Maison urbaine style local

Transcription

Maison urbaine style local
Typo log ie :
Maison urbaine style local
Pays :
Maroc
CON TENU DE LA FICHE
Synthèse
Groupe analytique de la typologie
Formes de la typologie
Inventaire des typologies du pays
État actuel de vitalité et conservation
Processus de transformation
Capacité pour être réhabilité
Lexique
SYNTHESE
La maison urbaine de sty le local est une expression architecturale que l’on trouv e dans
certains centres urbains de notre espace méditerranéen, notamment dans les médinas
de Chefchaouen et d’Ouazzane. C’est un sty le d’architecture issu d’une tradition
autochtone qui reflète un mode d'aménagement et d'habitat de l'espace, dans lequel
les apports extérieurs n'av aient que peu d'influences sur l’évolution.
Chef chaouen et Ouazzane sont deux petites agglomérations citadines situées dans un
territoire rural du Rif et du pré-Rif, dont les activités majeures sont l’élevage et
l’exploitation de la f orêt. Construites par des populations locales, ces deux médinas,
e
e
dont la fondation remonte respectiv ement au XV siècle pour la première et au XVII
siècle pour la deuxième, offrent une typologie d’habitat dont l’aspect général,
l’organisation intérieure ainsi que les f onctions socio-économiques montrent que ces
deux sites ont subi, à travers leur évolution, de grandes inf luences de l'arrière-pays
rural et agricole. Ces influences se manif estent dans le mode de vie des habitants,
dans les activ ités économiques de ces v illes ainsi que dans l’habitat et l’aménagement
urbain.
GROUPE ANALY TIQUE DE LA TYPOLOGIE
Urbain
Groupé
Fixe
Déf initif
Permanent
« Assis »
Élev é / moyen / bas
Compacte
(Milieu)
(Implantation)
(Caractère)
(Origine)
(Usage)
(Culture)
(Niveau économique)
(Morphologie)
FOR MES DE LA TYPOL OGIE
INVENTAIRE DES TYPOLOGIES DU PAYS
Maison urbaine style arabo-andalou
Maison urbaine style local
Maison rurale du pré-Rif
Maison rurale du Rif côtier
Maison rurale du haut Rif
Habitat rural des plaines et des vallées
Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres.
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Ma ison ur bai ne sty le loc al
FOR MES DE LA TYPOL OGIE
Étant donné les relations d’échange
qu’ils entretiennent av ec leur arrièrepays, que ce soit au niveau économique
ou social, ces deux centres ont
dév eloppé des activ ités économiques
associées constituées de l'élevage, de
l'agriculture, de l'artisanat ainsi que du
commerce en relation av ec la production
agricole et artisanale.
Datation
Ce type d’habitat sobre, simple et sans
décoration paraît être très ancien. C’est
un style qui a évolué à partir de l’habitat
rural de la région mais qui s’est adapté
au contexte urbain.
Les deux sites retenus dans cette
enquête, Chefchaouen et Ouazzane, ont
e
été f ondés respectiv ement aux 15 et
e
17 siècles.
Élévation
Construite autour d’un patio central qui
constitue l’élément de base pour la
v entilation et l’ensoleillement de la
maison et en l’absence d’une f açade qui
caractérise la demeure moderne,
l'orientation de cette maison était
tributaire des contraintes imposées par
le terrain et l’orientation générale des
axes de communication sur lesquels
s’ouv rent cette maison. Pour l’intérieur
de la maison, on peut dire que les
espaces priv ilégiés sont généralement
orientés vers l’ouest ou le nord.
Coupe
Orientation
±0
Altitude
Surface au sol
Étant des centres moy ens et modestes,
les v illes de Chefchaouen et de
Ouazzane ne semblent pas abriter de
grandes demeures de la taille des
demeures de Fès, de Salé ou de
Tétouan. Ainsi, la surface moyenne au
sol v arie entre 70 m² et 120 m² alors que
la surf ace construite se situe entre 60 m²
et 100 m².
+1
Usage/activité asso ciée
Médina de Chefc haouen
Surface du logem ent
Nombre d’étages
Comme le reste de l'habitat traditionnel
urbain, cette typologie ne dépasse pas
un rez-de-chaussée ou un RC + 1, sauf
à Chefchaouen où l’on trouv e un espace
1
sous couv erture appelé Berchla qui est
généralement utilisé comme lieu de
stockage.
Couvertur e
Nous estimons que l'implantation d'une
agglomération sur une crête, dans une
plaine ou en bordure de mer serait
déterminée par les circonstances de la
f ondation, les contraintes naturelles
qu’impose le site, le statut de
l'agglomération,
et
sa
vocation
principale. Chacun des deux centres
que nous avons retenus pour illustrer
cette typologie dite de sty le local,
Chef chaouen et Ouazzane, possède
une logique particulière qui a déterminé
son implantation.
La v ille de Chefchaouen, dont la f onction
principale était défensive et de ref uge, a
été implantée en montagne dans une
zone d‘accès très difficile, à l’écart de
l’axe routier qui la dessert, au bord d’un
cours d’eau qui l’alimente en eau
potable.
La v ille
d’Ouazzane,
qui
s‘est
dév eloppée
spontanément
et
progressiv ement autour d’une conf rérie
religieuse, a été implantée sur le f lan
nord-ouest d’une colline du pré-Rif
(609 m) mais dans une région ouverte,
d'accès facile et sur un axe routier qui la
trav ersait.
Comme pour l’ensemble des médinas,
