music-Hall
MM. Paul Franck,
Jacques-Charles,
Eugène
Oscar Dufrenne,
Héros, Mmes Rasimi,
Henri Varna,
Mistinguett
Paul Gavault,
et Colette
Aiusi, parlePaul Franck:
Depuis plusieurs années,maints enquêteurs ont interrogé
— Ayons de l'audace! Trompons-nous,soit, mais soyons
maintshommesde lettres qui ont répondu à maintesenquêtes
sur le théâtre : Le théâtrea-t-il évolué? Que serale théâtrede
toujourssincère! Le publicaime l'art, il ne faut pas le méconnaître.Et ilsaitadmirablementjugercequ'on luioffre.Le public
demain? Quelleinfluencela guerrea-t-elleeue sur le théâtre ?
du music-hallest le plus admirable.Il ne veut
Croyez-vousà une décadencede 1art dramaqu être intéressé. Toutes les audaces nous
tique ? J'en passeet non desmoindres.Mais
sont donc permises,puisque nos spectateurs
jamais il n'était question du music-hall,ce
ne demandentqu'à nous suivre,chaquefois
parentpauvre.Jamaisle plus humblereporter
ne frappa à l'huis de la plusgrossevedettede
que l'efforten vaudrala peine.
Et je quitte Paul Franck, si artiste, si
music-hallpour lui demanderson avis — à
—
un
sur le musicen
eût
sincère, si joliment enthousiaste,si différent
supposerqu'elle
de la plupart des hommes,en ce sièclemerhall d'aujourd'hui.
cantile.
Seuls, trois apôtres,Fréjaville,Bizet, VaSur le pas de la porte, il me dit :
renne, continuaientà chérir un art singu'
—
L'art au music-hall! Parbleu! 'Il me
lièrementdivers.Leurs chroniquespersistaient
semblequ'il n'y en a plus guère que là !
à chanterle los de ce spectacle,qu'aimèrent
Jean de Tinau et Jean Lorrain.
MM. Oscar Dufrerme et Henri Varna.
Le music-hall! Evocation,
soudainede tous
PholosHenriManuel.
les ors, de toutes les broderies,de toutes les
— Je crois bien, dit M. Dufrenne.
M, Dufrenne
splendeurs.Evocationaussi de toutesles au— Sans doute, dit M. Henri Varna.
daceset de toutesles prouesses.
— Seul, le music-halla évolué,affirmeM. Dufrenne.
M. Paul Franck
— Depuisles balletsrusses,il n'y a que le music-hall ait
qui
tenté des effortsdécoratifsoriginaux,conclutM. HenriVarna.
Le sévèrebureau de M. Paul Franck, à l'Olympia,rappelle
Et je ne saisplus lequeldesdeuxcontinueà suivreleurpensée:
par son style, quelque cabinet d'hommed'affairesaméricain.
—
Le public aime le music-hall.Et comme il a raison!
C'est entre ces murs que le plusartistedes hommesprésideaux
destinéesdu plus éclectiquedes music-halls.
Jamaisle music-halln'a connula voguequ'il a depuisla guerre.
On s'obstine,dit M.Paul Franck,à mettresur lemêmeplanle
Jamais non plus il n'a été aussi audacieux.Sans doute est-il
aussi moinslicencieux.Il a sacrifiéle tableaugrivoisau tableau
music-hallde revues,et le théâtrede «variétés».Usn'ont cependant rien de commun,si ce n'est le nom — et lestaxes.—'Si le
esthétique.Le costumeprend chaquejour une importanceplus
considérable.La mise en scène, le décor, voilàl'essentiel.Le
music-hallde revuesa évolué? Je nesaispastrop ! Maisce que
texte devienthors-d'oeuvre.Il ne faut plus chercherla satire
je sais bien, c'est quele théâtre de «variétés»est, tel que je le
dansla revuede music-hall.Tel qu'on la demandeaujourd'hui,
conçois,d'institutionrécente.Le music-hallfrançaisdoit être
le carrefourdes beaux-arts.On y doit applaudirdans le même
la revuedoitêtrebâtienon plus selonun « ton d'esprit» comme
spectacleun hommequirisquesa vieà tourneren moto,dansune
jadis, mais sur une gamme de couleurs.C'est,ainsi que nous
roue, Loïe Fuller et Fortugé.Il nousfaut faireappel à tous les
procédons,dans nos tableaux.Nous recherchonsla gamme,
1unité du coloris qui
arts, a toutesles sciences
même! Loïe Fuller,c est
fasse, de notre revue,
un numéro de physique.
un ensemble,• avec un
leit-motivmauveou blanc.
C'est le prisme. Le bateau évoluantpar T.S. F.
Nouspensonsque,malgré
n'est-ce pas aussi la
cette nécessitéde donner
science,et singulièrement
à une revue en quelque
moderne ? Un numéro
sorte une orchestration
de gladiateurs,c'est de la
de couleurs,les tableaux
doivent être infiniment
sculpture.En tentant de
créer pour les tours de
divers. c oyons divers,'si
chantsdes décorsappronous ne voulonspas être
monotones! Soyons dipriés à l'atmosphèrede
vers et originaux, mais
chaque chanson,j'ai fait
appel à l'art décoratif.
toujours de bon goût.
Un esprit divers comme
Evitonsle trop clinquant.
M. Franck
Mlle Mistinguett
Vive l'harmoniedes luJeanLorrainaimaitlemusic-hallpour sa diversité,
mièreset des formes!
la diversité,voilà ce qui doit être notre secret. L'éclectisme!
