Compte rendu de la réception de la délégation Nord

Transcription

Compte rendu de la réception de la délégation Nord
Compte rendu de la réception de la délégation Nord camerounaise
12 septembre 2011
Proposée par Hélène VOLEBELE
20 septembre 2011
Liste des personnes présentes :
NOM
Prénom
Organisme
Fonction
YERIMA HALILOU
Moustapha
Lamidat
Lamido de Petté
MADI
Ali
Université de Maroua
Professeur d'économie Durecteur ISS
BAYERO
Mohamadou
Programmes Développement
Rural et Environnement
Chargé de mission
ARABI
Mouhaman
Université de Maroua
Professeur géographe
LIBA’A
Kossoumna
IRAD
Géographe
OLINA BASSAL
Jean-Paul
IRAD
Chercheur
ABOU ABBA
Abdoulaye
Programme ESA3
Directeur
ABOUBAKAR
Moussa
MEADEN
Chargé de mission
WELASSAGOU
Renée
MINEPIA
Chef de division
AOUDI
Bourdanne
MINEPIA
DESC
LAHOUMAYE
Merhoye
MINADER
DEPC
KWONGANG
François
Délégation de l'UE
OUMAROU
Balarabé
Programme ESA3
Chargé
d'aide
et
coopération
internationale Programme PAPA
Respondable expériementation
KALBASSOU
Zara
Université de Maroua
Économiste, Doctorante
MADAM DOGO
Abakar
SODECOTON
Responsable secteur Touboro
LIFRAN
Robert
INRA
Directeur de recherche
CLAVET
Coralie
INRA
Ingénieur d’étude
COURET
Jean-Luc
Conseil Général de l'Ariège
Conseiller général
SUZANNE
Colette
SMIVAL
Présidente
BREINIG
Thomas
SMIVAL
Directeur
FRANQUINE
Paul
SMIVAL
Élu délégué
BOY
Francis
SMIVAL
Vice-Président
VOLEBELE
Hélène
SMIVAL
Chargée de mission érosion
REYMOND
André
SMIVAL
Délégué suppléant - Exploitant agricole
BÉZIAT
Roger
AOC sols
Exploitant agricole
BALLADE
Georges
Mairie d'Artigat
Conseiller municipal
Le SMIVAL a accueilli le 12 septembre 2011 une délégation camerounaise dans le cadre du
programme de recherche européen CAPSOL pour la conservation du capital sol, mis en œuvre par
l’INRA de Montpellier. Cette journée d’échanges avec des élus, des chercheurs, des gestionnaies
originaires du Nord Cameroun, a permis d’aborder la problématique de la conservation des sols, de
l’érosion et des coulées de boue en identifiant la perception du capital sol et sa gestion en fonction
des enjeux locaux.
SMIVAL – Place de l’Hôtel de Ville – 31410 Saint Sulpice sur Lèze
tél : 05 61 87 38 49 – fax : 05 61 87 24 11 – [email protected] – www.smival.fr
Réception et présentations
Après un premier échange autour d’un café d’accueil, Madame la Présidente souhaite la bienvenue à
l’ensemble de la délégation. Une présentation du SMIVAL et de ses activités est réalisée par T.
Breinig ; un état des lieux de l’érosion et des solutions mises en place est présenté de par H.
Volebele.
Suite à ces présentations, un échange a lieu, en particulier sur l’importance des longueurs de pente
et du travail dans le sens de la pente qui rendent les sols du Cameroun peut-être plus sensibles à
l’érosion que les sols Français. M. Lifran souhaite souligner que les agriculteurs européens,
contrairement aux africains, décident des orientations de leur exploitation en fonction de la Politique
agricole commune (PAC). Cette dernière est aujourd’hui favorable à un système céréalier et plutôt
défavorable à l’élevage ; tant que ce cadre ne sera pas modifié, ce sont les collectivités qui devront
compenser les impacts de ces choix agricoles via des incitations plus importantes que celles de la
PAC.
M. Ballade indique que le problème de l’érosion des sols en France est principalement dû aux
remembrements et à l’intensification de l’agriculture via une mécanisation trop importante qui a
nécessité l’arrachage des haies et la dilution de l’humus dans les horizons du sol. En France, le retour
à une agriculture familiale n’est plus possible, ce serait pourtant selon lui une solution efficace pour
conserver les sols et éviter au consommateur de payer ses produits à deux reprises : à l’achat et via
les impôts qui permettent la subvention de l’agriculture actuelle.
M. Franquine s’exprime sur l’indifférence de certains agriculteurs à propos des coulées de boue.
Il regrette la disparition des haies et la mécanisation qui n’ont fait qu’aggraver le problème.
