N° 6 mercredi 28 juillet - Emi-Cfd
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N° 6 mercredi 28 juillet - Emi-Cfd
terrorisme Quatre détenus français de Guatanamo ont été remis, hier, à la justice française. Trois autres sont encore prisonniers. Lire page 2 société reportage loisirs enfants cinéma Le tribunal de grande instance de Bordeaux a annulé hier le tout premier mariage gay célébré en France. Lire page 3 La reprise annoncée du groupe Tati menace la survie du magasin parisien de RéaumurSébastopol. Lire page 5 Dans le cadre de son musée pour enfants, le Jardin d’acclimatation propose des ateliers aux artistes en herbe. Lire page 6 Zoom sur trois des sorties du jour : I, robot, La ferme se rebelle et Cause toujours !, le dernier film de Jeanne Labrune. Lire page 7 n°6 mercredi 28 juillet 2004 darfour Le Soudan hausse le ton Photo : DR Suite à une mobilisation occidentale pour prévenir une catastrophe humanitaire au Darfour, le gouvernement soudanais s’organise contre la pression internationale. Un camp de réfugiés au Darfour : un drame humanitaire. ier, en réponse à la pression internationale, le Soudan a décrété la mobilisation générale « politique et stratégique ». Il s’agit de se prémunir contre toute interven- H tion étrangère. Avant de se rendre mardi dans le camp de réfugiés d’Abou Shouk, Michel Barnier, ministre français des Affaires étrangères, avait déclaré qu’il y avait là une « triple urgence» : humanitaire, politique et sécuritaire. Lundi, son homologue espagnol a appelé le gouvernement de Khartoum à « remplir ses engagements » pris auprès du secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan. Washington blâme directement le gouvernement soudanais et l’accuse de ne pas respecter ses promesses. Voilà plus d’un mois, ce dernier s’est engagé à protéger la population contre les mili- intermittents médias Le CSA s’attaque à Al-Manar TV Le Conseil supérieur de l’audiovisuel veut stopper la diffusion de la chaîne, qui avait programmé un feuilleton antisémite. D ominique Baudis, le président du Conseil supérieur de l’audivisuel (CSA), n’a pas perdu de temps. Deux jours après la publication de la nouvelle loi sur les communications électroniques et l’audiovisuel le 10 juillet dernier, il a utilisé les nouveaux pouvoirs juridiques qu’elle lui donne. Il a demandé au Conseil d’État d’ordonner à Eutelsat, l’opérateur européen de satellite, de mettre fin sous astreinte à la diffusion de la chaîne Al-Manar TV. Vanessa O’Connor, chargée de communication d’Eutelsat, nous a affirmé que sa société ces pro-gouvernementales, les Janjawid (« les cavaliers armés »), considérées comme responsables de ce nettoyage ethnique. Mais il nie toute responsabilité dans ce conflit. Il demande qu’on lui « laisse le temps de régler la situation ». Le ministre des Affaires étrangères égyptien soutient cette déclaration. Une guerre ensanglante le Darfour depuis février 2003. Elle est doublée d’une catastrophe humanitaire : 110 000 réfugiés au Tchad, 700 000 déplacés à l’intérieur du pays, plus de 10 000 morts selon l’ONU. Séverine Delrieu se conformerait « évidemment » à la décision du Conseil d’État. Elle a précisé cependant que « cela ne se fait pas en tournant un simple bouton ». En effet, cette chaîne fait partie d’un bouquet complet de son client Arabsat. Eutelsat, malgré les multiples pressions du CSA, n’a pas été jusqu’alors très enclin à demander à Arabsat d’exclure cette chaîne de son bouquet. L’arrêt du Conseil d’État, attendu pour le mois prochain, pourrait l’y contraindre. Jacques de Ménibus Lire la suite en page 3 Avignon est resté calme Le 58e festival ferme. Bilan social : une démobilisation générale. a clôture du 58e festival d’Avignon, le « in », a eu lieu hier soir. Le « off » ferme ses portes samedi. Pas de grève cette année : tous les spectacles ont eu lieu sans incident social. La mobilisation des intermittents a été faible. Les manifestations organisées ont réuni quelques centaines de personnes, mais étaient sans commune mesure avec la vague de 2003. Certains y voient le signe d’un intérêt moindre pour la défense du statut des intermittents. Benjamin Bassereau Lire l’interview en page 4 L International mercredi 28 juillet 2004 terrorisme Les détenus de Guantanamo remis à la France Quatre