LA PETITE ENFANCE

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LA PETITE ENFANCE
LA PETITE ENFANCE :
NOS ESPOIRS POUR L’AVENIR
Mémoire présenté au
ministère des Services familiaux et communautaires
dans le cadre de la
Consultation publique sur l’apprentissage et la garde des jeunes enfants
par
Le 28 juin 2007
Dieppe, Nouveau-Brunswick
Profil de
l’AFPNB
L’Association francophone des parents du Nouveau-Brunswick est
l’organisme porte-parole des parents acadiens et francophones du NouveauBrunswick sur toutes les questions concernant le mieux-être de nos enfants et
de notre jeunesse.
La mission de l’organisme consiste à encourager et renforcer l'engagement et
la solidarité des parents et de la communauté afin de favoriser un
environnement (école, communauté, famille) propice à l'épanouissement de
l'enfant et de sa famille, le tout dans un esprit de concertation.
L’AFPNB œuvre dans quatre secteurs d’intérêts qui touchent les intérêts des
parents francophones de la province : la santé, la petite enfance, la culture et
l’éducation. Des principes de base influencent l’action et les initiatives de
l’association. Ces principes se résument par « l’étoile des croyances » où le
parent est au centre de la vie familiale :
L’AFPNB est l’organisme gestionnaire du Réseau de la petite enfance au
Nouveau-Brunswick, un réseau d’échange et de travail regroupant les
intervenants et les parents francophones du milieu de la petite enfance au
Nouveau-Brunswick.
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Les besoins des
familles
L’Association francophone des parents du Nouveau-Brunswick a organisé en
collaboration avec le Réseau de la petite enfance francophone, un colloque de
la petite enfance les 17 et 18 mars 2006, afin de recueillir les préoccupations
et besoins des parents et intervenants pour les enfants de 0 à 5 ans. Plus de
180 intervenants et parents francophones y ont pris part.
Avant la tenue de ce colloque, l’AFPNB a effectué une tournée provinciale
auprès des parents et des intervenants. Les discussions tenues et données
recueillies sont alarmantes. En voici quelques-unes reliées au sujet des
services de garde :
- Les intervenants en services de garde travaillent avec très peu de
ressources en français et à des salaires minimes.
-
Les intervenants doivent trop souvent jouer un rôle de traducteur et
d’interlocuteur pour rendre disponibles les services aux francophones.
-
Les places sont très limitées dans les milieux ruraux et dans les
milieux minoritaires (Saint-Jean, Fredericton, Miramichi et Moncton).
-
Les intervenants en service de garde n’ont pas de programme
standardisé axé sur la pédagogie de jeux, incluant les outils de
francisation et de développement de l’identité culturelle.
-
Un taux de roulement élevé du personnel et les difficultés à recruter
du personnel qualifié et formé de langue française.
Nos familles nous ont transmis leurs inquiétudes en voici quelques-unes :
- Les familles ne connaissent pas les programmes et ressources qui leur
sont accessibles.
-
L’accessibilité à des services de santé en français est difficile ou
inexistante pour plusieurs familles
-
Les listes d’attente pour les services spécialisés pour les enfants sont
inacceptables. Un an d’attente dans la vie d’un enfant de 0 à 5 ans,
c’est trop!
-
Le manque de ressources pédagogiques et en littératie, en français,
dans les communautés et les services offerts à la petite enfance.
-
Le manque de services de garde pour les enfants âgés de moins de
deux ans. Les listes d’attente vont jusqu’à deux ans.
-
Un taux d’analphabétisme de 66 % chez les francophones, dont 40 %
d’entre eux, sont âgés de moins de 40 ans (dont certains sont des
parents).
-
Les parents paient en moyenne 65 % des frais des services de garde.
Les frais de garde sont trop élevés.
-
L’accessibilité aux services dans les milieux ruraux. Les difficultés
de transport pour plusieurs familles.
-
Le renforcement des capacités parentales est essentiel dans le
développement global de son enfant, mais les ressources pour le faire
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sont déficientes et peu connues.
Francisation
Plus de 75 % des mères sont sur le marché du travail.
