Nutrition pratique
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Nutrition pratique
Alimentation et N°19 Octobre 2002 Précarité Bulletin de liaison trimestriel destiné aux professionnels et bénévoles impliqués dans la prise en charge et l’aide aux populations démunies. Dossier ◗ Que mange-t-on dans les familles d’origine maghrébine vivant en France ? Nutrition pratique Comment faire lorsque l’on a toujours faim ? L’alimentation en questions : théorie et pratique CERIN Photo : Gilles Larvor - Agence VU Prix CERIN de nutrition 2002 Contrôler la prise de poids chez les enfants pour prévenir l’obésité Alimentation et précarité, édité par le CERIN (Centre de Recherche et d’Information Nutritionnelles) en partenariat avec le CFES (Comité Français d’Éducation pour la Santé) Directeur de la publication: Dr Marie-Claude Bertière Rédacteur en chef: Dominique Poisson Rédaction: Dominique Poisson, Bénédicte de Capèle, Christine Lacroix Maquette et mise en page: MPRA biocommunication Abonnement gratuit sur demande écrite adressée au CERIN – 45 rue Saint Lazare – 75314 PARIS CEDEX 09 www.cerin.org Dossier 2 Que mange-t-on dans les familles d’origine maghrébine en France ? Nutrition pratique 7 Comment faire lorsqu’on a toujours faim ? Lorsqu’on a toujours faim, on arrive toujours aux mêmes conséquences : - un surplus d’énergie (de calories) : on grignote généralement des biscuits, des bonbons, des viennoiseries, ou encore des chips… autant d’aliments caloriques qui conduisent vite à un certain nombre de kilos superflus ! - une dépense d’argent non négligeable puisque notre choix se porte une fois encore sur des aliments qui ont souvent un prix élevé. Autant de bonnes raisons pour essayer d’éviter de grignoter entre les repas en suivant quelques conseils simples. L’alimentation en questions : théorie et pratique Que conseiller à un ado qui ne boit que des sodas ? Les pâtes font-elles grossir ? Les enfants peuvent-ils manger du ketchup à toutes les sauces ? Tous les fromages contiennent-ils autant de calcium ? Qu’appelle-t-on " calories vides " ? Prix CERIN de nutrition 2002 11 Contrôler la prise de poids chez les enfants pour prévenir l’obésité Comme chaque année depuis 1992, le CERIN décerne un prix de nutrition destiné à récompenser un travail original réalisé par des diététiciens dans le domaine de l’alimentation et de la santé. Cette année, la lauréate est Régine Cavelier de l’Association départementale d’éducation pour la santé (ADES) du Rhône pour son programme de prévention de l’obésité chez les jeunes enfants. Sommaire ◗ Cet article a pour objectif de faire le point sur l’alimentation des familles maghrébines pour permettre aux professionnels du secteur social de mieux aider ceux qui sont en difficultés économiques et d’effacer aussi quelques préjugés sur cette saine et savoureuse cuisine qu’est celle du Maghreb. Que mange-t-on dans les familles d'origine maghrébine vivant en France ? Cet article a pour objectif de faire le point sur l'alimentation des familles maghrébines installées en France pour permettre aux professionnels du secteur social de mieux aider ceux qui sont en difficultés économiques et d'effacer aussi quelques préjugés sur cette saine et savoureuse cuisine qu'est celle du Maghreb. Dossier ◗ Convivialité et hospitalité 2 Avant de s'occuper de l'alimentation proprement dite, il est intéressant de parler de l'art de vivre des immigrés d'origine maghrébine. Leur sens de l'hospitalité est remarquable, qu'ils soient riches ou pauvres. Par exemple, si vous êtes invité par une famille d'origine maghrébine, on vous accueillera toujours avec du thé, parfois accompagné de pâtisseries. La convivialité est encore très présente même chez les familles vivant en France : toute la famille est réunie autour de la table basse pour prendre le repas. Convivialité et hospitalité sont encore plus frappantes lors des fêtes religieuses -Ramadan, Aid el Kébir…et des fêtes