Français, prisonniers sur la base américaine à Cuba, ont été rapatriés hier. Les trois autres font toujours l’objet d’une demande d’extradition. uatre des sept Français détenus sur la base américaine de Guantanamo (Cuba), remis lundi aux autorités françaises, sont arrivés hier en début d’après-midi. Un avion militaire spécialement affrété a atterri sur la base aérienne d’Évreux (Eure) peu avant 13 heures. Les détenus ont été entendus à la Direction de la surveillance du territoire avant d’être présentés au juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière, chargé d’une information judiciaire depuis novembre 2002. Ces Français avaient été appréhendés dans le cadre de la campagne militaire Q américaine en Afghanistan, entre la fin Américains sur leur base de Guantanamo. de l’année 2001 et le début de l’année La France réclamait en effet depuis long2002. Une hésitation portait toutetemps le transfert des ses ressorfois hier matin sur le nombre de tissants , dont plusieurs étaient Les prisonniers recherchés dans le cadre de dossiers détenus à transférer. Les autorités étaient recherchés terroristes instruits à Paris. américaines avaient dans un premier dans le cadre de temps affirmé vouloir extrader six dossiers terroristes Un communiqué émanant du ministère des Affaires étrangères indique Français, avant de revenir sur leur instruits à Paris que les discussions se poursuidécision. Au final, seuls quatre vent avec les autorités américaines prisonniers ont été remis aux autorités pour que les autres détenus français françaises. Le garde des Sceaux, soient extradés au plus vite. Leurs Dominique Perben, qui s’était rendu aux avocats se sont déclarés « inquiets » États-Unis en mai, avait exprimé l’espoir de leur état psychologique. d’une prochaine extradition de tous les Guillaume Gouges ressortissants français détenus par les inondations L’Inde compte ses morts L brèves es corps de 143 victimes des inondations ont été découverts par les sauveteurs dans l'État de Bihar, dans l’est de l’Inde, après le recul des crues dues aux pluies de mousson hier. Au cours des deux derniers jours, 109 corps ont été retrouvés dans le district de Darbhanga, le plus ravagé par les inondations. Le fleuve Brahmapoutre et ses affluents, qui sont sortis de leur lit, ont coupé le nord-est de l’Inde du reste du pays, inondant routes et voies ferrées. Le bilan des morts provoquées par la montée des eaux dans cet État s'élève à 452 depuis le début des pluies. 7 222 villages et environ 4,8 millions d’hectares ont été touchés par cette catastrophe naturelle. Un quart de la population des 80 millions d’habitants du Bihar est concerné par cette catastrophe, dont on ne connaîtra toute l'étendue qu’après avoir recensé précisément les personnes sinistrées. Les autorités craignent pour leur part l’apparition de la dysentrie, de la typhoïde et du choléra. Guillaume Gouges Photographie : DR Les secours s’organisent tant bien que mal pour tenter de retrouver des survivants. Les autorités et autres organisations non gouvernementales redoutent l’apparition d’épidémies. Les ONG, inquiètes, attirent l’attention de la communauté internationale sur ce drame humanitaire. Corée : exode massif Qoreï reprend son poste Lutte anti-acridienne Quelque 200 réfugiés nord-coréens sont arrivés mardi à Séoul par un vol spécial. Ils forment l’exode le plus important en Corée du Sud depuis la division de la péninsule il y a plus d’un demi-siècle. L'exode de Coréens du Nord fuyant la pauvreté et la dureté du régime stalinien se poursuit depuis plusieurs années et a tendance à s’accroître. Le Premier ministre palestinien a accepté hier de reprendre ses fonctions à la suite d’un entretien avec Yasser Arafat. Le différent portait sur l’étendue des prérogatives gouvernementales. Ahmed Qoreï avait démissionné le 17 juillet, à la suite d’affrontements entre policiers et manifestants dénonçant la corruption du régime. L'Algérie et la Food and Agriculture Organisation ont lancé hier à Alger, lors d’une réunion ministérielle, un appel à la communauté internationale pour qu'elle fournisse une contribution conséquente à la campagne de lutte contre les criquets pèlerins menée par les pays du Maghreb et du Sahel. Cette campagne nécessite quelque 83 millions de dollars. National