Sa Majesté, le melon de Cavaillon
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Sa Majesté, le melon de Cavaillon
Quand le melon de Jean-Jacques Prévôt prévaut - Michelin Re... http://restaurant.michelin.fr/magazine/toques---co/quand-le-m... TOQUES & CO Par Gautier Battistella, le 26.06.2012 Quand le melon de Jean-Jacques Prévôt prévaut À Cavaillon, Jean-Jacques Prévôt, un chef hors norme, cultive l’art du melon. Mais attention, il ne se contente pas de les cuisiner : il les réinvente. Balade ensoleillée parmi les cucurbitacées. Devinette : c’est le roi du melon, mais il fait preuve d’une modestie absolue ; son nom rappelle l’Ancien Régime, et pourtant, il a le don de faire oublier tout régime quand on s’installe à sa table… J’ai nommé Jean-Jacques Prévôt, chef et âme du restaurant Prévôt, ambassadeur du melon de Cavaillon et chevalier de l’Ordre du melon ! Les melons, Jean-Jacques Prévôt les aime tant qu’il les peint (avec du jus de pépins de melon !), les sculpte, et sans en faire des tonnes, en fait des bonshommes. Il est l’Arcimboldo de Cavaillon ! MELON DE CAVAILLON ET LABEL IGP Ce matin-là de juin, nous arpentons un champ de melons, accompagné du chef et de Pascal Allègre, son producteur attitré. Il a plu la veille. Pascal n’est pas content. Plusieurs melons sont perdus. « Le melon ne supporte pas la pluie, et il est vite stressé : il craint même le mistral, un comble ! » Lui connaît les melons sur le bout des doigts, et ce n’est pas une façon de parler ; il passe ses journées à les tâter. Avec son père Jean-Pierre, Pascal Allègre fait partie de ces producteurs qui refusent tout compromis, c’est un pur, un dur qui produit 108 tonnes sur 12 hectares, et une douzaine de variétés, récoltées de juin à septembre. Le melon de Cavaillon a gagné ses galons d’IGP, soit indication géographique protégée, le label européen qui permet de défendre les noms géographiques. Pascal sélectionne les melons qui seront travaillés par maître Prévôt, « juteux et à chair ferme ». CUISINER AUTOUR DU MELON Le restaurant Prévôt, c’est 31 ans d’existence et autant de couverts. L’établissement ouvre le 1er mai 1981. Tandis que François Mitterrand s’apprête à investir l’Élysée, Jean-Jacques Prévôt s’apprête à conquérir Cavaillon, un melon entre les dents. Le chef a une idée derrière la tête : inventer une cuisine autour du melon. Rapidement naît sa première recette : rouget, tomate séchée et tapenade… sur un canapé de melon, assorti d’un filet d’huile d’olive. L’autre grande spécialité, c’est le melon cocotte au homard – un melon garni d’une bouillabaisse de homard mitonnée au four 20 minutes. « Le melon s’accorde aussi bien avec les poissons et les crustacés qu’avec les viandes : une fricassée de melon avec du bœuf ou de l’agneau, c’est un bonheur ! » La preuve avec ce tube de taureau de Camargue mis au sel, fourré aux melons crus et confits et sa julienne fumée, accompagné de panna cotta au parmesan, jeune et fraîche vinaigrette de coriandre – un plat pointu, qu’on appelle « Olé », son petit nom dans la maison. Que les puristes et amateurs de mythologies familiales se rassurent : le rouget des débuts est toujours là. Chaque année, il revêt de nouveaux habits. Cette année, il est proposé « juste snacké et absorbé d’escabèche aux notes d’orange, entremêlé de lamelles de melon croquant dans sa gelée à la mélisse, toast au beurre de foie de rouget ». Ce plat signature est à déguster dans le menu d’été. UNE ÉQUIPE AU SERVICE DU MELON Il serait faire tort au chaleureux établissement de ne pas évoquer les coulisses, sans lesquelles le Prévôt ne serait pas ce qu’il est – notamment le second Romain Dumas et Fatima Machra, la pâtissière marocaine, à qui l’on doit ce « bain de soleil à Cavaillon plage », soit une crème diplomate à l’abricot, transparence de melon et de pastèque, émulsion d’amande et sorbet mojito, citron vert, rhum brun et menthe. Ajoutez un apprenti et un stagiaire de l’école hôtelière, et vous avez fait le tour du melon. Voilà une cuisine exposée plein sud, au sens propre comme au figuré ! En salle, c’est dame Sylviane Prévôt qui accueille les commensaux. Elle peut compter sur la charmante présence de la fille prodige, Sandra-Rose Prévôt, élève sommelière, qui propose une sélection de vins à son image : ensoleillés, et pleins d’allant. Mention spéciale au Melanis, l’apéritif maison, à base d’anis… et de melon, évidemment ! Vous l’aurez compris, à la fin, c’est toujours le melon qui prévaut. 