camoufler le visible, exhiber l`invisible
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camoufler le visible, exhiber l`invisible
LISaV - Laboratorio Internazionale di Semiotica a Venezia DADI - Dipartimento delle Arti e del Disegno Industriale Colloque international dans le cadre du projet ANR-IDiViS (Images et dispositifs de visualisation scientifique) CAMOUFLER LE VISIBLE, EXHIBER L'INVISIBLE Résumés Catherine Allamel Raffin (IRIST, Université de Strasbourg 1) Camouflage et hiérarchisation des données : quelques exemples pris dans les nanosciences, en astrophysique et en pharmacologie Ma communication portera sur les traitements des images dans les sciences de la nature. A partir d’enquêtes ethnographiques menées dans des laboratoires de nanosciences, d’astrophysique et de pharmacologie, je présenterai différents traitements des images réalisées en vue d’atteindre des finalités déterminées : filtrer des images sources qui comportent trop de « bruit », soustraire des informations qui ne sont pas jugées pertinentes, mettre en évidence des informations jugées importantes ou les extraire, etc. En d’autres termes, ces pratiques ont pour fonction de « camoufler » un « visible » jugé non pertinent et conséquemment d’exhiber un « invisible » qui constitue la cible de l’investigation des scientifiques. Ces traitements des images ont à la fois pour condition de réalisation et pour finalité un travail d’interprétation, conçu comme la fixation progressive d’un sens univoque, plausible pour l’ensemble de la communauté des chercheurs. Ce faisant, les chercheurs sont parfaitement conscients des risques inhérents à ces activités de manipulation des données sources. C’est pourquoi ils élaborent des stratégies expérimentales sophistiquées destinées à réduire ces risques, sans jamais parvenir à une certitude absolue sur ce point. Hamid Belghazi Anne Beyaert-Geslin de l’universit é de Limoges (Université de Limoges) Les modèles mathématiques, camouflage et exhibition de la réalité. Les mathématiques constituent un outil formidable, performant et indispensable aux progrès scientifiques et technologiques. Cet outil permet de quantifier et modéliser les différents phénomènes et problèmes rencontrés dans la vie réelle, et ce dans le but de mieux les étudier et les maitriser. En effet la modélisation permet à la fois de camoufler un phénomène ou une réalité physique sous forme d’équations abstraites et le traitement des équations des modèles obtenus « leurs résolutions » permet d’exhiber les phénomènes modélisés sur des supports graphiques, mono ou multidimensionnelles. Certaines formules mathématiques représentées graphiquement permettent de dégager la dimension artistique, voire même de créer des œuvres d’arts. Anne Beyart Geslin (CeReS, Université de Limoges) Le dessin dans la conservation-restauration des œuvres d’art : Un jeu de cache-cache Parmi les différentes images scientifiques, le dessin est toujours considéré comme plus efficace que la photographie. Ce constat pourrait laisser dans l’ombre une refonte stratégique de la textualité qui, inscrivant le dessin dans les différentes séquences du parcours narratif, lui assigne certaines fonctions argumentatives associées à des régimes de croyance particuliers. On s’efforcera de préciser les fonctions du dessin dans l’argumentation scientifique en suivant un document de conservation-restauration d’une œuvre d’art. On montrera que l’efficacité suppose non seulement un tri des informations nécessaires et contingentes, donc utiles et inutiles, mais surtout une alternative stratégique par laquelle l’exhibition des données pertinentes suppose la dissimulation de données parasites. Marco De Baptistis (LISaV, Istituto Superiore di Studi Umanistici e Università di Siena) Da Prison Break a Windowlicker: steganografia e camouflage della tecnica Le tecniche antiche della steganografia suscitano oggi un rinnovato interesse. Lo studio dell arte di mimetizzazione steganografica coinvolge evidentemente chi si occupa di informatica e di sicurezza dei dati, ma esercita il suo fascino anche sugli artisti, sui musicisti e su chi costruisce narrazioni letterarie cinematografiche e televisive. Nel mio intervento mostrer due interessanti casi appartenenti al mondo dell entertainment. Essi ci permetteranno di riflettere in termini semiotici sul camouflage delle immagini e su come si possa mettere in scena diversi regimi di visibilit e di occultamento. Il primo caso che