mercredi 28 juillet 2004 médias Le CSA s’attaque à Al-Manar TV donc pas signé de convention avec le CSA. La plainte qu’il a déposée auprès du procureur de la République contre elle, toujours à l’instruction, ne risque d’aboutir qu’à une condamnation de pure forme. Al-Manar sera diffusée via Arabsat Néanmoins, Eutelsat étant une société de droit français, le contrôle des programmes diffusés par elle en Europe relève du CSA. Mais la loi, jusqu’alors, ne permettait pas à cet organisme d’engager des procédures contre les opérateurs. Le gouvernement a donc saisi l’occasion de l’harmonisation de la loi fran- Photographie : DR suite de la page 1 « Al Manar TV était très peu connue en France », remarque Kamel Hammidou, chercheur en communication à l’université de Metz , « avant que ne débute cette affaire ». Le 12 décembre dernier, Roger Cukierman, président du Conseil des institutions juives de France (Crif ), a alors averti le CSA de la diffusion sur le satellite par la chaîne libanaise Al- Manar TV du feuilleton Al Shatat (« Diaspora »), comportant des scènes à caractère antisémite. Pour le CSA, le problème était insoluble. D’abord, cette chaîne est établie hors de l’Union européenne. Elle n’a Le CSA veut obliger l’opérateur Eutelsat à stopper la diffusion d’Al-Manar TV sur son satellite Hotbird. çaise à une directive européenne pour remédier à cette situation. Al-Manar TV sera néanmoins toujours difusée en France, via le satellite d’Arabsat. Jacques de Ménibus société La justice annule le premier mariage gay Stéphane Chapin et Bertrand Charpentier vont faire appel de la décision prise hier par le tribunal de grande instance de Bordeaux. P brèves our Stéphane Chapin et Bertrand Charpentier, un premier épisode judiciaire vient de se clore. Le tribunal de grande instance de Bordeaux a décidé, hier matin, d’annuler le premier mariage homosexuel en France, célébré le 5 juin dernier par Noël Mamère. Le couple a immédiatement annoncé sa décision de faire appel. Selon leur avocat, « le mariage est toujours valable, et le restera jusqu’à ce que la cour d’appel se prononce ». Pour le député-maire de Bègles, qui avait été suspendu de ses fonctions municipales durant un mois par le préfet de Gironde, « cette décision était attenpour « une amélioration du Pacs », mais due ». « Le débat de société a eu lieu et a qualifié les unions homosexuelles de je ne peux que m’en féliciter, a déclaré « parodie de mariage ». Noël Mamère. Nous en sommes mainLe marathon judiciaire ne fait, lui, que tenant au débat juridique, et le débat commencer. Si la cour d’appel confirme parlementaire peut également avoir lieu, la décision de première instance, Stéphane dans la mesure où les Verts ont Chapin et Bertrand Charpentier sont Pour Noël Mamère, prêts à se pourvoir en cassation. Et déposé une proposition de loi. » « cette décision Si la position majoritaire, au sein à aller, si nécessaire, jusque devant était attendue » des partis de gauche, est d’aller vers la Cour européenne des droits de la légalisation du mariage gay, ce n’est cependant le cas ni des députés de la majorité, ni du gouvernement. Le 14 juillet dernier, le président de la République s’est lui-même prononcé l’homme. Une étape décisive : plusieurs pays de l’Union, comme la Belgique ou les Pays-Bas, ont déjà légalisé le mariage de personnes de même sexe. Amaelle Guiton Jean-Louis Debré critique le gouvernement Le Sénat vote la réforme de la Sécu 8000 à 10000 fonctionnaires en moins en 2005 Le président de l'Assemblée nationale « regrette » le recours au 49-3 pour faire adopter le texte sur la décentralisation. « Le gouvernement a voulu hâter le processus, je ne sais pour quelle raison » déclare-t-il à La Croix. Parallèlement, la motion de censure déposée par la gauche a été rejetée hier soir. La réforme de la Sécurité sociale a été adoptée hier en première lecture par la Haute Assemblée. Ce vote suit celui des députés le 20 juillet dernier. La loi prévoit un dossier médical personnel, institue le système du médecin traitant unique, et instaure une contribution forfaitaire non remboursée sur les actes médicaux. Dans une interview publiée aujourd’hui dans Le Parisien, Renaud Dutreil, le ministre de la Fonction publique, annonce que les effectifs diminueront « de 0,5% » en 