GROUPE DE TRAVAIL FFFOD Politiques de FOAD et
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GROUPE DE TRAVAIL FFFOD Politiques de FOAD et
GROUPE DE TRAVAIL FFFOD Politiques de FOAD et d’innovation en formation professionnelle Rapport de synthèse février 2006 SOMMAIRE Introduction ............................................................................. 2 Des constats et des pistes d’action........................................... 4 1. Rechercher la convergence des initiatives ..................................................... 4 -« Du côté » de l’Etat ....................................................................................... 5 -« Du côté » des Régions .................................................................................. 5 -« Du côté » des partenaires sociaux.................................................................. 6 2. Elaborer une stratégie de communication ................................................... 7 - Un constat : l’absence de visibilité ................................................................... 7 - Comment informer les décideurs au niveau régional et au niveau national ? .................. 8 - Comment impliquer les prescripteurs et les adresseurs ? .................................... 9 - Comment sensibiliser et informer un large public ? ............................................ 9 3. Poursuivre la réflexion sur les dispositifs et l’innovation ...............................10 4. Lever les obstacles réglementaires et juridiques .........................................11 5. Modéliser une ou des approches économiques ............................................12 6. Développer une approche spécifique en direction des PME et TPE .................14 Conclusion .............................................................................. 15 ANNEXE : liste des 54 participants.............................................. 16 FFFOD - ALGORA - Politique d’innovation en formation professionnelle synthèse 1 Introduction A la demande de la DGEFP, le Forum français pour la formation ouverte et à distance (FFFOD), assisté d’ALGORA a convié, pour trois journées de travail entre juillet et novembre 2005, des représentants d’une dizaine de Régions , de directions centrales des ministères de l’Education, de l’Emploi, de l’Agriculture et de l’Industrie ainsi que des représentants des DRTEFP, des partenaires sociaux (syndicats et OPCA), du CNED, du CNPR, du CNERTA et du CNEFAD1. Constatant la redistribution des responsabilités en matière de formation professionnelle entre les trois catégories de décideurs que sont l’Etat, les Régions, et les partenaires sociaux, l’idée était de lancer une réflexion collective sur les politiques soutenant l’innovation en formation professionnelle, notamment la FOAD, dans un souci de convergence et de complémentarité. L’objet de ce groupe de travail était donc d’envisager l’avenir de ces politiques : - en partageant un minimum de représentations sur les enjeux et les pratiques réelles, en attirant l’attention sur les questionnements, intentions et stratégies des acteurs, en imaginant les conditions d’une coordination / complémentarité des politiques à promouvoir sur ce champ. Trois constats généraux sous-tendaient cette idée de réflexion collective. Les règles du jeu nouvelles contraignent à accroître de façon très sensible la convergence entre les initiatives respectives de l’Etat, puis des Régions et, depuis 2004, des partenaires sociaux, sur l’individualisation de la formation, la personnalisation des parcours et le recours aux technologies éducatives. Ce souci de convergence pour la mise en œuvre de nouvelles modalités de formation s’est récemment accéléré avec l’évolution du contexte législatif concernant la loi sur la formation professionnelle tout au long de la vie, la loi relative aux libertés et aux responsabilités locales, enfin la loi de programmation pour la cohésion sociale. Face au risque de segmentation voire d’empilement, la réponse FOAD devient de plus en plus transversale aux préoccupations des acteurs, la lisibilité réciproque de leurs intentions et de leurs interventions devient donc indispensable. Cela conduit nécessairement à développer des réponses aux besoins d’information, de concertation et d’interactions entre les acteurs et les décideurs, afin d’éviter que les initiatives de chacun ne se juxtaposent, que les dispositifs soient conçus à des échelles trop modestes pour être viables et ne se situent en deçà des enjeux nationaux et internationaux. La poursuite de la réflexion sur l’innovation s’impose comme un moteur pour la conception de systèmes plus efficients face à une demande croissante de formation, conséquence d’une évolution rapide des métiers et des changements technologiques. Ce souci d’innovation, qui a conduit au début des années 2000 à une notion générique, la FOAD, regroupant celles plus anciennes de formation ouverte et de technologies 1 Voir en annexe la liste des participants à ces travaux FFFOD - ALGORA - Politique d’innovation en formation professionnelle synthèse 2 éducatives, peine aujourd’hui à sortir de l’expérimentation pour atteindre un seuil de viabilité significatif et durable. Le présent document constitue la synthèse des échanges de ces trois journées de travail. Cette synthèse propose des constats et pistes d’action selon six thématiques : la recherche de complémentarité, la communication, l’innovation, les obstacles juridiques, la dimension économique, l’approche spécifique des TPE PME. FFFOD - ALGORA - Politique d’innovation en formation professionnelle synthèse 3 Des constats et des pistes d’action 1. Rechercher la convergence des initiatives Pour que les acteurs se saisissent des moyens et méthodes susceptibles de répondre à leurs besoins, ils doivent partager un minimum de représentations et de constats sur leurs pratiques, connaître les stratégies de chacun et imaginer les conditions d’une coordination et d’une complémentarité des politiques à promouvoir en matière d’actions innovantes en formation. Or, la complexité de mise en œuvre de la FOAD se heurte aujourd’hui à la difficulté de mise en cohérence des initiatives des Régions, de l’Etat et des partenaires sociaux. La FOAD ré-interroge plusieurs domaines et plusieurs identités, et pas uniquement celles des formateurs. Cette complexité