Colère Intérieur - Unité SGP Police FO

Transcription

Colère Intérieur - Unité SGP Police FO
LU
POUR VOUS
24 OCTOBRE
2016
Colère Intérieur
Contribuer au débat public et, à notre niveau, participer à
l'indispensable vie des idées, c'est l'objet de [La Tribune du Lundi].
Alors que s'exprime partout en France une colère profonde des
policiers dont les représentants départementaux seront reçus à
10h ce lundi par Béatrice Abollivier, le préfet de Maine-et-Loire,
la
parole
est
à
Philippe
Boussion,
responsable
syndical UNITÉ SGP-FO POLICE dans le département.
Les policiers sont en colère ! Oui mais quels policiers et après quoi ?
Ce mouvement de colère des policiers Nationaux, exceptionnel dans son mode d’expression, soudain
sans doute pour certains, et délibérément en dehors de toute expression syndicale, était-il à prévoir ?
L’agression de Viry-Chatillon, dont mes collègues ont été victimes est le symbole déclencheur de ce qui ne
va plus dans la Police Nationale et chaque collègue a pu s’identifier à cette situation. N’était-il pas absurde
de faire garder une caméra, censée elle-même remplacer les policiers ?
La gravité de l’acte criminel, visant à tuer nos collègues, blessant grièvement l’un d'eux toujours
hospitalisé à ce jour, marque un tournant dans les agressions contre les policiers et a provoqué un grand
trouble et un élan de solidarité dans nos rangs. Il n’est pas nouveau que des délinquants se livrant à des trafics
divers, s’en prennent très violemment aux policiers Nationaux qui dérangent leurs trafics, les jets de cocktails
Molotov visant à chasser les Policiers sont récurrents et ne sont pas récents.
La « Grande Borne » et biens d’autres quartiers en France, dits sensibles, ont déjà connu des
flambées de violences (1995, 2005 ), Angers n’a pas été épargnée. Ce qui est nouveau c’est l’intention. On ne
se contente plus de vouloir chasser les policiers de ce qu’ils croient être leur territoire, à coup de pierres ou
de cocktails molotov, désormais, ce sont des guet-apens et une intention de tuer !
"Les commissaires aimant le travail de flic, près de ses hommes et femmes, en première ligne quand ça
chauffe, c’est terminé ou presque !
En tant que policier depuis 25 ans, j’ai été témoin d'une grande évolution dans le travail qu’on nous demande,
et surtout dans le positionnement de la hiérarchie, provoquant aujourd’hui une incompréhension totale de
ce que l’on attend de nous sur le terrain. Les « Patrons » de la Police à « Papa », les commissaires aimant le
travail de flic, près de ses hommes et femmes, en première ligne quand ça chauffe, c’est terminé ou presque !
Il reste en encore quelques-uns, ici ou là, souvent au bord de la retraite, mais un commissaire d’aujourd’hui,
c’est une bête à concours administratif, totalement déconnecté du vrai métier de policier, un adepte de la
réunion en tout genre, un statisticien, qui passe son temps à s’interroger sur ses primes de fin d’année ou si sa
voiture de fonction est plus belle et plus puissante que celle de son adjoint... Dans certains pays anglo-saxons,
un chef de la police a fait tous les étages du métier, il est forcément crédible aux yeux de la base et sait de
quoi il parle ! C’était le cas en France avant, avec l’image savamment entretenue des commissaires Navarro
ou Moulin, ces commissaires au blouson de cuir, parfois border-line mais que tout le monde trouve efficaces
sur le terrain, ce mythe du commissaire « FLIC » relève aujourd’hui de la pure fiction !
Quant aux officiers de Sécurité Publique, et cette hiérarchie intermédiaire, hier encore à nos côtés, ils
ne pensent qu’à leur carrière et à leurs galons. La « galonîte » de ce corps intermédiaire, à qui on peut tout
faire faire, est le cancer de cette profession ! Au moindre clapotis, au moindre remous médiatique, et nos
collègues gardiens et gradés se retrouvent seuls face à des notes de service qu’ils s’empressent de ressortir
pour se couvrir... C’est bien simple, si nous respections toutes les consignes qu’on nous demande, plus besoin
du droit grève (que nous n’avons pas), on n’aurait plus le droit de faire notre travail !
