Poursuivre sa formation en droit à l`étranger – quel programme

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Poursuivre sa formation en droit à l`étranger – quel programme
Poursuivre sa formation en droit à l'étranger – quel programme choisir?
Depuis longtemps déjà, les juristes formés dans un pays éprouvent le besoin de compléter leur
formation en suivant un cursus organisé par une institution étrangère. Jusque dans les années
1990, le choix était limité à quelques options – soit un LLM dans une law school américaine, soit
un diplôme d'étude approfondi (DEA) dans une faculté de droit, de préférence prestigieuse, en
France (Paris I, Paris II, etc.), soit encore, mais plus rarement, un séjour dans le cadre du
programme DAAD (Deutscher Akademischer Austausch Dienst - www.daad.de) en Allemagne
(voy. PETRA FOUBERT, “Een postgraduaat in het buitenland? Denk er tijdig over na!”, Jura
Falconis, 1995-96, pp. 95-106). En outre, dans un grand nombre de cas, l'obtention d'un diplôme
complémentaire à l'étranger était considéré comme une étape permettant d'entamer une carrière de
chercheur.
Aujourd'hui la situation a bien changé : le nombre de programmes de formation post master a cru
de façon exponentielle. Les possibilités de choix sont devenues pléthoriques, à telle enseigne qu'il
est difficile, voire impossible aujourd'hui de prétendre connaître plus qu'une fraction des
possibilités qui s'offrent aux étudiants. Si les LLM offerts par les facultés de droit américaines
demeurent une référence (et font l'objet de nombreuses publications – voy. par ex. H.-P.
ACKMANN, A. MENGEL, D. BIENE, I. VON RAVEN et A. VON FREEDEN, USA – Masterstudium für
Juristen (LL.M., ML, MCJ), Deutsch-Amerikanische Juristen-Vereinigung EV, 3ème. éd., 2008,
Bonn, 261 p.), de nombreuses autres possibilités existent qu'il ne faut pas négliger.
Cette multiplication n'est pas anodine : la formation des juristes est devenue un véritable 'marché'
où l'offre est sans cesse ajustée. Le développement de ce marché est en grande partie lié au souci
des facultés de droit de diversifier leurs sources de financement – bon nombre d'étudiants
s'inscrivant dans des programmes complémentaires s'acquittent en effet de droits d'inscription
élevés qui représentent autant de rentrées financières appréciables.
La multiplication de l'offre a également suivi une autre évolution du monde contemporain dans la
mesure où l'offre s'est aussi fortement internationalisée : alors que pendant quelques décennies,
seuls certains pays offraient des programmes jugés intéressants (ce sont surtout les facultés de
droit américaines et quelques universités anglaises qui ont retenu l'attention; le grand prestige
dont jouissent les droits de ces pays, et par extension également leurs praticiens, n'y est sans doute
pas étranger), il y a un grand nombre de pays qui accueillent aujourd'hui des programmes de
qualité. L'on peut citer l'exemple des Pays-Bas où très tôt des LL.M. enseignés en anglais ont vu
le jour - l'on en recense aujourd'hui plus d'une quinzaine (on trouvera une liste exhaustive sur le
site de Ars Aequi : www.arsaequi.nl/master/master/274/ItemId/36/Highlight/490).
Une autre évolution notable a été l'apparition de programmes véritablement internationalisés. Il
s'agit de programmes qui ne sont plus liés au droit d'un pays – comme ont pu l'être les LL.M
offerts aux Etats-Unis. Ces programmes se construisent autour d'un thème et sont établis dans un
pays qui offre des structures d'accueil intéressantes, sans que le programme soit aucunement lié au
droit
local.
Le
LLM
in
International
Business
Law
(www.catolicalaw.fd.lisboa.ucp.pt/en/programmes/ll-m-international-business-law) offert par la
Catolica Global School of Law de Lisbonne est un bon exemple : il fait appel à des enseignants
venant d'horizons très divers, dont seule une minorité est rattachée à l'Université La Catolica de
Lisbonne.
