bruit élevage oies
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bruit élevage oies
ETUDE EN STATION EXPERIMENTALE DU BRUIT CAUSE PAR L’ELEVAGE DES OIES Contexte et objectifs L’oie, contrairement aux canards mâles, est un animal qui fait du bruit. Ses cacardements peuvent être source de nuisances sonores et sont de plus en plus souvent à l’origine de conflits de voisinage. Des réglementations, relatives à l’implantation des bâtiments d’élevage, imposent des distances entre les habitations tierces, les bâtiments et les parcours (bâtiments : 50 m pour les installations soumises au règlement sanitaire départemental, 100 m pour les installations classées ; parcours : 20 m). Cependant, ces distances ne permettent pas toujours d’éviter les problèmes de bruits liés aux animaux. Pour pouvoir anticiper ces problèmes éventuels, il est important de connaître les niveaux sonores provoqués par un tel élevage afin de pouvoir apporter des préconisations pour l’implantation des futurs bâtiments ou de trouver des solutions palliatives sur les élevages existants. Le but de cette étude est d’obtenir des données sur le bruit des troupeaux d’oies en fonction de leur âge. Dans une étude précédente, nous avions réalisé des mesures qui avaient été effectuées en 2 ou 3 emplacements différents par rapport à un bâtiment d’élevage : - Point 1 : En proximité de propriété tierce à 50 mètres du pignon du bâtiment d'élevage - Point 2 : à 25 mètres, en face du pignon du bâtiment - Point 3 : En bordure du parcours extérieur sur lequel les oies ont eu accès à compter de l'âge de 8 semaines, à environ 10 mètres du second pignon du bâtiment. Evolution du niveau sonore atteint ou dépassé pendant 90% du temps en fonction de l'âge des animaux et du lieu de mesure (valeur L90 exprimée en dB). décibels (dB) 50 47 44 41 38 point 1 (tiers) 35 point 2 (bâtiment) 32 point 3 (parcours) 29 26 23 20 0 2 4 6 8 Age (semaines) 10 12 14 Jusqu'à l'âge de 6 semaines, les valeurs L90 enregistrées à proximité du bâtiment sont inférieures ou égales aux valeurs observées au niveau du point de mesure n°1 (entre 32 et 36 dB selon la date). Le niveau sonore de base est donc légèrement plus important à proximité de la maison d'habitation du tiers (point n°1) qu'au niveau du bâtiment d'élevag e, les oies au cours de cette période n'émettant que de faibles piaillements. ème Lors de la 9 semaine d'élevage, la valeur L90 relevée au niveau du point n°1 est équivalente à c elle relevée au cours de la précédente mesure. Le troupeau d'oies ne semble donc pas créer de bruit supplémentaire à cette distance. La mesure au point n°2 est supérieure de 3 dB à celle observée au niveau du point n°1 (36 dB contre 33 dB). Le niveau sonore de base est donc plus important à proximité du bâtiment. Cependant, lors de cette mesure, un autre troupeau d'oies, bien qu'âgées seulement de 4 semaines, avait accès à un parcours à proximité de ces 2 points de mesures. Au moment des enregistrements, les oisons de ce deuxième troupeau se trouvaient à proximité du point de mesure n°2. Il n'est donc pas possible de faire la part exacte de ce qui relève de l'augmentation du niveau sonore de base lié au vieillissement du troupeau suivi et de ce qui relève de la proximité du ème ème 2 troupeau. Le 3 point de mesure développé à ce moment là, à proximité de la zone de parcours où avait accès le troupeau initialement suivi, montre une valeur L90 de 41 dB. Comparée à la valeur enregistrée à 4 semaines au niveau du point n°2 (li eu différent mais à même distance du pignon du bâtiment) avant la sortie des animaux sur le parcours, cela représente une augmentation de 9 dB. A 10 semaines, les valeurs L90 mesurées au niveau des points 2 et 3 sont inférieures de 6 à 7 dB à celles observées la semaine précédente. Cette forte diminution du niveau sonore de base est liée à la température caniculaire de ce jour là, les bruits extérieurs (insectes, oiseaux, vent…) étant très limités. ème