Mesure des propriétés élongationnelles de pâtes à pain et
Transcription
Mesure des propriétés élongationnelles de pâtes à pain et
Chaunier et al., Rhéologie, Vol.8, 13-19 (2005) 13 Mesure des propriétés élongationnelles de pâtes à pain et évaluation de la texture des mies par analyse d’images L. Chaunier, H. Chiron, G. Della Valle, A-L. Réguerre et T.Dessev* Unité Biopolymères, Interactions et Assemblages - Institut National de la Recherche Agronomique, INRA. BP 71627 - 44316 Nantes Cedex 03 - France * Department of grain, fodder, bread and confectionary products – Higher Institute of Food and Flavour Industries- Plovdiv 4000 - Bulgarie Reçu le 17 mai 2005 - Version finale acceptée le 3 août 2005 -------------------------- Résumé : La structure alvéolaire du pain est le résultat de la croissance de bulles au sein d’un milieu viscoélastique. Le test de compression uniaxiale en conditions lubrifiées permet de mesurer la viscosité élongationnelle équibiaxiale de pâtes à pain en grandes déformations (0,1 < εb < 1,25), ainsi que l’indice de rhéodurcissement. Des essais ont été menés sur quatre farines et les textures des pains évaluées par analyse d’images. Même s'ils ne sont pas directement corrélés à la structure alvéolaire des mies, les résultats montrent la pertinence du test pour la mesure des propriétés élongationnelles de pâtes issues de blés différents. Mots-clé : compression uniaxiale lubrifiée, pâte à pain, structure alvéolaire, viscosité [Abridged English version on last page] 1. Introduction Le comportement rhéologique des pâtons influence la structure alvéolaire de la mie de pain, ainsi que sa texture, autant de caractéristiques essentielles pour le meunier que pour le boulanger (artisanal ou industriel) et le consommateur [1]. En raison de la croissance des bulles de gaz (CO2) au cours de la fermentation, la déformation subie par la pâte à pain est essentiellement élongationnelle. Des tests en grandes déformations ont été mis au point pour mesurer la viscosité, notamment par compression uniaxiale lubrifiée (LSF, Lubricated Squeezing Flow) [2], puis adaptés à la pâte de farine de blé non levurée [3, 4]. Des appareils tels que l’alvéographe, utilisé en boulangerie pour le contrôle de l’extensibilité des pâtes, ont aussi été modifiés pour réaliser des mesures en grandes déformations et compléter les techniques de caractérisation des propriétés rhéologiques des pâtes [5]. Les relations entre propriétés rhéologiques et composition de la farine sont essentiellement basées sur les protéines de haut poids moléculaires (e.g. gluten du blé), dans un but de sélection variétale [6]. Les potentiels de panification évalués sur deux variétés de blé ont été reliés à leurs viscosités élongationnelles équibiaxiales, en considérant leurs indices de rhéodurcissement [7]. La même méthode a été appliquée à du gluten reconstitué, pour plusieurs ratios gluténine/gliadine et issus de diverses farines, afin de montrer son aptitude à différencier le comportement des pâtons [8]. Le volume, ainsi que la structure de la mie de pain, ont aussi été reliés à leur viscosité élongationnelle [9, 10]. Les constituants minoritaires de la farine, notés "CM" (e.g. lipides, protéines de faible poids moléculaire, pentosanes), étudiés aussi pour de faibles déformations [11], sont susceptibles de modifier la structure alvéolaire des mies de pain, par leurs propriétés moussantes et fluidifiantes [12]. La caractérisation de la structure alvéolaire des mies par analyse d’images confirme cette hypothèse et explique le rôle des CM sur les propriétés élongationnelles des pâtes, déterminées par LSF [13, 14]. Le but de cette étude est de mesurer le comportement rhéologique de pâtes en grandes déformations, pour des farines aux compositions variées, provenant de blés différents. Une même formulation est appliquée à quatre pâtes qui sont 14 Chaunier et al., Rhéologie, Vol.8, 13-19 (2005) ensuite soumises au test de compression uniaxiale en conditions lubrifiées. Les pâtes sont aussi panifiées selon un protocole standardisé. La structure alvéolaire des mies est alors déterminée par analyse d’images, afin d’évaluer la relation entre le comportement élongationnel des pâtes et la texture des mies de pain après panification. 