JOURNAL de THÉOLOGIE

Transcription

JOURNAL de THÉOLOGIE
JOURNAL de THÉOLOGIE
EN CONTEXTE AFRICAIN
2014
Vol. - 001
Études Théologiques a
L’Istha
Paix, Réconciliation et Unité
dans le Contexte Angolais
Perspective de L’éducation
Théologique dans le
Contexte de la Sierra Leone
Perspective Théologique de
L’Afrique
La Théologie en Contexte Africain
Nous vous invitons à découvrir une nouvelle expérience ! – La lecture d’un Journal en ligne écrit
par des théologiens africains.
Si nous avons appris quelque chose depuis les dernières décennies, c’est que les vérités éternelles
de Dieu doivent s’enraciner et être pertinentes partout où elles sont apprises et vécues. C’est ce
qu’on appelle le « contexte » pour le ministère.
Le Christianisme est en croissance et maturation en Afrique. L’Église Méthodiste Unie possède
16 écoles de théologie et des établissements d’enseignement supérieur pour les pasteurs sur le
continent d’Afrique en vue d’aider les chrétiens, grandissant dans leur foi, à discerner ces vérités
éternelles d’une perspective africaine. De quelle façon la foi affecte-t-elle leur vie quotidienne ?
Que signifie l’histoire de « nourrir les cinq mille » parmi la pauvreté ? Que dit le « Prince de la
Paix » aux nations africaines ?
L’Association Africaine des Institutions Théologiques de l’Église Méthodiste Unie est née en
2011. Lorsque les doyens et les professeurs se sont réunis, ils ont pu partager leurs succès et
leurs défis. Ils ont également pu parler sur le plan théologique de leur vocation et de leurs
objectifs pour former des dirigeants spirituels pour l’avenir de l’église. Dans le but d’élargir le
champ de cette conversation, ils ont créé ce Journal de Théologie en Contexte Africain, pour que
ces conversations puissent avoir lieu partout dans le monde.
L’histoire de la Pentecôte du Saint-Esprit connu dans de différentes langues, c’est également la
situation en Afrique. Les institutions théologiques en Afrique utilisent trois langues principales,
notamment le français, l’anglais et le portugais. En fait, c’est en plus des langues locales et leurs
divers dialectes, tels que le Swahili et le Shona. Même si nous ne pouvons pas publier ce Journal
dans toutes les langues, nous vous l’offrons dans les trois langues officielles.
Nous vous invitons à lire et à partager ces premiers articles – et ne manquez pas de suivre
l’évolution des prochains à venir. Si vous désirez converser avec l’AAITEMU, nous vous prions
de contacter directement le Président du Comité de Rédaction, Dr Sidney Cooper du Sierra
Leone, par voie électronique à l’adresse suivante: [email protected].
Rév. Dr Rena M. Yocom
Secrétaire générale adjointe
Formation du Corps pastoral et Éducation théologique
Conseil général de l’Enseignement supérieur et du Ministère
de l’Église Méthodiste Unie
Contribution by Prof. Rev. Nathanael Ohouo
ÉTUDES THÉOLOGIQUES A L’ISTHA
(Institut Supérieur de Théologie d’ABADJIN-DOUME en Côte d’Ivoire)
CONTEXTE ET JUSTIFICATION
L’Université Méthodiste Unie – Côte d’Ivoire (UMECI), à travers l’ISTHA, en tant que lieu de
Formation Permanente des Ouvriers de l’Eglise Méthodiste-UnieCôted’Ivoire, doit chercher à
organiser un symposium (conférence, séminaire) en collaboration avec les divers acteurs
impliqués dans la vie de l’Eglise MéthodisteUnie-Côted’Ivoire.
Pourquoi cette conférence ?
Cette Institution de formation est souvent interpellée sur la question suivante :
Existe-t-il un accord parfait entre la formation telle qu’elle est dispensée en son sein et
les problèmes auxquels les églises Méthodistes Unies sont confrontées et surtout les
réponses qu’elles doivent apporter aux problèmes brulants de l’heure qui hantent tous les
esprits des ivoiriens ?
Ladite session doit être impérativement organisée pour servir d’appui à cette problématique
parce que la nécessité qui s’impose aujourd’hui à l’ISTHA est d’œuvrer pour réconcilier
formation théologique et engagement social des Eglises.
Oui ! Toutes les composantes de l’Eglise Méthodiste-Unie sont appelées à y apporter leurs
contributions parce que :
Les Institutions de formation théologique et pastorale s’éloignent de plus en plus des réalités
de la société. La raison se trouve dans le fait que les Pasteurs et Théologiens se
comportent trop souvent comme des « élites » au-dessus de la « masse populaire ».
Les Institutions de formation théologique et pastorale calquent malheureusement trop
souvent leur enseignement sur celui des Institutions occidentales submergées
généralement par les grandes théories qui n’ont souvent pas un ancrage spécifique dans le
vécu quotidien des populations.
La multiplication des centres de formation dans les diverses régions de l’Afrique demande
une politique globale de leur rentabilisation, de leur complémentarité et de leur lien.
Les Eglises aujourd’hui ressemblent plus à des centres d’endoctrinement et de
conditionnement ; elles ressemblent à des lieux de recherches de nouveaux membres qu’à
des cadres et lieux où l’on apporte ou tente d’apporter des solutions appropriées et
durables aux enjeux sociaux de notre temps. Il nous appartient donc de faire le choix
d’une théologie réellement contextuelle, une théologie qui tient compte des valeurs de
l’Evangile et de son intégration dans la société ivoirienne. La mission de l’Eglise est de
témoigner et d’accompagner sur la base de l’Evangile, Bonne Nouvelle, en vue d’éclairer
2 les femmes et les hommes sur les situations sociales, culturelles, économiques et
politiques de notre pays.
Dans une société ivoirienne où les valeurs ancestrales n’ont plus droit de cité et où les
jeunes,sans repère pour beaucoup, versent dans la drogue, la délinquance, la prostitution,
l’homosexualité ;
Les troubles sociopolitiques ont conduit partout à un climat d’intolérance.
Tous les bras vaillants et têtes pensantes ne cherchent qu’à fuir ce pays pour une « vie
meilleure » en occident, un occident qui ne les veut guère. Une société africaine qui
risque l’explosion, l’Eglise est interpellée. Que faire ?
Dans ce contexte qui constitue un nouveau défi pour l’EMU-CI et l’Evangile, les futurs cadres de
l’EMU-CI doivent être préparés en vue de traiter le problème en profondeur et apporter des
solutions concrètes, justes et durables.
DENOMINATION
UMECI ISTHA- FORMATION THEOLOGIQUE ET PRATIQUE DE LA
THEOLOGIE OU PRATIQUE ECCLESIALE
OBJECTIFS
L’objectif global est le suivant :Redéfinir la politique de la formation théologique.
Il s’y ajoute des objectifs spécifiques :
Interroger la société sur les problèmes qui la minent ;
Demander l’éclairage de la Bible ;
Susciter un discours des Eglises sur leur engagement social ;
Capitaliser les acquis ;
Partager les expériences ;
Initier un plan d’action pratique.
BENEFICIAIRES
Les fidèles chrétiennes et chrétiens ;
Les professeurs et les étudiants des différentes institutions de formation en Afrique;
Les Chefs d’Eglises ;
Les Pasteurs;
Les Eglises;
Les laïcs porteurs de responsabilités spécifiques ;
Les acteurs sociaux et politiques
Les organisations ecclésiales.
3 RESULTATS ATTENDUS
Dans le cadre de la conciliation de la formation initiale, de l’attente des Eglises et de la pratique
ecclésiale, de l’engagement des Eglises pour une société plus juste et non violente, ce
symposium escompte les résultats suivants :
Une nouvelle interprétation de la théologie qui tient compte du vécu quotidien des
populations ;
L’élaboration d’une Théo - praxis communautaire ;
Une redécouverte ainsi qu’une relecture du texte biblique à la lumière des problèmes qui
minent nos sociétés ;
L’émergence d’un enseignement théologique et pastoral nouveau en lien avec le vécu
quotidien des populations ;
L’initiation de nouvelles méthodes de vulgarisation de l’Evangile ;
L’articulation d’une réflexion théologique en concordance avec le contexte de chaque région
d’Afrique ;
La mise sur pied de programmes modulaires d’enseignement mettant en évidence la relation
entre théologie, paix, justice, réconciliation ;
L’émergence d’une société nouvelle ;
Une nouvelle image et une nouvelle vision des Institutions de formation ;
Le rapprochement des Institutions de formation.