familiales comme les circoncisions et les mariages. Jours de fêtes D'ailleurs lors de ces festivités, les tables abondent de mets succulents, en particulier des pâtisseries, toujours présentes qui sont délicieuses mais très caloriques. Elles sont faites de farine de blé, de beurre ou d'huile, de miel, d'eau de fleur d'oranger ou de rose. Voici une liste non exhaustive des pâtisseries : ● Cornes de gazelle : gâteaux fourrés aux amandes ● Makrouds : losanges à la semoule farcis aux dattes ● Chebakias : tresses de pâte frites et arrosées de miel ● Beghrir : crêpes épaisses arrosées de miel ● Baklawas : feuilletés aux noix, aux amandes ou aux arachides d'origine turque ● Sablés qui sont parfois faits avec de la farine de pois chiches Le vendredi ou les jours de fêtes musulmanes, on salive aussi devant des plats salés tels que le couscous qui désigne à la fois la recette et son ingrédient principal qu'est la semoule. Il en existe de nombreuses variétés : ● Couscous aux 7 légumes ● Couscous royal ● Couscous de poisson ● Couscous sucré appelé Seffa au Maroc On fait également la fête autour du méchoui- agneau ou mouton épicé cuit à la broche, difficile à faire en France surtout en ville mais on se débrouille en louant des salles ou des fermes à la campagne -et dans les familles d'origine marocaine, on se régale de taginesragoûts de viande ou de poisson -et de pastilla- sorte de feuilleté sucré-salé garni de pigeon et d'amandes. Alimentation et Précarité N°19 octobre 2002 Vie quotidienne Le rythme des repas des familles immigrées d'origine maghrébine est sensiblement le même que celui des Français de souche : ■ Le petit déjeuner se déroule vers 8-9 heures ■ Le déjeuner vers 12h30 voir 13h30 l'été ■ Le dîner vers 20h Le matin, les personnes immigrées d'origine maghrébine ont l'habitude de prendre un petit déjeuner "à la Française", c'est-à-dire un café au lait et des tartines beurrées tandis que dans les campagnes marocaines, par exemple, ce repas se compose de pain assaisonné d'huile d'olive. Le midi et le soir, les légumes ont une place important sur la table : ● Salades variées : tomate, aubergine, poivron, laitue, carotte ● Légumes farcis ● Chakchouka- genre de ratatouille ● Tagine : pomme de terre, cardon Ensuite viennent les viandes -le mouton étant la viande la plus appréciée- et on les consomme de plusieurs manières : ● Keftas : boulettes de viande ● Ragoût ● Méchoui ● Couscous Les personnes d'origine maghrébine consomment beaucoup de volailles comme le poulet et la dinde mais méconnaissent le canard et le lapin- le Prophète étant hésitant quant à sa consommation, selon un hadith. Le poisson est consommé de façon variable selon l'endroit d'origine et le lieu d'habitation actuel en France. Les céréales sont consommées sous forme de : Pain : baguette ou pain maison (tradition perpétuée même en France de façon épisodique) Couscous de blé et belboula quand il s'agit de semoule d'orge (cette dernière étant peu appréciée des jeunes générations qui préfèrent le coucous de blé) Feuilles de brick : minces feuilles de pâte servant à la fabrication de feuilletés sucrés ou salés et que l'on trouve toutes prêtes en supermarché Riz Pâtes que les immigrés ont appris à connaître en France- sauf les Tunisiens qui les utilisaient déjà dans leur pays d'origine Les familles d'origine maghrébine consomment régulièrement des légumes secs : Pois chiches indissociables du couscous et présents même dans les gâteaux secs sous forme de farine Fèves : en ragoût ou en soupe Lentilles : dans la soupe du Ramadan appelée harira Alimentation et Précarité N°19 octobre 2002 Dossier ◗ Ces horaires changent lorsque ces familles reviennent dans leur pays d'origine pour les vacances : ■ Le petit-déjeuner reste à la même heure ■ Le déjeuner, lui, se décale jusqu'à 14h ■ Un goûter est servi vers 16h-16h30 ■ Le dîner n'arrive que vers 22h 3 Les produits laitiers sont moins fréquemment consommés chez les