ème Au cours des 12 et 13 semaines, les valeurs L90 ont retrouvé un niveau plus élevé mais ne mettent pas de différence en évidence entre ces deux âges. Globalement, les valeurs relevées au niveau du point n°2 avoisinent 40 dB lors de ces ème enregistrements. Ces mesures sont réalisées en présence des oies du 2 troupeau âgées de 7 et 9 ème semaines. Comparées à la valeur observée à 6 semaines (absence du 2 troupeau), le niveau sonore de base s'est accru d'environ 8 dB sous l'effet de la saison et des animaux du deuxième troupeau. Au niveau du point 3, sur le troupeau initialement suivi, lors de ces deux dernières mesures, les valeurs sont inférieures à celles observées à 9 semaines. Cette diminution résulte d'une distance plus importante entre les animaux et le sonomètre au moment des mesures du fait de la surface du parcours (environ 0,6 ha). Ainsi, dans ces conditions hypothétiques, en triplant la distance entre le bâtiment et le point de mesure, soit entre 30 et 60 mètres dans notre cas, à 9 semaines le niveau sonore de base perçu serait équivalent à celui observé à l'âge de 4 ou 6 semaines. Cependant, cet éloignement ne permettra certainement pas de s'affranchir complètement des pics sonores pouvant être induits par des manipulations ponctuelles sur les animaux (phénomène non contrôlé dans cette étude). La poursuite de cette étude dans des conditions plus maîtrisées devrait permettre d'affiner ces données. Compte tenu des aléas liés à des mesures sur le terrain où beaucoup de paramètres sont difficilement contrôlables, et du fait des variations acoustiques saisonnières, il est difficile de tirer des conclusions nettes de cette étude. Il était donc nécessaire de recommencer des mesures en tenant compte des éléments suivants : - Fixer une distance de mesure de 10 mètres et 20 mètres, correspondant à la réglementation. - Conserver le troupeau enfermé dans un parcours réduit à cette distance du sonomètre produisant ainsi un bruit extérieur « maximal ». - Etablir une cinétique du bruit des oies suivant leur âge. - Mesures effectuées après l’âge de 6 semaines puisque avant, il n’y a aucune augmentation du bruit lié à la présence des oies Etapes et calendrier L’étude s’est déroulée au cours de l’année 2006 (cf. planning des mesures) Méthode de travail Mesures sonores expérimentales Contrairement aux mesures de terrain, faites suite à des plaintes, dans ce cas de figure il n’y a pas de normes réglementaires définies, puisqu’il s’agit seulement de récupérer des données expérimentales à des fins d’études et de caractérisation du bruit dans une situation particulière. Les données enregistrées servent essentiellement à définir une émission sonore en question afin de mieux appréhender les phénomènes en jeu, et de pouvoir éventuellement trouver par exemple, des solutions d’atténuation du bruit. Mesures expérimentales par des méthodes normalisées en laboratoire Ce type de mesure répond aux normes d’essais acoustiques des ventilateurs à l’échelon national. Ainsi en France la norme généralement utilisée est la norme NF S31-021, qui permet de déterminer la puissance acoustique d’un ventilateur. D’autres pays tel que la Grande Bretagne, l’Allemagne et les Etats-Unis d’Amérique ont également leurs propres méthodes de mesures normalisées, mais ces méthodes ne fournissent pas forcément des résultats identiques. Depuis 1992 un groupe de travail du comité ISO/TC 117 (en charge des ventilateurs) a établi la norme ISO 13347. Cette norme propose différentes méthodes de mesures de la puissance acoustique par bandes de 1/3 d’octaves (ou éventuellement en octaves) d’un ventilateur. La norme ISO 13347 décrit quatre méthodes de mesures : – salle réverbérante ; – surface enveloppante ; – intensité acoustique ; – plénum mylar. Le matériel de mesure du bruit. Les évaluations du bruit sont réalisées à l’aide d’un sonomètre de précision. C’est un dispositif muni d’un microphone qui va pouvoir transformer