1. Un point de départ, les travaux de Rainer Bromme
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1. Un point de départ, les travaux de Rainer Bromme
Feuille de styles pour le texte final destiné aux Actes du 24e colloque de l’Adméé-Europe L’évaluation des compétences en milieu scolaire et en milieu professionnel QUELLES CONNAISSANCES LES ENSEIGNANTS ONT-ILS DE LEURS ELEVES ET COMMENT S’EN SERVENT-ILS? Elise, Farinelle* & Philippe Wanlin** * Université de Liège, [email protected] ** Université de Genève (IUFE), [email protected] (correspondance) Mots-clés : croyances et connaissances, steering group, élèves Résumé. Cette contribution propose une démarche en deux axes afin de décortiquer les constats de Bromme (1989) selon lequel les enseignants utiliseraient un amalgame cognitif d’élèves pour prendre des décisions pendant la planification et l’interaction. Le premier axe sonde la littérature pour identifier les critères pris en compte par les enseignants pour décider. Parmi ces critères nous explorons la place pris par les élèves en termes de jugements et de connaissances des enseignants ou de catégorisation heuristique des éléments relatifs aux élèves. Le deuxième axe correspond à une recherche que nous avons menée en Communauté française de Belgique auprès de 20 enseignants chevronnés du primaire que nous avons interviewés à deux reprises afin d’explorer leur tendance à la catégorisation de leurs élèves, les critères qu’ils utilisent pour ce faire, etc. Après la présentation des résultats, nous discutions quelques implications pour les recherches à venir qui voudraient se pencher sur les croyances et connaissances des enseignants. 1. Un point de départ, les travaux de Rainer Bromme Rainer Bromme propose plusieurs textes dans lesquels il défend la thèse du recours à un élève collectif lorsque l’enseignant planifie et enseigne ses cours (Bromme, 1987, 1989, 2005). Il définit cet élève collectif comme étant une entité mentale qui condense l’information concernant les élèves, une unité cognitive globalisante qui, en quelque sorte, synthétise les contributions individuelles des élèves. Cette « observation », il l’a faite au départ d’observations en classe et de rappels stimulés de 19 enseignants de mathématique professant au niveau secondaire inférieur (âge des élèves entre 11 et 14 ans) et ayant en moyenne 8 ans d’expérience professionnelle. Ses constats indiquent que la récupération d’indices décisionnels renvoyant aux élèves est toujours associée à des tâches ayant une valeur stratégique ou des moments de transition instructionnelle. Il prétend que les éléments relatifs aux apprenants font rarement référence à des élèves individuels mais que les enseignants mentionnent plutôt des groupes d’élèves ou, plus souvent, la classe toute entière pour expliquer leurs choix pédagogiques. D’où sa proposition de la notion d’élève collectif pour expliquer la référenciation aux élèves… Bien que ces constats et la manière dont Bromme y aboutit soient discutables, nous ne présenterons pas dans ce texte une analyse critique de ses travaux.1 Nous nous contenterons de questionner la notion d’élève collectif en ce sens où elle renvoie à deux idées : (1) les enseignants se réfèrent aux élèves pour décider et, (2) les indices décisionnels renvoyant aux élèves sont amalgamés, collectivisés. 1 Le lecteur intéressé par cette critique se réfèrera à Wanlin (soumis). Il y trouvera également un relevé synthétique de différentes recherches qui se sont penchées sur les croyances et connaissances que les enseignants possèdent sur le(ur)s élèves. 1 Feuille de styles pour le texte final destiné aux Actes du 24e colloque de l’Adméé-Europe L’évaluation des compétences en milieu scolaire et en milieu professionnel Notre texte, qui est un résumé du mémoire de Master d’Elise Farinelle (2011), sera donc organisé selon ces deux idées que nous développerons à la fois dans une partie théorique et une partie empirique. 2. Partie Théorique : Que dit la recherche sur les connaissances et croyances que les enseignants possèdent sur le(ur)s élèves ? 