PLAN DETAILLE
Les matières enseignées à l’UFR de Théologie ISTHA (InstitutSupérieur de Théologie
d’Abadjin-Doumé)se structurent comme dans les autres UFR de Théologie Protestante en
Europe et en Afrique en quatre grands champs disciplinaires ; autrement exprimé, il s’agit d’un
ensemble de disciplines qui se regroupent en quatre grandes branches:
Disciplines bibliques
· Ancien Testament
· Nouveau Testament
· Philologie biblique
Disciplines historiques
· Histoire du christianisme ancien
· Histoire de la réforme
· Histoire des religions (diverses expressions de la Religion)
Disciplines systématiques
· Dogmatique
· Éthique
· Philosophie religieuse
4 Disciplines pratiques
· Théologie pratique
· Musicologie
· Sociologie
NB. :
Le programme propose une formation en sciences bibliques (Ancien et Nouveau Testament), en
histoire du christianisme, en théologie systématique, en théologie pratique). Quelques
enseignements sont offerts en sciences des religions.
Toutes ces disciplines se caractérisent par une diversité d'approches, mais ont en commun la
volonté de dialoguer entre elles et de s'articuler autour d'une même quête, d’une même
recherche.
Prenons en détail les éléments constitutifs de ces champs disciplinaires.
Disciplines bibliques
I-1. Ancien Testament
L'enseignement de l’Ancien Testament vise :
à étudier les différents livres de la Bible hébraïque que les chrétiens désignent sous le
nom d'Ancien Testament,
ce qui suppose une étude sérieuse de l'histoire et de la littérature du Proche-Orient ancien.
Ces cours initient l'étudiant à la lecture et à la critique des textes,
à la connaissance des genres littéraires et de l'univers conceptuel des anciens israélites,
d’où l’étude des langues des anciens israélites.
et à la perception des enjeux théologiques des livres de l'Ancien Testament.
I.2. Nouveau Testament
L'étude du Nouveau Testament s'attache à comprendre les 27 livres qui constituent, avec
l'Ancien Testament, les écrits fondateurs du christianisme.
La méthodologie utilisée couvre un champ large :
analyse de textes,
histoire du christianisme naissant,
connaissance du milieu religieux juif et grec, d’où l’étude des langues du Nouveau
Testament.
étude de la théologie que déploie chaque écrit. Il s'agit de déterminer comment, chacun à
sa manière, les auteurs du Nouveau Testament ont entendu rendre compte de
l'irruption de Dieu dans la vie de l’ensemble du monde à travers la vie, la mort et la
résurrection de Jésus le Christ.
5 Disciplines historiques
L’enseignement de l’histoire du christianisme comprend tout ce qui, dans les siècles passés, a
été dit, fait ou pensé en référence directe ou indirecte avec le christianisme. Il prend en compte
et confronte :
la doctrine et
les pratiques,
la théologie et
les usages.
théories de la religion,
Ce cours introduit également à l'apprentissage des méthodes historiques ainsi qu'à la
réflexion sur la validité de la connaissance historique.
Disciplines systématiques
Réflexion approfondie sur l'ensemble de la foi chrétienne dans ses multiples rapports avec le
monde culturel et religieux d'aujourd'hui, la théologie systématique comporte plusieurs
enseignements:
dogmatique,
théologie fondamentale,
théologies contemporaines,
philosophie de la religion,
théories de la religion,
l’éthique.
NB. :
L'enseignement de l'éthique fait appel aux différentes traditions représentées par la philosophie et
la théologie. L'éthique fondamentale s'intéresse aux fondements et aux types d'argumentation de
la réflexion morale; les convergences et les divergences entre les éthiques séculières et les
éthiques religieuses sont prises en compte. L'éthique appliquée, autre élément essentiel, procède
à des analyses de cas dans différents domaines de l'humain et du social (sexualité, médecine,
politique, environnement, etc.).
Disciplines pratiques
L'enseignement de la Théologie Pratique fait appel aux différentes traditions représentées par la
Pratique de la Théologie, la Sociologie, la Musicologie, etc.
PRÉSENTATION DE LA LICENCE
* Les Semestres 1 à 5 donnent à l’étudiant la formation de base en Théologie Protestante. Nous
rappelonsles branches disciplinaires de la théologie protestante:
6 Disciplines bibliques (langues anciennes, Ancien et Nouveau Testament) ;
Disciplines historiques (histoire des diverses expressions de la Religion : judaïsme,
christianisme, mahométisme, etc..) ;
Disciplines systématiques (dogmatique, éthique, philosophie) ;
Disciplines pratiques (théologie pratique, musicologie, sociologie des religions).
À ces UE (unités d’enseignements) propres à la Théologie Protestante s’ajoutent :
Une formation à la méthodologie universitaire et
Un enseignement de culture générale (aux deux premiers semestres),
Des journées consacrées à l’interdisciplinarité en théologie et
Une formation en langues vivantes qui doit permettre à l’étudiant d’accéder à la littérature
théologique non francophone.
* A la fin du deuxième et le début du troisième semestre, l’étudiant suit un stage de 60 jours de
sensibilisation aux réalités professionnelles (SRP).
* Au 6èmesemestre, l’étudiant choisit entre la Licence fondamentale et la Licence appliquée.
* La License fondamentale approfondit les champs disciplinaires propres à la Théologie
Protestante et prépare ainsi à l’entrée en Master. C’est le diplôme requis par l’UMECI en vue de
l’accès au Pastorat.
* La Licence appliquée est davantage destinée aux étudiants qui ne souhaitent pas dépasser le
niveau Licence en théologie. Elle donne une place particulière à l’UE 5, pré-professionnalisante,
qui propose un choix multiple : théologie pratique, sociologie, musicologie, diaconie,
accompagnement pastoral, psychopédagogie.
Cette formation est plus particulièrement destinée aux étudiants souhaitant devenir catéchète,
éducateur spécialisé ou travailleur social dans les œuvres ecclésiales, musiciens d’Église, visiteur
en hôpital, etc.
COMPOSITION DE LA LICENCE
La durée des études est de six semestres. Le diplôme de Licence est délivré après l’obtention de
180 crédits Cr. (soit 30 par semestre). Les points crédits obtenus auprès d’autres Facultés
peuvent être soumis pour validation à l’Équipe de formation qui a la responsabilité de tout le
parcours de la Licence et qui joue le rôle de jury de ce diplôme.
7 ÉGLISE MÉTHODISTE UNIE
CONFÉRENCE ANNUELLE DE L’EST DE L’ANGOLA
FACULTÉ MÉTHODISTE DE THÉOLOGIE DE QUÉSSUA
[FACULDADE METODISTA DE TEOLOGIA DO QUÉSSUA]
ARTICLE POUR UNE PUBLICATION CONCERNANT LA RÉUNION DE
L’AAITEMU QUI A EU LIEU À NAIROBI, AU KENYA, DU 15 AU 17
SEPTEMBRE 2013.
PERSPECTIVE THÉOLOGIQUE AFRICAINE :
Paix, Réconciliation et Unité dans le Contexte Angolais
Le Dieu de l’histoire de l’humanité se révèle aux nations et ces nations répondent à travers leur
religion. Les actes véritables entre le Créateur et les êtres humains sont interprétés et
systématisés en connaissance théologique. La religion et la théologie doivent s’accompagner afin
d’acquérir une expérience de la foi qui mènera à une perspective théologique équilibrée de la
paix, de la réconciliation et de l’unité.
On doit reconnaître qu’avec l’existence de l’Association Africaine des Institutions Théologiques
de l’Église Méthodiste Unie (AAITEMU), l’Afrique a fait de grands progrès en vue de réaliser
cette vision. Toutefois, on comprend la perspective théologique africaine comme étant la façon
dont les Africains abordent et embrassent les concepts théologiques au sein de leurs traditions
religieuses et socioculturelles. Tenant compte de la diversité ainsi que de la complexité religieuse
qui existent sur le continent, connu comme le berceau de l’humanité, cette approche illustre la
réalité de l’Angola de ce sens. En plus d’être le contexte le plus proche, des Institutions
d’Enseignement Supérieur Théologique de l’Église Méthodiste Unie de ce pays étaient
représentées à la troisième grande assemblée organisée par l’AAITEMU à Nairobi, au Kenya du
15 au 17 septembre 2013.