2. Matériels et méthodes machine de traction/compression de type INSTRON 1122, équipée d’un capteur de force (Instron Corp., Canton, MA, USA). Chaque cylindre de pâte est compressé jusqu’à une hauteur finale de 1 mm, à une vitesse constante (V = 0,08, 0,17 et 1,7 mm/s) et à une température de 20°C. La mesure est répétée 4 fois avec une répétabilité vérifiée pour chaque essai (Fig. 1). 1,E+05 2.1 Préparation des pâtons V = 0.17 mm/s 1,E+04 σ (Pa) Quatre farines sont étudiées au cours de ce travail (Tableau 1). Leur composition variée, notamment en teneur en protéines, laisse entrevoir des textures différentes après panification. 1,E+03 Farine Protéines 1 Cendres Eau 2 Biscuit 9.0 0.57 12.2 *CNS 10.5 0.56 14.0 Gruau 13.5 0.47 15.0 Panif 11.5 0.58 14.3 Tableau 1 : Composition des farines, 1 en pourcentage de matière sèche (%MS), 2 en pourcentage de matière totale (%MT); farines fournies par Nutrixo et *Moulins Soufflet 2.2 Essais en compression uniaxiale lubrifiée Pour ces essais, les farines sont pétries en pâtons de 50 g avec un farinographe Brabender (Brabender Technologie, Duisburg, D), sans apport de levure. Le niveau d’hydratation de la pâte a été défini sur la farine CNS, afin d’obtenir une consistance suffisamment ferme pour la réalisation des essais en compression, soit à 9 % en dessous de l’hydratation nécessaire pour un couple de 500 B.U. (unité Brabender) mesuré à 62 tr/min (T = 30 °C, tmélange = 3 min). Une teneur en eau finale de 42.7 % MT est atteinte. Les pâtons sont ensuite divisés en échantillons de 5 g, nécessaires aux mesures rhéologiques, puis placés dans des cylindres en Téflon lubrifiés avec de l’huile de paraffine (diamètre = 20 mm) et laissés au repos pendant 30 min à 20°C. Les échantillons sont démoulés en cylindres homogènes (hauteur h = 14 mm) et placés entre deux plateaux parallèles en Téflon (diamètre = 20 mm), lubrifiés avec de l’huile de paraffine. Ce choix résulte de la forte hydrophobicité de l'huile de paraffine et de sa très faible viscosité (110-230 mPa.s, à 20°C) par rapport à celle de la pâte Le plateau supérieur est relié à la traverse mobile d’une 1,E+02 0 0,5 1 εb (-) Figure 1 : Vérification de la répétabilité sur 4 essais à V = 0,17 mm/s (farine Gruau) La lubrification inhibe les cisaillements au niveau des surfaces des plateaux et assure que la déformation résultante est essentiellement une extension biaxiale sur une surface constante. La force F (N) est directement convertie en contrainte σ (Pa). La déformation biaxiale pendant la compression est calculée selon la méthode utilisée par van Vliet et al. [3]. εb = 1/2 ln (h(t)/h0) (1) où h0 est la hauteur initiale de l'échantillon. La contrainte croît en fonction de la déformation biaxiale εb (Fig. 2). 1,E+06 1,E+05 σ (Pa) 1 1,E+04 1.7 mm/s 0.17 mm/s 0.08 mm/s 1,E+03 1,E+02 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 εb (-) Figure 2 : Contrainte σ fonction de la déformation εb pour 3 vitesses de compression (farine Gruau) Chaunier et al., Rhéologie, Vol.8, 13-19 (2005) 15 Pour une déformation donnée (par exemple, εb = 0,1; 0,25; 0,5; 0,75; 1,0), la contrainte est calculée, puis représentée (Fig. 3) en fonction de la vitesse de déformation biaxiale, ε&b , définie par : ε&b = V 2h(t ) (2) 1,E+06 ηE = M ( ε&b )n-1 avec M coefficient de consistance (Pa.sn) et n indice d’écoulement. A vitesse de déformation constante, la Figure 4 permet de tracer la courbe σ = f(εb) (Fig. 5), qui permet de calculer l'indice de rhéodurcissement, noté SHI (Strain Hardening Index), défini par : SHI = εb = 1.0 εb = 0.75 εb = 0.5 εb = 0.25 εb = 0.1 y = 8.7E+04x0.20 2 σ (Pa) R = 0.77 y = 5.3E+04x0.21 1,E+04 y = 3.3E+04x0.24 y = 1.9E+04x0.25 (4) d ln σ dε b 1,E+07 (5) • ε b =cst εb = 1 εb = 0.75 0.27 y = 1.2E+04x εb = 0.5 εb = 0.25 1,E+02 0,001 0,01 . 