ces deux sites sont f ormés d'îlots
d'habitat et de zones d'activ ités
commerciales et artisanales d'une
grande densité. L'ensemble est agencé
par un réseau de communication
hiérarchisé qui isole les espaces
commerciaux et artisanaux des espaces
d'habitat et des espaces des morts.
Tissu urbai n
Implantation
Nombre de logements
Traditionnellement, il y
logement.
a un seul
Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres.
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Ma ison ur bai ne sty le loc al
Nombre de familles
Dans le système socio-économique traditionnel qui a été basé sur la conservation
des liens f amiliaux où les garçons sont, même après leur mariage, soumis à
l’autorité de leur père, la demeure traditionnelle constitue l’unique logement de
cette grande famille patriarcale constituée du père, de ses fils et de ses petits-fils.
Généralement, et à part la chambre des invités, chaque chambre de la maison
abrite un ménage. Ce n’est qu’après que les petits-fils ont atteint un âge av ancé et
que la maison du grand-père est dev enue insuffisante pour loger tout le monde, ou
après la mort de celui-ci, que les f ils vont chercher un logement particulier pour leur
propre f amille.
Nombre mo yen d e m embres par f amille
Généralement, chaque ménage peut compter entre 5 et 7 personnes en plus des
domestiques qui sont au service de toute la famille. Dans certains cas où le chef de
la maison n’a pas de descendant, il était courant que ce dernier aille chercher une
f amille pauvre pour loger avec lui dans la maison.
Charpente assembl e
Murs
Dans le cas des deux sites, les murs sont montés en deux parements
généralement en moellon hourdé qui parf ois présentent des chaînages horizontaux
à interv alle plus au moins régulier faits de brique pleine posée à champ ou en arête
de poisson.
Ossature
Généralement, il s’agit d’une ossature en bois reposant sur les murs porteurs ou
sur des arcs en brique pleine. Les poutres en bois, qui sont souvent brutes parfois
équarries, supportent un v oligeage en planches de bois sciées, de roseaux ou de
branchages fins sur lequel vient reposer une succession de couches de
remplissage de mortier de terre et chaux qui constitue la couv erture.
Couverture
Toiture terrasse plate en mortier de terre et chaux damé (ville de Ouazzane) ou
toiture à v ersant couverte de tuiles rondes (v ille de Chefchaouen). Parf ois, on peut
trouv er l'usage des deux techniques, la toiture terrasse et la toiture à deux
v ersants.
Entrée d’un logement.
Médina de Chefc haouen
Revêtements de finition
Il semble qu’à l’origine la majorité des façades extérieures dans les deux centres
étaient complètement nues ou recouvertes d’un enduit de terre ou de terre et chaux
grossier, et de couleur naturelle sans badigeon ; alors que les façades intérieures
recev aient seulement un enduit de terre ou de terre et chaux taloché ou projeté à la
main et badigeonné. Actuellement, toutes les f açades intérieures et extérieures
sont couv ertes d'un enduit de terre et chaux sur lequel est appliqué un badigeon de
chaux.
Ouvertures et saillies en façade
Cour intérieure d’un l ogement.
Médina de Chefc haouen
À l’exception de petits encorbellements ou de petites meurtrières qui percent
l’enceinte de la maison au niveau de l’étage et permettent ainsi une v ision très
restreinte de l’extérieur, et qui d’ailleurs ne sont que d’usage exceptionnel dans
l’architecture traditionnelle marocaine, la façade de la maison ne présentait pas
d’ouv ertures ni de saillies systématiques autres que la porte d’entrée et l’auv ent qui
la surplombe.
Systèm es traditionnels de conditionnement de l’air
Le conditionnement de l’air dans l’ensemble de la maison se f aisait de manière
permanente grâce au patio. Dans les chambres, qui généralement n’ont pas de
f enêtres, la v entilation et le conditionnement se f ont à travers la porte, qui a une
hauteur très importante, et à partir des petites meurtrières qui s’ouvrent sur la
hauteur de la porte et parf ois par les f enêtres qui sont ouv ertes sur le patio central.
Cour intérieure d’un l ogement.
Médina de Chefc haouen
Systèm es d’approvisionnem ent en eau potable
Pour les deux centres, Chefchaouen et Ouazzane, il existe deux systèmes
d'alimentation en eau qui ont été mis en place : un réseau de distribution
traditionnel basé sur le captage des sources naturelles, et un système de citernes
basé sur la collecte des eaux pluviales.
Systèm es d’évacu ation des eaux u sées
Faute d’études sur les systèmes d'év acuation des eaux usées en usage dans
l'ensemble de nos villes traditionnelles, et à l'exception toutef ois des grandes
métropoles où des réseaux d'évacuation ont été mis en place, nous pensons que
cela se f aisait par un système de puits qui devaient être creusés à l’entrée de la
maison ou dans le patio.
Terrasse d’un logement.
Médina de Chefc haouen
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Ma ison ur bai ne sty le loc al
ETA T AC TUEL DE VITALI TE E T C ONSERVATI ON
PROCESSUS DE TRANSFORMA TION
Effet / Cause
Transformations t ypologiqu es