Afin de préserver le caractère culturel unique du Nouveau-Brunswick, il serait
important de franciser dès la naissance, en encourageant l’usage du français à
la maison aussi bien que partout ailleurs. Franciser au préscolaire aurait une
incidence positive sur le système scolaire. Les services de garde peuvent et
doivent jouer un rôle influent dans la transmission de la langue ainsi que le
renforcement de l’identité culturelle acadienne et francophone de notre
province.
La proportion des enfants des ayants droit issus de couples exogames
(francophones - anglophones), inscrits à l’école de langue française, est
maintenant de 30 % au Nouveau-Brunswick. Le chercheur en milieu
minoritaire du Nouveau-Brunswick, Dr. Rodrigue Landry, indique dans sa
recherche Libérez le potentiel caché de l’exogamie que si on ne freine pas
l’assimilation et que l’on ne recrute pas les enfants des familles exogames, la
moitié des écoles françaises au Canada fermeront leurs portes d’ici sept ans.
Nous avons cheminé et lutté trop longtemps comme francophone pour baisser
les bras.
La clé de la
réussite
La petite enfance est depuis quelques années devenue un projet de société
pour bien des organismes, des municipalités et des individus de notre
province. L’atteinte d’une autosuffisance, l’immigration, le ralentissement de
l’exode des jeunes, la diminution du taux d’analphabétisme ne pourront se
réaliser sans un engagement social, financier et politique au cours des
prochaines années. L’AFPNB salue cette consultation de la part du ministère
des Services familiaux communautaires afin de bien cerner les besoins de nos
familles francophones et anglophones au niveau de l’apprentissage et des
services de garde.
La présence de services de garde d’enfants dans la province à elle seule
représente une commodité de taille pour les parents qui souhaitent poursuivre
un travail ou des études. Par contre l’absence quasi-totale de place pour les 0 à
2 ans (700 places pour 13 000 enfants) ainsi que le nombre minime pour les 2
à 5 ans et les centres après-classes nous laissent perplexes. Toutefois il est
clair et le Dr. Fraser Mustard le démontre dans de nombreuses études que
pour assurer un épanouissement maximal de l’enfant, celui-ci doit
continuellement être exposé à des occasions d’apprentissage qui
l’encourageront à découvrir et faire l’expérience de nouveaux concepts tout
en améliorant ses aptitudes par la mise en pratique des notions reçues et ce
dès la conception de l’enfant.
Il ne suffit donc pas de s’assurer que les services soient offerts; il faut
également s’assurer que ces services soient utilisés de façon appropriée et
qu’ils contribuent à créer une culture d’apprentissage tout au long de la vie de
l’individu. En mettant plus d’importance sur des programmes de garderie
axés sur l’apprentissage, on aura de meilleures chances que les générations
futures adopteront une culture stimulant la recherche d’occasions de
développement des aptitudes.
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Rappelons-nous que les adultes qui composeront la population active de
l’avenir sont ceux qui peuplent nos pouponnières, nos terrains de jeux, nos
garderies, nos prématernelles, nos maternelles et nos écoles élémentaires. Il
est primordial que ces enfants prennent le goût d’apprendre si on veut qu’ils
aspirent un jour aux occupations qui contribueront efficacement à la bonne
marche et la croissance de la société néobrunswickoise.
Ainsi, s’assurer qu’un nombre suffisant de places en garderie existe n’est
qu’une étape. Il faut aussi que les établissements qui dispensent des services
de garde adhèrent à des normes élevées d’apprentissage pour les enfants qui
leur sont confiés. Les parents doivent s’attendre à ce que l’apprentissage de
leur enfant se poursuive pendant le séjour de leur enfant à la garderie, comme
s’ils étaient toujours auprès d’eux. De même, le parent doit adhérer au
principe qu’il a une large part de travail dans l’apprentissage de son enfant.
Tout en lui donnant les outils dont il a besoin, il doit lui transmettre des
valeurs qui favoriseront sa réussite personnelle.
Des centres de
petite enfance
De concert avec ses partenaires du milieu de la petite enfance, l’Association
francophone des parents du Nouveau-Brunswick prône la création de centres
d’excellence en petite enfance comme point d’accès où le parent recevrait de
l’assistance et procurerait les services nécessaires à son enfant pour atteindre
des objectifs de croissance adéquats. Un concept suggéré par la Commission
nationale des parents francophones (CNPF), les centres de la petite enfance
offriraient des programmes et services multisectoriels, multidisciplinaires et
intégrés en français de la période prénatale jusqu’à l’entrée formelle à l’école.
