Interprète de conférence

Transcription

Interprète de conférence
Interprète de conférence
Interview de Thomas Kubben, Interprète de Conférence,
Cour de Justice européenne
Pourriez-vous nous décrire, en quelques mots, votre parcours professionnel ?
J’ai passé mon enfance dans trois régions linguistiques différentes : la Communauté
germanophone de Belgique, les Pays-Bas et la Flandre et enfin la Wallonie. J’ai
donc grandi en trois langues. J’ai ensuite fait des études de traducteur et, après un
début de carrière dans un bureau de traducteur, j’ai été recruté par le Secrétariat
Général du Benelux à Bruxelles, qui me proposait un contrat de deux ans en qualité
de traducteur-réviseur et une formation interne à l’interprétation. J’ai ensuite travaillé
comme interprète et traducteur free-lance pendant 19 ans avant de réussir un
concours et d’être recruté à la Cour de Justice des CE à Luxembourg.
Quel est le déclic qui vous a donné envie d’étudier la traduction et d’exercer ce
métier ?
Dès le début de mes études secondaires, mes enseignants m’ont encouragé sur
cette voie. J’ai aussi adopté très tôt l’autodiscipline de diversifier mes lectures
(nombreuses et abondantes) dans toutes les langues que je maîtrisais.
Quel a été votre parcours de formation et pourquoi avoir choisi ce pays et
cette/ces institution(s)? Quels commentaires voudriez-vous faire au sujet de
ce parcours ?
Après des études secondaires supérieures axées sur les langues et le secrétariat
(pour pouvoir aisément manier les outils bureautiques, encore très rudimentaires au
début des années 1980) en Belgique francophone, j’ai aussitôt entamé une Licence
en Traduction à l’ISTI (Institut Supérieur de Traducteurs et Interprètes, www.isti.be)
à Bruxelles. Ces études ne sont pas purement linguistiques mais incluent également
un éventail très large de cours de droit civil, public et comparé, de géographie
politique, d’histoire et autres cours destinés à aiguiser la curiosité des élèves et à
leur donner des méthodes et des outils pour développer leur culture générale.
Parlez-nous de vos différentes expériences de concours que vous avez faits ?
Je n’ai participé qu’à trois “tests de recrutement” et un concours :
- un test de recrutement chez mon premier employeur, un bureau de traduction
(simple épreuve de traduction)
- un test de recrutement au Benelux après seulement un an de carrière (test de
traduction et d’interprétation, étant entendu que je n’avais jamais interprété et que le
but du test était de déceler “un potentiel”),
- un test d’agréation en 2003 pour travailler comme interprète free-lance pour les
institutions européennes : épreuves d’interprétation consécutive et simultanée dans
mes trois langues de travail, et bref entretien avec le jury pour “tester mes
connaissances communautaires et ma culture générale”
- un concours pour être recruté en qualité de fonctionnaire interprète en 2006 : une
première épreuve “écrite” (questions à choix multiple et tests de raisonnement verbal
sur ordinateur), des épreuves d’interprétation consécutive et simultanée, et un
entretien avec le jury pour juger de mes connaissances sur les institutions et
www.beruffer.anelo.lu
Dernière mise à jour : 07/04/2014 17:03
politiques communautaires et de ma culture générale, ainsi que de mon aptitude à
débattre et disserter.
La Traduction/l’Interprétation, un métier pour la vie ? Peut-on éventuellement
travailler dans un autre secteur après des études de traduction ?
Parmi les 8 élèves diplômés avec les mêmes langues de travail dans ma promotion,
2 travaillent comme interprètes (dont moi-même), un troisième comme traducteur, et
5 exercent d’autres métiers. Les études de traducteur et/ou d’interprète ouvrent la
voie aux fonctions d’encadrement dans tous les secteurs, mais surtout dans les
métiers de la communication. Elles constituent aussi un bon tremplin vers la carrière
diplomatique ou consulaire (moyennant une préparation complémentaire intensive).
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui voudraient travailler dans ce
domaine ?
Etre curieux de tout, se gaver d’informations et de connaissances en permanence
(lecture de la presse, de magazines de vulgarisation en matière de politique, droit,
sciences, arts, littérature…), de préférence en plusieurs langues. Ne pas avoir peur
du changement : un traducteur ou un interprète peut être confronté le même jour à
plusieurs domaines spécifiques qui ne présentent pas le moindre lien entre eux. On
peut passer au cours de la même semaine de travail de la fumigation des transports
de bulbes de tulipes à l’implantologie dentaire après un détour par la chirurgie
équine et le droit foncier… et ces exemples sont authentiques et empruntés à mon
parcours! Mais si on veut bien être curieux, chaque changement est une nouvelle
découverte et un nouvel enrichissement.
www.beruffer.anelo.lu
Dernière mise à jour : 07/04/2014 17:03