familles d'origine maghrébine que chez les Français de souche ; leur pays d'origine n'ayant pas de tradition fromagère. Leur préférence va plutôt vers les fromages à tartiner, le lait et le lait fermenté -laban ou kéfir- que l'on trouve en supermarché au rayon frais. Les fruits préférés sont de type méditerranéen : ● Oranges, citrons ● Figues et figues de barbarie -fruit d'un cactus vendu en France sur les marchés ● Abricots ● Grenades et coings ● Dattes et fruits secs comme noix, amandes, etc ● Et aussi les bananes qui sont des fruits bon marché Dossier ◗ La boisson la plus courante est l'eau malgré l'attrait grandissant des boissons sucrées tels que sodas dont la publicité incite à la consommation auprès des jeunes. Et pour accompagner les pâtisseries ou en fin de repas, un thé à la menthe est souvent servi, lui aussi très sucré. 4 Les matières grasses utilisées sont : ● Huile d'olive ou d'arachide ● Beurre ● Smen : beurre rance à la saveur de fromage et utilisé pour le couscous notamment. Difficile à trouver en France, il pourra être remplacé par du beurre. Transmission et évolution des habitudes alimentaires La plupart des mères maghrébines cuisinent et les recettes se transmettent de mère en fille. C'est un point très positif car la cuisine méditerranéenne est variée et équilibrée. Malheureusement, selon une étude réalisée auprès de Maghrébins de Seine Saint-Denis [1], les plats traditionnels sont progressivement abandonnés et parfois remplacés par des aliments riches en graisses ou le grignotage. La transmission culinaire est donc capitale pour garder de bonnes habitudes alimentaires et il faut rester vigilant concernant l'intrusion du fast-food et des plats préparés industriels, en résumé, ne pas dénigrer l'alimentation traditionnelle mais au contraire la promouvoir. Religion et aliments Sur la devanture des boucheries musulmanes, le mot "halal" est souvent inscrit. Ce terme signifie "licite" en arabe et désigne tous les aliments autorisés aux musulmans. Le Coran [2] parle surtout des aliments interdits notamment dans la sourate de la Table, verset 3 : "Vous sont interdits la bête trouvée morte, le sang, la chair de porc, ce sur quoi on a invoqué un autre nom que celui d'Allah, la bête étouffée, la bête assommée ou morte d'une chute ou d'un coup de corne et celle qu'une bête féroce a dévorée- sauf celle que vous égorgez avant qu'elle ne soit morte". En résumé, le terme de viande halal désigne l'espèce animale -le porc est interdit- et le mode d'abattage- la bête doit être égorgée. Si ces deux conditions n'existent pas, la viande est considérée comme impropre à la consommation. L'autre grand interdit est le vin et toute boisson enivrante (s. La Table, v. 92-93). Les fêtes religieuses sont l'occasion d'apprécier toute sorte de plats : harira, dattes, gâteaux, suivront le jeûne du Ramadan et le mouton sera le roi pour l'Aid. Alimentation et Précarité N°19 octobre 2002 La cuisine maghrébine est une cuisine très épicée, parfois piquante mais toujours très parfumée. Voici une liste non exhaustive d'épices et de condiments courants au Maghreb que l'on trouve facilement en France : ● ail et oignon : s'insinuent dans pratiquement tous les plats salés. Le premier entre dans la composition de la harissa et du tabel (voir plus bas) ● cannelle : souvent utilisée en poudre dans les tagines, pastillas et desserts ● citrons confits : citrons conservés en saumure entrant dans la composition de ragoûts et de tagines. Vendus sur les marchés par les marchands d'olives ● coriandre : ses feuilles fraîches ciselées agrémentent de nombreux plats. Ses graines moulues sont moins utilisées ● cumin : graines moulues relevant soupes, salades, plats de poisson et de viande ● gingembre : séché et en poudre, il est utilisé dans les tagines marocains ● harissa : pâte de piments, ail, menthe, carvi et huile d'olive utilisée dans tous les plats salés. Vendue en conserve (boîte ou tube) en