1 sur 2 27/06/12 11:26 Quand le melon de Jean-Jacques Prévôt prévaut - Michelin Re... http://restaurant.michelin.fr/magazine/toques---co/quand-le-m... INFORMATIONS PRATIQUES Restaurant Prévôt 353, avenue de Verdun 84 300 Cavaillon Tél. : 04 90 71 32 43 www.restaurant-prevot.com Pour plus de renseignements, voir la fiche du Restaurant Prévôt sur MICHELIN Restaurants. SUR LE MÊME THÈME Jean-Jacques Prévôt, Provence 2 sur 2 27/06/12 11:26 Melon cocotte au homard par Jean-Jacques Prévôt - Michelin... http://restaurant.michelin.fr/magazine/recettes-de-chefs/melo... RECETTES DE CHEFS Publié le 26.06.2012 Melon cocotte au homard par Jean-Jacques Prévôt Jean-Jacques Prévôt adore le melon. L’une de ses grandes spécialités, c’est le melon cocotte au homard – un melon garni d’une bouillabaisse de homard mitonnée au four 20 minutes. Un mariage aussi surprenant que succulent. Melon cocotte au homard Pour 4 personnes Ingrédients 2 pièces de homard 2 oignons 2 tomates 4 gousses d’ail 2 feuilles de laurier 1 branche de fenouil 5 g de poivre en grain noir Une pincée de safran Sel Huile d’olive Pastis Préparation des melons 1. Découper les hauts des melons au niveau du pécou. 2. Égrainer l’intérieur. 3. Tailler dans la chair des billes avec une cuillère à pomme parisienne. Les réserver. Préparation des homards 1. Pocher les homards 15 minutes dans une eau bouillonnante additionnée du fenouil, d’un oignon, de deux gousses d’ail et d’une poignée de sel. 2. Égoutter et décortiquer les homards puis couper la chair en gros cubes. Préparation de la soupe 1. Dans une casserole, faire chauffer de l’huile d’olive. 2. Placer vos carcasses de homard avec le poivre puis laisser saisir avec un oignon et deux gousses d’ail émincées. 3. Flamber au pastis. 4. Ajouter les tomates écrasées, le safran et le laurier. 5. Mouiller avec 1 litre d’eau puis laisser réduire de moitié. 6. Passer la soupe au chinois et assaisonner de sel. Montage 1. 2. 3. 4. Mélanger les billes de melon et la chair de homard. Placer la préparation dans les melons vides. Couvrir de moitié avec la soupe, saler et poivrer légèrement. Refermer avec le couvercle du melon ou un cercle en pâte feuilletée. Cuisson au four pendant 25 minutes à 180°C. 1 sur 2 27/06/12 11:26 Sa Majesté, le melon de Cavaillon - Michelin Restaurants http://restaurant.michelin.fr/magazine/terroirs---saveurs/sa-ma... TERROIRS & SAVEURS Par Gautier Battistella, le 26.06.2012 Sa Majesté, le melon de Cavaillon « Il n’y a qu’un melon : le melon de Cavaillon », écrit un journaliste en 1895, dans Le Petit Marseillais. Petite histoire d’un fruit, devenu l’emblème de toute une région. Au risque de décevoir les Provençaux, affirmons-le tout net : non, le melon n’est pas provençal et encore moins cavaillonnais. Il est africain ! Le Cucumis melo, qui appartient à la famille des cucurbitacées, était cultivé en Afrique intertropicale comme plante potagère pour son fruit comestible. Sa présence est brièvement attestée sous l’Antiquité, mais le melon est encore une rareté en Europe à la fin du Moyen Âge. Les papes en deviendront friands : il sera cultivé dans les jardins de la villa des papes, à Cantalupi – d’où son nom de cantaloup, dans les textes anciens. Et c’est à ce moment-là, au 14e siècle, que le melon rejoint l’histoire de Cavaillon, bourgade sans histoire de Provence. DES JARDINS DU PAPE AUX BOULEVARDS