2005. De nouveaux « efforts », « plus importants », sont à prévoir pour 2006. L’État emploie 2,5 millions de personnes à l’heure actuelle. National mercredi 28 juillet 2004 avignon « Les spectateurs ont montré leur solidarité » Quelle a été la mobilisation des inter mittents au festival d’Avignon 2004 ? Dans le collectif d’Avignon, on a mis du temps pour mettre en place un lieu permanent de réunion. On a manqué de mobilisation sur le festival. Normalement, les syndicats devaient avoir un rôle moteur. Mais, pour ne citer qu’elle, la CGT-Spectacle a été absente cet été. Elle n’a pas pris le risque d’appeler à la grève. Comment expliquer ce désintérêt ? Il y a une multiplicité de prises de position des uns et des autres. Ce qu’il y a de commun, c’est, pour les compagnies de théâtre, d’accepter les conditions financières difficiles du festival « off » : près de 600 troupes sont en concurrence. Je vois mal comment elles peuvent défendre le statut d’intermittent dans ces conditions. Et le public, dans tout ça ? Dans ce festival, on peut attendre une attitude moins passive du spectateur. Bien sûr, je ne parle pas de ceux qui vont voir Anne-Laure de la Star Academy [elle se produit cette année au festival « off », NDLR]. Reste que les spectateurs étaient plus présents, alors que rien n’était perturbé. Ils nous ont posé des questions et ont montré leur solidarité. Le collectif a-t-il fait évoluer ses propositions ? Nous avons fait une contre-proposition. Mais le ministre de la Culture a choisi un expert partisan pour l’étudier : il n’est donc pas indépendant. Nous voulons mettre en parallèle des chercheurs indépendants qui vont expertiser les coûts comparés de l’actuel protocole et de notre contre-proposition. Une enquête sociologique associée permettrait de savoir qui sont les intermittents, où et comment ils travaillent… Nous pourrions apporter la contradiction à ce qui nous est proposé. Le problème, c’est que l’accès aux données de l’Unedic nous est refusé. C’est le signe de l’autisme conjugué du Medef et du gouvernement. Propos recueillis par Benjamin Bassereau environnement Le feu repart en Corse Les incendies qui font rage sur l’île continuent de menacer des centaines d’hectares de forêt. L ’incendie de la forêt de Bonifato, en Balagne (Haute-Corse), qui avait détruit 450 hectares de forêt avant d’être contenu lundi, a connu une reprise hier aux petites heures du matin. D’importants moyens ont été déployés pour lutter contre le sinistre. Plus de 200 pompiers, dont plusieurs dizaines de commandos héliportés, se sont succédé pour tenter de venir à bout de l’incendie. La forêt de Bonifato, qui s'étend sur 2 000 hectares, est un site classé du parc naturel régional de l’île, très fréquenté par les randonneurs. Cette étendue de pins centenaires avait déjà brûlé en 1982 et les corps calcinés de quatre randonneurs avaient été retrouvés. L’incendie, déclenché dimanche aprèsmidi par deux départs de feu qualifiés de « suspects » par les gendarmes, avait progressé rapidement avant de se stabiliser lundi matin à la faveur d’une accalmie du vent et grâce à l'engagement de renforts aériens. Guillaume Gouges Photo : Nicolas Le Scour / Alterphoto Guy Chenevier, du collectif des intermittents d’Avignon, dresse un bilan du festival, terminé hier : moins de mobilisation, pas de grèves mais de nouvelles propositions. Après l’effervescence de l’an dernier (ici, l’occupation du ministère des Affaires sociales en novembre), la mobilisation des intermittents est retombée. éditorial Éloge de la paresse ans la France de Jean-Pierre Raffarin et d’Ernest-Antoine Seillière, il ne fait pas bon se trouver des affinités avec Le Droit à la paresse de Paul Lafargue. Corinne Maier, chercheuse à EDF, risque une sanction, le 17 août prochain, pour son pamphlet Bonjour paresse, de l’art et de la nécessité d’en faire le moins possible en entreprise. La direction d’EDF lui reproche d’avoir appliqué les conseils pratiques de son ouvrage, comme lire le journal en réunion. Cette société, plus tout à fait publique et pas encore anonyme, se drape avec condescendance dans une dignité outragée. Comment l’employé peut-il oser causer un tel préjudice à cette valeur sacrée qui règne dans l’entreprise : le travail ? Nul ne peut y porter atteinte sous peine