Question d`avoir le dernier mot!

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Question d`avoir le dernier mot!
Question d’avoir le dernier mot!
((( Bien qu’imaginaire, difficile de faire une brèche dans le mur qui sépare Simion et
Placide. Lorsqu’on est, un organisateur de parti politique, il est primordial
d’afficher ouvertement ses couleurs, surtout en public. Il ne faut pas oublier, nous
sommes à l’ère que, ton travail est souvent relié et conditionnel, au parti au pouvoir.
Dans la vie de tous les jours, il faut quand même vivre ensembles, dans le même
village, même paroisse… Alors,,, vaut mieux s’accomoder!)))
*Placide,,, es-tu là? Batème, tu pourrais répondre quand on t’crie après.
Descend une menute, j’ai affaire à toué, faut j’te parle.
--- Tu veux m’voir Simion,,, ben j’su là… Ça besoin d’être important, une belle
journée d’même. Cou-dont, t’as rien à faire chez-vous, toué?
* Arrête de faire ton coq fendant (vaniteux/orgueilleux) mon batème, fait moé pas
r’gretter d’être v’nu icitte…
--- Ouais,,, ça m’dit toujou pas c’que tu m’veux, vas-tu finir par aboutir…
* Tu sauras que j’veux rien pantoutte. J’viens juste pour t’avartir. T’es un de ceuxlà qui a eu un parmis de bûchage l’hiver passé de l’autre bord du lac, su les terres d’la
couronne (terre gouvernementale) ? Tu vas dire que cé pas d’mes affaires mais, s’rais-tu, un
de ceux-là qui a fait plus de bois que, ce que l’papier disait?
--- Ben cé l’boutte du boutte, si j’veux m’confesser, j’va aller voir le curé avant
toué! T’en connais qui s’contente de faire, c’qui est marqué su l’papier? Cé just’un
papier.
* Cé ben c’que j’pensais, ça répond a question. Ça fait que,,, si j’étais toué,
j’m’arrangerait pour cacher ,,, le plus,,, quecque part justement, pis vite à part ça.
Pas plus tard qu’hier, Odilon a surpris un inspecteur du gouvarnement entrain de
compter les chousses (souches) l’autre bord du lac. Tu m’vois v’nir là,,, hein!
À c’temps-citte d’l’année, tu dois ben avoir une tasserie (espace pour entreposer le foin) d’vide
dans ta grange. Moé, j’te l’emplirait ben dûr des billots en trop, ben enterré d’foin.
J’ai pour mon dire que, tu peux pas accuser quecqu’un, si tu mets pas la main su
l’butain, hein! Y va rester a t’confesser. Une pénitence du curé, cé moins coûtant,
qu’une amende à payer!!! Cé que T’en pense?
--- C’que j’en pense,,, cré Simion,,, tu finiras jamais de m’surprendre. J’ai
presquement envie d’te dire marci,,, mais, j’le f’rai pas!
* Tu fais ben de pas l’dire, tout d’un coup que ça finirait par se savoir dans les
alentours. Farces à part Placide, j’pense que y a assez d’misère comme ça, sans s’en
inventer entr’nous autres. Tu peux faire suivre la rumeur, t’es pas tout fin seul qui
devrait l’savoir. Sans compter que j’te connais itou,,, on tourne pas l’dos, quand on
est en face d’un bouc qui a la tête en l’air. Si des inspecturs rôdent dans parages,
manquablement que, y a eu des plaintes qui viennent de quecque part. Quecqu’un qui
veut s’venger, j’cré ben. J’veux pas que tu penses que ça pourrait être moé. J’te
donnerai pas une chance de m’noircir avec des supposéments, aux prochaines
élections.
--- Simion,,, Simion Desrosiers, mon snoro! Un village s’rait pas un village sans toué!
* J’peux te r’tourner la pareille, vieille branche! J’imagine le village sans t’avoir de
travers, ç’pas des farces,,, j’s’rais obligé de t’inventer! J’y pense-là, betôt, j’va
r’partir mon moulin pour l’été… T’es pas obligé d’aller au canton voisin pour
déligner (scier) ton bois. Va pas penser que j’va charger plus cher parc’que cé toué.
--- OK!!! Y m’semblait ben itou que, y’avait trop d’vaseline dans c’que tu disais…
On m’a dit que, t’as trouvé l’hiver long pas pour rire. J’ai même appris que les
femmes t’on montré à tricotter. Comme si, tu l’savais pas avant!!!
* Batème Placide,,, si tu veux qu’on continu de s’parler de temps-en-temps, faudrait
pas en mettre plus qu’la barrouette (brouette) ai capable d’en prendre! Pis à part ça,,,
tu f’ras ben c’que tu veux , comme de coutume Placide Bolduc! J’ai just’voulu
t’rendre sarvice. Cinquante billots d’plus, cinquante billots d’moins,,, mon moulin va
tourner pareil, tu sé ben.
--- Héy! Héy! Héy!!! J’me tannerai jamais de t’voir pardre les pédales comme ça. T’es
trop vieux pour apprendre à faire du bessick Simion! (bicyclette)
* Placide,,,tu s’rais pas l’septième d’la famille, par hasard? T’as l’don de m’étriver
(agaçer) quand cé pas, de m’faire monter la pression! Si tu caches ton bois dans grange,
tu vas être obligé d’sortir tes pancartes électorales dehors,,, y vont déteindre au
soleil…
--- Tu sé ben qu j’f’rai jamais ça,,, tout d’un coup que tu viendrais m’les voler et pis
que, du jour au lendemain, tu changerais ton capot d’bord!!! Vois-tu ça d’icitte? Ça
f’frait jaser!...
* Y a pas d’âge pour rêver! Ça fait que, j’cré ben que j’va y aller moé,,, j’pense que,
j’t’ai assez vu pour aujourd’hui!
--- C’t’une bonne idée! -------Hye! Simion,,,,,, marci ben là!
* Cé ça,,, cé ça, à r’voyeure! C’t’automne, j’va t’apporter un cadeau. Une paire de
mitaines pas d’pouce que j’aurai tricotté moé-même… Avec toué, on va avoir trois
mitaines pas d’pouce…
--- Ben sûr, ben sûr,,, j’te r’vaudrai ça à Nouel (Noël) ! J’va t’apporter du tabac à
chiquer. L’temps que tu vas mâchouiller, tu diras pas d’bêtises!
* Ouais!,,, Tu f’ras mes salutations à la femme qui t’endure!
--- Tu vas pouvoir y dire toué même, ma femme, est chez-vous, avec ta
pauvr’Delphine!!!
((( Deux personnages aussi grands que nature, deux personnalités attachantes d’une
certaine époque ou encore, d’une époque certaine. Ils étaient vrais en tout temps et
conscients mutuellement qu’en situation difficile, chacun aurait donné sa chemise
pour aider l'autre. La seule compétion, bien connue de tous, était au niveau des idées
politiques. Il était primordial pour l’un, comme pour l’autre, de préserver
publiquement cette rivalité. Parfois, il y avait débordement et, il pouvait se dire des
choses assez blessantes. Cependant, les gens du milieu savaient faire la part des
choses. Ainsi, la vie continuait, les bleus comme on dit, devaient vivre avec les rouges
et nous pourrions qualifier ces petits litiges,,, d’amusants! )))
De la série :Une page d’histoires d’un Québec oublié!
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