Revue des Opinions Num 7

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Revue des Opinions Num 7
DICOM
R E V U E
D E S
O P I N I O N S
"Toute opinion est assez forte pour se faire épouser au prix de la vie." Montaigne
N° 7 MERCREDI 27 AVRIL 2011
MAGHREB / MOYEN ORIENT
SOMMAIRE :
LES ÉTATS ARABES DOIVENT ASSUMER LEURS
RESPONSABILITÉS
• Les États arabes doivent assumer
leurs responsabilités
- JEUNE AFRIQUE -
• La mouvance des jeunes arabes
est elle infiltrée par les américains
• La révolution arabe vue par Védrine
• Les symboles de la révolution
arabe sont à la tête des personnalités influentes dans le monde
• Libye, Côte d'Ivoire, le sauveur a
toujours tort
• Sarkozy s'en va-t-en guerre
• Les amis africains de Kadhafi
• Miroir cassé
• Medvedev purge les présidents
du kremlin
• Inde: La révolution n'est pas
pour demain
PATRICK SEALE
L’article traite de l’absence des armées transition pacifique à Tripoli.
arabes dans l’opération en cours contre Par ailleurs estime-t-il, il serait dramatiMouammar Kaddafi qui est regrettable que que la crise bahreïnie soit perçue
et qui pourrait avoir de graves consé- comme une guerre irano-saoudienne
quences à long terme. En effet, elle per- par procuration, affirme l’article. Rien
met au dirigeant libyen de présenter n’apaiserait en effet plus efficacement
cette offensive comme une « croisade les tensions dans le Golfe qu’une tentaoccidentale » destinée à faire main tive sincère de rapprochement entre ces
basse sur le pétrole libyen – un argudeux puissances, de
ment qui pourrait
même qu’entre sunrencontrer un écho Ils doivent agir pour sauver la Libye de nites et chiites,
auprès des tribus ce qui pourrait devenir une guerre explique-t-il – une
qui lui sont restées civile prolongée.
tâche à laquelle les
loyales.
leaders religieux de part et d’autre deIl explique notamment qu’il faut absolu- vraient s’employer dans un indispensament éviter que l’intervention en Libye ble esprit de réconciliation.
n’envenime davantage les relations en- Une action éclairée des dirigeants aratre l’Occident et le monde arabo- bes peut encore épargner à leurs pays
musulman. Pour ce faire, les pays ara- davantage de troubles et la mort d’aubes doivent se convaincre qu’il leur in- tres innocents, puisque ce n’est pas à
combe de prendre une plus grande part des puissances étrangères que le sort
dans la création des conditions d’une de la région doit être confié.
LA MOUVANCE DES JEUNES ARABES EST ELLE INFILTRÉE PAR LES AMÉRICAINS
- MIDDLE EAST ONLINE -
IBRAHIM ALLOUCH
L’article tend à présenter l’opinion des pays ne soutenant
pas les révolutions arabes et considérant celles-ci,
comme étant des manipulations américaines, mettant
notamment en avant la forte implication du Gouvernement américain, au sein des mouvances de jeunes.
Dans ce sens, l’article lie fortement les
mouvements de jeunes aux activités des
réseaux sociaux et au développement des
initiatives américaines en matière d’éducation et de culture. Dans ce sens, l’article
souligne en particulier le rôle très influent
en la matière de la « Middle East Partnership Initiative », mise en place par l’Administration américaine, en direction de ces pays. Cette initiative qui vise selon l’article, à améliorer les relations de
partenariat entre les Etats-Unis et les pays de la région, a
connu un début difficile du fait d’une perception négative
à l’égard des USA. Néanmoins, affirme-t-il, les sommes
colossales investies dans ce projet ont réussi à donner
des résultats positifs. Dans ce sens, l’article
met également en évidence les projets mis en place par
l’administration américaine pour développer les réseaux
sociaux et promouvoir la diplomatie d’Internet, comme un outil fondamental de la politique étrangère américaine.
Pour conclure, l’article explique qu’en réalité les jeunes ont bel et bien profité de ces
initiatives et ont réussi à bouleverser l’ordre
des forces, dans leurs pays et sont devenus
selon sa description, « au service des agendas invisibles ». Toutefois, l’auteur s’interroge sur le prix à
payer, par la suite. En effet explique-t-il, « rien n’est gratuit » , et l’investissement américain en la matière a déjà
donné ses fruits.
AVERTISSEMENT : LES OPINIONS EXPRIMEES N’ENGAGENT EN AUCUN C A S
LA DIRECTION. ELLES REFLETENT LA POSITION DE LEURS AUTEURS.