d’excommunication, voire pire, de licenciement. Où sont-ils, les rebelles, les engagés, les Paul Lafargue ? Des entreprises comme Bosch songent à oublier les 35 heures. Chez nos voisins allemands, elles sont nombreuses à revenir aux 40 heures sans hausse de salaire. Les menaces de délocalisation pleuvent. En France, le ministre de la Culture a endormi les intermittents avec des mesures provisoires. Où sont les grands soirs ? Une Internationale existe bel et bien. C’est de l’Internationale capitaliste qu’il s’agit. Elle offre son visage au grand jour, et il n’est pas glamour. Ludovic Boulet D Île-de France mercredi 28 juillet 2004 reportage Tati, la rue est pour eux Les repreneurs du groupe Tati devraient fermer plusieurs magasins. Pour les salariés de celui du boulevard Sébastopol à Paris, c’est l’angoisse du chômage qui se profile. S à nous, née du désir de son PDG, Fabien Ouaki, de diversifier ses magasins et d’attirer une clientèle plus fortunée. « je n’ai plus qu’à attendre ma lettre » Sur trois étages, le magasin réunit, en plus du textile, les nouveaux produits que le PDG voulait vendre. Mais la surface est trop petite. Au premier étage, le modeste linéaire de DVD de l’espace culture fait peine à voir. La boutique voyages est vide. Personne ne s’arrête devant l’espace Tati Phone, loué à un opérateur. La vendeuse bougonne : « Je n’ai plus qu’à attendre ma lettre. Après 20 ans de travail, à plus de 45 ans, je ne vois pas ce que je vais faire. » Photo Guillaume Cadec ur les étagères, les piles de cahiers ne sont pas d’égale hauteur. Un peu de laisser-aller. C’est déjà la rentrée, mais pour les vendeuses du magasin Tati du boulevard Sébastopol, ce sera probablement la dernière. Quel qu’il soit, le repreneur du groupe de la famille Ouaki réduira les effectifs de 900 à 600 personnes, et ce magasin est en haut de la liste annoncée de fermetures. Alors elles n’ont pas le cœur à en parler. Ou alors entre elles. Les rares clients n’ont pas l’air d’être au courant : « Je n’y viens que de temps en temps. » Pourtant le magasin est flambant neuf, ouvert en mai 2003. Ce n’est pas un Tati original, mais une enseigne La rue est L’enseigne du magasin apparaît aujourd’hui bien ironique. Les quatre doubles caisses sont vides, on paie au bureau d’accueil. De l’autre côté de la rue, des gens sortent de la bouche de métro. Parmi eux, certains rentrent directement à Monoprix. Jacques de Ménibus environnement Riverains mécontents près de Roissy Les nouvelles mesures d’aide à l’insonorisation ne font pas l’unanimité. L e nouveau plan de gêne sonore (PGS) de l’aéroport de Roissy ne calme pas les inquiétudes des riverains. L’Advocnar, association de défense contre les nuisances sonores, a exprimé hier son mécontentement en qualifiant ces mesures de « marché de dupes ». Signé jeudi dernier par les préfets des départements concernés (Val-d’Oise, Seine-Saint-Denis et Seine-et-Marne), le PGS bénéficie d’une enveloppe budgé- taire de 26 millions d’euros. Il concerne désormais 60 communes, contre 40 en 1999, et le nombre de logements pouvant bénéficier d’une aide à l’insonorisation a été multiplié par quatre. Mais pour les militants de l’Advocnar, ce programme ne résoud ni le problème de la dépréciation des biens immobiliers ni celui de la pollution chimique. Surtout, son application nécessitera des années, durant lesquelles le trafic Supplément à Médialibre-CFD Magazine N°70 Rédaction en chef : François Longérinas, Marc Mentré Rédacteurs en chef adjoints : Fidel Navamuel, Dominique Patte, Michèle Pedinielli Rédacteur Graphiste : Thierry Clévédé Directrice de la publication : Marie-Geneviève Lentaigne Ce quotidien a été conçu et réalisé par la promotion 2004 du stage Journalisme, technique rédactionnelle Rédacteur en chef : Ludovic Boulet Secrétariat de rédaction : Camille Domecq, Guillaume Gouges, Célia Rouxel Rédaction : Benjamin Bassereau, Guillaume Cadec, Sophie Delafontaine, Séverine Delrieu, Amaelle Guiton, Jacques de Ménibus Impression CFD Commission paritaire n°65547 ISSN 7-590-997 L’école des métiers de l’information-CFD : 7-9 rue des Petites-écuries, Paris 10e Dépot légal : 3e trimestre 2004 aérien va augmenter. L’association réclame aujourd’hui aux pouvoirs publics « un véritable plan de maîtrise des nuisances aériennes, qui