Un autre trait marquant de l'explosion de l'offre est l'apparition remarquée de programmes mis sur
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pied par des consortium d'universités. Ces programmes sont conçus et offerts par un groupe
d'universités qui joignent leurs efforts et expertise – comme par exemple dans le domaine de la
protection des droits fondamentaux (par ex. le 'European Master’s Programme in Human Rights
and Democratisation' - http://eiuc.org/education/ema.html). Parfois ce travail d'équipe est rendu
nécessaire par le souci d'obtenir un financement externe (comme ceux du programme Erasmus
Mundus
Joint
Master
Degree
de
l'Union
européenne
http://ec.europa.eu/education/opportunities/higher-education/joint-master_en.htm, qui finance les
programmes de formation post-master si plusieurs universités s'associent – par exemple le
programme 'EMLE' - European Master in Law and Economics – www.emle.org).
Un développement plus récent concerne l'offre de master en ligne. On ne recense que fort peu de
programmes de ce type aujourd'hui, mais tout indique qu'on verra en apparaître de plus en plus à
l'avenir. Le master 'LLM in International Commercial Law and Dispute Resolution' offert par un
groupe de professeurs suisses constitue un bon exemple (www.swissintlawschool.org/sils-ll-m/) :
entièrement enseigné en ligne, ce master comprend 4 modules distincts qui peuvent être suivi
individuellement ou ensemble.
En outre, l'intérêt premier des masters à l'étranger comme tremplin pour la carrière de chercheur a
disparu. Aujourd'hui, la grande majorité des étudiants qui souhaient poursuivre leur formation en
suivant un programme dans une université étrangère, le font pour améliorer leur capacité
d'insertion sur le marché du travail en tant que professionnel du droit, et principalement en vue
d'intégrer le barreau.
Compte tenu de tous ces éléments, il est impossible de fournir une liste des 'meilleurs'
programmes ou de programmes qui méritent d'être recommandés : tout d'abord parce que le choix
d'un programme dépend avant tout du profil et des attentes de l'étudiant(-e) concerné(-e); ensuite
parce que l'offre change rapidement et enfin parce qu'une sélection des programmes nécessiterait
une connaissance approfondie de ceux-ci, acquise après une étude fondée sur une méthodologie
éprouvée.
Aussi on se contentera de fournir quelques clés visant à permettre aux étudiants d'effectuer un
choix informé. On trouvera au demeurant un aperçu d'un très grand nombre de formations sur
www.llm-guide.com ou sur www.mastersportal.eu - en n'oubliant pas que ces sites, très utiles, sont
une initiative commerciale et que les informations fournies sur les différents programmes le sont
le plus souvent par les universités elles-mêmes...
Avant de commencer, l'on peut noter que le nom du programme n'a que peu d'importance. Si la
dénomination 'LLM' ('Master of Laws' – legum magister) a conquis la plupart des pays (elle
s'impose même en France), certaines universités proposent des programmes sous des appellations
différentes : M.C.J. ('Master of Comparative Jurisprudence'), M.C.L. ('Master of Comparative
Law'), ou encore BCL ('Bachelor of Civil Law') ou MJur ('Magister Iuris').
1.
Master spécialisé ou master général?
Les LL.M classiques offerts par les facultés de droit américaines et anglaises permettaient aux
étudiants de suivre des cours dans différentes matières, que les étudiants pouvaient librement
sélectionner. Au mieux, le programme des étudiants contenait une partie obligatoire limitée à
l'obligation de suivre un cours d'introduction au droit américain ou anglais. Pour le reste, la liberté
était reine. Pendant longtemps, seules quelques facultés de droit ont offerts des masters
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spécialisés. Lorsque les programmes LLM ont commencé à apparaître en Europe, la plupart des
universités ont offerts une réplique du modèle américain bien connu : un programme général,
permettant aux étudiants de suivre les cours de son choix sans imposer une spécialisation. C'est
ainsi
que
le
programme
LLM
offert
par
la
KULeuven
depuis
1990
(www.law.kuleuven.be/llm/index.html) a pendant longtemps été conçu comme un master général
permettant aux étudiants de choisir librement dans une liste étendue de cours touchant à des
domaines divers dont le seul point commun était d'être enseignés en anglais.
Depuis quelques années, l'offre a pris une tournure très différente. De nombreux masters sont
apparus qui permettent aux étudiants de se spécialiser et de suivre une formation toute entière
dirigée vers un domaine particulier.