Volume
•

•
•
•
•

Médina de Chefc haouen
Modif ication dans le rapport plein / vide.
Les percées sont plus cadencées, plus amples et perdent leurs silhouettes et
leurs motifs traditionnels.
Les rev êtements de sol en petits carreaux de poterie et céramique sont
substitués par un carrelage moderne. Forte présence dans les circuits
commerciaux, faible coût et facilité d’ entretien.
Sur le plan symbolique et social, les poignées traditionnelles des portes
d’entrée aux demeures qui laissaient autrefois le libre choix au v isiteur
d’av iser avant d’entrer ou carrément d’entrer sans attendre un signe
d’hospitalité. Sa substitution est surtout due à un problème de sécurité.
Structure
•
•
•

Extension v erticale / régression dans l’utilisation des voûtes.
Façades séparations
En particulier, perte dans la v ariété des arcs traditionnels.
Par rapport à la structure initiale du logement, et du fait du phénomène de
densification, une extension d’abord horizontale a f ait perdre le jardin contigu
au bâti, rétrécir partiellement le patio central. Une extension v erticale a
ensuite entraîné une transformation sur les volumes du bâti.
Les planchers et les toitures à structure de bois sont le plus f réquemment
démolis / substitués par une structure en poutrelles métalliques. La raison :
moisissure et usure des poutrelles en bois au niveau des assises avec les
murs. La réutilisation du mê me matériau est beaucoup plus coûteuse.
Organisation de l’esp ace
•
Les nouv elles performances des portées changent les f ormes des
composantes spatiales de ce bâti.
Changement d’usage

Les espaces qui ont quasiment perdu leur fonction initiale :
la chambre à l’entresol dominant le patio central qui, au travers de sa fenêtre,
permettait à la femme de garder son intimité et de v oir les inv ités sans être
v ue ;
• les dépôts alimentaires à l’entresol qui conserv ent une relative fraîcheur pour
des réserves qui autref ois étaient utiles lors des problèmes : guerre,
sécheresse, épidémie, etc. ;
• les
citernes d’eau de pluie. La raison : branchement au réseau public
d’ alimentation en eau.
 Les premiers espaces affectés par des réf ormes tout en gardant leur usage
initial sont essentiellement les toilettes et la cuisine, pour des raisons de
commodité.
•
Vue à trav ers les terrasses et les toitures.
Médina de Chefc haouen
Changement dans l’utilisation des m atériau x et d es techniques de construction