intègre de réelles mesures de prévention ». Amaelle Guiton météo régionale Chaud devant ! N’avez-vous jamais rêvé de vous promener nu(e) sous vos vêtements par temps de grosse chaleur ? Si c’est le cas, osez… Le temps aujourd’hui s’y prête particulièrement. Légère canicule avec des températures avoisinant les 27°C. On ne va pas s’en plaindre : depuis le temps qu’on l’attendait, enfin elle est là ! Célia Rouxel Ile-de-France mercredi 28 juillet 2004 loisirs enfants Des ateliers pour artistes en herbe our fabriquer des fleurs en crépon, à chacune sa méthode. Tandis que Camille, 5 ans, expérimente les mariages de couleurs, sa grande sœur Mathilde – qui a « déjà fait ça pour la fête des mères » – cisèle ses créations avec une précision d’orfèvre. But de l’opération : fabriquer, à l’aide de divers papiers et cartons, une « couronne fleurie » à la manière d’Arcimboldo. Tout l’été, le peintre italien du XVIe siècle, célèbre pour ses portraits en assemblage d’éléments végétaux, partage avec Léonard de Vinci les honneurs du Musée en herbe, au Jardin d’acclimatation. En lien avec les expositions, le musée propose chaque jour au jeune P public des ateliers d’une heure. Au menu : dessin au pastel, fabrication d’une « machine délirante » ou autoportrait, pour les élèves de Léonard ; masques en forme de fruits, têtes en légumes ou mini-épouvantails pour ceux d’Arcimboldo. « Ces ateliers nous permettent de faire découvrir aux enfants l’univers d’un artiste », explique Muriel, l’animatrice. Le public est conquis : Olivier, qui a visité l’exposition Arcimboldo, a trouvé les tableaux « très beaux, surtout Le Jardinier et Le Cuisinier » – deux natures mortes qui, à la manière des images d’Épinal, révèlent des portraits lorsqu’on les regarde à l’envers. Ses parents, qui ont profité de l’atelier Photo : Amaelle Guiton Jusqu’à la fin août, le musée pour enfants du Jardin d’acclimatation propose aux plus jeunes des activités créatives autour d’Arcimboldo et de Léonard de Vinci. Les mannequins fleuris du musée sortent d’ateliers animés par une costumière. pour goûter au calme du Jardin, sont aussi ravis que lui. Amaelle Guiton Paris 16e, M° Les Sablons. Ateliers tous les jours à 15 h (tarif : 5 euros), à partir de 5 ans. Rens. : 01 40 67 97 66. gastronomie Un petit restau au goût de reviens-y Le Potager du Père Thierry est l’adresse montmartroise pour les gourmets gourmands. A brèves u premier coup d’œil, on aperçoit, sagement pliées sur les tables en bois, des serviettes à carreaux 100 % gros coton. Avec de telles serviettes, on ne peut pas avoir mauvais fond. Ici, accueil, service et cuisine partagent une même vertu : l’excellence sans tapage. Ceux qui sont de nature fidèle apprécieront la constance de la carte. Avec quelques variations tout de même : la soupe est du jour, chaude, ou froide en au pain poilâne, et surtout celle qui été. Idem pour la tarte et le plat de poismarie foie gras et compotée d’abricots. son qui varient suivant les arrivages. Les plats sont servis avec générosité : D’une fois sur l’autre, le magret de canard souvenez-vous en si vous rêvez de sera nappé d’une sauce miel-cumin, framboise, ou encore raisin-cognac. Accueil et cuisine : faire honneur au gâteau grand-mère au chocolat. Le tout avec gentillesse Du côté des entrées, mention spéciale l’excellence sans et discrétion. Comptez environ à l’œuf cocotte au foie gras et à la tapage 20 euros par personne. terrine au roquefort et aux poires. Camille Domecq Pour le plat, quoi qu’il arrive, demandez 16, rue des Trois-Frères, Paris 18e. qu’il soit servi avec la purée maison. Tél. : 01 53 28 26 20. Vous préférerez peut-être les tartines Agression dans le 93 Un homme de trente ans, blessé grièvement à coups de marteau au visage et aux jambes lundi vers 17 heures, a été admis le jour même à l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis. Trois hommes ont été interpellés par la police, dont deux pour « nonassistance à personne en danger ». Les circonstances de l’agression ne sont toujours pas connues. Vandalisme dans le Quartier latin La plaque du mathématicien Maurice Audin, universitaire et anticolonialiste algérien victime de torture, a été découverte souillée de peinture rouge lundi soir. Les communistes parisiens à l’initiative de son inauguration