Massekhet Rosh Hashana – Introduction au traité
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Massekhet Rosh Hashana – Introduction au traité
Massekhet Rosh Hashana – Introduction au traité L’idée de célébrer le nouvel an, Rosh Hashana, n’est à aucun moment mentionné dans la Torah. Malgré cela, le concept soulignant l’importance du cycle d’une année complète est une évidence dans la Torah. Aussi bien sur un plan conceptuel que comme point de repère dans le temps, permettant de fixer des dates importantes et établir les jours de fêtes. Une lecture attentive de la Torah nous révèle qu’il existe au moins deux façons de calculer un cycle annuel. D’une part, la Torah est explicite sur le fait que l’année commence par le mois de Nissan (voir Shemot 12 :2). Ce système, basé sur l’évènement historique de la sortie d’Egypte du peuple juif, sert de base au calendrier pour de nombreux évènements, et c'est à partir de celui-ci que l'on fait le décompte des mois dans la majorité des livres du Tanakh. D’un autre côté, certains passages de la Torah font sans aucun doute référence à un autre système, calqué sur le cycle agricole et qui commence à l’automne (voir par exemple Devarim 11 :12, Shemot 23 :16). Ce double système pour calculer le temps était source de tensions. C'est pourquoi les sages ont établi une approche subjective au concept de l’« année ». Ainsi, pour les sages, la nécessité de plusieurs systèmes parallèles pour compter le temps est un acquis. Chaque système reflète la logique du domaine qu’il adresse. L’idée d’avoir plusieurs systèmes simultanés pour compter le temps est particulièrement compatible avec le calendrier juif, qui se base lui aussi sur une structure multiple. Tandis que le calendrier Grégorien communément utilisé se base sur l’orbite solaire, et selon lequel une année est constituée d’un peu plus de 365 jours, et que le calendrier Musulman se base lui, sur l’interaction entre la lune et la terre, et selon lequel un mois est constitué d’un peu plus de 29 jours, (temps que la lune a besoin pour compléter son orbite autour de la terre), le calendrier juif combine les deux en établissant des mois lunaires qui doivent coïncider avec une année solaire. Hormis cela, nos sages reconnaissent aussi le fait que certains cycles naturels sont totalement indépendants de ce calendrier astronomique. Les questions climatiques, de récolte et production par exemple suivent un cycle indépendant et ne peuvent pas être soumis à un calendrier annuel qui commence invariablement soit au printemps soit en automne. Nous trouvons aussi certains cycles naturels qui, étant sujets à des questions subjectives tels que les gens ou d’autres créatures vivantes, ne peuvent être soumis à des critères objectifs. Afin de répondre à tous ceci avec le maximum de précision et de cohérence possible, les sages établirent plusieurs cycles annuels parallèles, chacun ayant une date propre pour son nouvel an. Ces « nouvel ans » multiples, reflètent le besoin unique et particulier des circonstances et situations qu’ils représentent. En vérité, le fait d’établir des cycles annuels n’est qu’un problème mineur. Une question bien plus importante à laquelle les sages durent faire face fut de choisir une méthodologie permettant d’établir et de confirmer les dates de façon régulière. En particulier lorsqu’il s’agit d’un calendrier lunaire, ou le début du mois est fixé par l’apparition de la nouvelle lune, deux options s’offrent à nous : doit-on se baser sur des formules mathématiques indiquant avec précision le moment où la nouvelle lune apparaitra, ou devons-nous opter pour un témoignage visuel d’une personne observant le ciel ? De manière générale, l’approche des sages est que le calendrier n’est pas qu’un évènement cosmique affectant la terre, mais un processus auquel nous sommes intrinsèquement liés. Aussi, il y eu de toujours une préférence évidente aux témoignages humains, de personnes ayant vu l’apparition de la nouvelle lune. Le Sanhedrin – la Grande Assemblée de