des ondes sonores en un signal électrique. Un microphone est un transducteur d'énergie, qui transforme de l'énergie acoustique en énergie électrique. Le schéma général d’un tel appareillage peut être simplifié par le synoptique suivant : Schéma synoptique d’un sonomètre. Source : Techniques de l’ingénieur (C Azais). Un microphone est relié à un amplificateur qui va augmenter sa tension électrique. Les circuits de pondération insèrent dans le sonomètre des fonctions non linéaires destinées à simuler la réponse de l’oreille en fonction de la fréquence. Pour étendre la simulation à plusieurs sous domaines de la zone d’audition, l’appareil est muni de trois types de pondérations (A, B et C). Nous utiliserons ici la pondération de type A. Le calculateur détermine la valeur efficace en sortie de pondération afin que celle-ci puisse être transformée en niveau sonore après transformation logarithmique. L’appareil utilisé est un sonomètre intégrateur à mémoire répondant à la norme NF EN60-804 qui enregistre les données collectées, afin de pouvoir les exploiter avec un logiciel. Rappels : D'un point de vue physique, le doublement de la distance par rapport à la source sonore, lorsque aucune paroi ou surface de réflexion n'est présente, provoque une décroissance acoustique de 6 dB. Contexte et protocole pour l’essai L’étude va être menée sur un troupeau d’oie (1 200 oies) de la station expérimentale de La Ferme de l’Oie (La Tour de Glane 24420 Coulaures). Les mesures acoustiques expérimentales vont être effectuées à deux endroits différents et identiques au cours de l’évolution de l’âge des oies, de manière à avoir des données exploitables par rapport à un référentiel. L’essai va se faire sur des oies âgées de sept semaines. En effet, en deçà de l’âge de 6 à 7 semaines les oies ne cacardent pratiquement pas et sont de nature plutôt silencieuse à ce stade de leur vie. Les mesures s’étaleront jusqu’à l’âge adulte qui se situe à 13 semaines. Afin de réaliser cet essai dans les conditions requises, on va s’attacher à déterminer un protocole de mesure qui puisse être appliqué à l’identique à chaque séance de mesure de bruit. Les mesures vont être réalisées de la manière suivante : - Le lieu : l’essai se fera sur le parcours caillouteux jouxtant le bâtiment d’élevage (cf. photo ci-après). - Les points de mesure : on va choisir deux points situés à 10 et 20 mètres du parcours. Le point situé à 10 mètres va permettre de pouvoir quantifier le potentiel d’émission sonore des oies parquées sur une faible surface. Le point situé à 20 mètres correspond à la distance que préconise le règlement départemental pour les parcours des installations classées (ICPE). La mesure à cette distance pourra nous indiquer où l’on se situe par rapport à la réglementation, dans des conditions de nuisances maximales (animaux parqués et remués). - Le planning des mesures : il va tenir compte de l’âge des oies et plus précisément entre le moment où elles commencent à produire du bruit (7 à 8 semaines) et jusqu’à l’âge adulte (13 semaines), âge pour lequel le maximum de l’émission sonore doit être atteint. Dates Age des oies (en semaines) 22/09/06 29/09/06 06/10/06 13/10/06 20/10/06 27/10/06 8 9 10 11 12 13 - Les heures de mesure : les mesures seront réalisées toujours à la même heure pour chaque série d’évaluation. L’heure de mesure débutera à 11 heures pour chaque séance. - La durée des mesures : la séance des mesures s’étalera sur une heure. 