Ce concept permettra une pérennité de la communauté francophone en
accueillant dès la conception les familles exogames et endogames au sein de la
communauté.
Les centres seraient axés sur les besoins multiples de l’enfant et sa famille.
Selon la CNPF, un centre de la petite enfance cible le développement global de
l’enfant francophone comme but premier, incluant les dimensions langue,
culture et identité, et favorise la création de liens entre les domaines de
l’éducation, de la santé et des services sociaux, de la justice, de l’économie et
de la culture. De plus, un tel centre favorise l’engagement et la participation
des parents dans tous les aspects de la planification, de la mise en œuvre et de
la gouvernance des programmes.
Quelques avantages de ces centres :
- meilleure coordination des services et une utilisation plus efficace des
ressources;
- accès facile, dans un même milieu, à une grande variété de services en
français et en augmente la visibilité;
- réponse adaptée aux besoins et réalités de chacune des communautés
francophones;
- interventions offertes en français à deux niveaux : auprès de parents au
la naissance d’un enfant et auprès des enfants et de leurs familles par le
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biais des services en développement de la petite enfance et des
ressources en établissement;
- continuité dans les services pour l’enfant et ses parents tout au long de la
petite enfance ce qui permet de développer des relations enrichissantes
et soutenues avec les intervenants;
- appartenance solidifiée de la famille à la collectivité;
- recrutement plus facile des intervenants francophones et une réduction
de l’isolement professionnel;
- place importante accordée aux parents dans tous les aspects de
l’élaboration, de la mise en place et de la gestion des programmes; et
- augmentation et une meilleure rétention de et la clientèle inscrite aux
écoles de langue française.
La répartition de tels centres tiendrait compte des réalités démographiques et
géographiques de la province afin d’être aussi près que possible de la clientèle
visée.
Une attention particulière devrait être portée aux régions rurales dans
l’établissement de centres de petite enfance. En raison de sa dimension et de
la proximité relative entre ses régions rurales et urbaines, le NouveauBrunswick se prête très bien à la vie rurale pour élever une famille tout en
étant près des centres urbains.
Cette caractéristique de la province doit jouer à son avantage; en encourageant
la population à demeurer dans des communautés rurales, on assurera la survie
et l’épanouissement de celles-ci, rentabilisant ainsi les investissements passés
dans leurs infrastructures. La croissance des centres urbains pourra ainsi se
faire à un rythme plus facilement gérable.
Les parents qui choisissent de ne pas inscrire leur enfant dans une garderie ont
aussi avantage à exposer leur enfant à des occasions d’apprentissage. Ils
devraient avoir accès à des programmes complets dès le jeune âge de l’enfant
en plus d’être familiers avec les attentes du système scolaire en terme de
préparation scolaire. Des centres de petite enfance pourraient encore une fois
être mis à contribution pour créer un pont entre l’enfance et l’entrée à l’école.
Les membres du Réseau de la petite enfance au Nouveau-Brunswick
s’entendent pour dire qu’il y a un manque de ressources matérielles et
humaines en français pour la petite enfance dans la province. Le Réseau
félicite cependant l’initiative du gouvernement de majorer les taux de
rémunération des éducateurs en garderie ainsi que la création de programmes
d’enseignement pour former du personnel de garderie à un niveau jamais
encore atteint au Nouveau-Brunswick. Ce sont là des maillons importants
dans la création de services de garde de qualité dans notre province.
L’accréditation de garderies selon des normes strictes contribuera à s’assurer
que les familles obtiennent les services dont ils ont besoin. La création d’un
système de services à la petite enfance plutôt qu’une multitude de garderies
dispensant des services à leur gré assurerait un accès à des services
comparables, peu importe la région où on habite dans la province.