prender in esame l uso che viene fatto della steganografia nel serial televisivo americano Prison Break. Nella fiction un detenuto nasconde nei suoi tatuaggi abilmente camuffate delle piante e delle planimetrie, oltre a delle immagini che contengono delle vere e proprie istruzioni per compiere l evasione dal carcere in cui rinchiuso. Il secondo caso quello di un artista di musica elettronica di nome Richards D. James, pi conosciuto con il moniker di Aphex Twin. Egli ha nascosto delle immagini all interno di una sua composizione musicale. Tali immagini sono visibili solo attraverso determinati programmi e operazioni che permettono una trasduzione di alcune propriet dello spettro sonoro in termini visivi. A differenza del discorso scientifico che si serve delle immagini tecniche come prove ed alleati nella costruzione di un sapere condiviso, il camouflage steganografico nell ambito della tecnica e dell uso delle tecnologie pu costruire anche delle strategie e delle tattiche di resistenza al controllo sociale? Francis Edeline (Groupe Mu, Université de Liège) L’énoncé dénoncé Un débat sur le camouflage aboutit nécessairement à mettre en question la validité des données sensorielles en tant que fournisseuses d’informations sur le monde naturel. Le camouflage étant un cas particulier d’ambiguïté, il conviendra d’examiner d’abord ce qu’on peut tirer des grandes théories de l’ambiguïté : William EMPSON, ELKINS, KRIS, et surtout Dario GAMBONI et ses « images potentielles ». La démarche du camoufleur est inverse de celle du chercheur : avant de le camoufler il doit avoir identifié son objet, c.à.d. avoir déjoué les pièges de ses sensations. Mieux il aura repéré les traits saillants d’un objet, mieux il saura les détruire ou les oblitérer. Comment empêcher l’émergence d’une figure sur un fond ? Toute perception étant contrastuelle, il s’agira pour le camoufleur de bloquer la perception en supprimant les contrastes. On fera l’inventaire des moyens disponibles pour y parvenir (isoluminance, fractalisation, éblouissement…). On s’interrogera également sur les raisons et les conséquences de l’universelle utilisation du végétal comme matériau de camouflage. Le cas particulier de l’image scientifique sera examiné à la lumière des techniques de linéarisation, de leurs immenses possibilités mais aussi des illusions qu’elles peuvent entraîner. Quelques œuvres significatives de Ian Hamilton FINLAY et de Timm ULRICHS, deux grands artistes contemporains, étayeront le propos. Sebastian M. Giorgi (Université de Limoges) L’image : camouflage de la doxa dans la science L’intention de cet article est de faire une lecture en clé sémiotique de l’épistémologie d’un discours scientifique qui ne fait que reproduire le sens commun. Le réalisme, empirisme, matérialisme, positivisme, phénoménalisme, objectivisme et néo-positivisme sont des doctrines qui partagent un même système de croyances. L’image est un des leurs dispositif rhétoriques privilégies pour camoufler et imposer une vision du monde. Sophie Houdart (Université Paris X, Nanterre) Fragmentation, particularization, pixellization: Ways of invisibilities in Japanese architecture Fragmentation, particularisation, pixellisation: Des maniérés d'être invisible dans l'architecture japonaise « I want to erase architecture » is the architectural formula commonly used by the Japanese architect Kuma Kengo to tell his intentions. Wanting to erase architecture, yet constructing buildings. How does Kuma Kengo solve this apparent paradox? After having been involved in post-modern architecture for a while, Kuma has developed a rhetoric that goes from dissolution, fragmentation to particularization (inherited from Deleuze) and more recently, pixellization. These constitute the semantic framework through which the architect pretends to give birth to “phenomena†rather than concrete building, to transient visions rather than objects. Combining the use of “soft†materials (wood, for instance) and a way to organize them (into fragmented pieces, louvers, canopies…), Kuma and his team are continuously setting experimentaal platforms to make the building disappear or invisible. Rather than a mere philosophical question, the problem to which architects are confronted day after day is truly a technical one: it is to find ways for stones not to behave as they should, or for concrete to make as if it could act differently. Having followed people at work in the architectural studio, my aim, in