Tout comme d’autres peuples africains, on peut considérer les Angolais comme étant religieux
au sein de leurs traditions et de leurs cultures. À l’époque de leurs ancêtres, il existait une réalité
concernant la foi qui règne jusqu'à l'heure actuelle. Dans toutes les tribus du pays, un nom existe
pour faire référence à Dieu. Par exemple, dans les différentes langues nationales d’origine Bantu,
un terme spécifique est utilisé pour l’Être Suprême qui régit le cours de la vie. Les peuples
Kimbundu, Tchokwe et Kikongo font référence à Dieu par le nom de « Nzambi ». Ceux qui
parlent la langue Umbundu, membres d’une tribu qui porte le même nom, ont donné à Dieu le
nom de « Suku ». Ces noms attribués à Dieu servent de témoignage de la foi pratique des
habitants d’Angola à travers les siècles. Avec l’arrivée des missionnaires chrétiens, la divinité
était associée à Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
Avec tant de diversité ethnique et culturelle qui existe parmi les peuples, l’unité dans la foi serat-elle possible ? En Angola, la voix de la paix parle plus fort que les cris de la guerre. Les fils de
Dieu dans les champs de batailles, durant presque trois décennies, notamment de 1975 à 2002,
savaient comment préserver leur foi avec une perspective d’espérance. Ce fut une foi unifiante
qui transforma le conflit armé en une ambiance pacifique. La paix est fondamentale pour toute
société, parce que ses bienfaits sont visibles dans les yeux de toutes personnes. Aujourd’hui,
avec cette tranquillité, il est possible de réaliser le commandement de Christ d’aller et de
8 répandre la bonne nouvelle du royaume de Dieu en tout lieu (Matthieu 28,19). Ceci n’est pas
possible quand une nation se trouve dans un état d'agitation militaire. Le calme vécu aujourd’hui
apporte plusieurs bienfaits, non seulement concrets mais aussi spirituels. Les bienfaits sociaux
de la paix comprennent la distribution équitable des biens de la nation à tous, l’épanouissement
de la grâce spirituelle des êtres humains dans leur vie quotidienne, un climat de développement
économique avec la rénovation des infrastructures, et l’amélioration des besoins fondamentaux
de la population. En outre, la paix apporte l’unité parmi la diversité dans plusieurs domaines,
notamment les domaines social, politique, économique, culturel et religieux.
Dans notre réalité actuelle, animée par Dieu, le pays respire les airs de la paix. Le contexte
religieux, culturel et théologique actuel est différent du temps de la guerre. On pourrait dire que
la paix et l’unité de la nation furent possibles parce que des hommes qui étaient en désaccord, à
un moment donné, se sont entendus. Toutefois, par une lecture théologique de la distance
historique, cette paix qui créa l’unité ne fut réalisée que par la grâce de Dieu. Beaucoup d’années
de souffrance ont pour conséquence que les personnes qui ont la foi sont intervenus à travers la
prière à Jésus-Christ, le Roi de la Paix qui préféra entrer triomphalement dans la cité de
Jérusalem monté sur un petit âne, symbole de l’humilité et de la paix, plutôt que sur un cheval
qui se traduit par le pouvoir et la guerre. Dans ce sens, les faits de cette histoire confirment une
fois de plus, la parole de Dieu lorsqu’il dit :
En effet, il est notre paix, lui qui des deux groupes n’en a fait qu’un, et qui a renversé le
mur qui les séparait, la haine. Par sa mort, il a rendu sans effet la loi avec ses
commandements et leurs règles, afin de créer en lui-même un seul homme nouveau à partir
des deux, en établissant la paix. Il a voulu les réconcilier l'un et l'autre avec Dieu en les
réunissant dans un seul corps au moyen de la croix, en détruisant par elle la haine
(Éphésiens 2, 14-16).
La lettre de l’apôtre Paul aux Éphésiens, dans le chapitre 2, verset 14, fait allusion à la paix, en
utilisant le mot grec « eirhnh ». Il convient de noter que le substantif féminin « paix » se trouve
dans la forme nominative, conférant que la « eirhnh » que nous recevons comme le résultat de la
mort de Jésus sur la croix, est également la nôtre. Nous devons nous souvenir de la salutation que
Jésus utilisait avec ses disciples et les fidèles : « La Paix soit avec vous ! » (Jean 20, 19).
Dans le verset 16 du chapitre 2, la relation entre « eirhnh » et la réconciliation est établie. Dans la
langue grecque, « apokatallaxh » est le mot utilisé par le texte biblique ci-dessus, pour faire
référence à l’acte de réconcilier. Le verbe réconcilier est conjugué au temps subjonctif à la voix
active Aoriste, dans la troisième personne du singulier. Ce qui signifie que l'auteur de la
réconciliation est Jésus-Christ lui-même ; de lui les hommes reçoivent un grand héritage, le
ministère de la réconciliation.
Pour que les êtres humains vivent unifiés et dans la réconciliation les uns avec les autres, ils
doivent se réconcilier avec Dieu en premier, et puis découvrir la paix de Jésus qui surpasse les
niveaux d'intelligence de l'humanité, comme la Bible nous le rappelle : « Et la paix de Dieu, qui
dépasse tout ce que l’on peut comprendre, gardera votre cœur et vos pensées en Jésus-Christ »
(Phillipiens 4, 7).
9 Est-il possible que les hommes s’accordent au milieu de désaccords ? L’Église, comme véhicule
de la parole du Seigneur dans le monde, a accompli sa mission réconciliante de rapprocher les
composantes angolaises en conflit jusqu’à ce que soit réalisé ce desideratum.
Dans la Bible, nous trouvons un exemple clair qui indique qu’il est possible de vivre ensemble
en paix et unité, même s’il existe une mésentente et une rupture des liens de relation
interpersonnelle. Ceci veut dire que même si quelqu'un ne s'accorde par avec quelqu’un d’autre,
il ou elle continue à être une partie importante au sein du projet divin. Le Livre des Actes nous
raconte qu’il existait une querelle ou dissentiment entre l’apôtre Paul et son compagnon de
voyage missionnaire, dont le nom était Barnabas. Ceci eut lieu parce que Barnabas voulait
emmener Jean, aussi appelé Marc, avec eux en voyage, mais Paul n’était pas d’accord avec cette
idée. Par conséquent, Barnabas, accompagné de Marc, s'embarqua pour l'île de Chypre, et Paul
poursuivit une autre destination (Actes 15, 37-39)
Jusqu’à ce point, il n'y a aucun doute qu'un désaccord existait entre ces deux compagnons de
mission. Mais cela peut nous mener à poser certaines questions. Est-ce que Paul, Barnabas et
Marc étaient-ils toujours en désaccord ? Que s’est-il passé dans leur vie après cette querelle ? Les
réponses à ces questions se trouvent dans la lettre de Paul lui-même à Philémon, dans laquelle il
mentionne beaucoup de compagnons, dont Marc, qui travaillaient avec lui dans le ministère :
« Epaphras, mon compagnon de détention en Jésus-Christ, te salue, ainsi que Marc, Aristarque,
Démas et Luc, mes collaborateurs. » (Philémon 1, 23-24). Cette lettre est suffisante pour montrer
que Paul et Marc, malgré leur dissentiment antérieur, se sont rencontrés encore une fois et ont
continué à travailler ensemble pour répandre l’Évangile. C’est un miracle de transformer les
discordes en collaboration.
Selon quel point de vue, devrait-on examiner le conflit ? Il est vrai que dans toute partie
quelconque du monde, y compris ce qui a eu lieu en Angola, le conflit engendre des
conséquences dévastatrices tant au niveau individuel que collectif. Toutefois, dans le cadre d’une
perspective théologique, le peuple africain sert de modèle d’encouragement pour le reste du
monde pour apprécier le positif au milieu d'un conflit.