2.1 Contenu des croyances et connaissances relatives aux élèves Bien que Turner, Christensen et Meyer (2009) estiment que les recherches sur le contenu des croyances des enseignants concernant les élèves soient peu fréquentes, nous avons pu identifier, hormis les recherches de Bromme, une série de recherches qui se sont penchées sur le sujet. Dans ce texte nous ne présentons que quelques unes de ces recherches, celles qui correspondent le plus à notre propos. Calderhead (1983) a récolté des données auprès de 12 enseignants en fonction (6 enseignants chevronnés et 6 enseignants novices dans leur première année professionnelle) et 6 futurs enseignants via diverses techniques dont notamment des interviews et des rappels stimulés. Ses résultats indiquent que les enseignants possèdent des types d’informations sur les élèves qualitativement différents. Certains types d’informations semblent plus utiles que d’autres selon les contextes bien que souvent, plusieurs types d’informations soient combinés pour le pilotage de la classe. Il propose une classification des informations relatives aux élèves en quatre catégories : les connaissances sur les enfants en général (backgrounds familiaux des élèves de l’école, types d’expériences avant l’entrée à l’école, activités extrascolaires, expériences dans la carrière scolaire, etc.) souvent utiles avant la rencontre effective avec les élèves de la classe (nombre probable d’élèves en difficulté, types d’attitudes, problèmes de discipline probables, etc.), les connaissances générales concernant des élèves particuliers (compétence générale, comportement en classe et capacités relationnelles) utiles pour regrouper les élèves, pour isoler les indisciplinés et pour interpréter le processus d’enseignement-apprentissage, les connaissances spécifiques sur les élèves (caractéristiques particulières des élèves pris individuellement et qui les distinguent des autres élèves ; certains élèves sont connus bien plus en détail que d’autres), les connaissances renvoyant à des routines de remédiation et de diagnostic spécifiques pour des domaines particuliers de la matière (savoir sur les difficultés précises que les élèves en général pourraient rencontrer dans des leçons particulières, mais non associées à des élèves spécifiques, ainsi qu’un répertoire de pratiques pour y remédier)2. La comparaison selon l’ancienneté des sujets montre, selon Calderhead (1983), que les débutants commencent avec peu de connaissances appartenant à ces quatre catégories et que les connaissances générales concernant des élèves particuliers sont celles qu’ils engrangent le plus rapidement. L’équipe gravitant autour de David Berliner a produit plusieurs textes qui décrivent la manière dont des enseignants secondaires plus ou moins expérimentés se représentent notamment les élèves (Berliner, 1987; Carter, Cushing, Sabers, Stein, & Berliner, 1988; Carter, Sabers, Cushing, Pinnegar, & Berliner, 1987). Ces textes présentent les résultats obtenus à partir de 9 enseignants chevronnés reconnus (experts), 6 enseignants en formation estimés excellents ou enseignants débutants en première année d’insertion professionnelle (novices) et 6 sujets n’ayant pas 2 Si les trois premières catégories renvoient à des connaissances pédagogiques générales selon la typologie de Borko et Putnam (1996), la dernière catégorie appartiendrait plutôt aux connaissances pédagogiques de contenu (cf. Crahay, Wanlin, Issaieva, & Laduron, 2010). 2 Feuille de styles pour le texte final destiné aux Actes du 24e colloque de l’Adméé-Europe L’évaluation des compétences en milieu scolaire et en milieu professionnel d’expérience formelle en enseignement mais désirant devenir professeur (candidats). Tous ces groupes ont effectué diverses tâches dont une activité de planification qui a été complétée par des interviews et des rappels stimulés post-planification3. Les chercheurs aboutissent aux résultats suivants : les experts, qui veulent surtout assumer la responsabilité de l’enseignement au groupe classe, accordent bien moins d’importance à des informations spécifiques concernant chaque élève que ne le font les autres groupes d’enseignants. Pour eux, ce sont surtout les paramètres généraux du groupe classe qui importent. Les experts sont plus sélectifs et retiennent moins de détails sur les élèves que les sujets les moins expérimentés. les experts présentent des traits caractéristiques forts communs dans leur manière de traiter les informations de la classe et démontrent une meilleure mémorisation des informations pertinente pour la tâche qui leur est assignée. Les novices ont des capacités égales ou meilleures pour la rétention cognitive de détails