supermarché ● menthe : ses feuilles fraîches infusent dans le thé. Séchées, elles entrent dans les préparations de viande hachée (merguez) et les ragoûts ● paprika : piment rouge doux pulvérisé parfumant les ragoûts ● ras-el-hanout : mélange d'épices marocain associant poivre, cannelle, girofle, muscade, gingembre, rose séchée et utilisé dans le couscous ● safran : parfume et colore certains plats en sauce. À cause de son prix onéreux, remplacé par du colorant alimentaire ● tabel : mélange tunisien alliant carvi, coriandre, piments et ail. Plus difficile à trouver Vrai-faux : Le couscous est un plat équilibré Vrai : Comme plat unique, on peut considérer le couscous comme un plat équilibré. En effet, il contient à peu près tous les nutriments dont l'organisme a besoin : des protéines animales (viande) et végétales (semoule et pois chiches), des glucides complexes (semoule), des lipides (huile, beurre), des fibres (pois chiches, légumes), des vitamines (mais manque de vitamine C) et des minéraux. Pour être complet, le repas devra comporter également une crudité et un produit laitier. Le miel a une qualité nutritionnelle supérieure à celle du sucre Vrai et faux : Les personnes d'origine maghrébine utilisent souvent le miel à la place du sucre notamment dans les pâtisseries et pensent, comme d'autres dans la population française, que le miel est préférable au sucre. C'est vrai que le miel contient en plus du saccharose (sucre pur), du glucose et du fructose qui lui procure un pouvoir sucrant plus élevé que celui du sucre blanc donc on le consomme en moindre quantité. Mais la valeur énergétique du miel est sensiblement la même que celle du sucre et il ne contient pas plus de vitamines et de minéraux (c'est-à-dire des traces). Sa qualité reste gustative. Alimentation et Précarité N°19 octobre 2002 Dossier ◗ Epices et condiments 5 Recette marocaine très parfumée : Poulet M'Chermel Ingrédients pour 5-6 personnes : 1 poulet, 4 oignons, 1 gousse d'ail, 5 brins de persil, 5 brins de coriandre, 1 citron confit, le jus d'1/2 citron, 1/2 cuillère à soupe de safran, 1 cuillère à soupe de paprika, 1 cuillère à café de cumin en poudre, huile, sel et poivre Dans une cocotte, faire revenir à l'huile, le poulet coupé en morceaux, les oignons émincés, l'ail pressé et le safran. Saler, poivrer et mouiller d'un verre d'eau. Laisser mijoter à feu moyen 30 minutes, à couvert, en retournant de temps en temps la viande. Ensuite ajouter le paprika, le cumin, la coriandre et le persil hachés et l'écorce de citron confit émincée. Faire cuire encore 15 minutes. En fin de cuisson, verser le jus de citron. Bien mélanger et laisser mijoter encore quelques minutes pour que la sauce soit onctueuse. Servir bien chaud. Recette tirée de la revue Cuisines du bout du monde sur le Maroc ■ Dossier réalisé par Cécile Carceller, diététicienne, qui a travaillé avec des associations d’aide aux populations immigrées dans le domaine de l’alimentation. 45 rue de Noyers - 49000 Angers. Dossier ◗ Remerciements à Fatima E., Ijja F., Hadda M., Fatima Mo., Fatima Ms., Baya O., Fanida T. 6 Bibliographie : 1- Nutrition des migrants (P.Miossec et P.Valensi) in Traité de nutrition clinique de l'adulte de A.Basdevant, M.Laville et E.Lerebours. Éditions Médecine-Sciences chez Flammarion 2- Le Coran, plusieurs sourates traitent de l'alimentation. Editions Folio (poche) Pour en savoir plus Cuisines de la Méditerranée de Lorenza de Medici Stucchi. Editions Flammarion Cuisine du bout du monde, saveurs de Tunisie. Mai-juin 1995 L'encyclopédie des aliments. Editions Fontaine Alimentation et Précarité N°19 octobre 2002 Nutrition pratique Avoir toujours faim peut correspondre ou bien à un réel besoin de l’organisme, on parle alors de " fringale " (tiraillements de l’estomac correspondant à une faim plus ou moins urgente en dehors des repas). Ou bien à une sensation de faim qui n’en est pas vraiment une, il s’agit alors plutôt d’une