Pour prendre l'exemple de la Suisse, des masters récemment créés permettent de se spécialiser en
droit international humanitaire (www.geneva-academy.ch) et en droit de l'arbitrage et de la
résolution des différends (http://mids.ch/). Pour rester dans ce domaine, de nombreux masters
complémentaires offrent aujourd'hui une formation très spécialisée dans le droit de la résolution
des différends (ex. : le LLM in International Commercial Arbitration de la Stockholm University;
le Master in International Dispute Settlement de la Geneva Law School & Graduate Institute of
International and Development Studies; le LLM in International Dispute Resolution de la Queen
Mary University of London; le master 2 in Arbitration and International Business Law de
l'Université de Versailles Saint-Quentin; le LLM in International Business Regulation, Litigation
and Arbitration de la New York University; le Master 2 in Litigation, Arbitration and ADR de
l'Université Panthéon-Assas; le LLM in Dispute Resolution de la Pepperdine University, etc.).
Dans un autre domaine, l'on a vu apparaître un grand nombre de formations destinées aux juristes
souhaitant se spécialiser en droit du sport. Si le champ d'activités qui y est lié peut paraître assez
étroit, ceci n'a pas empêché l'apparition de multiples formations – certaines étant liées à des
instituts de recherche spécialisés (c'est le cas du master offert par l'Université de Neuchatel, qui
est lié à la FIFA et au Centre Internationale d'Etude du Sport –
www2.unine.ch/mlawsport/cms/op/edit/lang/fr/pid/8311). Des programmes de ce type existent au
Royaume-Uni
(par
ex.
par
l'Université
de
Nottigham
–
www.ntu.ac.uk/apps/pss/course_finder/60358-1/3/llm_sports_law.aspx); aux Etats-Unis (par
l'université de Marquette : https://law.marquette.edu/programs-degrees/sports-law) ou encore sont
offerts par des consortium d'universités (par ex. : www.isdemasters.com/programas-master-fulltime-llm-in-international-and-comparative-sports-law-new-york).
L'on pourrait donner des exemples équivalents pour le domaine de la propriété intellectuelle, du
droit du commerce international, etc.
Pour le dire simplement : entre un master général et un master spécialisé, il n'y a pas de mauvais
choix. Les deux formules présentent des avantages et quelques inconvénients qu'il est facile
d'apercevoir.
La spécialisation offre des avantages évidents : elle permet d'acquérir une connaissance plus
poussée dans un domaine; elle permet de vérifier que ce domaine correspond bien aux attentes de
l'étudiant(-e). En outre, elle peut donner un avantage en terme de recrutement, du moins lorsque
l'employeur est à la recherche d'un profil spécialisé.
Il faut néanmoins garder à l'esprit qu'une trop grande spécialisation ne constitue pas toujours un
avantage. D'abord parce que le marché du travail connaît des cycles, certains domaines fort prisés
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pendant quelques années cédant ensuite le pas à d'autres. En outre, les employeurs ne recherchent
pas toujours des diplômés possédant une spécialisation – certains cabinets d'avocat préférant
former leurs recrues sur le terrain, considérant qu'un bon juriste disposant d'une solide formation
de base peut 'tout faire'. De plus, certains professionnels considèrent que leur discipline ne peut
s'acquérir que par une pratique intensive et non par l'étude. Il faut également avoir à l'esprit que
les attentes et les souhaits peuvent évoluer au cours d'une carrière – ainsi une spécialisation
acquise dans un domaine particulier peut se révéler moins utile si après quelques années,
l'intéressé change d'orientation. Enfin, l'obtention d'un diplôme dans un domaine spécialisé peut
également constituer une contrainte dans la mesure où il conduira l'intéressé à rechercher en
priorité un emploi dans ce domaine, en négligeant d'autres pistes qui pourraient se révéler
opportunes.
Si l'étudiant(-e) souhaite poursuivre sa formation dans un domaine précis, il convient dès lors
d'essayer de valider ce choix pour l'une ou l'autre spécialisation en effectuant un stage dans le
domaine considéré, pour se convaincre que la direction choisie répond bien aux attentes.
En outre, l'étudiant aura à coeur de prendre en considération les bénéfices d'une formation
générale. Celle-ci permet également de tester différents domaines : un LLM général permet en
effet souvent de combiner des cours appartenant à des disciplines différentes, ce qui permet à
l'étudiant(-e) d'élargir sa palette. La plupart des LLM non spécialisés offrent d'ailleurs aux
étudiants la possibilité de suivre une 'concentration', sorte de mineure obtenue si l'on suit un
nombre minimum de cours dans un domaine précis. Ceci offre l'avantage de pouvoir combiner
une forme de spécialisation avec l'ouverture d'une formation générale.
2.