bouscule les organisations et doit obligatoirement aboutir à la mise en commun de compétences et d’initiatives. De nombreuses expériences permettent aujourd’hui de tirer les leçons des erreurs commises naguère. On voit émerger des dispositifs de formation qui, au-delà de la gestion de la distance s’accompagnent de services variés : espaces informatiques de proximité, information et accompagnement des bénéficiaires dans leurs projets de formation. Cela dit, il convient d’être très vigilant, car on constate déjà un empilement des services dans les différents lieux à vocation multimédia. Les espaces publics numériques, par exemple, sont à l’origine des lieux de sensibilisation qui tendent aujourd’hui à offrir des services proches de la formation. Une réflexion est donc nécessaire sur la nature exacte des différents lieux publics d’accès aux technologies de l’information et de la communication et sur la complémentarité des services qui y sont proposés. Pour ce faire, la construction de partenariats inter-réseaux doit donc « sublimer » les systèmes d’intérêts, les cultures d’appartenance, objectiver les concurrences, bref s’inscrire dans une réflexion stratégique où les décideurs au sein des organisations, puissent analyser ce qu’ils ont à gagner… ou à perdre dans ce type d’opération. Au plan institutionnel, les effets structurants des partenariats Etat-Région ne sont plus à démontrer dans les programmes visant le développement local et un meilleur accès à la formation. La prise en compte des modalités nouvelles de formation dans le droit commun et les PRDF notamment devraient consolider dans la durée les dispositifs. L’expérience montre que la FOAD permet d’optimiser les apprentissages de base (comme partie intégrante des enseignements professionnels), qui nécessitent d’un accompagnement personnalisé et modularisé selon le parcours des personnes. Le DIF et la VAE constituent des cadres institutionnels susceptibles, en donnant davantage de sens au parcours des personnes, d’apporter une impulsion dans ce sens, sous réserve toujours, d’une volonté de convergence entre acteurs relevant de différents cadres institutionnels. Cette recherche de complémentarité concerne logiquement l’Etat, les Régions, conjointement avec les partenaires sociaux. Tant la demande sociale (des entreprises comme des individus) que la technologie poussent à l’effacement des frontières traditionnelles, qu’elles soient institutionnelles ou territoriales. Les politiques favorisant l’innovation par la FOAD impliquent donc concertation des initiatives dans des logiques de complémentarité (niveaux territoriaux, domaines ministériels, partenariat public-privé). Le principe de formation tout au long de la vie dépasse la frontière très spécifiquement française de la formation initiale et de la formation continue. Elle dépasse aussi la segmentation traditionnelle entre formation « de base » et « enseignement supérieur ». FFFOD - ALGORA - Politique d’innovation en formation professionnelle synthèse 4 Quelle que soit l’échelle territoriale considérée, la convergence des différentes initiatives visant la formation et l’accès au savoir et à la compétence, pour difficile qu’elle soit, s’avère indispensable. -« Du côté » de l’Etat L’Etat intervient à plusieurs niveaux, par les ministères et leurs services déconcentrés (directions régionales ou académies), par son appareil de formation (GRETA, CFPPA , AFPA, CNED). Que ce soit au sein de l’Education nationale ou de l’Agriculture, l’avantage du réseau national est souligné comme un facteur facilitant la veille et la mutualisation sur l’ensemble des problématiques. L’Etat intervient également à plusieurs titres : financement de programmes, cadre juridique et réglementaire, gestion d’établissements publics, validation des titres et diplômes. L’Etat, même si son rôle a changé, constitue d’évidence un des acteurs de la complémentarité à construire sur cette question de la FOAD, entre ses services et ceux de ses partenaires dans les territoires. Il doit pouvoir encourager les concertations qui permettent d’adapter les règles du jeu, de concevoir en commun les souplesses adaptées au contexte et aux orientations politiques de la Région. Les modes d’entrée et les logiques opérationnelles mises en place d’une région à l’autre s‘avèrent très différentes. L’implication conjointe de la Région et de l’Etat est indispensable à la mobilisation des réseaux de formation régionaux, et à la professionnalisation2 de leurs formateurs, condition nécessaire à la stabilisation d’une offre FOAD significative et rationnelle à l’échelle régionale. En lien avec les régions et les partenaires sociaux, l’Etat a un rôle « d’observateur » à jouer. Il doit favoriser la capitalisation inter-régionale, à partir des expérimentations de terrain, en organisant la coordination entre les régions et l’équilibre entre les partenaires. Il doit enfin soutenir les programmes de formation de formateurs, en veillant à ce qu’ils soient intégrés aux projets des organismes, avec l’apport de technologies adaptées au développement de ces organismes (exemple de FORMAGRI – plate-forme permettant des projets structurants). L’Etat doit, par ailleurs, porter davantage l’innovation, la faire sortir de sa marginalité, à travers une veille technologique et un soutien à la recherche. Cela doit permettre de combler les retards existants dans l’intégration des TIC dans le processus de formation dans son ensemble, de l’information sur la formation à la VAE. A cet égard, la présentation d’un texte « refondateur » très mobilisateur serait extrêmement utile. Dans cet esprit, il s’agit de mieux coordonner les initiatives de ses différents ministères, sensibiliser le SPE et passer une commande ferme à l’AFPA. En tant que garant d’une éthique, l’Etat peut proposer des associations avec des producteurs privés et « labelliser » des outils. L’Etat peut intervenir sur la qualité des prestations et la « sécurisation » des parcours. -« Du côté » des Régions Pour plusieurs régions, le programme FORE, piloté par la DGEFP, a constitué une opportunité, de lancement ou de développement d’une politique régionale de FOAD, appuyée sur un réseau de points d’accès (PAT). En fonction de l’antériorité du programme et des expériences conduites, les situations varient naturellement d’une région à l’autre, y compris dans la réflexion