envie de manger qui conduit au " grignotage " (consommation d’aliments de façon répétitive, automatique et sans faim, par ennui, stress…). Lorsque l’on a toujours faim, que cela se traduise par une fringale ou du grignotage, on arrive toujours aux mêmes conséquences : • un surplus d’énergie (de calories) : on grignote généralement des biscuits, des bonbons, des viennoiseries, ou encore des chips… autant d’aliments caloriques qui conduisent vite à un certain nombre de kilos superflus ! • une dépense d’argent non négligeable puisque notre choix se porte une fois encore sur des aliments qui ont souvent un prix élevé. Autant de bonnes raisons pour essayer d’éviter de grignoter entre les repas en suivant les quelques conseils ci-après. Faire un bon petit déjeuner La nuit, on dépense de l’énergie pour respirer, pour que le sang circule… et même pour rêver. Au réveil, il est donc important de faire le plein d’énergie en commençant la journée par un petit déjeuner suffisamment copieux. La solution idéale : un produit laitier, du pain, du beurre et un fruit. Croissant et autres viennoiseries sont à éviter car ils ne " calent " vraiment pas longtemps! Faire de " vrais " repas Souvent, par manque de temps, ou pour garder la ligne, on a tendance à sauter le repas de midi ou manger très peu. C’est une grosse erreur car notre corps a besoin d’un apport régulier d’énergie donc d’aliments (environ toutes les 4-5 heures). S’il ne reçoit pas suffisamment d’énergie à un repas, d’abord l’organisme va " réclamer " dans les 2 heures qui suivent d’où le risque de craquer sur n’importe quoi., puis, au repas suivant, l’organisme va se méfier et faire des réserves pour le cas où le repas suivant serait à nouveau " sauté ". Anticiper les grignotages Pour les mamans qui passent une heure à préparer le repas pour toute la famille, ou qui font goûter les enfants lorsqu’ils rentrent de l’école, mieux vaut prendre un petit goûter avant sinon, le ventre vide, elles risquent de succomber au goûter des enfants ou de passer leur temps à grignoter en cuisinant. Il est donc préférable de prévoir une collation dans la matinée et une autre vers 16-17 heures (un fruit ou un yaourt ou un petit morceau de pain et de fromage) pour éviter de grignoter entre les repas. Éviter de manger seul(e) trop souvent On risque " d’expédier " un repas et d’avoir faim quelques heures après. Il est toujours préférable de prendre un repas entre voisins, amis, collègues ou en famille plutôt que tout seul. Et surtout, il faut prendre le temps de manger (au minimum une demi-heure) et de bien mastiquer les aliments ce qui renforce la satiété. Manger des pâtes et des pommes de terre… même pour maigrir Aucun aliment n’est mauvais en soi. Pain, pâtes, riz, pommes de terre ne font pas grossir si on les consomme en quantité raisonnable et si on évite les préparations trop riches de type fritures. En revanche, pain, pâtes, riz et pommes de terre, ainsi que légumes secs de type haricots blancs, pois chiches, fèves ou encore lentilles permettent d’éviter d’avoir faim pendant une période assez longue. Ne plus hésiter à en consommer tous les jours. Alimentation et Précarité N°19 octobre 2002 Nutrition pratique ◗ Comment faire lorsqu’on a toujours faim? 7 Grignotages à éviter Grignotages intelligents Un petit croissant 200 kcal Un yaourt nature 63 kcal Nutrition pratique ◗ Une barre chocolatée 250 kcal 8 Un verre de lait 58 kcal 2 biscuits au chocolat 250 kcal Une portion d’emmental (25g) 95 kcal 1 tablette de chocolat (100g) 520 kcal Une tranche de jambon (50g) 68 kcal Un œuf dur 88 kcal Une poignée de bonbons (100g) 380 kcal Un paquet de chips (100g) 520 kcal Une pomme 75 kcal Biscuits apéritifs (100g) 470 kcal Deux clémentines 66 kcal Grignoter revient souvent à manger du sucre. Voici les équivalents en sucre de quelques aliments courants que l’on a tendance à grignoter par habitude, sans y prêter attention. Or ces aliments apportent