0,1 ηE (Pa.s) 1,E+06 1 εb (s-1) La viscosité élongationnelle équibiaxiale apparente ηE est calculée à partir des valeurs de contrainte et de vitesse de déformation ε&b , pour chaque déformation εb (Fig. 4) : η E (ε b ) = σ ε&b (3) ε b =cte Le comportement rhéofluidifiant de la pâte est caractérisé par l’indice n (avec 0 < n < 1), dans la relation liant ces deux variables : V = 0.17 mm/s V = 1.7 mm/s 1,E+04 0,001 0,01 . 0,1 1 εb (s-1) Pour une déformation donnée, la contrainte augmente avec la vitesse de déformation biaxiale. La pente moyenne de ces courbes définit l’indice d’écoulement n. Le traitement des résultats pour différentes vitesses de déformation permet de découpler ces effets. Ainsi, la contrainte correspondante est déterminée pour une vitesse de déformation biaxiale constante, ε&b = 0,01 s-1, typique des valeurs rencontrées lors de la fermentation [1] (Fig. 3). y = 86964x-0,8 R2 = 0,98 1,E+05 Figure 3 : Contrainte σ fonction de la vitesse de déformation biaxiale ε&b pour différentes déformations εb (farine Gruau) Figure 4 : Viscosité élongationnelle ηE fonction de la vitesse de déformation biaxiale ε&b pour différentes déformations (farine Gruau) 1,E+05 y = 3E+03e2,5x R2 = 0,99 σ (Pa ) Le mode opératoire choisi entraîne une variation simultanée de la déformation biaxiale et de la vitesse de déformation, le régime permanent n’étant jamais atteint. La pâte ayant une composante élastique et une composante visqueuse, la contrainte nécessaire pour déformer l’échantillon dépend de la déformation et de la vitesse de déformation, respectivement. εb = 0.1 V = 0.08 mm/s 1,E+04 SHI 1,E+03 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2 εb (-) Figure 5. Contrainte σ fonction de la déformation εb, pour ε&b = 0,01 s-1 (farine Gruau, SHI = 2.5) 2.3 Formulation et panification Afin d’évaluer l’aptitude des farines à la panification, les pains sont élaborés selon un protocole normalisé BIPEA (Norme AFNOR NF V03-716, Tableau 2). Pendant les étapes de fermentation en masse, puis après division, le CO2 produit par les levures est retenu par la pâte (ρinitial ≈ 1.25 g/cm3) de façon à former une mousse solide de faible densité (mie de type "pain français", ρfinal ≈ 0.2 g/cm3). 16 Chaunier et al., Rhéologie, Vol.8, 13-19 (2005) Pendant la cuisson, deux phases principales se succèdent : le volume du pain augmente d’abord par expansion du gaz produit lors de la fermentation, puis se stabilise, la structure étant maintenue après dénaturation thermique des protéines (gluten) et gélatinisation de l’amidon. Après refroidissement des pains, leur volume spécifique est déterminé par déplacement de graines de colza dans un récipient étalonné (± 0.2 cm3/g) et la texture de leurs mies est évaluée par analyse d’images. Etape Conditions expérimentales Pétrissage 40 rpm, 4 min / 80 rpm, 17 min (sel incorporé à 12 min) à T = 25 °C Fermentation en masse 20 min, 75 % HR à T = 27 °C Divisage 350 g (+ 25 g pour mesure de pousse), 10 min à Tambiante Boulage --- Fermentation finale 120 min, 75 %HR à T = 27°C Cuisson 27 min Refroidissement 120 min à Tambiante Tableau 2 : Protocole de panification BIPEA (Norme AFNOR NF V03-716). Farine (2 kg, 100 %), eau (farinographe + 9 %), sel (2.2 %), levure (2.5 %) HR : humidité relative 2.4 Acquisition et analyse d’images Des images des tranches des pains sont acquises avec un scanner à plat (résolution 300 dpi). Les images couleurs sont converties en niveaux de gris, les