Brecht, La bonne âme de Se Tchouan ( PDF

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Brecht, La bonne âme de Se Tchouan ( PDF
Théâtre national de Marseille
Création Théâtre
du 29 janvier
au 1er février
La Bonne âme
du Se-Tchouan
Bertolt Brecht
Mise en scène de Jean Bellorini
Grand Théâtre - Mer 19h, Jeu-Ven-Sam 20h
Coproduction La Criée
presse & Communication
Informations pratiques
Dominique Racle 01 44 53 90 41 / 06 68 60 04 26
[email protected]
La Criée Théâtre national de Marseille
30 quai de Rive Neuve 13007 Marseille
Béatrice Duprat 04 96 17 80 34 - La Criée
[email protected]
Renseignements réservations
au 04 91 54 70 54
vente et abonnement en ligne sur
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Photos libres de droits disponibles
sur www.theatre-lacriee.com
Codes accès espace pro :
identifiant : presse / mot de passe : saisonlacriee
Tarifs
de 9 à 24e
Après le succès de Tempête sous un crâne de Victor Hugo, voici la
nouvelle création à La Criée de Jean Bellorini : un des plus brillants
metteur en scène de la jeune génération avec une troupe débordante
et créative, et Macha Makeïeff pour en imaginer les costumes. Une fête
théâtrale intense et profonde.
C’est un Brecht très humain que celui de La Bonne Âme. Il ne se
limite pas au simple récit d’une parabole sur la bonté. Ce texte,
achevé en 1940, est une de ses pièces les plus abouties. Un théâtre
d’interrogations face à l’existence de l’homme, un théâtre politique
associé au mystère de la poésie... Jean Bellorini a rêvé un spectacle
simple, drôle, et terrible aussi. Une danse, un bal, porteur d’une grâce
légère et d’une force violente.
Des comédiens-musiciens-chanteurs-ouvriers au service de la fable.
Un pianiste fou et grandiose, virtuose. Vents, cordes, percussions. Des
chansons et un esprit de fanfare porté par la troupe, une grande famille
de 18 comédiens.
Avec Danielle Ajoret, Michalis Boliakis, Jules Carrère,
François Deblock, Karyll Elgrichi, Claude Evrard, Jules Garreau,
Camille de la Guillonnière, Jacques Hadjaje, Med Hondo,
Blanche Leleu, Clara Mayer, Teddy Melis, Marie Perrin, Marc Plas,
Geoffroy Rondeau, Hugo Sablic, Damien Zanoly.
Traduction Camille de la Guillonnière et Jean Bellorini Scénographie et
lumières Jean Bellorini Costumes Macha Makeïeff assistée de Claudine
Crauland Création musicale Jean Bellorini, Michalis Boliakis, Hugo
Sablic Son Joan Cambon Maquillages et coiffures Laurence Aué
Production TNT - Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées Coproduction Compagnie Air de Lune,
Odéon - Théâtre de l’Europe, La Criée - Théâtre national de Marseille, Théâtre de la Croix-Rousse, Théâtre
Liberté - Toulon, Espace Jean Legendre – Théâtre de Compiègne, Théâtre Firmin Gémier – La Piscine, Scène
nationale d’Albi, L’Équinoxe – Scène nationale de Châteauroux, Le Cratère – Scène nationale d’Alès.
Avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication/DRAC Île-de-France, du Conseil Général
de Seine-Saint-Denis et du Jeune Théâtre National.
En collaboration avec le Bureau formART
La Compagnie Air de Lune est accueillie en résidence au TGP – CDN de Saint-Denis.
Jean Bellorini est artiste invité du Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées.
L’Arche est éditeur et agent théâtral du texte représenté.
{
Avant-scène Jeudi 30 janvier à 19h15 Introduction au spectacle
avec Jean Bellorini, metteur en scène et Macha Makeïeff
Bord de Scène Samedi 1er février Rencontre avec l’équipe
artistique à l’issue du spectacle
Note d’intention
Il ne s’agit pas d’être actuel, il s’agit d’être contemporain.
Dans le Se-Tchouan, une province fort reculée de la Chine, trois dieux
voyagent. Ils cherchent une bonne âme et en trouvent une seule,
qui accepte de les loger pour la nuit : Shen Té, la prostituée. Pour la
remercier, ils lui donnent de l’argent ; elle quitte son métier et s’achète
un petit débit de tabac. D’autres ennuis commencent alors : passer de
l’autre côté de la misère, c’est aussi devoir l’affronter. Misère physique,
sociale. Mais aussi misère morale.