du sucre : • un bonbon : • une cuillère de confiture : • 4 carrés de chocolat : • un croissant : 1 sucre 2 sucres 2 sucres 5 sucres • un pain au chocolat : • une canette de cola : • une barre chocolatée : 5 sucres 7 sucres 8 sucres Et les nutritionnistes le rappellent : il suffit de manger un seul sucre de trop par jour par rapport aux besoins de notre corps pour prendre 7 Kg en 10 ans ! Alimentation et Précarité N°19 octobre 2002 S’occuper pour limiter les périodes d’inactivité et d’ennui Très souvent les gens disent grignoter parce qu’ils s’ennuient, qu’ils n’ont rien à faire ou encore lorsqu’ils regardent la télévision. Ils ne grignotent pas parce qu’ils ont faim mais pour combler un vide, en quelque sorte. Pour éviter cela, il faut s’efforcer de remplir ses journées en pratiquant une activité sportive (gymnastique douce, marche à pied, natation…), en participant à une association de quartier, en faisant de la couture ou toute autre activité réalisée avec plaisir qui permet de rencontrer des gens et de sortir de chez soi. Avoir une alimentation monotone avec toujours les mêmes aliments, comporte le risque de se laisser tenter, entre les repas, par des aliments qui éveillent la gourmandise : chocolat, biscuits… On essayera de varier les légumes grâce aux conserves (champignons, haricots verts ou blancs, lentilles, salsifis, carottes…), de changer aussi leur mode de préparation (béchamel, gratin, flan, salade…), d’alterner viande et poisson (faire les fins de marché où une grande partie des produits sont bradés)… Attention aux substituts de repas Ils se présentent sous la forme de poudres à diluer, de soupes, de barres, de crèmes desserts à consommer à la place d’un repas. Ce sont des produits qui doivent être consommés dans le cadre d’un régime amaigrissant, réalisé sous contrôle médical, et basé sur des menus équilibrés et adaptés au régime. Outre le fait, non négligeable, que ce sont des produits coûteux, ils ne modifient en rien le comportement alimentaire et ne sont donc pas une solution au grignotage ■ Nutrition pratique ◗ Varier son alimentation Quand on a envie de manger, on peut aussi boire… Boire permet de calmer la sensation de faim en remplissant l’estomac, et remplace ainsi avantageusement un grignotage riche en énergie. Mais que boire ? • un grand verre d’eau tout simplement (celle du robinet fera très bien l’affaire) nature ou agrémentée d’un jus de citron pressé. • un thé ou un café léger et pas trop sucré. • Un verre de lait, une manière de grignoter intelligemment puisque le lait apporte du calcium pour les os et des protéines qui retardent l’apparition de la faim. Quant aux boissons sucrées de type sodas, elles doivent impérativement être évitées : une cannette contient l’équivalent de 7 morceaux de sucre ! Le cérémonial du thé Lorsqu’une envie de grignoter apparaît, une alternative, c’est de préparer un thé léger et pas trop sucré. Boisson conviviale, ce thé va permettre de calmer la sensation de faim en remplissant l’estomac et remplace ainsi avantageusement un grignotage riche en énergie. Alimentation et Précarité N°19 octobre 2002 9 L’alimentation en questions : théorie et pratique Que conseiller à un ado qui ne boit que des sodas ? Nutrition pratique ◗ S’il lui semble difficile de remplacer du jour au lendemain les sodas par de l’eau, on peut lui conseiller de boire des eaux gazeuses ou aromatisées (menthe, orange…) ou des jus de fruits " 100 % pur jus " dilués avec de l’eau. Les boissons " light " aux édulcorants ne sont à proposer qu’en dernier recours car elles entretiennent le goût sucré. Dans tous les cas, il faut savoir que les boissons sucrées, light ou non, sont une dépense importante pour les familles. Réduire leur consommation permet de faire des économies. Ainsi, boire une bouteille de cola par jour (1 € 10 environ) entraîne une dépense de 33 € par mois. 10 Les pâtes font-elles grossir ? Une assiette de 200 grammes de pâtes