qui ne sont pas considérés pertinents par les experts pour la réalisation de la tâche assignée. les experts rassemblent les informations des élèves particuliers en une représentation collective du groupe classe. Cet amalgame semble être comparé à une entité de leur répertoire cognitif étant donné qu’ils le considèrent comme étant « normal ». Les candidats s’intéressent à des éléments spécifiques concernant chaque élève pour les cataloguer en quelques catégories. Les experts comme les novices ou les candidats possèdent des représentations des élèves organisées en plusieurs catégories. Néanmoins, pour les experts, les profils d’élèves portent non seulement sur les apprenants mais englobent également d’autres éléments faisant partie de la multidimensionnalité de la classe. Kagan et Tippins (1991) présentent un relevé des manières dont 12 futurs enseignants primaires (n=5) et secondaires (n=7) décrivent leurs élèves. Qu’ils se préparent au niveau secondaire ou primaire, les futurs enseignants mentionnent des critères renvoyant aux résultats scolaires et aux comportements disciplinaires en classe pour peindre le portrait des élèves. Toutefois, les enseignants qui se destinent à l’enseignement primaire ont une connaissance plus intime, personnelle, teintée d’affectivité et des raisonnements plus psychologisants que leurs camarades qui veulent entrer dans l’enseignement secondaire. Mayer et Marland (1997) présentent un relevé, réalisé à partir d’interviews, des connaissances que 5 enseignants primaires chevronnés reconnus comme étant efficaces détiennent de leurs élèves. Dans l’ensemble, ils montrent que leurs enseignants ont des connaissances sur leurs élèves concernant leur scolarité passée, leurs intérêts, leurs compétences ou habiletés, leurs personnalités, leurs habitudes et attitudes de travail, leurs comportements dans la cours de récréation, leurs backgrounds familiaux et le types de relations qu’ils développent avec leurs pairs. Ils remarquent que les enseignants ont des connaissances à la fois des élèves pris individuellement mais aussi au sein de groupes et de la classe tout en développant des connaissances des différents regroupements d’élèves et de la classe prise en globalité. Ils identifient une sorte de processus de comparaison des élèves entre eux, par rapport à des groupes ou à la classe à l’origine de la dynamique cognitive des enseignants concernant les ou leurs apprenants. Hofer (1981) a proposé à 15 enseignants d’allemand du secondaire inférieur de juger tous les élèves de leurs classes en fonction de caractéristiques opposées sur des échelles à 7 points. Cette procédure a permis à Hofer de mettre en exergue, par une analyse en clusters, une subdivision des élèves en cinq types. Il distingue deux groupes de bons et deux groupes de mauvais élèves ainsi qu’un groupe d’élèves moyens. Afin de vérifier si la même typologie se retrouve pareillement dans d’autres niveaux scolaires, Hofer a utilisé le même procédé auprès de 5 enseignants de deuxième primaire. En gros, il obtient des résultats similaires. Wanlin (2007a), ayant utilisé le questionnaire de Hofer, aboutit, quant à lui, auprès d’une enseignante de première primaire, à quatre groupes 3 Brown-Clarridge et Berliner (1991) obtiennent, avec le même groupe d’enseignants, via une tâche d’enseignement à des élèves acteurs suivie d’un rappel stimulé post-instruction, à des résultats remarquablement similaires. 3 Feuille de styles pour le texte final destiné aux Actes du 24e colloque de l’Adméé-Europe L’évaluation des compétences en milieu scolaire et en milieu professionnel d’élèves allant des très bons lecteurs très favorablement évalués sur les autres variables, aux lecteurs moyens plutôt perçus négativement. Avec une version abrégée de ce questionnaire, il aboutit, avec Crahay, à deux groupes d’élèves (Wanlin & Crahay, 2011). Höstermann, Krolak-Schwerdt et Fischbach (2010) ont utilisé des descriptifs d’élèves rédigés par 82 futurs enseignants primaires. D’après leurs analyses, les futurs enseignants disposeraient de 10 types d’élèves. Alors que les auteurs pensaient découvrir que les futurs enseignants disposaient de moins de types d’élèves que les enseignants chevronnés (ils se référaient aux 5 profils mis en exergue par Hofer en 1981), ils s’étonnent que les futurs enseignants disposent d’un set différencié de stéréotypes d’élèves aussi large et fourni. 