Détection et outils de diagnostics des troubles du sommeil
Transcription
Détection et outils de diagnostics des troubles du sommeil
Détection et outils de diagnostics des troubles du sommeil Bertrand de LA GICLAIS Centre du sommeil d’Annecy, Clinique d’Argonay Une nuit de sommeil compte un peu moins de 50 % de sommeil réparateur. Ce sommeil lent profond sert à se réparer physiquement, alors que le sommeil paradoxal permet d’être lucide tout au long de la journée. On comprendra que le sportif de haut niveau a lui aussi besoin de cette fraîcheur physique et mentale. Je vais vous parler des pathologies du sommeil et de leur détection chez le sportif, en m’appuyant sur mon expérience de préparation de l’équipe olympique de voile pour Sydney. Celle-ci a duré deux ans. Préparation de l’équipe olympique de voile pour Sydney L’objectif était d’optimiser la récupération des athlètes et de les préparer à la gestion du décalage horaire. Il s’agissait également de détecter d’éventuelles pathologies. I. Retour d’expérience Après une première étape de sensibilisation des athlètes, nous avons réalisé un test de temps de réaction de chaque équipage à la sortie de la troisième régate de la journée, le troisième jour d’une épreuve internationale. C’est en effet souvent dans la dernière remontée au vent que les écarts se creusent et que les options deviennent plus ou moins heureuses. Puis nous avons rencontré chaque équipier pour une consultation individualisée sur le sommeil à l’appui d’un questionnaire (agenda de sommeil, échelles de rythme et de vigilance). Il existe une quinzaine de pathologies du sommeil, que ces échelles peuvent permettre de détecter, telle l’échelle de vigilance d’Epworth. Face à une pathologie détectée, des examens approfondis peuvent être réalisés, comme la polysomnographie, la polygraphie (pour les apnées du sommeil) et le test itératif des latences multiples d’endormissement (pour les cas de narcolepsie notamment). Dans le cadre de la préparation des athlètes pour Sydney, nous avons donc réalisé une consultation de sommeil (avec polysomnographie), leur avons donné une feuille de route Sommeil visant à optimiser leur récupération et procédé à d’éventuels ajustements. Un an après, les tests ont révélé une amélioration de +13 % des temps de réaction. In fine, les athlètes ont eu de bons résultats aux épreuves préolympiques. Enfin, une pathologie du sommeil a été découverte et prise en charge. II. Zoom sur la préparation au sommeil polyphasique Cinq coureurs, passés par l’Ecole du Sommeil de Paris, sont actuellement en course pour Madère, pour ensuite rejoindre Salvador de Bahia. Pour une telle course, le souci du navigateur est simplement de dormir, par petites étapes et par siestes, ce qui nécessite une préparation chronobiologique axée sur des siestes de 30 minutes à 1 heure. Cela permet de réduire le temps de sommeil sur 24 heures à 4 ou 5 heures maximum. Pour ce faire, on réalise un programme d’analyse du sommeil à terre et en mer, avec briefing personnalisé et questionnaires de sommeil. Réalisation des enregistrements Enregistrements A l’issue de quelques mois, le rythme spécifique du navigateur est identifié, avec la détermination des intervalles de temps pendant lesquels le repos est maximum, la durée optimale des cycles de sommeil et les heures favorables au sommeil lent profond et paradoxal. III. Conclusion Un bon sommeil est un gage de performance. Cela passe par la détection d’éventuelles pathologies du sommeil chez l’athlète. Une consultation du sommeil me paraît nécessaire pour tout sportif de haut niveau. Elle peut aussi conduire à optimiser le rythme veille-sommeil pour que le sportif soit, chronobiologiquement parlant, dans une configuration gagnante.