JEAN XAVIER V - Maison de l`Emploi
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JEAN XAVIER V - Maison de l`Emploi
— I Décrivez en quelques lignes les différentes étapes de votre parcours professionnel (par exemple: scolarité, emplois, formations, validation des acquis de l’expérience, crêation d’entreprise) Je suis titulaire d’un Bac F3 d’électrotechnicien. J’ai évolué professionnellement dans le secteur du Champagne durant 10 ans avant de venir m’installer en Isére. En 2001, j’ai suivi une formation BEPA Héliciculture à la Motte-Servolex tout en créant mon élevage. Après un accident de travail en 2009 et une longue convalescence, j’ai suivi une formation de 2 ans et obtenu en 2014 le titre Français de technicien horloger et la certification Suisse WOSTEP au CRP La Passerelle d’Annecy le Vieux. 2. Quel a été votre projet? Quelles sont les raisons et/ou les éléments qui vous ont conduit à cette évolution ou ce changement? Qui en est à l’origine? Je me destinais à travailler en Suisse dans une manufacture horlogère, ce qui correspondait tout à fait aux diplômes obtenus. Après 6 mois de postulations infructueuses, d’entretiens avec des responsables RH, responsables d’ateliers et des entreprises de travail intérimaire Suisse, il a fallu que je me rende à l’évidence: à 50 ans passés et avec un lieu de résidence à plus de 50 kms de Genève, je ne remplissais pas les critères de sélection du patronat Suisse. Durant mes différentes activités professionnelles, j’ai souvent occupé des postes à responsabilités. Les recruteurs Suisses ne privilégient pas ce type de profil voir même l’éliminent directement. Je me suis alors tourné vers l’artisanat horloger Français. Tout d’abord, intéressé par l’horlogerie bijouterie de M. Piet Bordier à Moirans qui partait en retraite fin juin 2015. Ce premier projet n’a pas abouti car il y avait un investissement de départ trop important puisqu’il fallait acheter aussi l’appartement contigu au magasin pour pouvoir créer un atelier SAV. Sachant qu’il y avait à Voreppe un horloger bijoutier, M. Pinaud, qui avait pris sa retraite en juillet 2014, j’ai donc pris contact avec lui et aujourd’hui, un compromis de vente a été signé devant notaire. La signature des actes authentiques est prévue fin juillet 2015. Déjà très attiré par l’aspect mécanique, j’ai découvert et appris ce passionnant métier d’horloger. Je n’envisage pas mon avenir professionnel ailleurs que dans l’horlogerie, mais malheureusement, si je veux exercer ce métier, je n’ai pas d’autre choix que de créer mon propre emploi. La reprise du commerce de M. Pinaud va me permettre de travailler et gagner ma vie grâce à ce magnifique métier. Mon épouse va pouvoir également intégrer cette structure, et par un partage des tâches et des responsabilités, nous allons gérer cette entreprise ensemble. Elle est secrétaire comptable et a aussi travailler dans le commerce. Nous serons donc complémentaires. M. Pinaud est aussi très heureux qu’un horloger reprenne son activité, il me certifie que la clientèle est très fidèle, qu’elle reviendra immédiatement et sera enchantée de retrouver un vrai horloger à Voreppe, pas seulement un vendeur de bijoux. En parallèle à toutes ces démarches, j’ai suivi une formation de 3 mois en pendulerie car il y a aujourd’hui une réelle demande de la clientèle pour ces vieilles horloges souvent associées à un proche ou objets de famille. Il y a de moins en moins de personnes compétentes pour redonner vie et entretenir ces vieilles pendules. Et c’est une partie de l’horlogerie que j’affectionne particulièrement, qui est très lucrative: on peut pratiquement tout refaire soi-même sur une pendule. M. Rémy Rolland et son épouse, mes maîtres de stages durant mes formations, horlogers à Saint Marcel Les-Valence ont un an de travail d’avance en pendulerie. Eux aussi sont très heureux que je reprenne ce commerce, ils m’apportent de précieux conseils et m’encouragent dans ce sens. Avec le départ à la retraite de M. Piet Bordier, c’est encore un horloger bijoutier de métier qui n’est pas remplacé. Je suis sûr de récupérer une partie de la clientèle de Moirans, comme lui avait récupéré une partie de la clientèle de Voreppe à la fermeture de M. Pinaud. La clientèle est très demandeuse d’un service de qualité et de proximité auprès de vrais horlogers: diagnostics, réparations sur place, rénovations, conseils.,, Notre métier et notre savoir-faire sont en voie de disparition, et si je peux aussi faire perdurer tous ces savoirs à mon humble niveau, j’en serai ravi. 3. Quelles démarches avez-vous effectuées pour mettre en oeuvre ce projet? Citez les personnes et/ou les organismes