Un redécoupage des cantons qui maltraite les
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Un redécoupage des cantons qui maltraite les
11/02/13 17:05 Page 1 PATRICK KOVARIK/AFP JACQUES DEMARTHON/AFP H459_P01.qxd:L'HEMICYCLE Caroline Mécary Hervé Mariton P. 2 P. 3 Rédacteur en chef : Joël Genard Réforme territoriale Mariage pour tous : la messe est dite ! Un redécoupage des cantons qui maltraite les territoires ruraux Le rideau tombe sur le premier acte du, trop long, débat sur le « mariage pour tous ». Certes, l’examen du texte au Sénat et la deuxième lecture nous proÉdito mettent encore quelques passes Thierry Guerrier d’armes. L’opposition fait mine de ne pas lâcher prise, une nouvelle grande « manif pour tous » est annoncée. Mais la droite sait que la messe est dite ! Le projet de loi sera bientôt adopté. Et la France verra bien ses premiers mariages homosexuels célébrés en toute légalité, sur tout son territoire, avant la fin 2013… foi de garde des Sceaux ! L’UMP, qui ne s’y trompe pas, laisse la liberté de vote à ses députés et tente de présenter ceux d’entre eux qui s’abstiendront comme autant de farouches adversaires de la réforme. Pur habillage rhétorique pour préserver le petit bénéfice qu’elle a retiré de toute cette affaire : une apparence d’unité retrouvée. Les convictions des plus libéraux de ses parlementaires favorables au texte (Riester, Apparu), la crainte de certains de courir derrière leurs électeurs plutôt que de les précéder, le risque de faire passer à nouveau la droite française pour la plus conservatrice d’Europe (alors que sa cousine britannique, menée par David Cameron, lui infligeait un camouflet involontaire en faisant voter le mariage gay au même moment à Londres) : rien de tout cela n’a vraiment pesé dans le choix des stratèges de l’UMP, copéistes comme fillonnistes, face à l’opportunité que semblait offrir cette formidable controverse anthropologique, pour resserrer les rangs. Défaite au printemps par son échec électoral, meurtrie à l’automne par son combat des chefs, l’UMP avait-elle d’autre choix que de s’engouffrer dans la brèche ? Sans doute pas. À l’instar du débat sur le PACS, qui avait déjà fait passer, peu ou prou, le RPR pour ringard, sa façon d’incarner encore cette fois, sans nuance ou presque, la contestation d’une telle réforme de société lui laissera pourtant des cicatrices douloureuses. Des traces qui rejailliront au plus mauvais moment pour elle, à l’heure des premiers bilans de la réforme, dans deux ou trois ans, alors que plus personne, y compris en son sein, n’osera plus prôner sérieusement l’abolition de ce mariage du XXIe siècle qui sera passé dans les mœurs. François Hollande, qui, sauf accident, devrait entamer alors sa seconde campagne présidentielle, pourra en tirer argument. Pour l’heure, la droite a su en tout cas profiter des errements du président de la République sur la « liberté de conscience » des maires et exploiter les atermoiements du gouvernement sur la PMA (Procréation médicalement assistée) et se requinquer. Pour la gauche d’ailleurs, cette « bataille identificatrice », comme dit Claude Bartolone, aurait pu tourner au cauchemar. Mais la façon, saluée unanimement, dont le président socialiste de l’Assemblée a su mener les débats lui a évité l’ornière. Enfin, le chef de l’État aura trouvé en sa ministre de la Justice sa meilleure alliée. Christiane Taubira, prononçant sans notes son discours d’introduction dans l’Hémicycle et citant René Char, qui s’est inscrite dans la lignée des grands réformateurs de la Ve République, après Simone Veil et Robert Badinter. TILIO & PAOLO/FOTOLIA Le projet de loi prévoit principalement l’élection dans chaque canton d’un binôme homme-femme entraînant mécaniquement un redécoupage et une division