La fresque épique des aventures de Shen Té est ponctuée d’appels
désespérés à la bonté et d’explosions de colère, devant la médiocrité et
la passivité des humains.
Il est question de l’Homme et de sa schizophrénie. De l’amourmarchand face à l’amour-passion. Nous serons face à l’insoutenable
contemporanéité d’un monde qui assume de plus en plus sa cruauté,
d’un monde où la dureté est une valeur qui nourrit la dignité de nos
égoïsmes. En cela l’appel au secours de Shen Té à la fin, se demandant
s’il est possible de changer le monde, est un appel au monde
d’aujourd’hui. Un appel à la solidarité. Tout seul on ne réussit rien. Le
destin est dans les mains de l’Homme.
C’est un Brecht très Humain que celui de la Bonne Âme, rigoureux et
strict : l’écriture est extrêmement tenue. Brecht ne se limite pas au simple
récit d’une parabole sur la bonté. Ce texte est une de ses pièces les plus
abouties du point de vue de la poésie et de l’adresse directe.
La dimension didactique de la fable a tendance à s’effacer devant le
poétique et le lyrique. Un théâtre d’interrogations face à l’existence de
l’homme, un théâtre politique mais dit avec le mystère de la poésie…
D’une certaine manière un Brecht désordonné. Un théâtre où l’on
n’oublie pas qu’on y raconte des histoires. Avec et grâce aux artifices
du théâtre. En chantant la poésie. Une troupe. Plusieurs générations.
Des Dieux très âgés, une vieille dame, un enfant, des jeunes gens, des
hommes et des femmes. Une grande famille. >>>
Certains rôles de femmes comme la propriétaire ou encore la veuve Shin
seront interprétés par des hommes. Une mise en abîme de la pièce ellemême puisque Shen Té devenue Shui Ta se retrouvera face à des femmes
jouées par des hommes. C’est sans doute en se référant à certaines
impressions qu’on peut avoir dans l’œuvre cinématographique d’Almodovar
que j’ai envie de jouer sur le vrai trouble des sexes. Pour aller au delà de la
schizophrénie « bonté-méchanceté ».
Brecht dépeint ces habitants du Se-Tchouan avec une clairvoyance qui laisse
transparaître toute sa tristesse et sa révolte face à l’incapacité des peuples à
faire échec aux structures de domination.
Malhonnêteté et violence ne sont pas sans rappeler la Russie des années
80 avec ses immeubles communautaires…une bascule dans le capitalisme
qui cherche à s’inventer… Et puis l’argent. Unique solution ? Et puis le
chaos. La poésie la plus pure naîtra de la violence du monde la plus sale.
Les comédiens seront plongés dans le délabrement. Un mur qui s’effrite,
des carcasses de voitures, des étoiles. Un arbre, des containers, de la pluie,
des fenêtres. L’immense poubelle que peut représenter notre monde. Et des
étoiles. Comme un tournesol pourrait pousser dans du fumier.
Il nous faut rêver à un spectacle simple, drôle, et aussi terrible. Le rythme ne
sera pas un rythme militaire mais plutôt comme le rythme d’une danse, d’un
bal, conscient d’une grâce légère et d’une force violente en même temps.
Entre la fable et le réel, du rêve au cauchemar, de l’espoir à la peur… ou
plutôt l’inverse.
La musique d’un monde onirique et le bruit de la réalité. Des chansons
originales et populaires. Des comédiens-musiciens-chanteurs-ouvriers du
plateau… au service de la fable. La présence d’un pianiste fou et grandiose,
virtuose. Vents, cordes, percussions. Des chansons et un esprit de fanfare
porté par la troupe de 18 comédiens.