parois des alvéoles étant les zones claires de l’image (Fig. 6). Le traitement est fait selon une méthode d’analyse de texture d’images basée sur la morphologie mathématique [14]. L’érosion est une opération de base où un masque (un carré de côté 2n+1 pixels) est appliqué à chaque portion de l’image. Le niveau de gris du pixel central recouvert par le masque devient égal au minimum du niveau de gris des pixels recouverts. L’érosion a pour effet de diminuer le niveau de gris de l’image et de faire disparaître les objets dont une des dimensions est inférieure au côté du masque. La variation de la somme des niveaux de gris de l’image est fonction des dimensions des objets, de leur nombre et aussi de leur niveau de gris initial. Figure 6 : Courbes granulométriques en niveaux de gris, (farines Gruau et Panif) L’étude des variations de la somme des niveaux de gris lors d’érosions successives donne des informations de type granulométrique sur les parois. L’opération duale, la dilatation, attribue au pixel central la valeur maximale des niveaux de gris vus au travers du masque. Elle permet d’obtenir une courbe de granulométrie en niveaux de gris des alvéoles qui complète celle des parois. La comparaison des variations des courbes nécessite de les normaliser par rapport à la taille des tranches et à leur intensité lumineuse. La Figure 6 illustre les courbes normalisées obtenues sur deux produits de texture différente. La comparaison des courbes pour l’ensemble des mies de l’étude (8 tranches x 3 pains, pour chaque farine) se fait par Analyse en Composantes Principales, qui permet d’établir une carte de ressemblance. L’interprétation de cette carte se fait d’après l’ordre dans lequel les images se placent et la forme des vecteurs propres. 3. Résultats 3.1 Propriétés rhéologiques Les mesures en compression uniaxiale lubrifiée, réalisées pour des déformations εb de 0,1 à 1,25, montrent que les pâtes à pain ont un comportement élongationnel rhéofluidifiant, décrit par la loi puissance (Eq. 4). La pâte issue de la farine à la plus forte teneur en protéines (Gruau) présente une viscosité élongationnelle bien plus élevée que les autres (Fig. 7). Chaunier et al., Rhéologie, Vol.8, 13-19 (2005) 17 Les valeurs élevées de M et SHI obtenues pour cette farine sont vraisemblablement dues à sa forte teneur en protéines, 13,5 %MS (les autres farines présentant des teneurs en protéines moins importantes, inférieures à 12 %MS), ce qui traduirait le renforcement du réseau de gluten. 1,E+07 εb = 1 ηE (Pa.s) 1,E+06 1,E+05 Gruau Biscuit Panif CNS 1,E+04 1,E-02 1,E-01 1,E+00 . εb (s-1) 3.2 Evaluation en panification Figure 7 : Courbes de viscosité élongationnelle pour quatre farines à εb = 1 Les valeurs des indices n et des consistances M varient d’un facteur 2 pour l’ensemble des pâtes (Tableau 3). Farine SHI M (Pa.sn) 1,95 CNS n 52 10 3 0,38 3 0,19 Biscuit 2,06 43 10 Panif 2,10 51 103 0,25 2,50 3 0,20 Gruau 87 10 Pour une vitesse de déformation ε&b constante (ici, de 0,01 s-1), les variations de σ représentées sur une échelle logarithmique en fonction de la déformation εb donnent l'indice de rhéodurcissement SHI (Figs. 5 et 8). CNS, Biscuit et Panif présentent des valeurs proches de SHI, comprises entre 1,95 et 2,1. Elle est plus importante pour Gruau : 2,5 (Tableau 3). 1,E+05 y = 3.1E+03e2,50x R2 = 0,99 2,06x y = 2.2E+03e σ (Pa) y = 2.0E+03e2,10x 1,E+04 1,95x y = 1.4E+03e Gruau Biscuit Panif CNS 1,E+03 0,2 0,4 0,6 0,8 Les caractéristiques des pains obtenus sont présentées dans le Tableau 4. La farine Panif donne un pain aux caractéristiques optimales pour un produit de type "pain français", avec un volume spécifique élevé (6 cm3/g). Les farines CNS, Gruau et surtout Biscuit donnent des pains plus denses. Farine Tableau 3 : Résultats obtenus en compression uniaxiale lubrifiée 0 La teneur en eau, inférieure de 15 % en valeur absolue, explique que les valeurs de SHI soient 50 % plus élevées et l’ordre de grandeur des valeurs de M environ 10 fois supérieur à celles déterminées par Rouillé et al. [13]. 