Nelson Mandela, chrétien Méthodiste, un des dirigeants africains le plus influent, est un excellent
exemple du processus de réconciliation qui reflète l’objectif de Dieu pour son peuple. Mandela
fut emprisonné pendant 27 ans, mais peu de temps après être mis en liberté, il est devenu
Président de l'Afrique du Sud. Un grand nombre de personnes, et peut-être la majorité, pensaient
qu’il était juste que le président récemment élu se venge pour l’humiliation et les mauvais
traitements qu’il avait soufferts durant son emprisonnement. Mais l’homme d’État de la nation
sud-africaine n’a pas exploité sa position politique pour se venger sur les auteurs de sa
souffrance durant toutes ces années. Il a fait absolument le contraire, choisissant la voie du
dialogue, du pardon et de la réconciliation. En d’autres mots, Mandela, dont les actions devraient
servir d’exemple, a fait de ses ennemies des collaborateurs.
La leçon que l’on peut tirer de ce fait, c’est que les dissentiments peuvent se produire
fréquemment entre les êtres humains. Lorsque cela a lieu, on doit toujours rechercher des
moyens pacifiques pour résoudre le problème et rétablir les liens brisés par la discorde. Si la paix
et la réconciliation sont les plus hauts objectifs, le résultat sera l’amour resplendissant de Dieu
10 entre les personnes. Et alors, à cause du Christ, le désaccord cessera d’exister et sera remplacé
par le pardon. On ne ressentira plus jamais la haine et l’animosité, et l’amitié, la fraternité, la
camaraderie et la collaboration existeront entre tous.
La réconciliation est une des causes théologiques par laquelle le Christ s’est sacrifié sur la croix.
Toutefois, la théologie contemporaine doit maintenir l’accent sur cette réconciliation dans
l’annonce des bonnes nouvelles, jour après jour.
La réconciliation confronte la nécessité d’une spiritualité arrivée à maturité. Cela signifie une
vie vécue dans le Christ : remplie, guidée et habilitée par le Saint-Esprit. La spiritualité
nécessaire au croyant afin d'exercer le ministère de la réconciliation, est une vie telle qu’incarnait
Jésus dans chaque fibre de son être, une vie sans vanité et sans égoïsme, libre d’obéir à Dieu.
Paulo Jimenez, dans son livre intitulé « Principes de l’Éducation Chrétienne », explique qu’un
des piliers de l’enseignement biblico-théologique, c'est que les gens vivent dans ce monde d'une
manière responsable. « L’Éducation chrétienne nous mène à examiner et à changer notre style de
vie individuelle et sociale », renforcée par l’instruction théologique, qui fait des disciples pour la
transformation du monde.
Tenant compte que la théologie doit contribuer au développement social d’une communauté ou
même d’un pays, il est important que les écoles théologiques d’enseignement supérieur en
Angola et au-delà comprennent dans leurs programmes d’études des cours qui sont liés à la
résolution de conflits. Les cours en psychologie pastorale, conseil pastoral, théologie de la
réconciliation et d’autres matières basés sur le style d’enseignement de Jésus, doivent tous
comprendre des éléments biblico-théologiques. Ces enseignements sont d’une importance
primordiale en vue de répondre à la réalité actuelle de l’Angola en particulier, et au continent
africain en général.
Considérant Jésus-Christ en tant que le fondement de la théologie, l’éducation chrétienne doit
commencer dès l’enfance, offrant un sentiment de dévouement chrétien conscient et responsable.
La perspective théologique en Afrique a la possibilité de réinterpréter son histoire sociale en se
basant sur une pédagogie ressemblant au style de Jésus. Dr Mercy Nyman, spécialiste en
pédagogie, dans son exposé intitulé « Pédagogie Scientifique et Dynamique » au corps
enseignant et aux étudiants de la Faculté Méthodiste de Théologie de Quéssua, à Malanje, en
Angola, fait référence aux principes méthodologiques pour parvenir à une formation académique
basée sur une éducation scientifique et qui utilise en même temps les expériences significatives
vécues par chaque personne. Nyman va plus loin lorsqu’elle définit ces précieuses expériences
comme : « une confluence extraordinaire, puissante et transformatrice de diverses réalités
vécues, qui causent un échange physiologique dans le cerveau humain, se manifestant comme
une révélation d’une connaissance permanente sans être oubliée, et deviennent présentes en tant
que fondement pour la pédagogie scientifique et dynamique » (Nyman, juillet 2013).
Le processus d’enseignement et d’apprentissage, qui a un impact sur l’intellect humain et qui
rend possible le renouvellement de la manière de penser jusqu’à ce qu’il engendre une
connaissance qualitativement supérieure, comprend une pratique pastorale qui doit compléter
une formation théologique dans les écoles d’enseignement supérieur en Afrique. Jésus, dans son
11 ministère en tant que Maître, a tiré parti de tous les succès de la vie en vue de révéler la volonté
de Dieu et a enseigné à partir de l’expérience de la vie. Cela est également une source
d’inspiration pour créer une instruction authentique qui empêche d’oublier la formation
théologique basée sur des expériences et à travers des histoires de divers contextes africains.
C’est une tâche ambitieuse à laquelle font face les théologiens aujourd’hui. Mettre en application
la théologie pratique parmi la souffrance, la dévastation, les conflits, la faim, les maisons
détruites, la marginalisation et d’autres réalités difficiles en Afrique, est une motivation pour
suivre les racines wesleyenne légué par le mouvement méthodiste en Angleterre, au 18ème siècle ;
le développement d’une théologie pratique basée sur le cœur et la vie est un grand défi à relever.
La théologie actuelle en Angola joue un rôle prophétique et visionnaire qui correspond aux
expériences vécues par le peuple qui habite ce pays du continent africain. En fait, elle a conquis
un espace social qui influence l’évangélisation de la population angolaise. Par exemple, tous les
samedi matin, le culte de l’Église Méthodiste Unie est télédiffusé intégralement sur la chaîne
principale de télévision du pays (TPA). En outre, il existe également des autres radiodiffusions,
notamment : la Radio Kayros à Luanda, Ecos do Evangelho (Échos de l’Évangile), une émission
œcuménique des Églises Protestantes de la Radio Nationale d’Angola, et la Voz do Senhor (La
Voix du Seigneur), une émission diffusée par la Station de Radio Provinciale de Malanje. À
travers ces expériences, les théologiens angolais saisissent l’occasion d’attirer la société quant à
l’éthique et la formation en matière de valeurs chrétiennes.
Le maintien de la paix, de la réconciliation et de l’unité nationale est au premier plan de l’agenda
quotidien d’après la perspective théologique du pays. Les hommes et les femmes pratiquants la
foi en Jésus-Christ, le parfait réconciliateur, s’engagent à la tâche pastorale qui fait en sorte que
les objectifs, déjà atteints à travers la paix, la réconciliation et l'unité au niveau social, sont inclus
chez toutes les familles angolaises. Car ce sont les familles pacifiques, réconciliées et unifiées
qui bâtissent des sociétés justes et fortes. L’Angola est en train de suivre ce bon chemin !
Il est évident qu’un grand nombre de famille confrontent toujours des problèmes qui font en
sorte qu’il est difficile de maintenir la paix et la tranquillité. Néanmoins, nous croyons que ces
problèmes peuvent être surmontés par la puissance Divine faisant apparaître ainsi un sourire
resplendissant sur leur visage ainsi que l’avènement d’un nouveau jour plein de grâce. C’est
l’espérance qui fait en sorte que le travail des fidèles pour renforcer la Paix, la Réconciliation et
l’Unité Nationale soit inclus dans le cadre d’une Perspective Théologique Africaine dans le
contexte de l’Angola.
Par : Rév. Dr Leonardo Garcia Salgado
Rév. Dr Cleivy Benítez Rivalta
Rév. Maître Bernardo André Luís
12 PERSPECTIVE DE L’ÉDUCATION THÉOLOGIQUE DANS LE
CONTEXTE DE LA SIERRA LEONE
RÉV. DR SIDNEY A. COOPER
QU’EST-CE QUE L’ÉDUCATION THÉOLOGIQUE ?
L’éducation théologique, c’est l’étude de la parole de Dieu. Elle se concentre sur Dieu. C’est le
genre de formation qui se produit dans les séminaires, universités et instituts supérieurs. C’est
une éducation holistique qui comprend des matières telles que les Études de l’Ancien Testament,
les Études du Nouveau Testament, la Théologie systématique, la Philosophie, le grec et l’hébreu
entre autres.