25 minutes pour chacun des deux points (10 et 20 mètres de la clôture du parcours), avec une mesure avant l’arrivée des oies sur le parcours d’une durée de 10 minutes, pour mesurer le bruit environnant naturel. Schéma du lieu de l’expérimentation N O E S Parcours herbeux Parcours caillouteux Bâtiment d’élevage Les deux points de mesures • point de mesure 1 (10 m) • point de mesure 2 (20 m) Mesure réalisées au sonomètre : sonomètre à 10 mètres Bâtiment repro Résultats obtenus Evolution de l’émission sonore d’un lot de 1 200 oies en fonction de leur âge Niveau sonore (dB A) 70 70 dB = circulation urbaine 65 db = conversation normale 60 50 Age adulte 40 30 20 Résiduel Niveau sonore à 10m 10 Niveau sonore à 20m Norme 2007 = 20 m 0 8 9 10 11 Age (semaines) 12 13 Valeurs des intensités sonores mesurées en fonction de l’âge des oies et de la distance Dates de mesure Age (semaines) Résiduel Niveau sonore à 10m (en dB (A)) Niveau sonore à 20m (en dB (A)) 22.09.2006 8 33,7 29.09.2006 9 35,5 06.10.2006 10 35,7 13.10.2006 11 36,4 20.10.2006 12 32,2 27.10.2006 13 32,7 55,2 57,6 60,4 61,8 64,6 63 48,4 50,2 55 55,3 59,8 56,3 • L’observation du graphique montre explicitement l’évolution de l’intensité sonore émise par les oies entre l’âge de 8 semaines et 13 semaines. Entre 8 semaines et 12 semaines on constate une évolution de la production sonore croissante. Au-delà de 12 semaines on peut remarquer que l’intensité sonore n’évolue plus en termes de puissance. En effet cet arrêt de l’évolution de l’intensité sonore coïncide avec l’arrivée à l’âge adulte des oies. • A 10 mètres, l’intensité sonore maximale émise par le troupeau est de l’ordre de 63 à 64 dB (A). Cette intensité est voisine de ce que peut émettre une conversation normale entre deux personnes, à savoir une intensité de 65 dB (A). A 20 mètres, l’intensité sonore maximale émise par le troupeau est de l’ordre de 59,8 (A) à 56,3 dB (A). Cette intensité correspondant au bruit que produit une machine à laver le linge pendant la période de lavage (rinçage = 76 dB (A) (mesures selon la norme EN 60456:1999 sur la base du cycle normalisé «coton 60°C » retenu par la directive 95/ 12/CE). Concernant l’incidence de la distance sur l’atténuation de l’intensité sonore, on observe globalement une diminution de l’ordre de 6 dB (A) lorsque l’on double la distance entre l’émetteur et le récepteur. Cette observation suit la relation qui montre que la pression sonore chute de 6 dB chaque fois que l’on double la distance entre l’émetteur et le récepteur (A Bally 2001). Du point de vue de la réglementation cet essai va pouvoir mettre en évidence la distance à laquelle un élevage d’oie doit se situer par rapport à un tiers afin de ne générer aucun bruit susceptible d’être hors réglementation. Evaluation de l’émergence du bruit particulier (bruit émis par les oies). Les valeurs d’émission sonore retenues sont celles émises par les oies à 13 semaines, c'est-à-dire à leur potentiel maximum de production sonore. La distance retenue est celle correspondante à la réglementation c'est-à-dire 20 mètres. Emergence du bruit particulier Lieu Source Niveau du bruit particulier Niveau du bruit résiduel Intervalle de référence Emergence critique e0 Durée cumulée d’apparition Terme correctif CE Emergence Emergence limite e = e0 + CE 20 m de l’aire caillouteuse cacardement des oies 56,3 37,2 Diurne 5 dB (A) 4h<T≤8h +1 dB (A) 19,1 dB (A) 6 dB (A) Conclusions Le calcul montre qu’un troupeau d’oies parqué sur une surface restreinte à 20 m d’un tiers présente potentiellement un risque de gène lié au bruit. Cependant dans la réalité, les oies ne sont en aucun cas parquées dans ces conditions lorsqu’elles sont à l’extérieur. En effet elles occupent l’espace que peut leur offrir un parcours. A titre d’exemple, l’oie Sud-Ouest Périgord bénéficie de 10 m² / oie. On peut rappeler que dans de précédents tests (p. 27) on avait un niveau de 40 dB à 25 mètres, soit 10 à 15 dB de moins que dans cet essai car les oies n’étaient pas parquées en permanence. L’application de la réglementation et des contrôles doit tenir compte de ce paramètre. Ces résultats montrent que dans une situation de nuisance maximale (proximité, manipulations, troupeau présent en permanence à cette distance), il faudrait, pour être en phase avec la réglementation, que le troupeau incriminé soit au moins à 80 mètres d’un tiers pour espérer constater une émergence sonore de 7 dB (A).