REVUE DES OPINIONS
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LA RÉVOLUTION ARABE VUE PAR VÉDRINE
- LES ECHOS -
ABOUBACAR YACOUBA BARMA
Pour Hubert Védrine, ce qui s’est passé en Tunisie et «révolution arabe» et particulièrement celle de la
qui doit être considéré comme le coup de sifflet du France par rapport à la situation au Maroc, Hubert
réveil arabe, ne concerne pas uniquement les régions Védrine a déclaré que les pays européens sont actuelarabes, mais touche tous les régimes du monde assis lement «confrontés à un dilemme, qui les fait agir suisur des bases similaires. Mais qu’à cela ne tienne, le vant une logique paternaliste», que le risque «d'une
processus
perplexiMême sur la situation au Maroc, sujet sur lequel l’auditoire semblait entendre un
dans lequel
té
europeu plus, l’ancien diplomate s’est juste contenté de réaffirmer la situation
s’est engagé
péenne» est
«singulière» du royaume, les réformes engagées depuis plusieurs années et surla région est
assez grantout le discours royal du 9 mars dernier qu’il a qualifié de «historique et potentielleà
inscrire
dissant
et
ment prometteur»
«sur quelque
que ces pays
chose de long». C’est pourquoi, il a déclaré qu’il voyait doivent plutôt se mettre à l’écoute «du monde arabe
dans ces manifestations, le signe d’un processus de qui est en train de devenir acteur de son propre desdémocratisation plus qu’un simple «printemps arabe» tin».
qui parait assez réducteur pour saisir la réelle portée Pour l’ancien ministre français, parler «d’exception made ces évènements. Car la démocratie, a-t-il souligné, rocaine» est quelque peu exagéré. D’ailleurs a t-il dé«n’est pas une conversion mais un processus qui claré, tous les pays sont des exceptions ou plus, sont
passe nécessairement par plusieurs étapes». D’après exceptionnels, parce que chaque pays est particulier
Védrine, le processus dans le contexte actuel, porté en vertu de ses spécificités. Cependant comparé aux
notamment par la circulation rapide de l’information et autres pays de la région, le Maroc présente beaucoup
les effets de la contagion, peut connaître une ten- de singularité. Qui plus est, le discours royal du 9 mars
dance accélératrice. Un effet d’entraînement qui dernier, a été porteur d’une «véritable leçon de pédaconcerne aussi bien les dirigeants ou les gouvernants gogie pour les régimes arabes». Le fait que les autorique les peuples de tous les pays. L’heure donc doit tés s’inscrivent dans une logique de réponse aux reêtre plus à l’écoute des revendications exprimées par vendications exprimées par les citoyens, c'est peuttous les citoyens quel que soit le pays. S’agissant de la être cela, l'exception. À défaut d’exception, le Maroc
position des puissances européennes par rapport à la peut, en tout cas, se prévaloir d’avoir servi d’exemple.
LES SYMBOLES DE LA REVOLUTION ARABE SONT À LA TÊTE DES
PERSONNALITES INFLUENTES DANS LE MONDE
- ASHARK AL AWSAT -
L’article commente le
classement récent émis
par le magazine « Times »,
sur les personnalités les
plus influentes dans le
Le cybermilitant égyptien, Waël Ghonim
monde. Dans ce sens,
des personnalités ayant marqué les révolutions arabes
se retrouvent en tête du classement, à l’instar de Waël
Ghonim, le correspondant d’Al Jazeera, Ayman Mohyeddine ou encore le chanteur de rap tunisien, hammad Ben Omar.
A cet égard, au sein du classement de cette année, les
personnalités médiatiques ayant joué un rôle dans les
révolutions arabes se positionnent parmi les premières
places. Il y a en particulier lieu de citer, le bloggeur
égyptien Wael Ghonim qui occupe un poste de direction au sein de la société « Google » et qui a fait un
choix courageux en s’engageant dans la révolution
bien que n’étant pas politisé.
L’article revient également sur la personnalité du journaliste d’Al Jazeeera, Ayman Mohyeddine, qui a réussi
à relater et à montrer clairement au monde les événements en Egypte.
Le chanteur de rap tunisien, hammad Ben Omar, pour
sa part, surnommé « Le Général » pour sa capacité à
mobiliser la rue tunisienne et pour la chanson qui a
conduit à renverser le régime de l’ancien président
tunisien Zine El Abidine Ben Ali.
Enfin, l’article revient sur certaines des personnalités
apparues sur la liste du Times, dont notamment Seif Al
Islam Kadhafi, Hassan Nasrallah ou encore Mouktada
Sadr. Il s’étonne notamment de la présence d’un des
plus dangereux terroristes actuellement, du Président
israélien ainsi que de l’Imam qui a proposé la construction d’une mosquée à proximité de l’emplacement
des tours du World Trade Center.