De quelques éléments caractéristiques des LLM
Quel que soit le type de formation qui retient l'attention, il convient d'être attentif à la structure du
programme : y-a-t-il un tronc commun, quelles sont les options, la rédaction d'un mémoire ou d'un
'LLM paper' est-elle imposée? Certains cours sont-ils susceptibles de ne pas être enseignés lors de
l'année désirée (par exemple parce que le titulaire bénéfice d'un congé sabbatique)?
Un autre facteur important concerne la méthode d'enseignement. Alors que l'enseignement ex
cathedra constitue le quod plerumque fit dans les facultés de droit belges, certains programmes
offerts par des institutions étrangères misent sur une formation plus active, nécessitant un
investissement important de la part des étudiants tout au long de l'année. C'est le cas de manière
traditionnelle des LLM offerts aux Etats-Unis, qui mettent un point d'honneur à poursuivre la
tradition de la méthode socratique (par ex. : www.law.uchicago.edu/socrates/soc_article.html).
Un point important à retenir à ce sujet est la taille de la promotion : certains programmes LL.M
sont comparables en taille à un master en droit belge. Ceci ne facilite assurément pas la
participation active. D'autres programmes LLM annoncent clairement que le nombre d'inscrits
sera limité afin de permettre une participation active des étudiants. Accessoirement, une
promotion de taille réduite permet aux étudiants de nouer des contacts plus intenses et de former
un véritable groupe et non l'addition d'individualités.
Lors de la sélection d'un programme, il convient également d'être attentif au caractère ouvert ou
non des cours proposés dans le cadre du LLM. Certains programmes sont constitués de cours et
séminaires qui ne sont accessibles qu'aux seuls étudiants du programme concerné. Ceci garantit
non seulement que les groupes seront de taille réduite, mais aussi que le niveau des étudiants sera
comparable ou du moins une certaine homogénéité du groupe. En outre, la plupart du temps, ces
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masters n'accepteront qu'un nombre limité d'étudiants (le LLM in European Banking and
Financial
Law
de
l'Université
du
Luxembourg
http://wwwfr.uni.lu/formations/fdef/programmes_ll_m/droit_bancaire_et_financier_europeen
n'accepte par exemple au maximum que 40 étudiants). Dans d'autres programmes, les étudiants
sont invités à se constituer un programme en piochant les cours qui font déjà partie d'autres
cursus. Ceci permet d'entrer en contact avec des étudiants 'locaux' (pour autant qu'ils existent...),
ce qui peut constituer un avantage. Cette manière de procéder est typique des facultés de droit
américaines, qui ouvrent généralement l'ensemble des cours du programme de 'JD' aux étudiants
LLM. Ce faisant, les étudiants LLM sont parfois 'noyés' dans la masse des étudiants qui suivent
une formation de base.
Enfin, on examinera si le programme offre la possibilité de suivre un stage (et quel
accompagnement est fourni par le programme dans la recherche d'un stage) ou de participer à un
concours (Moot court) – ces éléments constituent autant d'atouts importants sur un cv.
3.
Master à finalité professionnelle ou master à finalité recherche?
Certaines formations destinent l'étudiant à la recherche. Ces programmes sont assez rares. Seules
certaines universités conçoivent le programme de master complémentaire comme un tremplin vers
une carrière scientifique – l'exemple le plus connu est sans doute le LLM de l'Université de Yale.
On peut lire sur la page d'accueil du site du LLM que “Admission is generally open only to those
committed to a career in teaching law”. On remarque par ailleurs que un nombre de plus en plus
élevé d'institutions proposent des programmes de doctorat. En France, les DEA étaient conçus
comme préparant notamment aux carrières scientifiques. Les 'master 2 recherche' ont repris cette
formule à leur compte.
La plupart des programmes de master ne sont pas directement conçus pour préparer à une carrière
de chercheur. La plupart des étudiants qui les suivent, se destinent d'ailleurs à un autre avenir
professionnel – principalement le barreau. Néanmoins, suivre avec fruit un programme LLM
même non directement axé sur la recherche, pourra être pleinement valorisé par l'étudiant(-e)
concerné(-e) dans une carrière de recherche. Cette formation permet en effet d'acquérir des
qualités (not. une spécialisation et une amélioration des connaissances linguistiques) fort prisées
dans le monde scientifique. L'on misera dans ce cas spécialement sur le LL.M paper, qui doit
constituer une carte de visite susceptible de faciliter l'entrée dans la carrière de chercheur.
4.
Le coût de la formation
Le coût de la formation est un élément important, qui dicte bien souvent le choix des étudiants.