Jérusalem – attendait ce type de témoignage afin de proclamer le début du nouveau mois. Cette proclamation était très importante à cause de son implication directe : elle indiquait la date des fêtes et cérémonies du mois à venir. Bien que le fait d’insister sur la nécessité d’un témoignage visuel ait certaines difficultés techniques, cet arrangement permettait d’avoir un système équilibré entre théories et calculs astronomiques et une preuve empirique, un témoignage visuel humain. Plus encore, la perception du temps étant relative, les sages prirent conscience que seul l’homme, qui est sensible aux questions de subjectivité, est apte à prendre une décision à ce sujet. L’un des points de subjectivité est le lien qu’il y a entre le temps et l’espace. Du point de vue des sages, le centre géographique du monde est, d’une perspective Halakhique, Jérusalem. En particulier le siège du Sanhedrin, là où ces décisions étaient prises. En conférant au Sanhedrin le titre d’arbitre suprême des questions ayant attrait au temps et à la fixation du calendrier juif, nous pouvons observer la relation triangulaire entre D.ieu, son peuple et la terre d’Israël. Lorsque les représentants du peuple Juif siègent sur Sa Terre et observent le ciel, établissant le calendrier en se basant sur la Halakha, ce sont tous les aspects de la vie courante qui se trouvent imbus de sainteté, et ainsi nous sommes reliés à D.ieu. Notons que de nos jours, sans Sanhedrin opérationnel, ni la capacité de constituer un seul groupe de sages représentant les peuple juif, nous nous basons sur un calendrier fixe établi par Hillel le second, qui se base sur des calculs astronomiques. Beaucoup d’encre fut verset sur l’instauration de ce calendrier, et sa façon de fonctionner aussi bien d’un point de vue philosophique que Halakhique. A l’époque où voyager et communiquer était difficile, compter sur un témoignage visuel humain afin d’établir la date du nouveau mois, puis relayer l’information, n’était pas tâche facile. Aussi, malgré les arrangements faits afin de permettre au système de fonctionner au mieux, les Juifs de diaspora établirent un second jour de fête afin de prévenir toute erreur de communication pouvant survenir avec le Sanhedrin de Jérusalem. Ceci aussi marque la centralité de la terre d’Israël dans la Halakha. Un dernier point important à noter avant de commencer Massekhet Rosh Hashana: bien qu’il y ait plusieurs "nouvel an", chacun ayant attrait aux circonstances concernées, l’un d’eux, le 1er Tishrei, est appelé simplement Rosh Hashana, sans autre précision. Ceci est dû au fait que ce nouvel an concerne la plupart des questions Halakhiques. Dans la Torah, ce jour n’est pas indiqué comme Rosh Hashana mais comme Yom Teroua (Bamidbar 29 :1) ou Yom Hazikaron (Vayikra 23 :24) et inclut dans son appellation la Mitzvah du Shofar. La sonnerie du Shofar n’avait aucune fin musicale, l’orchestre des Leviim composé d’instruments plus appropriés remplissait amplement ce rôle. La sonnerie du Shofar servait principalement à faire des annonces cérémonieuses. De quelle façon sonnait-on du Shofar et comment définir un shofar sont autant de questions longuement élaborées dans notre Massekhet. Cette Mitzvah incombe à chaque juif et est indépendante de la sonnerie du Shofar pratiquée régulièrement au Temple, où l’on sonnait en rapport avec les sacrifices. Mais cette ressemblance force tout de même à établir le lien existant entre l’obligation personnelle de sonner et les sonneries des cérémonies du Temple. Cet essai est basé sur les leçons et ‘hidoushim du Rav Adin Even Israel (Steinsaltz), tel qu’ils apparaissent dans la version hébreu du Talmud Bavli - Editions Steinsaltz. Pour en savoir plus sur le projet de Steinsaltz Daf Yomi, cliquez ici. Traduction et adaptation en français par Rav Shmuel Goldberg. Il est dorénavant possible de dédier, à la mémoire d’un proche ou pour une occasion, la publication et la diffusion d’un Steinsaltz Daf Yomi. 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