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n mélange de révolte
et de désarroi. L’envie
de crier à l’injustice et,
parfois, d’en finir avec la vie.
Autant de sentiments qui habitent
Manuel Coelho-Gomes, 55 ans.
Il endure l’une des pires situations que l’on puisse imaginer
après un accident grave.
Celui qui l’a laissé tétraplégique s’est produit le 21 avril
2001. Il débardait du bois pour
le partager avec le propriétaire
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du tracteur qu’il utilisait. Un
travail non rémunéré. Le tracteur
commence soudain à dévaler une
pente. En essayant de l’arrêter,
Manuel chute lourdement.
Malgré son dynamisme, il a
vécu, jusque-là, avec sa famille,
modestement, en zone rurale.
Résigné, il accepte son handicap
comme une fatalité, lutte tant
bien que mal contre la misère
avec une petite pension d’invalidité. Quelques années plus
tard, un membre de son entourage lui conseille de consulter
un avocat.
« Pourquoi pas ? », se dit Manuel,
sans savoir dans quoi il s’engage.
Invoquant une défaillance
mécanique du tracteur, l’avocat
obtient, le 15 février 2006, au
tribunal de grande instance de
Chartres (Eure-et-Loir), le versement immédiat d’une provision
de 20 000 `, en attendant
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une indemnisation complète.
Pareille somme représente une
fortune pour Manuel. Après avoir
remboursé quelques dettes, il
part en vacances au Portugal
avec sa femme. À son retour, il
envisage de faire aménager une
voiture d’occasion. L’espoir de
reconduire, de ne plus se sentir
isolé en pleine campagne, rien
de tel pour rendre le moral à
ce chauffeur de poids lourd.
D’autant qu’il attend pour
bientôt une autre provision, de
30 000 `, cette fois.
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Il ne l’empochera jamais. Pire :
devant la cour d’appel, le
13 septembre 2007, l’avocat de
la compagnie d’assurance et du
propriétaire du tracteur parvient
à convaincre les juges qu’il
n’y a pas eu défaillance ###
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mécanique de l’engin, mais
négligence de Manuel qui aurait
mal serré le frein. Résultat :
Manuel, débouté, est « tenu »
de restituer sa provision de
20 000 `.
Assommé, il se replie complètement sur lui-même, ne quitte
pas son lit pendant plus de trois
semaines. « De l’argent que j’ai
reçu, il ne me reste plus que
8 000 `. Impossible de rendre la
totalité de la provision. En plus,
je devrais payer les frais d’expertise et l’avocat que j’ai pris pour
la cour d’appel. Je ferais mieux
de disparaître, de m’enfuir au
Portugal. »
La même amertume habite
Emmanuel Cazzaro, 34 ans :
« J’ai fait plusieurs dépressions
nerveuses, j’ai eu à de multiples
reprises envie de tout laisser
tomber, mais je ne pouvais pas
parce que la machine judiciaire
était en route. Cette procédure
m’a fait beaucoup de mal, je
n’ai eu que des déboires. Ma
femme souffre aussi, d’après
les médecins, d’une succession de chocs émotionnels. »
Il en veut à ses avocats « qui
n’étaient pas des spécialistes »
et surtout au chirurgien qui l’a
opéré une première fois, après
sa chute d’un toit, quand il avait
14 ans. Un accident qui l’a rendu
paraplégique.
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Un autre chirurgien, consulté
par la suite, lui apprend que des
examens indispensables avaient
été omis avant son opération.
« Ils auraient permis de déceler
la présence d’éclats de vertèbres.
Et si ces éclats avaient été retirés,
mon incapacité aurait été réduite
de 30 %. »
Un procès pour faute médicale
lui rapporte, en 1995, une
indemnité de près de 38 000 `.
Une somme dont il doit restituer
les deux tiers, en 2000, après
un jugement en appel interjeté
par l’hôpital. Le Conseil d’État,
en 2006, rétablit finalement
l’indemnité à son niveau initial.
« Après déduction de tous les
frais, d’avocat entre autres, il ne
m’est resté que 23 568,49 `,
argent vite englouti dans l’achat
d’un fauteuil verticalisateur, d’un
fauteuil de douche, d’un coussin
et d’un matelas anti-escarres,
dans le règlement de dettes
et dans divers achats de la vie
quotidienne. »
Joël Touchais, 54 ans, a eu plus
de chance dans son malheur.