presque par deux du nombre des cantons selon un principe essentiellement démographique. P > Lire l’Admiroir d’Éric Fottorino en p. 15 www.lhemicycle.com devaient remplacer les conseillers régionaux et les conseillers généraux en 2014. François Hollande avait promis de revenir sur cette disposition. Les élections des conseillers régionaux et départementaux (selon la nouvelle terminologie) sont par ailleurs repoussées à 2015, date à laquelle les conseillers départementaux seront élus en une série unique et non plus renouvelés par moitié tous les trois ans. Conséquence de cette abrogation, la redéfinition du mode d’élection des conseillers départementaux. C’est la véritable originalité du projet de loi, pour ne pas dire incongruité. Un mode de scrutin binominal majoritaire et paritaire à deux tours est proposé. Concrètement, dans chaque canton, deux sièges – et non plus un – seront toujours à pourvoir. Les partis politiques devront investir un binôme, obligatoirement composé d’un homme et d’une femme. L’électeur votera donc pour une paire de candidats, selon les mêmes règles que pour le scrutin majoritaire uninominal à deux tours. Le couple qui atteindra la majorité absolue au premier ou au second tour sera élu en bloc. Éric Maulin > Lire la suite en p. 4 Dossier Copropriétaires en résidences de tourisme : le scandale couve Et aussi JJSS, le jésuite Matteo Ricci et Madame Roland, le trio gagnant de Raffarin 2 012 cantons contre 3 971 actuellement Que restera-t-il de la proximité dès lors que les moins peuplés vont croître ? lus technique et plus ingrat que le mariage homosexuel, le projet de loi relatif à l’élection des conseillers départementaux, des conseillers municipaux et des délégués communautaires, et modifiant le calendrier électoral, arrive le 18 février en séance publique à l’Assemblée nationale, après avoir été rejeté par le Sénat, à la mijanvier. C’est un projet d’importance qui prépare le cadre électoral du futur acte III sur la décentralisation. Premier élément notable du projet, sans surprise, le vote de l’abrogation de la loi sur les conseillers territoriaux, qui ÉRIC PIERMONT/AFP STÉPHANE DE SAKUTIN/AFP Gérant-Directeur de la publication : Bruno Pelletier Depuis cinq ans, des faillites en cascade de résidences de tourisme ont asphyxié des milliers de petits épargnants copropriétaires. La possibilité d’une vaste tromperie organisée se fait jour. Députés et sénateurs en appellent au gouvernement. > Lire l’enquête de Tatiana Kalouguine en p. 6 et 7 Au sommaire • Aux Quatre Colonnes : Majorité : nouvelles turbulences à prévoir par Pascale Tournier > p. 4 • Les difficiles comptes du 9-3 par Florence Cohen > p. 5 • NUMÉRO 459 — MERCREDI 13 FÉVRIER 2013 — 2,15 ¤ Interviews Plateaux TV Reportages www.airpublic.tv LA CHAÎNE DES SYNERGIES PUBLIC-PRIVÉ H459_p06-07.qxd:L'HEMICYCLE 11/02/13 15:25 Page 6 Dossier Copropriétaires en résidences de tourisme : le scandale couve Depuis cinq ans, des faillites en cascade de résidences de tourisme ont asphyxié des milliers de petits épargnants copropriétaires. La possibilité d’une vaste tromperie organisée se fait jour. Députés et sénateurs en appellent au gouvernement. Par Tatiana Kalouguine IGNATIUS WOOSTER/FOTOLIA D epuis des mois, plusieurs centaines de particuliers ayant acheté des appartements en résidences de tourisme inondent leurs élus de lettres de protestation et de pétitions. Estimant avoir été floués par les promoteurs immobiliers et les exploitants de ces résidences, ils se sont regroupés en associations disséminées sur le territoire. Une fédération nationale de quelque 2 000 adhérents est en train de voir le jour pour demander réparation et faire connaître l’affaire auprès du public. Ces propriétaires ont souscrit un investissement dit « locatif », le type de produit « béton », présenté par de nombreux experts comme une valeur sûre. Mais qui dans bien des cas s’avère un piège redoutable. Sur le papier, le produit en question ne présente que des avantages. En achetant dans une résidence de tourisme classée ou « RC », vous bénéficiez d’une déduction de TVA (19,6 %) sur le prix d’achat, voire d’une réduction d’impôt de 25 % supplémentaire si la résidence se trouve en zone de réhabilitation rurale (loi Demessine). Ensuite, plus rien à faire. Une société d’exploitation spécialisée se charge de commercialiser l’appartement. Elle vous verse un loyer fixe garanti par un bail commercial irrévocable de neuf ans au minimum. La rentabilité offerte est alléchante : environ 4 à 5 % par an. Cerise sur le gâteau, vous êtes libre d’occuper votre logement plusieurs semaines par an pendant vos vacances. Mais le rêve tourne bien souvent au cauchemar. À la mi-octobre 2012, les propriétaires d’une résidence située à Morgat (Finistère) s’étonnent de recevoir sans explication un chèque de loyer trimestriel de… 48 euros de la société exploitante, Soderev Tour. « Pour la même période de l’année précédente, le chèque était de 1 421 euros », Un pan considérable de l’économie française Les résidences de tourisme représentent un patrimoine évalué à 33 milliards d’euros, essentiellement financé par l’épargne privée. Ce patrimoine appartient pour 85 % à des particuliers, pour 5 % à des exploitants individuels, et pour 10 % à des investisseurs institutionnels. Parmi les principaux exploitants de rési- dences de tourisme en France figurent Pierre & Vacances, Néméa, Odalys, Eurogroup, Dom’Ville Services, Goélia, Groupe Lagrange, Maeva, MGM, Park & Suite Group. Le chiffre d’affaires de ce secteur, qui emploie 28 000 personnes (dont 6 000 saisonniers), s’est élevé à 2,9 milliards d’euros en 2011. (Source SNRT) 6 se souvient un des copropriétaires. Une semaine plus tard arrive un courrier de Soderev Tour, qui annonce à tous ses propriétaires son placement sous procédure de sauvegarde en raison de graves difficultés financières. Faillites en cascade Si l’exploitant ne peut rompre le bail commercial, il peut fort bien… mettre la clé sous la porte. Dans ce cas le deal est simple : soit les propriétaires acceptent de revoir les loyers à la baisse, soit le bail est rompu. Avec dans ce cas le risque pour le propriétaire de perdre tous ses revenus et de devoir rembourser au fisc les 20 % de TVA sur le prix d’achat du bien. Sept mois avant Soderev, la société Résitel, en difficulté elle aussi, avait également demandé sa mise en procédure de sauvegarde, après six mois de loyers impayés. Se tournant vers ses propriétaires, elle réclamait alors des réductions pouvant aller jusqu’à L’HÉMICYCLE NUMÉRO 459, MERCREDI 13 FÉVRIER 2013 70 % du montant des loyers garantis et le déplafonnement des charges. 75 résidences étaient touchées, les propriétaires pris à la gorge. « Personne n’avait terminé de payer son crédit, précise Thien An Hoang, l’une d’entre eux. Certains ont encore 1 000 euros à rembourser chaque mois et un manque à gagner de 700 euros de loyer. » Ce n’est pas une première. Depuis 2007, de nombreuses sociétés d’exploitation ont ainsi été placées sous administration judiciaire, mettant généralement les propriétaires au pied du mur. Citons la déroute d’Antipodes, Oléa, Mona Lisa, Quiétudes, Transmontagne, Maisons de Biarritz, Résid’Hôtel ou encore Rhodes Tourisme au printemps dernier… la liste est longue. Surexploitation La crise du tourisme suffit-elle à expliquer ces faillites en cascade ? Certainement pas, affirme Georges Guérin, le président de la Fédéra- tion nationale des propriétaires de résidences de tourisme. Pour lui, la faute incombe partiellement aux promoteurs qui « construisent en dépit du bon sens, encouragés par des fiscalités avantageuses comme la loi Demessine ». Il s’agit pour lui « d’une crise de la gestion des résidences ». À Saint-Lary-Soulan (Hautes-Pyrénées) comme dans d’autres zones touristiques, le problème de surexploitation est manifeste, selon Thien An Hoang, qui a acheté son appartement 180 000 euros en 2007. « L’offre y a explosé ces dernières années. On a construit quatre résidences au même endroit récemment. La ville de Saint-Lary comprend aujourd’hui 50 000 lits, ce qui est totalement disproportionné. » La chose est entendue. Même Pascale Jallet, la directrice générale du Syndicat national des résidences de tourisme (qui représente les entreprises du secteur) le reconnaît : « Il y a eu une euphorie et puis la crise est arrivée, tout ça est allé H459_p06-07.qxd:L'HEMICYCLE 11/02/13 15:26 Page 7 Dossier trop loin. » Reste à savoir pourquoi la construction de résidences de tourisme se poursuit à un tel rythme. Au pire de la crise en 2009, les capacités d’hébergement en résidences de tourisme ont augmenté de 12 % puis encore de 7 % en 2010 selon l’Insee (chiffres contestés par le SNRT, qui constate un ralentissement). La France compte désormais 2 067 résidences au total pour 669 343 lits. Opération viciée La concurrence mortifère que se mènent les opérateurs ne serait toutefois qu’une partie d’un problème bien plus complexe. Lorsque l’on se penche sur les nombreux litiges depuis cinq ans, on est étonné de retrouver à chaque fois le même modus operandi, quels que soient les protagonistes en présence. Côme Idrac, avocat spécialisé dans ce type de contentieux, qui a eu à défendre près d’un millier de propriétaires piégés, le résume ainsi : « Dès le départ, le fond de l’opération est vicié. Le promoteur vend un logement à un prix supérieur au marché en échange de loyers garantis et de rendements très élevés, de l’ordre de 5 % par an. Mais il sait que c’est impossible sur le long terme, compte tenu de la concurrence. » « Il lui faut alors trouver une société de gestion pas trop regardante, qui accepte ce deal bancal », poursuit-il. Pour le convaincre, le promoteur promet à l’exploitant de lui verser pendant deux ou trois ans une subvention appelée « fonds de concours » qui lui permettra de verser le différentiel de loyers surévalués. Ce que le propriétaire ne sait pas au moment de signer c’est que la rentabilité promise n’est donc pas « garantie » sur la durée de son bail, mais uniquement sur deux ou trois ans, le temps pour l’exploitant d’épuiser ce fameux fonds de concours. Si les revenus de sa résidence ne sont pas suffisants pour générer ce niveau élevé de rentabilité, il l’apprendra à ses dépens au moment où la subvention arrivera à sa fin. « L’expression “loyer garanti” est une hypocrisie extraordinaire, il n’y a rien de garanti ! », conclut l’avocat. « Réticence dolosive » Dans un jugement de février 2011, le TGI de Périgueux a assimilé le mécanisme du fonds de concours à une tromperie, le qualifiant de « réticence dolosive ». Quiétude, le groupe concerné, exploitait alors 55 résidences. Trois mois avant son placement en redressement judiciaire, il avait racheté 16 résidences au groupe Résid’Hôtel. « Le fonds de concours est une pratique ancienne censée permettre de lancer la résidence, d’arriver à un rythme de croisière, explique Pascale Jallet. Mais elle s’est trop généralisée. On ne peut pas utiliser ce genre d’artifice sans mettre en action les mesures nécessaires pour démarrer une exploitation. » Force est de constater que les bonnes recettes perdurent. Thien An Hoang, qui a eu accès aux comptes de Résitel en tant que représentante des copropriétaires et contrôleuse judiciaire, a constaté l’existence de versements de sommes conséquentes