1 εb (-) Figure 8 : Détermination des SHI, à ε&b = 0,01 s-1 1,2 Volume (cm3) Masse (g) Volume spécifique (cm3/g) Panif 1593 265 6.0 CNS 1374 271 5.1 Gruau 1370 277 4.9 Biscuit 994 274 3.6 Tableau 4 : Résultats obtenus en panification Les courbes normalisées de granulométrie en niveaux de gris, obtenues par analyse de texture d’images, sont en forme de pic typique de texture fines (Fig. 6). Pour l’ensemble des mies de l’étude, cette même forme est obtenue. Une Analyse en Composantes Principales des courbes donne la carte de ressemblance des mies de pain (Fig. 9). La première composante décrit 82 % des variations entre les textures de mie. Les images se placent sur son axe de la plus aérée pour les valeurs élevées (Panif), à la plus fine pour les valeurs les plus faibles (Gruau). La deuxième composante est moins significative, avec seulement 12 % des variations décrites. Les images aux plus faibles valeurs selon l’axe des ordonnées sont celles qui présentent essentiellement des parois d’épaisseur moyenne, contrairement à celle aux valeurs fortes, présentant une structure plus hétérogène (Biscuit). 4. Discussion Les farines CNS et Panif donnent des pains aux mies les plus expansées et aux structures alvéolaires 18 Chaunier et al., Rhéologie, Vol.8, 13-19 (2005) homogènes, présentant les parois les plus régulières (Fig. 9). Leurs comportements rhéologiques proches, en viscosité (M et n voisins) comme en rhéodurcissement (SHI), semblent donc caractéristiques de farines à bon potentiel de panification (Tableaux 3 et 4). La farine Biscuit présente des résultats équivalents à ceux obtenus pour CNS et Panif en rhéodurcissement (SHI ≈ 2), mais avec un coefficient de consistance de pâte bien plus faible, à relier certainement à sa faible teneur en protéines (inférieure à 9 % MS, Tableau 1). La pâte obtenue après pétrissage présente donc un réseau de gluten faible, entraînant une mie au volume spécifique moins important et une structure alvéolaire hétérogène (Fig. 9). 5. Conclusion Ces travaux confirment la pertinence du test LSF pour la mesure des propriétés élongationnelles de pâtes issues de blés différents. Même si elles ne déterminent pas directement la structure alvéolaire des mies de pain, ces propriétés définissent un intervalle de mesures caractéristiques des farines les plus prometteuses en panification. Ainsi, l’évaluation de la viscosité élongationnelle équibiaxale en grandes déformations permet de compléter les tests d’aptitude des farines, actuellement déterminée empiriquement en meunerie et en boulangerie. Une analyse plus fine de la composition des farines et l’évaluation de l’effet de chaque étape de panification sur les propriétés rhéologiques des pâtes permettraient de préciser leur influence sur la texture finale des mies de pain. Remerciements Les auteurs tiennent à remercier Antoine Nachon (IUT Sciences et Génie des Matériaux, Nantes) pour son assistance technique. Références [1] Bloksma, A.H. Dough structure, dough rheology and baking quality. Cereal Foods World, 35, 237-244 (1990). [2] Chatraei, S.H., Macosko, C.W., Winter, H.H. Lubricated squeezing flow: a new biaxial extensional rheometer. J. Rheol., 25, 433-443 (1981). Figure 9 : Carte de ressemblance des mies de pain Les résultats obtenus pour la farine Gruau lors des tests LSF mettent en évidence sa viscosité particulièrement élevée, en lien avec sa forte teneur en protéines. Cette farine donne pourtant des pains assez expansés (Tableau 4), mais présentant une structure alvéolaire très fine (Fig. 9). Contrairement à ce qui avait été obtenu pour des pâtes de même farine et de