Le “off balance” a la co
Transcription
Le “off balance” a la co
Eco management Financement d’entrepôts Le “off balance” a la co Parmi les méthodes de financement permettant d’acquérir des espaces d’entreposage, celle du “off balance” gagne du terrain. Une approche que privilégient surtout les entreprises cotées en bourse qui ne souhaitent plus charger leur bilan et optent de ce fait pour la location ou le leasing immobilier. Ainsi, elles peuvent plus aisément budgéter l’investissement et déduire le coût du résultat imposable. Luc Franco Il convient d’opérer une distinction entre le financement d’actifs immobiliers (terrains et bâtiments), de l’aménagement et du matériel de magasin. En principe, chacun de ces trois postes peut être financé par une formule distincte, même si le financement global de l’ensemble du projet par une seule méthode reste bien entendu envisageable. Quatre formules de financement Concrètement, quatre formules de financement existent sur le marché : le financement sur fonds pro p res, le crédit d’investissement, la location et le leasing immobilier. Le financement sur fonds pro p res sera choisi par les entreprises souhaitant garder une indépendance maximale. Inconvénient majeur de cette méthode : les fonds propres ne sont pas déduits en tant que frais; cette méthode de financement n’est, par conséquent, pas attrayante sur le plan fiscal. De plus, les moyens ne peuvent plus être utilisés 10 Warehouse & Logistics • N°02 - Juin 2002 pour les opérations. Cette remarque s’applique aussi au classique crédit d’investissement. En effet, les deux méthodes sont des formules “on balance”; l’investissement apparaît, par conséquent, sur le bilan comptable de l’entreprise. La troisième formule, la location, est une formule “off balance” : les amortissements n’apparaissent donc pas sur le bilan. En outre, les remboursements périodiques sont assimilés à un poste de coûts véritable, et sont donc déduits du résultat imposable. Quatrième et dernière formule : le leasing immobilier qui peut être comptabilisé tant en off qu’en on balance. Cette formule gagne incontestablement en popularité; elle croît d’ailleurs à un rythme de 10 % par an. Une formule certes inaccessible aux particuliers, mais dont les entreprises apprécient de plus en plus les avantages. La société de leasing (lessor) reste propriétaire du bien immobilier jusqu’à la fin du contrat. Un point fondamental pour la société de leasing parce que, si le pre- neur de leasing (lessee) ne respecte pas ses engagements financiers, le bien immobilier peut à nouveau très facilement être commercialisé. Dans le cas d’un crédit d’investissement classique, par contre, la procédure de confiscation du bien est beaucoup plus complexe pour l’institution financière. La société de leasing est très “asset minded”, ce qui signifie qu’elle accord e beaucoup d’importance à la valeur commerciale du bien. Dans ce contexte, la localisation et la polyvalence du bien jouent un rôle fondamental. Il est clair en effet que les bâtiments multifonctionnels sont fort recherchés, avec un nombre d’acheteurs potentiels élevé. Bien davantage que pour un magasin hautement spécialisé. Deux formules de leasing Le leasing immobilier peut être on ou off balance. Eric Zuiderhoff, directeur du leasing immobilier chez ING Lease : “Dans le cas cote New Wave Logistics - “Location et outsourcing” ■ New Wave Logistics a opté pour la location. Exception : le magasin multiclient du siège central qui est financé sur fonds propres. de la formule off balance, le lessee paie un prix de location périodique relativement bas, parce que l’option d’achat – le montant auquel il peut acquérir le bien immobilier à la fin du contrat - est très élevée : environ 30 %. Cette formule emporte la préférence des sociétés multinationales, parce qu’elle n’a pas d’impact négatif sur le bilan. Par conséquent, les ratios comptables ont meilleure mine : le ratio de dette (capital étranger divisé par capital propre) est plus faible et la solvabilité (capital divisé par le total du bilan) diminue. Ces ratios financiers sont essentiels pour les multinationales, car ils ont une influence directe sur la cotation en bourse. Deuxième avantage important : les coûts sont facilement budgétisables