provenant du promoteur Lagrange, qui pourraient être des fonds de concours. Pourquoi ces pratiques s’arrêteraient-elles aujourd’hui ? « Le promoteur gagne de l’argent, précise Côme Idrac. Il lui faut juste un exploitant un peu voyou qui accepte de se charger de l’exploitation, en échange du versement du fonds de concours, le temps que les lots soient tous vendus. » Le scénario est imparable, sans être illégal. Si bien rôdé que certains, comme l’UFC Que choisir, vont jusqu’à soupçonner les promoteurs de programmer à l’avance la défaillance de l’exploitant et son placement en sauvegarde. Les soupçons sont d’autant plus sérieux lorsque le promoteur et l’exploitant ne sont qu’une seule et même entité, ce qui est le cas pour Soderev Tour et Résitel, toutes deux filiales du Groupe Lagrange. Le même Groupe Lagrange, troisième opérateur du secteur des résidences en France, qui commercialise les appartements Résitel et Soderev Tour et contrôle même la société de syndic qui gère le quotidien de toutes les résidences. Tromperie manifeste Le résultat, pour Côme Idrac, c’est une tromperie manifeste des petits épargnants : « On fait rêver des gens à petit revenus qui s’endettent sur vingt ans pour un studio invendable à Gémenos, persuadés qu’ils seront remboursés par les revenus locatifs. On leur dit qu’ils investissent dans la pierre donc qu’il n’y a pas de risque, or il ne s’agit pas d’investissement dans la pierre, mais dans du commerce hôtelier, ce qui est bien plus risqué. » Pas question de parler d’escroquerie pour Pascale Jallet, tout au plus d’un « manque de professionnalisme des gestionnaires. Les pratiques malsaines ont bien existé, mais elles sont en voie d’extinction », constate-telle. Fermez le ban. Aujourd’hui « les promoteurs ne s’intéressent plus au tourisme côtier ou de montagne, ils préfèrent construire dans les centresvilles, où les capacités d’hébergement sont moins importantes et la rentabilité plus élevée », promet la représentante des grandes enseignes. Mais est-ce vraiment rassurant ? Les signaux économiques ne sont pourtant pas très enthousiasmants. Certes l’Insee a jugé l’année 2011 « excellente » pour le secteur des résidences de tourisme, tout comme le premier semestre 2012. Mais les opérateurs ne redressent pas la tête, bien au contraire. « Le rythme des faillites s’est considérablement accru depuis deux ans », observe Côme Idrac. Pire, le Groupe Pierre & Vacances, leader du secteur, qui n’est pas en sauvegarde, tenterait actuellement de renégocier les loyers à la baisse en fin de bail, dans des proportions allant de 20 % à 65 %, en menaçant les propriétaires de se retirer. « Tous les investissements ne tournent pas à la catastrophe, mais voir Lagrange et Pierre & Vacances en difficulté, c’est un mauvais signe », souligne l’avocat. Claude Guibal, député-maire de Menton et signataire d’une proposition de loi sur la protection des propriétaires en résidences partagées, est lui aussi inquiet. « J’ai été alerté par des gens de la classe moyenne qui ont acheté en multipropriété au centre-ville de Menton pour préparer leur retraite et qui ont tout perdu par la faute de groupes qui n’honorent plus leurs baux et le paiement des loyers. » Comme une dizaine de députés, il demande au gouvernement de « prendre des mesures » pour assurer la protection des propriétaires et « lutter contre ces dérives qui mettent en péril de modestes investisseurs ». Car, selon lui, de nombreuses résidences en situation précaire, pas toutes en zone touristique, menaceraient de mettre la clé sous la porte. La balle est maintenant dans le camp des politiques. « Le ministre de l’Économie et des Finances a accepté de faire recevoir par son cabinet une délégation de copropriétaires » Questions à industriel du tourisme. À