2.2 Dynamique décisionnelle des enseignants et place des indices renvoyant aux élèves De ce qui précède, nous retiendrons essentiellement que l’on pourrait postuler une sorte de continuum permettant de décrire les connaissances de nature qualitativement différente que les enseignants possèdent sur le(ur)s élèves. Ainsi, que ce soient les recherches de Calderhead, de l’équipe de Berliner ou de Mayer et Marland, toutes proposent une espèce de taxonomie des connaissances sur les élèves allant de connaissances générales en quelque sorte abstraites à des connaissances spécifiques portant davantage sur chaque élève pris individuellement. Il semblerait qu’à l’intérieur de ce continuum, les enseignants possèdent différentes catégories d’élèves tout comme l’indiquent les résultats de Mayer et Marland, de Hofer, de Wanlin avec ou sans Crahay, de Hösterman et consorts et de l’équipe de Berliner. Par ailleurs, que l’on prenne les publications de Bromme, de Calderhead ou de l’équipe de Berliner, toutes aboutissent au constat que les enseignants ignorent pour ainsi dire, durant l’interaction « de croisière » en classe, les informations individuelles sur les élèves pour leur préférer des rassemblements plus globaux. Ainsi, pour Calderhead, les enseignants combinent plusieurs niveaux de connaissances sur les élèves pour piloter la classe et, l’équipe de Berliner suggère quant à elle que les enseignants sélectionnent les éléments particuliers les plus importants en information collective en ignorant les détails individuels périphériques. Parmi ces critères importants, les recherches de Kagan et Tippins, de Calderhead, de Hofer et des contributions autour de Berliner et Wanlin indiquent que les enseignements considèrent essentiellement les résultats scolaires, les comportements en classe et la motivation des élèves lorsqu’ils pilotent leur enseignement (planification y comprise). Wanlin (2009a), pour la pensée lors de la planification, ainsi que Wanlin et Crahay (2012), pour la pensée pendant l’interaction en classe, listent une série de recherches indiquant que les apprenants sont l’un des facteurs, probablement le plus important, que les enseignants considèrent lorsqu’ils prennent des décisions. Par exemple, ils se réfèrent aux élèves lorsqu’ils doivent choisir s’il faut s’adapter au niveau de compréhension ou de participation des élèves de la classe ou s’il faut progresser vers la couverture du programme. L’adaptation ou la progression intègrent la décision inévitable d’équilibrer l’enseignement à la fois en faveur des apprenants les plus avancés ou de ceux qui sont en difficulté. A nouveau, la recherche a proposé, par l’intermédiaire de chercheurs suédois (Dahllöf, 1967, 1971; Dahllöf & Lundgren, 1970; Lundgren, 1972, 1977), que les enseignants se réfèrent à un ensemble d’élèves, le steering group, pour fonder leurs décisions associées au pilotage de la classe. Barr (1974, 1975), Barr et Dreeben (1977), Wanlin (2009b, 2009c) de même que Wanlin (2007a) aboutissent également à la conclusion que les enseignants opèrent des regroupements d’élèves sur la base de leurs jugements ou d’impressions informelles et, dans la foulée, ont recours à un steering group dans la gestion des activités d’enseignement. Toutefois, les résultats de Wanlin et Crahay (2011) indiquent que les liens entre les connaissances ou les perceptions que les enseignants ont de leurs élèves et les comportements interactifs ne sont pas aussi directs que l’on pourrait le penser. 4 Feuille de styles pour le texte final destiné aux Actes du 24e colloque de l’Adméé-Europe L’évaluation des compétences en milieu scolaire et en milieu professionnel 2.3 Hypothèses théoriques sur la manière dont les croyances sur les élèves sont structurées D’après la littérature, nous pouvons raisonnablement supposer que les enseignants recourent au moins partiellement à leurs connaissances et perceptions des élèves pour piloter leur enseignement. Il est également fort probable que les enseignants procèdent à des regroupements mentaux (peut-être dépersonnalisés) des élèves pour fonder leurs réflexions planificatrices et interactives. Cela serait conforme notamment aux théories relatives aux heuristiques (Shah & Oppenheimer, 2008). Selon ces théories adoptant un principe de réduction de l’effort cognitif, les individus, face à des situations spécifiques, examineraient