Mlle Mistinguett
n'hésitonspasà faireappelàde grandsartistes,
Soyonséclectiques,
— Allô? le music-hall? Il a bienfalluqu'il évolue! Le goût
à une Lucie Caffaut,à une RaquelMeller,N'hésitonspas à les
placerdans notreprogrammeentreun numérode chienssavants
du public a changé.Le public ne rit plus aux mêmesendroits
et un tour acrobatique!
qu'autrefois.
LA RAMPE
— Plus
intelligent? Sans conteste.Plus fin*peut-être.
— Du nouveau! Du nouveau
toujours! Le secret,au musichall, est de se renouveler.C'est vous dire que le music-hall
n'existeraitpas,s'il n'évoluait pas. Il n'a pas d'autresassisesque lafantaisie
et le goût du jour. Il doit
être perpétuellementinquiet d'être « à la page»
— Oui, mais, sans en
avoir l'air, pour ne pas
effaroucherle spectateur.
Evoluersans cesse, mais
« en douce».
M. Paul Gavault
•—Sans doute ! Mais
M- Gavault
je ne puis guère vous
en parler savamment.Je
ne vais pas au music-hall.Les rares spectaclesde music-hall
auxquels j'ai eu le loisir d'assister, m'ont surpris par le
goût! De nos jours, les metteurs en scène ont du goût. Et
souvent du bon ! Ce n'est pas une évolution,ça, mon cher,
c est une révolution!
— D'ailleurs, conclut l'auteur de Ma tante d'HonJleur,
déjà au temps où j'écrivaisdes revues, on avait meilleurgoût
au « Café-Concert» (comme on disait dans ce temps-là)que
partout. Je parle, bien entendu, au point de vue esthétique!
Quant au « texte », il n'a jamais été aussi vertementgrossier
qu'aujourd'hui.On dirait de la bouse sur de la fine dentelle.
On a enviede leur crier :
— Soyezbeauxet bien habillés.Mais,par pitié, taisez-vous!
exemple,n'est plus un auteur pour le music-hall.Et ceci parce
qu'une grande partie du public actuel demandeà n'avoirrien
à comprendre.
M. Jacques-Charles
— Le public a évolué.Le music-halln'évolue
pas parceque
le publicchangede goûts.
Aujourd'hui,nous avons
à peu près complètement
suppriméle texte de nos
revues. On n'en veut
plus. Les sketchsne sont
là que pour permettreles
changementsde décors
et de costumes.La revue
idéaleserait-elleune successionde tableauxsomptueux ou [originaux?
Qui sait ?
— Est-ceun bien, estce un mal ? demande
M. Jacques-Charles.Je
M. Jacques-Charles
vous laisse le soin de
conclure.
Chez Mme Colette
Le music-hailactuel n'a rien de communavecle musichall de jadis. Le cirque est devenule théâtre de « variétés»,
un genre bien agréable! Quant au music-hallde revues,c'est
quelquefoistrès joli, mais avouez que ce n'est pas souvent
drôle!
Chez M. Eugène Héros
— La chanson de café-concertest morte. L'heure est aux
défiléset aux attractions.Le cabaretest le dernier refuge de
1esprit.Tout ce qu'on fera pour essayerde rénoverla chanson
estinutile.Il n'y a plus de chanson,parcequ'iln'y a plusdepublic
pourl'entendre.On veutde joliesfemmesnues, avecun peu de
grossegaudrioleautour,pour se mettreen appétit.Ah ! fichtre !
Tenez,l'autre soir, au Perchoir,nous avonseu la joie rare d'entendre Polin chanter quelques-unesde ces vieilleschansons.
C'estalorsqu'on a pu se rendrecomptedel'évolutiondontvous
me parlez!
Unanimitérare ! Le music-halla évolué.Dansle très remarquable livre qu'il vient de publier, Au Music-Hàll,Gustave
Fréjavillerechercheles causesprofondeset multiplesde cette
évolution.Historiographe
minutieuxdu music-hall
français,Fréjavilleenparle
avecun touchantamour.
On sent, à chaque ligne
la joie que connaîtl'auteur lorsqu'il va au music-hall. Remarquablement documenté, c'est
un livre qui répond, par
des faits, à plus d une de
mes questions. Et, quoiqu'optimiste, Gustave
Fréjavilleest bien obligé
de reconnaîtreque si le
M. Héros
music-hall d'attraction
est artistiqueet divers,si
le music-hallde revues est esthétique et original,jamais la
chanson française ne fut aussi plate, jamais la « scène de
revue» nefut aussipauvred'esprit,qu'en l'an de grâcequi finit.
Mme Rasimi
Je penseque le music-halldoit,maintenant,tout sacrifierau
coup d'oeil.On y fait du travail de costumieretde décorateur.
Les idéesde scènesdoiventêtre originaleset surtout prêter à la
fantaisiedu décorateuret du costumier.En outre, la revue à
spectacledoit être luxueuse.C'est un plaisir de l'oeil,que la
moindrefaute de goût gâterait, que seul le luxe élégantpeut
alimenter.
Le music-hall a incontestablementévolué. Quand on dit
évolué, on entend évidemment évoluervers le
mieux.Et bien, il faut le
reconnaître,si le musichall a, depuis quelques
années,considérablement
« évolué » ce n'est pas
uniquement en bien.
L'amélioration de goût
au pointde vue de costumes,de la miseen scène,
de la danse,est incontestable. Je me souviens
avecterreur deshorribles
choses qui furent faites
autrefois ! Mais, hélas,
Mm<vRasimi
je ne pense pas sans un
peu de regret à certaines
revues très éléganteset très spirituellesà la fois, que je vis,
jadis.
Je croisque le cabaretaccapareles spectateursqui.demandent
de l'esprit. Le public actueldu music-hallne goûtepas l'esprit
très fin. Je viensd'en faire une concluanteexpérience.Rip,par
JACQUES CHABANNËS.
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