Article Midi Libre 16/09/2016
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Article Midi Libre 16/09/2016
À Montpellier, la mémoire du 13 novembre , . . Etude 1L'Inserm et le CNRS recherchent des volontaires pour une enquête inédite. Comment se construit la mémoire individuelle et collective des attentats du 13 novembre? Comment évolue-t-elle? Sommes-nous tous porteurs de cette mémoire? L'lnserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et le CNRS (Centre national de la recherche scientifique) lancent une enquête inédite sur la vie après les attentats. L'étude, pilotée par l'historien Denis Peschanski, directeur de recherche au CNRS à l'université de la Sorbonne, et par Francis Eustache, chercheur français en neuropsychologie et en imagerie cérébrale à Caen, a démarré à Caen au mois de mai. Paris a suivi en juin, reste Metz, et bientôt Montpellier, sous la responsabilité d'Isabelle Chaudieu, spécialiste des états de stress post-traumatiques au centre de recherche épidémiologique et clinique en neuropsychiatrie du CHU. L'unité recrute des volontaires (*) : 80 personnes, sur un total d'un millier de participants sur les quatre centres. Ils seront suivis pendant dix ans. Le premier rendez-vous est fixé en octobre, d'autres suivront . en 2018, 2021, et enfin 2026 enfin. J,, Ji miologiste à Montpellier. · Un des enjeux de l'étude consistera à connaître les mécanismes de la résilience, cette capacité exacerbée qu'ont certains individus à surmonter les moments douloureux: témoins directs et rescapés seront suivis au sein de la cohorte "Remember", sur la base d'examens plus approfondis de leur fonctionnement cognitif et d'IRM cérébraux. Avec ceux qui n'ont rien à dire • Catherine Gandubert organise les entretiens. Photo VINCENT LACOUR «La grosse originalité de l'étude est sa dimension pluridisciplinaire, elle mêle des chercheurs de tous lwrizons, dans les sciences humaines et sociales, avec des psyclwlogues, des sociologues, des historiens, des linguistes ... mais aussi des mathématiciens car les témoignages, confidentiels, seront passés au crible de logiciels d'analyse de mots», explique Marie-Laure Ancelin, épidé- Autre inconnue: réagit-on différemment selon qu'on est plus ou moins éloigné de l'événement? Pour tenter de répondre, des «cercles concentriques» ont été constitués, indique Catherine Gandubert, qui organise les entretiens à Montpellier. lei, on cherche des personnes du "quatrième cercle" sans prise directe avec les événements, parallèlement aux trois "cercles" parisiens constitués: les victimes et leurs 'familles, les témoins directs, les secours; les habitants des l()e et 11 e arrondissements; les autres Parisiens. Enfin, quel rôle jouent les médias, organes de presse ou réseaux sociaux, dans la mémoire des événements? Les premiers résultats sont attendus d'ici un an. Les chercheurs sont enthousiastes: «Au-delà de la question scientifique, c'est passionnant et émouvant», confie Marie-Laure Ancelin. «Des études sur les psyclwtraumatismes, on en fait beaucoup. Sur la mémoire collective et individuelle, c'est plus rare», insiste Catherine Gandubert, toujours en attente de candidatures, notamment masculines. Tous types de volontaires, y compris «les personnes qui n'ont rien à dire», «elles nous intéressent particulièrement». Elle n'a pas de doute sur la volonté de chacun de témoigner: «J'ai assis- té à ·ta première vague d'entretiens menée à Caen, la majorité des gens étaient là pour se sentir utiles, parce qu'ils s'étaient sentis impuissants pendant les attentats. » SOPHIE GUIRAUD [email protected] t (*} Contact: [email protected] ou 06 35 37 OO 07. Il est indispensable de laisser ses coordonnées pour être recontacté. Les entretiens sont programmés du 4 au 14 octobre.