La formation théologique vise à édifier l’esprit, le corps, la personne et l’âme à travers l’autorité
qu’est la Bible pour la mission de Dieu. Elle forme, guide et enseigne aux étudiants à connaître
Dieu. Sans une formation théologique appropriée et adaptée aux réalités, le futur même de
l’église, ses dialogues avec la société, et sa participation à la lutte quotidienne et aux désirs des
populations ordinaires sont tous compromis. Le moins les églises et leurs responsables
investissent dans la formation théologique, le plus le futur du Christianisme sera remis dans les
mains de ceux qui promeuvent une image déformée de l’identité chrétienne, compromettant ainsi
les dialogues et la coexistence avec d'autres églises ainsi qu'avec d'autres traditions religieuses.
La formation théologique est cruciale pour l’interaction entre l’église et la société où tant de
questions exigent une position très précise du Christianisme. Son rôle ne se limite jamais
uniquement à la formation de pasteurs, mais l'attention et l'accent doivent être sur le
renouvellement et la formation de tout le peuple de Dieu.
Sans un engagement renforcé à la formation théologique pour la justice sociale, pour l’unité de
l’église, pour engendrer une prise de conscience, pour le discernement politique, pour
l’engagement social et pour la participation des chrétiens et des chrétiennes à la transformation
des sociétés, nous verrons peut-être la fragmentation des responsables chrétiens dans nos églises
croissantes en Sierra Leone. Par conséquent, ces églises ont besoin de notre investissement. Le
seul remède approprié, c’est l’investissement en matière d’éducation. Souvent, le manque
d’éducation et de formation théologique est une des causes premières de l’ignorance en matière
de contextes sociaux. Les églises qui prennent au sérieux leur responsabilité en matière de
formation théologique des laïcs et des futurs pasteurs, qui font preuve d’une prise en charge et
qui soutiennent les églises à tous les niveaux de formation théologique, que ce soit une formation
universitaire ou non, sont mieux équipées pour remédier aux tendances de tensions en Sierra
Leone aujourd’hui. Une formation théologique qui est adaptée aux réalités du contexte africain et
qui se caractérise par les circonstances de la vie sera appréciée. Il est nécessaire d’adapter la
formation théologique aux réalités de tout le peuple de Dieu en vue d’habiliter toutes les
personnes à jouer un rôle dans le ministère. À cet égard, les églises et les formateurs
théologiques sont invités à bien prendre en compte la nature complexe et diverse du contexte
africain, ainsi qu’à élaborer une théologie en langues locales. Il est nécessaire d'élaborer de
nouvelles méthodes et cursus pour la formation théologique, compte tenu des facteurs
particuliers politiques, économiques et multireligieux du village planétaire.
13 La Nature de l’Éducation théologique
La formation théologique possède des caractéristiques uniques qui la distinguent des autres
disciplines d’éducation. La théologie émane de la rencontre avec Dieu : c’est une expérience et
une expression de notre rencontre avec Dieu et une réflexion sur cette rencontre. À ce titre, elle
se déroule par le biais de révélation et de réflexion. Tous les chrétiens partagent la rencontre
avec le Christ qui nous appelle, qui nous embrasse dans le baptême et qui nous intègre dans la
vie divine par l’Esprit. La parole de Dieu s’adresse à tous les chrétiens. Par conséquent, tous les
chrétiens sont appelés à la tâche théologique.
Contrairement à plusieurs autres disciplines qui peuvent se limiter à transmettre une masse de
connaissance, l’éducation théologique de nature implique la formation à la foi, ce qui éveille la
personne toute entière. L’éducation théologique est un processus et a plusieurs implications.
La formation théologique est un cheminement de foi et doit s’adresser au développement
spirituel, et pourtant elle devient trop facilement une discipline qui éveille l’esprit mais
non l’âme. L’expérience des étudiants dans les séminaires en devient souvent une
expérience de sécheresse spirituelle. Bien que les étudiants entrent au séminaire
théologique principalement pour affermir leur foi, ils peuvent se retrouver coincer entre
ce désir et une perception qu’ils risquent de dévoiler un sentiment de déficit spirituel.
L’éducation théologique doit s’assurer qu’en façonnant les gens, ils ne soient pas blessés.
Pour certains en Afrique, la formation théologique a souvent été blessante, aliénante et
néfaste. Trop peu de lieux existent au séminaire pour pouvoir exprimer en toute sécurité
notre colère, ou pour panser nos blessures au fur et à mesure que nous ramassons les
morceaux brisés d’une foi détruite dans le conflit entre la théologie et les expériences
vécues. Notre théologie ne parvient pas à saisir ce que cela signifie d’être une Afrique
créée à l’image du Christ. Maintenant, nous avons créé le Christ à l’image occidentale,
une image d'un blanc riche ? Alors, nos frères et sœurs en Occident présument que
l’expérience de la foi et de l’église est la même pour toutes les populations, peu importe
où elles se trouvent ? Est-ce que notre formation à la foi prend suffisamment en compte le
contexte culturel, le passé et le sexe des étudiants ? L’éducation théologique doit être
homogène. L’enseignement qui ne parvient pas à saisir les implications de ne pas
contextualiser la formation à la foi risque de se retrouver loin de la vérité ou même risque
de faire du mal plutôt que du bien.
Comment s’adresser à cette problématique ? Notre enseignement théologique devrait permettre
aux étudiants d’intégrer la théologie avec leur foi au sein de leur propre contexte. Lorsque nous
affermissons notre foi à travers l’éducation théologique, qu’elle soit formelle ou informelle, nous
rencontrons des cultures qui sont différentes des autres. Nous percevons les traces de cultures qui
fleurissaient il y a deux à quatre mille ans.
Pour la plupart d’entre nous, la région du monde dont on écrit n’est qu’un monde géographique
au loin. Par conséquent, il existe des dictons, des citations et des références que nous ne
comprenons simplement pas, parce que notre milieu est si différent.
14 L’éducation théologique, c'est un outil pour enrichir les gens. La parole de Dieu doit s’adresser à
l’intégralité du peuple de Dieu. Elle devrait nous parler dans notre langue maternelle, non en
latin, grec, hébreu ou quel que soit le langage théologique du jour. Dieu nous parle dans notre
culture, non uniquement dans notre langue. La parole est devenue humaine pour que les humains
puissent entendre, voir, expérimenter et accepter la parole de Dieu, et ainsi être sauvés.
L’enseignement théologique peut abonnir les gens ou les rendre compétents en vue d’être au
service des institutions. Il devrait valoriser et enrichir l’intégralité du peuple de Dieu. Le plus
nous connaissons notre théologie, le plus nous prendrons des décisions informées à tous les
niveaux de notre foi.
C’est ce qui était à l’esprit de ceux qui ont fait l’effort de créer des institutions théologiques en
Sierra Leone en 1975.
Le Contexte de la Sierra Leone
Il est extrêmement difficile de définir la théologie et l’éducation théologique. Notre définition
dépendra souvent de notre contexte, à savoir, d'où nous venons et notre point d'entrée dans le
sujet qui se concentre autour de nos vies, un Dieu qui est difficile à comprendre. Il n’est donc pas
possible de s’entendre sur une définition générale, mais les érudits reconnaissent qu’une grande
différence d’opinion existe en ce que considèrent différents groupes de personnes en matière
d’éducation théologique. Dieu merci que l’objectif de ce document n’est pas d’en décider, mais
de partager tout simplement des perspectives sur l’éducation théologique.
On reconnaît que l’éducation théologique a souvent joué un rôle essentiel dans le développement
de plusieurs nations dans le monde, y compris la Sierra Leone. Les premiers enseignements de
l’église ont aidé à élaborer un grand nombre de nos lois, qu’elles soient écrites ou non. Si nous
acceptons que l’éducation théologique véritablement édifie et a un impact sur la vie des gens
depuis leur enfance, nos demeures deviennent la première salle de classe où nous apprenons à
parler et à expérimenter l’amour et la sollicitude de Dieu.
Aujourd’hui, un grand nombre de personnes s’engagent à l’enseignement théologique sans savoir
qu’ils font de la théologie, tout comme un grand nombre de personnes ont tendance à connaître
Dieu sans lire la bible à son sujet. En Afrique et ailleurs dans le monde, les premiers
missionnaires étaient des enseignants, des médecins et des administrateurs, chacun ayant son rôle
individuel, et ils avaient l’occasion de prendre des initiatives et de changer leur attitude, leur
comportement et leur point de vue sur la vie. Cela a aussi engendré et mis en valeur les capacités
instinctives.
