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samedi 26, dimanche 27 janvier 2013
enchères Ce week-end, deux ventes à Paris remettent dans la
lumière des costumes portés sur la célèbre scène de music-hall
21
Sortir
technique très coûteuse que lèbres canotiers de Maurice Chevalier
l’on n’utilise plus au- attend un nouveau propriétaire !
jourd’hui. »
Toute la vente rappelle la passion
De cette grande histoire du music-hall pour le brillant et l’exudu music-hall, la vente bérance, comme cette immense
évoquera plusieurs fi- « cape d’escalier » de plus de 12 mètres
gures célèbres. Celle de de long portée par la meneuse de
Jane Avril, danseuse de revue descendant le gigantesque esfrench cancan et muse calier du Casino de Paris lors du tade Toulouse-Laubleau final. Entré en crise
trec, dont la
après la Seconde Guerre
garde-robe
mondiale, détrôné par
es sera mise
la télévision et le ciarts talents enchèr
néma, le music-hall
aux enchères. Celle de
e Casino de Paris ouvre la Je a n n e B ou rg e o i s
éteindra progressivemalle à souvenirs. Deux (1875-1956), dite Misment ses feux. Restent
ventes, organisées ce week- tinguett, célèbre pour
la gouaille joyeuse, la
end à Paris par la maison son entrain, ses « gamlégèreté hédoniste et
Arts Talents Enchères, font revivre bettes » et son répervolontairement sules grandes heures de ce haut lieu toire chanté – Mon
perficielle qu’il aura
du music-hall parisien. Costumes homme (1920), Ça,
fait briller durant
de scènes et accessoires, mais aussi c’est Paris (1926), C’est
quelques décennies,
programmes, photo­graphies, affiches vrai (1935) –, dont une
comme une comète
et plus de 800 gouaches de costumes robe art déco, entièreéclairant des années
et de décors, seront proposés aux ment peinte et brodée,
bien sombres.
amateurs de ce divertissement po- et des archives (lettres,
éLODIE MAUROT
pulaire aujourd’hui disparu.
photos…) seront disperL’histoire du Casino de Paris re- sées.
Vente Elephant Paname,
monte à 1730, mais c’est l’année 1880
De sa grande « ri10, rue Volney, Paris (2e),
qui marque la véritable naissance du vale », l’Américaine Josamedi 26 et dimanche
lieu, avec l’inauguration de la salle de séphine Baker, on
27 janvier, à 14 heures
la rue de Clichy. Elle accueillera, en pourra acquérir une
Entrée libre et gratuite. 1893, les débuts de Mistinguett et, en robe de scène en crêpe
1919, le premier numéro de nu de rouge réalisée à partir
l’histoire du music-hall. Durant d’un dessin de Niki de
l’entre-deux-guerres, ses grandes re- Saint Phalle, ainsi que
vues connaissent un tel succès qu’elles d’intéressants docurestent souvent plus de deux ans à ments liés au projet de
l’affiche, ce qui permet d’amortir un fraternité universelle
L’un des célèbres
canotiers
spectacle coûteux en figurants (par- pour les enfants qu’elle
de Maurice Chevalier
fois jusqu’à 200 sur scène), en cos- voulait réaliser dans
(en haut à gauche)
tumes et en décor. « Les costumes son château du Périainsi qu’une robe
devaient être solides, souligne Romain gord. Quant aux
en crêpe rouge portée
Leray, expert de la vente. Ils étaient hommes, ils n’ont
par Joséphine Baker
très travaillés, comme le montre le pas été oubliés,
arts talents enchères seront en vente.
montage des strass sur cuivre, une puisque l’un des cé-
L
Sélection
Avidan, naissance d’un phénomène
Au rayon pop, Different Pulses est un des albums les plus intrigants de ce début d’année. Asaf Avidan, son auteur, compositeur
et interprète, s’était surtout fait remarquer jusqu’ici avec son
groupe, The Mojos, dans un répertoire rock underground plein
de références aux années 1970, où sa voix cassée remplie de soul
semblait une résurgence de celle de Janis Joplin. Sur son premier
album en solo, le chanteur israélien de 32 ans, à la frêle silhouette
et au toupet sur la tête, explore un répertoire « trip hop » par
définition plus ténébreux, hypnotique et mélodieux, alternant
ou mêlant les arrangements électro sophistiqués et obsédants
(comme sur One day/Recknoning, déjà un tube) et les ballades
folk remplies de spleen. Le timbre métallique, hors norme,
semble traversé par mille vies… Le nouveau phénomène sera
ce week-end (samedi 26) en concert au Midem à Cannes, avant
une tournée de printemps qui s’annonce comme un événement,
en attendant les grands festivals d’été.