Jean Bellorini, Juin 2012
Pour un théâtre du présent
« Je crois que le théâtre est une des dernières expériences qui soit
encore proposée à l’homme pour être vécue collectivement. »
Laurent Terzieff
Il me paraît fondamental, aujourd’hui, de s’expliquer directement avec
le public. Nous vivons une époque fascinante où la suprématie de la
technologie transporte les arts plastiques et cinématographiques vers
des recherches et des formes nouvelles, mais si le théâtre demeure et
persiste depuis des milliers d’années c’est parce qu’il est la maison de
la parole... J’aurais envie de dire « sacrée » si ce mot n’était pas aussi
connoté religieux, mystique… Cependant cette parole apporte au
spectateur quelque chose d’absolu qu’il est impossible de trouver à travers
un écran ; même si cela peut paraître simpliste je veux parler de la vie, et
de ces mondes intérieurs que se transmettent les hommes qui jouent et
s’écoutent tout à la fois dans un théâtre.
Du choc fusionnel entre le fond et la forme jaillit la poésie. L’espace
d’un instant. Ici et maintenant. L’art du présent, l’art du sensible, l’art de
l’éphémère.
Je voudrais continuer à célébrer les noces du théâtre et de la musique.
Les notions de bonheur et de rêve sont fondatrices d’un théâtre
humaniste. Le théâtre doit être une fête. Une fête joyeuse où l’on peut
y entendre tout y compris les drames les plus graves. La poésie est
indispensable à l’humanité. Le théâtre doit être poétique. Il doit ouvrir
l’imaginaire et laisser une place active au spectateur. Il a une mission
éducatrice : quand il ouvre à l’homme des horizons nouveaux et quand il le
révèle plus profondément à lui-même.
Nos spectacles devront être lisibles à plusieurs niveaux et seront construits
toujours autour de l’émotion, de l’instinct. Le plus sûr moyen d’éveiller
l’esprit n’est-il pas de toucher d’abord le cœur, et la musique n’en est-elle
pas le moyen le plus universel ?
Je tiens à ne jamais être dans un courant ni suivre une mode. Ce doit être
un théâtre qui évolue et qui s’invente à chaque fois en lien étroit avec le
lieu et son temps. >>>
« Le monde est beau parce qu’il est varié » disait Primo Levi. Les
spectacles seront aussi différents que notre monde. La forme ? Notre
ligne artistique : un lien étroit, permanent entre la musique et la parole,
voire la musicalité seule de l’écriture. Le fond ? Tendre vers tout ce qui
questionne l’Homme et sa condition. Le théâtre a plusieurs rôles à remplir :
didactique, métaphysique, mais aussi pourquoi pas léger et divertissant.
J’aime ces spectacles où l’on rit, où l’on pleure et l’on réfléchit dans la
même soirée.
Je crois qu’on vient au théâtre pour être touché. Pour regarder et écouter
« l’humain ». Parce que c’est là où les Hommes parlent aux Hommes, parce
que le temps y prend une autre valeur, la présence humaine une autre
dimension et qu’à certains instants, si rares soient-ils, on peut sentir de
manière presque concrète ce lien invisible qui nous relie tous : la Vie.
Jean Bellorini
© Pologarat-Odessa
Jean Bellorini
Comédien formé à l’école Claude Mathieu et auprès de Michel
Jusforgues. En 2002, il conçoit et met en scène Piaf, l’Ombre de la Rue,
spectacle créé à Paris (Théâtre du Renard), repris à Avignon, puis en
tournée dans toute la France. En 2004, il compose la musique d’Adèle a
ses raisons de Jacques Hadjaje (Théâtre 13, Paris et Avignon).
Depuis 2003, il dirige les Auditions Professionnelles de l’Ecole Claude
Mathieu dans des spectacles autour d’Odön von Horváth, Bertolt Brecht,
Bernard-Marie Koltès, Noëlle Renaude, Nicolaï Erdman, Hanokh Levin.
Depuis 2005, il enseigne à l’Ecole Claude Mathieu.
Au sein de la Compagnie Air de Lune, qu’il crée en 2001, il a mis en
scène, avec Marie Ballet, Inconnu à cette adresse de KressmannTaylor,
Un violon sur le toit de Jerry Bock & Joseph Stein, La Mouette d’Anton
Tchekhov (création au Théâtre du Soleil Festival Premiers Pas 2003),
Yerma de Federico Garcia Lorca (création au Théâtre du Soleil en
2004), L’Opérette, un acte de l’Opérette imaginaire de Valère Novarina
(création au Théâtre de la Cité Internationale en 2008). En 2007, il a
mis en scène Oncle Vania d’Anton Tchekhov à Chantilly. Depuis 2009,
il enseigne au CRR de Paris, dans le cadre du Jeune chœur de Paris. En
décembre 2009, il a mis en scène Barbe-Bleue de Jacques Offenbach
à l’opéra de Fribourg, au théâtre musical de Besançon et à l’opéra de
Massy. Tournée en Suisse et en Belgique.