de par la facture périodique fixe. En outre, les grandes entreprises sont d’avis que la possession et la gestion de biens immobiliers ne relèvent pas de leur corebusiness. En Belgique, New Wave Logistics gère cinq centres de distribution. Quatre sites sont dédiés : l’EDC de Pioneer, le magasin QMS de Minolta, le centre de distribution international pour Clarks et l’EDC pour Casio Electronics. Au siège central de Melsele, l’entreprise de logistique abrite également un magasin “multiclient”. Le financement des investissements des entrepôts est réalisé par différentes méthodes. Peter Meers, business development manager : “Le magasin multiclient du siège central a été financé sur fonds propres, avec des capitaux provenant de notre maison mère. Nous louons à Pioneer l’EDC pour Pioneer, y compris l’infrastructure et le matériel de magasin. En fait, il s’agit dans ce cas précis d’un outsourcing des opérations de Pioneer vers nous. Les autres magasins dédiés sont loués auprès de sociétés d’investissements. Enfin, nous réalisons nous-mêmes de l’outsourcing : ainsi, nous sous-traitons les activités de manutention d’un centre de distribution pour produits chimiques non dangereux à une “Natie”, située dans le port d’Anvers. Dans ce cas, nous louons le magasin, tandis que la “Natie” prend en charge les opérations”. Notre philosophie : louer, de préférence, car les contrats logistiques portent désormais sur une durée plus courte que par le passé : de 10 ans à 3 à 5 ans aujourd’hui; seul le siège central de Melsele échappe à la règle. Les PME, par contre, considèrent le contrat à moyen terme et sont davantage intéressées par l’acquisition du bien à la fin du contrat. Généralement, elles déboursent un prix de location périodique plus fort, mais l’option d’achat est nettement plus basse : environ 10 %”. Location versus leasing La TVA est généralement un élément important lorsqu’il s’agit de choisir la formule de financement la plus adaptée. En principe, la TVA est due sur l’acquisition de nouveaux bâtiments. Dans le cas de location de biens immobiliers, une règle p a rt i c u l i è re est d’application : ni le propriétaire ni le locataire ne récupèrent la TVA, et ce conformément à l’article 44 du code TVA. Dans le cas du leasing immobilier, cette exemption de la TVA n’est, par contre, pas valable et aussi bien le lessor que le lessee doivent payer la TVA, mais, d ’ a u t re part, ils peuvent déduire la TVA. En fin de compte, cela reste une opération blanche. Seule ombre au tableau : beaucoup de travail administratif. Quand le bâtiment n’est pas nouveau, la TVA n’est pas due dans le cas de la location. Dans le cas du leasing, des droits d’enregistrement doivent être acquittés par le lessor qui les porte toutefois en compte au lessee. Ce dernier ne peut pas récupérer ces droits - contra i rement à la TVA. A noter que les droits d’enre g i s t rement varient d’une région à l’autre : 10 % en Flandre et 12,5 % en Wallonie et à Bruxelles. E. Zuijderhoff : “ING Lease conseille le client dans le choix de la formule de financement la plus appropriée et propose des services complémentaires : choix de l’architecte, de l’entrepreneur, etc. ING Lease se positionne donc comme conseiller, sans aller toutefois aussi Warehouse & Logistics • N°02 - Juin 2002 11 Eco management Fuji Hunt - “Les fonds propres, en toute connaissance de cause” En décembre 2000, Fuji Hunt, une filiale à 100 % de Fuji Film, inaugurait un nouveau Centre de distribution européen à St-Nicolas. Particularité : le complexe a été intégralement financé sur fonds propres, aussi bien le bâtiment, l’aménagement de l’entrepôt que le matériel de magasin. Herman Van den Broeck, logistics and distribution manager : “Ce choix est conforme à la philosophie du groupe qui consiste à éviter autant que possible l’injection de capitaux étrangers. Le souhait aussi de maintenir une structure financière saine, garantissant ainsi une indépendance maximale”. Au plan fiscal, cette méthode de financement n’offre pas les mêmes avantages que les autres formules, les fonds propres ne pouvant être déduits en tant que frais. Cependant, Fuji Hunt a bénéficié de subsides à l’investissement. Le complexe comprend un magasin de production entièrement automatisé