compositions différentes pour les constituants mineurs [13], les caractéristiques de texture des mies ne sont pas corrélées directement aux valeurs des propriétés élongationnelles, même si celles-ci diffèrent sensiblement. La poursuite de ces travaux requerra donc l’élargissement du domaine expérimental à des farines de compositions intermédiaires et à l’étude de l’évolution du comportement rhéologique des pâtes au cours des étapes de panification, jusqu’à la cuisson. [3] van Vliet, T., Janssen, A.M., Bloksma, A.H., Walstra, P. Strain hardening of dough as a requirement for gas retention. J. Texture Studies, 23, 439-460 (1992). [4] Kokelaar, J.J., van Vliet, T., Prins, A. Strain hardening properties and extensibility of flour and gluten doughs in relation to bread making performance. J. Cereal Sci., 24, 199-214 (1996). [5] Drobrasczyk, B.J., Roberts, C.A. Strain hardening and dough gas cell-wall failure in biaxial extension. J. Cereal Sci., 20, 265-274 (1994). [6] Uthayakumaran, S., Newberry, M., Phan Thien, N. and Tanner, R. Small and large strain rheology of wheat gluten. Rheol. Acta, 41, 162-172 (2002). [7] Janssen, A.M., van Vliet, T., Verejken, J.M. Rheological behaviour of wheat glutens at small and large deformations. Comparison to two glutens differing in bread making potential. J. Cereal Sci., 23, 19-31 (1996). [8] Janssen, A.M., van Vliet, T., Verejken, J.M. Rheological behaviour of wheat glutens at small and large deformations. Effect of gluten composition. J. Cereal Sci., 23, 33-42 (1996). Chaunier et al., Rhéologie, Vol.8, 13-19 (2005) 19 [9] Janssen, A.M., van Vliet, T., Verejken, J.M. Fundamental and empirical rheological behaviour of wheat flour doughs and comparison with bread making performance. J. Cereal Sci., 23, 43-54 (1996). [12] Dubreil, L., Meliande, S., Chiron, H., Compoint, J.P., Quilien, L., Branlard, G., Marion, D. Effect of puroindolines on the breadmaking properties of wheat flour. Cereal Chem., 75, 222-229 (1998). [10] Dobraszczyk, B.J., Morgenstern, M.P. Review : rheology and the breadmaking process. J. Cereal Sci., 38, 229-245 (2003). [13] Rouillé, J., Della Valle, G., Lefebvre, J., Sliwinski, E., van Vliet, T. Shear and extensional properties of bread doughs affected by their minor components. J. Cereal Sci., 42, 45-57 (2005). [11] Lefebvre, J., Popineau, Y., Deshayes, G., Lavenant, L. Temperature-induced changes in dynamic rheological behaviour and size distribution of polymeric proteins for glutens from wheat near-isogenic lines differing in HMW glutenin subunit composition. Cereal Chem., 77, 193-201 (2000). [14] Rouillé, J., Della Valle, G., Devaux, M.F., Marion D., Dubreil, L. Assessment by digital image analysis of French bread volume and crumb changes by modifications of minor components composition. Cereal Chem., 82 (1), 20-27 (2005). [Abridged English version] Bread crumb cellular structure results from bubbles growth in a viscoelastic dough whose elongationnal properties may be characterized. Lubricated squeezing flow (LSF) allows to measure extensional biaxial viscosity for large deformations (0.1 < εb < 1.25), as well as Strain Hardening Index (SHI), for a constant rate of deformation. Trials have been performed on various flours (proteins content from 9 to 14 %, dry basis), leading to breads whose crumbs texture was evaluated by images analysis. Results confirm the efficiency of the LSF test to measure dough elongationnal properties, even if no straight correlations were found between flours composition and crumbs cellular structure. A deeper analysis of minor components content in flours and the evaluation of rheological behaviour of dough along breadmaking process should allow to enhance the understanding of their influence on crumbs texture. Keywords : Lubricated squeezing flow, dough, cellular structure, viscosity