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REVUE DES OPINIONS
EUROPE
LIBYE, LE CHEMIN VERS LA PAIX
- LE FIGARO -
NICOLAS SARKOZY, DAVID CAMERON, BARAK OBAMA
Avec leurs alliés de l’OTAN et leurs partenaires de la coalition, la France, le Royaume-Uni et les États-Unis ont été
unis au Conseil de sécurité ainsi qu’à la Conférence de
Paris qui a suivi pour construire une coalition large pour
répondre à la crise en Libye. Tout en poursuivant les opérations militaires pour « protéger les populations civiles »,
les pays de la coalition cherchent selon, les trois dirigeants, les moyens de mettre fin à la violence.
Les auteurs rappellent notamment, que lorsque la Libye a
plongé dans le chaos à la suite des attaques du colonel
Kadhafi, la Ligue arabe a exigé des actes et que l’opposition libyenne a appelé à l’aide en se tournant vers la communauté internationale. Dans ce sens, le Conseil de sécurité des Nations unies, a autorisé la communauté internationale à prendre toutes les mesures nécessaires pour
protéger la population libyenne contre les attaques qu’elle
subissait.
Il existe un chemin vers la paix porteur d’un nouvel espoir
pour le peuple libyen, affirment les trois présidents. Un
avenir sans Kadhafi, qui préserve la souveraineté et l’inté-
grité territoriale de la Libye ;
un avenir qui restaure son
économie, ainsi que la prospérité et la sécurité pour son
peuple. Cela doit commencer explique l’article, par une
fin réelle des violences qui
se traduise par des un
retrait des forces de Kadhafi, des villes assiégées,
notamment Ajdabia, Misrata et Zintan, et faire rentrer ses
soldats dans leurs casernes. Tant que Kadhafi sera au
pouvoir, expliquent ils, l’OTAN et les partenaires de la
coalition doivent maintenir leurs opérations afin que la
protection des civils soit maintenue et que la pression sur
le régime s’accroisse. Alors pourra commencer une véritable transition d’un régime dictatorial vers un processus
constitutionnel ouvert à tous avec une nouvelle
génération de dirigeants.
Pour que cette transition aboutisse, les trois dirigeants
expliquent que « Kadhafi doit partir, définitivement ».
SARKOZY S'EN VA-T-EN GUERRE
- L E M O N D E - DANIEL VERNET
Jamais depuis la fin de la guerre d’Algérie en 1962, autant de soldats français n’ont été engagés sur des terrains d’opération extérieurs. De l’Afghanistan à la Côte
d’Ivoire en passant par le Kosovo, on en compte plus
d’une dizaine. Tous ne sont pas de même nature. Dans
les Balkans, il s’agit de surveiller une paix installée depuis la fin des années 1990. En Afghanistan, en Libye ou
en Côte d’Ivoire, au contraire, les forces françaises sont
au feu.
En arrivant au pouvoir, Nicolas Sarkozy a donné l’impression qu’il était réservé sur l’intervention internationale en
Afghanistan. Il n’a manifesté aucun empressement pour
augmenter le contingent français comme le demandait
les Américains quand le président Obama a décidé un
effort supplémentaire, prélude à un possible désengagement. En revanche le Président français s’est montré
beaucoup plus allant en Libye et en Côte d’Ivoire, jusqu’à
prendre l’initiative des opérations contre le colonel Kadhafi. Le virage opéré dans le courant du mois de mars est
d’autant plus spectaculaire que la politique française
semblait marquée précédemment par l’attentisme. La
même prudence était de mise face aux révoltes dans le
monde arabe. «Ni ingérence, ni indifférence», c’était le
mot d’ordre diffusé
par Nicolas Sarkozy,
encore à la fin du
mois de janvier, au
cours de sa conférence de presse. La France n’avait semblé nullement
pressée de voir partir les autocrates tunisien et égyptien.
Ben Ali et Moubarak avaient longtemps été traités
comme les garants de la stabilité dans la région. Ils
avaient été les piliers de l’Union pour la Méditerranée
portée à grands frais sur les fonts baptismaux par Nicolas Sarkozy en 2008. C’était aussi l’époque où le dialogue avec le colonel Kadhafi était toujours recherché.
Néanmoins, la contestation du guide libyen par une partie de son propre peuple a fait basculer Nicolas Sarkozy
de la prudence dans l’interventionnisme. D’autant plus,
que le soutien des Nations Unies était envisageable dans
ces conditions.