un nombre réduit d’indices et diminueraient leur complexité en ne considérant que ceux qui ont une valeur particulière selon un système de simplification par pondération, d’intégration d’un nombre restreint d’information et d’examen d’une quantité limitée d’alternatives. Ceci nous amène directement à la manière dont les informations sur les élèves sont structurées et au principe sous-jacent à la récupération de ces indices renvoyant aux apprenants. La littérature propose plusieurs théories traitant de la structure interne des connaissances (Hofer, 1986; Kleiber, 1990). Sans vouloir prétendre à l’exhaustivité, nous proposons de synthétiser trois de ces théories : Pour la théorie des conditions nécessaires et suffisantes, les éléments d’une catégorie sont regroupés en un ensemble ayant en tous points les mêmes caractéristiques et dont tous les membres sont représentatifs, Pour les théories des prototypes (Rosch, 1973, 1975) ou des exemplaires, il s’agit de regroupements centroïdes d’éléments selon leur proximité avec des critères précis, à noter que ce « centroïde » pourrait, dans le premier cas, être une moyenne « virtuelle » ou, dans les deux cas, être représenté par un membre de la catégorie considéré comme son meilleur exemplaire (Hofer, 1986), Pour la théorie de l’air de famille, il s’agit de regroupements d’éléments qui se ressemblent à partir de critères moins nombreux et non exclusifs, c’est-à-dire que les éléments pourraient être rassemblés s’ils ont au moins un critère qui permet de considérer qu’ils appartiennent à la même famille catégorielle. Chacune de ces théories a une idée précise de la manière dont le processus de récupération des indices d’appartenance catégorielle pourrait fonctionner. La base du modus operandi des êtres humains et, par extension, des enseignants, se déroulerait selon des processus comparatifs des indices avec les catégories ou leurs représentants : Pour la théorie des conditions nécessaires et suffisantes, l’indice ou la série d’indices devrait en tous points coïncider avec les critères définissant la catégorie pour y appartenir, Pour la théorie prototypique, l’indice appartiendrait de manière plus ou moins intense à la catégorie représentée par son centre de gravité ou son centroïde (virtuel ou non) adoptant, de ce fait, un processus de récupération par proximité, Pour la théorie de l’exemplaire, le vécu appartiendrait plus ou moins fortement à la catégorie, selon sa proximité au membre de la catégorie qui en est le meilleur représentant intégrant, de ce fait, une dynamique de récupération par ressemblance à l’exemplaire, Pour la théorie de l’air de famille, le vécu peut être intégré à la catégorie s’il a de près ou de loin au moins un point commun avec un de ses membres. Il résulte de ce qui précède que la thèse de Bromme pourrait être conservée : il est probable que les enseignants se basent sur les élèves pour piloter l’enseignement et qu’ils se réfèrent aux apprenants en globalisant les informations les concernant. Néanmoins, Bromme, qui semble généraliser ce processus à tous les enseignants et à quasiment toutes les situations, n’envisage pas une possibilité de variabilité dans le recours à cette heuristique et ne s’intéresse pas à la structure interne de son « élève collectif ». Nous tentons, dans ce papier, d’explorer ces éléments. 5 Feuille de styles pour le texte final destiné aux Actes du 24e colloque de l’Adméé-Europe L’évaluation des compétences en milieu scolaire et en milieu professionnel 3. Partie empirique : Interviews de vingt enseignants belges francophones 3.1 Participant, méthodologie, etc. Notre échantillon est composé de 20 instituteurs primaires (dont 5 sont de sexe masculin) ayant entre 5 et 33 ans d’expérience professionnelle (en moyenne 19,5 ans). La moitié d’entre eux enseigne dans le premier degré du primaire (âge des élèves entre 6 et 8 ans), un quart enseigne au degré moyen (âge des élèves entre 8 et 10 ans) et l’autre quart au degré supérieur (âge des élèves entre 10 et 12 ans). Leurs classes contiennent entre 8 et 28 élèves. Les enseignants ont tous participé à deux interviews semi-dirigés durant lesquels ils étaient amenés à décrire les élèves de manière générale et de manière spécifique pour quelques élèves présentant, d’après les enseignants, des profils de difficulté scolaires différents. Par ailleurs, ils étaient invités à procéder à une tâche de classification de leurs élèves au sein de quatre catégories (très bons élèves, bons élèves, élèves en difficulté, élèves en très grande difficulté).4 Toutes les interviews ont été transcrites et ont fait l’objet d’une analyse de contenu (Wanlin, 2007b). 