Visite de l’exploitation de M. Reymond
Cette exploitation céréalière, dont les principales cultures sont le blé, le tournesol et le maïs
semence, s’étend sur 300 ha et emploie 4 actifs agricoles.
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Selon M. Reymond, l’érosion est un phénomène qui s’observe depuis toujours sur les sols agricoles.
Sa première préoccupation n’a pas été directement de diminuer cette érosion mais de conserver la
fertilité du sol dans une perspective de transmission de l’exploitation. Pour ce faire, il a mis en place
un couvert permanent de ses sols et a implanté les cultures par semis-direct. Selon lui, ce n’est pas le
labour qui est mauvais pour l’érosion, mais le travail fin du sol en préparation du semis. La seule
façon du limiter l’érosion est de ne plus travailler du tout le sol, or aujourd’hui les connaissances ne
le permettent pas. Il souhaite parvenir à un semis-direct absolu qui annulerait l’érosion, mais
aujourd’hui il n’existe ni le matériel, ni la technique, et le risque pour les cultures et trop important.
Une des solutions consisterait à semer le tournesol dans la féverole pour assurer une couverture du
sol le plus longtemps possible. Cette solution a été testée sur l’exploitation mais s’est soldée
aujourd’hui par des rendements très faibles : le tournesol est très sensible à la concurrence et sol est
malgré tout travaillé à l’automne lors de l’implantation de la féverole. Le but de ces essais et de
parvenir à un rendement « normal » afin d’assurer suffisamment de revenus pour l’ensemble des
salariés.
Dans le métier d’agriculteur, tout est très compliqué, en particulier lorsque l’on raisonne sur l’érosion
des sols, les argiles, etc. Les principaux orages ont lieu en mai et juin, mais la période d’août et
septembre est également sensible. Le problème est qu’il y a toujours un moment de l’année où les
sols sont à nu et donc sensibles à l’érosion. Malgré les efforts réalisés, un travail est nécessaire lors
de l’implantation de la graine, ce qui rend la ligne de semi sensible à l’érosion.
Un chercheur camerounais souhaite savoir si une diminution de la profondeur d’implantation ou
même le dépôt de la graine sur le sol n’est pas envisageable pour limiter ce problème.
M. Reymond répond que ce n’est aujourd’hui pas possible, mais des solutions telles que le strip-till
que ne travaille que sur la ligne de semis sont testées.
Une remarque est formulée de la part d’un chercheur camerounais : la couverture du sol permet une
diminution de la pression des adventices et amène le système à tendre petit à petit vers un équilibre.
M. Reymond répond qu’aujourd’hui les paysans comme lui cherchent à mettre en œuvre des
solutions. Il implante par exemple des couverts gélifs pour limiter le désherbage chimique à la sotie
de l’hiver. Il a par exemple implanté un couvert de lentilles sur 10 ha à Saint Ybars.
M. Breinig demande comment se fait aujourd’hui la capitalisation de ce savoir acquis grâce à
l’expérimentation de terrain par les agriculteurs eux-mêmes.
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Ce sont principalement les techniciens agricoles, les revues, etc. qui permettent d’échanger sur ces
expériences mises en œuvre.
M. Lifran rajoute qu’au sujet du couvert végétal, un groupe d’agriculteurs s’est formé depuis 10 ans à
Rennes afin de faciliter ces échanges par le biais d’un Centre d'Etudes Techniques Agricoles (CETA).
M. Reymond note que l’amélioration des terres est bénéfique, pas seulement pour l’érosion ou les
nitrates, mais également pour les cultures, en particulier pour le maïs irrigué sur lequel il a noté des
améliorations.
M. Breinig demande si d’autres solutions que les aménagements de bas de parcelles sont
envisageables pour lutter contre l’érosion.
M. Reymond répond que les bandes enherbées ne sont efficaces qu’en cas de coulées de boue de
faible ampleur. Le travail du sol est le seul responsable de l’érosion, c’est pourquoi l’agriculture
biologique est à proscrire dans ce cas.
Visite de l’exploitation de M. Béziat
L’exploitation de 300 ha est gérée par les deux frères. Le taux de matière organique des sols de
l’exploitation se situe entre 2 et 2,8 % alors que dans la région les taux moyens sont de 1 à 2 %. Le
travail sur l’exploitation est estimé à 3 heures par hectare, pour une consommation de 40 à 50 litres
de gasoil par hectare (contre 6 à 7 h et 80 à 75 litres de gasoil par hectare dans une exploitation
conventionnelle). Ils ont mis en place une rotation longue qui s’étend sur 6 ans afin de conserver
leurs sols, avec les cultures suivantes :






Pois protéagineux
Sorgho
Colza
Blé tendre
Tournesol
Blé dur
La succession pois/colza permet une meilleure valorisation du colza (données du Cetium). Le
salissement par les adventices entre le pois et le colza peut être limité par l’implantation de sarrasin
dans le pois qui apporte une couverture et présente un effet allélopathique.
