Brochure de l`exposition - Musée départemental d`art

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Brochure de l`exposition - Musée départemental d`art
Robert Filliou, dialogue extrait de la vidéo Teaching and learning as
performing arts. Part II. Video University, 1977.
TARIFS ¶
normal: 4,60 € / réduit: 3 €
gratuit: -12 ans
Ces expositions ont été
réalisées avec le concours
de l’État – ministère de
la Culture et de la
Communication – Direction
régionale des affaires
culturelles du Limousin
Accessibilité handicapés ¶
HORAIRES ¶
tous les jours, sauf mardi
/ 10h – 12h30 et 14h – 17h
VISITES DÉCOUVERTES ¶
Individuels et familles:
visites accompagnées
sur demande à l’accueil.
Pour les groupes:
visites conférences
sur réservation.
¶
AVEC VISITE ACCOMPAGNÉE À
ET
15H30.
5 DÉCEMBRE,
GRATUIT LES DIMANCHES
7 NOVEMBRE
AUTOUR DE L’EXPOSITON
LES RENDEZ-VOUS
Remerciements :
Fonds Régional
d'Art Contemporain du Limousin,
Centre des livres d'artistes de
Saint-Yrieix-la-Perche,
Centre National des Arts
Plastiques.
Musée départemental
d'art contemporain
de Rochechouart
Place du Château
87600 Rochechouart
tél. 0555037791
fax 0555037240
e-mail: [email protected]
www.musee-rochechouart.com
DE LA POLITIQUE À LA POÉTIQUE.
ROBERT
FILLIOU
ŒUVRES
VIDÉOS
1977-79
& COLLECTION
“du sol au plafond”
“terrassement”
“transparences et opacités”
“Un jour, à Paris, une de
mes amies a rencontré
un Lama Tibétain qu'elle
avait connu en Inde.
Elle lui a demandé :
- Alors, comment
vous sentez-vous en
Occident ?
Il lui a répondu :
- Vous savez, au Tibet
nous sommes habitués
à regarder la vie comme
si c'était la télévision.
Et vous les occidentaux,
vous regardez
la télévision comme si
c'était la vie”.
conception graphique : terre-lune* / impression : Fabrègue
29 OCTOBRE > 15 DÉCEMBRE 2010
DE LA POLITIQUE À LA POÉTIQUE.
ROBERT FILLIOU,
ŒUVRES VIDÉOS
1977-79
Après une formation et une activité d'économiste, Robert
Filliou (1926-1987) entreprend à la fin des années 1950 un
travail d'écriture dramaturgique et poétique avant de trouver dans les arts plastiques un domaine correspondant à
l'ensemble de son œuvre. Préférant la notion de création à
celle trop restrictive d'art, Filliou privilégie l'expérimentation
à la forme achevée. Développé dans les années 1960, son
"Principe d'Équivalence" ("bien fait", "mal fait", "pas fait")
et l'idée de "Fête Permanente" ("eternal network") s'exercent aussi bien dans des textes, des performances, des assemblages que dans la vie elle-même. À la fin des années
1970, l'artiste trouve avec la vidéo un support adapté à son
désir de diffusion et un médium pour tenter des expériences
pédagogiques et artistiques novatrices.
Acquises par le Centre national des arts plastiques et
déposées au Musée l'an passé, les cinq œuvres qui sont
présentées ici sont complétées par un ensemble d'éditions prêtées par le Centre des livres d'artistes de SaintYrieix-la-Perche (87). Elles sont exposées dans différents
espaces, ces cinq vidéos varient dans leurs durées (de 15
minutes pour Telepathic Music N°7 - The Principle of
Equivalence Carried to a Series of 5 à plus d'une heure
pour Teaching and learning as performing arts, part 2,
Video University) et leurs formats. Application du "Principe
d'équivalence" à un film virtuellement sans fin (And so on end
so soon) ou reprise anthologique du parcours de l'artiste
(Porta Filliou), ces enregistrements empruntent parfois
aux formes classiques de la télévision. Mais, résolument
novateurs, ceux-ci débouchent sur des œuvres réfléchissant
aux caractéristiques du médium vidéo (le direct, le différé,
le montage, la répétition). Ils sont tournés vers l'invention
d'un usage élargi de la parole et de l'image.
