Extrait - Librinova
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Jean Marc GRANDVIERGNE "Mémoires d'un Toubabou" © Jean Marc GRANDVIERGNE, 2014 ISBN numérique : 979-10-262-0071-0 Courriel : [email protected] Internet : www.librinova.com Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. Toubab (en malinké toubabou), est un mot utilisé en Afrique de l'Ouest, principalement en Guinée, au Sénégal, en Mauritanie, en Gambie et au Mali, mais aussi en Côte d'Ivoire, pour désigner toute personne à peau blanche, , quelle que soit sa nationalité. Il fait donc généralement référence à des Européens. À Sophie, Nicolas, Patricia Papa, raconte-nous… Pour Sophie, mon épouse, compagne de tous mes moments heureux et difficiles. Pour mes Enfants Nicolas et Patricia, qui ont supporté tant bien que mal notre vie aventureuse. La vie est faite d'illusions. Parmi ces illusions, certaines réussissent. Ce sont elles qui constituent la réalité. Jacques Audiberti L'Effet Glapion PRÉFACE Issu d’une famille de cinq enfants, de parents hôteliers à Vichy, parti de la maison familiale à 14 ans son certificat d’études en poche, il embarque à bord d’un 15 tonnes en direction de Cavaillon et affronte immédiatement toutes les tentations de la vie facile, mais aussi la vie des durs labeurs. Il travaille avec acharnement à décharger les camions et les trains pour améliorer l’ordinaire. Puis, son frère aîné le fait entrer dans un cabinet de géomètres du Vaucluse, et, pour la première fois il apprend un métier qui va le propulser dans un dédale d’aventures aussi palpitantes les unes que les autres. Il couvre de son empreinte le Sahara du Nord au Sud et d’Ouest en Est, réalisant des missions de l’impossible. Il parcourt les sentiers de nombreux états d’Afrique de l’Ouest, échappe au mercenariat, au trafic de la drogue, et aux pièges des hommes. Guide de chasse malgré lui, il organise des safaris et découvre les vicissitudes de la race humaine et la noblesse de la faune cynégétique. Il se fait un plaisir, la peur au ventre, de faire « mouiller le pantalon » des Pancho Villa et des Tartarins venus tenter le safari de leur vie en terre africaine. Son entregent et sa convivialité attirent dans sa toile amicale les grands noms des chasseurs d’Afrique, malgré sa réputation de guide de chasse faisant tirer le moins de coups de fusil. On vient le voir de tous les pays. On dit « on va chez le patron de l’embouchure, » ou « chez Ficelle » ou « chez Grand-la-viande ». Autant de surnoms que de pays traversés. Les responsabilités et le management humain ne lui font pas peur. Successivement directeur d’hôtels de luxe, à la Réunion et en France métropolitaine, sans connaissance informatique et sans parler un traitre mot d’anglais, il sort du gouffre certains de ces établissements et s’attire la fréquentation assidue de grandes personnalités du showbiz et du monde politique. Il devient l’ami d’un regretté chanteur, immensément populaire, avec qui il partagera des escapades de pêche au gros à la Réunion, en Mauritanie et en Guinée-Bissau. Avide de continuer l’aventure, il croise en Mauritanie la route d’un professeur de médecine, Jean-Marie Decazes, et à la Réunion celle de Pascal Ballu, informaticien. Tous trois amoureux incontestables de l’Afrique, ils décident d’assurer la continuité d’un centre de pêche sportive réputé dans l’archipel des Bijagos en Guinée-Bissau. Un jour, ses enfants lui demandent « Papa raconte nous. » À 71 ans, il se décide enfin à ouvrir la parenthèse. Il se raconte au travers des anecdotes vécues parmi les femmes et les hommes merveilleux qu’il a côtoyés et qui sont restés fidèles en amitié. Ceux qui sont encore de ce monde, lui disent « est-ce que tu te rappelles ? » Et, encore une fois, au cours des longues soirées ils « refont l’Afrique. » Chapitre 1 Du rêve à la réalité Hommage à deux personnes d’exception, mon père Jean et ma mère Élise. Je pourrais dire « mon Père, ce héros au sourire si doux »… Mais doté d’une poigne de fer. Jean, rien ne l’a arrêté. D’un milieu paysan, il a quitté sa Creuse natale dans les années 1930 à l’âge de 20 ans pour rejoindre la capitale avec des rêves plein la tête. Serveur dans de grandes brasseries parisiennes, il se fait tout de suite un petit pécule qui lui permet de fréquenter « en sourdine » la haute société. Beau gosse, il rencontre, dans la brasserie La Coupole où il travaille, Élise Courbet qui deviendra ma mère. L’appel du large et de l’aventure se concrétise à la Compagnie Générale Transatlantique. En 1936, il embarque sur le Champlain en partance pour les États-Unis. Lors de ses multiples voyages, tour à tour sur « l’Ile de France », le « Colombie » et le « Normandie » successivement steward dévoué et cuisinier à bord, il se forme auprès des plus grands. De retour en France, il n’a qu’une idée en tête : créer sa propre affaire. La guerre de 39-45 en décide autrement. Il est basé à La Châtre, dans l’Indre, non loin de ses frères et sœurs, vivant tous à la ferme du côté de Guéret et Boussac. En novembre 1942, La Châtre sort de la zone de démarcation et la ville est occupée par les Allemands. Jean et Élise avaient déjà milité fin 1941 dans un groupe de résistants originaires de La Châtre et participé à de multiples actions contre le régime de Vichy et les groupes de collabos. Il