stratégique sur la place de la FOAD dans la 2 La pertinence et le succès de ces professionnalisations sont liés à leur articulation avec des projets existants et à leur contextualisation dans la stratégie de l’organisme de formation (formation-action par opposition à l’offre classique). FFFOD - ALGORA - Politique d’innovation en formation professionnelle synthèse 5 politique régionale de formation. Mais de façon générale, la Région doit formaliser davantage son intervention. Elle doit travailler à l’élaboration d’outils permettant de piloter et de suivre ce type de programmes (création d’un règlement d’intervention définissant objectifs et mesures, par exemple). Au plan économique, les « modèles » visant à faciliter l’accès à la formation, constitués dans certaines régions, ne sont pas encore suffisamment stabilisés et lisibles pour que soient arrêtées définitivement des modalités d’intervention et de financement. Ainsi, le fonctionnement des PAT et la construction des partenariats qu’ils impliquent comportent un certain nombre de « coûts cachés », liés aux services rendus, qu’il convient d’identifier, voire de mesurer si l’on veut assurer leur pérennité. Une réflexion visant la modélisation économique de ces dispositifs s’avère donc indispensable. Mais, du fait de sa difficulté, des spécificités régionales et de la diversité des démarches engagées, elle doit s’opérer nécessairement dans une perspective de coopération interrégionale. Il s’agira alors de trouver un équilibre entre les invariants et les spécificités locales et régionales, et en sachant qu’il n’y a pas de modèle universel. Au sein même d’une région, l’observation des processus (difficultés et avancées dans la mise en œuvre) de la construction des partenariats, dans les différents contextes régionaux, doit permettre d’optimiser les déploiements. Pour cela, il y a clairement besoin d’un lieu de pilotage commun, mais, sauf à de rares exceptions, la mobilisation de ce dernier (le CCREFP en l’occurrence) est loin d’être évident au plan régional aujourd’hui. -« Du côté » des partenaires sociaux Il apparaît important de convenir d’une notion commune de la très petite entreprise (TPE, seuil plafond de trois salariés, par exemple) car les réponses aux questions de fond concernant ce type d’entreprises diffèrent fondamentalement, selon qu’il existe ou non une GRH. Il y a, peut-être, lieu de réviser ou de redéfinir ce qu’on appelle « se former » au sein de la TPE, dans laquelle les modes d’organisation et de production sont fortement « formateurs », et où l’information peut être aussi « in(formation) ». Le DIF constitue très certainement à la fois une opportunité et un élément structurant pour le développement de la FOAD. Applicable à tous, dans la relation formation/emploi, il apparaît comme une réponse à l’appropriation par le salarié de sa formation et au changement dans le rapport avec son employeur. Il incite notamment à s’interroger sur ses diverses modalités de mise en œuvre. A-t-on réfléchi suffisamment, par exemple, à la gestion des différents temps introduits par la réforme ? Celui du hors temps de travail restant quasiment inexploré quant à l’encadrement nouveau qu’il nécessite. Le relatif rajeunissement des dirigeants d’entreprises, la diminution de leurs comportements très individualistes, ainsi que l’importance plus grande accordée à la formation, permettent aujourd’hui de mieux échanger et d’intégrer autrement la TPE comme partenaire pour l’élaboration des formations, dont salariés et dirigeants peuvent bénéficier. Le bilan des actions collectives proposées par les OPCA, en lien avec une demande régionale ou de branche, permet de constater que ces actions constituent un aiguillon pour l’émergence de demandes d’entreprises, prises individuellement. Il n’y a d’ailleurs pas de solutions dans certains secteurs en dehors d’actions collectives. Les Régions doivent en prendre conscience dans leur appui à l’interprofessionnel, qui se distingue fondamentalement des branches quant aux possibilités d’action. Une égalité de traitement, relativement aux difficultés rencontrées est nécessaire. Outre ces actions FFFOD - ALGORA - Politique d’innovation en formation professionnelle synthèse 6 collectives, il faut mettre en place les éléments pour une meilleure vision de la demande des TPE, susciter le dialogue et faire remonter les informations. 2. Elaborer une stratégie de communication - Un constat : l’absence de visibilité Malgré les déclarations de plus en plus nombreuses du monde politique ou du monde de l’entreprise sur la nécessité de faire évoluer nos systèmes de formation et, en dépit des vertus que les professionnels prêtent à la FOAD, les cinq années écoulées montrent que cette dernière n’a pas encore véritablement trouvé son public et convaincu les décideurs de sa valeur ajoutée. Plusieurs raisons expliquent le maintien de la FOAD dans cette relative confidentialité. Faute de pouvoir être déployée de manière significative et pérenne, la FOAD manque de visibilité, et traîne avec elle tantôt une réputation de formation-gadget ou de formation au rabais, tantôt une réputation de formation élitaire qui supprime les bienfaits de la socialisation attribuée au seul « présenciel », quand elle n’est pas considérée comme le fossoyeur du métier de formateur. La FOAD est d’autant moins compréhensible qu’elle est appréhendée différemment selon les réseaux de formation extrêmement hétérogènes. Il en résulte une profusion de termes et de définitions qui nuisent à la lisibilité de l’offre existante, et par conséquent à la prescription de ce type de formation. La FOAD est souvent circonscrite au seul aspect des technologies. Ainsi réduite, elle ne retient pas l’attention de ceux qui sont à la recherche de solutions plus larges visant à traiter un flux diversifié de publics pour lesquels la gestion de la distance n’apparaît pas nécessairement comme une priorité. On la voit donc rarement citée dans les documents de référence (PRDF, CPE/R) ou dans les orientations des instances concernées (CCREFP, COPIRE, CRES). L’individualisation, la flexibilité, les économies d’échelle, etc. qui sont les qualités mises en avant pour caractériser la FOAD, n’entrent pas en résonance avec les orientations politiques décidées en matière d’emploi, d’insertion et de formation, faute de « traductions » et de « passerelles », avec la réflexion de ceux qui en ont la charge, notamment les acteurs directement concernés par la réforme de la formation professionnelle3. La connexion ne s’opère pas entre les objectifs politiques poursuivis et les modalités susceptibles de faciliter leur atteinte. Un des freins à l’implication significative des responsables politiques (Etat, Régions et branches) et à la sensibilisation des prescripteurs dans le déploiement de la FOAD tient à la « mauvaise communication » sur l’existant, sur les opportunités que présentent la FOAD, etc. Pourtant des réalisations existent et méritent d’être mieux connues. Pour rendre plus accessible l’objet complexe FOAD, et apporter des réponses aux questionnements évoqués précédemment, la littérature ne manque pas, mais elle est 3 Voir le rapport du FFFOD sur « Développement et financement de la FOAD dans les PME et TPE » où on montre que les OPCA, notamment, n’ont pas la « culture FOAD » nécessaire, qu’ils considèrent réservée aux grandes entreprises alors qu’ils sont en permanence à la recherche de réponses de proximité personnalisée. FFFOD - ALGORA - Politique d’innovation en formation professionnelle synthèse 7 rédigée le plus souvent par des « experts ». Elle demeure trop « technique » pour réellement concerner les décideurs, et au-delà les publics que l’on souhaiterait toucher. En fait, il ne s’agit pas seulement d’informer, mais surtout de communiquer en direction de différentes catégories d’interlocuteurs, ce qui requiert une réflexion spécifique. Audelà de la définition des cibles et des messages à leur transmettre, il importe également de travailler sur la façon de les adresser. Un certain nombre de préconisations sur les actions à entreprendre auprès de différentes catégories d’acteurs, sont proposées ciaprès. Elles visent à lever les doutes et à rendre plus claires les messages concernant les finalités de la FOAD. - Comment informer les décideurs au niveau régional et au niveau national ? Les déploiements les plus significatifs de FOAD cherchent à résoudre la question de la fracture numérique, et plus largement celle du développement massif de l’accès des citoyens aux NTIC. De nombreux élus régionaux semblent très attentifs à ces préoccupations et ont engagé des actions de grande ampleur, financière et médiatique, à l’exemple des programmes « Visa Internet » en Région Centre4, ou « TIMPASS » en Région Nord-Pas-de-Calais5, pour ne citer qu’eux. Pour convaincre d’autres élus de se lancer dans le développement de nouvelles modalités de formation, il convient de leur donner à voir un certain nombre de choses, de leur faire « toucher » des réalisations concrètes. La tâche en incombe aux équipes techniques régionales, qui vont devoir être suffisamment « militantes » pour œuvrer sans disposer au départ ni de moyens conséquents, ni de ligne directrice. La mobilisation de l’expertise technique régionale doit permettre également de mettre en place un véritable plan de communication, dont la conception ne sera rendue possible qu’avec l’utilisation des supports existants dans les structures ad hoc, comme par exemple les Maisons de la Formation ou les CARIF. L’exemple du Nord-Pas-de-Calais montre l’intérêt du déploiement en réseau d’un dispositif existant, concrétisé par un objet visible : le chèque TIMPASS a été considéré comme le meilleur moyen de communication. Cette approche comprend une dimension économique (« droit de tirage », dont les organismes de formation peuvent se saisir pour déployer une offre en intégrant certaines contraintes (nombre minimal d’apprenants). La prise de conscience des élus s’opère alors par feed-back du dispositif parce qu’il atteint une échelle très significative. De ce point de vue, les élus « de terrain » sont peut-être plus facilement mobilisables, notamment sur les questions de maillage de leur territoire par des espaces multimédia dans lesquels la formation peut être dispensée à côté d’autres services complémentaires. La visibilité et la « lisibilité » passent très certainement aussi par des outils de communication, tels que les espaces web dédiés ouverts par certaines Régions (Centre, Bretagne,…). Tout ceci est susceptible d’enrichir la « culture régionale FOAD ». Le pool technique régional peut, selon le contexte, aménager cet espace en environnement de travail ouvert aux organismes de formation, qui seront invités, comme en Région Centre, à proposer leurs premières offres modulaires « grand public ». Nécessaire au plan régional, cette communication est également nécessaire au niveau national. L’Etat pourrait promouvoir une communication inter-ministérielle et une articulation entre grands opérateurs (CNED-CNEFAD-CNPR). Cela suppose de leur passer de « vraies » commandes (à l’exemple du ministère de l’Agriculture avec le dispositif « Préférence formation ») et le faire savoir au grand public au travers d’une plaquette, d’un numéro vert, etc. 4 5 www.telemaque.regioncentre.fr http://www.x2000.org/timpass.php3 FFFOD - ALGORA - Politique d’innovation en formation professionnelle synthèse 8 - Comment impliquer les prescripteurs et les adresseurs ? Pour atteindre les prescripteurs et ceux qui ont en charge l’adressage des publics vers l’offre, il y a lieu de construire les messages et d’imaginer les supports de communication adaptés. Le rôle des OPCA à cet égard a déjà été évoqué. Il existe, en leur sein, un véritable enjeu « interne », dont administrateurs et techniciens sont susceptibles de se saisir, pour pouvoir répondre aux nouveaux contextes de la demande engendrés par le DIF. Il est également important d’interpeller les différentes instances régionales dans lesquelles se retrouvent l’Etat, la Région et les partenaires sociaux. Concernant ces derniers, les arguments en faveur du déploiement de la FOAD doivent rejoindre leurs préoccupations politiques, et donc les enjeux essentiels de la formation professionnelle au sein des entreprises (à commencer par ceux de l’ANI). Entre les intérêts personnels du salarié et son adaptation au poste de travail, l’enjeu consiste à trouver l’espace pour un projet individuel de formation. Là peut intervenir l’opportunité d’une explicitation de la FOAD et de sa valeur-ajoutée dans une perspective de formation tout au long de la vie. De leur côté, les opérateurs devront montrer une plus grande capacité à communiquer et à passer