dans le 5e arrondissement deux mois auparavant ont demandé une enquête. Adieu Reggiani Hier, de nombreuses personnalités se sont déplacées pour la mise en terre du chanteur et comédien Serge Reggiani au cimetière Montparnasse. Le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, les comédiens Michel Piccoli et Anouk Aimée, et le chanteur Georges Moustaki faisaient partie de la foule venue lui rendre un dernier hommage. mercredi 28 juillet 2004 Cinéma comédie Une fantaisie poétique sur la peur de l’autre acinthe (Victoria Abril), la bavarde, ne supporte pas les mites qui ont envahi son appartement bourgeois parisien. Elle décide de leur faire la guerre. Bruno (Jean-Pierre Darroussin), son mari, tente en vain de la rassurer. Léa (Sylvie Testud), l’amie de Jacinthe, est attirée par un mystérieux personnage muet, un ancien légionnaire, paraîtil. Elle le suivra, un peu à l’aventure, dans sa maison de campagne. La suite? C’est justement ce qu’essaiera de découvrir Jacinthe en partant à la recherche de son amie, qu’elle croit en danger. La mite, le muet et la maison. Les trois M du mystère. Les trois catalyseurs d’une crainte féroce de l’inconnu. Voilà un film qui n’est pas tout à fait une comédie. C’est une fantaisie sur fond de J peur de l’autre. Jeanne Labrune réalise ici le troisième volet de sa trilogie et offre un univers coloré, léger et poétique. « Comme un manteau réversible qu’on prendrait côté soie. » Notamment lorsqu’elle décrit la campagne, son silence apaisant et la douceur des rayons du soleil. Et qu’elle y oppose la ville, ses discussions interminables et ses habitants névrosés. Une énergie enthousiasmante Des dialogues d’une intelligence et d’un humour remarquables lancent l’histoire avec une énergie enthousiasmante. JeanPierre Darroussin est très juste, entre silences et hésitations ; Sylvie Testud entière, fraîche et sincère. Mais le film s’essouffle : la principale intrigue tombe Photographie : Moune Jamet « Cause toujours ! ». Le dernier film de Jeanne Labrune fait sourire, mais peine à convaincre le spectateur. Sylvie Testud, regard et lumière. Elle incarne avec grâce une jeune amoureuse. à l’eau, car elle est trop prévisible et ne sollicite pas suffisamment l’imagination du spectateur. Et puis l’irréalisme de certaines situations, autorisé par la fantaisie, n’est qu’à moitié assumé. Benjamin Bassereau science-fiction animation Aïe ! Robot On ferme « I, robot ». Effets spéciaux et morale à volonté. A nnée 2035. Les robots partagent la vie des hommes. La société les a domestiqués jusqu’à en faire des esclaves. Ils s’occupent des ordures, distribuent le courrier, promènent les chiens. La cohabitation est cependant sans risque, trois lois robotiques les empêchant de porter atteinte à l’être l’humain. De fait, aucun d’entre eux n’a jamais commis le moindre crime. Or, la veille de la mise en vente d’une nouvelle génération d’androïdes, le professeur Lanning, créateur du projet, se suicide. Del Spooner (Will Smith), flic nostalgique des années 80, amateur de Stevie Wonder et résolument hostile aux cyborgs destructeurs d’emplois, découvre qu’il s’agit en fait d’un meurtre dont l’auteur est un robot de la dernière génération... Inspiré des livres d’Isaac Asimov, I, robot est prometteur sur le papier. Sur l’écran, le résultat est un sommet de conformisme made in Hollywood. L’intrigue se développe selon le rythme habituel des thrillers de l’été. Répliques comiques, courses-poursuites délirantes et leçons de morale convenues. Tout y passe : la liberté et sa protection à tout prix, la sauvegarde de la planète, le respect de l’autre. Du George W. Bush recyclé pour grand écran. Les amateurs d’effets spéciaux, eux, seront ravis. En deux heures, on en trouve autant que dans les neuf heures du Seigneur des anneaux. La traditionnelle scène de combat final mérite le déplacement à elle seule. Les autres peuvent s’épargner un blockbuster qui tient plus de Terminator 3 que du poétique Intelligence artificielle. Guillaume Cadec « La ferme se rebelle ». L’ère du 2D s’achève mal. L a propriétaire d’une paisible ferme du Far West est menacée de saisie par ses créanciers. Elle court à l’expulsion mais refuse absolument de vendre ses animaux chéris, qu’elle considère comme sa famille. Ses trois vachettes décident