APPRENDRE DES LANGUES ETRANGERES : QUELLES
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APPRENDRE DES LANGUES ETRANGERES : QUELLES
APPRENDRE DES LANGUES ETRANGERES : QUELLES LANGUES ET POUR QUOI FAIRE ? Conférence du vendredi 29 mars 2002 à Paris . Les intervenants sont : Georges LUDI, Directeur de l’Institut des Langues et Littératures Romanes, Président de la Commission de Planification de l’Université de Bâle Sir John BOYD, Co-Chairman du Nuffield Language Programme Master du Churchill College, Cambridge Maîtriser plusieurs langues vivantes est devenu un atout essentiel pour la réussite personnelle et professionnelle de chacun d’entre nous, dans un monde de plus en plus ouvert aux échanges et à la communication entre les pays, les cultures, les manières de penser. L’une des missions de l’Ecole est de donner à tous les élèves les moyens de s’intégrer à la société dans laquelle ils évolueront, travailleront, prendront la parole et agiront. Citoyens européens, ils préparent leur avenir professionnel dans une communauté riche de 40 langues. C’est pourquoi le ministère de l’Education nationale a fait du développement de l’enseignement des langues vivantes une priorité de son action. Un plan ambitieux a été mis en œuvre ; les objectifs de cette politique exigeante sont à la mesure des défis que l’Ecole doit relever. Les points sur lesquels on va s’attacher afin de répondre à ces défis sont les suivants : 1) Précocité 2) Continuité 3) Diversité 4) Qualité Commencer l’enseignement des langues dès l’Ecole primaire, poursuivre l’apprentissage tout au long de sa vie à travers l’auto-formation (Développer « apprendre à apprendre »). La diversification linguistique est un sujet important et correspond à un choix du gouvernement, à une volonté politique au sein de l’espace européen. On remarque toutefois une polarisation autour de l’enseignement de l’anglais. Il faut entretenir une vision de l’espace culturel européen plus vaste et disparate. On peut se poser des questions sur la réelle efficacité de l’enseignement des langues en France, car on ne peut pas dire que les français sont tous bilingues ou maîtrisent la langue anglaise ou d’autres langues. Quels sont les horaires consacrés aux langues ? Nous avons besoin d’une diversification des modèles pédagogiques. Quelles sont les compétences attendues des élèves ? Nous devons répondre à cette question au niveau européen. Le Conseil Européen souhaite à la sortie de l’école primaire un niveau A1 pour tous les pays. ! Dès l’âge de 5 ans, le Conseil de l’Europe préconise l’apprentissage d’une première langue. ! Dès l’âge de 11 ans, il préconise l’apprentissage d’une deuxième langue. Sir John Boyd va répondre à la question suivante : Comment mettre en oeuvre ces objectifs ? Nous devons mettre en œuvre la construction européeenne à travers l’apprentissage des langues. Le rapport Nuffield a bouleversé les normes d’éducation des langues en G.B. Sir John Boyd a établi une stratégie nouvelle en analysant les besoins de ce monde moderne où il existe une véritable crise du système de l’enseignement des langues. Les propositions sont les suivantes : ! Etablir les faîts, décrire l’étendue de la crise, parler de l’emploi des jeunes et de leur pouvoir à influencer les évènements en Europe, savoir renouveler le ton et les priorités. ! L’apprentissage doit commencer dès le plus jeune âge (4 ans). Il faut également établir une logique, une progression dès l’école primaire, à poursuivre donc dans le secondaire. Priorité : mettre en place une continuité avec l’étude des langues. ! Renforcer la tendance à établir des écoles spécialisées pour certaines fonctions. ! Essayer de relever le niveau pour tout le monde, tous les publics : ne pas en faire un enseignement des langues élitiste. ! Assurer la survie des départements langues à l’université ! Combiner l’enseignement des autres matières avec les langues étrangères ! Accroître la mobilité et favoriser les échanges européens et internationaux à travers des programmes européens tels que Socrates, Grundvig … Quelles langues apprendre ? Prendre en considération l’évolution de la mondialisation et le contexte économique mondial : les