Le 24 juillet 1976, quatre jours
avant son mariage, pour éviter
un véhicule qui lui coupe la
route, il déporte sa voiture et
heurte violemment un obstacle.
Transporté dans le coma à
l’hôpital d’Angers (Maine-etLoire), il est opéré mais reste
paraplégique.
« Grâce à un témoin de l’accident
que je ne remercierai jamais assez,
ma responsabilité a été entièrement dégagée. Est-ce parce que
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j’étais agent de police stagiaire ?
Un avocat qui avait l’habitude
de défendre des policiers m’a
assisté. J’ai obtenu un capital
accident et je perçois une rente.
Ce qui me permet de vivre correctement avec ma famille. Mais j’en
ai assez des réflexions autour de
moi du style : “Tu es plein de
pognon” ou, “Toi, tu ne gagnes
pas ton argent, tu le touches,
tu es tranquille pour la vie”.
À chaque fois je réponds : Si
vous pensez que ça rend heureux,
rentrez donc dans un mur. »
Pour préserver son bonheur,
Charline, 46 ans, avait souscrit,
pour toute sa famille, deux
contrats d’assurance contre les
accidents de la vie. L’un auprès
de la compagnie qui assure
sa maison, l’autre auprès de
sa banque. « Il fallait que nous
soyons bien couverts quand
Philippe, mon mari, s’est mis à son
compte comme artisan maçon. »
Le 15 juillet 2005, Philippe, en
chahutant, tombe dans la piscine
de ses beaux-parents.
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Malgré une opération et une
longue rééducation, il reste
paralysé des membres inférieurs.
« Aussitôt prévenues, ma banque
et ma compagnie d’assurance
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sont intervenues. Le médecin
conseil auquel j’avais demandé de
nous assister s’est occupé de tout
auprès d’elles. » À son retour du
centre de rééducation, Philippe
a retrouvé, après travaux, sa
maison et les extérieurs parfaitement adaptés à son handicap.
Il a pu acheter une voiture neuve
et la faire aménager.
Sans que le processus d’indemnisation soit terminé, le couple
envisage d’acquérir, pour y
passer des vacances, un appartement en Charente.
On le voit, rien n’est gagné
d’avance en matière d’indemnisation. Pourtant, observe
Nathalie Zaccomer, psychologue
et conseillère technique à l’APF,
« l’indemnisation tout comme la
rééducation ou l’aménagement
de l’environnement, participe
d’un processus de reconstruction
identitaire qui peut être d’autant
plus chaotique que ces différents
points d’ancrage dans la réalité
auront été malmenés ou longs à
mettre en œuvre. Lorsque, lors
d’un procès, tout le passé lié au
contexte de l’accident et à ses
conséquences, est réévoqué,
parfois plusieurs années après
celui-ci, les personnes peuvent
être bousculées sur le plan
psychologique, si les vécus
traumatiques, non élaborés, sont
alors réactivés ».
Pour éviter ces écueils, mieux
vaut être assisté par deux
spécialistes que l’on a soi-même
sollicités, un avocat et un
médecin conseil. En tandem,
ils vont largement participer à
la reconstruction de la victime.
« Dans sa souffrance, elle ne
peut faire seule, le plus souvent,
la somme des difficultés qu’elle
rencontre, de ses doléances,
indique le Dr Bernard Dreyfus,
président de l’Anameva (1). Le
rôle du médecin conseil est de
décrire en détail les circonstances
de l’accident, les conséquences
qui en découlent et de les évaluer
point par point. Cette évaluation
technique pourra contrebalancer
celle du médecin de la compagnie
d’assurance et celle du médecin
expert désigné par le tribunal, s’il
y a procès. »
« Pour bien défendre la victime,
nous dressons d’abord le bilan de
tout ce que l’accident a démoli
chez elle, explique Me Frédéric
Bibal, membre de l’Anadavi (2).
Puis nous lui montrons comment
elle pourra organiser chaque
minute de sa vie quotidienne.
Nous libérons son avenir, en
donnant un coût à tout ce qu’il y a
de négatif pour lui permettre de le
compenser. » Reste à la victime
à s’impliquer au maximum dans
cet échange. L
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