cuites apporte 180 Kcal seulement, ce qui est tout à fait raisonnable. Du fait de ce faible apport énergétique, on peut donc les d’assaisonner, ce qui, certes, apportera quelques calories de plus mais améliorera leur goût et leur valeur nutritionnelle : crème fraîche (vitamine A), fromage râpé (calcium), sauce tomate, champignons (minéraux). Dans le cadre d’un régime, il est conseillé de manger une part de féculents chaque jour : des pommes de terre, des pâtes… Les enfants peuvent-ils manger du ketchup à toutes les sauces ? Le ketchup peut parfois aider à " faire passer " des aliments boudés par les jeunes enfants. Cependant, il ne faudrait pas que sa consommation devienne systématique. En effet, son goût légèrement sucré masque la saveur réelle des aliments et nuit à l’apprentissage du goût et des bonnes habitudes alimentaires. De plus, il faut savoir qu’il contient du sucre et apporte donc des calories supplémentaires, mais aussi du sel déjà consommé en quantité suffisante. Le ketchup reste un condiment à consommer en quantité raisonnable et de façon occasionnelle. Tous les fromages contiennent-ils autant de calcium ? Non, tous les fromages n'apportent pas la même quantité de calcium. Les plus riches sont les fromages à pâte pressée cuite (gruyère, comté, beaufort... ) allant de 900 à 1100 mg pour 100 g. Les fromages frais (fromage blanc, petit suisse ) en contiennent de 75 à 170 mg pour 100 g. Mais il faut tenir compte de la quantité consommée. En effet, on mange plus facilement 100 g de fromage blanc que 100 g de gruyère. En définitive, tous les fromages sont une source de calcium incontestable. Qu’appelle-t-on " calories vides " ? Les " calories vides " sont des calories apportées principalement par les confiseries (sucettes, bonbons…), ou les boissons sucrées de type sodas. On les appelle " vides " du fait de l’absence de nutriments utiles à l’organisme (vitamines, minéraux). Elles sont uniquement sources de calories, sans qualités nutritionnelles. La plupart du temps, les aliments source de " calories vides ", sont consommés en dehors des repas et ne rassasient pas. Les " calories vides " s’ajoutent donc aux calories habituellement consommées dans la journée et peuvent être à l’origine de surpoids si leur consommation est trop fréquente. Les aliments source de " calories vides " devraient être appelés aliments sources de " calories inutiles ", par opposition aux aliments riches en vitamines et minéraux appelés aliments " à forte densité nutritionnelle ", tels que les produits laitiers, le poisson, les fruits et les légumes. Alimentation et Précarité N°19 octobre 2002 Contrôler la prise de poids chez les enfants pour prévenir l’obésité Comme chaque année depuis 1992, le CERIN décerne un prix de nutrition destiné à récompenser un travail original réalisé par des diététiciens dans le domaine de l’alimentation et de la santé. Cette année, la lauréate est Régine Cavelier de l’Association départementale d’éducation pour la santé (ADES) du Rhône pour son programme de prévention de l’obésité chez les jeunes enfants. Régine Cavelier, diététicienne chargée de projet en éducation pour la santé à l’ADES du Rhône a mené à bien l’élaboration d’un outil d’aide à la mise en place d’actions d’éducation des enfants de deux à quatre ans à l’alimentation et aux rythmes de vie. Ce projet, à vocation pédagogique, repose sur un constat : l’obésité, en progression chez les enfants, est en partie liée à l’inadaptation des rythmes de vie des plus petits, en particulier de l’alimentation et de l’activité physique. L’alimentation déstructurée trop riche en graisses et en sucres, le manque d’activité physique sont des facteurs de surpoids et l’augmentation de l’obésité touche plus fréquemment les enfants vivant dans des milieux précarisés. " Nous avons observé que la vie moderne fait que les enfants se dépensent moins, remarque-t-elle. Sans parler d’activité sportive, les petits sortent