de sauver le ranch en capturant le gibier de potence local dont la tête est mise à prix. Pour ce dernier film utilisant les méthodes d’animation traditionnelle en 2D, les studios Disney n’ont pas vraiment soigné leur sortie. Les réalisateurs ont fait les fonds de tiroir et réalisé un gentil divertissement strictement pour enfants. Graphisme vieilli, scénario convenu, espérons pour Disney que son passage au tout-numérique lui permettra d’affronter Pixar avec des productions d’un autre niveau. G. C. Magazine mercredi 28 juillet 2004 théâtre Inhabituelle « Force de l’habitude » aas Gramser fait partie du collectif Onderneming. Elle est metteur en scène et comédienne, comme tous les membres de la compagnie. Elle nous explique leur lecture comique de La Force de l’habitude de Thomas Bernhard. W Vous avez monté ce texte, a priori noir, alors que vos choix penchent plus vers le comique. Cette drôlerie vous est-elle apparue dès la lecture de la pièce, ou bien l’avez-vous insufflée ? Non. Nous n’avons rien inventé de superflu. Tout est dans le texte. Le danger avec Thomas Bernhard est que le personnage qui soliloque pense qu’il a raison. Il intellectualise, il théorise, mais il ne sait pas vivre. Le directeur du cirque exige que les membres de la troupe exécutent un quintet alors qu’ils ne sont pas musiciens. Lui, il copie Casals, alors qu’il n’a pas de talent. Le jongleur copie le directeur. Les personnages sont aveugles et têtus. Le directeur pense qu’en travaillant tous les jours, il arrivera à un résultat. Alors qu’il y a un non-sens total à cette agitation, aux reproches qu’il formule à l’encontre de ses employés. Le comique est là. Les personnages sont ridicules. Nous les avons caricaturés à l’extrême. Les intermèdes, vente de glace, cheval qui pisse sur le public, adresse directe, renforcent l’élan facétieux de la mise en scène… Nous avons un rapport très complice avec le public. Nous cherchons l’amusement, le jeu avec lui. Hier soir, c’était dur parce qu’il pleuvait. Nous avons joué sur l’inattendu. Nous avons improvisé. On ne savait pas si on allait continuer, on ne savait pas si le public allait rester. On a donc essayé de faire vivre ce sentiment. Le public est resté sous Photographie : Vuk Milisic Un directeur de cirque force ses employés à répéter La Truite de Schubert. Ils sont plus grotesques que doués pour la musique. Un Thomas Bernhard à la fibre comique. Lundi soir, La Force de l’Habitude, sous la pluie, n’a pas fait fuir le public. les bâches et les parapluies. On cherchera jusqu’à la fin cet équilibre fragile du comique entre le public et nous. Séverine Delrieu La Force de l’habitude de Thomas Bernhard, jusqu’au 31 juillet dans la cour de l’hôpital Saint-Lazare (Paris 10e). Dans le cadre de Paris Quartiers d’été. Tarifs : 15/12 euros. guide pratique Faites vous-même votre été torride ! Vous en avez assez des romans à l’eau de rose ou de lire Auto-Moto. Prenez-vous en main et étonnez vos ami(e)s. Petit guide du plus court chemin vers le plus haut des cieux. B ientôt les vacances et vous ne savez pas quoi emporter sur le sable chaud. C’est dommage ! Heureusement, la maison d’édition La Musardine, est là pour vous sauver de l’ennui. Vous pourrez, tout en bronzant, réviser vos classiques et découvrir d’autres approches auxquelles vous n’avez sûrement jamais songé. Au programme, quatre livres de poche qui abordent certain domaine technique de manière instructive et ludique : Osez… faire l’amour partout sauf au lit ; Osez… tout savoir sur la fellation ; Osez… les jeux érotiques ; Osez… l’échangisme. Alternant tour à tour anecdotes historiques, conseils pratiques et histoires vécues, le tout pimenté d’un humour bienvenu, cette petite littérature risque fort de vous entraîner vers des chemins inexplorés et quelquefois inexplorables. Ces petits manuels rafraîchissent le genre, et c’est bien agréable ! Au final, le pari est réussi : ils donnent envie. Osez… s’adresse à toutes et à tous. Et si d’aventure vous êtes en panne d’idées autour du feu de camp entre copains et copines, Osez… les jeux érotiques vous sortira de l’embarras et vous promet une… sacrée soirée ! Célia Rouxel 7 euros - Librairie et éditions La Musardine : 122, rue du Chemin-Vert, Paris 11 e ou sur le site Internet : www.lamusardine.com