Une formation complémentaire représente en effet un investissement considérable – d'autant plus
qu'elle recule l'entrée sur le marché du travail. Il peut représenter un obstacle important à l'accès à
une formation – d'autant que les possibilités d'obtenir une bourse sont assez réduites (voire
inexistantes pour certains pays).
De très grandes différences existent selon les offres – ainsi aux Pays-Bas, le LL.M. en droit pénal
international de Leiden nécessite le paiement de droits d'inscription de € 15.000 tandis que celui
offert par l'Universiteit Amsterdam revient à moins de € 2.000. Le coût est aussi souvent (mais
pas toujours) fonction du domaine concerné : les formations préparant à des carrières dans le
monde des affaires se révèlent plus onéreuses que des formations qui conduisent a priori à des
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carrières offrant des perspectives de rémunération moins attrayantes – on comparera les droits
d'inscription du LLM in International Business Law offert par la Catolica Global School of Law
de Lisbonne (€ 12.000) et du LLM in Financial Law offert par l'Institute for Law and Finance de
l'Université de Francfort (€ 18.000 - www.ilf-frankfurt.de/LL-M-Finance.145.0.html) avec celui de
la formation en théorie du droit offert par un consortium d'universités européennes (6.200 EUR –
www.legaltheory.eu/llm_in_legal_theory) ou encore avec le coût de la formation en droits de
l'homme du 'European Master’s Programme in Human Rights and Democratisation' (€ 4.900 –
http://eiuc.org/education/ema.html).
De manière générale, les formations offertes par les universités américaines sont très onéreuses –
il faut compter 40.000 USD/an pour un LL.M de qualité, certaines facultés américaines exigeant
le paiement de droits encore plus élevés (Harvard Law School : USD 57.000 pour l'année 20122013). Les formations offertes dans d'autres pays sont moins onéreuses, même si certaines
universités anglaises (par exemple : Oxford University : 16.500 £; LSE : 13.128 £) et certains
programmes spécialisés (par exemple le Master in International Dispute Settlement de la Geneva
Law School : 25.000 CHF) nécessitent un investissement substantiel.
Dans certains pays, les universités se révèlent beaucoup plus accessibles – sans doute parce que
leur modèle de financement leur permet de subsidier avec d'autres fonds les formations post
master. On relèvera par exemple que les différents masters en droit européen offerts par
l'Université du Luxembourg ne nécessitent le paiement que de très modestes droits d'inscription
(200 ou 300 EUR / semestre de cours). De même, certaines universités canadiennes offrent des
programmes au coût plus limité que les facultés américaines (par exemple le LLM de la McGill
University qui nécessite le paiement d'un montant approximatif de 11.500 EUR –
www.mcgill.ca/law-gradprograms/programs/llm).
Lorsque l'on tient compte de l'investissement nécessaire qu'implique une formation
complémentaire, il faut impérativement avoir à l'esprit qu'une partie de ces coûts peut faire l'objet
d'un financement extérieur. Pour certaines destinations, il est en effet possible d'obtenir une
bourse permettant de financer en tout ou partie la formation. C'est le cas notamment des bourses
de la Belgian American Educational Foundation ou de la Fulbright Commission qui visent à
permettre aux étudiants belges de poursuivre leurs études aux Etats-Unis. Dans d'autres pays, il
est possible d'obtenir un 'tuition waiver', qui fonctionne comme une réduction des droits
d'inscription. Certaines universités offrent également des bourses – mais l'expérience apprend que
celles-ci sont souvent réservées aux étudiants provenant de pays moins développés que la
Belgique.
Il faut en outre tenir compte du coût de la vie – celui-ci peut s'avérer bien plus élevé dans
certaines destinations que dans d'autres. Ainsi, un séjour d'un an à Londres sera immanquablement
plus onéreux qu'un séjour d'une longueur comparable à Istanbul.
Le coût d'une formation augment de façon substantielle lorsqu'elle s'étend sur deux ans au lieu
d'un. Les programmes qui nécessitent deux années de formation complémentaires demeurent
l'exception – à tout le moins lorsque l'étudiant souhaite poursuivre dans la voie juridique.
Il importe de tenir compte de cette dimension, tout en prenant en compte la possibilité de
bénéficier d'une bourse et en mesurant le retour attendu sur ce qui constitue bien un
investissement. Certains diplômes constitueront en effet un sérieux atout pour accéder à des
domaines où les rémunérations sont importantes.