moins, ils sont conduits en poussette à la crèche où à l’école, même quand ils savent marcher, les jeux sont souvent statiques (consoles de jeux, télévision, vidéo…). Les grignotages se multiplient avec des excès le matin notamment par rapport aux besoins et l’alimentation n’est pas toujours équilibrée. " Les enfants grignotent dès le matin Partant de ce constat, elle mène actuellement un projet éducatif avec le soutien du Conseil Général du Rhône et des Caisses primaires d’assurance maladie de Lyon et de Villefranche-sur-Saône. Ce programme est à double détente : il vise, d’une part, à sensibiliser les enfants de deux à quatre ans et leurs parents et, d’autre part, à fournir aux professionnels de la petite enfance des outils pour faciliter la mise en place d’actions avec ces publics. " Nous avons ainsi choisi d’élaborer des actions qui puissent être conduites dans les différents lieux de vie des enfants : familles, écoles maternelles, structures d’accueil de la petite enfance. Il était important que des professionnels de la petite enfance puissent s’approprier ces outils pour assurer eux-mêmes le relais de l’opération. " De fait, ce programme répond à différents objectifs : favoriser les échanges avec les parents sur l’éducation des enfants aux rythmes de vie (alimentation, activité physique, sommeil…), fournir aux familles des informations sur les besoins de l’enfant aux différentes étapes de son développement, amener les professionnels à sensibiliser leur jeune public sur ces différents thèmes, sensibiliser les petits eux-mêmes à travers des activités et des jeux sur l’alimentation et les rythmes de vie. Un goûter équilibré : petit suisse et compote de pommes Concrètement, deux outils ont été élaborés, l’un pour les familles, l’autre pour les professionnels de la petite enfance : • Un livret, à vocation familiale, privilégie l’image et les jeux autour de l’alimentation et du rythme de vie. Très illustré, il propose des recettes simples et colorées (petits-suisses à la compote de pommes pour le goûter, par exemple), des jeux sur le petit déjeuner (plaisir et équilibre nutritionnel), des histoires courtes sur la journée de l’enfant. • Le livret destiné aux professionnels vise à favoriser la mise en place de projets collectifs en proposant une méthodologie. Il concerne plus spécialement les enseignants, les professionnels de structures d’accueil, les assistantes maternelles. Des éléments de méthode Alimentation et Précarité N°19 octobre 2002 Prix CERIN de nutrition 2002 ◗ Prix CERIN de nutrition 2002 11 Prix CERIN de nutrition 2002 ◗ et des suggestions pratiques y sont présentés pour les aider à animer des activités et des jeux sur l’éducation alimentaire et les rythmes de vie tout en facilitant la discussion avec les parents. Il donne également des informations pratiques (favoriser la sieste rapidement après le repas, par exemple, éviter de stocker des gâteaux et des sodas, l’importance des produits laitiers à chaque repas…) et rappelle les recommandations du Plan national nutrition santé pour améliorer le statut en calcium des enfants grâce notamment aux produits laitiers. Il est également complété d’une bibliographie sur l’obésité infantile. En cours de finalisation, ces deux outils vont être diffusés dans un premier temps auprès d’un public limité dans le département du Rhône pour être évalués. À terme, Régine Cavelier et l’ADES du Rhône espèrent le diffuser à plus grande échelle. Régine Cavelier - ADES du Rhône, 71 quai Jules Courmont, 69002 Lyon Tél. : 04 72 41 66 01 12 Alimentation et Précarité N°19 octobre 2002 Le CERIN, au service de la nutrition Toute l’actualité nutritionnelle en ligne : www.cerin.org CERIN CENTRE DE RECHERCHE ET D'INFORMATION NUTRITIONNELLES 45, rue Saint-Lazare 75314 PARIS cedex 09 • tél. : 01 49 70 72 20 • fax : 01 42 80 64 13 • Email : [email protected] Web : www.banquealimentaire.org - E.mail : [email protected] - 3615 BANQUEALIM