Chasse de véhicule volé ? Interdit ! Stoppez tout ! Interpellation d’un jeune sans casque sur un scooter (peut
être volé... ) Trop dangereux ! Stoppez tout !
Mouvement ou émeutes dans un quartier pour maintenir les trafics ? Arrêtez d’aller les provoquer ! Et c’est
comme ça tout le temps...
www.unitesgppolice.com - 24/10/2016
«La population voudrait qu’on arrête et contrôle tous les gens « un peu louches », mais demande dans le
même temps le récépissé de contrôle d’identité !
En parallèle la société elle-même est devenue plus violente, plus incompréhensible aussi. Elle l’est
socialement beaucoup plus aussi, faut-il y voir un lien... ? La population exprime régulièrement un besoin
de sécurité mais s’offusque à la moindre image « montée » de policiers qui interpellent... La population ne
comprend pas qu’on laisse faire les casseurs en marge de manifestations mais crie aux violences policières
quand nous usons d’une force, prévue par la loi et donc légitime !
La population voudrait qu’on arrête et contrôle tous les gens « un peu louches », mais demande dans le même
temps le récépissé de contrôle d’identité !... Faudrait savoir et malheureusement notre hiérarchie ne sait plus
et ne prend plus ses responsabilités. Résultat ? Ce sentiment de révolte, d’une base abandonnée, sans moyen,
méprisée par sa hiérarchie avec le sentiment de travailler sans filet !
Résultats, des collègues qui régulièrement ont l’ordre de ne pas bouger, de ne pas riposter et le sentiment
très fort qu’on préfère déplorer des blessés dans nos rangs que de se justifier médiatiquement. Les maintiens
de l’ordre sont devenus du grand n’importe quoi avec des journalistes, qu’on ne peut plus identifier parmi
la horde de gens prêts à tous les risques pour une bonne séquence, faire le buzz, comme si tout le monde
attendait le drame en direct, le scoop sur Périscope ou passer à BFM ! Voilà ce que notre hiérarchie craint et
ce qui paralyse notre action.
Alors voilà ce qu’expriment avant tout les Policiers : Ils commencent à ne plus savoir quoi faire parce quoi
qu’ils fassent, il y aura toujours quelqu’un pour leur reprocher, un individu pour filmer les résultats de sa
provocation et surtout PERSONNE pour les défendre !
Comment être plus que ça entre le marteau et l’enclume ? Philippe
Boussion
Des revendications locales
Nous allons être reçus par Madame le Préfet, à qui l’on dit depuis des mois qu’il n’est pas
normal d’avoir encore des policiers à jouer les concierges à la Préfecture alors qu’on manque
d’effectifs. J’ai bien peur, non, je suis certain qu’il s’agit là d’un alibi de dialogue de plus...
On verra... Nous aborderons lors de cette rencontre les points concrets de ce mécontentement
local (je doute que la légitime défense en fasse partie...) :
- Un nouvel hôtel de Police qu’on nous promet depuis 15 ans et dont la traduction, là encore,
est une insulte avec un projet de rénovation à minima et des conditions de travail qui ne seront
en rien améliorées pour mes collègues !
- Des effectifs (des Gardiens de la Paix ! ) pour pallier au déficit local permettant aux collègues
de souffler un peu, de pouvoir travailler en sécurité !
- Des gilets pare-balle tactiques à port extérieur ! Ce que la Police municipale, la Police
ferroviaire a pu comprendre, je ne désespère pas qu’un jour notre ministère l’entende...
- Et qu’on arrête de prendre des plaintes pour tout et n’importe quoi et de crouler sous les
instructions du parquet !
Ce que nous traitons et qui est classé en grande majorité sans suite, noie mes collègues et les
empêche de faire leur boulot dehors !
J’avoue que la résignation est à son comble dans nos rangs devant le traitement que l’on
réserve au dialogue social dans la Police Nationale. Comment pourrions-nous, syndicat de
gardiens de la Paix, avoir de bonnes idées, nous qui ne représentons que la base ?
Et on s’étonne..
www.unitesgppolice.com - 24/10/2016