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5.
La langue
L'une des motivations principales qui anime les étudiants souhaitant poursuivre des études à
l'étranger est d'améliorer leur maîtrise d'une langue étrangère, principalement l'anglais. Cette
motivation a certes perdu de son importance avec l'essort pris par les programmes d'échange
Erasmus ainsi que l'introduction de cours enseignés dans des langues étrangères.
Il n'en demeure pas moins qu'il paraît indispensable de suivre un enseignement dans une langue
étrangère. La valeur ajoutée d'un master suivi dans la même langue que le master de base est fort
réduite. Elle ne se conçoit que si l'étudiant concerné présente un intérêt très fort pour la discipline
retenue, et à condition que le master présente des qualités uniques. Encore faut-il dans ce cas que
l'étudiant mette tous les atouts de son côté en améliorant ses connaissances linguistiques par
d'autres moyens.
6.
Dimension symbolique
Certaines institutions sont tellement connues qu'y obtenir un diplôme possède une charge
symbolique importante – obtenir un LL.M. à la Harvard Law School ou à Oxford University
représente sans doute le nec plus ultra qui ouvrira bien des portes, sans d'ailleurs que le contenu
de la formation intéresse outre mesure les employeurs potentiels, tant la valeur symbolique d'une
telle formation est forte.
Or la sélection pour ce type de programme est très poussée. Les universités les plus prestigieuses
peuvent se permettre de n'accepter que les étudiants avec un profil qu'elles jugent exceptionnel.
Ceci se démontre par une excellence académique, liée à des expériences extra curriculum
intéressantes.
La valeur symbolique des formations se nourrit d'une tradition orale, qui n'est pas sans mêler
certains clichés et mythes. Elle est singulièrement renforcée par l'apparition de classements établis
périodiquement – même si la méthodologie suivie pour les établir est contestable. Voy. le
classement
établi
par
le
Guardian
pour
les
universités
anglaises
(www.theguardian.com/education/ng-interactive/2014/jun/03/university-guide-2015-league-tablefor-law), celui du Financial Times (http://im.ft-static.com/content/images/009ac80c-4827-11e388be-00144feabdc0.pdf) et celui du US News and World Report pour les facultés de droit
américaines (http://grad-schools.usnews.rankingsandreviews.com/best-graduate-schools/top-lawschools/law-rankings).
Il ne faut néanmoins pas oublier que derrière les quelques grands noms fort connus, d'autres
peuvent se cacher, qui offrent une formation tout aussi solide.
En Angleterre, à côté de Oxford et de Cambridge, il y a bien d'autres programmes de qualité – on
pense par exemple aux différents LL.M. offerts par l'Université de Nottingham, celle de
Edinbourgh ou encore celle de Essex – parmi d'autres.
Aux Etats-Unis, les grands noms que sont Yale, Harvard, NUY, Chicago, Berkeley et Columbia ne
doivent pas cacher que des universités moins connues offrent des formations d'excellente qualité –
les étudiants belges peuvent tenter leur chance auprès des facultés de droit de Tulane, Indiana
University, Georgia University ou encore Boston University (et bien d'autres) qui offrent toutes
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une formation de très haut niveau. La différence de notoriété ne se traduit néanmoins pas toujours
dans une offre plus accessible – ainsi le programme LL.M offert par l'Indiana University at
Bloomington nécessite le paiement de droits d'inscription dépassant 56.000 USD et celui de
l'University of Michigan plus de 54.000 USD.
7.
La localisation
Un élément qui peut aussi entrer en ligne de compte dans le choix d'un programme est la
localisation de l'institution. Il est évident qu'étudier un an à New York (par ex. NYU / Columbia)
constitue une expérience tout différente de celle que vivra l'étudiant qui a passé un an à Raleigh
(Duke) ou New Haven (Yale). Dans un cas, l'étudiant pourra bénéficier des atouts d'une ville
cosmopolite, tout en devant en supporter les contraintes (notamment le coût plus élevé de la vie).
Cet élément doit recevoir un poids tout à fait subsidiaire. Il ne doit au vrai entrer en ligne de
compte que si le choix se fait toutes choses étant égales par ailleurs.
*
*
*
Au final, chaque étudiant(-e) devra effectuer un choix selon son parcours et ses ambitions. Ce
choix mérite une réflexion approfondie, enrichie d'entretiens avec des alumni et des
professionnels.
Bonne recherche !
Patrick Wautelet (février 2014)
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