En 1975, l’Institut Supérieur de Théologie et de Gestion et le Centre de Formation de l’Église
(autrefois l’Institut Supérieur Théologique et Centre de Formation de l’Église en Sierra Leone)
fut établi. Avant l’établissement de cet institut, les étudiants pour le ministère ordonné dans
plusieurs dénominations étaient formés soit à la Faculté de Théologie de l'Institut Supérieur de
Fourah Bay ou à l'École biblique de Sierra Leone (présentement dénommée Institut Supérieur
Évangélique de Théologie). Depuis plusieurs années, l’Église Méthodiste Unie se préoccupe au
sujet des qualités requises du modèle universitaire pour la formation pastorale de tous les
candidats au ministère. Les dirigeants de trois dénominations, y compris l’Église Méthodiste
15 Unie, se sont rencontrés à plusieurs occasions pour discuter la question et prier pour une
résolution. L’Église Méthodiste Unie comprend le besoin de créer sa propre école de Théologie
en vue de son propre caractère unique et de son identité. Le désir de créer une école de théologie
provient des principes particuliers revendiqués par notre tradition méthodiste et la théologie
wesleyenne.
16 PERSPECTIVE THÉOLOGIQUE DE L’AFRIQUE
Préparé par : Rév. Nito Armando Joaquim et M. Filipe Augusto Hoguane
École Théologique de Cambine
Le thème de la perspective théologique de l’Afrique peut être compris en tant que le défi que doit
relever les Africains en vue de créer une théologie du Christianisme authentiquement africaine.
L’Afrique devrait avoir ses propres théologiens, des théologiens africains nés en Afrique, ancrés
en Afrique et dans la culture africaine ou dans la philosophie africaine, responsables de
rechercher, d’explorer, d’analyser et de s’engager dans une réflexion théologique profonde.
Comme l’a déclaré Gabriel Setiloane, c’est aux théologiens africains d’exprimer une réflexion
africaine sur la Divinité d’une perspective provenant d’un contexte et d’une culture africaine au
niveau de la population locale. La perspective théologique de l’Afrique appelle les théologiens
africains à réfléchir, à écrire et à vendre des ouvrages théologiques, parce que l’Afrique est si
riche qu’elle possède une théologie orale. Comme John Smith Mbiti a déclaré : « La théologie
orale est créée dans les champs, par les populations, à travers les chants, les prédications, les
enseignements, les prières, les conversations, etc. » C'est la théologie en plein air, qui n’est pas
souvent enregistrée par écrit, et qui n’est entendue souvent que par un petit groupe de personnes,
et par conséquent, elle est oubliée par les bibliothèques et les séminaires.
Comme nous le savons, la mission chrétienne en Afrique dès le début était de christianiser et de
civiliser tout le continent africain. Nous comprenons le terme ‘civilisation’ comme signifiant que
les africains devraient suivre la culture occidentale et par conséquent, les Africains ont perdu leur
propre identité et philosophie ; elles doivent donc être récupérées pour que les Africains
deviennent des Africains authentiques et de vrai chrétiens. Dans sa réflexion sur le thème « le
creuset où s’est forgée la théologie africaine », B. S. Chuba stipule qu’une théologie adaptée et
propre à un contexte particulier, est par conséquent une théologie entièrement acquise par les
indigènes et à laquelle ils participent vivement sans exclure la participation des peuples
provenant d’un autre contexte. Une théologie dont son contexte est africain, dont sa langue est
africaine, dont ses défenseurs sont eux-mêmes des Africains, et dont son objectif (l’objet du
résultat est la foi) est africain.
Néanmoins, il est important de commencer par dire que la majorité du peuple africain dans le
continent survie dans la pauvreté, des catastrophes naturelles, des maladies endémiques, le
chômage, l’absence de droits humains, des conflits politiques et la violence, et selon d’autres
facteurs qui sont de grands défis que doivent relever les institutions gouvernementales et non
gouvernementales y compris les diverses religions. Puisque nous parlons de la perspective
théologique de l’Afrique, il est donc nécessaire d'indiquer que le Mozambique est un des pays
africains composé de plus de 20.226.296 habitants selon le recensement de 2007, et est divisé en
trois régions géographiques principales, notamment : le Nord, le Centre et le Sud du
Mozambique, avec leurs religions et cultures riches et diverses.
Depuis les trois dernières décennies, des catastrophes naturelles et politiques ont transformées le
Mozambique en un des pays les plus pauvres de l’Afrique, et par conséquent, du monde entier.
Ces facteurs entre autres font en sorte que le pays dépend du soutien financier international. Par
conséquent, la question primordiale à laquelle les mozambicains doivent réfléchir concerne
17 l’intégration sociale comme : davantage de justice et d’égalité, la liberté d’exercice
démocratique, davantage d’informations actualisées, le droit de toute personne à l’égalité des
chances, à un emploi, à une éducation et à une bonne santé, en vue de s’adresser au taux élevé de
violence et de criminalité, à la pauvreté, au SIDA/VIH et à d’autres défis. C’est pourquoi l’église
doit accomplir sa mission, la mission de l’amour, de la paix, de la liberté, de la justice, de la
charité et de la solidarité avec toutes les personnes. Afin d’accomplir cette mission, elle doit
former des personnes qui répandront le message du salut dans tous les coins du pays.
Ayant à l’esprit les défis mentionnés ci-dessus, l’Église Méthodiste Unie au Mozambique répond
à ces problèmes de plusieurs façons. Et ce en procurant une éducation (construction d’écoles),
ainsi que des soins de santé principalement dans des régions rurales en construisant des
hôpitaux ; par des actes de charité pour les orphelinats ; en approvisionnement d’eau ; en bourses
d’études pour la formation supérieure et d'autres genres de formation sociale, que ce soit pour les
pasteurs ou pour les laïcs, sans considération de l’affiliation religieuse ou politique du
bénéficiaire.
L’histoire du Méthodisme au Mozambique a commencé en 1890 dans la province de MongweInhambane par un missionnaire nommé Erwin H. Richards provenant de l’Amérique du Nord et
qui était formé en médecine et dans le domaine pastoral. Il travaillait avec son épouse Margheret
avec l’assistance de l’Église Méthodiste Épiscopale. Par la suite, il établit l’église à Chicuque et
à Cambine (les deux dans la Province d’Inhambane, dans le Sud du Mozambique). Ces deux
lieux sont devenus « le creuset où s’est forgé le Méthodisme Africain-Mozambicain », en
utilisant la langue locale, le XITSWA, en tant que langue officielle pour toutes les célébrations de
cultes et même durant la conférence annuelle où 99,9% des gens utilisent cette expression.
Cet article dont le thème est « La perspective théologique de l’Afrique », a pour but d’examiner
la croissance historique du Séminaire Théologique de Cambine. C’est un séminaire historique
qui a été créé il y a plusieurs années au sein de la Mission de Cambine. C’était une simple école
biblique créée pour que le peuple indigène étudie et connaisse la Bible. Au début, la mission de
Cambine a commencé par une école séculaire uniquement pour les garçons, et un internat pour
les filles à Chicuque. La raison pour laquelle ce n’était qu’une école pour garçons, c’est que
dans cette région particulière, et en général dans le Sud du Mozambique, les garçons et les filles
ne pouvaient pas recevoir la même éducation et dans le même endroit, parce que les rites
africains de préparation pour les garçons et les filles étaient également séparés comme tels.
Le Séminaire Théologique de Cambine est situé dans la province d’Inhambane, Sud du
Mozambique (Afrique australe), et appartient à l’Église Méthodiste Unie. L’église possède deux
missions, notamment la mission de Chicuque et la mission de Cambine, et le Séminaire
Théologique est situé dans la deuxième. Il est entouré d’Écoles séculaires (niveau O, niveau
supérieur, et école professionnelle et technique), un centre de soins de santé, la paroisse de
Cambine, des dortoirs pour les hommes et les femmes, et d’autres dortoirs pour les étudiants
théologiques. Il existe aussi un orphelinat et un projet d’agriculture.