COLLECTION
“du sol au plafond”
“terrassement”
“transparences et opacités”
Elisabeth Ballet / Robert Barry / Richard Deacon / Luciano Fabro /
Bernard Frize / Mike Kelley / Wolfgang Laib / Guillaume Leblon /
Richard Long / Anthony McCall / Gustav Metzger / Robert Morris /
Bruce Nauman / Giulio Paolini / Sigmar Polke / Michelangelo Pistoletto
/ Jean-Pierre Raynaud
Riche de plus de 250 œuvres, la collection du Musée départemental d'art contemporain de Rochechouart fait l'objet
d'accrochages temporaires – parfois complétés par des
prêts – qui visent à multiplier approches et lectures d'un
ensemble témoignant de la création contemporaine. À côté
de la présentation des travaux de Raoul Hausmann et de "du
sol au plafond", deux nouveaux chapitres "Terrassement" et
"Transparences et opacités" viennent s'ajouter cet automne.
salles 1 et 3
s. 2
Fonds Raoul Hausmann
Né à Vienne en 1886, décédé à Limoges en 1971, Raoul
Hausmann est un des protagonistes centraux des avantgardes du XXe siècle. Riche de plus de sept cents œuvres
et d'un ensemble d'archives de l'artiste, le fonds qui lui est
consacré au Musée est présenté sous la forme de présentations temporaires. La salle 1 est dédiée aux dernières
années de Raoul Hausmann, celle de l'écriture de son
texte La sensorialité excentrique (1970), et à des dessins
contemporains de cet ouvrage. La salle 3 est, elle, consacrée
à un parcours chronologique à partir du développement du
collage et du montage chez l'artiste.
s. 1
s. 3
salle 2
s. 11
s. 4
s. 5
s. 6
s. 7
s. 8
s. 9
s. 10
Collection : transparences et opacités
Disparu cette année, Sigmar Polke (1941, Oels – 2010,
Cologne, Allemagne) figure dans la collection du Musée
avec deux tableaux. Présentée ici À Versailles, à Versailles
est une grande composition réalisée en 1988 et inspirée par
une gravure de la Révolution Française. Comme souvent
chez Polke, le tableau est un montage complexe d'images
et de techniques. Tableau représentant un soulèvement,
celui-ci laisse apparaître son châssis, un entrecroisement
de bois. Par transparence, le tableau donne à voir sa fabrication, mais celle-ci est parfois oblitérée par l'image qui
semble imprimée sur la toile.
C'est ce double mouvement de transparence et d'opacité
qui est soulevé par les œuvres présentes dans cette salle.
Chez Robert Barry (1936, New York, USA) la transparence
supposée du langage est utilisée pour décrire une œuvre
fictive (It is incomplete, 1970). Éléments fréquents dans les
sculptures d'Elisabeth Ballet (1956, Cherbourg), les barrières sont utilisées pour marquer des seuils, creuser et
construire des volumes. Intitulée …Que l'esprit ajoute…, la
sculpture crée un espace contraint mais transparent. Un
mouvement diamétralement inversé aux images de grottes
collectionnées par Mike Kelley (1954, Detroit, USA) depuis
le milieu des années 1980. Photographiées dans des livres
préexistants, ces images composent un hommage romantique au mythe de la caverne de Platon.
salles 4 à 8
dernier étage
De la politique à la poétique.
Robert Filliou, œuvres vidéos 1977-79.
De 1977 à 1981, Robert Filliou réside à de nombreuses
reprises au Canada, à Calgary, Montréal, Toronto et Vancouver. Avec le soutien du Western Front Society, association d'artistes souhaitant faciliter l'usage des nouveaux
médias et la mise en place d'un réseau global, il y réalise
la plus grande partie de ses travaux vidéos.
“Regarder la télévision, c'est comme fixer le feu dans une
cheminée, ou une ampoule électrique. Le spectateur est
"chauffé" l'information a été transmise”, expliquait avec
méfiance l'artiste Vito Acconci au sujet de la télévision.
Disons que chez Filliou, le feu de cheminée est devenu
un feu de camp : un foyer qui doit être au centre pour
faciliter les échanges. Élément ordinairement passif, la
télévision est pour Filliou un lieu d'interrogation et un outil.
Si dans Porta Filliou (1979) - SALLE 7 -, il l'utilise comme
une archive afin de diffuser sa pensée et ses travaux - un
geste finalement proche de la Galerie Légitime, cette
galerie qui tenait dans sa casquette – c'est surtout en
interrogeant les caractéristiques de la vidéo et de la télévision qu'il développe ses œuvres multimédias. Le livre
qu'il a publié en 1970, Teaching and learning as performing arts (Apprendre et enseigner, arts de la performance)
pourrait être considéré comme la matrice de ce programme.
Ouvrage à plusieurs voix, laissant la place au lecteur, ce
livre reconsidère les notions liées à l'apprentissage et les
vidéos de l'artiste font de même. Le spectateur est sans
cesse interpellé ; il rentre parfois dans l'écran, des espaces
lui sont ménagés et on lui propose même un petit-déjeuner
interactif (Teaching and learning as performing arts, Part II,
Video University, 1977, partie 1 - SALLE 6). Le direct de la
vidéo offre de multiples possibilités et Filliou les met en
scène. On peut répondre à la télévision, la commenter, en
sortir. D'ailleurs, parfois Filliou ne regarde plus la caméra,
il lit le ciel (Teaching and learning as performing arts, Part
II, Video University, 1977, partie 2 - SALLE 8).