JEAN-YVES DANA
Different Pulses, 1 cd Polydor/Universal Music
Jazz
PPThe
Drops monte
en gamme
Boris Wilensky
POP
PPAsaf
Délicatesse et énergie, lyrisme et retenue : le dosage
entre ces polarités musicales
est toujours difficile. Le duo The Drops, formé par le guitariste Federico
Casagrande et le saxophoniste ténor Christophe Panzani, relève le défi avec
brio et élégance dans un deuxième album intitulé Spray. Ils poursuivent
et embellissent ainsi si la voie ouverte en 2010, avec le déjà réussi Falling
from the Sky (Hyenas Records). Et cette fois, c’est Ferenc Nemeth qui
officie à la batterie dans le rôle du troisième homme qui était alors assuré
par Ted Poor. L’une des principales forces de ce nouvel opus réside dans
la combinaison très équilibrée des sonorités entre guitare et saxophone
qui tantôt se distinguent, tantôt s’entrelacent et se confondent presque.
On aimerait parfois un peu plus de diversité dans les tempos d’une
composition à l’autre, mais voici un album qui sort très largement du lot.
Yann Mens
Spray, 1 CD Drops. Il sera disponible sur www.thedrops.net
et en digital sur toutes les plates-formes de téléchargement légal.
Keith Pattison
Souvenirs légers du Casino de Paris
comédie musicale
PPLa
rue de New York sur la scène du Châtelet
Longtemps négligée, la création de la période américaine de Kurt Weill (1900-1950) a aujourd’hui la cote.
Tandis que la tournée de Lost in the Stars d’Opéra-éclaté
se poursuit (lire La Croix du 12 janvier), le Théâtre du
Châtelet présente Street Scene, « opéra américain » créé
à New York en 1947 et qui valut à son auteur le premier
Tony Award de l’histoire de Broadway. Cette scène de
rue d’un été new-yorkais, avec ses personnages hauts
en couleur, est entrée au New York City Opera en 1959.
« Il s’agit d’un entrelacs brillant de styles (opéra, opérette,
musique populaire) et d’un texte parlé et chanté, rappelle
Tim Murray, chef d’orchestre de cette production de John
Fulljames. Le livret use des langues vernaculaires des
nationalités de la rue et décrit la violence et la misère. »
Cherchant le réalisme, Weill a fusionné chant et parole,
soutenus par un orchestre flamboyant. « Nous avons
essayé d’être fidèles à l’œuvre dans toute sa complexité,
confie encore Tim Murray. Notre troupe chante et danse
avec passion. L’orchestre est au centre du plateau, ce qui
valorise l’éclat de la musique de Weill. »
Bruno Serrou
Du 25 au 31 janvier.
Rens. : 01.40.28.28.40 et www.chatelet-theatre.com
Concert
PPL’énergie
des tambourinaires du Congo
Les Tambours de Brazza fêtent leurs 20 ans avec un nouvel
album décoiffant et profond, Sur la route des caravanes
(sortie le 28 janvier, référence à la route des esclaves qui
traversait l’Afrique de Zanzibar à Pointe-Noire), accompagné d’une résidence de création, ces derniers jours,
à Besançon, qui débouche le 1er février prochain sur un
concert parisien au Trianon, en attendant une tournée
au printemps.
Ces 13 musiciens (dont huit tambours danseurs chanteurs)
sonnent le renouveau de l’art du tambour sacré africain
(le ngoma), qui s’inscrit ici dans une pratique urbaine,
contemporaine, mêlant les genres et les rythmes, l’ancrage
africain et les envolées orientales, la trompette jazz, le violon
classique et (sur l’album) les présences prestigieuses de
Ray Lema au piano et de Régis Gizavo à l’accordéon. Un
mélange flamboyant et survitaminé pour apporter de la
chaleur au cœur de l’hiver.
JEAN-YVES DANA
Le 1er février, à 20 heures, au Trianon,
80, boulevard de Rochechouart, Paris 18e.
Rens. : 01.48.57.51.48 ou www.maitemusic.com