offrant 5.500 positions de palettes et un magasin orderpicking manuel de 1.500 positions de palettes, piloté par un système de warehouse management. Les matières chimiques, tels que films, papier photo, plaques rayon X et plaques d’offset y occupent une place en vue. Le magasin d’orderpicking occupe 10 personnes, tandis que le magasin de production procure de l’emploi à 7 collaborateurs. La mise en place de l’EDC a abouti entre-temps à la fermeture d’un des cinq autres centres de distribution implantés en Europe. loin qu’un promoteur immobilier. Car ING Lease ne commence à construire que lorsqu’un contrat de leasing en bonne et due forme a été signé”. Financement de projet Le Groupe Van Looy propose une formule “one-stop-shopping” : il conçoit et va jusqu’à mettre en œuvre la totalité des projets logistiques. A ce titre, le bureau d’engineering donne des conseils sur le financement du projet sans toutefois faire luimême office d’institution financière. Il est à noter que les bâtiments, l’aménagement et le matériel de magasin peuvent être financés séparément. Ir. Christophe Aelbers : “En matière de financement, nous observons également cette tendance à ne pas repre n d re d’actifs sur le bilan. Le financement off balance est plus que jamais en vogue, surt o u t auprès des entreprises cotées en bourse. Exception : les entreprises qui exploitent elles-mêmes les sites et donc pas les promoteurs immobiliers ou les inve s t i sseurs. Ces entreprises ont, dans ce cas, droit à des subsides, dont l’ampleur est fonction notamment de l’emploi créé. Mais le financement on balance peut aussi être intéressant. C’est le cas lorsque le bâtiment et l’aménagement p e u vent fiscalement être considérés comme un ensemble, par exemple une 12 Warehouse & Logistics • N°02 - Juin 2002 ■ Becton Dickinson a choisi la formule du leasing, aussi bien pour les investissements en bâtiments, l’aménagement que le matériel de magasin. (photo Van Looy Group) Becton Dickinson - “La préférence au leasing” La multinationale américaine Becton Dickinson fabrique des produits médicaux et de diagnostic. Les Centres de Distribution Européens (EDC), responsables de ces produits, sont implantés à Temse. EDC 1 a été inauguré en 1992 et se charge de l’entreposage et de l’expédition de produits de diagnostic. La température régnant dans la zone froide varie entre 16 et 17 °C, tandis que dans la zone de surgélation, la température atteint –148 °C. EDC 2 a ouvert ses portes en 1994. C’est là que les produits médicaux sont stockés. En 2000, EDC 2 a connu une forte expansion, voyant sa capacité de stockage passer de 22.500 positions de palettes à 46.500 positions. Ensuite, EDC 3 est né et s’est vu attribuer le rôle de réceptionner les produits de diagnostic, qui sont préparés et stockés dans EDC 1. L’EDC 1 agrandi et l’EDC3 sont opérationnels depuis 2001. Eddy Coopmans, logistics & maintenance manager, a géré les deux projets d’expansion de la multinationale américaine. Il est responsable de l’ensemble du projet, depuis la conception jusqu’à la réalisation technique, en passant par la logistique et le choix du modèle financier. Eddy Coopmans : “Becton Dickinson a choisi la formule du leasing, que ce soit pour les investissements en bâtiments et en terrains (via ING Lease), l’aménagement ou le matériel de magasin”. construction silo. L’administration fiscale peut considérer les structures porteuses avec l’équipement logistique comme une seule machine. Un point de vue qui donne droit à des amortissements accélérés de 8 à 10 ans au lieu des classiques 20 ans, ce qui implique un avantage fiscal considérable.” C. Aelbers formule une idée fondamentale mais néanmoins pratique quand il é voque la construction de nouveaux centres de distribution : “Une erreur classique consiste à construire d’abord un bâtiment et d’optimaliser ensuite la logistique en fonction des cara c t é r i stiques de ce bâtiment. Nous faisons le cheminement inverse : nous conceptualisons le bâtiment autour de la logistique. En d’autres termes, nous analysons d’abord le problème logistique et, en fonction des résultats de l’analyse, nous é l a b o rons des solutions concrètes, qui englobent à la fois un bâtiment adapté et les formules de financement”. ■