des accords avec les structures régionales chargées de l’information. On pense notamment aux liens nécessaires avec les CARIF (pour une meilleure information sur l’offre du CNED). Le référencement de la formation FOAD, incluse dans celui de l’ensemble de l'offre, tel que porté potentiellement par les organisations ayant vocation pour le faire (CARIF, INTER-CARIF, Centre Inffo…), constitue un passage obligé de cet effort de communication. - Comment sensibiliser et informer un large public ? Individualiser, c’est gérer la singularité des individus, et donc répondre à cette demande singulière, en la positionnant, et en construisant des parcours adaptés. C’est en ce sens qu’il convient de communiquer, en mettant en évidence l’analyse de la demande, la flexibilité de l’offre susceptible d’y répondre, le lien possible avec la VAE, la diversité possible des parcours en termes de modalités, en fonction de contraintes de l’environnement individuel. Pour ce faire, il faut se donner les moyens d’une concertation permanente qui intègre les besoins, les droits et les disponibilités (personnelles, professionnelles, géographiques, financières, etc.) de chacun. Il s’agit, en quelque sorte, de « remonter d’un cran » et de pointer le « curseur » sur la combinaison des paramètres permettant de construire un grand nombre de projets personnalisés de formation. On voit alors à quel point la communication et l’échange deviennent des facteurs clés de cohérence au service des professionnels entre eux, mais également au service d’un public de plus en plus large d’utilisateurs. Les outils qui vont permettre d’acheminer ces services vers leurs destinataires devront être modulés en fonction du rôle de chacun, alternativement fournisseur et demandeur. Les structures d’AIO savent d’ores et déjà qu’il n’est plus suffisant qu’une information existe, si elle n’est pas acheminée précisément vers ses destinataires. FFFOD - ALGORA - Politique d’innovation en formation professionnelle synthèse 9 L’accompagnement des personnes vers l’information, qui mobilise aujourd’hui beaucoup d’énergie, doit se doubler d’un accompagnement de l’information vers les personnes6. 3. Poursuivre la réflexion sur les dispositifs et l’innovation Le caractère novateur de la FOAD ne se limite pas aux usages des nouveaux outils de communication, usages qui, par ailleurs, affectent l’ensemble des secteurs d’activité de notre société. La contrainte d’innovation touche toutes les dimensions de la formation, pédagogique, organisationnelle, économique ou technologique. La FOAD ne se limite pas non plus au « e.learning », qui ne constitue qu’un très petit marché. Elle comprend, au contraire, un ensemble varié de combinaisons entre différentes modalités. La FOAD, si elle n’était constituée que de la niche du e-learning, n’existerait pas. C’est l’imprégnation progressive des dispositifs classiques qui fait l’ampleur de la FOAD. La question de l’innovation dans la construction de dispositifs FOAD et au-delà de leur déploiement est difficile à aborder de façon opérationnelle. Pour ce faire, sa représentation doit être affinée. Dans la plupart des cas, il ne s’agit pas d’un processus de rupture, mais d’une sorte de continuum où toutes les solutions « d’hybridation » sont possibles en fonction d’un contexte, où les éléments concernant les évolutions en matière d’emploi, les exigences de compétences, et bien sûr l’équilibre économique du dispositif sont naturellement déterminants. De la même façon, la notion même de FOAD doit être analysée dans un cadre plus large que celui d’une action de formation au sens strict. Le positionnement et la validation notamment, doivent y être intégrés. La FOAD est une réponse nécessaire à la diversité grandissante des demandes des publics. Sa mise en oeuvre impacte directement les modèles organisationnels existants et contraint à une redéfinition des rôles. C’est pour cette raison que la FOAD s’inscrit souvent dans un long processus de ré-organisation, alors que les technologies qui lui sont attachées évoluent, elles, dans un temps beaucoup plus court. C’est cette différence de temporalité, qui a notamment provoqué l’onde de choc de la bulle du e-learning, qui pourrait laisser penser que la FOAD subirait le même sort. Les esprits n’évolueront que grâce à des applications visibles, de plus en plus nombreuses, portées par des professionnels sur la base de projets concrets et réels. La professionnalisation des formateurs constitue un levier important d’action, car la FOAD permet de ré-interroger des fondamentaux de l’ingénierie de formation et de l’ingénierie pédagogique : modularisation de l’offre, scénarisation des parcours, usage des ressources multimédias, autoformation accompagnée, à distance ou en centre de ressources, etc. Aboutie, cette ré-interrogation doit permettre l’individualisation des parcours, exigée, d’une façon ou d’une autre, par les cadres que constituent désormais la VAE et le DIF par exemple. La formation des formateurs constitue aussi un vecteur de diffusion de l’information sur la FOAD auprès des dirigeants d’organismes. Elle doit les pousser à faire évoluer leurs organisations vers la modularisation et la mise à distance de leur offre de formation. L’augmentation des savoir-faire des organismes peut (doit) aussi 6 A l’exemple de la Région Bretagne où « …dix-neuf des 21 pays bretons s'engagent dans la mise en place d'un réseau de Maisons de la formation professionnelle, à partir des structures existantes. La Région apportera les aides financières nécessaires pour permettre à ces structures de travailler en réseau afin d'apporter des réponses de qualité aux différents publics accueillis : aides à l'ingénierie de projets, professionnalisation des acteurs, construction d'outils pédagogiques, mise à niveau des équipements. D'autre part, un kit d’information commun sur la formation professionnelle sera mis à disposition du public dans l'ensemble des structures partenaires du réseau » extrait du site www.region-bretagne.fr FFFOD - ALGORA - Politique d’innovation en formation professionnelle synthèse 10 contribuer, par l’optimisation des moyens à l’équilibre économique des nouveaux modèles. Mais cette notion de professionnalisation ne peut se limiter à la simple formation des formateurs, auxquels on ferait porter tout le poids des évolutions nécessaires. Cela risque de stigmatiser la fonction et de dédouaner les dirigeants des structures de leurs responsabilités. La logique de professionnalisation procède avant tout de l’accompagnement du projet des organismes. Il n’y a pas de professionnalisation efficace en dehors d’une logique de projet et donc en dehors d’un cadre stratégique réfléchi. Cela conduit à ré-interroger le rôle des pouvoirs publics dans ce cadre et notamment de celui de l’accompagnement au changement et de la fonction de régulation qu’il exerce directement ou non. Il faut bien constater qu’à l’échelle des décideurs, il n’y a pas, aujourd’hui, de reconnaissance suffisante de la FOAD comme recours possible à l’organisation diversifiée de formations. Peu d’appels d’offres publics y font référence. Les OPCA restent encore très prudents. 