PARISIENS Lorsque les papes s’installent à Avignon, ils emmènent dans leurs bagages quelques évêques et des graines de melon. Et là, miracle ! La clémence du climat et un grand savoir-faire en matière d’irrigation assurent aux melons italiens d’avantageuses rondeurs. Le melon venait de trouver sa terre d’adoption. Cependant, sa consommation reste encore confidentielle ; le melon est offert aux dignitaires du royaume de France dont la cité souhaite s’attirer les faveurs. Il faut attendre la fin du 19e s. pour voir le melon se démocratiser. La raison tient à deux facteurs concomitants : la modernisation des techniques de culture et l’arrivée de la ligne de chemin de fer ParisLyon-Méditerranée, qui permet un écoulement sans précédent. Le département en produit alors 350 000 quintaux. Et la renommée du melon de Cavaillon s’envole. Paris ne résiste pas longtemps. Les classes aisées en raffolent, les écrivains le célèbrent : « Le roi, c’est encore le melon. Il trône, superbe, il embaume le boulevard, il déborde partout, on en voit sur de la paille, à terre, dans des paniers… » (Ardouin-Dumazet dans son Voyage en France, 1900). UNE RENTE VIAGÈRE DE DOUZE MELONS PAR AN Melons et artistes ont toujours fait bon ménage. En Touraine, on raconte que c’est le bon vivant François Rabelais qui, de retour d’une ambassade à Rome, aurait apporté dans ses bagages les premières graines du fruit cantaloup. Plus tard, ce sera au tour d’Alexandre Dumas de s’éprendre de la divine cucurbitacée. Ainsi l’auteur offrit-il l’ensemble de son œuvre publiée contre une rente viagère de douze melons par an ! Elle lui sera effectivement versée jusqu’à sa mort. Cantaloup orange, foncé, à chair verte fondante, ou brodé : aujourd’hui, le melon se trouve sur toutes les tables, et toute l’année. Pas celui de Cavaillon. Sa Majesté le melon de Cavaillon a sa saison préférée : l’été, de juillet à septembre. Attention, un faux pas, une météo moins clémente, et le melon devient courge ! En effet, le taux de sucre minimal pour être commercialisable est de 10 sur l’échelle de Brix (qui sert à mesurer la fraction de sucre dans un liquide). Au-dessous de 9, c’est une courge. Prenez donc garde à ne pas consommer des courges à l’alcool quand vous croyez vous régaler d’un melon au porto ! SUR LE MÊME THÈME Jean-Jacques Prévôt, Provence 1 sur 1 27/06/12 11:27 Des sandwichs hors normes et bien français - Michelin Resta... ACTUS http://restaurant.michelin.fr/magazine/actus/des-sandwichs-ho... Par Gautier Battistella, le 08.06.2012 Des sandwichs hors normes et bien français Après le jubilé de la reine Élisabeth II, le jambon-beurre ! Cette année, la ville britannique de Sandwich célèbre les 250 ans du fameux en-cas. Cet anniversaire méritait bien un hommage. Découvrez notre sélection 100% française à déguster sur le pouce. Qu’on se le dise, le bon vieux sandwich à la française a vécu. Désormais, le casse-dalle des ouvriers, qu’on dévorait accompagné d’un verre de rouge, ressemble à une tranche neurasthénique de jambon coincé (quand on a de la chance !) entre une feuille de salade défraîchie et une rondelle de tomate dépressive, dans une baguette de piètre qualité. Le tout pour un prix devenu exorbitant : 3,50 euros en moyenne ! Heureusement, un peu partout en France, quelques artisans résistent encore et toujours à la médiocrité ambiante. Voici une liste non exhaustive d’adresses où le sandwich n’a rien perdu de sa superbe. Annecy Le Botrytis 13, faubourg Sainte-Claire 74 000 Annecy Tél. : 04 50 45 17 31 Ce bistrot à vins est la nouvelle adresse branchée d’Annecy (il a ouvert en 2011). Au programme, que du connu, mais maîtrisé et goûteux, comme les terrines de foie gras et la poitrine de porc. Aux commandes, Jonathan Alvarez, dont le CV ferait pâlir de jalousie pas mal de chefs : quatre ans chez Michel Rostang, un an chez Michel Guérard à Eugénie-les-Bains, six ans chez Jean-François Piège, comme sous-chef