que vous avez sollicités ? A l’automne 2014, alors que j’étudiais la possible reprise de la bijouterie de Moirans, j’ai pris contact avec la Chambre des métiers, le Pays Voironnais et la Maison de l’autonomie. J’ai participé aux différentes réunions d’informations de ces organismes. J’ai également pris des contacts auprès de professionnels à l’occasion d’une journée de rencontres organisée par la CCI de Grenoble (expert-comptable, banque...). J’ai souhaité mettre en place ma formation en pendulerie évoquée ci-dessus que j’ai effectuée en début d’année. En mars, lorsque j’ai visité le local de Voreppe, j’ai repris contact avec Initiative Pays Voironnais et Renfort Cadre afin qu’ils puissent m’accompagner dans ce projet. Le 19 mai 2015, la commission IPV a retenu mon dossier et m’accorde un prêt d’honneur d’un montant de 25.000 €, un remboursement en différé de 6 mois ainsi que la possibilité de bénéficier de la FAG pour notre emprunt bancaire. La prochaine commission de Renfort cadre va également statuer sur la possibilité de m’accorder une aide à la création de 6000 €. 4. Quelle est votre situation actuelle? Estimez-vous avoir été au bout de votre projet? Je viens d’obtenir l’accord de prêt bancaire qui me permettra de concrétiser ce projet et d’ouvrir les portes de mon commerce début septembre 2015 après quelques travaux de rafraîchissement et d’aménagement du local. 5. Avez-vous rencontré des obstacles ? Oui r Non r Si oui, lesquels? La difficulté à financer l’achat du stock de bijoux, montres, pendules, réveils... : sans le soutien et l’aide de I’IPV ce projet ne pouvait aboutir faute d’apport financier personnel suffisant. Le matériel technique de travail pour l’horlogerie est coûteux. Depuis plusieurs années, j’avais déjà acquis, petit à petit, une grande partie du matériel nécessaire mais principalement en occasion. A présent, je dois acheter les appareils et matériels les plus chers pour parfaire mon équipement de travail. C’est indispensable pour produite un service de qualité absolue digne d’un professionnel. 6. Quel regard portez-vous sur cette expérience ? Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui envisagent d’évoluer I de changer professionnellement? Vouloir changer de vie, de métier est devenu une expérience beaucoup plus courante que ce que nos parents ont connu. Qu’il s’agisse d’une envie profonde et personnelle, ou du besoin de palier aux problèmes de chômage grandissant, la création ou reprise d’entreprise est un challenge qu’il faut bien préparer. Une multitude d’informations, de questions, de démarches doivent être assimilées et exécutées. L’accompagnement, par des personnes compétentes dans ce domaine, est essentiel pour ne pas faire fausse route dès le départ, et ceci même si comme moi, on a déjà une précédente expérience de chef d’entreprise. f. Envisagez-vous une poursuite dans votre parcours ? Avez-vous des projets à venir? Lesquels? Concernant mes perspectives d’avenir, je souhaite pouvoir exercer jusqu’à ma retraite et si possible transmettre mon activité à un horloger-bijoutier. Je suis d’ailleurs prêt à former quelqu’un pour que cette activité continue. J’espère fidéliser la clientèle de M. Pinaud et même l’augmenter avec l’activité de réparation en pendulerie, service qu’il ne proposait pas à ses clients.. J’aimerai bien sûr que cette activité soit pérenne pour que nos emplois le soient aussi et que ce commerce nous permette de dégager un salaire en adéquation avec notre travail et notre engagement. Si la charge de travail est trop importante, pouvoir engager du personnel et le former serait aussi un excellent indicateur de la bonne santé de notre commerce. Au démarrage, notre point faible va être le volume du stock de montres et bijoux. Avant 3 ans et je l’espère en fin de la première année, je souhaite avoir pu augmenter ce stock et offrir un choix plus étoffé et varié à notre clientèle. L’accueil ponctuel de créateurs de bijoux est une diversification que j’aimerais aussi proposer. Agencer le magasin selon nos besoins, méthodes de travail et à notre goût est aussi un objectif. En effet, au delà de l’aspect financier, je ne veux et ne peux pas tout changer dés notre arrivée, ainsi la clientèle ne sera pas trop dépaysée. Je pense que lorsque nous serons bien rôdés à notre outil de travail, nous serons en mesure d’apporter les améliorations et aménagements nécessaires à notre organisation tout ceci dans un cadre esthétique qui nous plaise. Une fois que notre trésorerie nous le permettra, il sera alors temps de nous démarquer de notre prédécesseur. A plus long terme, la création d’une ligne de bijoux pourrait être envisagée.