3.2 Résultats Nous présenterons nos résultats en deux points. Le premier point tente d’examiner si les enseignants se réfèrent aux élèves pour décider. Le deuxième point essaye d’analyser si les indices décisionnels renvoyant aux élèves sont amalgamés et, le cas échant, la structure de cette collectivisation. Ce dernier point permet aussi de se pencher sur la potentielle existence de catégories d’élèves. 3.2.1 Les élèves sont-ils une référence pour piloter l’enseignement ? Nous avons demandé aux enseignants quels éléments leur permettaient de juger de la qualité de leurs leçons, de leurs enseignements, avant de le donner, pendant qu’ils le donnent et après l’avoir donné. Comme l’indique le tableau 1, les critères mentionnés par les enseignants pour évaluer leur enseignement ont été classifiés en trois catégories : ceux qui renvoient à l’enseignant (ses croyances, ses habitudes, ses besoins, …), ceux qui renvoient aux apprenants (la compréhension, les résultats scolaires, la participation, …) et, ceux qui renvoient à d’autres éléments (le programme, le temps d’instruction, …). La première observation que l’on peut faire grâce à ce tableau est que les enseignants utilisent des catégories de critères identiques pour juger de la qualité bonne ou mauvaise des leçons que ce soit en mathématiques ou en lecture/écriture. La deuxième observation est les catégories de critères sont quelque peu différents en fonction du moment auquel l’enseignant est amené à juger de la qualité d’une leçon. Lors de la planification, ce sont essentiellement à des éléments n’appartenant pas à la dyade enseignant-élève que les enseignants se réfèrent, ils mentionnent plutôt le programme. Durant l’interaction en classe et après celle-ci, les enseignants disent se baser sur les élèves. Lorsqu’ils mentionnent des indices renvoyant aux élèves, les enseignants font notamment référence à la compréhension en termes de réussite des tâches et à la participation active en termes d’intervention durant les exercices. Le tableau 2 présente le nombre d’enseignants qui disent se référer aux élèves d’un niveau donné selon les différents moments pédagogiques. Lorsqu’ils planifient leurs cours, les enseignants se réfèrent majoritairement aux élèves moyens (6 enseignants) voir aux bons élèves (4 enseignants). Un seul enseignant mentionne les élèves en difficultés comme référence pour la préparation des leçons. Cette tendance s’inverse pour les moments durant lesquels les élèves sont confrontés à des exercices individuels. La majorité des enseignants (13) rapportent se référer aux élèves faibles et un seul aux élèves forts. Pour les moments collectifs, on retrouve que 6 enseignants se basent sur 4 A noter que les enseignants étaient aussi invités à décrire ce que ces étiquettes catégorielles signifiaient pour eux ; quels caractéristiques permettaient selon eux de définir ces ensembles catégoriels. 6 Feuille de styles pour le texte final destiné aux Actes du 24e colloque de l’Adméé-Europe L’évaluation des compétences en milieu scolaire et en milieu professionnel les élèves en difficultés, 6 autres instituteurs se réfèrent à tous les élèves de la classe et, 6 enseignants considèrent plutôt les élèves moyens ou forts. Tableau 1 : Critères de qualité des leçons en mathématique et en lecture/écriture (nombre d’enseignants) Qualité de la leçon Lecture/écriture Bonne Mauvaise Mathématiques Bonne Mauvaise Critères Avant Pendant Après Relatif à l’enseignant 5 0 1 Relatif aux élèves 5 14 14 Autres 9 1 4 Relatif à l’enseignant 1 2 0 Relatif aux élèves 1 9 10 Autres 8 4 1 Relatif à l’enseignant 2 4 0 Relatif aux élèves 4 17 9 Autres 9 2 0 Relatif à l’enseignant 1 2 1 Relatif aux élèves 2 10 8 Autres 7 2 0 A noter que pour les enseignants, être un bon ou mauvais élève est une affaire d’attitude en classe et de performance. Ainsi, les élèves considérés comme bons sont décrits comme étant motivés, combatifs face à la difficulté, se dépassent, font des efforts… et, les élèves en difficulté ne correspondent pas à ce profil, toutes les variables sont décrites négativement. Autres Moyenne de classe Tous