Parmi les autres caractéristiques de la vidéo soulevées
par l'artiste figurent ses caractères immatériels et reproductibles. Le Principe d'Équivalence entre “bien fait”, “mal
fait” et “pas fait” développé par Filliou depuis 1968 est ici
tout naturel. Le “bien fait” est de l'ordre du talent, de la
bonne exécution, de la technique. Le “mal fait” est également positif car il marque une différence par rapport à un
modèle. Quant au “pas fait”, il est tout simplement éternel,
non-périssable, du côté de l'idée. Le Principe d'Équivalence admet donc que le “mal fait” puisse - comme le
“pas fait” - être considéré comme “bien fait”. Ce principe
exponentiel est expliqué par l'image dans And so on end
so soon, 1977 (Et ainsi de suite la fin bientôt - SALLE 5). Il
est appliqué dans Telepathic music n°7, the principe of
equivalence carried to a serie of 5 (Musique télépathique
n°7, le principe d'équivalence porté à une série de cinq,
1977 - SALLE 4).
Alors, si la justesse de ces travaux réside dans leur iconoclasme décontracté et leur humour, elle est surtout dans
ce qu'il reste à faire, le “pas fait”. Voilà peut-être la place
la plus importante qui puisse être confiée à un spectateur :
la poursuite de la création permanente.
salles 9 à 11
Collection : terrassement
Traduction littérale de “Earthwork”, notion empruntée par
les principaux protagonistes du Land Art dans les années
1960, le terme de “terrassement” est défini comme une
“opération par laquelle on creuse, on remue, on déplace
ou on transporte la terre”. Sous ce titre, le Musée réunit
des œuvres acquises ses dernières années dont Earth-
works, un portfolio de 1969 réalisé par Robert Morris
(1931, Kansas City, USA) - SALLE 10. Si, la production
d'œuvre in situ, à l'extérieur est rare chez l'artiste, celuici a toutefois pensé de nombreux projets à faire réaliser à
large échelle comme en témoigne cette suite de gravures.
Inscrits dans les recherches de l'artiste sur la matérialité
et la perception, ces travaux que l'on pourrait qualifier de
grands chantiers emploient de la poussière, de la chaleur,
de la vapeur et du pétrole en flammes.
Réalisé quelques années plus tard par Anthony McCall
(1946, St Paul Clays, Angleterre) le film Earthwork (1972)
- SALLE 10 - reprend à une plus petite échelle et non sans
facétie les travaux de la génération précédente. À partir
d'une interrogation sur la performance et des limites de sa
restitution, McCall commencera à partir de 1973 à réaliser
ses films de lumière solide : ses sculptures de brouillard
peuvent en effet être comprises comme des performances
en direct, vécues par le spectateur. Les jeux sur l'horizon
de Turning under (2003) - SALLE 9 – ne sont d'ailleurs pas
exempts d'analogies avec l'idée d'un paysage.
Si les travaux historiques du Land Art étaient contemporains de la prise de conscience écologique, cette dimension critique du rapport nature/culture va s'amplifier dans
les années qui suivront. Collage de matériaux contraires
(la terre fertile, la céramique froide), Carrelage XVI, Tas de
terre (1974), - SALLE 10 - de Jean-Pierre Raynaud (1939,
Courbevoie, France) évoque une telle tension. Autre rencontre violente, celle de Flailing trees (2010, Arbres battus)
- SALLE 11 - de Gustav Metzger (1926, Nuremberg, Allemagne) qui voit des arbres déracinés plantés dans le béton,
suivant en cela une logique autodestructive pointée en
1959 par le manifeste réalisé par l'artiste.
Réalisé par Guillaume Leblon (1971, Lille) lors d'inondations dans le Nord de la France le film April street (2002)
- SALLE 10 – a lui un caractère plus ambivalent. Le paysage
ravagé devient un horizon calme sur lequel l'image glisse,
porté par un mouvement qui rappelle les débuts du cinéma,
le premier travelling ayant été réalisé sur le grand canal de
Venise.
Dernier étage
Collection : du sol au plafond
Suspendues au plafond comme l'installation C'est la vie,
c'est la morale, c'est l'histoire de Luciano Fabro et Aria
(Air) de Giulio Paolini, posées à même le sol à l'instar des
Tables de Richard Deacon, ou dans un état de transit entre
ciel et terre dans le cas de L'arbre de Guillaume Leblon, les
œuvres de la collection regroupées ici établissent des
rapports renouvelés avec le cadre du musée en refusant
les codes classiques de la sculpture.