échanges croissants avec la Russie et la Chine par exemple. Nous avons des responsabilités en tant qu’éducateur. Il faut développer les compétences globales en sciences et en langues. Nous devons nous soutenir mutuellement, renforcer nos efforts et ceux des autres. Elargir les écoles spéciales pour les langues. Que cela devienne un droit de commencer l’apprentissage des langues dès le primaire en Europe. Son rôle : l’entraide. Donner des occasions d’emploi aux jeunes à travers une diversité culturelle qui ne se dément pas. Georges LUDI (Université de Bâle) : D’abord prendre en considération des points d’ordre géopolitique en Europe : ! Renforcement de l’enseignement des langues dès le plus jeune âge. ! Maintenir la langue d’origine et favoriser un apprentissage au sein de la famille quand le contexte culturel est différent : par exemple, une famille turque en Allemagne ou une famille arabe en France doit savoir préserver son identité culturelle ainsi que sa langue natale au sein d’un contexte social, culturel et linguistique différent. ! Savoir soutenir ces familles qui ont deux langues. Il est à noter que l’on parle de bilinguisme précoce avant l’âge de 3 ans, et de bilinguisme tardif après l’âge de 10 ans. Autre point important soulevé par Mr Georges LUDI : ! La formation des enseignants laisse parfois à désirer : renouveler les stages au niveau européen, car les enseignants ne sont pas tous formés correctement et les apprentissages hors de France ne sont pas obligatoires. Rendre les stages à l’étranger obligatoires. ! Privilégier « Apprendre à apprendre » comme objectif central de l’enseignement des langues et qui s’inscrirait dans la continuité de l’apprentissage. Les apprenants ont des objectifs différents, diversifiés et la méthode « apprendre à apprendre » apporterait une solution idéalisée aux entreprises, aux écoles et aux universités. Mr LUDI souhaite donner une importance particulière à la compréhension orale : « Mieux vaut parler plusieurs langues moyennement que deux parfaitement » dit-il. Quelles langues apprendre ? - langue première - langue officielle - langue voisine - langue franca (franche) - langue de la migration - autres langues anciennes (Grec, Chinois, Mandarin ...) Lingua franca : elle a une portée communicative, langue véhiculaire entre personnes ne parlant pas la même langue. ! Se poser la question de savoir quelle est notre langue voisine. Les enjeux sont bien sûr économiques, géopolitiques pour les apprenants. Pouvoir parler une langue adaptée à un public français ou un public anglais. Chacun peut parler sa langue et l’adapter aux autres. Il est à noter que l’enseignement du FLE doit être élargi pour répondre à des besoins croissants des autres pays européens. Les apprenants veulent parfois avoir des compétences culturelles approfondies non seulement sur la linguistique mais aussi sur la culture du pays dont ils étudient la langue. En conclusion, les points suivants doivent être pris en considération : ! Commencer l’apprentissage tôt, dès la maternelle ! Les objectifs doivent être clairs et précis pour tous. ! Souligner l’existence du ‘Portfolio Européen des Langues’ élaboré par le Conseil de l’Europe, qui est un outil prenant en compte cette dimension internationale de l’apprentissage des langues. C’est un instrument pédagogique didactique à ne pas négliger. ! Faire la différence entre les compétences culturelles et les compétences linguistiques (par exemple, on peut connaître le chinois sans connaître sa civilisation et vice versa). ! Etablir un niveau de compétence en langues dès le primaire : Niveau C1 du Conseil de l’Europe. ! Rendre les stages obligatoires à l’étranger pour les enseignants (par exemple, un an). Diversifier les possibilités d’apprendre des langues vivantes, c’est préparer les élèves à la mobilité professionnelle ; sensibilisés à d’autres cultures, ils acquièrent une agilité d’esprit qui leur permettra de s’adapter plus facilement à des cultures d’entreprise, voire à des mondes professionnels changeants, différents de ceux de leur pays d’origine. Les échanges, la correspondance électronique favorisent cette ouverture au monde tout au long du parcours scolaire.