les élèves Bons élèves Élèves en difficulté Tableau 2 : Niveau des élèves qui servent de référence pour le pilotage de l’enseignement selon le moment pédagogique (nombre d’enseignants) Planification 1 4 6 6 3 Exercice 13 1 5 0 1 Moments collectifs 6 4 6 2 2 De ce qui précède nous pourrions raisonnablement maintenir que les enseignants utilisent les informations provenant de leur observation des élèves pour juger de la qualité de leur enseignement et pour piloter la classe. Il semblerait aussi que le recours à un steering group ne soit pas exclu. Toutefois, contrairement à ce que l’on trouve dans la littérature, ce recours ne serait pas une fois pour toutes polarisé. Les propos de nos enseignants semblent plutôt indiquer que le niveau 7 Feuille de styles pour le texte final destiné aux Actes du 24e colloque de l’Adméé-Europe L’évaluation des compétences en milieu scolaire et en milieu professionnel des élèves considéré pourrait varier en fonction du moment d’enseignement ou de la situation pédagogique. 3.2.2 Les informations sur les élèves sont-elles regroupées selon une structure particulière ? Lors de l’interview, nous avons posé aux enseignants une question allant dans ce sens : Certains enseignants m’ont dit qu’ils ne se basaient pas sur les élèves de leur classe pour décider mais qu’au fur et à mesure des années d’enseignement, ils se créaient une image de l’élève « normal », représentatif de l’année scolaire dans laquelle ils interviennent. Ce serait, d’après eux, à cet élève qu’ils se référaient. Qu’en pensez-vous ? Cette question, qui interrogeait l’existence d’un case knowledge renvoyant à un élève prototypique, obtient des réponses différentes de la part des enseignants. Elles sont représentées dans les colonnes du tableau 3. Pour 8 d’entre eux, la constitution d’un élève typique est improbable car les élèves changent tous les ans et ils estiment qu’il faut individualiser. Trois enseignants estiment, si un prototype d’élève existe, que celui-ci est utile pour définir une ligne directrice à son enseignement correspondant en quelque sort à une planification mentale du processus d’enseignement-apprentissage. Pour trois autres enseignants, un prototype d’élève est utile pour le fonctionnement adaptatif en classe et correspond au moins partiellement à des connaissances pédagogiques de la matière à enseigner puisqu’ils renvoient à des zones de difficultés associées à certains contenus. Selon 5 autres enseignants le prototype d’élève correspond à l’entièreté des élèves de la classe et reflèterait une sorte de parcours d’apprentissage idéal à l’intérieur de l’année scolaire auquel comparer chaque apprenant. Base Elève Individualisation fonctionnelle collectif ou d’adaptation avec renouvellement Ligne au et du adaptation Manque annuel directrice contenu individuelle d’expérience Comparaison entre les élèves Comparaison aux critères donnés pour chaque catégorie En fonction des résultats Représentation de chaque élève en classe Autres En fonction des résultats et de la représentation des élèves en classe En fonction des résultats et du degré d’assistance Total Tableau 3 : Types de catégorisation selon la position à l’affirmation concernant le prototype (nombre d’enseignants) 0 0 1 0 0 1 3 0 0 2 0 5 1 2 0 2 0 5 2 1 1 0 1 5 1 0 0 0 0 1 1 0 0 1 0 2 0 0 1 0 0 1 8 3 3 5 1 20 L’interview comportait également une tâche de classification des élèves de la classe au sein de quatre catégories. Nous avons demandé aux enseignants de nous expliquer la manière grâce à 8 Feuille de styles pour le texte final destiné aux Actes du 24e colloque de l’Adméé-Europe L’évaluation des compétences en milieu scolaire et en milieu professionnel laquelle ils ont pu classer leurs élèves. Les réponses des enseignants correspondent à des procédures différentes. Elles sont résumées dans les lignes du tableau 3. Pour 5 enseignants, les élèves sont comparés à tous les critères qui permettent de caractériser la catégorie d’appartenance. Cette première procédure pourrait être rapprochée de la théorie des prototypes qui postule que les éléments d’une catégorie sont regroupés en fonction de leur proximité aux caractéristiques communes de la classe. Huit enseignants classent leurs élèves à partir d’un seul critère nécessaire et suffisant : les résultats scolaires. Cette tendance majoritaire est peut-être due à la consigne de la tâche de classement et surtout, aux noms des classes proposées aux enseignants. Sept autres enseignants semblent plutôt recourir à une procédure proche de l’individualisation puisqu’ils se sont plutôt représenté chaque élève de manière individuelle au sein de la classe. 