Cette saison 2010/2011, il reprend en octobre Tempête sous un crâne,
spectacle en deux époques d’après Les Misérables de Victor Hugo au
Théâtre du Soleil.
Il met en scène l’audition professionnelle de l’Ecole Claude Mathieu
autour de l’œuvre de Hanokh Levin et travaille sur un texte de Gilles
Ségal dans En ce temps-là, l’amour… au Théâtre du Soleil.
Jean Bellorini est artiste invité du Théâtre National de Toulouse de 2011
à 2013. La Cie Air de Lune est accueillie en résidence au Théâtre Gérard
Philipe-CDN de Saint-Denis de 2011 à 2013.
Bertolt Brecht (1898 - 1956)
Bertolt Brecht est né en 1898 à Augsbourg, petite ville de Bavière. Après
une éducation classique, il commence à écrire très tôt et publie son premier
texte en 1914 dans un quotidien.
Il entame des études de philosophie à Munich et écrit en 1918 sa première
pièce, Baal, suivie en 1919 de Tambours dans la nuit et en 1921 de Dans
la jungle des villes, trois pièces inspirées du mouvement expressionniste.
Il se marie en 1923 avec Marianne Zoff – il aura tout au long de sa vie
de nombreuses liaisons amoureuses et plusieurs enfants – et reçoit le
prix Kleist pour ses premières pièces, toutes créées sur scène en 192223. Brecht rencontre l’actrice viennoise Helen Weigel et s’installe avec
elle à Berlin. Il fait la connaissance de Kurt Weill en 1927 et crée avec lui
l’Opéra de quat’sous, qui fut immédiatement un grand succès : le Theater
am Schiffsbauerdamm est désormais à sa disposition. Marié avec Helene
Weigel, il écrit et met en scène une ou deux pièces par an, dont La
Mère, Homme pour homme, Mahagonny, Happy End, Sainte Jeanne des
abattoirs, Têtes rondes et têtes pointues. Parallèlement à son adhésion au
marxisme, il met au point sa théorie du théâtre épique qu’il exposera dans
son Petit Organon pour le théâtre publié en 1948.
En février 1933, Brecht et Weigel s’enfuient en Suisse, puis à Paris, avant
de s’installer à Svendborg au Danemark. En 1935, ils se rendent à Moscou
et ensuite à New York pour la première américaine de La Mère. Brecht écrit
coup sur coup Grand’peur et misère du troisième Reich, La Vie de Galilée
et Mère Courage et ses enfants. Au moment de l’invasion du Danemark,
le couple reprend son errance et se réfugie en Suède, puis en Finlande,
et part finalement pour New York en 1941. La même année, la création
mondiale de Mère Courage et ses enfants (encore sans les chansons)
a lieu à Zurich, où La Bonne Âme de Se-Tchouan et La Vie de Galilée
seront également créés. Comme de nombreux écrivains en exil, Brecht
s’installe à Hollywood en 1942 et travaille pour le cinéma (adaptation
cinématographique de Galilée avec Charles Laughton).
Il retourne en Europe en 1947, d’abord à Zurich, puis s’installe
définitivement à Berlin-Est à partir de 1948. En 1949, Brecht et Weigel
obtiennent la nationalité autrichienne. Le couple fonde le Berliner
Ensemble, leur « troupe officielle », installée au Deutsches Theater.
Désormais autant auteur que metteur en scène de pièces du répertoire
classique, Brecht entreprend la publication de ses œuvres complètes
à partir de 1954, année où il reçoit le prix Staline. Des tournées
internationales se succèdent, dont celle en France en 1954, événement
décisif pour l’histoire du théâtre français. Après un voyage à Milan pour
assister à l’Opéra de quat’sous mis en scène par Giorgio Strehler, Brecht,
très malade, meurt le 14 août 1956. Sa femme continuera de diriger le
Berliner Ensemble, fidèle héritière de son œuvre qui, outre les pièces de
théâtre, comprend également des recueils de poèmes, des contes, des
écrits théoriques sur le théâtre et des essais.