adjoint au Crillon. Mais chut ! Ne lui en parlez pas ; il est ici incognito. Lui veut faire « de bonnes gamelles », de celles qu’il mangeait à Saint-Émilion, où il grandit. Pour un bistrot à vins, ça ne s’invente pas. Pourquoi Botrytis ? Le Botrytis est ce champignon blanc qui se greffe sur la grappe et apporte du sucre au vin : c’est une « pourriture noble ». Le cheeseburger du quartier (16 euros avec garniture) Pain buns de la boulangerie Rouge à Annecy (brioché sans sucre) Steak de 160 grammes de la boucherie Veyrat Vieux gouda fermier de la fromagerie Gay fondu à l’intérieur Salade iceberg croquante, dés de tomates, cornichons Cavaillon Restaurant Prévôt 353, avenue de Verdun 84 300 Cavaillon Tél. : 04 90 71 32 43 www.restaurant-prevot.com À Cavaillon, on ne présente plus Jean-Jacques Prévôt : le roi du melon est une sommité locale. Les melons, il les assaisonne, les asticote, les décortique, les peint et les sculpte depuis quinze ans ! Une de ses recettes emblématiques ? Le melon cocotte au homard, improbable rencontre de l’océan et de l’emblématique cucurbitacée. Jean-Jacques Prévôt ne fait pas uniquement dans la bestiole à pinces, il taquine aussi le sandwich (au melon, évidemment) – « façon burger, parce que j’adore ça ! ». Et aussi parce que l'envie était trop forte de faire un joli pied de nez (rouge !) au McDonald's venu s'implanter à deux pas de chez lui. Ronald McDonald n'a qu'à bien se tenir ! Le Mac Prévôt d’été (10 euros à emporter) Melon rôti, foie gras poêlé, parmesan, oignons frits Emincé d’artichauts, cœur de romaine et sauce chutney melon 1 sur 2 27/06/12 11:27 Des sandwichs hors normes et bien français - Michelin Resta... http://restaurant.michelin.fr/magazine/actus/des-sandwichs-ho... Paris 17 Les Fougères 10, rue Villebois-Mareuil 75 017 Paris Tél. : 01 40 68 78 66 www.restaurant-les-fougeres.com Les Fougères, voilà une adresse, qui, si elle n’est pas méconnue, demeure discrète, à l’instar du chef qui l’anime, Stéphane Duchiron. Eh bien, c’est un tort ! Car voilà un passionné du produit « à l’ancienne », qui travaille avec la pêche de petits bateaux et des producteurs de première catégorie. Pour s’en convaincre, il suffit de goûter son turbot sauvage de l’Île-d’Yeu cuit au beurre salé, agrémenté d’asperges vertes des Alpilles, d’artichauts et d’une infusion de thym jaune. De même, difficile de résister à ses crevettes tigres « Black Qwelhi », travaillées en soupe de lait de coco, en tartare à la coriandre et marinées à cru. C’est clair, précis, savoureux. Sa dernière création ? Un club sandwich royal au homard bleu à trois étages. Écoutez donc : pain bio de chez Bread & Roses (rue de Boissy d’Anglas), homard bleu (de Bretagne, of course !), asperges croquantes, bisque corsée, et un peu de roquette pour le punch. Le résultat est assez stupéfiant… au point d’inciter un client à commander un homard bleu à emporter pour sa femme qui venait d’accoucher ! Attention, le homard bleu peut devenir très addictif. Faudra-t-il le consommer avec modération ? Le homard bleu (25 euros) Club sandwich, homard bleu de nos côtes Asperges vertes des Alpilles Roquette et bisque corsée Le sandwich et sa légende John Montagu, comte de Sandwich et joueur invétéré, réclama une tranche de bœuf entre deux tranches de pain grillé pour ne pas interrompre sa partie de cartes. La légende raconte qu’autour de lui, les convives réclamèrent « la même chose que Sandwich », léguant le mets à la postérité. Les historiens restent sceptiques sur l’origine du sandwich : elle remonterait beaucoup plus loin que le 18e siècle. On imagine sans mal Bertrand Du Guesclin, le célèbre Dogue noir de Brocéliande, glisser un bout de lard entre deux tranches de pain de campagne, franchissant le col de Perthus, dans les Pyrénées… Pas de quoi empêcher cependant la bonne cité de Sandwich de célébrer son héros local. SUR LE MÊME THÈME Jean-Jacques Prévôt 2 sur 2 27/06/12 11:27