4. Lever les obstacles réglementaires et juridiques De manière récurrente, un certain nombre d’acteurs régionaux font état de difficultés liées à l’inadaptation du cadre réglementaire et légal pour le développement de la FOAD. La circulaire de juillet 2001 semble à beaucoup insuffisante pour répondre aux nombreuses questions que se posent ceux chargés d’apprécier l’imputabilité de certaines formations, ou encore leur « traçabilité ». Ces questions sont formulées de façons diverses : peut-on se passer totalement de regrouper des stagiaires ? Est-on obligé de fournir des fiches d’émargement ? Quelle part accorder à l’investissement pédagogique, à la recherche et développement, etc. ? Avant toute chose, il convient certainement de repréciser un certain nombre de notions de manière à être certain qu’elles recouvrent les mêmes choses pour tout le monde. Il faudrait probablement aller plus loin dans la définition de l’action de formation, concernant par exemple la nature de l’accompagnement et les pratiques de contractualisation. Une réflexion en ce sens permettrait d’intégrer les éléments nouveaux introduits par l’ANI, qui risquent de venir se heurter à l’opacité générale sur ces questions. Celle, par exemple, de la formation hors temps de travail, dans le cadre d’un dispositif FOAD, (la situation d’une personne salariée en situation de formation, chez elle, hors temps de travail) doit impérativement être clarifiée. Pour tous, continue à se poser la question du contrôle et de ce qu’on doit mesurer. Les outils à disposition (protocole, forfait, suivi électronique, etc.), ainsi que le rôle alloué au formateur sont déterminants. Chacun reconnaît que la technologie doit se fiabiliser et se simplifier pour mieux intégrer les difficultés et les besoins des utilisateurs et des acheteurs. En matière de traçabilité il faut aller vers plus de « dématérialisation » administrative et développer les certifications électroniques (expérimenter le « tiers certificateur » comme le suggère l’AGEFOS). La constitution d’un groupe de travail sur cette question s’avère nécessaire. Il serait, dans un premier temps, chargé d’investiguer la réalité des problèmes rencontrés et des solutions qui ont pu être trouvées. Cela permettrait notamment de comprendre pourquoi il semble que très peu de problèmes réglementaires remontent aujourd’hui jusqu’à la sous-direction du contrôle de la DGEFP et que paradoxalement, les acteurs sur le terrain font état d’un certain nombre de difficultés très concrètes. Ce travail d’investigation FFFOD - ALGORA - Politique d’innovation en formation professionnelle synthèse 11 pourrait aboutir à la rédaction d’une note technique en relation avec les services concernés à la DGEFP et dans un dialogue soutenu avec les OPCA notamment. Conjointement, un travail de réflexion pourrait être engagé avec différents acteurs, notamment financeurs et prescripteurs, afin de dégager des pistes d’action. Enfin, une période de résolution de problèmes pourrait s’engager avec quelques régions permettant de mettre en œuvre et tester tout ou partie des pistes d’actions proposées. L’examen de pratiques existantes concernant la traçabilité des parcours via des plates-formes régionales (du type Skoden en Bretagne ou Pyramide en Midi-Pyrénées) peut constituer une source intéressante d’information sur les intérêts et limites de ce type d’approche. 5. Modéliser une ou des approches économiques La FOAD constitue une modalité et non une finalité. Cette modalité doit répondre aux nouveaux enjeux et permettre de lever des difficultés et des contraintes, que les modalités classiques de formation n’aplanissent pas. La question du coût est donc à mettre en relation avec ces nouvelles situations, auxquelles la modalité FOAD est susceptible de répondre, et donc avec la valeur ajoutée qu’on en attend. Le contexte qui prévaut désormais contraint à un changement de modèle dans la production de la formation. Dans le modèle classique, le centre de formation réalise toutes les étapes et fonctions liées à la réalisation d’une formation pour un public donné. Dans le nouveau contexte, ceux qui créent les dispositifs ne sont pas nécessairement ceux qui les « distribuent » et les mettent en œuvre. Le changement de modèle dans la construction et l’offre du dispositif implique naturellement d’autres changements au sein des structures : changement du modèle économique, changement dans l’organisation interne et externe, changement dans la fonction de travail du formateur. La mutualisation de moyens en amont constitue une des possibilités permettant à l’offre de se positionner autrement7. Les coûts de ré-ingénierie permettant de répondre à la demande individuelle ne peuvent être supportés par un seul centre (comme le montre l’exemple de la promotion d’une offre mutualisée par le réseau de l’enseignement agricole). Il n’y a pas de mutualisation sans partage des risques financiers, et donc des coûts, ce qui suppose de construire un raisonnement économique dès la phase de construction de cette mutualisation. L’expérience montre du reste que la mutualisation ou le travail coopératif, organisés à l’interne des structures (où le formateur, dans la logique traditionnelle, travaille le plus souvent de façon très isolée), constitue souvent un passage obligé de l’engagement de la même démarche à l’externe. Au-delà de la phase expérimentale, dans la phase de déploiement, la convergence de l’offre vers le partenariat s’avère une condition indispensable, la structure locale ne peut, à elle seule, proposer une offre suffisamment