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Nos
recommandations
1. Tout comme la Coalition des services de garde à l’enfance du NouveauBrunswick, nous recommandons la mise en place d’une Table des ministres
que le ministère des Services familiaux devra gérer et être composée des trois
ministères concernés (MENB, MSFC et MSME ainsi que d’experts et
d’intervenants en petite enfance de la communauté afin de continuellement se
tenir à jour quant aux besoins et attentes des familles en matière de petite
enfance au Nouveau-Brunswick et faire appel à ce groupe pour la mise en
œuvre de stratégies et politiques en matière d’apprentissage et de services à la
petite enfance.
2. Que le ministère des Services familiaux et communautaires se dote d’un
plan à long terme pour la mise en place d’un système de services de garde
de qualité.
3. Que le Réseau de la petite enfance francophone géré par l’AFPNB soit
consulté et partenaire dans l’élaboration des programmes, des services, des
consultations, des politiques par le ministère des Services familiaux et
communautaires lorsqu’il s’agit de sujet, de défis et de questions reliés à la
communauté francophone et acadienne.
4. Que le ministère des Services familiaux et communautaires voit au
développement des Centres d’excellence de la petite enfance et famille pour
maximiser le développement de nos communautés francophones et acadiennes
dans lesquels sont intégrés des services de garde abordables, accessibles et de
haute qualité
5. Que le financement des services de garde soit revu en profondeur et
bonifié. Un modèle devrait être créé en tenant compte de l’expérience
d’autres provinces où les garderies agréées reçoivent des fonds publics pour
leur fonctionnement et pour assurer une rémunération adéquate du personnel
en vue d’offrir des programmes d’apprentissage de qualité. Le financement
public doit également permettre aux garderies d’offrir les services à un coût
abordable.
6. Que le développement du curriculum en français pour les services de
garde soit poursuit et qu’une formation de qualité soit offerte aux éducatrices
qui devront le partager aux enfants.
7. Qu’un cours en francisation et en éducation en milieu minoritaire soit
développé et offert dans le cadre du curriculum de la Technique d’éducation
en service de garde du Collège communautaire du Nouveau-Brunswick –
campus Campbellton.
8. Qu’un important effort de mise en place de services de garde soit développé
d’ici les cinq prochaines années pour les communautés rurales puisque les
services sont minimes ce qui permettra de réduire l’effritement de nos
communautés francophones.
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Conclusion
Selon nous, le défi en petite enfance au Nouveau-Brunswick est de donner un
encadrement aux familles de façon à favoriser une culture d’apprentissage
continu et de responsabilisation collective face au plein épanouissement des
enfants et de sa famille.
Entre autres, nous pensons que le mieux-être et l’éducation des enfants sont
une responsabilité partagée entre notre société, le parent et les gouvernements.
Tous trois ont un rôle important à jouer. Tous trois doivent également
montrer l’exemple aux jeunes générations et les accompagner dans leur
croissance de manière à augmenter leurs chances de succès dans leurs projets
futurs.
Tel qu’expliqué ci-dessus, la création d’une table de concertation composée
d’intervenants concernés et d’experts permettrait au gouvernement d’avoir un
portrait juste de la situation de même que des pistes de solutions éclairées
dans l’élaboration de ses politiques, ses stratégies à long terme et ses plans
d’action.
Les initiatives qui sont mises en œuvre aujourd’hui ne rapporteront peut-être
pleinement à la province que dans quelques années, mais d’ici là, les enfants
tireront des avantages de ces initiatives pour préparer leur avenir et celui de la
collectivité.
Conseil d’administration 2006-2007
Présidente ...................................................... Denyse LeBouthillier
Vice-présidente à l’administration ................ Madeleine Vachon
Vice-président à la programmation ............... Hugues Lavoie
Trésorière ...................................................... Claudette Devarennes-Melanson
Secrétaire ...................................................... Marie Nyanziga
Secteur petite enfance ................................... Jody Dallaire
Secteur culture .............................................. Bruno Cormier
Secteur éducation .......................................... Jocelyne Mazerolle
Secteur santé ................................................. Gilles Vienneau
Directrice ...................................................... Josée Nadeau
Bureau provincial : 421, avenue Acadie
Dieppe (N.-B.)
E1A 1E3
Téléphone 506-859-8107
Télécopieur 506-859-7191
Courriel [email protected]
Site Web www.bdaa.ca/parents
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