Cependant, deux éléments incitent au pessimisme.
D’une part, l’interventionnisme divise les Européens plus
qu’il ne les rapproche. D’autre part, le malentendu perdure avec les Britanniques. Quand la situation devient
sérieuse, ils se tournent vers l’OTAN, pas vers l’Europe.
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AFRIQUE SUB-SAHARIENNE
LES AMIS AFRICAINS DE KADHAFI
-COURRIER INTERNATIONALDu Libéria à Madagascar en passant par l'Afrique du
Sud, le dirigeant libyen a multiplié les investissements
et distribué de l'argent à divers organismes et groupes.
De quoi lui assurer un large soutien populaire et la
connivence de plusieurs dirigeants du continent.
Le Mali, pays désespérément pauvre situé non loin de la Libye, illustre parfaitement les allégeances
que le colonel Kadhafi a su s'assurer un peu partout sur le continent.
Il a puisé dans les vastes réserves
pétrolières libyennes pour distribuer généreusement des milliards
de dollars dans l'Afrique subsaharienne, sans distinction de parti, et a investi dans presque tous
les secteurs - les gouvernements, les groupes rebelles,
les hôtels de luxe, les organisations islamiques, les usines de caoutchouc, les rizières, les mines de diamants,
les supermarchés et les innombrables stations d'essence OiLibya.
Du Libéria à Madagascar en passant par l'Afrique du
Sud, les actifs libyens forment comme un gigantesque
fonds de capital-risque ayant pour but de se faire des
amis et d'asseoir l'influence de Tripoli dans la région la
plus pauvre du monde. Cela explique peut-être pourquoi le colonel Kadhafi a été en mesure de mobiliser
des soldats d'Afrique sub-saharienne pour se battre à
ses côtés en cette heure difficile pour lui - les Libyens
ont parlé de "mercenaires africains" qui auraient tué
des manifestants et l'auraient aidé
à mettre les rebelles en déroute - et
pourquoi tant de dirigeants africains ont à ce point hésité à le dénoncer, alors même que ses forces
massacraient son propre peuple.
Considéré comme excentrique et
imprévisible, le colonel Kadhafi n'a
jamais pu s'imposer comme dirigeant dans le monde arabe. En Afrique sub-saharienne, en revanche,
beaucoup ont été enthousiasmés par son idée de créer
des "États-unis d'Afrique" et apprécient ses tirades antioccidentales. Le gouvernement libyen, soit, en l'essence, le colonel en personne, verse également 15 %
des contributions à l'Union Africaine. Il a même obtenu
que certains chefs africains traditionnels l'appellent le
"Roi des Rois". Au Mali, que ce soit dans la rue ou à la
présidence, le respect qu'il suscite semble presque
unanime.
MIROIR CASSÉ
-JEUNE AFRIQUE -
FRANÇOIS SOUDAN
Comme
tout
Africain en ce
lundi 11 avril,
avec le regard
sans
doute
moins émotif de
celui qui a vécu
des violences
autrement indicibles, Paul Kagamé a vu les images chocs de l’épilogue ivoirien et il a ressenti, dit-il, de la tristesse et un
peu de honte. À Kigali, où le chef de l’État rwandais recevait Jeune Afrique au lendemain de l’arrestation de
Laurent Gbagbo, comme un peu partout ailleurs sur le
continent, l’effet miroir projeté par la déchéance de
l’ancien couple présidentiel a eu quelque chose de répulsif.
Paul Kagamé a capté deux choses que ces images ne
montrent pas. Le metteur en scène invisible tout d’abord : la France, ex-puissance coloniale, qui, vue d’Afrique anglophone, a toutes les allures d’un
marionnettiste. Et l’aveu implicite d’échec pour une organisation, l’UA, incapable de faire appliquer ses propres décisions. « Ce n’est pas un happy end, dit-il, it’s a
waste – un gâchis – et une régression. » L’homme de
fer du pays des Milles Collines, qui n’a jamais nourri de
sympathie particulière pour Laurent Gbagbo, n’a sans
doute pas tort. À condition d’ajouter que le principal
responsable de ce « gâchis » n’est autre que Gbagbo luimême. Un Gbagbo que certains de ses fans auraient
peut-être préféré voir finir en martyr plutôt que de se
rendre, oubliant que son appétit de tout – femmes,
bouffe, pouvoir, argent – se résumait en un formidable
appétit de vivre. Mais qui oserait juger un homme et
une femme qui ne veulent pas mourir,même si cette
image-là aurait peut-être racheté toutes les autres.