ce titre, j’ai récemment été mis en relation avec une association de copropriétaires d’une résidence de tourisme sur les difficultés qu’ils rencontrent face au promoteur et gestionnaire de leur résidence. Loin d’être un cas isolé, ils sont représentatifs d’un grand nombre de propriétaires vivant la même situation. J’ai donc décidé de me saisir de ce dossier au niveau parlementaire. DR Plusieurs députés ont eux aussi envoyé une question écrite au gouvernement. Y aurait-il une prise de conscience des élus face à ce problème devenu national ? LUC CARVOUNAS SÉNATEUR PS DU VAL-DE-MARNE Pourquoi cette question écrite au ministère des Finances ? Je m’intéresse de près aux problématiques liées au développement Prise de conscience je ne sais pas, mais plus largement, c’est tout à fait symptomatique de la manière dont est traité le dossier de la politique industrielle du tourisme dans notre pays. Peu de parlementaires s’y intéressent vraiment alors que pourtant l’industrie du tourisme, en France, représente 7 % de notre PIB, deux millions d’emplois directs et indi- rects… Pour illustrer ce propos, c’est une industrie plus importante que l’agroalimentaire ou l’automobile. Alors, s’il doit y avoir une prise de conscience, c’est sur l’ensemble des problématiques liées au développement touristique, car il est temps d’offrir une vision globale et une vraie stratégie publique à cette filière. J’aurai d’ailleurs l’occasion d’y revenir prochainement avec la publication d’un rapport parlementaire à l’été. d’autre part, évaluer la pertinence des dispositifs de défiscalisation rattachés à l’immobilier, dès lors qu’il existe un déséquilibre manifeste entre l’esprit recherché par la mesure et sa traduction dans les faits. Les dispositifs liés à la loi Demessine en font partie. Qu’attendez-vous concrètement du gouvernement ? Il est important de comprendre que certains de ces grands groupes fabriquent des montages très complexes pour s’exonérer de certaines responsabilités qui leur incombent. C’est pourquoi nous devons sans plus attendre revoir ces dispositifs fiscaux qui permettent à des entrepreneurs de s’enrichir sur le dos des consommateurs. J’ai toute confiance dans le gouvernement pour prendre à bras-le-corps cette question. Pour le reste, il y a de nombreuses pro- J’ai demandé au ministre de l’Économie et des Finances de bien vouloir faire recevoir par son cabinet une délégation de copropriétaires ce à quoi il a répondu positivement. Je crois que sur cette question concrète nous avons deux objectifs à poursuivre. D’une part, renforcer la protection juridique des consommateurs dans leurs relations contractuelles avec les promoteurs-gestionnaires, et Comment expliquer que les promoteurs, maisons-mères d’exploitants malhonnêtes, puissent continuer à construire et commercialiser des résidences après avoir floué des milliers de copropriétaires ? NUMÉRO 459, MERCREDI 13 FÉVRIER 2013 L’HÉMICYCLE 7 cédures judiciaires en cours à ce sujet, mais il ne m’appartient pas de les commenter ici. Comment se fait-il que des élus acceptent que se poursuive la construction de résidences de tourisme dans certaines zones touristiques manifestement surexploitées comme les Alpes ou les Pyrénées ? Toute la difficulté consiste à savoir concilier les exigences. Elles peuvent être économiques, en termes de croissance et d’emploi, ou environnementales, en ce qui concerne la protection des sites, ou encore relatives à l’aménagement du territoire. Mais à titre personnel, je conseillerais à mes collègues de réfléchir à deux fois avant d’accorder de tels permis de construire, et d’être très à l’écoute des propriétaires qui, bien souvent, sont issus des classes moyennes et qui investissent ici les économies de toute une vie. Propos recueillis par T.K.