En 1923, les missionnaires ont introduit l’étude de la Bible en un programme de trois ans, dans le
but de former la population locale à devenir des prédicateurs et des évangélistes. Dans son
ouvrage intitulé « Church, State and People in Mozambique, an historical study with special
18 emphasis on Methodist development in the Inhambane region » [L’Église, l’État et le Peuple au
Mozambique, une étude historique avec un accent particulier sur le développement méthodiste
dans la région d’Inhambane] (1994, p. 275), Alf Helgesson stipule que : « durant les années
1930, la clôture de centaines d’écoles protestantes villageoises signifiait un déplacement toujours
croissant d’élèves dans ces Écoles Centrales. » En 1941, peu après que le Concordat et l’accord
missionnaire furent exécutés, il n’y avait que 172 garçons à l’internat de Cambine. C’était
l’année lorsque les Écoles Rudimentaires du Gouvernement portugais partout dans la colonie
furent transférées à diverses missions catholiques. Cet événement semble avoir accéléré la
croissance des Écoles Centrales Protestantes. En 1954, treize ans plus tard, l’École de Cambine
débordait de 1134 élèves.
L’École Théologique de Cambine ouvrit le 21 septembre 1941 ; plus tard en 2007, elle était
connue comme Séminaire théologique parce qu'elle ne forme que des pasteurs. Le changement
d’appellation est le résultat d’une longue discussion entre le missionnaire brésilien, Nadir
Cristiano de Carvalho, qui était enseignant au Séminaire théologique, avec les étudiants. C’était
dans le but de différencier l’éducation séculaire de l’éducation théologique. Le premier groupe
d’étudiants commença à suivre une formation théologique en 1942. Avant cette année-là, les
pasteurs devaient être formés en dehors du pays.
De plus, il fallait satisfaire à certaines conditions requises pour s'engager à cette formation. Une
des conditions requises était d’avoir assisté à une formation biblique, ce qui pouvait prendre
quatre ans d’études, et après celles-ci, on devait démontrer sa vocation ou l’appel divin dans le
but d’être recommandé à une école théologique où on pouvait passer quatre autres années
d’études. Ces étudiants devaient être recommandés par leur district ecclésiastique et devaient être
des hommes mariés. C’était un long parcours pour atteindre le niveau de formation théologique
parce que, après avoir fini ses quatre ans d’études, on exigeait également que les candidats soient
matures dans leur vie chrétienne. Ils devaient être appelés par Dieu ou démontrer leur
dévouement dans leur congrégation locale, en participant à tous les programmes de l'église locale
et du district, et en manifestant leur intérêt à assister aux études biblique à Cambine, ou bien, des
autres membres de l’église leur conseillaient de demander à l’église de les envoyer à Cambine
pour les études bibliques. Si le candidat finissait toutes les conditions requises avec succès, il
pouvait être recommandé pour continuer ses études de théologie.
Depuis 1963, la durée des études bibliques a été réduite, et le candidat peut maintenant passer
deux années pour études bibliques à Cambine, et après il peut être recommandé pour quatre ans
de théologie. En outre, de 1998 à 2009, le candidat était directement recommandé à l’école de
théologie pour quatre ans et à partir de 2010, les études ont été réduites à trois ans. Comme vous
voyez, la durée des études au séminaire a été progressivement réduite. On peut dire que d'une
part, c'est le résultat de problèmes financiers, et d'autre part, un moyen d'établir un lien avec les
instituts gouvernementaux qui offrent des études de trois ans.
Comme nous l’avons dit, au début ce genre d’études n’était offert qu’aux garçons, mais plus tard
en 1977, deux femmes furent acceptées pour poursuivre leurs études théologiques à Cambine.
Elles finirent leurs études en 1979 et furent affectées en tant que pasteures dans l’église.
Beaucoup de personnes s’émerveillaient de leur accomplissement mais pensaient à tous les défis
que ces femmes auraient à relever dans le ministère pastoral. Dès lors, le ministère des femmes
19 fut introduit dans l’Église Méthodiste Unie au Mozambique et en 2009, les femmes pasteures ont
célébré à la mission de Cambine leurs trente ans de ministère.
En dehors des études théologiques, tous les étudiants s’engageaient également à d’autres
activités dont principalement l’agriculture, l’élevage, et leurs épouses devaient suivre l’étude de
la bible, des activités telles que la couture et ainsi de suite.
Comme nous le savons, deux ans après l’indépendance du pays, proclamée le 25 juin 1975, le
Mozambique a expérimenté une guerre civile qui a duré 16 ans et qui a fini vers la fin de 1992.
En octobre 1986, Cambine a souffert une guérilla incroyable et les gens se sont enfuis, et on a
fermé l’école théologique. Elle a repris en 1994 après l'accord de cessez-le-feu entre RENAMO
et le Gouvernement (Accord Général de Paix). Dans ce processus, le RENAMO était dirigé par
Afonso Macacho Marceta Dlakhama et le Gouvernement FRELIMO était dirigé par Joaquim
Alberto Chissano (Président de la République du Mozambique). Cet accord a permis aux
populations des différentes régions de continuer leurs activités et leurs études. Le Séminaire
Théologique de Cambine n’est pas très loin de cet événement historique.
Le Séminaire Théologique de Cambine a diplômé des centaines de ministres, hommes et
femmes, qui ont fini par travailler dans différentes paroisses de l’Église Méthodiste Unie, et
certains d’entre eux sont même devenus bien connus dans le gouvernement. Actuellement, le
séminaire a 26 étudiants ; quatre mariés et le reste toujours célibataires entre l’âge de 20 à 37
ans. Il y a 9 professeurs, 3 missionnaires venant de l’Allemagne, du Burundi et du Brésil. Le
corps enseignant est un des meilleurs par rapport aux séminaires locaux du pays. Les professeurs
sont titulaires de diplôme d’écoles d’enseignement supérieur renommées. Le Révérend Thomas
Gunther et la Révérende Maisa Gomes de Oliveira sont des missionnaires venant de l’Allemagne
et du Brésil. Tous deux sont titulaires de diplômes et la révérende a suivi des cours accélérés
d’anglais à l’Université d’Afrique. Dioudone est un autre missionnaire originaire du Burundi et
est titulaire d’une licence de la Faculté d’Agriculture, de l’Université d’Afrique au Zimbabwe.
Les autres six enseignants sont Mozambicains et sont diplômés de l’Université d’Afrique, à
l’exception de l’évêque retraité João Somane Machado qui est diplômé de l’Université
Méthodiste de Sao Paulo au Brésil et qui est titulaire d'une maîtrise de l'Université Protestante de
Kinshasa en République Démocratique du Congo. Júlio André Vilanculos, le Doyen du
séminaire, est actuellement un candidat au doctorat de l’Université de Pretoria en Afrique du Sud
(enseignement à distance). Il est titulaire d’une licence et d’une maîtrise de la faculté de
théologie de l’Université d’Afrique au Zimbabwe. Le Rév. Moises Gujamo est titulaire d’une
licence de la faculté de théologie et d'une maîtrise en philosophie de l'Université d'Afrique ; le
Rév. Nito Armando Joaquim, la Rde Iliana Lucite Pereira et M. Filipe Hoguane sont tous
titulaires d'une licence de la faculté de théologie de l’Université d’Afrique.
Puisque que nous discutons le thème de la Perspective Théologique de l’Afrique, la mission du
Séminaire Théologique de Cambine est de former, d'instruire et d’édifier des dirigeants chrétiens
dans le but d’être au service de l’église et de la société. (Par exemple, Leonardo Massango, un
pasteur diplômé de cette École de Théologie et affecté au Nord du Mozambique, a servi en tant
que directeur de la Commission Nationale des Élections dans la province de Cabo Delgado, et
plus tard, il a été appelé à travailler au bureau national où il se trouve jusqu’à présent.) De cette
perspective, les étudiants sont formés à être créatifs, indépendants dans leurs travaux, et décisifs
20 dans leurs réflexions et leurs actions. Ceci transforme les esprits colonisés, développe leur foi
dans un contexte africain, et aide les étudiants à s’atteler à la tâche. Ce séminaire théologique
aide les étudiants ou les pasteurs formés à rechercher la justice, la paix, l’amour et à soulager la
souffrance humaine dans la communauté en les aidant à découvrir et à utiliser certaines
ressources locales en vue de développer des projets et accroître leur revenu. Son objectif est de
garantir l’éducation, la formation des pasteurs locaux (prédicateurs laïcs avec responsabilité
pastorale) et la promotion d’ateliers pour les pasteurs dans le ministère (pasteurs ordonnés). À ce
titre, certains domaines sont développés tels que l’accompagnement pastoral et biblique,
l’histoire et la théologie wesleyenne. Dans le cadre du développement et de l’actualisation de ses
activités, le séminaire établit des partenariats avec d’autres écoles de théologie. En outre, il existe
un projet appelé SOL_AFRICA par lequel le séminaire envoie des conférenciers à la Faculté de
Théologie au Brésil (Université Méthodiste de Sao Paulo, Brésil) pour qu’ils reçoivent une
instruction dans certains domaines. Le séminaire envoie également un conférencier au
Séminaire Théologique Uni de Ricatla (Maputo, Mozambique) pour enseigner le Méthodisme et
la Théologie wesleyenne durant un semestre.