diversifiée et flexible pour répondre à la demande, désormais individualisée. Dans le renversement de la logique de l’offre vers la demande, induit en particulier par l’ANI, les organismes de formation vont devoir répondre à une demande plus large et plus importante, dépassant le champ local (au sens du lieu habituel de l’offre). Or, leur potentiel humain, au plan local précisément, est le plus souvent insuffisant pour proposer 7 Et notamment d’entrer davantage dans une logique de type « industrielle » (dans le process et dans la recherche économies d’échelle), c’est à dire s’organiser au plan de la conception, de la production, de la distribution, construire un modèle économique permettant un amortissement des coûts d’ingénierie préalable de conception des dispositifs, etc… FFFOD - ALGORA - Politique d’innovation en formation professionnelle synthèse 12 un large échantillon de réponses, désormais requis pour faire face à une demande individualisée. Dans cette perspective, il y a lieu d’agir (dans une logique d’accompagnement au changement) en direction des formateurs pour tenter de les éclairer sur l’évolution de leur rôle, en direction des responsables et managers d’organismes, pour les aider dans leurs réflexions stratégique et économique. L’impulsion et la régulation des pouvoirs publics restent déterminantes. Dans certaines régions par exemple, l’impact du programme FORE II a été utile, mais insuffisant pour déclencher un mouvement significatif dans l’approche des offreurs. L’exemple de la démarche engagée par l’enseignement agricole montre que les pouvoirs publics, l’Etat en l’occurrence, peut jouer, via sa commande, un rôle régulateur et d’impulsion parfois déterminant. De même, les engagements consentis par les Régions (Centre, Bretagne, Rhône-Alpes, pour ne citer qu’elles) ont déclenché une modularisation massive de l’offre jusqu’alors disponible. Cette impulsion requiert une vision et une approche globale qui associent les différents acteurs : organismes de formation, prescripteurs, financeurs, structures d’AIO, OPCA, etc. La réforme de la formation professionnelle, quant à elle, a clairement pour objet d’élargir l’éventail du public formé et partant d’accroître le nombre de personnes qui bénéficient de formation. Sur le fond, elle comporte plusieurs interrogations essentielles adressées aux différents acteurs, dans leurs rôles respectifs, qui impacte en particulier l’offre de formation. Pour se traduire dans les faits , ces nouveaux dispositifs doivent démontrer leur intérêt économique (leur valeur ajoutée) pour les acheteurs (les entreprises en particulier). Il convient de construire un argumentaire de vente de la FOAD, indispensable pour convaincre les entreprises, en particulier les PME, que la dimension économique de cet argumentaire (le prix) est déterminante. Il faudra bien sûr s’interroger sur l’inadaptation de certains modes de calcul classiques. La question du prix (et du coût) unitaire, calculé sur une base horaire pose question à différents niveaux : comment intégrer les prestations d’accompagnement indispensables en amont et en aval ? Comment incorporer les coûts d’ingénierie ? Comment gérer les différences individuelles qui conduiront, par exemple, à des durées variables pour des parcours identiques ? Il semble bien que la référence, en terme unitaire, au prix horaire perde très largement son sens. Il faudra donc lui en substituer une autre. FFFOD - ALGORA - Politique d’innovation en formation professionnelle synthèse 13 6. Développer une approche spécifique en direction des PME et TPE En 2000, on estimait déjà que les salariés qui travaillent dans les entreprises de plus de 500 personnes sont trois fois plus formés que ceux des PME de moins de 20 personnes8. Cinq ans après, rien n’a changé, c’est-à-dire qu’il y a une persistance forte du traitement inégal des salariés face à la formation, selon le type d’entreprises dans lesquelles ils travaillent. Quant aux dispositions de la réforme, études et constats récents montrent une forte inertie des entreprises dans la promotion de l'ensemble des dispositifs créés par cette réforme : passeport, entretien professionnel, tutorat, bilan de compétences, VAE, etc. »). Vis-à-vis des entreprises, si l’Etat intervient en amont grâce à l’Engagement de développement de l'emploi et des compétences (EDEC), il doit aller plus loin, en incitant à la diversification des modalités d’organisation des formations. Au lieu de cela, l’Etat reste peu informé, peu associé aux réflexions des branches. La FOAD n’est envisagée que comme une réponse à des demandes très pointues, mais non comme un facteur d’évolution ou d’enrichissement des modalités pédagogiques. Face à ce constat, et relativement à la spécificité des TPE, il faut pouvoir présenter des dispositifs innovants. La flexibilité apportée par l’instrumentation FOAD peut induire chez les chefs d’entreprise et les salariés, une représentation plus favorable de la formation en leur permettant d’exercer un rôle plus important sur le dispositif. L’Etat peut impulser ces évolutions, notamment en s’appuyant sur les capacités d’intervention des OPCA en articulation avec la Région et ses possibilités d’intervention locale. Porter une attention particulière à l’enjeu que représente la formation pour les salariés de TPE (95% des entreprises du pays) suppose d’y consacrer un minimum de moyens et de les mettre en synergie. Le programme FORE/TPE par exemple a proposé une approche sur laquelle il est possible de s’appuyer. Il a montré l’intérêt d’une impulsion, essentielle à la plupart des projets du programme : il a constitué un levier déterminant dans l’engagement des actions, à la fois d’ordre financier et politique (apport d’une légitimité et inscription dans une volonté commune). Les investigations conduites auprès des DRTEFP et des Régions ont montré que les projets de ce type pourraient être employés avec profit dans les dispositifs publics, à la recherche de solutions innovantes face au problème de l’organisation de formations dans le cadre de reconversion, transmission ou création d’activités, par exemple, sous réserve de cibler les actions en maillant les approches territoriales et sectorielles. Au regard des problématiques rencontrées par les entreprises il convient de différencier les modes d’intervention, la réponse formation étant nécessairement multiforme. La « segmentation » semble s’imposer : outils de diagnostic, dispositif co-construit avec les bénéficiaires eux-mêmes, accompagnement au développement de la VAE, etc. Partant d’une approche segmentée et « sur mesure », il faut s’interroger sur le meilleur périmètre d’intervention. Les actions orientées « branches » ou filières doivent intégrer la dimension territoriale. Associer les acteurs du développement économique local et les rapprocher des acteurs professionnels constituent un préalable incontournable. Inversement, la dimension territoriale doit se méfier de trop de contextualisation qui empêcherait une réexploitation, comme cela est souvent le cas. Les « bonnes pratiques » (sensibilisation, diffusion, accompagnement) sont celles qui prennent en compte chaque segment d’entreprise et ses enjeux particuliers, qui trouvent les relais spécifiques ainsi que les leviers d’intervention adaptés à la situation. 