Les repousses de colza ne sont détruites qu’au moment de l’implantation du blé pour limiter les
limaces sur les jeunes pousses de blé. En effet, les limaces conservent de préférence le même régime
alimentaire, restant sur le colza au cours des trois semaines de décompositions au lieu d’attaquer les
jeunes pousses de blé.
Entre le blé et le tournesol, une espèce gélive est implantée afin de disposer d’un sol nu au
printemps qui se réchauffera plus vite. Suite à la récolte du tournesol, les cannes sont hachées afin
d’accélérer leur décomposition et de limiter les gênes lors du semis suivant.
Il y a 30 ans, lors de forts orages, l’Ariège mettait 2 à 3 jours pour se charger en matière en
suspension, aujourd’hui cela s’observe après 40 minutes seulement.
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Au 15 septembre, on observe déjà des tournesols qui ont été déchaumés. La terre sèche et fine
générée descend dans les crevasses au cours de la moindre pluie, créant un « bouchon » et
cimentant la porosité du sol. Le fonctionnement vertical de ces sols est donc détruit.
La prise de conscience doit se faire, alors que l’on observe que les rendements stagnent avec des
coûts de plus en plus importants. Ceci est d’autant moins rassurant que les marchés sont fluctuants,
ce qui engendre des revenus variables.
M. Lifran précise que la marge brute d’une exploitation se situe entre 200 et 300 €/ha, alors que les
DPU sont d’environ 300 €/ha, c’est pourquoi il y a un découplage entre les rendements et les
revenus : les revenus de l’exploitation ne sont pas exclusivement liés à la motivation de son
exploitant. Ce système compensatoire permet une sécurisation des prix et a permis une baisse du
prix des céréales de 30 %. Un des effets plus insidieux est le fait que ces DPU dépendent du type de
culture implantée : par exemple, l’irrigation ouvre droit à des compensations plus importantes.
Cependant, le contexte mondial reste plus défavorable que le contexte européen.
M. Béziat rajoute que les lobbies écologistes sont puissants et veulent imposer des règles à
l’agriculture. Or ce sont ceux qui vivent du sol, c'est-à-dire les agriculteurs, qui peuvent le mieux le
protéger.
Sur l’exploitation, des plantations de haies sont réalisées chaque année. Elles permettent une
meilleure intégration paysagère, une communication sur les actions de préservation de
l’environnement par les agriculteurs, favorise la biodiversité et limite l’érosion. Les auxiliaires de
culture étant présents dans un rayon de 300 mètres autour de la haie, il est nécessaire d’implanter
un maillage serré pour observer leur impact. La haie ne diminue pas les rendements sur cette
exploitation mais a plutôt tendance à les augmenter, en particulier grâce à leur effet coupe vent. Les
résidus de coupe sont utilisés pour le paillage de la haie ou en tant que BRF sur les parcelles
présentant un sol peu riche. Sur ces parcelle aucun phénomène de faim d’azote n’a été constaté
pour l’épandage d’un centimètre de BRF. Ces résidus de taille peuvent également être mélangés à
des résidus de tonte pour former du compost.
Conclusion
En présence du Sultan Mustapha YERIMA HALILOU, les échanges avec les agronomes et géographes
camerounais ont permis de confronter les enjeux et les moyens de la conservation des sols. Bien que
nos deux régions présentent des contextes socio-économiques différents, les causes et les
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conséquences de cette dégradation sont similaires : un travail du sol et des techniques de travail
inadaptés entrainant une perte de fertilité. Cette journée aura permis d’échanger sur les situations à
risque et de recueillir l’éclairage de chercheurs habitués à un contexte différent.
La visite de deux exploitations agricoles a permis d’illustrer quelques unes des solutions qui
permettent de conserver la vie du sol, sa fertilité et son potentiel agronomique.
Malgré les différences frappantes en termes de mécanisation, d’organisation du travail, de taille des
exploitations, de politique agricole ou encore du type de sol, les agronomes camerounais retrouvent
des problématiques proches et des solutions comparables.
SMIVAL – Place de l’Hôtel de Ville – 31410 Saint Sulpice sur Lèze
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