La bibliothèque est bien équipée, disposant d'ouvrages sur la théologie et la philosophie, de
dictionnaires portugais, des livres sur l’histoire, entre autres, mais la plupart de ses œuvres ne
sont pas écrits par des auteurs ou théologiens africains. Un grand nombre de ces livres sont écrits
en portugais mais dans le contexte de l’Amérique latine et dans le contexte allemand, parce
qu’ils ont été traduits en portugais à partir de la langue source allemande, et d’autres sont écrits
par des érudits brésiliens. Beaucoup d'ouvrages en anglais existent également mais ceux-ci sont
principalement utilisés par les professeurs et certains étudiants. Le manque d’écrits de la part de
théologiens africains, qui pourraient offrir la vérité et l'esprit du contexte africain, est un grand
défi à relever. Dans ce séminaire, les professeurs travaillent dur en général, ils lisent des textes
provenant d’un autre contexte, d’une autre culture et d’une autre perspective, et alors, ils doivent
enseigner à l’esprit africain une autre réalité qui est différente de ce qui a été écrit. Ils doivent
contextualiser leur enseignement afin de répondre aux réalités des Africains. Par exemple, il
existe un cours appelé la Théologie africaine, mais il n’existe que quatre ouvrages écrits par des
théologiens africains. Par conséquent, les ouvrages théologiques écrits par des auteurs africains
seraient également bénéfiques aux étudiants et aux conférenciers. La plupart de ces livres sont
obtenus par le biais de dons de la part de certains missionnaires et d’universités, en particulier de
la Faculté de Théologie de Sao Paulo, Brésil, ainsi que d’autres particuliers.
Pour que ce Séminaire fonctionne au mieux, une excellente organisation stratégique,
pédagogique et administrative est mise en place. Celle-ci correspond aux objectifs et à la haute
qualité du programme des études, tout en respectant les principes conçus par le conseil de la
formation supérieure et du ministère ordonné, et en respectant également les réalités particulières
du processus et de l’élaboration de l’enseignement théologique, aux niveaux national et
international.
Dès la première année d’études, les étudiants commencent à travailler sur le terrain où le pasteur
ou aumônier d'une paroisse locale les aide ; la deuxième année, ils travaillent dans d’autres
paroisses au sein des églises méthodistes unies durant les week-ends. Ils assistent les pasteurs à
célébrer les sacrements et les mariages, à offrir des soins pastoraux, et à participer aux projets et
aux réunions de l’église, etc. Cela les aide à connaître, à expérimenter et à s’améliorer en matière
21 de théologie pratique. Ils discutent les problématiques ou défis auxquels ils font face sur le
terrain.
De plus, ce séminaire a la chance d'avoir des professeurs bien équipés et dévoués, formés non
seulement en théologie, mais dont la plupart d’entre eux étaient déjà enseignants dans des écoles
séculaires et les autres continuent à travailler en tant qu’enseignants dans le gouvernement. Un
grand nombre d’entre eux ont été formés à l’Université d’Afrique. Ces professeurs ont participé
et organisé plusieurs ateliers et programmes de formation, et certains d’entre eux se spécialisent
dans certains domaines dans le but de développer des thèmes d'une perspective théologique de
l'Afrique.
En ce qui concerne les partenariats, le Séminaire est membre d’une association d’institutions qui
enseignent la théologie évangélique au Mozambique. De cette façon, l’institution est en train
d’être reconnue par le gouvernement. À ce titre, les enseignants sont appelés à participer à des
débats ou à des ateliers.
Comme toute autre institution en Afrique, le séminaire a plusieurs défis à relever, notamment :
1) En matière de salaires : comme nous l’avons indiqué auparavant, tous les professeurs ont
obtenu leurs diplômes universitaires, mais aucun d’eux ou d’elles ne reçoivent un salaire lié à
leurs qualifications. En outre, les salaires ne sont pas payés à temps, et parfois, les professeurs
ne sont pas payés pendant quatre à six mois. Donc, ces enseignants doivent pratiquer
l’agriculture et l’élevage de volailles tel que l'élevage de poules pour survivre. Néanmoins, les
étudiants reçoivent leurs subsides mensuels de la part de la Conférence Annuelle du Missouri, et
n'ont donc pas trop besoin de soutien financier de la part de leurs familles.
2) En matière de transport : le séminaire est situé à l’intérieur, ce qui veut dire loin de la route
principale. C’est la raison pour laquelle les enseignants et leurs familles ont beaucoup de
difficultés à se procurer le transport nécessaire dans le but de se rendre à la ville pour des achats.
3) En matière d’hébergement : les bâtiments du séminaire et de toute la mission de Cambine sont
de très vieux bâtiments en mauvais état et sont donc pratiquement inhabitables. Les familles
souffrent durant la saison des pluies.
En outre, il existe un autre défi que doit relever le séminaire : il s’agit de la formation des
enseignants. Nous avons trois professeurs titulaires de licence, mais qui désirent continuer leurs
études ; malheureusement, il n’existe aucun fonds ni moyens pour qu’ils puissent le réaliser. Par
conséquent, cela devient un défi pour le séminaire de découvrir des partenaires qui pourraient
aider les enseignants, et même de bons étudiants diplômés, à continuer leurs études.
Toutefois, Cambine ne représente pas uniquement des défis ; de bonnes choses existent
également comme suit :
1) La formation des épouses : un projet existe pour la formation des épouses des professeurs en
résidence et des étudiants dans de différents domaines ayant pour objectif l’autonomie ; en
particulier, elles apprennent à utiliser des machines à coudre et suivent également des études de
la Bible.
22 2) Projet de sensibilisation au SIDA/VIH pour la société : le Séminaire offre un cours qui
s’adresse au SIDA/VIH pour instruire les pasteurs comment vivre et travailler avec des
personnes infectées du SIDA/VIH et avec les personnes qui en souffrent les conséquences. Nous
croyons que ceci contribuera à la réduction du nombre de décès à cause de cette pandémie.
Perspectives : un projet en faveur de l’autonomie - le Séminaire est en train d'élaborer un projet
d'agriculture en envisageant la formation agricole des étudiants théologiques. C'est parce que la
plupart de nos étudiants après avoir terminé leurs études travailleront dans des régions rurales et
dans certains cas, sans salaires. Donc, la connaissance de certaines techniques de production
agricole et d’élevage animal leur sera utile dans la vie, pour qu’ils ne dépendent pas des
contributions financières des laïcs.
En conclusion, les missionnaires ont proclamé et enseigné l'évangile aux Africains, mais l'ont fait
dans leur propre contexte. Ils ont oublié de répondre aux réalités des Africains. Par conséquent,
les Africains eux-mêmes doivent développer une théologie ancrée dans la culture africaine. Nous
devons décoloniser la philosophie occidentale dans nos esprits, et nous devons mettre au premier
plan l’esprit africain. En d’autres mots, nous devons comprendre et interpréter la Bible dans le
contexte africain.
Le mur de pierres jaunes représente la chapelle qui est attachée à l’école de théologie, avec la
capacité d’accueillir 80 à 100 fidèles. L’école comprend quatre salles de classes, le bureau du
doyen, une bibliothèque et le bureau du secrétaire, ainsi que la chapelle.
23 Vue d’un autre côté du Séminaire Théologique de Cambine.
Harvey J. Sindima, Drums of Redemption: an Introduction to African Christianity [Les Tambours de la Rédemption
: une introduction au Christianisme africain] Westport, London: Praeger, 1994, p. 155
Klaus Fiedler, et al, Theology Cooked in an African Pot [Le creuset où s’est forgée la théologie africaine], Zomba:
ATISCA, 1997, p. 45.
Documento de proposta de regulamento interno da Escola Teologica de Cambine na sua pagina 2 (From the official
document of internal rules of the Cambine Theological Seminary.) [Tiré du document officiel des règles internes du
Séminaire Théologique de Cambine, p.2].
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