8 Source : enquête complémentaire à l’enquête Emploi sur la formation continue, Insee, 2000. FFFOD - ALGORA - Politique d’innovation en formation professionnelle synthèse 14 Conclusion Les échanges au cours des trois rencontres de ce groupe de travail ont permis de partager un certain nombre de représentations sur les enjeux et les opportunités de la FOAD, de clarifier les pratiques réelles, et de souligner quelques points clés conditionnant son développement. Les 6 thèmes successivement présentés dans le document en témoignent. Si la question de la convergence ou de la complémentarité des politiques conduites par les trois grands acteurs (Etat, Région, partenaires sociaux) a pu être abordée, la représentativité du groupe, nécessairement relative, et le fait que ces politiques soient encore largement en construction, n’ont pas permis d’aller au-delà de recommandations relativement générales. Ce travail doit donc être considéré comme une première étape dans une réflexion qui mérite d’être poursuivie et complétée. La nature des discussions, leur résultat, ainsi que le niveau de participation, attestent clairement de l’intérêt de ce type de démarche. L’absence de lieux où puissent être abordées les questions touchant la FOAD et plus largement l’évolution des systèmes de formation et leur adaptation aux enjeux du moment ne facilite pas les choses. La commission FORE, qui permettait un minimum d’échange entre Ministères et représentants des partenaires sociaux a disparu. Par ailleurs, la régionalisation va conduire à un besoin d’échange interrégional croissant. Il importe qu’un ou des lieux permettant ce type d’échange et de veille soient proposés et organisés. Dans le contexte actuel, il relève probablement du rôle de l’Etat d’en prendre et d’en légitimer l’initiative. Les réflexions produites sur les six thématiques restent, on l’a vu, encore incomplètes. Pour progresser, et passer à des propositions plus opérationnelles, il convient de conduire des travaux complémentaires. Ces travaux doivent conserver un caractère de production conjointe, en lien avec les problèmes rencontrés par les différents acteurs sur leurs terrains respectifs (les territoires régionaux et les branches) et donc conserver la logique partenariale adoptée par ce groupe de travail. Sur ce plan l’initiative des acteurs, est déterminante. Ce sont elles qui sont en premier lieu en capacité d’identifier et de qualifier les problèmes ou les questions qui méritent investigations et échanges. Du côté des Régions, qui disposent pour certaines d’une expérience conséquente sur le champ de la FOAD, l’Association des Régions de France pourrait certainement constituer un lieu pertinent de débat et de production. La poursuite de la réflexion engagée suppose donc un changement de cadre qui doit tenter de conjuguer la légitimité de l’initiative, la représentativité des participants et contributeurs, et la capacité à produire des échanges utiles pour l’action. Le FFFOD répond partiellement à ces exigences mais pour aller plus loin si l’on doit rester dans ce cadre qui a fonctionné à ce stade, il conviendrait qu’il soit davantage officialisé dans cette mission d’organisation de la réflexion par l’Etat, les régions (ARF) et les partenaires sociaux ou sinon qu’un autre cadre soit défini de type nouvelle commission FORE élargie aux régions (ARF). FFFOD - ALGORA - Politique d’innovation en formation professionnelle synthèse 15 ANNEXE : liste des 54 participants à tout ou partie des trois journées FFFOD « politiques de FOAD, politiques d’innovation » Elisabeth ALLE Geneviève AIT-ALI Jean-Marie ALMENDROS Jacques ARNAUD Jacques BAHRY Bernard BARTHE Brigitte BOUQUET Marie-Claude BRETHENOUX Patrick CHAUVET Jean CHEVALDONNE Gérard-Michel COCHARD Bruno COGOURDANT France DELAGENIERE Patrick DELMAS Marc DENIS Guy DESAGULIER Vincent DESTIVAL Maryse DUBOIS M. DUPORT Louis ESQUIVA Jean GUILVOUT Philippe JANNIN Hugues JONNIAUX Emmanuel JOURNOT Nadine KEBE Leïla KHELIL Hélène KHOURI Christine LAFONT Yves LAINÉ Pierre LAURENT François LEDOUX Sonia LE LOUARN Michel LEMBERG Michel LISOWSKI Joseph LOSFELD Jean-Robert LOUIS Franc MARCHAIX Martine MERITAN Marie-Laure MEYER Paul MEYER Philippe MORIN Jacques NAYMARK Yves OBRÉ Francis PERREAUDIN Florence POISSON Raymond POURROY Yann POYET Franck PROVOST Christine RIGODANZO Jean-Louis SCHUMACHER Philippe TAILLECOURS Djamel TESKOUK Michel TETART Bénédicte VEILEX - MIFI - DIGITIP DRTEFP Aquitaine DRTEFP Haute-Normandie CFTC FFFOD AFPA CNEFAD DGEFP DRTEFP Limousin DESCO CNERTA Ministère de l’Education CNERTA DGEFP CNPR Conseil Régional des Pays de la Loire Conseil Régional de Bretagne Direction Nationale de l’AFPA Conseil Régional du Limousin Région Rhône Alpes ANFA AFPA CNED Conseil Régional de Rhône Alpes INFFOLOR CARIF Lorraine DGEFP Conseil Régional du Centre Conseil Régional d'Aquitaine Ministère de l'Agriculture - FOPDAC SNEPAT-FO AGEFOS-PME Education - Direction de la Technologie FFFOD DESCO ALGORA C2RP - Lille DGEFP Région Limousin Ministère de l'Agriculture - FOPDAC Conseil Régional d’Ile de France AFPA CNEFAD ALGORA société SAVOIRS INTERACTIFS C2RP - Lille FAFSEA Conseil Régional des Pays de la Loire CNPR Clermont Ferrand SNEPAT-FO Ministère de l'Agriculture - FOPDAC DGEFP DRTEFP Lorraine Centre National de Promotion Rurale CGT - Union Confédérale ALGORA ALGORA FFFOD - ALGORA - Politique d’innovation en formation professionnelle synthèse 16