Utilisés, vivants
•

Peu utilisés, en d éclin
•
•


La technique la plus viv ante, aussi bien en architecture traditionnelle que sur
la nouv elle construction, est le badigeonnage à la chaux, à cause de sa forte
présence sur le marché, sa facilité d’ exécution mê me par l’ usager, son rôle
de protection, son aspect esthétique, sa relative réglementation, etc.
Pour l’essentiel, les planchers à structure de bois sont remplacés par des
structures en poutrelles métalliques.
Les mortiers et les enduits : terre et chaux sont remplacés par sable et
ciment. Raisons : ignorance des techniques, régression dans la qualification
de ces techniques, coût du produit (ex. : bois), rapidité d’ exécution, lacune
dans la réglementation, régression des extractions naturelles – croissance de
la fabrication, présence non répandue dans les circuits commerciaux.
N’étant plus utilisés
Nouvelles in corporations
•
Médina de Chefc haouen
Introduction du béton armé et des structures métalliques des planchers.
Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres.
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Ma ison ur bai ne sty le loc al
CAPACITE POUR E TRE REHABILI TEE
Asp ects d e la t ypologie
Notation de 0 (très mauvaise) à 10 (exc ellente)
•
•
•
1
7
6
6
Capacité pour être vendue ou louée sur le marché immobilier
2
Capacité pour s’adapter aux exigences f amiliales et sociales actuelles
3
Capacité pour s’adapter aux exigences de conf ort actuel
Notation de 0 (insignifi ante) à 10 (très grande)
•
•
•
4
6
4
7
Difficulté technique pour la réhabiliter
Difficulté administrativ e pour la réhabiliter
Difficulté budgétaire (coût très élev é) pour la réhabiliter
Barrièr es qui empêchent/provoquent que l’usager ne décid e pas de r éhabiliter
Notation de 0 (ne représ ente pas une barrière) à 10 (représ ente une très i mportante barrière)
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
1
5
2
2
7
10
5
8
5
3
5
7
6
7
Difficultés administratives
Difficultés techniques importantes
Dégradation irréversible du bâti
Catalogage/protection du bâtiment
5
Coût important de réhabilitation
5
Absence d’aides économiques/subv entions
5
Coût du projet et des autorisations
Statut du bâti/location
Inf lation des prix immobiliers
6
Dégradation sociale (délinquance, etc.)
6
Dégradation environnementale (absence d’inf rastructures minimales, etc.)
6
Désir de changer ce bâti pour du bâti moderne
6
Manque de sensibilisation/v alorisation de la part des usagers
6
N’est pas jugé nécessaire (par l’usager)
Commentaires
1.
2.
3.
4.
5.
6.
La capacité de location est beaucoup plus importante que la v ente ; le ty pe d’usager est généralement d’une classe modeste.
Les v entes peuv ent avoir pour objectif de nouveaux usages commerciaux (ex : bazar, salle de f êtes, etc.).
La demeure traditionnelle a toujours constitué une soupape de sécurité permettant de répondre aux exigences év olutiv es
d’une f amille ; elle pouv ait, en effet, abriter f acilement trois générations d’une même famille. Ceci n’est plus vrai pour les
exigences sociales actuelles qui tendent à subdiv iser ce logement …et f aire disparaître le poumon de ce bâti qu’est le patio
central.
Il y a des avantages mais les gens se plaignent parf ois du besoin urgent d’av oir une voiture au pied de la demeure, ainsi que
de relatifs problèmes de sécurité.
Pour la réhabilitation : relative difficulté technique due à la régression de qualif ication pour certains arts de bâtir. Les
difficultés administrativ es sont assez f aibles surtout s’il s’agit de réformes intérieures. Cependant, le coût peut être assez
élev é surtout si l’on veut reprendre des matériaux tels que le bois ou d’autres matériaux d’ornementation. La deuxième
difficulté est que ce chantier ne se trouv e pas au pied d’une voie carrossable.
Vu le type de classe sociale modeste qui occupe actuellement en général ce bâti, dans les médinas affectées par la
remarque 2.
Selon la médina, son taux de mutation sociale, d’impact de l’exode rural.
LEXIQUE
1.
Berchla : espace sous couv erture qui est généralement utilisé comme lieu de stockage.
Création de la fiche :
23/02/01
Dernière modification de la fiche :
Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres.
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