this communication, is to describe part of these techniques of architectural camouflage. Jean Marie Klinkenberg (Groupe Mu, Université de Liège) L'image scientifique : rendre visible a tout prix Le mode d'énonciation du discours scientifique particulier qu'est l'image est la concentration du maximum de données sur le canal visuel : non seulement le traitement des appareillage de transduction permet d'explorer les zones de radiation extérieures à la plage qui va de 390 à 820 nanomètres, et sont donc invisibles par l'œil humain, mais il vise aussi à transformer en données visuelles et donc à spatialiser, les données non-spatiales (températures, pressions). L'image scientifique se donne donc pour objectif systématique de "rendre visible l'invisible." La communication abordera quelques unes des questions posées par ce tropisme du discours scientifique pour le canal visuel : pourquoi la préférence donnée à ce canal au détriment des autres sensorialités ? quel impact a ce type de transformation systématiquement orienté ? que nous dit-il du discours scientifique ? Amirouche Moktefi (IRIST, Strasbourg – LHSP Archives Poincaré, Nancy) Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas dans un diagramme logique L’idée de visualiser des raisonnements logiques avec des diagrammes est ancienne et bien connue. Le principe est simple : représenter les classes par des cercles (ou autres figures closes) puis représenter la relation logique entre classes par une relation géométrique d’inclusion et d’exclusion entre ces cercles. Par exemple, pour représenter la proposition « Tous les morts sont des braves gens », il suffit de dessiner un cercle représentant l’ensemble des morts et de le placer à l’intérieur d’un cercle plus grand représentant les braves gens. De la même manière, on représente la proposition « Quelques silences sont d’or » en dessinant deux cercles qui s’entrecroisent, l’un représentant l’ensemble des silences et l’autre l’ensemble des choses qui sont d’or. L’intersection des deux cercles indique que les deux ensembles ont de éléments en commun. Ce système diagrammatique permet aux logiciens de représenter les différentes propositions et d’effectuer des transformations sur les diagrammes pour tester la validité d’un argument logique, un syllogisme par exemple. Dans notre présentation, nous allons montrer que ce système de représentation, bien qu’il offre une aide visuelle indéniable, est cependant approximatif. En effet, s’il met en avant une relation particulière entre les cercles (et donc entre les classes) perceptible d’un simple coup d’oeil, un regard plus soigné montre qu’il représente en réalité plusieurs autres relations secondaires qui ne sont pas nécessairement affirmées par la proposition que l’on souhaite représenter. En grossissant le trait, le diagramme « caricature » une relation donnée au dépend des autres. En réalité, il faut généralement plus d’un diagramme pour représenter une relation donnée, et tout diagramme représente plusieurs relations possibles à la fois. Nous verrons comment en tentant d’y remédier pour obtenir des diagrammes plus « rigoureux », le logicien perd la simplicité et l’aide visuelle qu’offraient ces diagrammes, et que toute l’histoire des diagrammes logiques est celle d’une recherche d’équilibre entre rigueur logique et puissance visuelle. Stephanie Requier (Université de Liège) Des invisibilités de l'objet architectural au visible de ses représentations La présente communication étudie comment les représentations architecturales actualisent parallèlement les deux objets de ce colloque, à savoir l'expression de l'invisible et l'occultation du visible. En effet, d'une part les plans (au sens strict - c'est à dire un coupe horizontale) dévoilent des processus totalement cachés à la perception - comme la composition d'un mur ou encore des éléments qui se situent "au-dessus" de la coupe tels les linteaux ou le haut d'un escalier mais apparaissent néanmoins. De l'autre, certains exemples de coupes plus précises pratiquent l'ellipse spatiale, occultant des parties du projet dont la représentation antérieure (dans d'autres coupes ou plans) rend inutile une re-présentation. Nous distinguerons dans ces manifestations le discours technique du discours de vulgarisation et étudierons la fréquence des deux mécanismes qui font l'objet de ce colloque afin de déterminer si des affinités existent entre ces procédés et l'un ou l'autre type de discours distingué.