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AMERIQUES
MEDVEDEV PURGE LES PRÉSIDENTS DU KREMLIN
- JAPAN TIMES -
SERGEI GURIEV ET ALEH TSYVINSKI
Le Président russe Dimitri Medvedev opère, depuis quelques temps, une purge dans les rangs des présidents et dirigeants de postes sensibles en Russie. A cet égard, il a récemment démis Igor Sechin, l’un des hommes forts et des
plus proches alliés de Vladimir Poutine de son poste de Président de Rosneft, l’une des plus grandes sociétés pétrolières de Russie.
Dans ce sens, l’auteur considère que l’engagement de Medvedev dans des réformes de ce type découle, d’une part,
de sa volonté d’améliorer le climat des investissements en Russie. Mais aussi, d’une probable pré campagne électorale, en vue des prochaines élections présidentielles basée sur les thèmes de la lutte contre la corruption et de la
transparence.
Néanmoins, souligne l’auteur cette approche pourrait conduire le Président actuel à entrer en conflit avec l’actuel Premier Ministre, Vladimir Poutine. Il note également la montée en puissance d’activistes contre la corruption qui se présentent comme des alternatives crédibles au système en place. Dans ce sens, l’article souligne que les russes refusent le maintien du stat quo et du système basé sur la corruption et le clientélisme.
INDE: LA RÉVOLUTION N'EST PAS POUR DEMAIN
- COURRIER INTERNATIONAL -
FRANK CHING
Anna Hazare, ce militant de 73 ans qui s'est mis en grève
de la faim du 5 au 9 avril dernier pour protester contre la
corruption des dirigeants. Erigé au rang de héros, son sacrifice "non violent" lui a valu le surnom de "nouveau
Gandhi". D'autant qu'il a déjà remporté une double victoire. Le gouvernement a en effet décidé le 9 avril d'accepter ses deux principales revendications : l'élaboration
d'une loi anticorruption (la Jan Lokpal Bill) et la création
d'une commission constituée pour moitié de membres de
la société civile et chargée de rédiger ce texte qui devra
être déposé au Parlement avant le 30 juin.
Grâce à une couverture médiatique étourdissante, la mobilisation anticorruption de ce début de mois est vite devenue la "deuxième révolution pour l'Indépendance". Il est
vrai que les trop nombreux scandales financiers qui ont
éclaboussé New Delhi durant toute l'année dernière ont
fortement terni l'image du pouvoir.
"Il est possible de faire respecter la volonté du peuple aux
hommes politiques, comme l'extraordinaire mouvement
initié par Hazare l'a montré, s'enthousiasme le magazine Outlook. La clé de cette réussite réside dans la mobilisation de la classe moyenne, alors qu'une telle bataille
avait toujours été celle des pauvres. Cela a rendu le combat visible auprès des médias."
L'hebdomadaire conservateur India Today a pour sa part
consacré un dossier au militant avec pour couverture : "Le
cancer de la corruption. L'Inde peut-elle se soigner ?" renvoie à une vision plutôt simpliste et rabattue selon laquelle la corruption est une maladie qui contamine de l'extérieur et non un mal entretenu par le système. Choisissant une position plus nuancée, le magazine de gau-
che Tehelka a
titré : "Jan Lokpal
Bill. L'espoir et le
mystère". Il évoque à la fois le
mouvement
d'enthousiasme
qui accompagne
l'écriture de la loi
et les incertitudes qui restent quant à son contenu et à son application.
Quant à l'hebdomadaire Open, il a décidé de prendre clairement parti en choisissant un titre tranché : "Cet homme
n'est pas votre héros".
Le coup d'éclat de Hazare a suscité d'autres analyses.
Dans un excellent article, publié le 9 avril sur le blog indien engagé Kafila, l'écrivain et réalisateur Shuddhabrata
Sengupta condamne l'autoritarisme d'Anna Hazare qui, en
s'attaquant par sa grève de la faim aux représentants
élus, fragilise le système démocratique du pays. La force
de la violence, qu'elle soit infligée aux autres ou à soimême, ou bien élevée au rang de performance, est un
acte de coercition. Et la coercition ne peut jamais nourrir
la démocratie." Gandhi, en son temps, avait utilisé cette
arme contre l'impérialisme britannique au nom, justement, de la démocratie et de la liberté. Hélas, le nouveau
guide n'est pas vraiment le gandhien que l'on croit. Anna
Hazare souhaite que les hommes coupables de corruption
soient punis de la peine de mort, rappelle ainsi le magazine Open. Il a aussi ajouté à la télévision qu'il appréciait
la justice du guerrier marathi Shivaji qui avait l'habitude
de couper les mains des corrompus.