4. Conclusion et discussion Conformément à ce que nous avons pu relever dans la littérature, les enseignants que nous avons interrogés se réfèrent à leurs élèves pour donner cours. Cette référenciation aux élèves, à leur performance et à leur participation, serait particulièrement importante lors des moments d’interaction en classe et de réflexion régulatrice. La valeur scolaire des élèves servant de référence est différente selon l’enseignant considéré même si une certaine tendance à la référenciation aux élèves moyens et forts semble dominer durant l’instruction collective et, aux élèves en difficulté durant les moments d’exercices individuels. Ces dires d’enseignants correspondent aux observations que l’un d’entre nous a pu engranger concernant le recours à des principes de compensation pour gérer le dilemme associé au choix de se centrer sur les élèves forts voire faibles ou de progresser au sein du programme (Wanlin, 2010). De notre analyse il semblerait que le recours à un regroupement d’élèves pour le pilotage de l’enseignement est une thèse qui peut être maintenue même s’il semblerait que certains enseignants préfèrent individualiser les sources pour informer leurs décisions. Nous avons pu lire que différentes théories coexistent pour décrire les structures internes des catégories d’éléments. Nos données semblent indiquer que chacune d’elle pourrait être conservée pour décrire l’architecture des catégories d’élèves et leur convocation durant les phases de prises de décision. Pour en revenir aux idées de Bromme à l’origine de notre questionnement, on pourrait estimer, d’une part, que les enseignants se réfèrent fréquemment, mais pas toujours, aux élèves tout en faisant varier leur niveau pour équilibrer leurs prises de décision. D’autre part, il est probable, mais pas systématique, que les enseignants regroupent les élèves au sein d’une heuristique de type « élève collectif ». Les retombées de notre recherche sont intéressantes pour les sciences de l’éducation qui s’intéressent notamment au case knowledge des enseignants et, partant, à leur épistémologie personnelle. Au-delà de se pencher sur les connaissances que les enseignants chevronnés développent concernant les élèves, elle aborde la structure organisationnelle les connaissances des enseignants et la manière dont elles sont activées pour le pilotage instructionnel. La théorie des heuristiques, qui permet de décrire ce fonctionnement et les théories relatives aux classifications qui complètent cette description semblent être une base théorique satisfaisante pour décrire le bagage cognitif des enseignants. La limitation principale de notre recherche et de nos résultats réside dans le fait que nous avons interrogé un nombre restreint d’enseignants. Aucune généralisation n’est donc possible à ce stade de nos investigations. Nous espérons que certains chercheurs nous emboîterons le pas afin de vérifier la validité de ces théories pour expliquer le contenu du bagage cognitif des enseignants, son organisation et la manière dont il est utilisé dans le quotidien de la classe. Cet intérêt pour le bagage cognitif des enseignants pourrait aussi dépasser la centration sur les élèves que nous proposons dans ce papier pour explorer le case knowledge que les enseignants développent concernant, par exemple, les situations pédagogiques, les méthodes d’enseignements, etc. Dans la même optique expérimentale, des recherches pourraient être envisagées afin d’examiner la manière dont les connaissances et croyances sur les élèves se développent et évoluent au fur et à mesure de la formation initiale et de l’expérience professionnelle des enseignants. En définitive, bien plus que d’apporter des pistes de réponse, notre contribution ouvre de nouvelles perspectives de recherche. 9 Feuille de styles pour le texte final destiné aux Actes du 24e colloque de l’Adméé-Europe L’évaluation des compétences en milieu scolaire et en milieu professionnel 5. Références bibliographiques Barr, R. C. (1974). Instructional pace differences and their effect on reading acquisition. 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